« Matraquage fiscal, conséquence sur le pouvoir d'achat des français et sur l'emploi : les distributeurs sont vent debout contre « la contribution sur les bénéfices » prévue dans le budget 2025. » Pour la Fédération du Commerce et de la Distribution, il revient à l'état d'endosser l'effort de redressement des comptes publics au lieu de transférer la responsabilité de son déficit sur les entreprises ». Layla Rahhou, Déléguée générale de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) est l'invitée de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 16 octobre 2024.
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00:007h43, l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez ce matin Leïla Raoult, c'est la déléguée générale de la Fédération du Commerce et de la Distribution
00:11qui regroupe les géants du commerce chez qui nous faisons tous nos courses, Leclerc Intermarché ou encore Carrefour.
00:16Bonjour et bienvenue sur RTL, Leïla Raoult.
00:18C'est la première fois que vous prenez la parole comme ça devant un micro depuis que vous avez pris la tête de la Fédération du Commerce et de la Distribution au mois d'avril.
00:24Amandine le disait, vous représentez les grandes enseignes, Leclerc, Carrefour, Auchan, Super U, Monoprix, Franprix, Decathlon, les Galeries, etc.
00:32pour un volume d'affaires d'environ 225 milliards d'euros.
00:35Cette fois, on rentre dans le dur, les discussions sur le budget vont débuter en commission à l'Assemblée ce mercredi.
00:40Vous êtes inquiète et même en colère, pourquoi ?
00:43Oui, je suis en colère parce que le gouvernement barnier a annoncé et a déposé dans son PLF des propositions extrêmement dures sur l'impôt sur les sociétés,
00:55qui est concentré, des augmentations qui sont concentrées exclusivement sur les grandes entreprises.
01:00Ce qu'on appelle grandes entreprises, c'est des entreprises avec un fort chiffre d'affaires.
01:03Plus d'un milliard de chiffres d'affaires.
01:04Exactement, et pas avec un fort bénéfice.
01:06C'est une faute ? C'est un mauvais thermomètre ça ?
01:08On pense que c'est un mauvais thermomètre parce que naturellement, le commerce est particulièrement impacté dès lors que le critère est le chiffre d'affaires et n'est pas les bénéfices.
01:16Nous, on pensait effectivement qu'il y aurait des petites hausses de la fiscalité et on était prêt à un effort,
01:22mais là, c'est plus de 10 points de pourcentage pour certaines entreprises.
01:26Et évidemment, pour un secteur qui est déjà particulièrement fiscalisé, si je vous donne la comparaison avec l'économie nationale,
01:32le commerce, les prélèvements obligatoires, c'est 67% du résultat d'exploitation.
01:39Mais si on parle de groupes qui vont quand même très bien, qui font des bonnes marges dans la grande industrie.
01:43Justement, c'est bien le problème, c'est qu'on n'est pas allé regarder les marges, on est allé regarder uniquement le chiffre d'affaires.
01:48Les marges de la distribution sont structurellement très faibles, entre 1 et 2% en moyenne,
01:52contrairement à d'autres industries qui peuvent faire des marges beaucoup plus élevées.
01:56Et on allait regarder un critère, effectivement, qui est le volume d'affaires et absolument pas la marge des entreprises.
02:02Et c'est là où on pousse un cri de colère envers le gouvernement, parce qu'on aurait dû regarder plutôt les profits, la profitabilité des entreprises,
02:09plutôt que le chiffre d'affaires.
02:10Et là, je me dis, je vous écoute, tiens, c'est madame lobby de la grande distribution qui nous fait un petit coup de panique.
02:14Et qui ne veut pas participer à l'effort.
02:16Non, pas du tout, je pense que les entreprises étaient toutes prêtes à participer à l'effort.
02:20Il y a une différence, effectivement, entre monter d'un ou deux points de pourcentage liés pour demander à chaque entreprise de participer,
02:26voilà, l'impôt sur les sociétés pour demander à chaque entreprise de participer à la juste mesure.
