La Conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban se tient à Paris à l'initiative de la France. Écoutez Jean-Noël Barrot, le nouveau ministre des Affaires étrangères.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 23 octobre 2024.
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00:00Et tout de suite, l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Jean-Noël Barraud.
00:11Bonjour.
00:12Musique.
00:15Les Américains pour commencer, car dans 15 jours, à cette heure-là, on connaîtra en principe le nom du gagnant ou de la gagnante de la prochaine présidentielle américaine.
00:23Donald Trump semble avoir de nouveau le vent dans le dos.
00:26La victoire de Trump serait-elle la catastrophe que certains redoutent ?
00:29Les Etats-Unis, ce sont nos alliés de très longue date et donc nous prendrons le président que les citoyens américains nous donneront.
00:37Mais vous savez, la France n'indexe pas ses positions sur la vie politique américaine.
00:42L'Europe non plus d'ailleurs, puisque sous l'impulsion de la France, elle a commencé à bâtir les conditions de sa propre autonomie.
00:47On a quand même l'impression qu'hors micro, la France vote plutôt Kamala Harris que Donald Trump.
00:51Vous savez, l'amitié franco-américaine a deux siècles et elle a survécu à 59 élections présidentielles américaines.
00:58Elle survivra à une soixantième.
01:00Absolument.
01:01Trump qui a affirmé que l'attaque du 7 octobre en Israël n'aurait jamais eu lieu s'il avait été au pouvoir.
01:05On sait aussi que le résultat de cette élection américaine pourra peser sur le conflit au Proche-Orient.
01:09On a besoin d'une clarification nette et précise sur le sujet.
01:12Emmanuel Macron a-t-il aujourd'hui un problème avec Israël ?
01:16Aucun problème. Emmanuel Macron porte la voie de la France qui est constante et qui est ferme.
01:22C'est celle du droit international et de la justice.
01:26Et bien que la situation au Proche-Orient soit compliquée,
01:31et bien que le peuple français soit un peuple ami du peuple israélien, du peuple juif,
01:37ça n'est pas faire offense au peuple d'Israël et au peuple juif
01:42que de rappeler au gouvernement israélien qu'il doit se conformer au droit international,
01:47permettre l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire à Gaza ou au Liban,
01:51s'abstenir de porter atteinte au casque bleu de la finule au Liban,
01:57s'abstenir de s'en prendre aux dirigeants des Nations Unies comme le secrétaire général,
02:02ou encore mettre fin à sa politique de colonisation qui s'est beaucoup accélérée ces dernières années.
02:07Donc c'est quoi, une ligne fermée à mitraille, c'est ça ?
02:09Vous savez, la ligne de la France, elle est toujours la même,
02:12que ce soit au Proche-Orient, en Ukraine, en Arménie, au Soudan, en Afghanistan, en Irak,
02:18c'est celle de la justice et du droit international.
02:23La France, elle fait souvent des phrases, et pour les actes, des fois, il faut attendre.
02:26Pourquoi la France, qui répète donc qu'elle est pour une solution à deux États,
02:29ne reconnaît-elle pas l'État de Palestine, comme l'ont fait beaucoup d'autres pays, y compris européens ?
02:33Je ne peux pas vous laisser dire que la France ne fait que des phrases et qu'elle n'agit pas.
02:37Et notamment dans le cas de Gaza, que vous citez.
02:40Puisqu'il y a un an, c'est la France qui, la première, a organisé une conférence internationale en soutien à Gaza,
02:45qui a permis de lever un milliard d'euros.
02:47C'est la France qui est le premier pays occidental à avoir soigné des blessés gazaouis
02:50sur le porte-hélicoptère que nous avions déployé sur place.
02:53C'est encore la France qui a été motrice pour que des sanctions soient adoptées
02:56à l'encontre des colons extrémistes et violents en Cisjordanie.
03:00Et la France est aujourd'hui l'un des très rares pays du monde
03:04qui soutient directement l'autorité palestinienne.
03:07Et oui, nous plaidons pour que, dans la région,
03:10on puisse cheminer vers une solution à deux États,
03:13avec un État de Palestine qui vive en paix et en sécurité aux côtés d'Israël.
03:17Pourquoi ne pas reconnaître cet État aujourd'hui, puisque c'est un État de fête ?
03:19Parce que la reconnaissance de la France, nous la concevons, le Président de la République l'a dit,
03:23comme un moyen d'obtenir des reconnaissances collectives,
03:26le plus grand nombre possible de reconnaissances de l'État de Palestine,
03:29et réciproques, c'est-à-dire des reconnaissances également de l'État d'Israël,
03:33avec des garanties de sécurité pour ces deux États qui doivent pouvoir vivre en paix durablement.
