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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Michel-Édouard Leclerc, Président du groupe E. Leclerc
Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Michel-Édouard Leclerc, Président du groupe E. Leclerc
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00:00Bienvenue dans les 4V, Michel-Edouard Leclerc.
00:04Alors on apprend ce matin d'après l'ONG Bloom et Foodwatch que 57% des conserves de thon seraient contaminées au mercure.
00:13C'est ce qu'elles affirment dans une étude qu'elles rendent publique.
00:15Dans des teneurs supérieures à ce qui est autorisé, elles appellent notamment la grande distribution à prendre des mesures d'urgence.
00:21Est-ce que vous allez faire quelque chose ?
00:23Alors d'abord je le découvre avec vous, je ne sais pas l'ampleur des dégâts,
00:27mais évidemment on ne commence pas par discuter, donc nous allons demander à Foodwatch qui ne nous les a pas transmis.
00:33Ils préfèrent passer dans les médias d'abord et après ils nous donneront le résultat de ces analyses.
00:38Le mieux c'est qu'on fasse faire les analyses par les fournisseurs et en tout cas qu'elles soient incontestables.
00:45Et s'il faut les supprimer, on les supprimera, s'il faut en sortir, on en sortira.
00:50Pour le moment je n'ai aucun document, vous venez de me montrer sur votre portable.
00:53Mais en tout cas vous êtes prêts à examiner très près tout ce que vous avez dans vos enseignes sur ces cas potentiels de contamination.
01:02On sait que c'est le poisson le plus consommé en France, je crois.
01:05Oui, alors derrière cette alerte sanitaire, il y a aussi un combat de Foodwatch et de l'autre ONG pour qu'on arrête de pêcher du thon.
01:13Donc il faut regarder si c'est bien une alerte sanitaire ou si c'est une proposition qui s'appuie sur une alerte sanitaire
01:19pour revenir sur l'interdiction de pêcher du thon.
01:21Ce n'est pas la même chose pour les pêcheurs.
01:22Mais si c'est une véritable alerte sanitaire, vous dites qu'on sera extrêmement prudent et qu'on regardera d'extrêmement près.
01:27Oui, c'est automatique. Chez nous, il y a des procédés extrêmement efficaces pour retirer des produits.
01:37On préfère retirer plus rapidement des produits dès qu'on a une alerte.
01:40Mais pour le moment, j'insiste, ils ne nous ont transmis rien, ni l'administration, ni les ONG.
01:45Michel-Edouard Leclerc, la question de l'alimentation est au cœur également du débat budgétaire
01:49puisque le gouvernement, en tout cas la ministre de la Santé,
01:51s'est montré favorable à une taxe supplémentaire sur les produits les plus sucrés,
01:56les sodas, les bonbons ou divers types de produits comme ceux-là.
01:58Est-ce que c'est une bonne idée pour que les Français mangent plus sainement
02:02et puis pour trouver de l'argent pour les finances publiques ?
02:04Voilà, il y a un peu le mélange des genres.
02:06Donc moi, sur le plan du principe, sur le plan de l'idée, se battre contre l'obésité, contre le diabète,
02:16ça suppose qu'on développe tous les moyens nécessaires dans nos sociétés récentes, occidentales.
02:21C'est un vrai fléau.
02:23Après, je ne pense pas que ce soit la meilleure arme.
02:26Parce qu'en ce moment, les consommateurs, après avoir été frappés par l'inflation,
02:31tapés, taxés au portefeuille pendant trois ans,
02:35si vous leur tenez un discours, taxer telle chose, un supplément de taxe,
02:40même sous prétexte de bonne intention, ils ne vont pas le voir comme ça.
02:44Je pense que ça ne va pas aider pédagogiquement au dossier
02:47parce que tout le monde sait très bien que ces taxes, c'est pour combler les trous.
02:50Donc, dans le contexte actuel, je trouve qu'il y a trop de taxes.
02:53Il faut arrêter de taxer.
02:55Je ne suis pas pour les taxes morales.
02:56Je ne suis pas pour les taxes punitives.
02:59Je pense que c'est dans l'éducation qu'il faut investir, dans la mobilité, l'activité sportive.
03:05Les Jeux olympiques ont eu ce mérite.
03:07Ça a donné envie à beaucoup de jeunes de rentrer dans des séquences de sport olympiques.
03:14Donc, dans la durée, pas de taxes, s'il vous plaît.
03:18Créer une nouvelle journée de solidarité, en clair supprimer un jour férié,
03:21ça fait partie des pistes aussi.
03:23C'est une bonne, c'est une mauvaise idée en tant que chef d'un groupe de grande distribution
03:28ou ça peut aider à la consommation ?
03:30Qu'est-ce que vous en pensez ?
03:30Quel que soit l'intérêt, corporatiste, distributeur, capitaliste,
03:35je trouve que ce n'est pas un bon contexte pour dire aux gens qu'il faut qu'ils travaillent plus.
