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Xerfi Canal a reçu Pierre Veltz, ancien Président-Directeur Général de l'Etablissement public Paris-Saclay, pour parler de la jeunesse.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00Bonjour Pierre Vels. Bonjour. Pierre Vels, on ne vous présente plus, je vous présente quand même,
00:13ingénieur X-POND. Vous êtes docteur et habilité à diriger la recherche en sociologie. Vous êtes
00:18ancien directeur de l'école des POND, vous êtes ancien grand pilote du projet d'aménagement de
00:24Paris-Saclay. La jeunesse, elle nous dit on veut autre chose, ça suffit, le fossile, ça suffit,
00:29etc. Là, vous vous dites finalement, elle a raison. Elle a raison. C'est-à-dire là où beaucoup le
00:37regardent en disant bon quand même, ils se moquent un peu du monde, ils sont anti, ils sont ci,
00:42ils sont ça. Vous dites non, il faut les écouter, ils ont raison. Ils ont raison. Les valeurs de la
00:47jeunesse, c'est les valeurs de la bifurcation. Oui absolument. Après, il y a jeunesse et jeunesse,
00:52et puis il y a des contradictions. Par exemple, quand on regarde les comportements d'achat,
01:01par exemple des jeunes, c'est pas forcément, vous voyez, on continue à acheter des tas de fringues,
01:07de chaussures, etc. Mais il y a quand même un grand basculement, en particulier dans la
01:12jeunesse éduquée. Beaucoup d'autres sont un peu contraints par la survie, il faut quand même
01:20trouver à manger. Mais dans une grande partie, notamment les grandes écoles, les universités,
01:27etc., moi je suis absolument sidéré et ravi du basculement qui s'est produit assez vite en
01:33quelques années. Autonomie, sens, faire, c'est trois points que vous voyez, trois valeurs de la
01:42jeunesse. Elle veut être autonome, donc elle ne veut plus les grandes structures abroyées,
01:46hiérarchiques, où on va trucider le concurrent pour avoir la place du dessus.
01:51Elle continuera dans le labyrinthe, oui. Du sens, la question du sens est omniprésente. Et puis,
01:59l'éloge du carburateur, comme disait Mathieu Crawford. L'éloge du faire, on a envie de faire,
02:04on a envie de toucher le réel. Pour moi, c'est un peu, je résume un peu les choses comme ça,
02:09il y a ces trois valeurs. La plus importante étant l'autonomie. Ce qui ne touche pas que les plus
02:14jeunes d'ailleurs, c'est général dans la société. On est arrivé dans un monde où, finalement,
02:21on est pris dans des logiques et il y a une volonté de revenir quand même à une autonomie dans la
02:29conduite de sa propre vie. C'est pour ça d'ailleurs qu'on parle beaucoup aussi du local,
02:32de la proximité. C'est une façon de dire, le local, c'est une façon de dire, je reprends le
02:36contrôle de ce que je fais. Donc, il y a beaucoup de jeunes aujourd'hui qui disent, moi je ne veux
02:42pas forcément faire le parcours dans la multinationale, je préfère faire un truc
02:46plus modeste en apparence, mais où je suis mon propre patron, j'ai de l'autonomie. Ça,
02:50c'est vraiment le changement de fond de la société. Alors, ce n'est pas facile,
02:54parce que parfois, quand on est autonome, on est aussi fragile. La deuxième chose,
02:58vous l'avez dit, c'est le sens. Il y a un besoin évident de sens, de dire à quoi ça sert tout ce
03:08que je fais, la vie est courte, voilà. Et puis, le faire, ça va un peu dans le même sens,
03:16c'est-à-dire, c'est, je veux voir le résultat de mon action. Quand vous êtes dans une grande
03:20entreprise, dans un des process, vous êtes pris dans des circuits où vous ne voyez plus vraiment
03:26ce que vous produisez. Donc, par exemple, on a un retour extraordinaire des métiers artisanaux,
03:34y compris chez les gens diplômés, parce qu'être charpentier, c'est évidemment, c'est formidable,
03:38on voit ce qu'on fait, construire une charpente. Alors que quand on est dans la banque et qu'on
03:44modifie le process informatique, on ne sait pas trop ce qu'il va devenir. Ce n'est pas le même
03:53résultat. Tout ça converge pour poser la question des mondes habitables, comme dit Alain Charles
03:56Martin aujourd'hui. Les mondes habitables. On a envie de mondes habitables. Voilà, c'est ça.
04:00Parce que par mains et gares, le monde était devenu inhabitable. Oui, alors, vous savez,
04:05j'étais très frappé de cette enquête mondiale qui a été publiée par Lancet,
04:11la grande revue médicale, sur l'éco-enquêté de la jeunesse. C'est assez sidérangeur. On peut
04:20discuter de la taille des échangillons. Par exemple, ils ont pris 10 pays avec 1000 personnes
04:26dans chaque pays. 1000 jeunes indiens, ce n'est pas forcément très représentatif. Mais le degré
04:32d'éco-enquête mondiale que révèle cette enquête est quand même assez sidérant. Et quel est le
04:39remède à l'éco-enquête ? Moi, je suis beaucoup moins pessimiste. Enfin, je suis pessimiste d'une
04:43certaine façon. Mais je pense qu'on dit que le remède à l'enquête, c'est l'action. C'est d'agir,
04:50c'est de faire des choses, des gens qui font des choses. Il y a plusieurs façons de faire des
04:54choses. Il y a ceux qui se mettent en dehors du circuit. Le off-grid, je reconstitue ma...
04:59Mon bifurcation a été utilisée comme ça, d'ailleurs par des étudiants. Bon, pourquoi pas ? Enfin,
05:04si tout le monde fait ça, on ne va pas sauver le climat de la planète. Ça, c'est quand même un
05:07problème parce qu'on a beau dire qu'il faut commencer petit, à un moment donné, il faut
05:12aussi s'attaquer aux grands problèmes. Et on ne dit pas assez que... En fait, moi, je pense qu'il
05:18y a cette génération... Quelque part, je suis jaloux de cette génération. Nous, on a vécu sur
05:24notre tapis roulant. La nouvelle génération, elle est la première qui va pouvoir réorganiser le
05:32monde et construire un monde habitable. Ça, j'en suis convaincu. Mais encore, il faut qu'ils le
05:37réalisent et qu'ils le fassent. Mais je suis assez optimiste parce que les chantiers sont fantastiques.
05:45Merci à vous, Pierre Wels. Bifurcation, réinventer la société industrielle par l'écologie. Merci.
05:54Merci à vous.

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