03:38Et pendant ce temps-là, Jean-Noël Barreau, les frappes israéliennes au Liban se poursuivent.
03:41D'ailleurs, ce matin même, l'armée israélienne appelle à évacuer des secteurs de tir
03:44avant une nouvelle opération dans le sud du Liban.
03:47Les Israéliens qui affirment avoir tué celui qui devait succéder à Hassan Nasrallah,
03:50il s'appelait Hachem Safieddine.
03:52Est-ce que vous soutenez, est-ce que la France soutient Israël dans cette guerre contre le Hezbollah ?
03:56C'est le Hezbollah qui a entraîné le Liban dans cette guerre,
04:00en le précipitant dans le chaos.
04:02En décidant, après le 7 octobre, au lendemain du 7 octobre,
04:06de faire pleuvoir le feu de Serocat sur Israël.
04:09Ce que nous souhaitons aujourd'hui, dans l'intérêt du Liban,
04:13qui est un pays cher à la France, dans l'intérêt d'Israël,
04:15c'est qu'un cessez-le-feu puisse intervenir immédiatement
04:18pour que nous puissions mettre en œuvre cette résolution 1701.
04:22Est-ce que la France soutient Israël dans sa lutte contre le Hezbollah,
04:24comme elle a pu soutenir Israël dans sa lutte contre les terroristes du Hamas ?
04:27Je vous le dis, la position de la France, c'est d'appeler aujourd'hui immédiatement
04:30un cessez-le-feu au Liban,
04:32de manière à ce que puisse être mise en œuvre ce qu'on appelle,
04:34dans le jargon diplomatique, la résolution 1701 des Nations Unies,
04:38qui permet de garantir, d'un côté, la souveraineté et l'unité du Liban,
04:42et de l'autre, de donner les garanties de sécurité à Israël
04:45pour que les 60 000 personnes qui ont dû quitter leur foyer
04:48après le 7 octobre, dans le nord d'Israël, puissent y retourner.
04:51Vous n'avez pas répondu à ma question, on est d'accord.
04:53J'ai répondu à votre question, la position de la France,
04:55c'est que cette guerre au Liban doit cesser.
04:57Il n'y a pas de soutien pour des agressions de part et d'autre de la ligne bleue.
05:01Aujourd'hui, c'est la solution diplomatique qui doit primer.
05:04L'Iran est-elle, selon vous, selon la France,
05:06un interlocuteur pour aider le Liban à se relever,
05:08ou c'est un ennemi du Liban aujourd'hui, l'Iran ?
05:10L'Iran, c'est un acteur de déstabilisation régionale,
05:14qui a été un soutien pour le Hamas,
05:17qui s'est rendu coupable du pire massacre antisémite de notre histoire,
05:20et qui a sans doute encouragé le Hezbollah
05:23à embrayer dès le 8 octobre,
05:25en entraînant le Liban dans une guerre qu'il n'avait pas choisie.
05:28Demain, la France va organiser une conférence de soutien à la population libanaise,
05:31pour tenter d'organiser l'aide humanitaire pour ce pays.
05:34Vous l'aviez fait, vous le disiez, l'an dernier, pour Gaza.
05:37Vous avez bon espoir que cette aide puisse être concrètement acheminée sur place,
05:40parce que c'est le problème qu'on a à Gaza.
05:42Le Liban a besoin de la France, et la France ne lui fera pas défaut.
05:45Cette conférence internationale de soutien à la population
05:48et à la souveraineté libanaise,
05:50elle sera ouverte demain par le Président de la République.
05:53Elle verra la participation de 70 pays
05:56et de 15 organisations internationales.
05:59Tous ceux que nous avons invités ont répondu présent.
06:01Elle aura pour objectif d'abord de réaffirmer la nécessité d'un cessez-le-feu
06:04et d'une résolution diplomatique et d'une fin des hostilités,
06:08de mobiliser l'aide humanitaire du plus grand nombre de pays possible,
06:11et de soutenir les institutions libanaises,
06:13et au premier rang desquelles, les forces armées libanaises,
06:15qui jouent aujourd'hui et joueront demain un rôle décisif
06:18pour la stabilisation du pays.
06:19Jean-Noël Barreau, monsieur le ministre des Affaires étrangères.
06:21Vous étiez en Ukraine, sur le front, le week-end dernier,
06:23pour rapporter, comme vous l'avez dit, encore et toujours votre soutien
06:26à la résistance de l'Ukraine contre l'agression russe.