02:31Par contre, quand, effectivement, vous avez un secteur qui est fiscalisé à hauteur de 67% de son résultat d'exploitation,
02:36contre 44% pour le reste de l'économie, cet effort supplémentaire, effectivement, est complètement disproportionné.
02:41Ça pourrait avoir quelles conséquences, concrètement ?
02:43Ben, concrètement, ça aura probablement des conséquences sur le pouvoir d'achat, puisque les marges étant extrêmement faibles...
02:48Les prix vont augmenter ?
02:49C'est possible. Il faudra regarder, effectivement, comment, dans chaque entreprise, cette hausse de la fiscalité réussit à être intégrée ou pas par les entreprises.
02:57De combien ?
02:58On parle de plusieurs centaines de millions d'euros.
03:00Mais en pourcentage, sur les prix, ça peut faire combien ?
03:02Je ne peux pas vous dire, c'est-à-dire que ça, ça sera la politique de prix de chacune des enseignes.
03:08Mais il y a des enseignes, si vous voulez, où la marge, c'est vraiment le trait de la ligne.
03:13Donc, quand vous avez une fiscalité qui vient, effectivement, grignoter ce trait de la ligne,
03:18eh bien, évidemment, ça pourra avoir des conséquences sur le pouvoir d'achat, ça pourra avoir des conséquences sur l'emploi aussi,
03:23parce qu'on a aussi un secteur à forte main-d'oeuvre.
03:26Et on a, en plus de cette augmentation de la fiscalité, un sujet sur les allégements de charges sur les bas salaires.
03:31Sadie, vous avez entendu le discours de politique générale de Michel Barnier ?
03:33Il avait pointé les marges de la grande distribution, il avait aussi dit que la baisse de l'inflation était très nette,
03:38et que maintenant, il fallait la répercuter à la caisse du supermarché.
03:41Ce qu'il dit là, le Premier ministre, beaucoup de consommateurs le ressentent.
03:44Oui, bien sûr. Alors, sur le premier thème, je pense qu'il a tort de s'attaquer à nous, parce que nos marges sont très transparentes.
03:51Elles sont publiées rayon par rayon dans un office géré par l'État.
03:57Donc, on est assez transparent là-dessus, on n'a pas trop de problèmes.
04:00On demande d'ailleurs à aller regarder un petit peu ce qui se passe du côté des grands industriels.
04:04C'est toujours la guerre classique entre c'est pas nous, c'est eux.
04:06Les chiffres de l'INSEE, quand même, montrent qu'en 2023, c'est-à-dire au cœur de la crise inflationniste,
04:11l'industrie agroalimentaire a augmenté de 71%, sa marge brut.
04:15Donc, il y a quand même un petit sujet à aller regarder de ce côté.
04:18Pardon, mais ils se gavent toujours les industriels ?
04:20C'est pas tous les industriels. Je pense qu'on a quand même une différence entre un tissu de PME française qui ne va pas très bien.
04:28On parlait de l'Egal tout à l'heure.
04:30Voilà, exactement.
04:31Vous ne les soutenez pas beaucoup dans la grande distribution.
04:33Il y a une différence entre les grands industriels, les multinationales, internationales,
04:36qui sont vraiment dans des stratégies de valeur et de fragmentation du marché,
04:39qui estiment que la démographie de ce pays et du continent européen n'est pas bonne.
04:45Il n'y a pas beaucoup d'espoir de faire beaucoup de volume.
04:47Donc, on essaye de maximiser absolument le profit sur chacune des ventes.
04:51Et donc, c'est là où on demande au Premier ministre d'aller regarder aussi ce qui se passe chez ces grands industriels.
04:57Il vaut mieux les taxer eux que vous, c'est ce que vous nous dites.
05:00Je dis qu'il faut aller regarder, effectivement, parce que là, il y a des grands profits qui se font.
