Avec Jérôme Bayle, agriculteur en Haute-Garonne, leader du mouvement de la colère agricole
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NewsTranscription
00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.
00:06Bientôt 6h40, la vie en vrai sur Sud Radio.
00:09Il y a près d'un an, dans le tarn, des panneaux d'entrée de ville étaient retournés.
00:13Vous vous en souvenez, prémices de la colère des agriculteurs qu'elle éclatait partout en France.
00:18Aujourd'hui, de nouvelles opérations ont lieu.
00:21Les panneaux ne sont plus retournés, mais tout simplement démontés.
00:24C'est ce que l'on peut observer dans les Pyrénées-Orientales,
00:26à l'initiative du Syndicat des Jeunes Agriculteurs pour en parler.
00:30Je reçois donc Jérôme Bahil, bonjour.
00:33Bonjour.
00:33Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio, éleveur bovin de Haute-Garonne.
00:37On vous connaît bien, vous avez été l'une des figures du mouvement de colère agricole en début d'année.
00:43Comment est-ce que vous interprétez tout d'abord ces opérations menées
00:46depuis plusieurs jours maintenant dans les Pyrénées-Orientales ?
00:50Écoutez, tout simplement, les gens en ont ras-le-bol, les agriculteurs.
00:53J'ai été en contact avec, on va dire, l'initiateur de ce mouvement.
01:01On s'appelle souvent, et en fait, ils en ont marre.
01:03Ils en ont marre, ils ne savent pas où ils vont.
01:05Donc, ils ont dit, on va sortir les panneaux pour que tout le monde ne sache pas où ils vont non plus.
01:11Voilà, après aujourd'hui, on a un nouveau gouvernement qui vient d'arriver
01:15avec un peu sourd d'oreille, on va dire, et surtout qui s'est dit très ouvert au dialogue.
01:22Mais il ne dialogue avec personne, seulement avec le syndicat majoritaire.
01:27Et c'est très mal vu par les autres syndicats et surtout par les agriculteurs de la base.
01:32C'est-à-dire concrètement qu'on a un gouvernement aujourd'hui
01:35qui n'a pris contact qu'avec la FNSEA, c'est ce que vous dites ?
01:39Ils ont parlé avec la Coordination rurale, avec la Confédération des Paysans aussi,
01:44mais en leur expliquant que la priorité serait de discuter avec la FNSEA.
01:49J'ai encore eu hier, par message, le secrétaire général national de la Coordination rurale
01:54qui m'a écrit et qui est très très déçu du comportement de la nouvelle ministre de l'agriculture
02:00et du nouveau Premier ministre.
02:03Moi, je sais que personnellement, j'ai reçu des messages comme quoi il devait me contacter
02:07et je n'ai toujours pas de nouvelles.
02:09Et le dialogue ne sera qu'avec le syndicat majoritaire,
02:12mais le syndicat majoritaire qui aujourd'hui représente à peine 20% des agriculteurs français.
02:17Donc, je ne suis pas sûr que ce soit une représentativité totale.
02:21Cette colère, j'imagine, elle n'est pas uniquement liée à cela.
02:25Il y a aussi d'autres raisons très concrètes pour les agriculteurs,
02:28avec des rendements qui ont été assez bas pour un certain nombre de récoltes,
02:32je pense notamment au blé.
02:34Il y a la multiplication des maladies, des épidémies.
02:36Ça aussi, ça joue très concrètement sur le moral des agriculteurs.
02:42C'est un tout, c'est un tout.
02:43On le sait depuis plus d'un an, c'est compliqué.
02:47Après, on va dire le climat du pays qui est aussi sous pression.
02:52On le voit, ce n'est pas que les agriculteurs,
02:53c'est tous les Français dans tous les corps de métier qui sont tout simplement un peu frustrés.
03:00Et le jour où le premier mouvement social va se réveiller,
03:03je pense que le pays peut tomber dans le chaos rapidement.
03:06Vous avez l'impression que ça pourrait commencer par les agriculteurs selon vous, Jérôme Bagne ?
03:12Je sais que d'ici un mois, ça m'étonnerait qu'il n'y ait pas de grosses actions qui soient menées.
03:18C'est-à-dire, c'est ce qu'on vous dit justement sur les agriculteurs qui sont autour de vous.
03:22Il y a une volonté de se mobiliser à nouveau.
03:24Ah, mais j'étais à Cournon-Dauvergne mardi dernier au sommet de l'élevage.
