• l’année dernière
Lundi 28 octobre 2024, SMART TECH reçoit Nicolas Minvielle (responsable du mastère spécialisé Marketing, Design et Création, Audencia) et Ghislain de Pierrefeu (expert IA, cabinet Wavestone)

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Alors, l'Europe a-t-elle déjà perdu la bataille technologique de l'IA ? On en parle avec Nicolas Mainviel, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Docteur en économie, vous êtes responsable du master spécialisé marketing, design, création d'audience à Business School,
00:18et puis aussi un spécialiste de l'innovation et des imaginaires.
00:21Alors, je voulais vous poser tout de suite une question avant de présenter votre voisin.
00:25Est-ce que vous pensez que l'Europe, qui pourrait devenir un géant non pas du numérique mais de l'IA demain, ça fait partie des imaginaires plausibles ?
00:35Alors moi, quand je parle du futur, on parle du possible, du plausible et du préférable.
00:39En étant précis, c'est possible. Est-ce que c'est plausible ? J'ai mis quelques doutes. En tout cas, on est mal parti.
00:44Bon, on va voir ça. Avec vous, en plateau, Guylain de Pierrefeu, bonjour.
00:48Bonjour.
00:49Vous êtes l'expert IA du cabinet de conseil Wavestone. J'ai envie de vous poser la même question. Qu'en pensez-vous ? Est-ce que l'Europe a encore une chance ?
00:57On va être positif. Oui, l'Europe a encore une chance sur certains aspects de cette guerre de l'IA parce que ce n'est pas une seule guerre.
01:05En fait, il y a plusieurs guerres de l'IA. Il y a la guerre de l'utilisation de l'IA.
01:09Comment on fait pour gagner en compétitivité, en productivité, en utilisant des IA ? Et ça, on n'est pas très en retard.
01:15Il y a la guerre de l'IA pour les parts de marché. Qu'est-ce qu'on arrive à vendre autour de l'IA ? Là, on est assez en retard.
01:22Et puis, il y a la guerre géopolitique de l'IA, si on s'en réfère à Vladimir Poutine qui dit que celui qui maîtrise l'IA maîtrise le monde.
01:29Je ne sais pas ce qu'on peut en penser, mais ce n'est pas le seul à penser ça et c'est assez important.
01:33Et là, géopolitiquement, et j'allais dire d'un point de vue défense, on est très en retard. Et là, c'est inquiétant.
01:38Et d'un point de vue technologique, finalement. C'est ça, c'est la maîtrise de la technologie aujourd'hui.
01:44Pas tant la maîtrise de la technologie. Mais on a souvent tendance à simplifier un peu le problème.
01:49La maîtrise de la technologie de l'IA, j'allais dire, on l'a. On a des Français brillants.
01:55On a les cerveaux. On a les talents. On a les chercheurs.
01:59On a les cerveaux, mais on a même la capacité à développer des choses très rapide.
02:02Mistral AI s'est développé très vite. Layton a développé des choses très rapidement.
02:06Et a annoncé son entrée en bourse imminente.
02:09Oui, tout à fait. Qui est assez particulière, mais intéressant.
02:12Pourquoi vous dites ça ?
02:13Parce que ce n'est pas un parcours habituel pour des start-up de la tech de rentrer aussi vite en bourse.
02:19Mais c'est un choix qu'ils ont fait.
02:21Pour grandir plus vite.
02:22Pour grandir plus vite.
02:23Et puis après, il y a le sujet du hardware pur, où là, on est vraiment très, très, très, très loin, malheureusement.
02:28Alors, on n'est pas les seuls à être très loin, finalement. Il y a très peu de compétiteurs.
02:32Oui, on a une petite dizaine d'acteurs sur les puces, par exemple, ou sur l'infra.
02:36Mais le cloud, c'est 60% américain. Enfin, on en parlera certainement après.
02:40Mais là, pour le coup, on est un peu loin.
