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Claire Tutenuit, déléguée générale de l’Association française des Entreprises pour l’Environnement (EPE) est l'invitée éco de franceinfo, lundi 21 octobre, alors que débute la COP16 des Nations Unies sur la biodiversité.

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Transcription
00:00Bonsoir à toutes et à tous. Comment préserver la biodiversité ? C'est tout l'enjeu de la COP16 des Nations Unies sur la biodiversité qui s'ouvre aujourd'hui à Cali, en Colombie.
00:14Les entreprises ont-elles un rôle à jouer ? Quelle doit être leur action ? Claire, tu te nuis, bonsoir.
00:20Bonsoir Isabelle.
00:21Vous siégez au Conseil économique, social et environnemental au titre de l'Association française des entreprises pour l'environnement dont vous êtes la déléguée générale.
00:30Les quelques 200 pays membres de la Convention de l'ONU sur la biodiversité se sont fixés des objectifs il y a deux ans.
00:36Préserver 30% des terres et des mers, restaurer 30% des écosystèmes dégradés. L'association que vous animez est constituée de très grandes entreprises françaises.
00:48Air France, Total, EDF. Comment participent-elles concrètement à la préservation de la biodiversité ? Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples précis ?
00:57Oui, tout à fait. Elles sont effectivement très engagées, certaines par obligation en France.
01:03Et c'est comme ça que ça a commencé en fait, les cimentiers, les gens qui ont des carrières, les infrastructures linéaires, les autoroutes de Vinci ou les trains de la SNCF.
01:11Quand on fait des grands chantiers, ça donne lieu à des compensations, donc à une restauration d'espace équivalent à ce qui a été affecté.
01:18Ça c'était l'histoire, mais depuis elles ont fait beaucoup d'autres choses.
01:22Et vous avez maintenant des grandes entreprises du luxe qui font extrêmement attention au respect de la biodiversité dans les endroits où sont cultivées leurs matières premières.
01:31On peut penser à Kering avec le cachemire ou la laine, à LVMH avec les champagnes, enfin les boissons et les cognacs.
01:38Ce que vous dites, c'est qu'il y a un certain nombre d'entreprises qui ont une obligation légale de faire attention, notamment les cimentiers. Il y en a d'autres qui le font, pour quelles raisons ?
01:45Il y en a d'autres qui le font d'abord pour la qualité, parce que souvent des produits qui ont été cultivés dans des bonnes conditions de biodiversité, pas de surpâturage, pas trop d'intrants chimiques, sont aussi meilleurs en qualité, en goût.
02:01Il peut y avoir un vrai intérêt business.
02:04Et il y en a qui le font par souci de la biodiversité, parce que bien souvent, ça ne coûte pas très cher pour la bio de faire mieux.
02:13Vous avez par exemple un espace vert d'entreprise.
02:16Vous pouvez soit le tondre à rat tous les 15 jours pour que ça soit un terrain de golf, soit laisser une frichelerie, une petite mare, un espace un peu naturel.
02:26C'est plus intéressant, même pour les employés ou les visiteurs, si c'est expliqué en particulier.
02:32Et donc on peut faire, même quand une petite entreprise peut faire des choses intéressantes.
02:36Et vous avez l'impression que les entreprises ont évolué sur ce sujet ? J'ai vu que l'association existait depuis 2006.
02:42L'association existe depuis même 1992, donc elles ont beaucoup évolué sur le sujet.
02:47Encore que c'était déjà dans la première convention sur la biodiversité, date de 1992.
02:52Donc le sujet était sur la table.
02:54Mais c'est vrai que c'est un sujet un peu difficile, on ne sait pas très bien le mesurer.
02:57Est-ce que c'est surtout les espèces menacées ? Est-ce qu'il faut s'occuper des éléphants ?
03:01Qu'est-ce que ça a comme rapport avec notre business ?
03:03Donc ça, ça a beaucoup évolué.
03:06Et aujourd'hui, elles ont toutes fait l'analyse qu'elles étaient concernées à un titre ou à un autre, par leur site,
03:13par les impacts de leurs produits, par les déchets, les produits qui peuvent rester ensuite dans la nature,
03:19par leurs approvisionnements, qu'elles sont toutes très concernées.
