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Avec Dominique Chargé, Agriculteur, Président de la coopération agricole, qui représente trois agriculteurs sur quatre

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-10-01##

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Transcription
00:00Au matin, Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03— L'agriculture, la grande inquiétude.
00:06Nous avons avec nous Dominique Chargé, qui est agriculteur. Bonjour.
00:11— Bonjour. — Merci d'être avec nous. Vous êtes président de la coopération agricole.
00:14Vous représentez 3 agriculteurs sur 4. Je voudrais le rappeler. C'est important.
00:19Bien. Vous êtes avec nous. Vous avez eu plusieurs fois au téléphone la ministre de l'Agriculture.
00:23Vous avez eu le président de la République récemment, le Premier ministre.
00:29Enfin, où est-ce que vous en êtes ? Où en est-on ?
00:31Il y a le discours de politique générale de Michel Barnier cet après-midi.
00:35On espère et vous espérez qu'il va parler d'agriculture. Quelle est la situation ?
00:40Eh bien le secteur viticole est en grande crise. Les moissons n'ont pas été bonnes.
00:45Hausse de la production de lait... Baisse, pardon, des achats de lait par Lactalis. J'ai vu ça.
00:53Ça ajoute à l'inquiétude générale. Et vous dites, vous constatez plutôt que pour la première fois,
01:00la balance commerciale de l'agriculture française en 2024 pourrait être déficitaire.
01:06C'est-à-dire qu'on importerait plus de produits agricoles de l'extérieur
01:10qu'on exporterait de produits français vers l'extérieur.
01:13Ça voudrait dire que la France ne se nourrit plus. Et donc effectivement, ce que je suis venu dire ce matin,
01:21c'est une grande inquiétude de la part du monde agricole, d'abord comme agriculteur et comme éleveur.
01:26Face à tout ce que nous sommes en train de subir, je pense aux crises sanitaires que nous avons,
01:30l'influenza aviaire que nous avons subi pendant deux ans, la MHE, la FCO, la maladie hémorragique épisoutique,
01:37la fièvre catarale aux vignes. Vous l'avez dit, la récolte de céréales a été particulièrement mauvaise cette année.
01:43On aura entre 20 et 30 % de récolte en moins, ce qui veut dire qu'il y a des problèmes de trésorerie dans les exploitations.
01:50Il y aura des problèmes dans nos coopératives parce que ça représente à peu près le coût pour les coopératives,
01:56c'est à peu près 300 millions d'euros, cette récolte en moins. Et puis effectivement, vous avez parlé des vignerons.
02:01On est aujourd'hui dans une crise sans précédent en viticulture qui va se solder par un arrachage de 10 % de vignobles français,
02:0930 % sur certains vignobles, notamment dans le Bordelais, et des entreprises, des coopératives qui n'ont plus de solution
02:16aujourd'hui parce que le vin ne se vend plus. Je suis inquiet comme élu de coopérative, comme vice-président d'une coopérative
02:23parce que tout ça veut dire que nous produisons moins, nous avons un excès de normes, nous avons une pression énorme
02:30de la part de nos clients et notamment de la distribution française qui fait que nous ne sommes plus compétitifs
02:35et que la production en France baisse au profit d'importations qui ne respectent pas nos standards.
02:41Tout ça a abouti finalement pour moi comme président de fédération à constater que la France n'est plus compétitive,
02:47qu'elle ne se nourrira plus et qu'aujourd'hui nous importons 50 % de ce que nous consommons en fruits et légumes, en poulet,
02:53nous importons 50 % des moutons que nous consommons, 30 % de la viande et nous importons tous les jours de plus en plus.
02:59Et effectivement, vous l'avez dit, ce qui ajoute de l'inquiétude aujourd'hui, c'est que certains acteurs industriels, privés
03:05et privés aujourd'hui font passer le message qu'ils vont quitter la France pour aller produire ailleurs.
03:11– Voilà, je voudrais faire un autre constat, les français aujourd'hui achètent les premiers prix de plus en plus.
03:20Or les premiers prix ce sont bien souvent des produits qui viennent de l'extérieur.
03:25– Évidemment. – Ce qui veut dire que les français achètent moins français.
03:30En fait nous n'avons plus une agriculture, nous n'avons plus les moyens de produire aujourd'hui ce que les français consomment.
03:36– Voilà. – Pour plusieurs raisons.
03:38– C'est le vrai fond du problème.
03:40– Plusieurs raisons, la première c'est qu'effectivement depuis une dizaine d'années nous sommes embarqués collectivement