03:38On vient de leur faire le coup avec les retraites.
03:43Galement de jeu, je ne sais même pas si la première journée de solidarité est vraiment efficace.
03:50Je n'ai jamais lu un rapport qui disait l'intérêt d'avoir fait cette...
03:56Parce que c'est bien le principe, les gens ne sont pas payés, c'est ça ?
03:58Absolument, en tout cas, l'argent sert à autre chose.
04:00Oui, c'est sûr que ça va réjouir dans les foyers.
04:03Vous disiez il y a quelques instants que un certain nombre de prix commencent à baisser
04:08ou en tout cas l'inflation a fortement ralenti, 1,2% en septembre sur un an.
04:12Très concrètement, comment ça se passe dans vos enseignes ?
04:16Jusqu'à où va aller cette baisse des prix pour certains produits ? Comment ça se passe ?
04:20Alors là, ça fait 6-7 mois qu'on est dans une vraie désinflation.
04:25C'est-à-dire que ce n'est pas une baisse des prix, c'est une moindre inflation.
04:28Ça augmente moins vite qu'avant.
04:29Sur deux ans, on était l'année dernière à 20%. Sur deux ans aujourd'hui, on est à 8%.
04:36Et j'espère que d'ici la fin de l'année, on sera sur un taux d'inflation de l'ordre de 2%.
04:43Donc le taux d'augmentation des revenus, salaires, retraites, c'est en débat aussi,
04:48redevient supérieur au taux d'inflation.
04:51Mais pour les consommateurs, dans leur mémoire,
04:54ils se sont fait quand même taper des 20% et 40% sur le prix des pâtes, sur l'huile de tournesol,
04:58sur des denrées alimentaires dont on leur a fait le coup d'une augmentation des coûts, etc.
05:03Ça n'est jamais revenu en arrière.
05:05Ce qu'on présentait comme une inflation à cause de l'Ukraine, à cause du Covid, ça n'a pas beaucoup baissé.
05:11Et on ne reviendra jamais à ces prix ?
05:12On ne reviendra jamais à ces prix.
05:13Par contre, tous mes collègues de Leclerc, là, on s'apprête à rentrer dans un round de négociation.
05:19Et c'est vraiment notre objectif que d'aller chercher des baisses.
05:21Et j'insiste là-dessus parce que le discours politique aujourd'hui,
05:24l'ambiance politique donne prétexte à beaucoup d'entreprises de nous dire,
05:28avec ce qu'ils vont nous mettre, avec les impôts qu'ils vont nous mettre,
05:31les gars, les Leclerc, on ne va pas vous filer des baisses.
05:34Et nous, on estime que par rapport à nos consommateurs, par rapport aux citoyens,
05:38je pense que ça se passe comme ça chez les concurrents aussi, on va vraiment aller chercher des baisses.
05:42Est-ce que vous constatez un changement de comportement des consommateurs,
05:45justement, avec la fin de cette crise, disons, de l'inflation ?
05:48Oui, c'est très flagrant.
05:51Il ne faut plus interpréter une statistique d'inflation sur six mois ou même un an.
05:55Aujourd'hui, on voit bien d'abord qu'il y a une augmentation de la précarité.
06:00Les ONG, les banques alimentaires, Emmaüs,
06:05ça siffle à peu près un million depuis trois ans, l'arrivée de nouveaux pauvres,
06:10pauvres étant un qualificatif sociologique, mais enfin de gens qui râment, quoi,
06:14et qui n'achètent que des prix bas.
06:16Ça se traduit comment, concrètement ?
06:17Ça se traduit par une explosion des ventes des premiers prix.
06:21Aussi, ça se traduit par des gens qui mangent moins,
06:24mais surtout qui vont moins chez le médecin, qui n'osent pas aller chez le dentiste.
06:27Voilà, tous les débats à l'Assemblée nationale sur l'augmentation des trucs à charge et tout ça,
06:33ça fait peur très clairement à cette catégorie-là.
06:36Il n'y a pas de relation client entre la classe politique et les consommateurs.
06:41Ça fait très peur.
06:43Après, il y a un bon tiers des Français aujourd'hui qui, intelligemment,
06:48recomposent leur consommation.
06:50Quelle priorité ?
06:51C'est les arbitrages entre, par exemple, acheter un premier prix
06:56du moment qu'il est nutrice corée, par exemple,
06:58et puis de prendre un château hospitalaire, un truc à 8, 9 euros.
07:02Choisis sur quoi on se fait plaisir ?
07:04Il y a du plaisir, mais pas avec du luxe.
07:07Vous savez que le luxe est en crise aussi.
07:10Ça, c'est plus l'export.
07:11Autrement, je trouve aujourd'hui que les gens sont pris par les dépenses contraintes.
07:17Vous savez, le loyer, le transport.
