Chaque jour, entre 9h et 9h30, retrouvez Pascal Praud dans L'Heure des Pros en direct sur CNews et Europe 1. Ce mercredi, il revient sur la condamnation de Nicolas Bedos à six mois de bracelet électronique pour agression sexuelle après avoir embrassé une femme dans le cou et avoir posé la main sur son jean sur ses parties intimes.
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00:00Pascal Praud.
00:04Vous c'est bienvenu sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur Seigneuse jusqu'à 10h30.
00:11Comment exprimer une surprise après la condamnation de Nicolas Bedos à un an de prison dont six mois ferme
00:20pour un baiser non consenti dans le coup et une main posée sur le sexe d'une femme qui, je le précise, portait un jean ?
00:28Comment exprimer une surprise
00:30quant à la sévérité de la peine sans condamner ses gestes ni minimiser leurs conséquences
00:38ou encore contester la prise de conscience salutaire que la séquence Me Too a opéré sur les esprits ?
00:46Voici un fil sur lequel iront peu de personnalités ce matin dans les mondes artistiques,
00:51intellectuels, politiques ou journalistiques tant qu'il y a de coups à prendre en ces temps qui ont proscrit la nuance.
01:00Nicolas Bedos sera bien seul ce matin. Personne ne viendra le défendre parmi ses anciens amis.
01:05Au moins, cette condamnation donnera raison à monsieur Migaud, notre garde des sceaux.
01:10La justice n'est pas laxiste. Enfin, ça dépend avec qui, ça dépend aussi de quoi on parle.
01:17Hier, un OQTF avec un couteau menaçait des usagers dans un bus. Il a ensuite agressé des policiers.
01:22Les vidéos de surveillants sont circulées. Le parquet a classé sans suite. Vous me direz que ça n'a aucun rapport et vous aurez bien raison.
01:31Nicolas Bedos a fait appel. Il paye au prix fort un geste par ailleurs
01:36inexcusable qui traduit un rapport au monde, aux femmes, que je ne peux que déplorer.
01:41Je préfère quand les hommes, par leur manière, incarnent la classe, l'élégance, la courtoisie,
01:47plutôt qu'ils apparaissent comme des goujats ou des malotrus.
01:51Nicolas Bedos est aujourd'hui condamné pour agression sexuelle.
01:55Il est perçu comme un violeur potentiel.
01:57Est-ce que cette sanction répond aux gestes qu'il a commis ?
02:03C'est tout le sujet et nous en parlerons ce matin.
02:06Il est 9h01.
02:08Augustin donne adieu.
02:119h30, l'heure des pros sur CNews et Europe 1.
02:21Bonjour Pascal, bonjour à tous. A Grenoble, une fusillade a fait un mort à proximité d'un point de deal. Les assaillants ont tiré
02:28sur deux jeunes de 15 et 17 ans. L'un a été touché à la tête et a succombé à ses blessures.
02:33L'autre a été touché à la cuisse. Il a été transporté à l'hôpital.
02:36Plus d'une vingtaine de règlements de comptes par arme à feu liés au trafic de drogue ont été recensés à Grenoble depuis le début de l'année.
02:43Le petit Santiago reste introuvable.
02:46Enlevé hier dans une maternité de la région parisienne, il pourrait se trouver en Belgique avec ses parents soupçonnés de l'avoir kidnappé.
02:53Cinq personnes de leur entourage ont été
02:55interpellées et placées en garde à vue. Hier, le parquet de Bobigny a levé l'alerte en France. L'alerte enlèvement
03:01mais elle a rapidement été déclenchée en Belgique. Et la guerre à Gaza doit finir maintenant.
03:08Déclaration du chef de la diplomatie américaine ce matin.
03:11Anthony Blinken appelle l'État hébreu à éviter une plus grande escalade dans sa riposte à l'Iran. Il a toutefois constaté un progrès avec
03:18Israël pour la livraison d'aides à Gaza, mais il la juge insuffisante. C'est à vous, Pascal.
