Lundi 28 octobre 2024, SMART TECH reçoit Nicolas Minvielle (responsable du mastère spécialisé Marketing, Design et Création, Audencia) , Victorien Erussard (Président, Capitaine et Fondateur, Energy Observer) , Ghislain de Pierrefeu (expert IA, cabinet Wavestone) et Anthony Pansard (analyste scientifique, Bioxegy)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour à tous. L'Europe a-t-elle déjà perdu la bataille technologique de l'IA ?
00:12Ce sera notre grand sujet à la une aujourd'hui dans Smartech.
00:15On partira aussi faire un tour du côté du biomimétisme.
00:18Regardez comment la nature nous inspire pour l'innovation.
00:21Mais d'abord, on va parler énergie avec un catamaran sans pareil.
00:24C'est tout de suite 3 questions sur une aventure scientifique.
00:313 questions autour d'une aventure scientifique avec le bateau Energy Observer
00:36qui revient d'un grand navire laboratoire qui revient d'une odyssée de 7 ans.
00:43Victorien Erussard est en plateau avec moi. Bonjour.
00:46Bonjour.
00:47Vous êtes le président fondateur d'Energy Observer.
00:49C'est le premier navire hydrogène zéro émission à avoir fait le tour du monde.
00:54Vous allez nous rappeler quand même comment il fonctionne précisément
00:57ou ce qui en fait finalement son unicité.
00:59Ce n'est pas qu'un catamaran hydrogène.
01:01C'est un laboratoire de la transition énergétique, mixité énergie renouvelable,
01:05solaire, éolien, hydroélectricité, du stockage court terme batterie
01:10et long terme avec de l'hydrogène qu'on produit à partir de l'électrolyse de l'eau de mer.
01:13En fait, ce qu'on fait en mer, on peut le faire à grande échelle à terre.
01:18Donc ça, c'est toute la démonstration que vous souhaitez faire.
01:21C'est comment on peut aujourd'hui utiliser ces nouvelles énergies, des énergies propres.
01:26Le tour du monde, ça veut dire que ce navire a quand même traversé des conditions extrêmes.
01:31D'abord, comment il s'en est sorti et quels enseignements en tirez-vous ?
01:35Alors, on l'a testé. On a fait plus de 50 pays, donc tous les océans.
01:40Parfois, on était dans des conditions extrêmement chaudes.
01:44Je me souviens de 50 degrés de température lorsqu'on était en Israël, à Tel Aviv.
01:49Et puis, on est monté à moins de 1200 kilomètres du pôle Nord.
01:52Donc là, des températures extrêmement froides.
01:54Donc ça nous a permis vraiment d'avoir un retour d'expérience extrêmement intéressant sur ces technologies embarquées.
02:00Et donc, alors qu'on me disait que ça allait être difficile de naviguer avec des technologies hydrogènes
02:05pour cet environnement hostile qu'est la mer, on a prouvé en 7 ans que non, que ça fonctionne très, très bien.
02:11Vous allez me dire que ce n'était pas difficile ?
02:13Si, bien sûr. Mais bon, après, on est beaucoup de marins de commerce dans ce projet, de professionnels de la mer.
02:19Donc on sait comment naviguer pour éviter que ça soit justement difficile.
02:25Donc voilà, ça s'est bien passé.
02:27Et donc la démonstration que vous souhaitiez faire et que vous faites finalement avec ce retour,
02:31avec une escale à Paris qui vient de se terminer,
02:35c'est de dire que cette expérience scientifique est reproductible et prouve qu'on peut utiliser ses énergies.
02:42Mais pourtant, on est quand même face à un navire tout à fait exceptionnel, unique en son genre.
02:46Est-ce qu'il y a vraiment un passage à l'échelle possible ?
02:49Oui, alors, il y a plusieurs choses. Déjà, il symbolise la propulsion bélique.
02:52Propulsion bélique, on voit qu'il y a beaucoup d'armateurs qui sont en train de s'orienter vers cela.
02:56Il y a notamment Ariane Group qui utilise les mêmes ailes de propulsion que l'on a testées,
03:00des ailes automatisées qui permettent de réduire de 15 à 45 % les consommations énergétiques des navires.
03:05Le photovoltaïque, ça fonctionne, tous les navires de plaisance l'utilisent.
03:11En termes de batterie, il y a beaucoup de progrès pour assurer la propulsion électrique de certains navires.
03:18Et puis l'hydrogène, l'hydrogène est de plus en plus utilisé.
03:21Nous, avec une filiale que l'on a créée, Eodev, on a fourni plus de 14 systèmes.
03:26On avait deux bateaux qui, lors de la Coupe de l'América, volaient à 50 nœuds pour suivre les AC 75
03:34pour le team américain et le team Orient Express Team.
03:37Donc le passage à l'échelle est possible.
03:39Le souci, c'est bien évidemment la production d'hydrogène et créer des infrastructures portuaires pour nos navires.
03:44Et alors, quelle est la suite ?
03:45Parce que là, j'annonce la sortie de ce livre magnifique qui retrace justement toute cette épopée,
03:53à la fois une aventure humaine, mais on l'a compris aussi scientifique et même militante.
03:58C'est un livre magnifique avec de très belles images sur ce que vous avez traversé,
04:04des explications scientifiques pour comprendre justement comment ça fonctionnait,
04:09qu'est-ce qu'on peut faire demain, quelle est la suite pour vous ?
