Avec Jérémy Ghez (professeur d’économie et d’affaires internationales à HEC Paris, spécialiste des Etats-Unis), Jean-Baptiste Noé, (géopolitologue, docteur en histoire et rédacteur en chef de Conflits), Denis Jacquet, Olivier Chetail (CEO Fiducial Jade North America), Maxime Perry et Antoine
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NewsTranscription
00:00...
00:01-"Sud Radio"...
00:02...
00:03...la vérité en face...
00:05...
00:07...Patrick Roger.
00:08...
00:21...style chanson culte.
00:23...sur les Etats-Unis,
00:24qui faire toujours vibrer quand on l'entend.
00:27Et quand on entend Donald Trump cette nuit, qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas, mais il fait vibrer quand même les Américains.
00:33Et c'est sans doute la raison de cette victoire assez éclatante cette nuit.
00:38Donc plus de 6 millions pour l'instant, le décompte, ce n'est pas complètement terminé, c'est un vrai rat de marée.
00:45Même si évidemment la victoire n'est pas aussi éclatante que par exemple Barack Obama il y a quelques années.
00:50On va voir tout ça en détail, on va tout vous dire dans la vérité en face.
00:54Qu'est-ce qui explique ce vote ? On va le voir dans un instant avec nos invités ici, en étant aussi aux quatre coins des Etats-Unis.
01:03Du côté de Washington, du côté de New York, du côté de l'Ohio et du côté aussi de San Francisco.
01:08Et puis nos invités ici en studio avec vous, Jérémy Guez, professeur d'économie d'affaires internationales à HEC Paris et spécialiste des Etats-Unis.
01:19Bonjour, vous allez nous dire aussi ce que vous pensez justement de cette victoire et ce qu'il va et ce qu'il peut advenir derrière.
01:28Parce qu'il y a des promesses qui s'enchaînent du côté de Donald Trump, il est dans l'euphorie.
01:34Et puis peut-être aussi des risques, ou pas, pour l'Europe, pour le monde, est-ce qu'il y en a ?
01:40Bien sûr c'est ce qu'on va voir avec vous et avec Jean-Baptiste Noé aussi, géopolitologue, docteur en histoire et rédacteur en chef de Conflit
01:47qui sera avec nous dans quelques instants.
01:49Et puis avant de retrouver nos témoins, experts, auditeurs aux Etats-Unis, on va peut-être écouter avec vous Clément Bargain un extrait de ce discours de Donald Trump
02:01où il s'est félicité de cette victoire, d'ores et déjà, alors qu'on n'a pas complètement terminé le décompte,
02:07mais maintenant il ne va pas y avoir de recomptage parce que c'est quand même trop net.
02:14Par exemple, il a dit qu'avec cette victoire, il voulait « guérir le pays ».
02:21Oui, « guérir le pays ». Tiens, on l'écoute, Donald Trump.
02:23Nous allons aider à guérir notre pays, notre pays qui a énormément besoin d'aide.
02:37Nous allons réparer la frontière, nous allons régler tous les problèmes.
02:43Nous avons surmonté des obstacles. Personne ne pensait que c'était possible.
02:48Et regardez ce qu'il s'est passé, c'est incroyable.
02:54Et on réécoutera un autre extrait tout à l'heure parce qu'il a été assez long sur scène, on le réécoutera avec vous Clément.
03:02Jérémy Guez, avant d'aller te filer aux Etats-Unis, comment vous analysez ce score qui est quand même sans conteste ?
03:12On verra d'ailleurs que certains commentateurs se sont plantés, mais d'autres voyaient déjà les choses comme ça.
03:20Non, je ne crois pas à quelqu'un qui se soit planté.
03:24Les commentateurs, surtout les sondeurs, nous ont dit que ce serait une course serrée.
03:29Ça l'a été parce que jusqu'à hier soir, on ne le savait pas.
03:33La particularité du système politique américain, c'est qu'il n'y a pas eu une élection, mais 50.
03:38Et donc que finalement, quand on prend état par état, et bien là, à 9 heures, passez heure de Paris,
03:45on est quand même en mesure d'affirmer que c'est très bien parti pour Donald Trump.
03:49Comment analyser cette victoire ?
03:52Je vous dirais, il y a eu une collision entre deux récits de l'Amérique pendant cette campagne.
03:56Le premier, qui était celui des démocrates, qui a voulu faire de cette campagne un référendum sur l'état de la démocratie américaine,
04:04et qui n'a jamais vraiment réussi à imposer ce récit.
04:07Je dirais même, les démocrates ont perdu le monopole de ce récit le 13 juillet,
04:12après cette tentative d'assassinat assez impressionnante.
04:15Donald Trump, oui, bien entendu, c'était l'immigration, mais à mes yeux, c'était surtout l'économie, l'état de l'économie.
04:23Il y a des minorités aux Etats-Unis, qu'on croyait acquises pour l'éternité au parti démocrate,
04:28elles ont été frappées de plein fouet par l'inflation, elles se sont mises à entreprendre.
04:33Pour les minorités hispaniques, il faut aussi ne pas se mentir, elles ont été assez à l'aise avec l'idée de fermer la porte derrière elles.
04:38Donc, la position de l'immigration de Donald Trump était assez compatible avec elle,
04:44et que là, aujourd'hui, c'est bel et bien le récit de l'économie qui s'est imposé au détriment de celui de...
04:49— L'économie, c'est ce qui a fait aussi la puissance des Etats-Unis, qui rayonnent encore sur le monde,
04:56même s'ils ont été un petit peu ébranlés par les Chinois, notamment. — Oui, mais j'ai même envie de vous dire,
05:01c'est même à la limite plus simpliste que ça. On le sait, depuis un certain nombre d'années,
05:05c'était le conseiller de Bill Clinton qui avait dit « it's the economy, stupid », c'est l'économie, idiot.
05:10Ça marche toujours. C'est à la fin, c'est l'économie, le juge de paix. C'est ce qu'on est en train d'observer à l'heure actuelle.
05:16— On va vous retrouver, Jérémy Guest, dans un instant pour votre analyse, bien sûr. On file du côté des Etats-Unis,
05:21où il est 3 heures du matin sur la côte est, c'est-à-dire du côté de New York et de Washington.