02:43Combien, justement, parce qu'on en parle maintenant, on est dans notre discussion, là.
02:47Combien ça coûte ? Qu'est-ce que ça représente comme investissement, aujourd'hui, pour espérer compter dans ce secteur ?
02:54Est-ce que c'est le sujet ? Est-ce que c'est atteignable, financièrement ?
02:58Ça dépend de quoi on parle.
03:00Qtai avec Xavier Nil ont mis quelques milliards sur la table pour avoir des ingénieurs capables de développer des IA.
03:07Donc ça, ça ne coûte pas très cher, j'allais dire.
03:09Quelques milliards, ce n'est pas très cher.
03:11Quand on voit l'investissement que mettent les hyperscalers américains, ça se compte en dizaines, voire en centaines de milliards en cumulé.
03:20Donc c'est beaucoup plus gros.
03:22Pourquoi ? Parce qu'ils réfléchissent, oui, aux IA, mais aussi à tout ce qu'il y a dessous, à l'infrastructure, au cloud,
03:27à comment on fait pour industrialiser des IA, pour les passer à l'échelle.
03:30Et donc là, on est sur des investissements qui sont nettement supérieurs.
03:34Et c'est cela que l'Europe n'a jamais voulu consentir, en fait.
03:37On n'a jamais pu consentir, je n'en sais rien.
03:39Donc cet investissement privé dans des infrastructures capables de soutenir des IA, c'est, à mon sens, et le hardware qui va dessous encore,
03:46c'est ça qui nous manque, en fait.
03:48Ça, c'est un passif, finalement, de l'Europe.
03:50C'est un passif de l'Europe, oui.
03:52Et après, en fonction du...
03:54Si on redescend encore d'un cran entre le modèle, le hardware, et puis les entreprises qui visent les deux,
03:59sur du modèle pur, de l'algo, avec quelques ingénieurs et un financement en dizaines de millions,
04:03on peut déjà arriver à faire des verticales et des choses très précises.
04:06Il y a des pépites en France.
04:07Il y en a une dans la défense qui s'appelle Command AI.
04:09On a vu du Helsing, qui est allemand, avec une centaine de millions, arriver à faire des choses assez impressionnantes.
04:15Le sujet, le vrai sujet, c'est est-ce qu'on arrive à passer ce cap-là ?
04:18Parce qu'on voit bien qu'à 100 millions en Europe, on est déjà au taquet.
04:22Et puis, dans quelle mesure on est capable d'offrir quelque chose qui est un peu plus global,
04:25comme l'a dit Zagina, il y a deux secondes.
04:27Alors, je l'ai déjà cité dans cette émission, mais je voulais vous faire réagir, vous,
04:30puisque vous avez ce point de vue très pointu sur le sujet.
04:34C'est donc le patron d'Entropiq qui a déclaré que lancer une jeune pousse en IA est devenu impossible.
04:41Il nous dit que les modèles apparus en 2024, ces modèles de fondation, ont coûté au bas mot un milliard de dollars.
04:48Ceux qu'on verra apparaître en 2025 ou 2026 coûteront 5 à 10 milliards.
04:53Ça, c'est déjà le coût de base.
04:55Donc, qu'est-ce que ça veut dire ?
04:57C'est que finalement, pour être compétitif, on va devoir s'appuyer sur ces modèles de fondation.
05:02Et donc, déjà créer un premier niveau de dépendance ?
05:06Oui, c'est ça qui est en train de se passer aujourd'hui.
05:09Vous avez un peu le jumeau à l'origine allemand de Mistral AI, qui s'appelle Aleph Alpha,
05:15qui est en grande difficulté financière et qui a pivoté, mais j'allais dire par défaut,
05:22parce qu'ils n'arrivent pas à financer, finalement, la capacité à aller plus loin dans leurs outils
05:26et du coup, à être compétitif par rapport à des Open AI, des Google et autres.