04:12Alors, ça fait deux ans qu'on travaille sur un projet de cargo.
04:15Je voulais passer à l'échelle du navire de commerce, navire de charge,
04:19qui est important pour notre économie mondiale.
04:23Le transport maritime, c'est 3% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale.
04:28Donc l'objectif, c'est de faire un cargo de 160 mètres de long,
04:32avec à peu près 100 fois la puissance qu'on avait dans ce navire,
04:35et passer de l'hydrogène gazeux à l'hydrogène liquide pour que ça prenne moins de place.
04:39Liquide, c'est moins de 253 degrés, donc on passe dans le monde de la cryogénie,
04:42donc c'est beaucoup plus complexe.
04:44Donc ça, c'est la deuxième étape.
04:46Et la troisième étape, on va relancer une nouvelle expédition
04:50qui s'appelle Enquête de la neutralité carbone,
04:52avec huit missions à thématique, déjà programmées jusqu'à 2033,
04:58avec la construction d'un nouveau navire laboratoire, Energy Observer 3,
05:02qui va s'orienter vers d'autres recherches
05:05pour étudier un autre bouquet énergétique nécessaire aux transports intercontinentaux.
05:11Alors là, je ne retrouve pas exactement la page,
05:14mais j'ai vu que vous parliez du pétrole drogue dur.
05:17On peut s'en séparer ? On peut s'en détacher ?
05:20On va devoir l'utiliser encore.
05:22Il est important dans notre mix énergétique,
05:24mais il va falloir l'utiliser de façon différente.
05:27Donc voilà, il y a des solutions.
05:29On en a besoin pour la pétrochimie.
05:31On en a besoin pour tenir notre économie.
05:34Et donc, il va falloir travailler sur des sujets de capture carbone.
05:40C'est extrêmement important.
05:41Et c'est d'ailleurs la capture carbone, la première mission de la nouvelle expédition,
05:46donc Mission 2025.
05:48Merci beaucoup d'avoir fait escale aussi dans Smartech.
05:51Merci encore, Victorien et Russard.
05:53On vous souhaite encore plein de belles aventures.
05:55Vous êtes le président fondateur d'Energie Observer.
05:57Merci.
06:02Alors, l'Europe a-t-elle déjà perdu la bataille technologique de l'IA ?
06:06On en parle avec Nicolas Mainviel.
06:08Bonjour.
06:09Bonjour.
06:10Docteur en économie, vous êtes responsable du master spécialisé
06:12Marketing, Design, Création d'audiences Business School,
06:16et puis aussi un spécialiste de l'innovation et des imaginaires.
06:19Alors, je voulais vous poser tout de suite une question avant de présenter votre voisin.
06:23Est-ce que vous pensez que l'Europe, qui pourrait devenir un géant,
06:28non pas du numérique, mais de l'IA demain, ça fait partie des imaginaires plausibles ?
06:33Alors moi, quand je parle du futur, on parle du possible, du plausible et du préférable.
06:36En étant précis, c'est possible.
06:38Est-ce que c'est plausible ? J'ai mis quelques doutes.
06:40En tout cas, on est mal parti.
06:41Bon, on va voir ça.
06:42Avec vous en plateau, Guylain de Pierrefeu.
06:45Bonjour.
06:46Bonjour.
06:47Vous êtes l'expert IA du cabinet de conseil Wavestone.
06:50J'ai envie de vous poser la même question.
06:52Que pensez-vous ? Est-ce que l'Europe a encore une chance ?
06:54On va être positif.
06:56Oui, l'Europe a encore une chance sur certains aspects de cette guerre de l'IA,
07:01parce que ce n'est pas une seule guerre.
07:03En fait, il y a plusieurs guerres de l'IA.
07:04Il y a la guerre de l'utilisation de l'IA.
07:06Comment on fait pour gagner en compétitivité, en productivité, en utilisant des IA ?
07:10Et ça, on n'est pas très en retard.
07:12Il y a la guerre de l'IA pour les parts de marché.
07:15Qu'est-ce qu'on arrive à vendre autour de l'IA ?
07:18Là, on est assez en retard.
07:20Et puis, il y a la guerre géopolitique de l'IA,
07:22si on s'en réfère à Vladimir Poutine qui dit que celui qui maîtrise l'IA maîtrise le monde.
07:27Je ne sais pas ce qu'on peut en penser, mais ce n'est pas le seul à penser ça,
07:30et c'est assez important.
07:31Et là, géopolitiquement, et j'allais dire d'un point de vue défense,
07:34on est très en retard.
07:35Et là, c'est inquiétant.
07:36Et d'un point de vue technologique, finalement.
07:39C'est ça, c'est la maîtrise de la technologie aujourd'hui.
07:42Pas tant la maîtrise de la technologie.
07:44Mais on a souvent tendance à simplifier un peu le problème.
07:47La maîtrise de la technologie de l'IA,
07:49j'allais dire on l'a.
07:51On a des Français brillants.
07:53On a les cerveaux.
07:54On a les talents.
07:55On a les chercheurs.
07:56On a les cerveaux, mais on a même la capacité à développer des choses très rapides.
07:59Mistral.ai s'est développé très vite.
