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00:00Je voudrais qu'on parle quand même de Trump et de son arrivée assez fracassante au Capitol
00:10avec ses 43 décrets signés en un jour, il y en a eu d'autres aujourd'hui.
00:16Tout cela est très offensif, là on va mettre 500 milliards dans l'intelligence artificielle.
00:22Pendant ce temps, il y a eu un média public en Belgique
00:27qui a décidé de ne pas diffuser en direct l'allocution de M. Trump.
00:32Alors on a demandé à la directrice éditoriale adjointe de l'Information, Aurélie Didier,
00:36pourquoi est-ce que la RTBF ne suivait pas et elle s'est expliquée.
00:40Alors on a constaté à plusieurs reprises que Donald Trump a tenu des propos racistes,
00:44d'extrême droite, xénophobe, d'incitation à la haine également.
00:49Et donc nous avons décidé de diffuser ce discours avec un léger différé
00:53pour prendre tout simplement le temps de l'analyse du décryptage.
00:57C'est une pratique que nous appelons avec un terme technique qui s'appelle le cordon sanitaire médiatique
01:03et qui nous permet tout simplement d'éviter de banaliser des propos d'extrême droite.
01:08Il ne s'agit certainement pas de censure, évidemment que la RTBF ne pratique pas la censure.
01:13Ce n'est pas pour autant, et je tiens vraiment à le préciser, que la RTBF est pro ou anti-Trump.
01:18Nous faisons un travail impartial.
01:21Commentaire de vous deux journalistes.
01:26C'est lunaire, moi ce qui m'inquiète, en l'occurrence ça concerne la Belgique donc ça ne me concerne que peu,
01:30mais je pense qu'il y a pas mal de personnes en France qui sont alignées avec cette position-là.
01:34Moi je trouve que premièrement c'est une infantilisation terrible de l'auditeur.
01:39Vous avez raison, nous aussi nous traversons les frontières.
01:43Alors premièrement c'est une infantilisation terrible de l'auditeur.
01:46L'auditeur est capable de savoir, d'entendre ce qui peut t'estimer raciste,
01:50puis de faire le tri ensuite et dire ça c'est pas bien, ça c'est bien.
01:52Aux idées auxquelles il adhère ou pas.
01:54Exactement, ce n'est pas à la radio de trier les idées.
01:57Ensuite c'est un effacement de l'histoire qui est considérable, c'est quand même un discours historique,
02:01c'est quand même le président de la première puissance mondiale,
02:03on ne peut pas se permettre comme ça de filtrer son discours à l'envie.
02:06Ensuite c'est complètement contre-productif, même pour ceux qui combattraient Donald Trump.
02:10On a le droit d'entendre, de savoir quels sont ses arguments, quelles sont ses positions,
02:14ce qu'il compte faire, même pour combattre dans l'idée ce que va faire Donald Trump.
02:18C'est complètement contre-productif de ce point de vue là.
02:21Et puis ensuite il y a un rapport à la réalité qui est complètement biaisé.
02:25Ça ne fera pas disparaître le discours de Donald Trump, ni les positions de Donald Trump,
02:29ni les actes, puisqu'on voit qu'il fait très vite passer du discours à l'acte,
02:32les actes de Donald Trump et de l'Amérique.
02:34Le simple fait de trier le discours ne permettra pas d'effacer tout cela.
02:37Donc il y a un rapport à la réalité que je trouve très curieux qui est
02:40que je me cache les yeux, je me bouche les oreilles et je n'écoute pas ce qu'il y a autour de moi.
02:44Le RTBF ne veut plus faire de journalisme livré,
02:46mais je ne suis pas sûr que ça soit payant en termes d'audience.
02:50Et par ailleurs, je crois que ces comportements ne deviennent plus résiduels.
02:54Moi je suis assez frappé par la différence d'approche des médias,
02:57et notamment des médias américains.
02:58C'est assez frappant aux Etats-Unis vis-à-vis de Donald Trump.
03:01En 2017, quand il a pris les fonctions pour la première fois,
03:06et qu'il y avait un effet de sidération, de surprise avec la défaite d'Hillary Clinton,
03:10il y a eu une espèce d'entrée en résistance,
03:12l'impression que les journalistes prenaient le maquis
03:14et que les grands médias américains se drapaient dans des orypos moraux
03:18pour expliquer que c'était le diable.
03:21Et d'ailleurs, à lire leur papier, on a l'impression que c'était une parenthèse,
03:24qu'elle allait se refermer.
03:25Et quand Joe Biden a battu Donald Trump, on a eu cette impression d'ailleurs
03:29que ça n'était qu'une parenthèse refermée.
03:31Et là, parce que Donald Trump a réussi l'exploit politique de revenir au pouvoir,
03:36je constate que l'attitude des médias américains, de la classe politique,
03:41et même au-delà, à travers le monde, les réactions sont assez différentes.
03:45On prend Donald Trump beaucoup plus au sérieux,
03:47y compris parce que lui-même a plus sérieusement préparé cette entrée en fonction que la dernière fois.
03:51La dernière fois, lui-même étant surpris par sa victoire,
03:55pas préparé à exercer le pouvoir, pas bien entouré pour le faire.
03:58Maintenant, il y a une préparation assez méticuleuse,
04:00assez expérimentée de la transition avec Joe Biden.
04:03Joe Biden, d'ailleurs, a collaboré sur certains aspects.
04:05Je pense notamment aux aspects géopolitiques, au cessez-le-feu au Proche-Orient.
04:09Et Donald Trump arrive en sachant exactement ce qu'il veut faire,
04:12et c'est pour ça qu'il a pu signer cette rafale de décrets.
04:15Donc le traitement médiatique, je trouve, n'est pas le même.
04:18Il y a encore des poches de gens qui sont soit dans le déni, l'aveuglement, la morale,
04:22qui croient encore que notre métier consisterait à faire la morale.
04:24Mais je crois que justement...
04:25Faire de la ségrégation, c'est-à-dire faire de la censure.
04:28Ça oui, ça non, ça oui, ça non.
04:30De la censure, on est quasiment au bord de la censure.
04:33Mais je crois justement que la victoire de Trump
04:36et les victoires d'autres leaders similaires à travers le monde
04:38font comprendre aux médias qu'il y a un problème,
04:40qu'il y avait un problème dans leur traitement de l'information.
04:42Et ça entraîne des évolutions dans le traitement de cette information.
04:48Apparemment, il y a encore quelques poches où on n'a pas compris.
04:5020h45, dans un instant le rappel de l'actualité.
04:54Je vous signale quand même que de 9h30 à 11h sur Europe 1,
04:57vous retrouverez Thomas Hill pour Culture Média
04:59et ses invités demain Richard Malka
05:01pour son livre « Après Dieu » paru aux éditions Stock.
05:04A tout de suite pour l'actualité.