05:27Nous sommes avec deux de nos... Allez, je vais vous appeler témoins, auditeurs, experts.
05:33Denis Jacquet, entrepreneur français qui est à New York. Bonjour, Denis. — Bonjour, bonjour.
05:39— Et puis Olivier Chetail, aussi, qui est CEO, directeur fiduciale, déjà, de North America. Bonjour, Olivier.
05:48— Bonjour. Bonjour à tous. — Merci. Denis, vous nous l'aviez annoncé il y a quelques jours,
05:53il y a une dizaine de jours sur Sud Radio. Il y en avait même certains qui s'en émouvaient en fait un petit peu trop en disant
06:00« Oui, vous aviez des indicateurs non officiels qui disaient que Trump allait s'imposer », quoi.
06:09— En fait, il y avait vraiment deux séries d'indicateurs. Alors indirectement, c'est ce que dit Jérémy, si je ne me trompe pas tout de suite.
06:17C'est-à-dire que globalement, si on regarde ce qui se passe dans les civilisations occidentales aujourd'hui, la tendance est à un populisme de droite.
06:26Donc je veux dire que c'est une tendance lourde dans laquelle, aujourd'hui, tous ceux qu'on n'écoute plus, tous ceux dont on ne se soucie plus,
06:33ce que François Hollande appelait « les sans-dents » de façon un peu condescendante, sont rappelés à peu près à tous les gouvernements aujourd'hui.
06:42Et ils l'emportent régulièrement dans toutes les élections en Europe. Et j'arrivais pas à comprendre pourquoi les États-Unis
06:48échapperaient complètement à cette vague, parce qu'elle est extrêmement forte. Et que l'Amérique, c'est comme le reste.
06:55C'est des villes côtières relativement riches, relativement aisées, ont une vision intellectuelle du monde qui est tout à fait acceptable.
07:03J'espère en faire partie, avoir un cerveau et m'en servir. Mais en même temps, c'est pas la réalité de ce qui se passe.
07:09Et encore plus que le reste, il y a un décalage entre la réalité et la perception. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on vous dit
07:16« Mais les États-Unis, ça file à une vitesse de Ferrari. La croissance est incroyable. Ça continue à créer de l'emploi.
07:22Le pouvoir d'achat a été au-delà de l'inflation. » On se dit « Mais c'est pas possible. Même quelqu'un de pauvre
07:28doit pouvoir réaliser qu'il est dans une Ferrari, qu'il fait partie de cette course de Ferrari et que du coup, il est un champion. »
07:35Mais non. Parce qu'aujourd'hui, en fait, on parle de moyenne. Mais le centre des États-Unis, tous les États qui ont perdu des emplois
07:42qui ne repoussent pas, de la même façon qu'ils ne repoussent pas en Basse-Normandie où je suis né aujourd'hui, disent aujourd'hui
07:47« Non, non. Mais nous, on est oubliés. On n'est pas dans vos statistiques. On n'est pas dans cette croissance. Et aujourd'hui, l'immigration
07:54nous pique nos emplois. Il tue notre culture. » De l'autre côté, on s'aperçoit effectivement que finalement, on ne peut pas acheter de fruits,
08:01on ne peut pas acheter de légumes. Personne ne nous protège de l'inflation. L'essence est devenue trop chère et encore plus chère
08:06dans les États démocrates. Aujourd'hui, on paye encore plus de 4,50 $ l'essence en Californie et un petit peu moins à New York.
08:14Elle est 1,5 $ de moins en Floride et au Texas dans les États républicains. Donc voilà. Je pense que c'est le triomphe pour le meilleur
08:23ou pour le pire de cette capacité à ignorer la réalité du terrain. Enfin on s'en aperçoit avec Macron. Les établissements démocrates,
08:34c'est à peu près le même. C'est des gens aveugles, arroquants qui ne comprennent pas ce qui se passe vraiment dans le pays.
08:39Et les gens se sont rappelés à eux une fois de plus. — Oui, oui, c'est ça. Olivier Chetail, vous, vous êtes à Washington.
08:44Qu'est-ce qui fait la différence selon vous aussi ? Et que dit-on autour de vous ? Hier, Olivier... Moi, je dis tout sur ce Radio-C'est-Parlons-Vrai.
08:52Vous me disiez... À Washington, on entend quand même aussi des hélicoptères parce qu'on craint... C'était dans le cas où évidemment,
08:59ce serait très serré. Et on avait essayé évidemment d'imposer des mesures de sécurité extrêmement fortes du côté de Washington.
09:08Finalement, il n'y a plus tout ça cette nuit. Là, il est 3 heures du matin chez vous. — Oui, tout à fait. Là, il est 3 heures du matin.
09:14C'est vrai qu'hier, on sentait une tension. Il y a d'ailleurs un homme qui avait tenté de s'introduire dans le Capitole avec, je crois,
09:24une arme pas tellement létale comme on dit ici. Mais en tout cas, il y avait eu une tentative d'intrusion. Ça avait fait un petit peu les gros titres.
09:34C'est vrai qu'au tout début du comptage, on avait encore un peu de suspense. Là, effectivement, la victoire ne semble souffrir d'aucun doute.
09:48Donc c'est vrai que moi, je rejoins Denis. Il y a deux Amériques. Il y a l'Amérique effectivement du centre. Et puis moi, j'étais encore
09:57il y a quelques jours en Virginie. Et c'est vrai que la Virginie, on voyait bien dans les villes que la tendance était plutôt démocrate.
10:11Et puis dans les campagnes, on voyait fleurir partout des drapeaux Trump. Donc il y a une vraie Amérique à deux vitesses.
10:20C'est vrai que moi, j'avais parlé dans une de mes chroniques de l'économie. On a plutôt une économie résiliente ici aux États-Unis.
10:29Mais c'est vrai que dans le pragmatisme américain qu'on constate un petit peu tous les jours dans notre quotidien, visiblement,
10:36cette bonne santé-là n'était pas suffisante. L'inflation avait encore laissé effectivement des traces importantes.
