Layla Rahhou, déléguée générale de la FCD, la Fédération du commerce et de la distribution, est l'invitée éco de franceinfo mardi 16 avril 2024.
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00:00 Bonsoir à toutes et à tous, la Fédération du commerce et de la distribution, la puissante FCD,
00:05 regroupe toutes les grandes enseignes de Leader Price à Carrefour en passant par Auchan, Framprix et Casino,
00:11 rejoint récemment par Intermarché et Leclerc, bref quasiment toute la grande distribution.
00:16 Et la FCD change de tête. Laïla Rahou, bonjour.
00:19 Bonjour.
00:20 Vous en êtes la toute nouvelle déléguée générale en poste depuis 24 heures,
00:24 en remplacement de Jacques Ressel que l'on connaît bien ici à France Info.
00:28 Une proposition de loi écologiste sur la mise en place de prix plancher a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale
00:35 il y a 10 jours contre l'avis du gouvernement.
00:38 Vite adoptée, vite enterrée, elle n'a aucune chance de voir le jour à votre avis ?
00:42 Nous espérons qu'elle n'a aucune chance de voir le jour. A priori, effectivement, la PPL va être abandonnée.
00:48 La proposition de loi ne connaîtra pas la fin de la navette parlementaire parce que les procédures parlementaires sont très longues.
00:54 Mais nous nous en réjouissons parce que ça fait partie effectivement des mauvaises idées pour aider à mieux rémunérer les agriculteurs.
01:02 Nous sommes évidemment contre cette proposition et nous y sommes opposés, mais nous ne sommes pas les seuls.
01:07 La FLSEA par exemple aussi s'y est opposée.
01:09 Et le gouvernement aussi.
01:10 Et le gouvernement aussi s'y est opposé.
01:12 L'intérêt est aujourd'hui de regarder comment réparer la loi EGalim qui malheureusement a beaucoup de défauts aujourd'hui.
01:19 Et nous allons y revenir probablement dans notre échange.
01:21 Oui, effectivement, puisque ça doit être une de vos priorités.
01:24 Qu'est-ce que vous allez défendre pour la mise en place d'EGalim 4, nouvelle version d'EGalim qui est attendue pour l'été,
01:30 qui est censée améliorer les relations commerciales entre industriels et acteurs de la grande distribution que vous représentez aujourd'hui ?
01:36 Qu'est-ce que vous, précisément, vous allez défendre ?
01:39 Eh bien, j'ai rejoint la FCD en 2020.
01:42 Donc ça fait à peine trois ans et demi que je suis à la FCD.
01:45 J'en prends la tête et je suis déjà ma quatrième loi sur les relations commerciales.
01:48 Le problème des EGalim, c'est que le principe fondamental de la loi EGalim 2, qui posait le principe d'EGalim,
01:56 Donc des négociations.
01:57 Des négociations commerciales, était une protection de la rémunération des agriculteurs.
02:01 Et pour ce faire, il devait y avoir un contrat entre l'agriculteur et l'industriel.
02:06 Puis l'industriel qui donne au distributeur la part de matières premières agricoles en toute transparence,
02:11 et le distributeur qui ne la négocie pas.
02:13 Le principe est très simple, sauf qu'il n'y a ni contrat, ni transparence.
02:18 Il n'y a pas de transparence.
02:19 Et donc la loi ne fonctionne pas.
02:20 Il n'y a pas de transparence des deux côtés, côté distributeur comme côté industriel.
02:24 Vous êtes deux dans un reflet de pour signer un accord.
02:26 Alors c'est l'industriel qui vient nous expliquer à combien il a acheté la matière première agricole.
02:31 Donc c'est à lui d'avoir un effort de transparence envers nous.
02:34 Nous, on est assez transparent de manière générale, on publie nos comptes, on publie même nos marches par rayon.
02:39 Vous êtes en train de dire qu'il y a certains industriels qui ne publient pas leurs comptes.
02:42 Oui, tout à fait.
02:43 Donc voilà, le sujet de la transparence, c'est le sujet de l'industriel.
02:47 C'est de nous montrer, mais pas sur tout ce qu'il achète, mais simplement sur la matière première agricole.
02:52 Notamment la principale, dans les produits, on n'a pas demandé la composition du sel.
02:57 On a demandé la principale matière première agricole, elle doit être transparente,
03:01 pour qu'on puisse la rémunérer et être sûr qu'elle revient bien à l'agriculteur.
03:05 Et donc ça, vous allez le demander précisément dans le cadre de la nouvelle version de la loi EGalim.
03:11 Oui, c'est ce que nous allons demander pour la nouvelle version de la loi EGalim.
03:14 Exactement, quelle est la part qui doit revenir au producteur, quel est le coût de la matière première ?
03:19 Exactement, parce qu'on ne l'a pas et le législateur nous demande de créer des clauses d'indexation,
03:24 à la hausse, à la baisse, en fonction des cours et des marchés des matières premières agricoles,
03:27 sur une matière agricole qu'on ne connaît pas.
03:30 Alors, sauf que les industriels, ils vous répondent que désormais vous passez par des centrales d'achat européennes.
03:34 Et finalement, que les dés sont pipées et que ces négo-commerciels ne servent pas à grand-chose,
03:38 puisque finalement c'est ailleurs que ça se passe.