05:31Alors eux, ils ont déclaré à Bloomberg, c'était le grand patron d'Aleph Alpha,
05:36l'équivalent allemand d'Open AI, qui dit que le monde a changé.
05:40Avoir un modèle de langage d'IA européen ne justifie pas l'investissement ?
05:44En fait, ça dépend d'où on parle.
05:47Ça ne justifie pas l'investissement pour faire un équivalent de ChatGPT pour le grand public.
05:52Ça, je suis d'accord. On peut très bien utiliser ChatGPT.
05:55Après, est-ce que c'est aussi un bon modèle d'affaires pour Open AI, finalement ?
05:58Parce que pour l'instant, ils perdent beaucoup d'argent.
06:00Pour l'instant, eux perdent beaucoup d'argent.
06:02Mais Microsoft commence à en gagner pas mal.
06:04Ils ont intégré Open AI dans Pilot et dans toutes ses suites.
06:08Et du coup, leur pari, c'est de dire que ça va devenir un outil indispensable
06:13dans les suites bureautiques, sur les smartphones, etc.
06:15Et donc, on sera incontournable dans tout ça.
06:17C'est là qu'est leur part de marché, évidemment.
06:19Quand on se place à la place d'une startup européenne,
06:24elle peut se dire, quel est mon intérêt ?
06:26Le problème qu'on a, il est presque plus,
06:28ce que j'évoquais sur les différents niveaux de guerre de l'IA,
06:30sur les parts de marché, sur le fait de rater encore un nouveau virage technologique,
06:35et puis surtout sur la partie défense.
06:38C'est là où on a un vrai problème.
06:39C'est-à-dire que l'IA de défense, ça devient indispensable.
06:43Et là, on n'a pas le choix.
06:44C'est-à-dire qu'il va falloir qu'on investisse,
06:45donc qu'on trouve une façon de construire quelque chose
06:48qui nous permette de faire la guerre demain contre la Chine,
06:52j'espère pas contre les États-Unis, contre la Russie.
06:55Et ça, il faut se doter d'outils qui permettent de le faire.
06:58Et aujourd'hui, on prend un retard absolument fou là-dessus.
07:01Et là, on n'a pas le choix.
07:02Donc comment on trouve des startups ?
07:04Faire la guerre, je ne sais pas,
07:05mais au moins peser dans cette nouvelle géopolitique autour du numérique.
07:11Trois trucs.
07:12Déjà, ça l'arrange bien de dire ça.
07:14Soyons un peu honnêtes,
07:15arriver de dire que maintenant que je suis établi,
07:16c'est impossible d'y aller.
07:18Il y a aussi un peu d'influence et de communication.
07:20Le deuxième sujet,
07:21c'est qu'on n'est pas obligé d'aller sur des modèles frontières ou fondations.
07:23On peut aller chercher beaucoup de choses.
07:25Et là, la capillarité de la technologie, elle est très claire.
07:27Il y a beaucoup de choses qui sont de plus en plus accessibles,
07:29qu'on peut faire tourner.
07:30Et on voit bien que sur les modèles open source,
07:32notamment, ça bouge beaucoup.
07:33Donc on n'est pas tout nu.
07:35Mais là aussi, on nous dit,
07:36enfin on nous dit, pardon,
07:37c'est encore un Américain, vous allez me dire,
07:39Eric Schmidt, ancien grand patron de Google,
07:41qui dit qu'il n'y a pas non plus de modèles sur l'open source,
07:44de modèles d'affaires, pardon.
07:46Je pense que,
07:47j'aimerais bien savoir ce que disait Google au début,
07:49ce qu'on inventait.
07:50On est encore dans le chaos,
07:52et c'est un peu le brouillard en ce moment.
07:54Je ne parierai pas à ce point-là.
07:57Donc cette carte de l'open source que joue l'Europe,
07:59plus particulièrement,
08:00vous pensez que c'est une bonne stratégie ?
08:02Je ne sais pas si c'est une bonne stratégie.