10:43Et puis il y a un journaliste hier qui disait qu'il y avait les jeunes électeurs de Trump, en fait, que Trump séduisait aussi une population jeune
10:53parce qu'il voulait revivre un petit peu l'American dream. Et c'est vrai qu'on voyait bien que les entrepreneurs étaient moins considérés
11:05et qu'ils espèrent avec Trump que l'économie sera relancée. Et c'est vraiment une analyse, on va dire, un pragmatisme économique qui l'a emporté.
11:21– Ils ont préféré sur l'économie l'original à la copie, si je puis dire. C'est-à-dire Donald Trump annonçait clairement la couleur tout pour l'économie,
11:29en partie, bien sûr. Et Kamala Harris, elle se cherchait en quelque sorte aussi. Elle ne rassurait peut-être pas complètement,
11:35même si l'économie américaine ne se porte pas si mal que cela. Olivier Chottail poursuivait. Et ensuite, Denis.
11:43– Oui, l'inflation en 2024 est relativement maîtrisée. On est de l'ordre de moins de 3. Alors après, comme l'a dit Denis,
11:56il y a des disparités d'un État à l'autre. Le bilan économique et les indicateurs sont plutôt favorables. Mais comme vous dites, Patrick,
12:09ça n'est pas suffisant. Et peut-être que le départ dans la course pour Kamala Harris s'est fait un petit peu tard aussi, tout simplement.
12:20Quand on avait un Trump qui, lui, préparait déjà depuis de nombreuses années son retour et qui a su maintenir une longueur d'avance,
12:34même si, effectivement, les sondages entretenaient un espèce de suspect, preuve en est qu'une fois encore, les choses ne sont pas passées
12:42comme les sondages le prévoyaient. C'était beaucoup moins serré qu'attendu, même si, au début, dans la soirée électorale qu'on a regardée
12:51avec attention, il y avait quand même le fait que ça s'annonçait serré. Et puis très vite, la Pennsylvanie, la partie de ses États,
13:02a vraiment fait basculer l'élection. Et là, c'est vrai que c'était un des États, et ça, on le disait depuis le début, qui était crucial. Et ça se confirme.
13:12— Oui. Allez, on va poursuivre avec vous, bien sûr, en direct des États-Unis dans un instant, puis nos invités aussi en studio ici,
13:19Jean-Baptiste Noé, Jérémy Guez. Et puis on ira aussi de l'autre côté. Parce que vous, avec vous, il est 3 heures du matin.
13:25Je sais que vous veillez un peu tard. Merci, Denis Jacquet, Olivier Chetail. De l'autre côté, il est minuit. Il est minuit, 1 heure.
13:34On veille aussi. On va retrouver deux autres auditeurs experts témoins de Sud Radio, l'un qui sera dans l'Ohio et puis l'autre du côté de San Francisco.
13:44On se retrouve dans un instant sur Sud Radio. La vérité en face.
13:56— Et l'Amérique... — Et c'est une Amérique toute rouge quand on regarde la carte, c'est-à-dire aux couleurs des Républicains ce matin.
14:05Alors pas tous les États, bien sûr. Il y en a encore quelques-uns qui sont démocrates. Mais tout de même, c'est un véritable raz-de-marée.
14:12Avec Donald Trump, qui a pris la parole. On va retourner aux États-Unis dans un instant. Nous avons aussi nos invités, Jean-Baptiste Noé,
14:18Jérémy Guez, ici en studio. La vérité en face jusqu'à 10 heures. On va réécouter aussi Donald Trump, Clément Barguin,
14:24qui tout à l'heure a pris la parole et est resté sur scène, évidemment. C'était un peu jouissif pour lui. Il a décliné tout ce qu'il allait faire.
14:35Et notamment, il a dit aux Américains « Je vais me battre pour vous ». Écoutez.
14:40Je vais me battre pour vous, pour vos familles, pour votre futur. Tous les jours, je me battrai pour vous.
14:52Avec chaque muscle de mon corps, je ferai tout ce qui est dans mon pouvoir pour garantir la sécurité des États-Unis,
14:59pour vous apporter l'avenir que vous méritez. Ça va être l'âge d'or des États-Unis. Voilà ce qui va se passer.
15:07C'est une formidable victoire qui va nous permettre de redonner sa grandeur à l'Amérique.
15:14Ça va nous permettre de faire de l'Amérique encore plus grande.
15:20« Make America great again ». Denis Jacquet, entrepreneur français basé à New York, et Olivier Chetail aussi,
15:27directeur fiduciaire géré de North America et qui est à Washington. Ce qui ressort aussi de cette campagne,
15:33alors on l'a glosé un petit peu sur l'économie, bien sûr, et tous ces indicateurs, mais c'est quand même aussi l'énergie.
15:41À 78 ans, que dégage notre bonhomme Donald Trump quand même, non ? Denis Jacquet.
15:49Oui, il y a une affaire de contraste là-dedans. C'est vrai que quand on regarde Biden et quand on regarde Donald Trump,
15:59on a la sensation qu'il y a au moins dix ans d'écart, même si on sent aussi une forme de fatigue.
16:04À 78 ans, à naviguer sur tous les Etats-Unis, quasiment 24 sur 24 pendant des mois, très honnêtement,
16:13je ne suis pas certain d'en être aussi capable. Pourtant, je me sens plutôt bien en forme, assez sportif.
16:19Il mange des hamburgers. On a vraiment un type qui a une énergie inépuisable et surtout une croyance éternelle dans son destin.
16:30Tout à l'heure, pour revenir à ce qu'on disait, c'est le roi de la perception.
16:36Finalement, tout le monde voit en lui un entrepreneur incroyable qui comprend tout à l'économie,
16:42alors qu'en fait, il reste aujourd'hui le milliardaire le plus criblé de dettes.
16:47Sa richesse nette aujourd'hui est certainement négative.
16:52Et puis, de l'autre côté, je pense que ces attaques répétées, tendant à le déconsidérer sur sa personnalité,
17:00sur sa bêtise, sur sa lourdesse, etc., je pense que les gens se sont mobilisés en disant,
17:06finalement, quand le camp démocrate l'attaque de cette façon, même si lui, il ne s'est pas prisé non plus,
17:11et loin s'en faut, finalement, c'est nous qu'il continue à tabasser et à ignorer.
