• le mois dernier

Avec Jean-Paul Pelras, journaliste spécialiste de l’agriculture

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##CA_BALANCE-2024-10-30##

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Transcription
00:00— Je suis toujours heureux de vous recevoir. Vous êtes journaliste. Vous êtes spécialiste de l'agriculture. Enfin vous avez été vous-même agriculteur.
00:07Et je voudrais rappeler quelques chiffres, quelques chiffres simplement. Jean-Paul Pelleras, que vous connaissez, mais que peut-être un certain nombre
00:14d'auditeurs et de résistants de Sud Radio ne connaissent pas. Nombre d'agriculteurs en France. En 1980, 1,2 million. En 2024, 400 000.
00:26Moins 66 % d'agriculteurs en 40 ans. Nombre de fonctionnaires du ministère de l'Agriculture. En 1980, 18 000. En 2024, 36 000.
00:42Moins 66 % d'agriculteurs en 40 ans. Plus 100 % de fonctionnaires au ministère de l'Agriculture en 40 ans. C'est-à-dire, soyons clairs,
00:531 fonctionnaire pour 66 agriculteurs en 1980. 2024, 1 fonctionnaire pour 11 agriculteurs. Alors Jean-Paul Pelleras, bon, ça, ce sont des chiffres.
01:05Derrière, il y a des vies, des existences. Franchement, alors on sait que ça y est, à nouveau, on parle des mouvements qui vont repartir.
01:12On va bloquer des autoroutes. On va peut-être bloquer un certain nombre d'institutions. Mais en fait, est-ce que c'est le baroud d'honneur ?
01:21Est-ce que c'est déjà vraiment plié, tout cela ?
01:26— Écoutez, c'est... Disons qu'on s'aperçoit qu'il y a une paupérisation du secteur. C'est évident. Pour revenir à ce que vous disiez par rapport aux fonctionnaires
01:38du ministère de l'Agriculture, il faut constater une chose. Il s'agit d'un système qui s'auto-alimente, finalement. Ce sont des gens qui créent les normes,
01:49bien souvent inadaptables et inadaptées, et qui, ensuite, contrôlent leurs applications. Alors bon, voilà. Alors...
01:57— Vous voulez dire qu'ils créent les problèmes et c'est à eux de les résoudre. — C'est-à-dire qu'à un moment donné, voilà, ils sont en train de...
02:05Bon, ils créent les normes. Et ensuite, ils vont contrôler chez les agriculteurs. Voilà. Comme ça, au moins...
02:10— D'accord. — Le problème, c'est que vous pouvez aujourd'hui dire... Tous les gens qui tournent autour de l'agriculture...
02:16Parce que l'induction est quand même importante. Elle n'est pas uniquement dans les ministères. Elle est dans tous les organismes.
02:21Et Dieu sait s'il y en a, hein. Voilà. Tous ces gens-là vivent de l'agriculture, vivent sur le dos de l'agriculture, bien souvent.
02:29Demain, vous supprimez tous ces postes. Bon, l'agriculteur continuera d'être agriculteur. Vous supprimez l'agriculture, demain, c'est fini.
02:40D'un, on ne mange plus. De deux, tous ces gens-là perdent leur boulot. Ça, je pense qu'il faut quand même le rappeler de temps en temps.
02:45— Mais oui, oui. Ça me paraît quand même du bon sens le plus élémentaire, Jean-Paul Pedras. Vous avez raison.
02:52Mais en fait, la question que je posais, c'est qu'on a l'impression, encore une fois, de l'extérieur, on ne vit pas le monde d'agriculture,
03:00qu'il y a des mouvements. On se rappelle le salon de l'agriculture. On se rappelle tout cela. Et puis à un moment donné, ça explose.
03:08Il y a des mouvements. Le gouvernement dit... Quel que soit le gouvernement, d'ailleurs. Oui, on va aider. On va faire ceci, on va faire cela.
03:15Alors on aide. Mais à quel niveau ? Est-ce que c'est toujours... Alors après, on invoque l'Europe. On invoque le Mercosur.
03:21On va en parler, du Mercosur. Et je voudrais juste... Juste, Jean-Paul Pedras, on a le temps et on va prendre le temps.
03:27Bon, on sait les revenus médiocres. Un tiers des agriculteurs gagne moins que le RSA. C'est une pétition que nous a envoyée Philippe Meurer.
