"L'agriculture souffre" : Rencontre avec Mister France agricole

Sud Radio

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Avec Matthieu Hamel, ouvrier agricole - Mister France agricole

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##LA_VIE_EN_VRAI-2025-02-24##

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00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.

00:05— Sud Radio, il est 6h38. La vie en vrai tout de suite. Le Salon de l'agriculture qui a ouvert ses portes ce week-end à Paris-Porte de Versailles

00:12avec un invité de marque hier. Alors non, je ne vais pas parler d'Emmanuel Macron, mais de Mister France Agricole.

00:18Il a reçu son prix hier. Et il est avec nous ce matin. Bonjour Mathieu Hamel. — Bonjour.

00:23— Et bienvenue sur Sud Radio. Vous êtes donc ouvrier agricole en Lauser du côté du Monastier-Pain-Mauriès.

00:29Et donc vous êtes Mister France Agricole cette année. Alors je disais, vous avez reçu votre prix hier au Salon de l'agriculture, Mathieu.

00:38J'imagine avec pas mal de fierté, au moins, de le recevoir tout de même. — Oui, tout à fait. C'est quand même une immense fierté pour moi

00:45de pouvoir déjà monter au Salon de l'agriculture. Et en plus d'être Mister Agricole France 2025, c'est vrai que j'ai pas mal de fierté sur ça, oui.

00:52— Pas mal de fierté. C'est quoi, les critères de ce concours ? Vous êtes jugé avant tout sur le physique ou pas seulement ?

00:58— Alors non, du tout. — Pas du tout. — Et heureusement, je vais vous le dire. En fait, l'élection se passe du coup sur la page Facebook

01:07« Mister France Agricole ». Et on est jugé sur nos motivations et notre engagement qu'on veut mener pendant un an sur l'agriculture.

01:17— Qui vote dans ces cas-là ? C'est le public ou il y a un jury ? — Alors c'est le public qui vote. Donc on a des votes publics

01:25où en fait chaque like sur les photos correspond à un vote. Et après, il y a une vingtaine de sélectionnés sur chaque catégorie.

01:34Et du coup, là, c'est un juge de 5 personnes qui ont été prédéfinies à l'avance qui votent. Notamment cette année, on a eu la chance

01:41d'avoir les anciennes de la mauvaise entrée en tant que jury. — D'accord. Bon, c'est génial. C'est bien. Ça fait un focus aussi sur l'agriculture.

01:50Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer à ce concours de « Mister France Agricole » ? C'était un peu pour vous amuser ou il y avait

01:57vraiment une démarche très sérieuse pour vous, Mathieu Hamel ? — Alors je me suis inscrit il y a 2 ans au concours. — D'accord.

02:03— Et c'était plus ou moins... J'étais à table avec une copine. Et j'avais vu le concours passer. J'ai dit « Tiens, je vais essayer ».

02:09Donc du coup, je viens du département de la Lauzère. Et en Lauzère, tout se fait très rapidement. Et le lendemain matin que je m'étais réveillé,

02:15c'est vrai que ça avait pris un peu une ampleur phénoménale, plus ou moins. — Vous pouviez plus reculer à ce moment-là, quoi.

02:21— Tout à fait. Et en fait, j'avais pas été sélectionné. Et donc du coup, cette année, j'ai retenté ma chance, vraiment avec la conviction

02:29de pouvoir essayer de me donner la parole, parce que je suis ouvrier agricole. Et les ouvriers agricoles, dans le monde agricole, même au niveau

02:36des médias, tout ça, on n'en parle jamais. Et je trouvais que c'était vraiment très très important aujourd'hui de pouvoir parler des ouvriers agricoles.

02:43— Pourquoi on n'en parle pas, selon vous, de ce métier véritablement d'ouvrier agricole ? On s'intéresse qu'aux exploitants, quoi, vous avez cette impression-là ?

02:51— C'est pas vraiment qu'on s'intéresse qu'aux exploitants. C'est vraiment que déjà, l'ouvrier agricole, on a une image qui est pas forcément

02:58très positive du monde agricole. Les gens croient qu'on est sous-payés, que c'est un métier quand même très très compliqué. Alors que c'est un métier

03:07plus ou moins... C'est un métier au top, enfin, mais avec une rémunération... — On gagne sa vie, ouais. La rémunération vous permet de vivre véritablement.