17:16Donc, à nouveau, je pense qu'il n'y a pas très...
17:20Et la dernière chose sur la perception, parce que j'ai justement écrit un papier là-dessus,
17:24en disant que c'est la victoire de la perception sur la réalité,
17:28c'est qu'en fait, il a bâti un personnage et que les gens y ont cru et y croient jusqu'au bout.
17:33Et c'est vrai que, moi, je le disais, je l'ai répété plusieurs fois,
17:37Donald Trump me fait par certains côtés un petit peu peur, mais Kamala Harris ne me fait pas du tout envie.
17:43Et donc, du coup, ce n'est pas une grande candidate, elle n'est pas charismatique.
17:48Et puis, elle a eu peu de temps. Bon, il faut quand même lui...
17:52— Oui, enfin, peu de temps, mais parfois, ça peut être une victoire éclair, quoi.
17:55Au contraire, parce que dans le temps, on peut s'épuiser.
17:58Là, en l'espace de 2-3 mois, vous pouvez remporter cette campagne.
18:02Jérémy Ghez et Jean-Baptiste Noé, est-ce que la personnalité, justement, de Trump,
18:07aussi, elle fait la différence quand même, quoi, non ?
18:10Jérémy Ghez, et puis ensuite, Jean-Baptiste Noé.
18:12— Disons les choses ainsi. Pour Donald Trump, il faut toujours se souvenir d'une chose.
18:16C'est qu'en plus de cette réputation d'homme d'affaires que Denis vient de rappeler,
18:20c'est aussi l'ancien propriétaire de Miss America, le concours de beauté.
18:25C'est aussi l'animateur de télé-réalité The Apprentice.
18:28Et c'est aussi le producteur de la même émission.
18:31Et en fait, ces qualités-là, ça veut dire quoi ?
18:33Ça veut dire qu'il a été capable de parler à toute une partie de l'Amérique
18:36qui avait complètement abandonné l'idée d'aller voter et qui était devenue complètement antisystème.
18:42Et ça, cette capacité à mobiliser cette partie de l'Amérique-là,
18:45elle a joué un rôle absolument clé.
18:47Dans le passage que vous avez montré ou que vous nous avez fait écouter tout à l'heure,
18:51« Fight, fight, fight », c'était d'ailleurs les mots qu'il avait utilisés après sa tentative d'assassinat.
18:56C'est cette idée de dire son image de marque.
18:58Trump, c'est quoi ? C'est le dernier rempart entre le système et le peuple.
19:02Et donc, quand on m'attaque, moi, Trump, on attaque le peuple.
19:04Et c'est ça qui a fait qu'il a réussi, même si on a annoncé sa mort politique à tellement de reprises,
19:09qu'il a réussi à se relever de manière systématique.
19:11Et encore une fois, là.
19:13— Jean-Baptiste Noé, qu'est-ce qui est le plus « remarquable » dans cette victoire, selon vous ?
19:19— Le plus remarquable, c'est qu'en 2016, il avait gagné des grands électeurs,
19:23mais il était minoritaire en voix. Là, apparemment, il sera majoritaire en voix.
19:26En tout cas, il est en tête en voix. Et donc, c'est une victoire totale.
19:28Et il n'y aura pas de contestation possible.
19:30— Y compris dans certaines communautés, même s'il ne s'impose pas dans toutes les communautés.
19:35Mais il fait des scores plus forts que prévu.
19:37— Plus forts que prévu. — Chez les Américains, chez les Latinos. Tout à fait, oui.
19:40Donc il a aussi capté une partie de l'électorat qui est traditionnellement votée démocrate.
19:44Et effectivement, il a réussi à faire revenir vers l'élection,
19:47donc vers un système politique normé, des personnes qui, autrefois, ne votaient plus.
19:51Et ça, c'est aussi une prouesse. — Oui, oui. C'est ça.
19:53Mais ça, c'est lié, ce que vous disiez, Jeremy Guez, à sa personnalité, quoi, comme ça,
19:58où il s'est touché en fait tous les publics, quoi.
20:00— Oui, oui. Et puis il a bien effectivement senti la salle,
20:04senti le public américain, quoi, en quelque sorte.
20:07Parce que quand on regardait la carte électorale au début des années 2010
20:11et on voyait l'élection de Barack Obama, on se disait que ça allait être extrêmement compliqué
20:16pour les Républicains de gagner la Maison-Blanche,
20:19parce que ces minorités-là sont acquises aux démocrates.
20:22C'est parce qu'on était à des années-lumières d'imaginer le phénomène Donald Trump,
20:26de cet homme capable de faire croire que c'est un homme qui a réussi dans les affaires,
20:31de faire croire que c'est un homme qui sait ce dont il parle en économie.
20:35Tout ça, il a réussi à imposer cette lecture des choses et son image de marqué.
20:39— Et c'est la lecture aussi du populisme qui s'impose dans beaucoup de pays, en fait,
20:42dans le monde, Jean-Baptiste Noé, ou pas ?
20:44— Oui. Alors même si... — Pour faire très simple, régimatiser, sans prendre parti.
20:48— Non, non. Mais chaque pays est différent. Et l'histoire américaine est différente.
20:52Et ce qu'il faut souligner aussi, c'est qu'aujourd'hui, il y a eu des élections
20:55au Sénat et à la Chambre des représentants, et qui sera majoritaire.
20:57Ils ont la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants.
21:00Donc c'est une victoire de Donald Trump, mais aussi de tout le courant trumpiste.
21:03On pourrait dire tous les candidats trumpistes. Donc il y a aussi la préparation de l'avenir
21:07et de ce qu'il y aura dans 4 ans. Parce que la question qui se pose aujourd'hui,
21:10maintenant que Donald Trump est élu, c'est est-ce qu'il se représentera dans 4 ans ?
21:13Il aura 82 ans. Et si ce n'est pas le cas, est-ce qu'il y aura quelqu'un
21:16qui sera capable de reprendre la suite ? — Oui, oui. Bien sûr. Jean-Baptiste Noé,
21:22merci pour ces explications. On va revenir tout à l'heure sur l'ensemble
21:25des conséquences géopolitiques possibles. Mais ce que je voudrais voir aussi avec vous,
21:29Olivier Chetail, c'est, même s'il faut pas aller trop vite, et Denis Jaquet,
21:33sur des conséquences en fait économiques, quoi, et notamment des Européens et des Français.