08:01Lighton a développé des choses très rapidement.
08:04Et a annoncé son entrée en bourse imminente.
08:07Oui, tout à fait.
08:08Qui est assez particulière, mais intéressant.
08:10Pourquoi vous dites ça ?
08:11Parce que ce n'est pas un parcours habituel pour des start-up de la tech
08:15de rentrer aussi vite en bourse.
08:17C'est un choix qu'ils ont fait.
08:19Pour grandir plus vite.
08:20Pour grandir plus vite.
08:21Après, il y a le sujet du hardware pur.
08:23Là, on est vraiment très loin malheureusement.
08:26On n'est pas les seuls à être très loin finalement.
08:28Il y a très peu de compétiteurs.
08:30On a une petite dizaine d'acteurs sur les puces, par exemple, ou sur l'infra.
08:34Mais le cloud, c'est 60% américain.
08:37On en parlera certainement après.
08:39Mais là, pour le coup, on est un peu loin.
08:41On en parle maintenant.
08:43On est dans notre discussion.
08:45Combien ça coûte ?
08:46Qu'est-ce que ça représente comme investissement aujourd'hui
08:49pour espérer compter dans ce secteur ?
08:52C'est le sujet.
08:54Est-ce que c'est atteignable financièrement ?
08:56Ça dépend de quoi on parle.
08:58Qtai avec Xavier Nil ont mis quelques milliards sur la table
09:02pour avoir des ingénieurs capables de développer des IA.
09:05Donc ça, ça ne coûte pas très cher, j'allais dire.
09:08Quelques milliards, ce n'est pas très cher.
09:10Quand on voit l'investissement que mettent les hyperscalers américains,
09:15ça se compte en dizaines, voire en centaines de milliards en cumulé.
09:18Donc c'est beaucoup plus gros.
09:20Pourquoi ? Parce qu'ils réfléchissent, oui, aux IA,
09:22mais aussi à tout ce qu'il y a dessous, à l'infrastructure, au cloud,
09:25à comment on fait pour industrialiser des IA, pour les passer à l'échelle.
09:28Et donc là, on est sur des investissements qui sont nettement supérieurs.
09:32Et c'est cela que l'Europe n'a jamais voulu consentir, en fait,
09:35ou n'a jamais pu consentir, je n'en sais rien.
09:37Donc cet investissement privé dans des infrastructures
09:39capables de soutenir des IA, c'est, à mon sens,
09:42et le hardware qui va dessous encore,
09:44c'est ça qui nous manque, en fait, les IA.
09:46Et ça, c'est un passif, finalement, de l'Europe.
09:48C'est un passif de l'Europe, oui.
09:50Et après, en fonction du...
09:52Si on descend encore d'un cran entre le modèle, le hardware,
09:54et puis les entreprises qui visent les deux,
09:57sur du modèle pur, de l'algo,
09:59avec quelques ingénieurs et un financement en dizaines de millions,
10:01on peut déjà arriver à faire des verticales et des choses très précises.
10:04Il y a des pépites en France.
10:05Il y en a une dans la défense qui s'appelle Command AI.
10:07On a vu du Helsing, qui est allemand,
10:09avec une centaine de millions, arriver à faire des choses assez impressionnantes.
10:13Le vrai sujet, c'est est-ce qu'on arrive à passer ce cap-là,
10:16parce qu'on voit bien qu'à 100 millions en Europe,
10:18on est déjà au taquet.
10:20Et puis, dans quelle mesure on est capables d'offrir quelque chose
10:22qui est un peu plus global, comme l'a dit Zagina, il y a deux secondes.
10:24Je l'ai déjà cité dans cette émission,
10:27mais je voulais vous faire réagir, vous,
10:29puisque vous avez ce point de vue très pointu sur le sujet.
10:32C'est donc le patron d'Entropiq
10:35qui a déclaré que lancer une jeune pousse en IA est devenu impossible.
10:39Il nous dit que les modèles apparus en 2024,
10:42c'est les modèles de fondation,
10:44ont coûté, au bas mot, un milliard de dollars.
10:46Ceux qu'on verra apparaître en 2025 ou 2026
10:49coûteront 5 à 10 milliards.
10:51Ça, c'est déjà le coût de base.
10:53Donc, qu'est-ce que ça veut dire ?
10:55C'est que finalement, pour être compétitif,
10:57on va devoir s'appuyer sur ces modèles de fondation
11:00et donc, déjà, créer un premier niveau de dépendance ?
11:04Oui, c'est ça qui est en train de se passer aujourd'hui.
11:07Vous avez un peu le jumeau à l'origine allemand de Mistral AI,
11:12qui s'appelle Aleph Alpha,
11:14qui est en grande difficulté financière et qui a pivoté,
11:18mais, j'allais dire, par défaut,
11:20parce qu'ils n'arrivent pas à financer, finalement,
11:22la capacité à aller plus loin dans leurs outils
11:24et, du coup, à être compétitif par rapport à des OpenAI,
11:27des Google et autres.
11:29Oui, c'est ça.
11:30Eux, ils ont déclaré à Bloomberg,
11:32c'était le grand patron d'Aleph Alpha,
11:34l'équivalent allemand d'OpenAI,
11:36qui dit que le monde a changé.
11:37Avoir un modèle de langage d'IA européen
11:39ne justifie pas l'investissement ?