03:23Merci, Augustin Donadio. On est avec Sabrina Medjaber ce matin, avec Eric Nolot, avec Joachim Leflocq-Imad, avec Philippe Guibert,
03:30ancien directeur du service d'information du gouvernement, et Florian Tardif, donc si j'ai bien compris...
03:37On en reparlera, d'ailleurs.
03:39C'est du teasing.
03:41C'est mauvais signe.
03:43La balle n'est pas partie.
03:45Si j'ai bien compris,
03:47si j'ai bien compris,
03:49et ce service d'information du gouvernement qui ne sert à rien,
03:51qui existe toujours, je précise, bien évidemment.
03:53Nicolas Bedos, si j'ai bien compris,
03:55est donc fiché délinquant sexuel
03:57et on dit qu'il y a des excuses et qu'il peut revenir à l'Assemblée nationale.
04:00Si j'ai bien compris...
04:02Je veux ajouter quelque chose au sujet de Bedos.
04:04Je pense que quelqu'un qui fait cette profession
04:06de réalisateur, disons, d'artiste,
04:08comme Bedos est frappé de cette peine,
04:10c'est également une peine d'exclusion sociale et professionnelle.
04:12C'est-à-dire que maintenant,
04:14il est radioactif.
04:16C'est-à-dire que pour une période,
04:18j'espère que ce n'est pas à perpétuité,
04:20mais pour une longue période, personne ne voudra travailler avec lui.
04:22Par principe.
04:24C'est-à-dire que ce n'est pas une peine,
04:26qui se prolonge une fois qu'on l'a purgée.
04:28C'est la mort sociale.
04:30C'est quand même contradictoire.
04:32Alors, on pourrait vous répondre
04:34que c'est la rançon de la gloire
04:36et que tous ceux qui ont une personnalité
04:38publique aujourd'hui
04:40sont soumis, et c'est ce qu'on appelle
04:42la rançon de la gloire,
04:44à effectivement faire plus attention
04:46dans toute leur vie.
04:48Et je pense que c'est ce que vous faites.
04:50Quel article dans le Code pénal, la rançon de la gloire,
04:52ça n'existe pas ?
04:55Non, mais tout le monde est égal devant la loi.
04:57Non, mais de la loi, oui.
04:59Mais comment dire, Eric Nolot,
05:01vous le savez bien, il y a beaucoup d'avantages
05:03à la notoriété, beaucoup.
05:05Et vous le savez, et nous le savons.
05:07Il y a effectivement quelques inconvénients.
05:09Le jour où tu te conduis mal,
05:11le jour où effectivement
05:13tu es pris en flagrant délit
05:15parce que tu as pris ta voiture et que tu as bu
05:17plus que de raison,
05:19le jour où, que sais-je, dans ta vie privée,
05:21il y a des choses qui sortent
05:23de la loi,
05:25forcément,
05:27tu es épinglé dans la société d'aujourd'hui.
05:29Je suis, mais je trouve la rançon excessive.
05:31Tous ceux qui sont soumis
05:33à cette gloire,
05:35gloire, d'ailleurs, c'est un bien grand mot,
05:37cette notoriété, petite ou moyenne notoriété,
05:39font sans doute plus attention qu'ils ne faisaient
05:41il y a 20 ans. Sans doute que c'est votre cas.
05:43Que vous faites aujourd'hui quand vous allez
05:45dans un endroit public, quand vous êtes sur la chaussée,
05:47quand vous êtes au restaurant,
05:49vous vous dites, attention, les gens m'ont reconnu.
05:52C'est pour ça que je reste chez moi, avec mes chats.
05:54Oui, on peut aussi rester chez soi.
05:56Le malheur de l'homme, comme chacun sait,
05:58c'est... Bon.
06:00Je voudrais qu'on parle de Bedos, ça m'intéresse vraiment beaucoup.