03:17— Tout à fait. Et puis on fait un peu le travail de l'agriculteur. Néanmoins, on n'a pas toutes les contraintes que subit l'agriculture ou l'agriculteur.

03:24— Notamment l'administratif, je pense, ouais. — Tout à fait, ouais. Surtout sur ce point-là. Et vraiment, c'est assez compliqué dans le milieu agricole

03:33aujourd'hui de redorer un peu l'image de l'ouvrier, ouais. — Ouais. Ouvrier agricole, sur quel type d'exploitation, vous, Mathieu Hamel ?

03:40Je rappelle, vous êtes dans la Lozère. — Oui. Donc je suis sur une exploitation de robinettières où on traite pour la coopérative Roquefort.

03:46— Ouais. Oui. Donc ça veut dire que vous êtes ouvrier agricole, mais vraiment pour une seule exploitation, c'est ça ?

03:55— Oui. En fait, je travaille sur deux exploitations, là. Je vais pas tarder à avoir une transition sur une seule exploitation, parce que mon patron

04:01arrête, parce qu'il en a marre du contexte actuel, tout simplement. — C'est-à-dire ? — C'est-à-dire qu'il a jeté l'éponge. Il a 40 ans.

04:09Il voit qu'il n'y a pas d'évolution forcément dans le monde agricole. On a beaucoup... Sans rentrer dans la politique, on nous fait beaucoup de promesses,

04:18mais il n'y a jamais d'avancement. Et aujourd'hui, il jette l'éponge, quoi. — Il jette l'éponge à 40 ans. C'est vrai que c'est un contexte très difficile

04:28pour les agriculteurs aujourd'hui. Vous, en tant que Mister France Agricole, l'idée, c'est d'être un petit peu le porte-voix alors non seulement

04:37de ce métier d'ouvrier agricole, mais plus largement de l'agriculture, une agriculture qui souffre aujourd'hui. — Oui, tout à fait. À ma basse échelle,

04:46comme je dis, si je peux essayer de faire passer un message ou même qu'il y ait juste quelques personnes qui retiennent quelque chose

04:54dans les mots que je peux dire, c'est vrai que c'est très très important, quoi. — Comment on fait en sorte que ce métier d'agriculteur fasse à nouveau rêver ?

05:06— Alors moi, je me mise de tout sur la jeune génération qui va arriver. — On en a besoin, de cette jeune génération, hein, Mathieu.

05:14— Tout à fait. — Je sais pas quel âge vous avez, vous. — Alors moi, j'ai 24 ans. — 24 ans. — J'ai 24 ans. Mais il faut tout miser sur la jeune génération.

05:21C'est eux qui prendront le relais plus tard. Donc c'est vraiment déjà tout petit qu'on peut essayer de leur donner une passion.

05:28Donc je pense qu'il faudra rencontrer surtout aussi les jeunes, expliquer notre métier et vraiment donner l'envie à eux aussi de se lancer dans l'agriculture.

05:38— Dès l'école ? — Oui. Je pense que c'est ça. Je suis sapeur-pompier volontaire à côté. Et c'est vrai qu'on l'a remarqué.

05:45En fait, les pompiers, on essaie d'aller dans les collèges. Et ça forme des vocations plus tard. Et je pense que dans l'agriculture, on peut faire pareil.

05:56— Oui, parce qu'on a une crise des vocations aujourd'hui, avec un certain nombre d'agriculteurs qui vont être rapidement en âge de prendre leur retraite.

06:04Et il va falloir suivre derrière la jeune génération. — Tout à fait, oui.

06:09— Mathieu Hamel, merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio. C'était un plaisir de vous accueillir. — Merci à vous.

06:15— Ouvrier agricole en Lauser du côté de Monastier, à Pins-Mauriès, et donc Mister France Agricole. Je vous souhaite une très belle journée, Mathieu.

06:23— Merci beaucoup. À vous aussi. Au revoir.