21:41C'est trop tôt pour en parler ou pas, Olivier Chetail, vous qui êtes spécialisé,
21:45parce que vous intervenez justement sur les relations entre guillemets franco-américaines
21:50économiques, quoi, avec des investisseurs français. — Tout à fait. Donc il peut y avoir
21:56une première conséquence qui sera assez directe. Pour certains visas de travail,
22:05l'administration Trump avait réduit la durée de certains visas. Par exemple,
22:08le visa entrepreneur, le visa E2, était passé de 4 à 2 ans. Sue Biden, il est revenu à 4 ans.
22:13Et donc très concrètement, il y a des grandes chances pour qu'il revienne à 2 ans. Alors 2 ans,
22:19c'est court quand on veut venir aux États-Unis, investir et mettre tout son cœur dans son projet
22:27entrepreneurial ici. Ou même si l'économie est performante et que c'est le pays où tout est
22:32possible, 2 ans, c'est court. On verra si l'administration en reviendra sur ça. En termes
22:42de... Dans la campagne, il a beaucoup parlé aussi des droits de douane, qu'il allait augmenter
22:46fortement et taxer les produits extérieurs. Donc on verra. Là aussi, c'est un peu le doute.
22:52On verra si la bouteille de vin français augmentera de 60%. — Le cognac.
22:58— Le cognac et puis tous ces produits. Mais c'est vrai qu'on sera un petit peu dans l'attente
23:09au niveau de nos clients pour savoir un petit peu concrètement qu'est-ce que ça va donner.
23:16On a un programme économique très libéral. Il y a beaucoup de dérèglementation à venir. Il y a
23:24beaucoup d'une fiscalité qui va être aussi beaucoup plus en faveur des entreprises. Donc ça peut aussi
23:31donner un boost à l'économie. Donc il y a deux facettes. Il y a peut-être une facette un peu
23:40protectionniste et puis une facette un peu très libérale. Donc tout va s'accélérer.
23:46— Oui, oui. Pour conclure avec vous aussi, Denis Jacquet, entrepreneur, justement,
23:51comment sentez-vous les choses ? — Il faut pas oublier qu'on est aux États-Unis
23:57et pas en Europe. Donc aux États-Unis, le business est roi. Et le business continue son chemin,
24:03quel que soit le gouvernement et le président. Alors évidemment, il peut l'impacter, il peut
24:07l'écorner, il peut le doper sur certains secteurs. Mais c'est pas comme en France. Je veux dire quand
24:12quelqu'un a tort, tout le pays a tort. On voit bien Macron. Depuis 7 ans, il a tort à peu près tous
24:17les jours. Le pays finit toujours par avoir tort parce que le politique centrale, ça fonctionne plus.
24:24Bon. Là, on est dans un État fédéral. D'abord, les gouverneurs font à peu près ce qu'ils veulent.
24:29Il y a un équilibre démocratique qui me semble beaucoup plus sain aujourd'hui. C'est-à-dire
24:33qu'on l'a vu d'ailleurs pendant le Covid. Il y avait un président qui décidait quelque chose.
24:39Les gouverneurs pouvaient faire l'inverse. Et d'ailleurs, il y a une énorme mémorisation
24:43des gens là-dessus. Ils ont dit que le Covid, ça nous a tué nos jobs. Surtout, ça a accru
24:48les écarts de pauvreté. Et ils en veulent beaucoup aux démocrates qui ont fermé San Francisco,
24:52New York, etc. Alors que pendant ce temps-là, la Floride, le Texas restaient ouvertes. Et
24:56aujourd'hui, ce sont des États qui fonctionnent incroyablement bien. Donc, le fait que ça soit
25:00centralisé dans nos économies, on dit mais le président va tout faire. En fait, le président
25:06est relativement impuissant aux États-Unis. Et Biden n'a pas été si mauvais dans le sens où
25:10l'Inflation Act a fait revenir en subventionnant l'énergie un nombre d'industries incroyables
25:17qui se sont relocalisées aux États-Unis parce que le prix de l'électricité, notamment,
25:22est beaucoup moins cher. Alors qu'en France, aujourd'hui, les PME en meurent les unes après
25:25les autres, 63 000 dans les 12 derniers mois. Donc, il ne faut pas oublier que les États-Unis,
25:29c'est un pays qui fonctionne avec ou sans le président. Ce qui fait que son impact sur
25:34l'économie, c'est un booster de plus ou un petit frein de plus. Mais grosso modo,
25:39c'est un train qui continue à avancer. Donc, c'est une économie très, très différente de la vôtre.
25:42Absolument. Merci beaucoup, Denis Jaquet, entrepreneur français basé à New York et
25:46Olivier Chataille, CEO de Fiducial Jade du côté de l'Amérique du Nord. On va poursuivre dans un
25:55instant avec nos invités ici en studio. On fera aussi un petit tour, on prendra toujours un petit
25:59peu l'ambiance, l'atmosphère du côté des États-Unis, à l'intérieur du pays dans l'Ohio et
26:03puis de l'autre côté à San Francisco. Tiens, au pied de l'immeuble d'Elon Musk. Sauf qu'il a
26:08déménagé, Elon Musk. Il a quitté le cœur de San Francisco. Je vais tout vous raconter,
26:12on va tout vous raconter dans un instant.
26:14Sud Radio. La vérité en face. Patrick Roger.
26:22Il y a une certaine Amérique qui danse cette nuit. Pas toute, évidemment, parce qu'il y a un clivage,
26:33il y a un fossé. Alors après, on entendait ce matin, tout à l'heure, un représentant des
26:38Républicains et puis avec un Démocrate qui disait bah non, mais maintenant, nous sommes
26:41Américains, nous devons avancer ensemble. Je ne suis pas si sûr que ça va se passer aussi bien
26:46que ça, Jérémy Guez. Non, mais clairement non, parce qu'effectivement, les États-Unis,
26:50c'est deux pays qui autrefois se côtoyaient, se parlaient, ne s'aimaient pas beaucoup. Là,
26:55maintenant, ils ne se parlent plus et ils se dégagent. Malgré une victoire aussi nette des
27:03Républicains, ça veut dire qu'il y a des Démocrates qui ont voté aussi Trump, quoi, non ?