08:04J'ai l'impression qu'on l'a prise par défaut.
08:06C'est ça qui m'ennuie,
08:07parce qu'on n'a pas su investir.
08:09L'histoire nous montre que ça n'a jamais bien fonctionné.
08:11On avait fait ce pari-là pour les logiciels bureautiques,
08:14ça n'a pas fonctionné.
08:15On a fait ce pari-là pour le cloud,
08:17ça n'a pas fonctionné.
08:18On fait ce pari-là sur l'IA parce qu'on n'a pas le choix.
08:21Moi, j'y crois beaucoup à l'open source à court terme
08:24pour se faire la main
08:25et obliger les utilisateurs avancés,
08:27les entreprises, notamment la défense,
08:29pourquoi pas,
08:30à comprendre ce que c'est que ces IA,
08:32comment elles fonctionnent.
08:33Le fait d'utiliser des choses qui existent
08:35sans être dépendant de solutions propriétaires fermées,
08:37ça permet de mieux comprendre
08:39et d'avoir des ingénieurs
08:40qui vont vraiment, quelque part,
08:42manipuler ces objets-là.
08:44Après, j'y crois peu dans une cible moyen terme
08:47où je pense qu'il faut vraiment qu'on ait des géants européens
08:49capables d'offrir des solutions packagées,
08:51encore une fois, sur toute la chaîne,
08:53sans être enfermé dans
08:55je fournis juste l'intelligence
08:57sur la base d'infrastructures que je ne maîtrise pas.
09:02Pour travailler cette question de l'imaginaire
09:05aussi avec vous, Nicolas,
09:06qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui,
09:08on plébiscite des outils
09:10qui viennent des Etats-Unis ?
09:11Il y a quand même, normalement,
09:13une différence culturelle
09:14qui pourrait faire qu'on n'est pas tout de suite à l'aise
09:16avec ces outils.
09:17Là, un chat GPT débarque
09:18et on est conquis.
09:20Je pense qu'ils sont bons, c'est tout.
09:22Lui, c'est bon.
09:23Non, mais c'est aussi ça.
09:24Ça veut dire que ça nous parle.
09:25Il y a beaucoup d'imaginaire
09:26autour de chat GPT,
09:27de l'intelligence artificielle,
09:28rien qu'à travers le nom, déjà,
09:30qui a été choisi.
09:31Ça veut dire que ça nous parle
09:32au-delà juste d'un outil pratique
09:34parce que, pour l'instant,
09:35on n'en fait pas grand-chose de très utile au quotidien.
09:37Je ne dirais pas ça.
09:39Vous vous en servez au quotidien ?
09:40Moi, je m'en sers plus qu'au quotidien.
09:42Je pense qu'il y a des vraies applications
09:46pour l'utiliser aussi.
09:47Oui, alors, en tant que prof,
09:48pour le coup, moi, je fais partie des profs
09:49qui demandent à leurs étudiants
09:50de passer par là,
09:51d'ouvrir, de refermer, de challenger.
09:52J'ai tellement d'hallucinations
09:53qu'il faut faire attention.
09:54C'est ça.
09:55Je lui demande de ne pas halluciner,
09:56je vais vérifier,
09:57mais le chat GPT, il n'est pas tout seul.
09:58Il y a perplexité, il y a illicite.
09:59Si on commence à se poser des questions
10:01et qu'on va un peu creuser,
10:03il y a vraiment énormément d'outils.
10:04Mais il y a un effet,
10:05vous êtes d'accord avec moi quand même, Nicolas.
10:06Il y a eu un effet spectacle
10:07avec la sortie du chat GPT.
10:09Je ne dirais pas avec le chat GPT.
10:10Moi, je suis plus intéressé
10:11par la génération d'images et de vidéos
10:12qui était vraiment un métier expert
10:13de designer, de graphiste
10:15et qu'on a fracassé.