07:19Il y a ces dépenses qu'on ne peut pas arbitrer.
07:21La facture arrive ou le virement se fait automatiquement.
07:24La partie qui est arbitrable se réduit.
07:28Ce n'est pas tellement qu'il y a une baisse de pouvoir d'achat,
07:31c'est juste que ce qu'on pouvait décider,
07:33une fois qu'on a payé tout ce qui est contraint, ça se réduit.
07:37Néanmoins, je ne suis pas d'accord avec notre ami là-bas.
07:40Je pense qu'il va y avoir 100 millions de touristes supplémentaires l'année prochaine.
07:45Leclerc étant un gros revendeur de tours opérator, on fait le plein.
07:50Sur ce côté-là, ça fonctionne bien sur le tourisme.
07:53Vous évoquez la question des négociations et certains industriels
07:57qui allaient vous imposer peut-être des prix plus importants.
07:59Il y a une autre crise qui couvre toujours, c'est celle des agriculteurs.
08:02Il y a des mobilisations que demandent déjà les jeunes agriculteurs,
08:06la FNSEA, autour du 15 novembre.
08:08Est-ce que vous sentez ça monter ?
08:10Est-ce que vous craignez d'être une nouvelle fois pris pour cible
08:13parce que pour certains d'entre eux, vous êtes le symbole de cette grande distribution ?
08:16Dans les jeux de rapports de pouvoir politique ou syndicaux,
08:19il y a des élections aux chambres d'agriculture,
08:21il y a aujourd'hui au Parlement ce qui guide le débat.
08:25Vous sentez cette colère monter ?
08:26Oui, il y a une vraie colère parce qu'il n'y a pas eu de réponse
08:29à des promesses qui ont été faites par plusieurs partis politiques d'ailleurs.
08:33Aujourd'hui, il faut répondre sur Mercosur, sur la PAC,
08:38sur les aides de la PAC et tout ça.
08:40Nous, en tout cas, pour la partie distributeur qui concerne peut-être
08:44deux des 40 points présentés par la FNSEA ou la Confédération paysanne,
08:50sur les deux points, on est d'accord de fonctionner tel que proposé,
08:55c'est-à-dire que les agriculteurs puissent d'abord,
08:58dans un premier contrat avec l'industriel, s'assurer
09:01ou avoir la clarté et la transparence de sa rémunération,
09:04juste prix peut-être pas, mais sa rémunération en tout cas,
09:07que ce soit clair, et puis après que nous, on ne remette pas en cause
09:10ce premier contrat. Mais par contre, il faut que l'industriel,
09:12qui lui va transformer le produit, soit transparent.
09:14Il faut qu'il nous dise quel a été son premier contrat pour l'agriculteur.
09:17Ça rassurera les agriculteurs et ça nous fait une base,
09:20une sorte de bouclier de prix agricole en dessous duquel on ne descendra pas.
09:24Michel-Édouard Leclerc, dans vos enseignes, vous avez développé
09:26notamment des centres culturels dans lesquels on vend des livres.
09:29Vous me voyez peut-être venir. Est-ce que le livre de Jordan Bardella
09:33sera vendu dans les centres culturels, Leclerc ?
09:36En tout cas, il n'y a pas de consignes contre.
09:38Les libraires sont libres de constituer leur assortiment.
09:41Ce sont des libraires indépendants, dans des magasins indépendants.
09:43Et donc, je pense que c'est bien, en tant que démocrate,
09:47pour le pluralisme, que Bardella ne puisse pas s'appuyer
09:52sur un boycott de son livre. Je trouve que ce serait une erreur tactique.
09:56Je suis social-démocrate, je ne suis pas...
09:58Et donc, oui, je pense que c'est, en tant que diffuseur du livre,
10:03je pense qu'il sera dans toutes les librairies.
10:05Vous accepteriez qu'il vienne faire des séquences de dédicaces
10:07dans les centres culturels Leclerc, comme ça pourrait arriver ?
10:12Tous les hommes politiques ont le droit de venir rencontrer leur public
10:16du moment qu'ils respectent la neutralité du lieu
10:19et le principe aussi de promotion du livre et de la lecture.
10:22Parce qu'au fond, moi, c'est ce que je cherche.
10:24Le livre-débat, c'est important.
10:26Par contre, je suis contre la taxation des livres d'occasion.
10:29J'en profite pour... Ça a été évoqué.
10:31Je trouve que ce n'est pas correct.
10:33Ce n'est pas une manière de faire lire les gens.
10:35Je suis pour qu'on soutienne des politiques de lecture,
10:37plus dédicaces, y compris dans la réforme du pass culturel.
10:40Si la tournée de dédicaces promises par Jordan Bardella
10:43passe, effectivement, par vos enseignes.
10:45Merci beaucoup, Michel-Édouard Leclerc, d'être venu ce matin.
10:47Merci.