27:08C'est-à-dire que la victoire nette, je comprends ce que vous voulez dire au sens où on est à peu
27:12près sûr du résultat à ce stade, contrairement à 2020. Mais si vous voulez, le pays est quand
27:17même profondément divisé selon des critères extrêmement nets, hommes-femmes, diplômés,
27:24diplômes universitaires ou pas. Et ces deux Amériques-là ne se parlent plus et ne se
27:29comprennent même plus. Elles ne se comprennent plus. On va aller en Amérique, justement, pour
27:35voir avec nos auditeurs experts témoins avant d'analyser cela aussi avec vous, Jérémy Guez
27:41et Jean-Baptiste Noé, notamment avec Antoine qui est du côté de San Francisco. Bonjour Antoine.
27:48Bonjour. Merci d'être avec nous. Vous avez entendu Jérémy Guez à l'instant, un spécialiste des
27:55États-Unis, ici, qui nous disait qu'il y a deux Amériques et ils ne se parlent plus, ne se comprennent
28:01plus. Est-ce que vous avez vous aussi cette vision, en fait, justement ? Alors vous êtes en Californie,
28:07disons un État qui se porte encore bien, quoi. Oui, je pense qu'il n'y a pas seulement deux
28:15États-Unis, mais en réalité c'est trois États-Unis. Il faut toujours se rappeler que la participation
28:21électorale aux États-Unis n'est pas aussi haute qu'en Europe et qu'il y a quand même un tiers des
28:26États-Unis qui ne suit pas la politique tous les jours, qui ne se sentent pas démocrate, pas
28:31républicain. Et je pense que c'est ce tiers américain qui a quand même pesé énormément à la
28:37coalition de Trump cette fois et à la victoire de Trump. On le voit avec des personnages comme Elon
28:42Musk, comme Robert Kennedy Jr., comme l'ancienne démocrate Tulsi Gabbard. Il y a quand même une
28:49partie des Américains qui ne se sentent plus du tout représentés par les démocrates, par la gauche
28:54traditionnelle. Et Trump leur a offert un message d'espoir et je pense que c'est vraiment ça, surtout
29:01dans les swing states, comme on dit ici, qui peuvent basculer d'un côté ou d'un autre. Oui, c'est ça.
29:06Et donc cette vision effectivement d'une certaine gauche aussi de l'Amérique, illustrée à côté de
29:12chez vous, là où vous êtes en Californie, par exemple à San Francisco. C'est vrai qu'il y a eu
29:16une politique des élus démocrates assez laxiste, par exemple avec les drogués venus s'installer sur
29:24les trottoirs du centre-ville, en bas de l'immeuble d'Elon Musk. Il y avait des toiles de tente, il y
29:30avait des junkies, il y avait des marchés de revente, en fait des objets volés. D'ailleurs, Musk a
29:34déménagé de Market Street. C'est aussi ça qu'on a reproché, qu'on reproche peut-être aux démocrates
29:41à travers ce vote. Antoine ? Absolument, mais il faut savoir que même les électeurs qui sont restés
29:48avec le parti démocrate ne veulent plus de cette politique-là. En Californie, par exemple, on a
29:54des élections, des questions qui peuvent aller directement aux électeurs. Donc on voit qu'il y a
30:01une proposition qui s'appelle la proposition 36 dans notre État, qui a passé, qui va remettre des
30:07sanctions plus fortes justement pour les junkies qui sont chopés plus de deux fois, pour les
30:12multirécidivistes qui volent dans les magasins. Donc même dans des territoires vraiment du parti
30:18démocrate, il y a un ras-le-bol avec la politique qui est menée. C'est une volonté de fermeté, un peu
30:24comme d'ailleurs en Europe, on le dit et ça revient dans les discours, fermeté vis-à-vis de drogués,
30:31de trafiquants et puis aussi de l'immigration, d'une immigration non contrôlée, y compris d'ailleurs
30:37en Californie, Antoine, non ? Absolument, mais en réalité cette élection, c'est une question de
30:45messaging. La campagne de Kamela n'a pas offert un message concret, un message d'espoir. La campagne
30:53de Trump, c'était justement que les États-Unis allaient redevenir ce qu'il a été dans le passé,
30:59que nous allons y arriver, on va tous le faire ensemble et c'est vraiment ça, je crois, qui a
31:04motivé les lecteurs de base, de penser qu'il y avait un programme, il y avait quelque chose qu'on
31:08peut atteindre ensemble. Oui, c'est ça. Ce que je disais, c'est en écho à ce que nous vivons dans
31:14beaucoup d'autres pays du monde, Jean-Baptiste Noé, vous qui êtes spécialiste en géopolitique,
31:19justement. Oui, il y a ce décrochage et puis il y a aussi cette fracture avec une partie de la
31:22population, on le voit aussi en Europe, qui ne se reconnaît pas forcément dans les dirigeants.