06:28Sauf que, il y a quelques minutes,
06:30le secrétaire général de l'ONU, António Guterres,
06:32il vient de se poser en Russie,
06:34et demain, il va rencontrer Vladimir Poutine
06:36pour la première fois depuis deux ans.
06:38Ça fait un peu symphonie dissonante quand même.
06:40Vous comprenez cette rencontre entre Guterres et Poutine ?
06:44J'étais effectivement ce week-end en Ukraine,
06:46assoumis dans le nord-est du pays,
06:48à quelques kilomètres de la ligne de front.
06:50Ce qui m'a profondément marqué,
06:52et je profite d'être sur votre antenne pour en témoigner,
06:54sont d'abord les profondes morsures de la guerre.
06:57Je les ai vues sur les corps des soldats
06:59qui ont été mutilés au combat,
07:01et je les ai entendues dans les récits des enfants
07:04qui ont été déportés ou arrachés à leur famille par cette guerre.
07:07Mais du coup, est-ce que c'est le moment d'aller serrer la main de Vladimir Poutine ?
07:10Ce qui m'a frappé aussi,
07:12c'est l'importance vitale du soutien
07:15que la France apporte à l'Ukraine depuis deux ans et demi,
07:17dans le domaine militaire,
07:19dans le domaine humanitaire et civil,
07:21ou encore dans le domaine financier.
07:23La position de la France aujourd'hui,
07:25c'est que nous devons continuer à soutenir les Ukrainiens
07:27pour qu'ils puissent, le moment venu,
07:29et dans les conditions qu'ils jugeront pertinentes,
07:31ouvrir des négociations de paix.
07:33Est-ce que la poignée de main entre António Guterres et Vladimir Poutine vous gêne ?
07:36Ce qui me gêne, Thomas Soto,
07:38c'est que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité,
07:41et garant comme la France de l'ordre international,
07:44fondé sur le droit que nous avons bâti ensemble en 1945,
07:48le viole délibérément aujourd'hui
07:50en s'en prenant à son voisin
07:52et en s'autorisant à violer les frontières de l'Ukraine.
07:58Donc la Russie n'est pas un interlocuteur pour la France aujourd'hui ?
08:00Elle ne remplit pas les conditions ?
08:02Si la Russie doit participer à des discussions de paix,
08:05comme les Ukrainiens l'ont suggéré,
08:07nous y sommes favorables,
08:09mais à condition qu'elle change radicalement son discours,
08:11qu'elle adopte le langage, la grammaire
08:13de la justice et du droit international.
08:15Vous êtes un ministre qui voyage beaucoup,
08:17vous êtes parfois rattrapé par la politique française.
08:19Un possible recours au 49.3
08:21sera au milieu du Conseil des ministres aujourd'hui,
08:23c'est ce qu'on apprend à l'instant de la bouche
08:25de la porte-parole du gouvernement.
08:27Vous êtes favorable à ce 49.3, pour faire avancer les choses ?
08:29Le Premier ministre a été très clair,
08:31il souhaite que les débats puissent se tenir
08:33le plus longtemps possible au Parlement.
08:35Le 49.3 est une option,
08:37je comprends que ce n'est pas l'option qui privilégie,
08:39et dans tout état de cause,
08:42si un 49.3 devait intervenir,
08:44la responsabilité du gouvernement
08:46sera à ce moment-là engagée
08:48sur la base d'un texte qui tiendra compte
08:50des amendements des parlementaires.
08:52Je le redis, si à un moment donné
08:54un 49.3 doit être engagé,
08:56c'est un outil constitutionnel,
08:58ce sera sur la base d'un texte dont je sais
09:00que le Premier ministre aura à cœur
09:02qu'il intègre les enrichissements du Parlement.
09:04Dernière question, je tiens à vous la poser
09:06pour ne pas qu'on les oublie, même si je crains de connaître la réponse.
09:08Avez-vous des nouvelles, des preuves de vie
09:10ou quoi que ce soit, concernant Ofer Calderon et
09:12Ohad Yahalomi, qui sont nos deux otages franco-israéliens
09:14enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 ?
09:16Nous continuons,
09:18comme nous l'avons fait depuis deux ans et demi,
09:20d'appeler à la libération inconditionnelle
09:22de nos deux otages, et j'ai une pensée pour eux,
09:24retenue dans l'enfer de la captivité,
09:26pour leurs familles et pour leurs proches.
09:28Vous n'avez pas de nouvelles ?
09:30Quand j'aurai des nouvelles à vous donner, je viendrai le faire sur votre plateau.
09:32Merci Jean-El Barraud d'être venu ce matin sur RTL.