Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce vendredi, c’est Roberto Alagna, pour son album "60" pour célébrer ses 60 ans et ses 40 ans de carrière.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00Est-ce qu'on a la chance de recevoir ce matin le ténor le plus célèbre de France, Roberto Alania, bonjour !
00:05Merci, bonjour !
00:06Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, vous fêtez vos 40 ans de carrière et vos 60 ans en tout court
00:11avec cet album Roberto Alania 60 avec beaucoup de chansons inédites.
00:16On va en parler dans un instant mais d'abord on va dresser, c'est la tradition ici, votre portrait sonore.
00:20Des petits sons pour mieux vous connaître et on commence tout en puissance.
00:30Vous le reconnaissez directement, le plus célèbre des ténors d'Hollywood, Mario Lanza, Olivier Benquemoud, on le reconnaît.
00:41Il démarrait quand je le connais, on a une histoire avec Roberto, on verra peut-être tout à l'heure.
00:46Très bien, ce sera pour tout à l'heure. D'abord Mario Lanza, ces films, ça a bercé votre enfance, paraît-il ?
00:52Pas que moi, il y a beaucoup de chanteurs qui ont découvert cette vocation grâce à Mario Lanza.
00:57Il est exceptionnel, c'est un ténor naturel avec un charisme incroyable, il transperce l'écran comme ça.
01:05La voix est magnifique, il a un charme fou et le pauvre est décédé très tôt, à 38 ans il était déjà décédé.
01:12Et alors vous, votre enfance, Roberto Alania, on l'imagine en Sicile mais en fait pas vraiment
01:18parce que vos parents ont immigré en France avant votre naissance et vous êtes né assez loin de Palerme, à Tlichy-sous-Bois, en banlieue parisienne.
01:26Vous avez grandi là-bas aussi ?
01:27Oui, bien sûr.
01:28Vous avez grandi à Tlichy et c'est vrai que dans votre famille sicilienne, tout le monde chantait.
01:32Oui, c'est vrai.
01:33C'est quand même de là qu'est née votre vocation, j'imagine ?
01:36Oui, je pense parce que déjà mon arrière-grand-père, mes grands-parents, mes oncles, mes tantes, les cousins, tout le monde chante.
01:43Et ça continue puisque ma fille chante, mes filles chantent.
01:47Donc il y a quelque chose dans la famille qu'on se passe de père en fils, de père en fille.
01:53Et est-ce que c'est vrai que quand vous étiez petit, on vous demandait de ne pas chanter pour laisser les autres chanter ?
01:58Ça c'était ma grand-mère en fait, parce que j'étais hyper timide, vraiment, mais d'une timidité maladive.
02:04Donc je pense que quand on me demandait de chanter, je devais devenir écarlate, je ne sais pas,
02:08et donc peut-être que ça faisait pitié à ma grand-mère, elle disait « Non mais Roberto, tais-toi, tais-toi, laisse tomber ».
02:14Et puis c'est vrai que du jour au lendemain, vous avez décidé d'arrêter de boire et de fumer pour préserver votre voix.
02:19De boire, bon c'est pas vraiment ça !
02:23Je chantais, j'ai démarré très tôt, d'abord dans les pizzerias, j'avais 15 ans dans les pizzerias,
02:28et ensuite à 17 ans, je suis passé professionnel dans les cabarets.
02:31Et dans les cabarets à cette époque-là, on fumait, les gens buvaient, c'était un cabaret.
02:36Et donc bien sûr, moi aussi de temps en temps, on m'offrait un verre, j'étais obligé de le boire,
02:41et puis on fumait parce que c'était quelque chose de normal, tout le monde fumait à l'époque.
02:44Et puis ensuite quand j'ai rencontré ce vieux prof de cubain qui m'a dit que j'étais ténor,
02:49il m'a dit que la première chose à faire c'est de laisser tomber la cigarette et le travail de nuit.
02:54Et c'est ce que j'ai fait, je l'ai écouté, pas tout de suite, mais dès que j'ai vu que ça commençait à fonctionner,
02:59j'ai tout laissé tomber et puis je me suis vraiment consacré à 100% à l'opéra.
03:03On va se mettre un peu dans cette ambiance cabaret quand même !
03:05Bienvenue, bienvenue, welcome, team cabaret, au cabaret du cabaret !