06:02D'abord, on peut écouter
06:04son avocate,
06:06Juliette Minkowski,
06:08qui était assez offensive ces derniers...
06:10Julia. Julia Minkowski,
06:12qui était assez offensive
06:14depuis hier,
06:16alors qu'elle l'était moins, sans doute,
06:18lors de la plaidoirie.
06:20Ou...
06:22Ceux qui assistaient, effectivement,
06:24à l'audience ont été surpris,
06:26peut-être que...
06:30Bedos était un peu tout seul, pour tout vous dire,
06:32à répondre
06:34sur quoi on l'accusait.
06:36Donc je voudrais qu'on l'écoute, Mme Minkowski.
06:40Pour un baiser dans le cou et une main
06:42posée deux secondes sur un jean
06:44au milieu d'une boîte de nuit,
06:46on se retrouve condamné
06:48à porter un bracelet électronique
06:50pendant une durée de six mois.
06:52Je suis à la fois
06:54stupéfaite
06:56et choquée du délibéré
06:58que je viens d'entendre.
07:00Cela fait vingt ans que j'exerce ce métier.
07:02Cette condamnation,
07:04cette sévérité est totalement
07:06inédite, inédite,
07:08injuste, totalement
07:10inacceptable.
07:12Monsieur Nicolas Bedos
07:14a reconnu qu'en raison
07:16d'excès lié à l'alcool
07:18en soirée, il pouvait adopter
07:20parfois des comportements
07:22inappropriés, mais en aucun
07:24cas ne relevant
07:26d'une infraction pénale.
07:30Cela fait près de deux ans
07:32qu'il soigne ce problème d'alcool.
07:34L'alcool, à mon avis, c'est
07:36une circonstance aggravante. Elle vient sur
07:38un terrain qui ne me paraît pas
07:40forcément le meilleur.
07:42Ce qui a fait Elisabeth Lévy
07:44une histoire terrifiante, c'est-à-dire cette époque
07:46où on coupe des têtes
07:48en réalité à toutes les personnes
07:50qui dépassent finalement
07:52le talent de certains,
07:54c'est la proportionnalité
07:56de la peine en raison même
07:58de l'attitude de M. Bedos.
08:00Il s'est excusé, il
08:02se soigne, au titre justement
08:04de son addiction à l'alcool,
08:06et on voit que la peine
08:08indiquée est
08:10complètement disproportionnée
08:12par rapport à l'attitude, encore une fois,
08:14de M. Bedos.
08:16Tout le monde ne pense pas à votre avis, bien sûr.
08:18Tout le monde n'est pas sur votre ligne.
08:20Je ne vais pas ressortir
08:22l'explication générationnelle.
08:24C'est terrifiant lorsque, notamment, on égraine
08:26le nombre d'actes de délinquance,
08:28parfois même criminels,
08:30et de constater que la justice
08:32fait encourir des peines extrêmement légères.
08:34Nous sommes accoutumés quand même du fait
08:36des stages de citoyenneté,
08:38des petits rappels à la loi pour des actes de délinquance
08:40qui sont mille fois plus graves,
08:42avec des personnes qui ne reconnaissent pas les faits
08:44et qui ne s'excusent pas non plus
08:46de leurs attitudes. Et là, de voir
08:48que cet acteur talentueux,
08:50avec toutes les phrases qu'il concerne,
08:52de voir qu'il a réussi
08:54à s'excuser, à reconnaître ses torts
08:56et à entamer une procédure de soins,
08:58nouveaux mots qui sont à la mode,
09:00je trouve ça absolument délirant.
09:02On écoute un deuxième passage de Mme Minkowski
09:04qui parle d'acharnement.
09:06Il souhaite
09:08tourner la page
09:10après un acharnement
09:12médiatique, un lâchage
09:14sans précédent, un procès auquel
09:16nous avons assisté maître Inès Giacometti
09:18et moi sur le banc
09:20de la Défense avec des yeux
09:24circonspects
09:26sur le fait que nous assistions
09:28bien davantage à une leçon de morale
09:30sur l'intégralité
09:32de sa vie que sur une
09:34justice respectueuse des droits.