11:42En fait, ça dépend d'où on parle.
11:44Ça ne justifie pas l'investissement
11:46pour faire un équivalent de ChatGPT pour le grand public.
11:49Ça, je suis d'accord.
11:51On peut très bien utiliser ChatGPT.
11:53Est-ce que c'est aussi un bon modèle d'affaires pour OpenAI, finalement ?
11:56Parce que, pour l'instant, ils perdent beaucoup d'argent.
11:58Pour l'instant, eux, ils perdent beaucoup d'argent,
12:00mais Microsoft commence à en gagner pas mal.
12:02Ils vont intégrer OpenAI dans Pilot et dans toutes ses suites.
12:06Et du coup, leur pari, c'est de dire,
12:08en fait, ça va devenir un outil indispensable
12:10dans les suites bureautiques, sur les smartphones, etc.
12:13Et donc, on sera incontournable dans tout ça.
12:15C'est là qu'est leur part de marché, évidemment.
12:17Quand on se place à la place d'une startup européenne,
12:21elle peut se dire, quel est mon intérêt ?
12:23Le problème qu'on a, il est presque plus,
12:25c'est ce que j'évoquais sur les différents niveaux de guerre de l'IA,
12:28sur les parts de marché,
12:29sur le fait de rater encore un nouveau virage technologique,
12:33et puis surtout sur la partie défense.
12:35C'est là où on a un vrai problème.
12:37C'est-à-dire que l'IA de défense, ça devient indispensable.
12:41Et là, on n'a pas le choix.
12:42C'est-à-dire qu'il va falloir qu'on investisse,
12:43donc qu'on trouve une façon de construire quelque chose
12:46qui nous permette de faire la guerre demain
12:48contre la Chine, j'espère pas contre les États-Unis,
12:51contre la Russie.
12:53Et ça, il faut se doter d'outils qui permettent de le faire.
12:56Et aujourd'hui, on prend un retard absolument fou là-dessus.
12:59Et là, on n'a pas le choix.
13:00Donc comment on trouve des start-ups ?
13:01Faire la guerre, je ne sais pas, mais au moins peser, en fait,
13:04dans cette nouvelle géopolitique autour du numérique.
13:08Trois trucs.
13:09Déjà, ça l'arrange bien de dire ça.
13:11Soyons aussi un peu honnêtes,
13:12arriver de dire que maintenant que je suis établi,
13:14c'est impossible d'y aller.
13:15Il y a aussi un peu d'influence et de communication.
13:17Le deuxième sujet, c'est qu'on n'est pas obligé
13:19d'aller sur des modèles frontières ou fondations.
13:21On peut aller chercher beaucoup de choses.
13:22Et là, la capillarité de la technologie, elle est très claire.
13:25Il y a beaucoup de choses qui sont de plus en plus accessibles,
13:27qu'on peut faire tourner.
13:28Et on voit bien que sur les modèles open source notamment,
13:30ça bouge beaucoup.
13:31Donc on n'est pas tout nus.
13:33Mais là aussi, on nous dit, enfin on nous dit, pardon,
13:35c'est encore un Américain, vous allez me dire,
13:36Eric Schmidt, ancien grand patron de Google,
13:38qui dit qu'il n'y a pas non plus de modèles sur l'open source,
13:42de modèles d'affaires, pardon.
13:44Je pense que...
13:45J'aimerais bien savoir ce que disait Google au début,
13:47ce qu'on inventait.
13:48On est encore dans le chaos et c'est un peu le brouillard en ce moment.
13:51Je ne parierai pas à ce point-là.
13:54Donc cette carte de l'open source que joue l'Europe,
13:57plus particulièrement, vous pensez que c'est une bonne stratégie ?
14:00Je ne sais pas si c'est une bonne stratégie.
14:01J'ai l'impression qu'on l'a prise par défaut.
14:03C'est ça qui m'ennuie, mais c'est pas ce qu'on n'a pas su investir.
14:06L'histoire nous montre que ça n'a jamais bien fonctionné.
14:09On avait fait ce pari-là pour les logiciels bureautiques.
14:12Ça n'a pas fonctionné.
14:13On a fait ce pari-là pour le cloud.
14:15Ça n'a pas fonctionné.
14:16On fait ce pari-là sur l'IA parce qu'on n'a pas le choix.
14:19Moi, j'y crois beaucoup à l'open source à court terme
14:21pour se faire la main et obliger les utilisateurs avancés,
14:25les entreprises, notamment la défense, pourquoi pas,
14:27à comprendre ce que c'est que ces IAs, comment elles fonctionnent.
14:30Le fait d'utiliser des choses qui existent
14:32sans être dépendant de solutions propriétaires fermées,
14:35ça permet de mieux comprendre et d'avoir des ingénieurs
14:37qui vont vraiment, quelque part, manipuler ces objets-là.
14:41Après, j'y crois peu dans une cible moyen terme
14:44où je pense qu'il faut vraiment qu'on ait des géants européens
14:47capables d'offrir des solutions packagées,
14:49encore une fois, sur toute la chaîne,
14:51sans être enfermé.
14:52Je fournis juste l'intelligence sur la base d'infrastructures
14:56que je ne maîtrise pas.
