Le ministre délégué chargé de l'Europe s'est exprimé dans franceinfo soir au lendemain de la présentation par le gouvernement du projet de loi de finances 2025.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonsoir Benjamin Haddad, vous êtes macroniste, vous aviez rejoint Emmanuel Macron dès 2017
00:05et vous êtes désormais ministre délégué aux affaires européennes.
00:08Or aujourd'hui, la diplomatie française, le ministre des affaires étrangères a convoqué
00:13l'ambassadeur d'Israël en France après, je cite le communiqué du Quai d'Orsay,
00:17des tirs israéliens délibérés contre la force de maintien de paix de l'ONU au Liban.
00:22Deux casques bleus ont été blessés, dont un grièvement ce vendredi.
00:26Qu'est-ce que vous attendez de cette convocation ?
00:29Bon déjà, l'Affinu, il faut rappeler ce que c'est, c'est une opération de maintien de la paix
00:32qui est au sud du Liban, qui avait été déployée notamment après la première guerre
00:37entre Israël et l'Hezbollah en 2006.
00:39On a 700 militaires français qui sont déployés, donc évidemment la sécurité de nos soldats
00:44qui sont engagés sur ces terrains et appuiment primordial pour la France.
00:48Donc le ministre des affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Israël pour rappeler
00:54évidemment l'importance de respecter la sécurité de ce déploiement, du déploiement de l'Affinu.
00:58Et puis ça s'inscrit plus généralement dans l'effort qui est fait par la diplomatie française,
01:02par le président de la République, par le ministre des affaires étrangères
01:05qui s'est rendu dans la région ces derniers jours, vous savez, pour tenter d'obtenir la désescalade
01:09dans la région et le retour du dialogue politique avec des règles très claires,
01:12la libération des otages à Gaza.
01:15On va revenir sur la ligne de la France, mais à court terme, cette convocation de l'ambassadeur,
01:19c'est un geste avant tout symbolique où la France a réellement les moyens de faire pression
01:23sur la politique israélienne.
01:25Mais c'est une fois de plus dans la continuité de la voix de la France
01:28qui porte dans cette région où on parle à nos partenaires,
01:30mais on peut avoir des dialogues francs pour faire entendre notre voix,
01:34faire entendre nos intérêts, nos impératifs de sécurité,
01:37notamment dans le cadre du déploiement de l'Affinu.
01:40Et une fois de plus, le ministre des affaires étrangères s'est rendu dans la région.
01:43Il a été en Israël lors de la date anniversaire de l'attaque barbare du 7 octobre,
01:48aussi pour exprimer la solidarité de la France.
01:49On a toujours deux otages qui sont retenus aux mains du Hamas.
01:52Mais qu'est-ce que vous attendez d'Israël aujourd'hui ?
01:53Par exemple, mardi, dans une vidéo, Benyamin Netanyahou a menacé le Liban
01:57de connaître des destructions et des souffrances comme celles de Gaza
02:01si le pays ne se débarrassait pas du Hezbollah.
02:04L'heure-là, elle semble plutôt être à l'escalade.
02:07Est-ce que vous appelez Israël clairement à la retenue au Liban ?
02:11Mais c'est encore une fois le message qui est porté par le président de la République,
02:15celui d'appeler à la désescalade, à la fin de ces tirs.
02:19Le ministre, d'ailleurs, a rappelé que c'est le Hezbollah qui avait commencé
02:23le lendemain du 7 octobre à tirer sur le territoire israélien.
02:27Il y a aujourd'hui près de 60 000 Israéliens du nord du pays
02:31qui sont déplacés en raison de ces tirs.
02:34On a appelé tous les acteurs à la retenue et surtout, encore une fois,
02:38à relancer une dynamique de dialogue politique dans la région.
02:41Parce que c'est ça qui se pose aussi à Gaza.
02:44Les conditions d'un cessez-le-feu pour lesquelles le président de la République se bat,
02:47c'est la libération des otages,
02:49l'acheminement de l'aide humanitaire vers les populations civiles.
02:52Et d'ailleurs, lorsque le ministre d'Affaires étrangères était au Liban aussi la semaine dernière,
02:55il a pu délivrer 12 tonnes d'aides humanitaires à la population civile du Liban.