31:26On a eu les gilets jaunes en France et c'est un vrai souci, c'est-à-dire qu'on a aussi une
31:30attractivité aujourd'hui qui se fait pour les régimes plus autoritaires comme la Russie ou la
31:34Chine et donc le défi des pays démocratiques, que ce soit les États-Unis ou les pays européens,
31:39c'est de redevenir attirant, notamment pour d'autres pays comme en Afrique ou en Amérique
31:44latinée. Donc c'est comment on crée un discours politique, une représentation politique qui soit
31:49attirant à la fois pour les populations qui vivent dans les pays concernés mais aussi pour les
31:53populations étrangères. Et ça, les Occidentaux ont du mal à être attirants aujourd'hui parce
31:59que la Chine fonctionne bien, parce que la Russie a son discours et donc il faut redevenir, il faut
32:04reprendre ce mouvement d'attirance. Oui, c'est effectivement attractif. Tiens, on file dans
32:10l'Ohio à Columbus avec Maxime Péry qui est avec nous. Bonjour Maxime. Bonjour, bonjour, ça va ? Oui,
32:17oui, ça va bien. Il est quelle heure chez vous dans l'Ohio, Maxime ? C'est presque 4 heures du
32:23matin. Ah bah merci, merci d'avoir patienté pour être avec nous quelques minutes. Qu'est-ce qui,
32:32dans votre, chez vous dans l'Ohio, c'est Trump qui l'a emporté également ou pas ? Ouais,
32:41également. Je suis vraiment déçu et je ne me sens pas bien du tout parce que j'étais au téléphone
32:53avec ma copine et elle vient juste de me dire qu'elle n'a pas le sentiment que ce pays se soucie
33:04si elle meurt et qu'elle ne se sent pas en sécurité. Elle veut quitter les États-Unis
33:15parce qu'elle ne se sent pas en sécurité ici du tout. C'est vraiment effrayant pour moi et je
33:29suis quelqu'un qui est blanc et bleu et beaucoup de choses comme ça ne m'affectent pas, mais
33:39affectent beaucoup de personnes que je connais. C'est parce que de ça que je suis très effrayé
33:47de ce problème maintenant. Parce que, donc, vous craignez qu'il y ait une forme de guerre civile,
33:56c'est ça, de mouvements de violence ? Maxime ? Un peu, ouais, ouais. Ce n'est pas vraiment ça,
34:06je ne veux pas dire ça, c'est très effrayant. C'est juste qu'elle n'a pas l'opportunité d'avoir
34:16un... Je suis désolé, le français, c'est mon deuxième langue. Non, mais déjà, c'est formidable
34:26parce que vous restez avec nous, il est 4 heures du matin et puis en plus, vous faites un commentaire
34:29à chaud et on voit que vous êtes touché, affecté par ce vote et que, contrairement à d'autres qui
34:36sont enthousiastes pour Trump, vous, vous avez peur. Antoine, vous comprenez ce que vient de
34:41dire Maxime qui est dans l'Ohio, lui, à Columbus ? Oui, je peux le comprendre. C'est un sentiment
34:48qui est partagé par beaucoup de mes concitoyens américains, malheureusement. Je dois dire que
34:55pour moi, c'est un peu différent. Beaucoup de jeunes, spécialement dans les États comme la
35:00Californie, qui sont des États contrôlés par les démocrates, on a vu la dégradation de notre
35:06État, la dégradation de la sécurité, des opportunités économiques pour nous. Donald Trump était
35:12président il y a quatre ans, ça n'a pas été la fin du monde, donc pour beaucoup de gens,
35:17spécialement les jeunes électeurs qui se sont rangés du côté républicain plutôt que démocrate,
35:22pour nous, la vie est déjà mal et c'est justement avec Trump qu'on voit l'opportunité de pouvoir
35:29s'en sortir. Tout ce que j'aimerais dire, c'est que nous espérons que tout se passera dans les
35:35meilleures conditions et on espère que Donald Trump tiendra la main et aura un discours d'ouverture
35:40pour assurer les Américains qui n'ont peut-être pas été convaincus par son discours.
35:44Oui, absolument. Merci en tout cas de vos témoignages, Jérémy Ghez. C'est intéressant d'entendre à la fois
35:49Maxime, qui a peur, et Antoine, qui est plus optimiste, qui dit mais maintenant il faut que
35:53Trump réunisse un peu tout le monde. On a les deux Amériques qui viennent de parler.
36:00Votre invité de San Francisco qui met l'accent sur l'économie, qui a été probablement, je le pense,
36:09vraiment le moteur de cet élan de Donald Trump. Et le deuxième, Maxime, qui nous parle finalement
36:15de l'état de la démocratie et de questions assez critiques, tu dirais, de sa propre sécurité ou plus
36:20exactement de la sécurité de son ami. Vous savez, la guerre civile, c'est un grand mot. Mine de rien,
36:27ça ne fait pas si longtemps que ça à l'échelle de l'histoire qu'elle a eu lieu aux Etats-Unis.
36:31Je serais tenté de vous dire, il y a eu une partie de guerre civile qui a recommencé le 6 janvier 2021.
36:36Et ça, aujourd'hui, dans la tête d'un certain nombre d'Américains, dont moi, ça pèse parce que ça,
36:43c'est très difficile de l'oublier. Ils sont un certain nombre à vous dire oui, mais si l'économie suit,
36:47finalement les Etats-Unis vont très très bien se porter. Et si Donald Trump arrive à unifier le pays,
36:53tout va très bien se passer. Pour moi, ce sont deux grands énormes signes.
36:56Allez, la vérité, on se dit les choses jusqu'à 10h. Et dans un instant, on se retrouve avec vous,
37:00Jean-Baptiste Noé, et puis vous, Jérémy Guez. Et merci, en tout cas, à Antoine et Maxime Péry,
37:07qui ont veillé tard, même si du côté de San Francisco, il est quelle heure ? Il est 2h, Antoine, non ?
37:13Non, non, non, il est minuit 48.
37:17Oui, minuit 48. Bonne nuit à vous et merci d'avoir été avec nous. Et on vous rappellera, évidemment.
37:26La vérité en face.
37:28We will make America great again.
37:31Patrick Roger.
37:32Américain, Américain.
37:35Donald Trump l'a répété. Tout pour l'Amérique. C'est l'Amérique, d'abord. C'est clairement ce qu'il a fait en portée
37:42sur Kamala Harris qui n'a pas donné de programme clair, peut-être, en fait. Elle n'a peut-être pas eu le temps,
37:46mais il y avait une valse hésitation dans son discours. Nous sommes avec vous, Jérémy Guez,
37:54vous êtes franco-américain, spécialiste des Etats-Unis, Jean-Baptiste Noué. Tiens, à propos de Trump, d'ailleurs,
38:00la seule interview qu'il a accordée en longueur à un média, c'était à Sud Radio il y a quelques années,
38:06c'était avant 2016. André Bercoff, on réécoutera un extrait ce midi chez André Bercoff.
38:11Entre midi et 14h, je vous conseille de rester. Les propos n'ont pas vraiment changé.