03:36La concurrence déloyale est traitée de libre-échange. Le traité Marcosur, bientôt signé. Normes non respectées.
03:4325% des produits importés échappent au contrôle. Alors ils donnent des propositions en jante. Et je voudrais avoir votre avis là-dessus.
03:49Baisser les taxes sur le gazole pour soutenir nos agriculteurs. Sortir du marché européen d'électricité pour réduire leurs charges.
03:56Double-appichage des prix en grande dévolution pour qu'ils soient payés au juste prix. Prix de vente au détail, etc.
04:02Les aider financièrement par des prêts à taux zéro. Et moratoire sur une norme bureaucratique très coûteuse en provenance de l'UE.
04:09— Tout ça a été déjà dit, on le répète. Est-ce que c'est lettre morte ou pas ? Et qu'est-ce que vous en pensez de ces mesures ?
04:16— Oui. Écoutez, les mesures ont été évoquées, effectivement. Il y a eu beaucoup de remue-ménage en février-mars dernier du salon de l'agriculture.
04:30Macron, d'ailleurs, avait dit « Je vous reverrai après les élections du salon de l'agriculture qui vont se tenir en janvier ».
04:37Bon, il faut aussi regarder les choses en face. Il va y avoir une surenchère sur le terrain syndical, parce qu'il y a les élections du salon de l'agriculture
04:45et que tout le monde va un peu montrer les muscles au niveau des différentes obédiences syndicales.
04:51— C'est en janvier prochain. C'est en janvier prochain. — Il faut l'intégrer. Macron avait dit « Je vous verrai après ».
04:58Bon, il se trouve qu'en ce temps-là, il y a eu pas mal d'événements politiques. Aujourd'hui, qu'est-ce que nous avons ?
05:05Nous avons parfois une loi d'orientation. À quoi va-t-elle servir ? Franchement, à mon avis, il n'y a pas grand-chose.
05:11Voilà. Tout ça, ce sera la septième du nom. À un moment donné, ça permet de créer des affaires, la Belle-Rouge, tout ça.
05:17En effet, ça va pas susciter une révolution. Ensuite, nous avons la loi Egalim. Mais la loi Egalim, on ne peut pas contraindre...
05:24C'est l'offre et la demande. C'est... — Rappelez... Excusez-moi, Jean-Paul Pélrasse. Rappelez la loi Egalim.
05:30— La loi Alimentation. La loi Alimentation, on va essayer de contraindre la grande distribution, par exemple. Mais vous savez, ça va être très compliqué.
05:41C'est l'offre et la demande, ça. C'est l'offre et la demande. Voilà. Est-ce qu'un gouvernement peut s'unir dans ce débat-là ?
05:47Je ne pense pas. Je ne pense pas. Par contre... Par contre, il y a des leviers. Le levier, vous l'avez cité tout à l'heure, c'est...
05:55Il faut pas avoir peur des mots. C'est une forme de protectionnisme. On peut pas continuer à tout laisser rentrer comme ça, sans aucun contrôle,
06:03parce que c'est le cas. On peut pas non plus... Il n'y a pas d'harmonisation des charges, y compris intra-européenne.
06:11— Y compris intra-européenne, oui. — Bien sûr. Vous avez l'Espagne qui est... Le SMIC est moitié moins cher en Espagne qu'en France.
06:19Je dis pas qu'il fallait baisser le SMIC en France. Je dis que tout simplement, il faut harmoniser. On a construit une Europe sans harmoniser socialement.
06:26Qu'est-ce qu'on voulait ? Ça peut pas tenir. Les fruits, les légumes, le vin, tout y est passé. Maintenant, la prochaine étape, c'est la viande avec le Mercosur.
06:33Puis ce sera les céréales avec l'Ukraine. Voilà. C'est écrit, ça. C'est écrit. Voilà. Voilà. Et puis il y a une dernière chose, André Bercoff,
06:41que vous n'avez pas énumérée. C'est la stigmatisation. Vous savez que je suis très attaché à ça, cette stigmatisation dont le monde agricole est victime en permanence.
06:53Et là, je pense qu'il faut que l'État... — Mais attendez, attendez. Jean-Paul Pellerin, excusez-moi. Qui stigmatise ? Qui stigmatise ?
07:01Ce qui veut dire... Vous dites qu'il y a une stigmatisation. — Oui, il y a une stigmatisation. J'y viens. Qui stigmatise ?