10:16Soyons honnêtes, je veux dire
10:17qu'il était complètement détruit,
10:19en train d'être construit,
10:20on s'appropriait les choses.
10:21Mais il y a quand même un effet wow
10:22de dire qu'il y a des expertises réelles
10:23qui sont nos intermédiaires
10:24et qu'on rend comme ça.
10:25Moi, ça me frappe, vraiment.
10:28Mais oui, il y a un côté spectacle quand même
10:30parce que tous les géants de la tech
10:31communiquent beaucoup sur le fait
10:35que la machine est en train de dépasser l'homme.
10:37C'est incroyable, etc.
10:38Donc, c'est complètement faux.
10:40Et ça, c'est beaucoup de la com
10:41pour faire un peu peur,
10:42donner envie, créer un imaginaire
10:44et faire en sorte que les gens
10:45se sentent obligés d'y aller, etc.
10:48C'est vrai dans un certain nombre de domaines.
10:51C'est très faux dans la plupart des domaines.
10:53C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
10:54on a encore besoin, Dieu merci,
10:56d'hommes pour contrôler ces petites choses
10:58qui peuvent avoir tendance à halluciner,
11:01à dire des bêtises, etc.
11:02Par contre, ça va nous aider beaucoup.
11:03Donc, prenons ça comme un outil.
11:05N'écoutons pas les oracles qui disent
11:07que ça y est, l'homme est dépassé
11:09et que le travail est fini.
11:10Et concentrons-nous sur le fait
11:12de qu'est-ce qu'on peut en faire
11:13pour devenir compétitif
11:14et comment, encore une fois,
11:16et là, c'est le sujet du jour,
11:17mais comment être souverain sur ces technologies-là
11:20parce qu'aujourd'hui, c'est ça le problème.
11:22Et même pour les entreprises, j'allais dire.
11:24Aujourd'hui, elles ont un souci
11:25qui est de se dire,
11:26dès que j'ai des process un peu critiques
11:28ou des sujets de propriété intellectuelle,
11:31personnelle, etc.,
11:32j'ai pas envie d'aller utiliser
11:34les solutions américaines.
11:35C'est vers quoi je me retourne ?
11:37Bref, vers rien.
11:38On a Mistral, quand même,
11:40qui justement joue avec un modèle d'affaires mixte
11:43entre l'open source
11:44et puis les partenariats privés.
11:47Vous avez beaucoup parlé du problème
11:50de la capacité d'investissement.
11:52Je voulais vous faire réagir aussi
11:53sur la question de la réglementation.
11:56Donc, l'Europe a déjà produit son texte
11:59autour de l'intelligence artificielle.
12:01Est-ce que vous pensez que,
12:03comme beaucoup de Français
12:06et comme notre président même de la France,
12:10que cette réglementation est trop stricte
12:12et va d'emblée finalement étouffer
12:14la capacité des acteurs européens
12:16à devenir des géants ?
12:18Ou est-ce que vous vous dites,
12:19non, c'est effectivement le bon moyen
12:21pour freiner ces géants ?
12:23Je pense que dans mon milieu,
12:26en caricaturant,
12:27on dit les Américains innovent,
12:28les chemins copient.
12:29C'est pas plus vraiment le cas
12:30et les Français régulent.
12:31C'est un peu la blague dans la recherche.
12:34Moi, ce qui me frappe beaucoup,
12:36c'est qu'on a créé quelque chose qui est clé.
12:38C'est important de clarifier le territoire.
12:40Pour autant, quand je vois qu'Apple
12:42ne souhaite pas, pour le moment,
12:44installer Apple Intelligence en Europe
12:46parce qu'Apple lui-même a des difficultés
12:48à comprendre le cadre réglementaire,
12:50moi, je suis absolument scotché.
12:52J'aime beaucoup la classification en quatre étapes
12:54en disant qu'il faut le réguler,
12:55c'est dangereux ou ça ne l'est pas, etc.