03:47sur ce que nous avons appelé la montée en gamme et que nous avons sans doute surinterprété
03:51et exclusivement réservé aux produits haut de gamme.
03:53Et nous avons complètement abandonné, ou en tout cas beaucoup trop abandonné
03:57ces produits d'entrée de gamme et de cœur de gamme,
03:59qui sont ceux sur quoi les français se sont massivement déportés en termes de consommation
04:04face notamment à la crise du pouvoir d'achat.
04:06Et aujourd'hui effectivement nous constatons, et c'est bien un des objets de notre inquiétude,
04:11que nous ne sommes plus en capacité de produire ce que les français consomment.
04:15Et nous ce que nous demandons aujourd'hui au gouvernement, ce que je demande aussi à la Commission européenne…
04:19– Alors que demandez-vous à Michel Barnier ce matin sur Sud Radio ?
04:22– Je demande à Michel Barnier et à Annie Gennevard, sa ministre d'agriculture,
04:25de nous redonner les moyens de pouvoir produire ce que les français consomment.
04:30De diminuer la pression normative, non pas de renoncer à ce que sont aujourd'hui
04:34l'excellence qualitative des produits, non pas renoncer à tout ce que nous avons fait
04:38sur le plan du respect de l'environnement, sur le plan du bien-être animal,
04:42mais de baisser la pression normative pour que nous puissions à nouveau investir…
04:46– C'est quoi la pression normative ? Vous avez des exemples ?
04:49– Ce sont par exemple, lorsque vous voulez créer ou moderniser un élevage,
04:53c'est des dossiers administratifs qui ne débouchent jamais.
04:57Vous avez par exemple en France, il faut deux ans pour faire déboucher un dossier administratif
05:02pour pouvoir moderniser un élevage, alors qu'en Allemagne il faut six mois.
05:05Et donc aujourd'hui, vous avez face à ça, tout un tas de recours de la part d'associations,
05:10il y a un vrai conflit aujourd'hui sociétal sur ces sujets-là,
05:13qui fait que les agriculteurs souvent se découragent avant de pouvoir investir.
05:18Ça veut dire que vous avez une pression normative sur les contrôles, sans arrêt,
05:22de manière presque… avec une pression énorme sur les activités agriculteures,
05:28et les agriculteurs ne le supportent plus.
05:30– Vous demandez aussi des moyens pour mieux lutter contre la concurrence déloyale
05:34sur l'importation des produits, qui ne sont pas aux normes françaises,
05:38je voudrais quand même le rappeler, c'est-à-dire qu'on impose des normes en France,
05:41mais on va acheter des produits à l'extérieur, qui eux ne sont pas soumis aux mêmes normes,
05:46ce qui est quand même invraisemblable, invraisemblable !
05:49– C'est exactement ça.
05:50Aujourd'hui, nous constatons que ce sur quoi les Français se sont reportés
05:56en termes de consommation, sont massivement des produits importés,
05:59des produits qui correspondent aujourd'hui aussi à l'évolution de la consommation.
06:03On voit que la consommation se déporte beaucoup,
06:05par exemple dans la restauration hors domicile,
06:07sur ce qu'on appelle du snacking ou du fast-food, de la restauration rapide,
06:12et à ce moment-là, vous avez des produits qui sont des produits
06:15sur lesquels nous ne sommes plus positionnés,
06:16et qui vont venir de pays d'Europe de l'Est, ou même éventuellement d'Ukraine,
06:21et qui effectivement ne respectent pas nos standards de production.
06:23Donc ce que nous demandons, c'est de pouvoir,
06:25dans le cadre du respect de nos normes de production,
06:27pouvoir produire ces productions agricoles que les Français consomment.
06:32– Bien, merci.
06:33Vous demandez aussi évidemment un effort fiscal,
06:36les impôts de production qui pèsent beaucoup trop.
06:38– Ce que je ne voudrais pas, c'est que l'agriculture soit prise en compte,
06:42mais que ces outils de transformation, c'est-à-dire nos coopératifs,
06:45ceux qui permettent de transformer cette production agricole
06:47en produits alimentaires, en beurre, en jambon,
06:50tout ce que vous consommez tous les jours,
06:51soit l'angle mort du gouvernement aujourd'hui,
06:53parce que finalement, nous avons besoin aussi d'une réponse pour ces entreprises-là,
06:56pour avoir une réponse cohérente sur une France alimentaire conquérante.
07:00– Eh bien, j'espère que le Premier ministre vous a entendu,
07:02Dominique Chargé, ce matin sur Sud Radio.
07:04Merci beaucoup. – Merci à vous.
07:05– Je rappelle que vous êtes le patron des coopératifs en France,
07:08et que vous représentez 3 agriculteurs sur 4.
07:10– Il est 7h49.

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