14:59Pour travailler cette question de l'imaginaire aussi avec vous,
15:03Nicolas, qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui,
15:06on plébiscite des outils qui viennent des États-Unis ?
15:09Il y a quand même, normalement, un peu une différence culturelle
15:12qui pourrait faire qu'on n'est pas tout de suite à l'aise avec ces outils.
15:14Là, un chat GPT débarque et on est conquis.
15:18Je pense qu'ils sont bons, c'est tout.
15:20C'est lui qui fait bonne.
15:22Il y a beaucoup d'imaginaire autour du chat GPT,
15:25de l'intelligence artificielle rien qu'à travers le nom, déjà,
15:28qui a été choisi.
15:29Ça veut dire que ça nous parle au-delà juste d'un outil pratique
15:32parce que, pour l'instant, on n'en fait pas grand-chose
15:34de très utile au quotidien.
15:35Je ne dirais pas ça.
15:37Vous vous en servez au quotidien ?
15:39Moi, je m'en sers plus qu'au quotidien.
15:40Je pense qu'il y a des vraies applications
15:41et qu'on arrive sur des choses...
15:42C'est très perfectible pour l'instant, pour l'utiliser aussi.
15:45En tant que prof, pour le coup,
15:47c'est des profs qui demandent à leurs étudiants de passer par là,
15:49d'ouvrir, de refermer, de challenger.
15:50J'ai tellement d'hallucinations qu'il faut faire attention.
15:52Je lui demande de ne pas halluciner, je vais vérifier.
15:54Mais le chat GPT, il n'est pas tout seul.
15:56Il y a Perplexity, il y a Illicit.
15:57Si on commence à se poser des questions
15:59et qu'on va un peu creuser,
16:01il y a vraiment énormément d'outils.
16:02Mais il y a un effet, vous êtes d'accord avec moi quand même, Nicolas.
16:04Il y a eu un effet spectacle avec la sortie du chat GPT.
16:07Je ne dirais pas avec le chat GPT.
16:08Moi, je suis plus intéressé par la génération d'images et de vidéos
16:10qui était vraiment un métier expert de designer, de graphiste
16:13et qu'on a fracassé.
16:14Soyons honnêtes.
16:15Je veux dire, qui a été complètement détruit,
16:17en train d'être construit.
16:18On s'approprie les choses.
16:19Mais il y a quand même un effet waouh,
16:20de dire qu'il y a des expertises réelles qui sont nos intermédiaires
16:22et qu'on rend comme ça.
16:23Moi, ça me frappe, vraiment.
16:26Mais oui, il y a un côté spectacle quand même
16:28parce que tous les géants de la tech communiquent.
16:30Non, mais c'est au sein.
16:31Non, mais communiquent beaucoup sur le fait que
16:33la machine est en train de dépasser l'homme,
16:35c'est incroyable, etc.
16:36Donc, c'est complètement faux.
16:37Et ça, c'est beaucoup de la com
16:38pour faire un peu peur, donner envie,
16:40créer un imaginaire et faire en sorte
16:42que les gens se sentent obligés d'y aller, etc.
16:45C'est vrai dans un certain nombre de domaines.
16:48C'est très faux dans la plupart des domaines.
16:50C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a encore besoin,
16:53Dieu merci, d'hommes pour contrôler ces petites choses
16:56qui peuvent avoir tendance à halluciner,
16:58à dire des bêtises, etc.
16:59Par contre, ça va nous aider beaucoup.
17:01Donc, prenons ça comme un outil.
17:03N'écoutons pas les oracles qui disent que
17:05ça y est, l'homme est dépassé, que le travail est fini.
17:08Et concentrons-nous sur le fait de
17:10qu'est-ce qu'on peut en faire pour devenir compétitif.
17:12Et comment, encore une fois,
17:14et là, c'est le sujet du jour,
17:16mais comment être souverain sur ces technologies-là.
17:18Parce qu'aujourd'hui, c'est ça le problème.
17:20Et même pour les entreprises, j'allais dire.
17:22Aujourd'hui, elles ont un souci qui est de se dire
17:24dès que j'ai des process un peu critiques
17:26ou des sujets de propriétés intellectuelles,
17:29personnelles, etc.
17:30J'ai pas envie d'aller utiliser les solutions américaines.
17:33C'est vers quoi je me retourne ?
17:34Ben, vers rien.
17:36En amistral, quand même.
17:38Qui, justement, joue avec un modèle d'affaires mixte
17:41entre l'open source et les partenariats privés.
17:46Vous avez beaucoup parlé du problème
17:48de la capacité d'investissement.
17:50Je voulais vous faire réagir aussi sur la question
17:52de la réglementation.
17:54Donc, l'Europe a déjà produit son texte
17:57autour de l'intelligence artificielle.
17:59Est-ce que vous pensez que,
18:02comme beaucoup de Français,
18:04et comme notre président même de la France,
18:07que cette réglementation est trop stricte
18:10et va d'emblée, finalement, étouffer
18:12la capacité des acteurs européens
18:14à devenir des géants ?
18:16Ou est-ce que vous vous dites
18:17que non, c'est effectivement le bon moyen
18:19pour freiner ces géants ?
18:22Je pense que dans mon milieu,
18:24en caricaturant, on dit
18:25les Américains innovent, les Chinois copient.
18:27C'est pas plus vraiment le cas.