02:59La protection des populations, évidemment, est une priorité de la France.
03:04Et après la relance d'un processus politique qui devra garantir la sécurité d'Israël,
03:09ce qui est un droit inaliénable.
03:10J'en parle quelques jours après l'anniversaire tragique, funeste du 7 octobre.
03:16Et bien sûr, un processus politique qui peut mener à la création d'un État palestinien
03:19qui vivra aux côtés d'un État israélien.
03:22Ça a toujours été le message de la France, vous savez, depuis même des décennies.
03:26C'est le message que continue à porter la diplomatie française.
03:28Justement, ce n'est pas très clair, parce que vous rappeliez les mots du président sur le Hezbollah.
03:32Mais on s'y perd un peu entre la position d'Emmanuel Macron après le 7 octobre,
03:35qui appelait une coalition internationale contre le Hamas.
03:39Parce que le 27 septembre, par exemple, la France n'a pas réagi à l'élimination de Hassan Nasrallah,
03:45le chef du Hezbollah, contrairement aux États-Unis, qui ont parlé d'une mesure du justice.
03:49Ensuite, le président a demandé de ne plus livrer d'armes à Israël à deux jours des commémorations du 7 octobre.
03:56Si la voix de la France est si peu audible, c'est peut-être aussi justement parce qu'elle n'est pas très claire, non ?
04:01Non, je crois que la voix de la France a toujours été très claire.
04:04Déjà, le président, naturellement, après le 7 octobre,
04:07avait condamné avec la plus grande fermeté l'attaque barbare du Hamas.
04:11Et puis après, a tout de suite tracé, une fois de plus, les conditions de l'aboutissement à un cessez-le-feu,
04:17la libération inconditionnelle des otages, et nous avons toujours deux otages français qui sont détenus,
04:23l'aide humanitaire, l'acheminement de l'aide humanitaire vers l'évacuation...
04:25Et l'arrêt des livraisons d'armes, ça fait partie de la ligne aussi ?
04:28Mais comme vous le savez, aujourd'hui, la France ne livre pas d'armes à Israël,
04:32elle livre seulement des composants défensifs qui sont utilisés dans le cadre du dôme de fer.
04:37Mais est-ce qu'elle demande aux États-Unis d'arrêter de livrer des armes ?
04:40Le dôme de fer qui permet de protéger les populations civiles israéliennes face aux tirs,
04:45notamment que ce soit du Hamas ou du Hezbollah.
04:47Mais elle demande aux États-Unis d'arrêter de livrer des armes ?
04:49Le président de la République s'était exprimé effectivement sur le sujet,
04:52mais une fois de plus, l'objectif, c'est, dans un cadre où, une fois de plus,
04:58le droit d'Israël à sa sécurité est évidemment inaliénable,
05:03et je le dis encore une fois, dans un contexte où, quelques jours après cet anniversaire du 7 octobre,
05:09de trouver les conditions d'un cessez-le-feu.
05:10Benjamin Haddad, le projet de loi de finances pour 2025 a été présenté hier,
05:14il prévoit 60 milliards d'efforts, dont 20 milliards de hausse d'impôts.
05:17Contribution exceptionnelle des plus hauts revenus pour une durée de 3 ans,
05:21tout de même, hausse de l'impôt sur les sociétés qui doit rapporter 8 milliards d'euros.
05:25Vous, le macroniste qui avez soutenu pendant 7 ans les baisses d'impôts sur les entreprises,
05:29est-ce que vous êtes à l'aise avec ce budget ?
05:31Oui, parce que c'est un moment de responsabilité, de crédibilité pour nos pays.
05:34Et je vous le dis en tant que ministre délégué aux affaires européennes,
05:37si on veut peser dans les grands débats européens de demain,
05:40de la question de la relance de la compétitivité sur notre continent,
05:45de l'Ukraine, tous ces grands sujets d'autonomie stratégique,
05:48la protection de nos industries, de nos technologies,
05:51on doit mettre de l'équilibre dans nos comptes publics.
05:53On doit se lancer dans ce projet de redressement.
05:57C'est un moment, effectivement, de responsabilité.
06:00On aura une baisse du déficit public de 60 milliards d'euros cette année,
06:04qui sera financée essentiellement à travers des réductions de dépenses.