09:36Dans ces conditions,
09:38il n'y a
09:40aucune question à se poser.
09:42Nous allons former immédiatement
09:44appel contre ce jugement
09:46unique sur lequel
09:48j'appelle chacun à réfléchir.
09:50Il y a eu beaucoup de réactions.
09:52Le bras de la justice,
09:54effectivement, c'est le cas de le dire, n'a pas templé.
09:56Et j'aurais aimé que celle-ci
09:58soit aussi intransigeante avec les six mineurs
10:00qui ont envoyé Samuel Paty à la décapitation
10:02et qui, au final, n'ont pris que du sursis.
10:04Alors certes, il y a eu le moment MeToo qui a peut-être permis
10:06un éveil des consciences en question de consentement.
10:08On peut s'en réjouir. Maintenant, je ne sais pas
10:10si la justice doit
10:12se payer des symboles et faire sien
10:14quand même le vieux principe totalitaire
10:16qu'on ne fait pas d'omelette
10:18sans casser des œufs. Alors certes, Nicolas Bedeau
10:20doit purger sa peine. Maintenant, la mort sociale,
10:22on ne s'en remet jamais.
10:24Et c'est quand même paradoxal, je crois, d'une société
10:26qui a fait de l'abolition de la peine de mort
10:28le symbole ultime
10:30de la marche de l'Occident vers le progrès.
10:32Je ne sais pas si on peut se réjouir
10:34de tout ça. Bon, il y a beaucoup de réactions.
10:36On écoutera Elisabeth Lévy, effectivement. Vous en parlez, Philippe Guybert ?
10:38Non, je trouve qu'il faudra mettre
10:40beaucoup de nuances quand même dans ces faits.
10:42C'est-à-dire que déjà, les deux faits rapportés
10:44ne sont pas du tout de même nature, à mon avis.
10:48Et deuxièmement, après, il y a la question de la proportionnalité
10:50de la peine. Je suis désolé, mais
10:52faire un bisou dans le cou, je ne trouve pas que ça mérite
10:54d'aller en prison.
10:56C'est idiot. Mais c'est non consenti.
10:58Ça mérite peut-être une baffe.
11:00Ça mérite peut-être une baffe.
11:02Je ne dis pas le contraire.
11:04Je ne dis pas que c'est bien, qu'on comprenne bien.
11:06Vous vous heurtez à Philippe Guybert.
11:08Vous voyez, immédiatement, Marine Lençon,
11:10dans mon oreille, a réagi.
11:12Vous vous heurtez à une grille de lecture
11:14générationnelle. Vous êtes un homme
11:16du passé.
11:18Vous êtes un homme du passif.
11:20Vous êtes un homme du passé. Non, mais je le dis, vous avez compris.
11:22Je trouve qu'un bisou dans le cou ne mérite pas
11:24une condamnation pénale.
11:26Depuis ce matin, je me suis baladé
11:28dans la rédaction de CNews et dans celle d'Europe 1.
11:30Dans les deux rédactions. Je suis allé voir
11:32le service Internet
11:34d'Europe 1, où il n'y a
11:36que des jeunes. Et j'ai lancé ce débat
11:38parce que leur position m'intéressait.
11:40Ils ne sont pas sur votre
11:42ligne. Il y a des jeunes femmes qui ont
11:4424, 25, 26 ans. Ils ne sont pas
11:46sur votre ligne.
11:48Mais ils trouvent que c'est...
11:50C'est normal.
11:52Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
11:54S'ils disent oui, ça peut...
11:56Je ne peux pas vous dire autre chose.
11:58Si on est des hommes du passé, parce que je sens qu'Eric Nolot
12:00n'est pas très loin de penser comme moi aussi.
12:02Un homme du passé, c'est sûr.
12:04À ce moment-là, ça veut dire qu'on est dans...