12:57Après, je ne sais pas si c'est parce
12:59qu'ils ont du mal à comprendre
13:00ou s'ils ont envie de montrer
13:02un certain désaccord.
13:04Parce qu'en ce moment,
13:05il y a tout un cadre qui se met en place
13:07où les entreprises, justement,
13:09qui ont des modèles de fondation,
13:10qui travaillent sur l'IA,
13:11peuvent s'exercer,
13:12peuvent commencer à faire des remontées
13:14à la Commission européenne
13:15et on a des grands acteurs
13:17qui ont refusé d'y participer.
13:19Alors, il y a ça
13:20et il y a aussi un autre point que je voulais souligner,
13:21c'est que les Chinois régulent depuis longtemps,
13:22avant nous.
13:23Les Américains,
13:24Biden a signé un exécutif, l'Order,
13:26qui est aussi clair.
13:27Le problème, c'est que les États ne le suivent pas.
13:29Il y a plusieurs volets de lecture.
13:32Juste un point qui me tient à cœur,
13:33c'est que la défense n'est pas régulée
13:35dans l'acte IA.
13:36Il est sorti,
13:37ça laisse encore une opportunité
13:39d'aller chercher et creuser des choses,
13:40parce qu'on sait qu'en face,
13:41il y a des gens qui ne se limitent pas du tout
13:43et qui avancent très vite.
13:44Je trouve que c'est assez complexe à lire.
13:47En fait, c'est un problème très compliqué.
13:49Est-ce que ça peut nous protéger de dépendance ?
13:51Oui et non.
13:53Je n'y crois pas beaucoup.
13:54Aujourd'hui, Apple,
13:56s'ils refusent,
13:57c'est qu'ils sont sûrs de leur puissance
13:58et qu'ils jouent le grand public
14:00contre le régulateur.
14:02Ils vont probablement finir par gagner.
14:05Après, je suis très pour une régulation.
14:07Je pense que c'est absolument indispensable.
14:09On voit quand même les écarts
14:11que peuvent permettre ces IA,
14:13les mésusages que peuvent permettre ces IA,
14:15les attaques qu'on a,
14:17les falsifications de masse, etc.
14:20Il y a besoin de réguler.
14:22Par contre, on se trompe toujours de sujet.
14:24C'est-à-dire qu'on commence par réguler
14:26avant d'avoir donné les conditions innovées.
14:29À un moment donné,
14:31et Mistral était vent debout contre les actes.
14:33Vous êtes en train d'essayer de regarder
14:35ce qu'il y a dans notre moteur.
14:36Regardez les faits,
14:37regardez les usages du truc.
14:38Mettez des règles pour que les gens contrôlent
14:40comment c'est utilisé.
14:41Je pense qu'ils n'ont pas complètement tort.
14:44Là où les autres peuvent développer
14:46comme ils veulent chez eux.
14:48Pas tout à fait,
14:49parce que c'est quand même un peu régulé.
14:51Ils apprennent en marchant.
14:52Aux Etats-Unis, on régule sur le cas d'usage.
14:54Exactement.
14:56On réagit plutôt qu'on proagit.
14:59Ce qui n'est pas le propre de l'Europe.
15:04On va essayer de terminer sur une note d'espoir.
15:07On n'est quand même pas très bien partis
15:09sur la bataille du côté du matériel,
15:12sur la bataille du côté des technos.
15:14Vous me l'avez répété.
15:15En revanche, sur les usages,
15:16on a vraiment une place à prendre.
15:18Qu'est-ce qu'on peut faire ?
15:20Qu'est-ce qu'on doit faire ?
15:21Comment on démarre ce sujet ?
15:23Encore une fois, ça dépend d'où on parle.
15:25Je pense que les entreprises doivent aller très vite
15:27sur le fait d'utiliser,
15:28que ce soit des solutions américaines,
15:30des solutions open source,
15:31des solutions qu'ils développent eux-mêmes,
15:33pour vraiment utiliser cet outil
15:36qui va être indispensable pour rester compétitif.