05:03Quand vous regardez de certaines grandes entreprises internationales, elles font des énormes profits.
05:06Et il faut aussi, sur les rayons, répercuter toutes les baisses sur les rayons.
05:11Et ça, pour le faire, il faut nous permettre de négocier avec ces grandes entreprises.
05:14Alors justement, les négociations, ça va reprendre.
05:16Est-ce qu'il faut s'attendre, oui ou non, à une nouvelle flambée des prix en 2025 ?
05:19L'inflation alimentaire, elle n'est pas aussi rassurante que l'inflation générale.
05:23Ça repart un peu à la hausse.
05:24Alors non, il ne faut pas du tout s'attendre à une inflation extrêmement forte sur l'alimentaire.
05:28Il va y avoir des négociations.
05:30Il va y avoir des baisses sur plusieurs typologies de produits.
05:34Donc on est plutôt, effectivement, là vraiment sur un reflux de l'inflation.
05:40Par contre, la loi, la loi Egalim, a permis aux grands industriels, justement, d'avoir ces stratégies de marge.
05:47Et il faut modifier la loi pour nous permettre de mieux négocier avec les grands industriels.
05:51Juste les industriels que vous mettez en cause.
05:53De qui parle-t-on ? Est-ce qu'on peut se dire les choses ?
05:55Oui, on parle des grandes firmes, Procter & Gamble, Coca-Cola, les grandes firmes internationales
05:59qui, elles, réussissent à avoir des énormes profits.
06:04Il suffit de regarder leur compte d'exploitation.
06:07Et qui ont réussi, dans la loi Egalim et par un lobbying, à dévoyer un petit peu l'esprit de la loi
06:13qui était de protéger la rémunération des agriculteurs en protégeant leurs marges.
06:18Par exemple, moi j'ai deux mesures simples pour le pouvoir d'achat.
06:21Qui est de revenir sur l'encadrement des promotions des produits d'hygiène-beauté.
06:26Vous savez que grâce au lobbying des grands industriels, aujourd'hui, on ne peut plus, nous, la grande distribution,
06:31on ne peut plus faire des grosses promotions sur la lessive, les couches-culottes, le shampoing.
06:35Et donc, on demande au gouvernement, ça c'est une mesure extrêmement simple, de bon sens,
06:39vous revenez sur cette disposition et dès le 1er mars 2025, on retrouvera en rayon des énormes promotions
06:44pour les français, ça soulagera immédiatement le portefeuille.
06:47J'ai deux questions rapides, s'il vous plaît. En avril dernier, vous étiez engagé à mettre en place le principe d'origine info.
06:51Vous vous souvenez de ça ? Un logo qui devait être choisi au mois de mai, une expérimentation cet été.
06:55Vous l'avez vu, vous, l'origine info, en rayon ou pas ?
06:57Alors, on a énormément travaillé, effectivement, avec le gouvernement précédent sur le sujet d'origine info.
07:02On a encore des paramètres juridiques à vérifier sur ce sujet.
07:06Mais c'est pour quand, en vrai ?
07:07Sur ce sujet, il est non seulement en train d'être expérimenté dans certaines enseignes,
07:11donc le travail est en train d'être fait, et nous sommes en train, évidemment, avec la nouvelle ministre,
07:15chaque enseigne, de regarder le calendrier de déploiement.
07:18Ça sera quand partout ?
07:19Il n'y aura pas une date unique pour tout le monde.
07:21C'est-à-dire que les enseignes vont le déployer chacune selon leur propre stratégie commerciale
07:24et selon leur propre calendrier.
07:26Et une dernière question très rapide, très pratique, ça concerne les tickets-restos.
07:29Les restaurateurs militent pour que les consommateurs ne puissent plus les utiliser dans les supermarchés
07:33à partir du 1er janvier. Que leur répondez-vous ?
07:36Que c'est un coup de main d'arrière-garde et qu'il serait temps d'entrer, effectivement, dans la modernité.