12:06Je ne parle vraiment que du bisou.
12:08Le reste, je trouve normal.
12:10Je trouve que l'autre geste
12:12est vraiment...
12:14est d'une autre nature.
12:16Oui.
12:18Il correspond pour moi à une agression.
12:20Même si...
12:22Et pour l'autre, ce n'est pas une agression ?
12:24Non.
12:26Je l'assume.
12:28Faites attention à vous.
12:30Je fais attention à moi.
12:32Sur ce fait, allons jusqu'au bout.
12:34C'est quoi, alors ?
12:36Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
12:38Oui.
12:40Moi, je peux considérer
12:42que c'est une agression, contrairement à Philippe Guibert.
12:44Et je peux considérer que c'est une agression
12:46qui ne vaut pas d'aller en prison. Mais c'est une agression.
12:48Voilà. En fait, c'est ça.
12:50Pour moi, c'est une agression.
12:52Faire un bisou dans le cou ?
12:54Oui, à quelqu'un, je suis désolé de vous le dire.
12:56Ça n'arrive pas à tous les hommes.
12:58Que ça ne nous soit jamais arrivé.
13:00Je suis désolé de vous le dire.
13:02Tu ne fais pas un baiser
13:04dans le cou à une femme que tu ne connais pas.
13:06Ça ne se fait pas.
13:08Moi, ça ne me viendrait pas à l'idée
13:10que quelqu'un soit condamné.
13:12Alors, c'est ce que je vous ai dit.
13:14Il y a quelque chose qui ne va pas.
13:16Ce matin,
13:18j'ai demandé précisément...
13:20Je ne sais pas si d'ailleurs
13:22ces réactions sont prêtes.
13:24J'ai demandé qu'on aille dans la rue
13:26et qu'on interroge uniquement
13:28des moins de 30 ans. C'est ça qui m'intéressait.
13:30Je vais découvrir
13:32avec vous.
13:34Qu'est-ce que vous pensez de la sanction
13:36de Nicolas Bedos ?
13:38Ce qui m'intéresse, c'est les moins de 30 ans.
13:40Je ne sais même pas ce qu'ils ont dit. On va écouter ensemble.
13:42Déjà, je trouve ça bien
13:44que pour une fois, ça soit puni par la loi.
13:46Sinon, moi, je trouve ça un peu léger.
13:48Après, on ne va pas se plaindre
13:50que les autorités fassent quelque chose et bougent un peu le petit doigt.
13:52Ce sont des faits.
13:54L'agression sexuelle, ce n'est jamais quelque chose
13:56à négliger.
13:58Pour quelqu'un qui s'est montré très vocal
14:00sur certains sujets,
14:02il aurait mérité qu'on le sanctionne
14:04beaucoup plus durement.
14:06C'est un exemple
14:08pour peut-être d'autres hommes
14:10qui auraient l'intention de faire ça.
14:12Peut-être que pour certaines femmes,
14:14ça peut être un peu bizarre,
14:16ça peut être rien. Et pour d'autres,
14:18ça peut être tétanisant,
14:20être un trauma pendant des années.
14:22Le préjudice moral,
14:24il est peut-être beaucoup plus fort que ça.
14:26Ces trois femmes prises au hasard,
14:28ces trois jeunes femmes,
14:30je les croise tous les jours
14:32puisque nous, on ne travaille qu'avec des jeunes gens.
14:34On est les plus vieux.
14:36Personne ne remet en cause
14:38ce que ces jeunes femmes disent.
14:40Nous questionnons la proportionnalité.
14:42Tout le monde autour de ce plateau
14:44considère que c'est une agression.
14:46Il n'y a pas de consentement.
14:48Elles sont d'accord
14:50avec la sanction, Sabrina.
14:52Ce dont on parle ce matin,
14:54c'est la disproportion entre les actes
14:56et la décision de justice.
14:58J'ai bien compris, Sabrina.
15:00Ces jeunes femmes ne sont pas sur votre ligne.