03:40 Alors, il faut bien savoir que les centrales d'achat européennes ne négocient qu'avec les grands industriels,
03:46 les 40 plus grands industriels ne négocient absolument pas avec les agriculteurs,
03:50 et négocient sur des produits qui ont très peu de matière première agricole,
03:53 ou alors de la matière première agricole souvent pas française.
03:56 Donc, le sujet de la matière première agricole, il est dans les négociations en France, il n'est pas à l'Europe.
04:02 Alors, la FCD compte 20 000 magasins de proximité dans le pays contre 2300 hypermarchés.
04:08 Or, quand on regarde par exemple les résultats de Carrefour, qui est un de vos adhérents,
04:11 les magasins de proximité représentent 79% du parc, mais seulement 18% du chiffre d'affaires.
04:17 Est-ce que le modèle n'est pas remis en cause avec le dispositif ZAN,
04:21 zéro artificialisation des soldes que vous dénoncez en partie ?
04:25 Alors, il y a une mutation évidemment des formats de magasins qui est en oeuvre.
04:29 On remet en cause, enfin le modèle de l'hypermarché a été beaucoup remis en cause,
04:33 mais en réalité pendant la crise inflationniste, on a vu qu'il a été très plébiscité par les Français.
04:38 L'important effectivement pour les enseignes est de trouver le bon modèle en fonction de leur stratégie commerciale.
04:44 La difficulté du zéro artificialisation net...
04:47 C'est que vous ne pouvez pas créer de nouveaux hypermarchés.
04:48 C'est qu'on ne peut pas créer sur des terres non artificialisées.
04:51 Il faut qu'on construise sur du foncier qui est déjà artificialisé.
04:55 Et ce foncier, généralement, c'est nos parcs de stationnement, nos parkings.
04:58 Et vos parcs de stationnement, ils sont mobilisés ?
05:01 Ils sont mobilisés puisqu'ils vont devenir des centrales photovoltaïques
05:04 pour aider le gouvernement à respecter sa trajectoire de la loi énergétique.
05:09 C'est ça, donc c'est la loi climat résilience qui a été promulguée en août 2021
05:14 qui demande l'installation de panneaux photovoltaïques
05:17 pour les entrepôts, les hangars et les parkings de plus de 500 m².
05:21 Alors ça, oui, c'est la première loi.
05:22 Puis il y en a eu une deuxième, il y a eu la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables
05:26 qui est venue s'additionner à cette première loi.
05:28 On doit installer effectivement des panneaux photovoltaïques
05:31 sur l'ensemble des places de stationnement de nos places de parking et de notre voiture.
05:37 Non seulement, évidemment, c'est difficile à faire dans les temps qui nous sont impartis
05:41 puisqu'on nous a demandé entre 2 et 4 ans pour le faire
05:44 et les décrets d'application ne sont toujours pas sortis.
05:46 Donc ça, c'est une première difficulté.
05:47 La deuxième difficulté, c'est qu'on va mobiliser l'entièreté de notre foncier disponible
05:53 qui pouvait nous servir justement à faire tous ces projets de transformation des magasins
05:57 puisque les business models, encore une fois, doivent changer.
06:00 Qu'on doit transférer des m², qu'on doit rénover des magasins.
06:03 Et tout ça en plus, alors que le gouvernement annonce qu'il veut lancer une filière photovoltaïque française
06:09 à laquelle finalement on ne pourra pas participer, qu'on ne pourra pas tirer avec nos achats
06:14 puisqu'elle interviendra après qu'on ait acheté les panneaux.
06:17 Donc on va devoir se fournir en Chine, ce qui est vraiment dommageable.
06:20 - Et alors, c'était les parkings de plus de 5000 m² et non 500.
06:23 Alors qu'est-ce que vous allez faire du coup ? Parce qu'on voit un business model qui s'essouffle.
06:28 Qu'est-ce que vous allez faire ? C'est quoi un petit peu l'enjeu, les objectifs de la fédération que vous représentez aujourd'hui ?
06:36 - L'enjeu pour les enseignes, c'est de rénover les magasins d'abord.
06:41 De les rendre plus attractifs, il y aura de plus en plus de services dans les magasins.
06:44 - Est-ce que ce sont des magasins vieillissants, parfois ?
06:47 - Parfois, parfois, pas toujours.
06:48 Il y a des magasins, justement, les magasins rénovés fonctionnent très bien.
06:51 De regarder comment certains mètres carrés peuvent être transformés pour soit du service, soit de l'entreposage.
06:56 Et regarder comment on peut aussi transférer une partie de ces mètres carrés au sein, effectivement, de l'espace foncé dont on dispose.
07:03 Donc, c'est des projets d'enseignes.
07:05 Chacune, évidemment, a ses propres projets de développement pour correspondre au mieux aux attentes des Français.
07:11 Mais, évidemment, cette rénovation, elle est essentielle pour attirer encore les gens en magasin.
07:15 - Et donc, ça veut dire qu'aujourd'hui, les services, enfin les magasins de proximité, on arrive un petit peu à la limite ?
07:20 - Non, les magasins de proximité fonctionnent toujours très bien en centre-ville ou même en périphérie.
07:26 C'est un modèle, ce n'est pas un modèle qui s'essouffle, c'est un modèle qui fonctionne très bien également.
07:31 - Merci beaucoup, Laila Raoult.
07:33 Nouvelle déléguée générale de la Fédération du Commerce et de la Distribution, vous étiez l'invitée Echo de France Info ce soir.