18:28Et les Français régulent.
18:29C'est un peu la blague dans la recherche.
18:32Moi, ce qui me frappe beaucoup,
18:34c'est qu'on a créé quelque chose qui est clé.
18:36C'est important de clarifier le territoire.
18:38Pour autant, quand je vois qu'Apple
18:40ne souhaite pas, pour le moment,
18:42installer Apple Intelligence en Europe,
18:44parce qu'Apple, lui-même, a des difficultés
18:46à comprendre le cadre réglementaire,
18:48moi, je suis absolument scotché, en fait.
18:50J'aime beaucoup la classification en quatre étapes,
18:52en disant qu'il faut le réguler, c'est dangereux,
18:54ou ça ne l'est pas, etc.
18:56Après, je ne sais pas si c'est parce qu'ils ont du mal
18:58à comprendre ou s'ils ont envie de montrer
19:00un certain désaccord.
19:02Parce qu'en ce moment, il y a tout un cadre
19:04qui se met en place où les entreprises
19:06qui ont des modèles de fondation,
19:08qui travaillent sur l'IA, peuvent s'exercer,
19:10peuvent commencer à faire des remontées
19:12à la Commission européenne,
19:14et on a des grands acteurs qui ont refusé d'y participer.
19:16Il y a ça, et il y a aussi un autre point
19:18que je voulais souligner, c'est que les Chinois régulent
19:20depuis longtemps, avant nous.
19:22Les Américains, Biden a signé un exécutif,
19:24l'Order, qui est aussi clair.
19:26Le problème, c'est que les États ne le suivent pas.
19:28Il y a plusieurs volets de lecture.
19:30Juste un point qui me tire à cœur,
19:32c'est que la défense n'est pas régulée dans l'acte IA.
19:34Il est sorti.
19:36Ça laisse encore une opportunité d'aller chercher
19:38et creuser des choses, parce qu'on sait qu'en face,
19:40il y a des gens qui ne se limitent pas du tout
19:42et qui avancent très vite.
19:44Assez complexe à lire.
19:46C'est un problème très compliqué.
19:48Est-ce que ça peut nous protéger de dépendance ?
19:50Oui et non.
19:52Je n'y crois pas beaucoup.
19:54Aujourd'hui, Apple, s'ils refusent,
19:56c'est une puissance qui joue le grand public
19:58contre le régulateur.
20:00Ils vont probablement finir par gagner.
20:02Après, moi, je suis prêt
20:04pour une régulation.
20:06Je pense que c'est absolument indispensable.
20:08On voit quand même les écarts que peuvent
20:10permettre ces IA, les mésusages
20:12que peuvent permettre ces IA,
20:14les attaques qu'on a,
20:16les falsifications de masse, etc.
20:18Il y a besoin de réguler.
20:20Par contre, on se trompe toujours de sujet.
20:22C'est-à-dire qu'on commence par réguler
20:24avant d'avoir donné les conditions
20:26innovées.
20:28Et Mistral était vent debout
20:30contre les IA Act.
20:32Vous êtes en train d'essayer de regarder ce qu'il y a dans notre moteur.
20:34Regardez les faits, regardez les usages du truc.
20:36Mettez des règles pour que les gens contrôlent
20:38comment c'est utilisé.
20:40Et je pense qu'ils n'ont pas complètement tort.
20:42Là où les autres peuvent développer
20:44comme ils veulent chez eux.
20:46Pas tout à fait, parce que c'est quand même un peu régulé.
20:48Ils apprennent en marchant.
20:50Aux Etats-Unis, on régule sur le cadre d'usage.
20:52Exactement.
20:54On réagit
20:56plutôt qu'on proagit.
20:58Ce qui n'est pas le propre de l'Europe.
21:00On va quand même
21:02essayer de terminer sur une note un petit peu d'espoir.
21:04On n'est quand même
21:06pas très bien parti sur la bataille
21:08du côté du matériel,
21:10sur la bataille du côté des technos.
21:12Vous me l'avez répété. En revanche, sur les usages,
21:14on a vraiment une place
21:16à prendre. Qu'est-ce qu'on peut faire ?
21:18Comment on démarre ce sujet ?
21:20Encore une fois,
21:22ça dépend d'où on parle.
21:24Les entreprises doivent aller très vite sur le fait
21:26d'utiliser, que ce soit des solutions américaines,
21:28des solutions open source, des solutions
21:30qui développent eux-mêmes,
21:32pour vraiment utiliser cet outil
21:34qui va être indispensable pour rester compétitif.
21:36Si on ne veut pas que toutes nos autres industries
21:38s'effondrent, il faut qu'on soit compétitif.
21:40Donc ça, c'est du côté des entreprises.
21:42Du côté des entreprises, du côté des Etats
21:44et du côté de l'Europe.
21:46Il faut qu'on ait une vraie action.
21:48C'est ce que Mario Draghi a très bien dit.
21:50On disperse, on arrose un peu partout.
21:52Il faut qu'on flèche les efforts
21:54et qu'on se dise qu'on va devenir très fort.