06:08Evidemment, quand on est le pays qui a la dépense publique la plus élevée de l'OCDE,
06:13c'est sur la dépense publique et la réforme structuriste qu'il faut s'attaquer.
06:17Vous le dites vous-même, Benjamin Haddad, la France a perdu en crédibilité ces derniers mois,
06:22à cause notamment de ce pays qui a renvoyé l'image d'un pays qui a des finances à la dérive, non ?
06:27Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit.
06:28Ce que j'ai dit, c'est qu'en revanche, notre crédibilité...
06:30Vous disiez que c'était impératif de rétablir...
06:31Oui, parce que notre crédibilité, notre influence pour les débats qui vont avoir lieu,
06:35notamment, par exemple, on aura une nouvelle commission européenne dans les prochains mois,
06:38pour façonner l'agenda de cette commission.
06:41Effectivement, là, nous sommes scrutés, nous sommes attendus au tournant par nos partenaires
06:44sur cette question des comptes publics.
06:47Les partenaires européens, vous avez eu des retours, il a été bien perçu ?
06:50Oui, il est bien perçu, parce qu'effectivement, on voit qu'on prend au sérieux la question budgétaire,
06:54qu'on prend au sérieux la question de la dette.
06:55C'est un enjeu aussi de souveraineté, c'est un enjeu pour l'avenir de notre pays.
06:59Maintenant, vous l'avez rappelé effectivement tout à l'heure,
07:02nous avons mis ces dernières années le pays sur une trajectoire
07:05qui a permis de faire revenir les investissements étrangers.
07:07La France est aujourd'hui le premier pays d'accueil d'investissements étrangers,
07:11sur la voie de la croissance, ce qui n'est pas le cas d'ailleurs de certains de nos partenaires et voisins,
07:15qui eux sont en récession, notre pays est en croissance.
07:17Le chômage est au plus faible depuis 40 ans,
07:19et on a dû faire face à des crises absolument historiques,
07:22que ce soit la crise Covid, où on a soutenu nos ménages et nos entreprises,
07:25et évidemment, la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine,
07:27où on a protégé les Français face à l'inflation et à l'augmentation des prix de l'énergie.
07:30Mais maintenant, il faut aussi en tirer les conséquences et être capable de réduire notre dépense publique,
07:34et de le faire aussi à travers, et là je crois que le Premier ministre,
07:38le ministre des Finances et le ministre du Budget ont le courage aussi de dire que ça devait passer
07:42par des hausses d'impôts ciblées, temporaires,
07:45mais effectivement sur ceux qui le peuvent, c'est-à-dire certaines entreprises et certains ménages les plus riches.
07:49La France n'a même pas réussi à imposer son commissaire européen à Bruxelles,
07:53c'était censé être Thierry Breton, mais il a démissionné parce qu'Ursula von der Leyen,
07:57la présidente de la commission européenne qui est allemande,
08:00ne voulait pas de lui.
08:01Est-ce que la France est devenue l'homme malade de l'Europe ?
08:04Non, et d'ailleurs si vous regardez, même ne serait-ce que les chiffres...
08:07Cet épisode n'est pas significatif de la permanence de la France ?
08:10Ne serait-ce que même les indicateurs économiques, comme par exemple la croissance,
08:12nous sommes loin d'être l'homme malade de l'Europe, et aujourd'hui d'ailleurs,
08:16les difficultés économiques de l'eurozone ne sont pas liées à la France, au contraire.
08:20En revanche, si vous prenez cette question, Stéphane Séjourné,
08:24outre d'ailleurs ses qualités personnelles, quelqu'un qui connaît très bien Bruxelles,
08:27qui a été président de groupe au Parlement européen,
08:30qui a une relation de confiance avec le président de la République,
08:31mais aussi avec la présidente de la commission européenne.
08:34Ce que je trouve intéressant quand on regarde la répartition des responsabilités
08:38dans la nouvelle commission européenne, c'est de voir à quel point les thèmes,
08:41les priorités que nous portons, au fond, depuis le discours de la Sorbonne
08:45du président de la République en 2017, se reflètent aujourd'hui dans les priorités de la commission.