03:24Mais il y a quand même des paradoxes, Claire Dutenuy.
03:27Ce sont ces mêmes entreprises qui participent parfois à la dégradation de la biodiversité.
03:32Quand on voit que des micro-particules de plastique de pneus Michelin se retrouvent dans les océans,
03:36quand les navires de CMA-CGM entrent en collision avec des mammifères marins, comment est-ce qu'elles gèrent ces paradoxes ?
03:42Alors, c'est effectivement des paradoxes.
03:44Donc on en entend parler parce qu'elles en sont conscientes et elles font un certain nombre de choses.
03:49Donc Michelin travaille énormément sur la structure de ces pneus et les produits qu'ils mettent dedans
03:54pour faire en sorte que les micro-particules qui s'en échappent au freinage soient effectivement moins nocives ou moins abondantes.
04:01Donc il y a des efforts de recherche.
04:03Après, elles ne vont pas être éliminées directement, mais au moins savoir ce qui va partir.
04:07Les collisions avec les requins, avec les cétacés essentiellement,
04:11les navires peuvent s'équiper de sonars, d'appareillages pour détecter au moins des bancs ou des choses comme ça, des groupes,
04:19et donc pouvoir dévier ou ralentir un peu.
04:23Donc il y a une vigilance qui est exercée avec beaucoup d'actions par différentes entreprises.
04:31Avec une prise de conscience, avec des actions.
04:33Mais là, on a parlé depuis le début de cette interview de grandes entreprises.
04:36Qu'en est-il des petites ? Est-ce qu'on en est toujours au stade de la sensibilisation ?
04:41Pour certaines, oui.
04:43Parce qu'en fait, les impacts sur la biodiversité ou les effets sur la biodiversité peuvent être extrêmement lointains.
04:49Ils ne se rendent pas compte, ils estiment que non.
04:52Moi, je suis dans un bureau.
04:54Quel est l'impact de France Info sur la biodiversité ?
04:57Aujourd'hui, il y a un impact positif.
04:59Bravo.
05:00Puisqu'on en parle.
05:01Mais je veux dire qu'autrement, ce n'est pas très facile à voir.
05:04Il y a un peu de bois, etc.
05:06Il y a ce qu'on mange à la cantine.
05:08Oui, bien sûr, il y a une cantine, on mange quelque chose.
05:10Donc là, il peut y avoir un impact.
05:12Mais c'est quand même très lointain.
05:13Qu'est-ce qu'on fait vis-à-vis des chefs d'entreprise, des petites structures ?
05:16L'Office français de la biodiversité a engagé un programme entreprise engagé pour la nature,
05:22avec justement une charte pour des entreprises pour faire attention à leurs sites,
05:26à leurs approvisionnements, à leurs locaux, etc., à leurs déchets.
05:31Et donc ça, ça donne une sensibilisation très large.
05:35EPE, de son côté, a lancé en 2018, notre association,
05:39Entreprises pour l'environnement, une initiative qui s'appelle Act for Nature,
05:43et qui a consisté précisément à diffuser dans l'ensemble du corps social de ces grandes entreprises
05:50le sujet de la formation, de la réalisation des partenariats avec des ONG, du financement, etc.
05:57Et vis-à-vis des chaînes d'approvisionnement, et donc notamment des plus petites structures, des fournisseurs.
06:02Et ça peut passer par ça ?
06:04Ça peut passer maintenant assez souvent par la transition écologique, comme le climat.
06:10Par le cahier des charges ?
06:11Par le cahier des charges, par de l'accompagnement parfois de fournisseurs
06:16à changer de méthode ou à changer de type de produit, etc.
06:20Et donc ça ne concerne pas que les grandes entreprises ?
06:22Donc ça concerne tout le monde et ça concerne les personnes aussi.
06:25Les personnes dont nous faisons partie.
06:28Merci beaucoup Claire Tuttenhuy, déléguée générale de l'association Entreprises pour l'environnement.
06:32Invité ECHO de France Info ce soir à l'occasion de l'ouverture de la COP16 des Nations Unies sur la biodiversité.

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