21:56À mon avis, en tout cas c'est mon parti pris,
21:58il faut commencer par le sujet sur lequel on n'a pas le choix
22:00qui est l'intelligence artificielle
22:02de défense, donc un peu sur le modèle de la DARPA
22:04aux Etats-Unis, de dire qu'on investit énormément
22:06sur ce sujet-là, avec les meilleurs
22:08acteurs européens, et on en a,
22:10pour construire toute une chaîne qui nous permette de traiter
22:12déjà cet aspect-là, et ensuite
22:14qui pourra peut-être servir à d'autres usages
22:16pour d'autres industries. Et je pense qu'on n'a pas
22:18d'autre choix que de focaliser vraiment
22:20les investissements et d'inventer
22:22quelque chose de nouveau. On ne pourra pas investir
22:24autant d'argent privé, c'est fini
22:26ça, que les Etats-Unis, on ne pourra pas le faire.
22:28Mais du coup, mettons l'argent public
22:30là où il y en a encore, c'est-à-dire beaucoup sur la défense,
22:32au service du développement
22:34d'une vraie offre complète
22:36d'IA. C'est un doux rêve, parce qu'il va
22:38falloir mettre plein d'acteurs qui ne sont pas d'accord
22:40ensemble, etc. Mais c'est
22:42la seule voie pour moi pour s'en sortir.
22:44Je suis tout à fait aligné.
22:46Et ce sera pour terminer, Nicolas. Le rapport
22:48Drahi, c'est une voie
22:50demain pour réussir en Europe ?
22:52Les 800 milliards, juste pour rebondir,
22:54je pense vraiment que la dualité civile-militaire
22:56c'est un vrai sujet, que c'est là où il faut absolument
22:58qu'on investisse, où on ne peut pas se permettre de décrocher.
23:00J'encourage les auditeurs à regarder
23:02un rapport de l'SPI, c'est
23:04un organe compétitif
23:06d'analyse compétitif australien
23:08qui classe 44 technologies critiques.
23:10La Chine est leader dans 37
23:12sur 44, alors qu'elle était 5-6
23:14il y a 10 ans. Leader
23:16sur les 10 plus puissantes institutions de recherche.
23:18Dans une dizaine,
23:20les 10 sont chinoises.
23:22Ce qui est en train de se passer est totalement
23:24critique. Et il fait des recommandations
23:26qui sont très simples en fait. Sur les visas,
23:28sur les financements des doctorants
23:30ou des doctorats, sur le
23:32salaire à l'entrée,
23:34on fait attention à ne pas exporter
23:36nos talents et comment est-ce qu'on vérifie ça.
23:38Mais là, il y a une forme d'influence
23:40de réel politique à avoir
23:42de la part du gouvernement. Et je pense même de la France
23:44parce que l'Europe, le temps qu'on y arrive,
23:46ça va prendre encore des années. Mais je pense qu'il y a
23:48une forme d'agressivité réelle à avoir sur ces thématiques-là
23:50de la part du gouvernement.
23:51Merci beaucoup. Merci Nicolas Mainviel,
23:53responsable du Master Marketing Design
23:55Création d'Audienza et Guylain
23:57de Pierre Feux Expert IA chez Wavestone.
23:59Merci à tous les deux. Merci beaucoup.
24:07On termine cette édition avec notre regard
24:09sur le biomimétisme grâce à Anthony Pensard.
24:11Bonjour Anthony. Bonjour Nathalie.
24:13Je rappelle que vous êtes expert étudier
24:15conception bio inspirée chez Bioxégie
24:17et aujourd'hui, on va s'intéresser
24:19au sujet de l'absorption de chocs
24:21dans le vivant, plus précisément
24:23autour de l'éponge de verre.
24:25Vous allez nous expliquer un peu de quoi on parle.
24:27Qu'est-ce que c'est l'éponge de verre ?
24:29C'est ça. D'abord, petit point biologique, comme de coutume.
24:31Effectivement, l'éponge de verre, c'est un animal
24:33marin qui filtre l'eau et qui a plusieurs
24:35centaines de mètres de profondeur. Et comme son nom l'indique,
24:37il a un squelette en verre.
24:39Extrêmement résistant, extrêmement léger.
24:41Très intéressant pour des applications d'ingénierie.
24:43Ce squelette lui permet de se protéger des courants,
24:45des chocs de poissons et abrite aussi
24:47des crevettes qui vivent piégées.
24:49Ah voilà, on a l'image.
24:51Elles abritent aussi des crevettes
24:53qui vivent piégées à l'intérieur dans la fin de leur vie
24:55pour prendre leurs œufs.
24:57Des animaux très intéressants qui vivent en symbiose
24:59dans leur écosystème et pour lesquels on s'intéresse
25:01en particulier aux propriétés mécaniques de ce magnifique squelette
25:03qu'on voit être une sorte de
25:05quadrillage avec des diagonales
25:07qui lui donnent aussi une forme un peu spiralée
25:09de renfort mécanique très efficace,
25:11très résistante pour sa masse.
25:13Donc ça, c'est une grosse
25:15source d'inspiration dans le biomimétisme.
25:17En particulier, ça nous intéresse pour des structures
25:19rigides mais aussi pour des structures qui absorbent
25:21beaucoup d'énergie lors des chocs.
25:23C'est pas forcément quelque chose qu'on a immédiatement en tête
25:25mais faire des structures très solides, c'est pas toujours ce qu'on vise.