15:02Nous sommes toutes
15:04ou tous en accord avec ce qu'elles disent.
15:06Non.
15:10Vous n'êtes pas en accord
15:12avec cette jeune femme qui dit un baiser dans le cou
15:14peut traumatiser quelqu'un pendant des années.
15:16Voilà ce qu'elle dit.
15:20Dire qu'un bisou dans le cou...
15:22Encore une fois, je ne suis pas
15:24en train de défendre le fait de faire un bisou dans le cou.
15:26Mais dire que c'est un traumatisme
15:28pour plusieurs années,
15:30j'avoue que j'ai du mal à comprendre.
15:32Qu'on dise que c'est pas bien...
15:34Parce que Philippe,
15:36c'est toujours les mêmes personnes.
15:38Peut-être que cette personne-là
15:40a subi uniquement cette agression.
15:42À ce moment-là, c'est autre chose.
15:44Mais en général,
15:46quand on subit des agressions sexuelles,
15:48j'en connais un tout petit peu,
15:50je sais de quoi je parle,
15:52c'est répété.
15:54Et oui, ça crée des traumatismes.
15:56Vous souhaitez en dire davantage ?
15:58Non, je ne souhaite pas forcément en dire davantage.
16:00La seule chose que je peux vous dire,
16:02c'est que ça crée des traumatismes.
16:04Par exemple, j'ai mis des années,
16:06je dirais uniquement ça,
16:08à ce qu'on puisse me toucher.
16:10Je suis avec une copine
16:12où on a dû gérer ce problème-là
16:14parce que je n'acceptais pas,
16:16y compris dans mon sommeil,
16:18qu'on me touche.
16:20Et à un moment, oui,
16:22il faut le dire.
16:24Peut-être que Nicolas Bedos,
16:26aujourd'hui,
16:28paye pour énormément d'hommes,
16:30il faut, à un moment donné,
16:32et je pense que c'est important
16:34pour les personnes
16:36qui sont confrontées à ce type de situation,
16:38et de manière répétée.
16:40De manière répétée.
16:42De manière répétée ?
16:44De manière répétée par des personnes différentes.
16:46Mais en général, quand on subit une agression sexuelle,
16:48on en subit plusieurs.
16:50Et ça peut être uniquement
16:52un baiser dans le cou,
16:54ça peut être quelqu'un
16:56qui vous touche
16:58de manière indélicate,
17:00certaines parties de vos corps.
17:02C'est pas forcément toucher
17:04le sexe de la personne ou autre.
17:06C'est de manière... Je peux vous dire,
17:08oui, ça crée des traumatismes.
17:10Moi, ce qui me gêne depuis tout à l'heure,
17:12c'est qu'on n'interroge pas la victime.
17:14C'est-à-dire la manière
17:16dont elle a perçu le geste.
17:18Parce que là, par contre,
17:20je vous rejoins, il y a une différence
17:22entre un léger baiser dans le cou
17:24et un baiser dans le cou insistant.
17:26Un baiser dans le cou qui vous laisse
17:28penser qu'on en attend plus de votre part,
17:30qu'on attend une réponse de votre part.
17:32Et ça, c'est très différent.
17:34Florian Tardif, moi, je connais votre histoire.
17:36Ceux qui nous écoutent la connaissent mal.
17:38Donc, je vais essayer quand même
17:40non pas de dévoiler
17:42tout ce qui s'est passé,
17:44mais de donner simplement quelques pistes.
17:46Il se trouve qu'effectivement, entre 15 et 20 ans,
17:48l'adolescent que vous étiez
17:50a parfois été regardé
17:52par des hommes
17:54qui vous ont harcelé,
17:56on va dire que ça.
17:58Et ça a créé des traumatismes.
18:00On peut le dire comme ça.
18:02Donc, je n'en dis pas davantage, bien sûr.