08:48Quand on parle de souveraineté industrielle, souveraineté technologique,
08:52quand on parle de défense, quand la présidente de la commission parle du nucléaire
08:56qui maintenant est enfin reconnu comme une énergie de décarbonation
08:59dans les énergies vertes de la commission européenne,
09:03ça, tout ça, c'était des gros mots. C'était interdit.
09:05Ce sont des thèmes que la France a portés.
09:07Nous avons créé des coalitions avec nos partenaires sur tout ce sujet depuis des années.
09:10Ça fait plus de deux ans et demi que la guerre en Ukraine dure.
09:13Hier, Volodymyr Zelensky a plaidé à nouveau à Paris pour que les Occidentaux
09:18l'autorisent à frapper profondément sur le territoire russe avec les armes de longue portée qu'on lui a fournies.
09:24Ça fait des mois qu'il le réclame. Il ne l'a toujours pas obtenu ?
09:28Oui, on a certains partenaires, comme vous le savez, les Britanniques, les Américains, qui sont opposés.
09:32Maintenant, je crois que nous, nous avons toujours été clairs que l'Ukraine se défend,
09:38que nous avons passé beaucoup de temps à fixer des lignes rouges à l'Ukraine.
09:41Je vous rappelle que pendant longtemps, on avait dit pas de chars, pas de missiles de longue portée, pas d'avions.
09:46Tandis que la Russie, elle, dans son agression illégale injustifiée, ne s'est fixée aucune ligne rouge.
09:50Donc, dans les cas de légitime défense, c'est-à-dire si vous avez des tirs qui viennent de cibles militaires de la Russie
09:58vers les infrastructures, parfois les infrastructures civiles ukrainiennes, les Ukrainiens sont en droit de pouvoir se défendre.
10:03Vous vous y êtes favorable.
10:04Au-delà de ça, effectivement, vous avez raison de rappeler que le président de la République a reçu le président Zelensky hier.
10:09Pour rappeler une fois de plus notre soutien, notre solidarité à l'Ukraine,
10:11nous formons aussi des militaires ukrainiens, 2500 militaires ukrainiens sur le territoire français.
10:16Vous croyez encore à la victoire de l'Ukraine ?
10:18Oui, et vous savez, d'ailleurs, l'enjeu aujourd'hui, le président ukrainien était très clair sur le fait qu'il est ouvert à des négociations.
10:27L'enjeu, c'est de créer un rapport de force le plus favorable possible sur le terrain pour mettre nos amis et alliés ukrainiens
10:35dans les meilleures conditions pour une négociation et de créer aussi une trajectoire claire pour des garanties de sécurité au sein de l'OTAN
10:43ou des garanties de sécurité les plus robustes possibles pour assurer la dissuasion et la stabilité sur le plus long terme
10:48et accompagner les Ukrainiens dans le chemin aussi vers l'Union européenne qui prendra le temps, qui prendra des réformes,
10:53mais sur lesquelles nous devons les accompagner.
10:56Les Ukrainiens aujourd'hui se battent évidemment pour leur souveraineté et leur liberté,
10:59mais se battent aussi pour la sécurité de l'Europe, pour la stabilité du flanc Est, pour aussi notre sécurité.
11:04Quand on pense au prix de l'alimentation, au prix de l'énergie, tout ça aurait un impact évidemment sur les Français dans leur vie quotidienne.
11:12Si demain la Russie l'emportait, c'est notre responsabilité de continuer à les aider. Nous le faisons avec nos alliés et partenaires européens.
11:16L'Allemagne a annoncé diminuer de moitié son aide pour 2025 à l'Ukraine.
11:20Mais c'est pour ça que nous le faisons en Européen.
11:22Vous savez, l'un des grands enjeux qui est en train d'être négocié en ce moment et j'espère qu'on en aboutira dans les prochains jours,
11:27c'est la négociation d'un grand emprunt de 50 milliards d'euros au niveau du G7,
11:32financé sur les avoirs russes gelés, les avoirs de la Banque centrale, les intérêts qui sont générés par ces avoirs de la Banque centrale.
11:39Là-dessus, la France a eu un rôle pilote et ces 50 milliards serviront aussi à aider les Ukrainiens dans le temps long, en particulier sur le plan militaire.
11:46Merci Benjamin Haddad, ministre délégué aux affaires européennes, d'avoir répondu aux questions de France Info.
11:51Merci beaucoup.