25:27Par exemple, vous savez peut-être qu'avant les années 80,
25:29les voitures étaient très rigides, très solides
25:31et c'est dangereux parce qu'en cas de choc,
25:33la voiture se déforme très peu
25:35et toute l'énergie est transmise aux passagers qui, eux, ne sont pas en acier
25:37et qui, donc,
25:39les accidents étaient beaucoup plus violents à l'époque.
25:41Donc on peut avoir, sur certains cas d'application,
25:43dans l'automobile, dans d'autres applications où on veut protéger
25:45des gens, protéger des équipements,
25:47besoin que des structures absorbent beaucoup d'énergie.
25:49Et donc ça, c'est...
25:51Je pense même aux structures des ponts, par exemple,
25:53qui bougent.
25:55Oui, sur les structures des ponts, ça peut être une idée,
25:57mais effectivement, le pont doit être solide,
25:59il doit pas se casser, mais dans une voiture, dans un casque,
26:01on a besoin que le casque se casse
26:03avant le crâne, des choses comme ça.
26:05Il faut vraiment que, quand il se casse, il absorbe
26:07toute l'énergie du choc et protège, donc, ce qu'il y a derrière.
26:09Et donc, cette inspiration-là,
26:11elle peut être aussi très intéressante
26:13pour cette famille d'ingénierie,
26:15de protection, qui sort du cadre
26:17juste structurel. Je veux faire quelque chose de très solide
26:19et ça, c'est pas évident à faire avec peu de masse.
26:21Et alors, vous allez nous présenter
26:23maintenant la technologie
26:25qui a réussi à s'inspirer
26:27de cette éponge
26:29de verre. On parle de quoi, alors ?
26:31Donc là, on parle de structures
26:33qui vont être, par exemple,
26:35en acier, en métal,
26:37peut-être imprimées en 3D, peut-être fabriquées autrement,
26:39qui vont être des sortes de tubes
26:41qui sont spiralées.
26:43Cette spirale, elle rappelle un peu
26:45notre structure de l'éponge de verre.
26:47Il y a donc,
26:49par le fait qu'elle soit un peu ondulée,
26:51quand on va venir l'écraser, elle va s'écraser
26:53de façon très progressive,
26:55et pendant tout le long, je dirais, de la phase
26:57où on l'écrase, elle va continuer
26:59à résister et absorber beaucoup d'énergie.
27:01Ce qui ne serait pas le cas d'un tube classique,
27:03je ne sais pas si on imagine, pour un
27:05sopalin, par exemple, la partie en carton.
27:07Au début, ça sera difficile à écraser, mais une fois
27:09qu'il est plié, il sera très facile de finir
27:11de l'écraser, ou d'en créer en plastique.
27:13Là, le but, c'est que pendant tout le choc,
27:15toute la partie où il absorbe l'énergie,
27:17elle reste rigide. Et donc, ce genre de structure-là,
27:19ce n'est pas forcément évident à concevoir,
27:21et grâce à cette inspiration biomimétique,
27:23on voit très bien que quand on l'écrase,
27:25on vient fléchir, fléchir, fléchir, jusqu'à
27:27compacter complètement la structure.
27:28Là, qu'est-ce qu'on voit exactement ?
27:29Donc là, au début, à gauche, on a la structure
27:31de base, quand elle est encore intègre,
27:33et ensuite, on imagine un choc assez important
27:35qui vient l'écraser progressivement,
27:37et on voit comment elle se déforme, et en particulier
27:39comment les contraintes en rouge
27:41se répartissent, les endroits où le matériau travaille
27:43beaucoup, et on voit que progressivement,
27:45on travaille sur une petite partie, puis sur
27:47une partie de plus en plus grande, avec à la fin,
27:49effectivement, une grosse zone du matériau
27:51qui vient absorber le choc, et c'est ce qui
27:53permet de ne pas être trop, trop rigide au début
27:55pour ne pas transmettre un choc important,
27:57mais en même temps, d'absorber tout du long une quantité
27:59énorme d'énergie. On appelle ça
28:01réduire le initial peak force en anglais,
28:03ou le peak
28:05de force initial, donc ça, ça permet de ne pas
28:07transmettre le choc, mais ensuite, on ne veut pas
28:09que notre matériau s'effondre un petit peu
28:11comme un rouleau en carton, et donc on veut
28:13qu'il continue pendant tout l'effort,
28:15ça s'appelle le travail,
28:17c'est en gros la distance sur laquelle on l'écrase
28:19fois la force qu'il faut pour l'écraser,
28:21que ça, ça soit quasiment constant,
28:23et que ça continue d'absorber beaucoup d'énergie,
28:25donc très utile, par exemple dans une voiture, dans un casque,
28:27on n'a pas beaucoup de place, et il faut absorber
28:29beaucoup d'énergie, donc ce genre de
28:31structure-là, c'est apporté plutôt de
28:33protection. Super, merci beaucoup
28:35Anthony Pensard, je rappelle que vous travaillez
28:37pour Bioxégie, vous êtes un spécialiste, un expert
28:39de ces techniques
28:41techno, pardon, bio-inspirées.
28:43Merci à vous de nous suivre dans Smartech
28:45sur la chaîne Bismarck for Change, vous pouvez aussi
28:47nous suivre en podcast, en replay,
28:49à la télé, comme vous le souhaitez.
28:51Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles histoires
28:53sur les tech.