18:04Et comme nous nous connaissons depuis de nombreuses années,
18:06et effectivement,
18:08quand les gens sont dans une rédaction,
18:10à un moment, ils se parlent entre eux,
18:12ils échangent des informations
18:14sur ce qu'a été leur vie des uns et des autres.
18:16Je voudrais qu'on écoute l'avocat
18:18cette fois de la victime,
18:20précisément,
18:22parce qu'on n'avait pas encore
18:24entendu l'avocat de la victime
18:26de ce procès.
18:28Première réaction, la satisfaction.
18:30La satisfaction du délibéré
18:32qui reconnaît en fait ma cliente,
18:34victime d'une agression sexuelle,
18:36et en même temps
18:38qui reconnaît M. Bedos
18:40coupable de cette agression.
18:42Et c'est, sur le principe, déjà
18:44une avancée importante.
18:46Parce que c'est une reconnaissance
18:48d'un statut.
18:50C'est aussi une pierre
18:52à l'édifice de la lutte contre l'impunité,
18:54notamment dans le milieu du cinéma.
18:56Alors, il y a eu beaucoup de réactions.
18:58On était hier soir avec Elisabeth Lévy.
19:00Ce soir, il y a eu un bisou non consentu dans un coup,
19:02un autre dans une boîte de nuit.
19:04Nicolas Bedos a touché ou frôlé un sexe féminin
19:06pendant quelques secondes.
19:08Il s'est excusé le lendemain pour cette goujaterie
19:10alcoolisée dans un monde normal,
19:12celui où les hommes et les femmes sont
19:14adultes et humains.
19:16Ses excuses auraient été acceptées,
19:18dans le monde merveilleux de MeToo.
19:20Les victimes sont probablement convaincues
19:22d'avoir subi un outrage irréparable.
19:24Et je vous propose de l'écouter, Elisabeth,
19:26parce qu'elle était avec nous hier
19:28et elle a prolongé sa réflexion.
19:30J'ai vérifié.
19:32Je ne vais pas répéter
19:34ce qu'a dit l'avocate, c'est totalement inédit.
19:36Je pense que William nous dira
19:38sans doute ce qu'il en pense là-dessus.
19:40On entre vraiment
19:42dans une logique de totalitarisme.
19:44C'est-à-dire que des choses qui...
19:46Il se comporte
19:48de façon lourde, un comportement
19:50inapproprié très bien.
19:52Donc on a un bisou dans le cou
19:54non consenti et il a donc touché
19:56pendant quelques secondes,
19:58quelques secondes, dix secondes,
20:00une femme,
20:02un sexe de femme,
20:04à travers un jean, bien sûr.
20:06Et cela va lui valoir non seulement
20:08cette sanction que ne prennent pas
20:10des dizaines et des centaines de délinquants
20:12qui agressent des policiers,
20:14des commissariats ou des tribunaux libres,
20:16il va prendre non seulement
20:18cette sanction, mais vous imaginez
20:20sa vie après ?
20:22Il a fait appel.
20:24Bien sûr, mais est-ce que vous vous rendez compte
20:26que dans le monde où on vit, j'en ai vu encore cette semaine
20:28parce que j'enquête toujours là-dessus
20:30pour mon livre, j'ai vu des gens
20:32qui ont été parfaitement blanchis, qui n'ont jamais
20:34retravaillé. Alors il y a d'autres,
20:36il y a quelques contre-exemples, mais la vérité,
20:38c'est que c'est une logique folle.
20:40Juliette Mehadel a également
20:42réagi et Juliette Mehadel
20:44a dit que cette décision de justice
20:46suscite une grande perplexité.
20:48La sanction prononcée n'est-elle pas disproportionnée
20:50à un an de prison dont six mois exsorci
20:52pour des gestes déplacés en boîte de nuit malgré les aveux
20:54et le regret exprimé ? Juliette Mehadel a été
20:56au gouvernement.
20:58En charge de ces questions-là.
21:00Ça, on a entendu il y a
21:02quelques instants un témoignage très fort.