03:30C'est des centaines d'agriculteurs qui sont venus me voir,
03:32qui m'ont dit quand est-ce qu'on recommence ?
03:34Quand est-ce qu'on repart ?
03:35Qu'est-ce que vous faites ?
03:36Ça ne peut plus durer.
03:38Et surtout avec un dialogue de sourds.
03:40Comme je l'ai dit, aujourd'hui on a un gouvernement qui veut discuter avec 20% des agriculteurs.
03:46Donc il y a peut-être 80% des autres agriculteurs qui ne sont pas entendus.
03:49Souvent des non-syndiqués puisque les agriculteurs syndiqués en France
03:54ne représentent que 30 à 35% des agriculteurs.
03:57Donc imaginez-vous qu'il y a 60 ou 70% d'agriculteurs qui ne sont pas écoutés et ils en ont marre.
04:05Et s'ils ne sont pas syndiqués, c'est qu'il y a une raison,
04:07c'est qu'ils ne croient plus à certains représentants syndicaux.
04:11Et cela, ça va être les plus compliqués à faire rentrer dans les rangs parce qu'ils en ont marre.
04:16Jérôme Bell, vous-même, ils en ont marre ?
04:19Oui, ils en ont marre.
04:21Vous savez, on est dans une impasse quand aujourd'hui,
04:24bien sûr on prend comme argument,
04:26alors je ne vais pas me faire l'avocat du diable,
04:28mais quand on prend là comme argument
04:30qu'on est le plus faible rendement de blé depuis 1984,
04:36il faut dire aussi que cette année,
04:38il s'est planté 25% de moins de surface en blé.
04:42Donc quand on prend des chiffres, c'est pas ça qu'il faut dire.
04:45C'est qu'il faut dire qu'il y a eu des rendements qui ont été plus faibles,
04:48mais il ne faut pas prendre l'histoire du tournage où c'est qu'on est le plus faible au tournage.
04:52On a moins planté, donc il va y en avoir moins.
04:54Mais après, il y a d'autres vérités que le blé.
04:57Quand aujourd'hui, on va prendre une absurdité qu'a fait l'État,
05:00il faut une barrière vaccinale dans une diagonale de la France
05:04pour la MHE où c'est qu'ils mettent les vaccins gratuits, c'est très bien.
05:08Mais qui dit que la MHE, la maladie hémorragique épisodique,
05:11n'a déjà pas passé cette barrière vaccinale, ça recherche.
05:14Voilà, c'est des fausses solutions.
05:16Et c'est dommage qu'il n'y ait pas du dialogue avec d'autres personnes
05:21qui pourraient tout simplement amener des idées simples,
05:24des idées de la base, et montrer du respect envers ces gens-là.
05:28En tout cas, vous êtes prêt à discuter avec la nouvelle ministre de l'Agriculture ?
05:32Vous êtes ouvert ?
05:33Mais depuis le début.
05:34Depuis le début, elle le sait très bien,
05:36parce qu'elle a rencontré quelqu'un avec qui je discute beaucoup,
05:40et ils ont parlé longuement de moi, et elle devait me contacter.
05:45Mais je n'ai toujours pas de nouvelles, comme l'a fait le Premier ministre,
05:47toujours pas de nouvelles.
05:49Mais comme j'ai dit à cette personne qu'on a en commun,
05:52j'ai dit attention, ça sera peut-être trop tard bientôt,
05:55puisque oui, on est en train de préparer une très très grosse action,
05:59et qui sera une action d'ambergue.
06:03Quel type d'action ?
06:04On avait fait l'appel du 3 juin, vous vous en rappelez,
06:08Soudradio était avec nous,
06:09on avait bloqué la frontière française-espagnole avec les agriculteurs espagnols,
06:14et il y a deux jours, on est rentré en contact avec les Espagnols,
06:20parce qu'on a la même situation au niveau européen,
06:23et après le blocage du 1964, pourquoi on ne bloquerait pas les frontières européennes ?
06:29On va suivre ça effectivement, Jérôme Bail, en tout cas merci.
06:33Vous serez auprès de nous comme d'habitude.
06:35Comme d'habitude, effectivement.
06:37Soudradio qui sera présent pour ce nouveau combat mené par les agriculteurs.
06:41Jérôme Bail, merci d'avoir été avec nous ce matin sur Soudradio,
06:44éleveur bovin de Haute-Garonne,
06:45et puis l'une des figures de la colère du monde agricole en début d'année.
06:48Vous êtes toujours auprès de ces agriculteurs.
06:51Merci à vous et bonne journée.