Avec Jean Charles BOUCHOUX
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Style de vieTranscription
00:00Et c'est Marc qui nous rejoint, bonjour Marc.
00:02Bonjour, vous m'entendez bien ?
00:04Très bien Marc, merci, c'est bien.
00:06Bonjour, bonjour Brigitte, bonjour Jean-Charles.
00:09Bonjour Marc.
00:11Oui, bonjour.
00:13Ben écoutez, moi mon témoignage, oui j'ai subi des violences invisibles.
00:20Les premières forcément, c'est dans l'enfance.
00:22Bien sûr.
00:23Voilà, et je dirais que j'ai réalisé, depuis j'ai fait un travail sur moi,
00:28même ça continue, mais ça devient naturel.
00:32Je dirais que les violences invisibles, c'est inconscient de la part de mes parents.
00:39Moi je l'ai vraiment compris comme ça, parce que c'était pas vraiment conscientisé.
00:44Là vous êtes en train de les protéger, vous savez ça ?
00:46Alors je les protège pas, pour moi je les protège pas.
00:50Parce que je veux dire, ma mère était une femme enfant.
00:54Donc quand mon père a divorcé, j'ai été parentifié.
00:59Oui, vous êtes devenu son parent.
01:01Voilà, non même pas, je suis devenu limite son mari.
01:04Bien sûr.
01:06A un moment donné, j'avais peut-être 20 ans, je lui ai dit
01:09tu veux pas que je couche avec toi non plus pour remplacer mon père ?
01:12Bon bref, j'avais le droit de rien faire, il fallait que je la sorte, peu importe.
01:17J'ai remis les choses en place, je sais que j'ai été victime.
01:20Elle avait une emprise sur vous, parce que vous n'étiez qu'un enfant.
01:25Enfin voyez Marc, c'est gentil de la protéger, mais quand même.
01:29Je l'ai remise en place.
01:31Quand je dis que c'est inconscient, je n'excuse pas la personne.
01:36Non mais elle a pas fait exprès, mais elle vous a quand même...
01:40Voilà, c'est pas parce que...
01:44Enfin bref, j'ai vécu ça, j'ai vécu le double lien.
01:49Alors ça, c'est quelque chose de terrible.
01:52C'est de la part de mes deux parents, c'était la merveilleuse...
01:56Enfin, c'était la première merveille du monde.
01:59Et puis dans la même semaine, t'as eu une merde, tu vois.
02:01Alors ça par contre, le double lien, je vous avoue, c'est chaud à comprendre et à s'en sortir.
02:08Voilà, et puis j'ai vécu aussi des humiliations récurrentes de la part de mon père.
02:14Quand j'étais adolescent, pourquoi ?
02:15C'est parce que je l'ai compris qu'après, c'est au final...
02:20Dès que j'avais une copine, que j'étais au collège ou au lycée,
02:24pour lui, c'était intolérable, c'était le travail avant tout.
02:27Et même j'ai subi des violences physiques,
02:31c'est allé jusque là de sa part,
02:33quand il a appris que j'avais séché les cours pour aller rejoindre une copine.
02:39Et au final, après, bon, je vous assure, c'était la guerre et tout.
02:44J'avais qu'une seule envie, à l'époque, c'était que mon père ne soit plus là.
02:48Et au final, ma mère avait du mal à s'interposer.
02:52Je vais rebondir sur ce que vous venez de dire, parce que ça peut aider des auditeurs qui nous écoutent.
02:57En tant qu'enfant, faire le vœu que notre parent meurt,
03:01c'est quelque chose d'humain et qu'il faut comprendre aussi.
03:07Parce que j'entends parfois des gens qui se culpabilisent parce qu'ils avaient fait ce vœu-là,
03:13mais c'est malheureusement la pensée magique de l'enfant.
03:16Oui, c'est le roman familial qu'on s'est tous raconté.
03:19Est-ce que moi, je n'ai pas été adopté, par exemple, et ça ne serait pas ma vraie famille ?
03:23Imaginez si mon mère était morte ou si mon père était mort.
03:26C'est des histoires qu'on se raconte quand on est gosse.
03:30Voilà. Alors après, pour finir l'histoire, j'ai tout dit à mon père.
03:36Par contre, je dirais qu'effectivement, j'ai bien aimé ce que vous disiez tout à l'heure.
03:42On est reconfronté à des situations de rejet, de machin.
03:46Mais pour les vivre, pleinement.
03:49Voilà, c'est ça. Et j'ai rencontré un psychothérapeute, un psychologue,
03:56qui m'a fait redécouvrir, je dirais, parce que redécouvrir, en fait,
04:01comment traverser ça, comment l'accueillir et comment traverser ça.
04:09Et en fait, ça ressemble beaucoup, mais en beaucoup plus, je dirais, poussé à la méthode TIPI.
04:17Et ça ne prend pas cinq secondes ou ça ne prend pas cinq minutes.