21:04Moi, je veux en tenir compte à présent
21:06dans ma perception de cette affaire
21:08et d'autres. Mais ce que dit Elisabeth Lévy
21:10est très juste. Ce qui choque, c'est quand même
21:12la dimension idéologique.
21:14Les trois jeunes femmes
21:16que vous avez interviewées,
21:18moi, je proposerais de les prendre comme fil rouge
21:20et de leur demander leur avis sur d'autres affaires
21:22qui n'ont rien à voir, pour voir comment elles perçoivent
21:24les peines et la gradation
21:26des peines, pour voir le spectre
21:28idéologique que ça forme. Parce que
21:30on peut apprécier cette affaire d'une manière
21:32ou d'une autre, mais quand, en effet, on voit la mensuitude
21:34pour ne pas dire autre chose de la justice
21:36envers des actes vraiment criminels,
21:38ça laisse rêveur. Cette grille idéologique
21:40laisse rêveur.
21:42Tout est dit
21:44sur ce sujet ?
21:46Eh bien, nous allons...
21:48Il n'est pas dit, mais il faudra qu'on
21:50en rediscute.
21:52Je trouve que c'est un sujet, quand même.
21:54On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu un effet là-dessus.
21:56La lutte contre les violences sexuelles a été la grande cause
21:58du premier quinquennat. On a ouvert tout un tas de places
22:00d'hébergement d'urgence. Moi, j'y ferai.
22:02On est Eric Thomaïl et c'est vrai que
22:04ce matin, je me baladais dans les couloirs d'Europe 1.
22:06C'est la première chose que je faisais.
22:08J'aime bien demander aux uns et aux autres.
22:10Surtout, ceux qui nous suivent régulièrement
22:12connaissent cette grille des lectures
22:14que j'ai souvent...
22:16Elle a sans doute toujours existé. J'ai l'impression
22:18qu'elle est plus marquée encore
22:20qu'avant. C'est-à-dire que les gens de 25,
22:2230 ans, sur beaucoup de
22:24sujets, le rapport
22:26au travail, le rapport à la famille, le rapport au sexe,
22:28le rapport à la vie en société,
22:30ils sont très différents de ceux
22:32qui ont 60 ans.
22:34Mais ça s'est inversé depuis les années 70.
22:36Sans doute, dans les années 70,
22:38la jeune génération était plus libertaire
22:40que ses parents ou
22:42grands-parents. Alors qu'aujourd'hui, c'est
22:44l'inverse. Vous avez raison.
22:46C'est pas toujours ceux qui font le plus
22:48de leçons morales qui sont les plus propres, en réalité.
22:50Vous avez raison également,
22:52cher... On en parlera
22:54tout à l'heure de M. Kerbrad,
22:56qui, effectivement, n'avait pas de mots assez durs
22:58sur la drogue. Bon, cher Thomaïl...
23:00Oui, je suis là, Pascal.
23:02Tout va bien.
23:04Bon, bah écoutez, on vous écoutera sur Europe 1,
23:06en différé, puisque nous,
23:08nous serons à l'antenne, mais...
23:10Je sais que vous êtes amateur de replay.
23:12Bon, la semaine, c'est pas trop difficile, la semaine,
23:14sans votre épouse, sans les enfants ? Vous trouvez pas le temps long ?
23:16C'est un véritable chemin de croix.
23:18C'est vrai, c'est vrai. L'homme travaille.
23:20C'est une souffrance, chaque jour. L'homme travaille
23:22pendant que la famille prend des vacances.
23:24Voilà la réalité. Faut que je ramène du beurre à la maison !
23:26Telle qu'elle est décrite
23:28par les familles françaises.
23:30C'est le droit de crédit, Pascal.
23:32Pour le plaisir de faire un bon mot.
23:34Vous étiez bien parti.
23:36Oui, ma femme travaille aussi.
23:38Ma femme travaille aussi.
23:40Merci, cher Thomaïl.
23:42Merci, les gars.
23:449h30. 11h.