38:17Maintenant, c'est les conséquences, chez nous, que ce vote... Parce qu'on a vu, l'Amérique est un peu divisée.
38:25Ça va être difficile de se réconcilier. Jean-Baptiste Noué, on pense donc évidemment à l'économie, la France, bien sûr,
38:31mais il y a aussi l'Ukraine. Cette guerre en Ukraine, quoi, qui, nous, ici, évidemment, nous pose beaucoup de problèmes,
38:37un peu moins du côté des Américains. Qu'est-ce qui peut se passer, maintenant ?
38:39— Oui, alors, Donald Trump avait promis de régler la guerre en deux jours, quasiment, donc il faudra peut-être
38:43un peu plus de temps. Mais on voit bien qu'il y a une inflexion, depuis plusieurs semaines, côté ukrainien,
38:48notamment le président Zelensky, où on commence à aller vers des négociations et vers l'acceptation d'une partition
38:53avec les territoires contrôlés par l'armée russe qui resterait russe. Il est vrai que ça va changer beaucoup de choses.
38:58D'abord, l'Ukraine a besoin des financements et des armes américaines. Là, le Congrès, maintenant étant républicain,
39:03il n'y aura plus de vote en faveur de l'Ukraine. Donc ça veut dire que le robinet va être coupé.
39:08À partir de là, ça sera impossible de faire la guerre. Et donc on va avoir des négociations,
39:13soit d'ici la fin de l'année, soit au mois de janvier, lorsque Trump sera officiellement président.
39:17En tout cas, le conflit va s'arrêter. — Oui. Jérémy Guez ?
39:20— Je pense que Jean-Baptiste a raison. Je nuancerais juste un point. C'est que je pense que l'aide américaine
39:25va continuer à l'Ukraine, mais va continuer sur des termes très différents. C'est-à-dire que la manière
39:31dont on définit la victoire, je pense, à Washington est bien différente de celle de Kiev.
39:36Effectivement, une partition, je crois que ça va s'imposer de soi. Et simplement, juste un épisode
39:41qui m'a beaucoup marqué en 2024, c'est quand Mike Johnson, le patron des Républicains à la Chambre
39:46des représentants, qui traîne les pieds sur le dossier ukrainien, assez radicalement et assez rapidement
39:52change d'avis. Je pense que c'est à peu près à ce moment-là où il a parlé aux renseignements américains
39:57qui ont pu lui dire que si l'Ukraine tombait, toutes les implications, toutes les conséquences que ça pouvait avoir
40:02pour la sécurité des Américains. Donc je pense que les Américains ne sont pas complètement aveugles
40:07à ce qu'ils jouent en Ukraine, mais que finalement, ils peuvent vivre autrement mieux avec une partition
40:11et avec une fin du conflit, plutôt que de continuer à verser à fond perdu, dirait-il eux, en Ukraine.
40:21– Et par rapport à la France et l'Europe, mais peut-être à la France, parce qu'on sait qu'il y a eu un rapport ambigu
40:27Trump-Macron-Jérémy Guez. – Oui, mais je pense que Donald Trump a une petite fascination pour notre président.
40:33Oui, parce que dans son esprit, se faire élire président aussi jeune, c'est peut-être une marque de réussite
40:38dans la tête du président américain. Je pense aussi qu'il a été impressionné de manière authentique
40:44par le défilé du 14 juillet. Je crois que ça l'a marqué. – Quand il était venu, en 2017, c'est ça ?
40:49– En 2017, exactement. Et puis il a parlé de la France aussi de manière assez anecdotique,
40:53en parlant de ce pays où, à 20h, on savait qui avait gagné les élections. Et ça, c'était très frappant
40:59parce qu'aux États-Unis, on a cette image de cette puissance économique, et c'est vrai,
41:02mais il y a quand même un certain nombre de défauts en termes d'infrastructures,
41:06et notamment dans le système électoral, qui font rêver un certain nombre d'Américains.
41:10– Est-ce qu'il y a une revanche à prendre sur Emmanuel Macron, en quelque sorte, Jean-Baptiste Nonoé ?
41:15Parce que là, vous dites non, mais... – Il y a une revanche, mais en tout cas,
41:18les États-Unis restent la première puissance mondiale, donc les Européens et la France
41:21ont tout intérêt à ce que les premiers aillent bien pour les exportations, pour l'économie européenne
41:26de manière générale. Les grandes crises économiques... – Mais c'est l'Amérique d'abord.
41:30– Oui, mais beaucoup d'entreprises françaises font du commerce avec les États-Unis,
41:33et échangent avec les États-Unis, donc elles seront tirées vers le haut par ce biais-là aussi.
41:37– Oui, vous pensez ? – Bien sûr.
41:38– Parce qu'il y en a beaucoup d'économistes et d'entreprises qui disent « Oh là là,
41:41il y a un gros risque, si c'est Trump, pour nous, on va souffrir ».
41:44– Alors, il y aura peut-être des tarifs douaniers qui seront mis ici ou là,
41:46mais de manière générale, on a plus intérêt à une économie américaine prospère
41:50qu'à une économie en crise. On l'a d'ailleurs vu, lors de la crise des subprimes,
41:54c'est arrivé quelques temps après en Europe.
41:56– Merci à tous les deux, Jean-Baptiste Noé, Jérémy Guez,
41:59Jean-Baptiste Noé avec votre livre « Que vivent les humanités ? », qui va sortir.
42:04On va vous réinviter plus en longueur pour en parler,
42:06et vous Jérémy Guez, spécialiste des États-Unis.
42:09Merci à Jamel à la réalisation, évidemment, avec toutes ces liaisons aux États-Unis
42:15qui ont parfaitement fonctionné. On avait l'impression de se retrouver dans l'Ohio,
42:20d'être du côté de San Francisco, d'être à Washington, d'être à New York,
42:23et ça continue évidemment sur ceux de radio, dans un instant,
42:26avec Jean Gansman, Benjamin Guez, et puis André Bercoff ce midi,
42:29qui est sur le pont aussi, qui vous fera réécouter un extrait
42:33de sa longue interview avec Donald Trump, il y a quelques années.
42:39Allez passer une bonne journée.