15:38Si on ne veut pas que toutes nos autres industries
15:40s'effondrent, il faut qu'on soit compétitif.
15:43Ça, c'est du côté des entreprises ?
15:44Du côté des entreprises.
15:45Du côté des Etats et de l'Europe,
15:47il faut qu'on ait une vraie action.
15:49Aujourd'hui, Mario Draghi l'a très bien dit,
15:51on disperse, on arrose un peu partout.
15:53Il faut qu'on flèche les efforts
15:55et qu'on se dise qu'on va devenir très fort.
15:57À mon avis, en tout cas, c'est mon parti pris,
16:00il faut commencer par le sujet
16:01sur lequel on n'a pas le choix,
16:02qui est l'intelligence artificielle de défense.
16:04Un peu sur le modèle de la DARPA aux Etats-Unis.
16:06On investit énormément sur ce sujet-là
16:09avec les meilleurs acteurs européens,
16:11et on en a, pour construire toute une chaîne
16:13qui nous permette de traiter déjà cet aspect-là.
16:15Et ensuite, qui pourra peut-être servir
16:17à d'autres usages pour d'autres industries.
16:19Et je pense qu'on n'a pas d'autre choix
16:21que de focaliser vraiment les investissements
16:23et d'inventer quelque chose de nouveau.
16:25On ne pourra pas investir autant d'argent privé,
16:27c'est fini ça, que les Etats-Unis,
16:29on ne pourra pas le faire.
16:30Mais du coup, mettons l'argent public,
16:32là où il y en a encore,
16:33c'est-à-dire beaucoup sur la défense,
16:35au service du développement d'une vraie offre complète d'IA.
16:39C'est un doux rêve,
16:40parce qu'il va falloir mettre plein d'acteurs
16:42qui ne sont pas d'accord ensemble, etc.
16:44Mais c'est la seule voie pour moi pour s'en sortir.
16:46Je suis tout à fait aligné.
16:47Et ce sera pour terminer, Nicolas ?
16:49Oui, tout à fait aligné.
16:50Le rapport de Raïs, c'est une voie demain pour réussir en Europe ?
16:54Les 800 milliards, juste pour rebondir,
16:56je pense vraiment que la dualité civile-militaire,
16:58c'est un vrai sujet,
16:59que c'est là où il faut absolument qu'on investisse,
17:01où on ne peut pas se permettre de décrocher.
17:03J'encourage les auditeurs à regarder un rapport de l'SPI,
17:06c'est un organe compétitif d'analyse compétitif australien,
17:10qui classe 44 technologies critiques.
17:12La Chine est leader dans 37 sur 44,
17:15alors qu'elle était 5-6 il y a 10 ans.
17:17Leader sur les 10 plus puissantes institutions de recherche.
17:20Dans une dizaine, les 10 sont chinoises.
17:23Ce qui est en train de se passer est totalement critique.
17:26Il fait des recommandations qui sont très simples.
17:29Sur les visas, sur les financements des doctorants ou des doctorats,
17:33sur le salaire à l'entrée,
17:35sur on fait attention à ne pas exporter nos talents
17:39et comment est-ce qu'on vérifie ça.
17:41Mais là, il y a une forme d'influence et de réelle politique
17:44à avoir de la part du gouvernement.
17:45Et je pense même de la France,
17:46parce que l'Europe, le temps qu'on y arrive,
17:48ça va prendre encore des années.
17:49Je pense qu'il y a une forme d'agressivité réelle
17:51à avoir sur ces thématiques-là de la part du gouvernement.
17:53Merci beaucoup.
17:54Merci Nicolas Mainviel,
17:55responsable du Master Marketing Design Création d'Audienza
17:58et Guylain de Pierre Feux, expert IA chez Whitestone.
18:01Merci à tous les deux.
18:02Merci beaucoup.

Recommandations