• il y a 2 mois
Les oppositions s'interrogent sur le dérapage historique du déficit public de la France, bien au-dessus des prévisions annoncées. Les différents partis demandent des compte à l'ex-ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le soupçonnant d'avoir caché la vérité sur la situation économique de la France. Explications avec Emmanuel Lechypre, éditorialiste BFM Business. 

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Transcription
00:00Emmanuel, comment les comptes publics ont-ils pu à ce point déraper cette année ?
00:03C'est la question que pose la commission d'enquête qui va être mise en place.
00:06Est-ce qu'on a déjà des éléments de réponse ?
00:08Alors, on commence à en avoir sur ce qui est, il faut bien le reconnaître, une énigme majeure, une énigme sans précédent.
00:15Comment, avec une croissance qui globalement n'a pas fait défaut, on était autour de 1% de prévision en début d'année, c'est ce qu'on fera finalement.
00:23Comment, sans énorme mauvaise surprise sur la croissance globale, sans crise, a-t-on pu avoir un tel écart entre le déficit prévu en début d'année, 4,4% du PIB, et le déficit atteint en fin d'année, on nous dit 6,2% aujourd'hui.
00:38C'est un écart d'une soixantaine de milliards d'euros.
00:41C'est la faute de qui ?
00:42Alors, c'est d'abord la faute, quand même, il faut bien le reconnaître, aux experts de Bercy et notamment à ceux de la direction du Trésor.
00:48La principale explication, en fait, c'est que derrière cette prévision qui paraît juste, quand je vous dis 1% de croissance, c'est ce qu'on va faire en fait, mais derrière cette prévision, tout est faux.
00:57Tout est faux, c'est-à-dire que tous les moteurs qui remplissent les caisses de l'État à travers les taxes, par exemple, ont tourné moins vite que prévu, il y a eu moins de consommation que prévu qui rapporte de la TVA,
01:08il y a eu moins de bénéfices pour les entreprises que prévu, ce qui rapporte de l'impôt sur les sociétés, il y a eu l'effondrement du logement qui n'a pas été anticipé,
01:17par exemple, un logement neuf, ça rapporte 50 000 euros de recettes à l'État, et puis, il y a eu quand même les exportations qui ont finalement compensé, mais les exportations, ça ne rapporte pas grand-chose aux caisses publiques,
01:29et donc, on a quand même cette erreur majeure du Trésor sur la nature de sa prévision.
01:35Mais Bercy n'a jamais tiré la sonnette d'alarme ?
01:37Si, depuis le début de l'année, les notes alarmistes venant de la direction du Trésor elle-même, qui s'est beaucoup trompée cette année, se sont succédées,
01:46c'est pour ça que des tours de vices budgétaires ont été décidés dès le printemps, 10 milliards de coupes budgétaires par décret en février, 16 milliards ensuite mis en réserve de crédits qui sont mornés avec la dissolution.
01:57Est-ce qu'on peut parler de mensonges ? Est-ce que le gouvernement a caché la vérité ?
02:00Alors, de mensonges, non, mais de fautes politiques lourdes, oui.
02:04La première, c'est que rien ne se passe en début d'année entre la démission d'Elisabeth Borne et la nomination de Gabriel Attal,
02:10un mois au cours de laquelle la continuité de l'État n'est absolument pas assurée, personne ne s'occupe de rien.
02:17Et puis la deuxième faute politique, c'est celle de l'Élysée qui fermera la porte à une loi de finances rectificative proposée par Bruno Le Maire pour redresser les comptes.
02:24L'Élysée dira non, et quand Bruno Le Maire sous-entend hier qu'il s'expliquera en temps voulu et dira la vérité, c'est sans doute cette vérité-là qu'il mettra sur la table ce désaccord majeur entre Bercy et l'Élysée.
02:36Merci Emmanuel Lechypre.

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