04:20Ça peut prendre le temps que ça doit prendre.
04:22Ce n'est pas simple à vivre.
04:24C'est-à-dire, voilà, OK, tu rentres dans l'émotion.
04:27Et alors, qu'est-ce qui se passe dans le corps ?
04:29Il y a des choses qui remontent. Je peux vous prêter croire que ça travaille.
04:31Bien sûr.
04:33Alors, ce n'est pas de la magie.
04:35C'est juste, j'ai eu le cas avec une supérieure hiérarchie qui m'avait dévalorisé,
04:41ou en tout cas, moi, je m'étais senti dévalorisé et j'avais été quand même dévalorisé,
04:47où je l'ai convoqué avec la direction, mais j'avais qu'une trouille.
04:51Je n'étais pas bien à mon rendez-vous. Je n'étais pas bien.
04:53J'appelle le psy. Il me dit OK, d'accord, allez, tu vas rendre.
04:58Qu'est-ce que ça provoque en toi physiquement ?
05:01On a travaillé dessus et laissé faire sans parole. Et sentiments, qu'est-ce que je ressens ?
05:07Je me suis mis à chialer.
05:08J'ai des vieux souvenirs qui sont remontés du même type que ce que j'avais vécu et ce que je vivais actuellement.
05:14Bien sûr, bien sûr.
05:15Et là, j'ai eu comme un courant physique qui m'a traversé avec un poids de physique qui se lâchait.
05:23Bref, je suis allé à mon entretien, mes collègues ainsi que les gens qui ne me reconnaissaient pas.
05:32Moi, ça me fait plaisir, votre témoignage, parce que je ne cesse de répéter que le corps ne ment jamais
05:36et qu'il faut quand même toujours repasser par les émotions et le corps.
05:40Et on entend beaucoup de gens qui vont en thérapie et qui ont intellectualisé ce qui leur est arrivé
05:45et qui savent très bien expliquer que c'est parce qu'ils ont eu ci qu'ils ont eu ça.
05:49Mais ça n'a pas traversé le corps.
05:53Ce que vous avez vécu s'appelle une abreaction, c'est-à-dire ce que je n'ai pas pu réagir quand j'étais tout petit,
05:57parce que je l'ai déjà dit dans l'émission, mon organisme n'était pas suffisamment construit pour que je puisse le vivre.
06:03Vous l'avez vécu à l'occasion, par exemple, de cette thérapie et à l'occasion de cette supérieure qui vous maltraitait.
06:11Et c'est très intéressant, parce que j'ai des vieilles images qui sont remontées.
06:15Donc, si on a cette compulsion de répétition qui nous fait rencontrer une personne perverse, puis une autre, puis une autre, puis une autre.
06:21Et c'est pour ça que je dis qu'on va les chercher. Par on, c'est notre organisme qui va les chercher, pour le dire comme ça.
06:26C'est pour pouvoir abreagir, c'est-à-dire pouvoir le vivre enfin.
06:30Et je crois que la méthode que vous avez employée, la méthode Tipeee, est très intéressante.
06:34C'est-à-dire qu'à un moment donné, elle nous invite non pas à fuir, non pas à comprendre, mais à vivre pleinement l'émotion
06:42qui est en fait une émotion de quand on était tout petit, qui va s'exprimer au même moment.
06:47Pour avoir rencontré différents professionnels, que ce soit psychiatre ou autre, très honnêtement, j'en ai, à part celui-là dont je vous parle,
06:58et un thérapeute, psychothérapeute, médecin, qui a été proche de François Roustan, j'en ai jamais, à part ces deux-là, j'en ai jamais rencontré.
07:09Et même dans ma formation professionnelle, c'est-à-dire je suis aide-soignant, j'ai été étudiant infirmier.
07:14Jamais ces méthodes-là n'ont été abordées. C'est de l'intellectualisation. On parle, c'est bien de vider son sac, ça sert à quelque chose.
07:22Je rejette pas les autres méthodes. Mais malheureusement, il manque cette partie-là qui est abordée de manière corporelle et de ressenti, apprendre à ressentir.
07:33Et c'est un apprentissage, quelque part, qui le manque encore, je dirais, à beaucoup de professionnels, parce que c'est pas quelque chose qui est commun.
07:43Mais Marc, parce qu'eux-mêmes ne sont pas dans leur corps, vous savez, notamment certains psychanalystes, encore une fois, ils ont beaucoup compris sur le plan intellectuel, mais ils sont pas dans leur corps.
07:59Alors normalement, un psychanalyste, il a fait une longue psychanalyse et il aurait dû le vivre, ça, dont on est en train de parler. Non pas l'apprendre, mais le vivre.
08:06Mais c'est sûr que s'ils sont passés à côté, il s'est rien passé, en fait.
08:10En tout cas, c'est bien de rappeler que c'est le corps qui ne ment jamais.