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Xerfi Canal a reçu Laurent Cappelletti, professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers, pour parler d'un capitalisme responsable.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00Bonjour Laurent Capeletti. Bonjour Jean-Philippe Denis. Laurent Capeletti,
00:12vous êtes professeur du conservatoire national des arts et métiers, vous êtes titulaire de la
00:15chaire contrôle de gestion. Tout à fait. Socio-economic approach to management,
00:20science-based consulting for sustainability, ouvrage que vous publiez avec Henri Zaval et
00:24Véronique Zardet, édition Palgreve Macmillan, donc éditeur international. Ouvrage en anglais,
00:29voilà. Dans cet ouvrage, je vais essayer de résumer en une formule le projet. C'est quand
00:36même d'exporter un capitalisme socialement responsable, dit socio-économique, une vision
00:42socio-économique à l'international. Et pour ça, il faut l'écrire en anglais. Alors peut-être,
00:47c'est quoi un capitalisme socio-économique responsable au concret ? Parce que là,
00:54l'objectif c'est de rentrer dans le concret. Alors, ça repose sur l'hypothèse qui vous
00:59surprendra pas, en fait, qu'au fond, les résultats d'une économie, bien sûr qu'il y a des phénomènes
01:03macro, mais ça dépend de beaucoup de ce qui se passe au cœur des organisations, c'est-à-dire au
01:10cœur de la gestion. Et donc, en constatant que pour avancer dans un système, on va dire,
01:16macro-économique supportable des gens, et pour nous, alors après ça peut se discuter, pour nous,
01:21c'est un capitalisme qui doit être d'entrepreneurs, mais qui doit être socialement responsable,
01:26supportable par les gens. Que les gens, dans leur métier, aient des salaires acceptables,
01:32des conditions de travail acceptables. Bon bref, ça doit s'incarner, donc forcément, à partir du
01:37moment où on a ce type de raisonnement, qui est en réalité très inductif, ça doit s'incarner
01:42donc par un management lui-même socialement responsable. Et donc, comme ça n'existe pas
01:48dans la nature, malheureusement, eh bien il faut proposer, expérimenter une méthodologie de
01:55management socio-économique. Et c'est ce que nous faisons depuis 50 ans. Socio-économique,
02:00ça veut dire qu'on ne distingue pas, finalement, les acteurs et les facteurs. On essaye de réunir,
02:06on essaye de penser de manière systémique cet ensemble. Exactement, si vous voulez,
02:10pour parler en fait, en prenant ces traits poloniens à la base, c'est-à-dire qu'il y a
02:16un encastrement du social et de l'économique, et donc séparer les deux ne marche pas. Ça,
02:23c'est au plan, on va dire, macro. Et donc, dans le management, on doit également avoir des outils,
02:29des méthodes, des principes qui, d'un côté, motivent, dynamisent, développent le potentiel
02:34humain, tout en créant de la valeur économique de façon durable, c'est-à-dire avec des impacts
02:43positifs sur la société. Voilà, donc c'est vraiment le principe de durabilité. On a appelé
02:47ça à l'origine, c'est Henri Saval, un socio-économique, et dans le social, on a social-sociétal. C'était
02:53durable dès l'origine, en fait. Bien sûr, plus de 2200 interventions, des décennies de recherche.
02:59C'est pour ça qu'on s'est permis de le faire, c'est-à-dire qu'on a une conception de la théorie,
03:04on n'interdit pas, bien sûr, de proposer des théories comme en physique, un peu, où on les
03:11pose avant de vérifier par l'expérimentation. Nous, on a pensé qu'en sciences de gestion, une
03:18bonne théorie, c'était une théorie qui reposait sur des expérimentations réitérées, validées dans
03:25le temps, et qu'à partir de là, on pouvait proposer des connaissances génériques, validées par
03:30l'expérimentation, vous l'avez dit, sur 2250 cas. Bien sûr, c'est considérable. J'ai envie de dire,
03:38c'est d'autant plus important aujourd'hui de penser ce capitalisme socialement responsable,
03:42qu'on est dans un contexte, je pense notamment aux Etats-Unis, avec une élection possible d'un
03:48certain Donald Trump, où on sent que c'est le capitalisme le plus dur qui risque de s'imposer.
03:53Là, on a une vision presque européenne aussi à faire valoir. Tout à fait, c'est-à-dire qu'on a
03:58une vision française, une vision européenne. Vous le soulignez, en fait, ce qui se passe dans le
04:04monde du travail rejaillit, mais ce n'est pas une nouveauté. Il rejaillit toujours au niveau
04:09macro-social et au niveau électoral. Par exemple, en France, la problématique des normes, la
04:14problématique de la bureaucratie, la problématique du harcèlement au travail, la problématique de la
04:18dureté managériale, c'est quelque chose qui, si on ne s'en occupe pas, au niveau ensuite électoral,
04:26peut être capturé. Ça nous pète à la figure. Et dans les cas que vous citez, et en France aussi,
04:32avec, dans certains cas, des mauvaises réponses séduisantes par rapport à des problèmes réellement
04:38vécus. Donc, amis gestionnaires, saisissons-nous de cette question et ayons en tête... Je me
04:46souviens d'un ouvrage de Raymond Barre qui disait que l'économie est toujours politique. On n'aurait
04:51jamais dû séparer l'économie... Ça s'appelait l'économie politique, en fait. En gestion,
04:56je pense que c'est exactement pareil. La gestion est politique. La gestion est politique et donc
05:02il lui faut un regard socio-économique. C'est mon avis. Merci Laurent Capelletti. Merci à vous.

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