07:06Ce sont les environnementalistes, les écologistes qui sont soutenus par certains médias. Et j'ai pas peur de le dire. En l'occurrence, les médias du service public, voilà,
07:17qui n'hésitent pas à stigmatiser et à desservir, parce que l'image qu'ils renvoient du monde agricole, d'un, est fausse, et de deux, elle est préjudiciable. Elle est préjudiciable.
07:29Et ça, c'est important. C'est important de dire... — Oui, c'est important. — Il faut que le gouvernement leur dise à ces gens-là
07:36« Maintenant, arrêtez vos conneries. Respectez les paysans ». — Mais comment on laisse... D'ailleurs, écoutez, le service public, vous le savez aussi bien que moi,
07:43Jean-Paul Pellerin, c'est nous tous qui payons. Ce sont les contribuables, y compris les agriculteurs, d'ailleurs. Et comment on laisse faire ? Comment...
07:49Je veux dire, moi, je suis contre, violemment contre la censure. Mais que ce soit une seule voix qui parle en disant aux agriculteurs
07:56« Oui, c'est terrible, les pesticides, c'est terrible, ce qu'ils veulent, ces gens-là, ils veulent nous polluer », etc., et on laisse dire sans contradiction.
08:04C'est quand même énorme, non ? — Le directeur des programmes de France Télévisions, André Bercoff, M. Sidbon-Goumès, est encarté chez les écologistes.
08:15C'est le directeur des programmes de France Télévisions. Bon, voilà, c'est tout. Est-ce qu'il faut continuer ou est-ce qu'il faut commencer par revoir ça ?
08:21Bon, il faut que Mme Ernotte, peut-être, en prenne un peu conscience de tout ça. Et les agriculteurs, à n'en tasser de se faire traîner dans la boue, vous l'avez dit, sans contradiction,
08:34ils supportent plus ça. Bon, à un moment donné, qui mieux que l'agriculteur peut expliquer son métier ? Est-ce qu'on fait pareil avec les enseignants, avec les mécaniciens,
08:44avec les médecins ? Non, on fait pas. Par contre, les agriculteurs, tout le temps, ils reçoivent. Bon, ça suffit, maintenant.
08:50— Oui. Et alors ça, ça suffit, maintenant, Jean-Paul Pedras. Comment il peut s'exprimer ? Est-ce qu'il va encore s'exprimer par des manifestations, qu'on comprend,
08:58des tracteurs, etc., etc. ? Et ça va être encore une fois ce qu'on a vu déjà, et vous le savez mieux que moi, des dizaines de fois, où...
09:07Je veux dire, en fait, la question qui est posée, on a l'impression qu'on va tranquillement dire « Écoutez, tout ça, c'est très bien. Il y aura le Mercosur.
09:15L'Europe est déjà... Voilà. Tout ça, c'est fini. Il n'y a plus de frontières. Il n'y a plus de protectionnisme. Tout ça, c'est des idées ringardes et dépassées.
09:24Et puis qu'est-ce que les agriculteurs ? Eh bien perdent des profits. Il y aura les grands, hein, les grands qui vont rester, puis les petits qui vont crever.
09:31Et c'est comme ça. C'est la vie. On n'avait pas l'impression que c'est ce schéma qui est dans les têtes. Évidemment, on le dit pas,
09:37parce que c'est honteux de le dire, mais est-ce que ce n'est pas ce schéma qui est dans les têtes ?
09:41— Vous savez, André Bercoff, il y a aujourd'hui 0,1% de l'électorat, c'est l'agriculture. — 0,1% ?
09:49— Ça, on représente le pluriel. C'est-à-dire qu'en face, vous mettez, vous alignez toutes les associations, les joueurs de pétanque,
09:56les gars de tout le respect que j'ai pour eux. Tout ça, ces gens-là pèsent plus que le monde agricole. Il est plus facile demain pour un politique,
10:05plus facile aujourd'hui pour un politique d'aller serrer des mains dans les associations. Derrière chaque membre d'association, il y a un électeur.
10:13Que d'aller voir des agriculteurs qui, en plus, souvent, doivent aujourd'hui se battre pour exister dans cette société.
10:24Vous voyez, c'est un problème de poids électoral. Ça ne pèse plus rien. Vous l'avez dit au début de l'émission.
10:29L'agriculture, elle pèse en termes de chiffres d'affaires. Voilà, c'est important. Mais elle ne pèse plus sur le plan de l'électorat.