03:13Vous chantiez donc dans les plus grands cabarets à Paris, il paraît qu'à l'époque vous vous faites appeler Roberto El Magnifico.
03:20Oui, c'est le musicien qui m'appelait comme ça, puisque c'était des colombiens,
03:24et donc il y avait un présentateur, et moi je clôturais le show parce qu'il y avait des magiciens, des imitateurs, des comiques,
03:33des danseurs, il y avait un peu de tout, des gens qui jouaient de la harpe, des danseurs de flamenco,
03:38et moi j'étais le dernier numéro, je commençais à minuit, et donc on me présentait comme ça.
03:43Et maintenant, Roberto El Magnifico, c'est un cabaret espagnol.
03:48En plus, il fallait s'adapter au public chaque soir, parce que vous aviez des gens de partout dans le monde qui venaient.
03:54Ce qui était intéressant, c'était super, parce que c'était des touristes qui venaient,
03:58et il fallait un répertoire très large, parce qu'il fallait au moins une chanson de chaque pays.
04:02Alors on avait des chansons en arabe, des chansons en hébreu, des chansons en espagnol, en anglais,
04:06à chaque fois on avait une petite chanson pour, dès qu'on voyait qu'il y avait quelqu'un, on chantait la chanson,
04:12et puis c'est ça qui faisait marcher le cabaret.
04:14Et alors j'ai lu quelque part, vous allez me confirmer si c'est vrai, qu'à l'époque vous viviez dans un bordel ?
04:18Non, non, non, mais à 17 ans, moi je n'avais pas de voiture, il n'y avait plus de transport en commun,
04:23j'habitais en banlieue, donc à Clichy-sous-Bois, et donc quand je travaillais de minuit à 6h du matin,
04:29il y avait des moments où je ne pouvais pas rentrer à la maison,
04:31et donc comme j'avais des fans, qui étaient beaucoup de prostituées de la rue Blanche,
04:37qui venaient chaque soir, comme ça elles me jetaient des fleurs, c'était magnifique,
04:41et puis elles passaient un moment là, et de temps en temps, quand je ne savais pas où aller,
04:44je ne pouvais pas me payer l'hôtel, et tout ça, j'allais là.
04:46C'était très sympa, j'étais bien accueilli, et puis j'étais chouchouté.
04:49Allez, encore un extrait sonore.
04:54Pas marronti.
04:56C'est vraiment imbattable au blind test.
05:02Ça c'est exceptionnel.
05:11C'est l'idole ultime pour vous, pas marronti ?
05:13Oui, oui, ça l'est toujours.
05:16Parce que j'étais déjà, comment dire, c'est pas seulement artistique, il y avait l'homme aussi.
05:21L'homme, il avait une sagesse, la sagesse des grands, des grands personnages,
05:26c'est quelqu'un qui parlait très peu, mais qui lançait des slogans très pertinents,
05:31tout se passait avec le regard.
05:34Et puis il vous a un peu aidé dans votre carrière aussi ?
05:36Il ne m'a pas vraiment aidé, c'est que j'ai gagné son concours,
05:39donc c'est ça qui m'a aidé.
05:40À 25 ans, c'est ça ?
05:41Oui, j'avais même moins, mais le prix c'était d'aller chanter avec lui,
05:45c'est-à-dire que si on était bariton, on chantait avec lui,
05:48mais quand on était ténor, on prenait sa place.
05:50Le problème, c'est que moi j'avais déjà démarré,
05:52donc je n'avais plus de temps libre et je n'ai pas pu profiter de ce prix.
05:56Mais quelque part, c'était fantastique,
05:58parce que simplement de dire que j'étais le gagnant du concours Pavarotti,
06:01qui était un concours très difficile, des milliers de candidats,
06:04c'est un an et demi d'éliminatoire, ça se passe d'abord en Europe,
06:09ensuite aux Etats-Unis, à Philadelphie, à New York, c'est un truc énorme.
06:13Ça a lancé votre carrière ?
06:15Voilà, ça m'a fait connaître, disons, dans le métier.
06:18Et voilà, et 40 ans plus tard,
06:20vous êtes ici à fêter vos 40 ans de carrière, Roberto Alagna,
06:23et on va écouter des extraits de votre album dans un instant.
06:27On revient tout de suite.