10:41Et ça, vous savez, les politiques, que vous savez mieux que moi, ils le comptent, bien entendu. Ils attendent que cette érosion avance
10:49jusqu'à ce que, parfois, ça s'éteigne. J'en ai parlé dans Le Point. Écoutez, j'avais écrit il y a 2 ans, je crois. Dans 20 ans,
10:57les agriculteurs français ont disparu. Je sors un bouquin au mois de janvier qui traite de cette question. — Le 9 janvier, oui.
11:05— D'accord. — Mais si vous voulez, c'est quelque chose... Cette érosion, elle est inéluctable s'il n'y a pas une prise de conscience.
11:15Et cette prise de conscience, il faut qu'elle soit politique. Et le politique, j'ai bien peur que du paysan, il n'en ait plus rien à foutre.
11:21Excusez-moi de parler comme ça, mais voilà. — Non, non. Ça me paraît frapper, effectivement, encore une fois, au point du bon sens.
11:28Oui, oui. Quand vous dites... C'est vrai, c'est un chiffre qu'il faut retenir, 0,1% de poids électoral.
11:34Effectivement, c'est moins que les jours de pétanque. C'est vrai que ça donne à réfléchir, ça. Alors que l'agriculture, qu'est-ce qu'on fait ?
11:41Alors qu'il suffit de se balader en France pour savoir ce que c'est qu'un pays agricole, quand même. Même aujourd'hui. Même aujourd'hui.
11:49Oui, c'est de l'emploi. Puis il y a de l'emploi derrière. Il faut pas oublier. Voilà. Il y a de l'induction, d'un amont, d'un aval. Voilà.
11:57Voilà. C'est tout. Mais bon, ça... — Oui. Et dites-moi, quand on dit le chiffre moyen des petits agriculteurs,
12:03c'est vraiment... Quand on dit c'est 800 000 € par mois, ça m'a toujours pas... C'est vraiment ça ou c'est quand même le SMIC ?
12:11— Vous avez aujourd'hui... Je vais souvent dire votre antenne. Vous avez aujourd'hui 2 agricultures.
12:15Vous avez une agriculture qui sort les fruits, les légumes, le vin, la volaille, l'élevage porcet, qui ne sont pas...
12:22Qui ne perçoivent pas d'aide PAC sur le premier pilier, c'est-à-dire d'aide directe. Ensuite, vous avez les grammes de culture et l'élevage
12:29qui perçoivent des aides PAC. Bon, il n'y aurait pas... Il n'y aurait plus d'aide PAC, de toute façon, il n'y aurait plus d'agriculture.
12:33Mais il y a des secteurs qui ont réussi à résister. Malheureusement, ils ont été tellement impactés par les importations, entre autres.
12:41Ils n'ont pas réussi à tenir face à la concurrence. Et je pense qu'il y a des secteurs comme ça qui sont beaucoup plus impactés que d'autres.
12:49Mais je vous l'ai dit tout à l'heure, je crains qu'après les fruits, les légumes, le vin, etc., ce soit maintenant l'élevage, parce que...
12:57Puis vous savez, il y a aussi le fait qu'on parle de stigmatisation. Bon, la viande, aujourd'hui, rare, le moment où on vous dit pas
13:06qu'il faut moins manger de viande. Et tout ça, ça participe à une espèce de mal-être qui est croissant. Et donc il y a des secteurs qui vont tomber.
13:14Il y a des secteurs qui vont tomber. Ils tomberont chez nous, mais ils ne tomberont pas forcément au Brésil, ils ne tomberont pas forcément en Argentine
13:21ou au Maroc pour la tomate ou autres. D'ailleurs, au Maroc, où les politiques se succèdent pour aller signer les accords de libre-échange.
13:26— Eh oui, eh oui. Oui, ça, c'est un moment... En ce moment même. En ce moment même. — Voilà. Je vais écouter l'émission tout à l'heure.
13:35— Merci, Jean-Paul Penras. En tout cas, quand on voit qu'on fabrique de la viande synthétique et qu'on dit qu'il ne faut plus manger quoi que ce soit,
13:41en tout cas d'un certain nombre de produits, c'est assez pénible. Mais écoutez, peut-être... Écoutez, le pire n'est pas toujours sûr.
13:49Peut-être qu'il y aura un réveil. En tout cas, espérons-le.

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