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En octobre 1996, un cycliste découvre le corps sans vie d'Angélique Dumetz dans la forêt de Compiègne. Bien que des traces d'ADN masculin aient été prélevées, les enquêteurs ne parviennent pas à identifier le coupable, car à l'époque, seuls les ADN des prisonniers sont répertoriés. La mère d'Angélique mènera un combat acharné pendant des années pour faire élargir le fichier ADN, dans l'espoir qu'un jour, l'assassin de sa fille puisse enfin être identifié. Il faudra attendre plus de 15 ans pour cela.

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00:00Compiègne, dans l'Oise, en Picardie.
00:07Voici Angélique Dumez, une adolescente de 14 ans.
00:12Sur cette vidéo de famille, qui date de juillet 1992, apparaît une jeune fille réservée aux sourires timides.
00:22Angélique a eu une enfance heureuse avec pour principale passion la danse.
00:27C'est la mère d'Angélique qui a élevé sa fille seule après son divorce.
00:32Comme deux véritables copines, la mère et la fille partagent tout.
00:38Lors de cette fête, personne ne se doute alors que 4 ans plus tard, une terrible tragédie va s'abattre sur la famille d'Angélique.
00:45Samedi 12 octobre 1996, ce jour-là n'est pas une date comme les autres pour Angélique, car c'est l'anniversaire de sa meilleure amie, Nathalie.
01:04La fête débute à 19h30 dans une petite salle située près du domicile de sa mère.
01:11A minuit, il est prévu que la soirée se poursuive dans le centre-ville en boîte de nuit.
01:17Elle me dit, écoute maman, est-ce que tu peux nous emmener au City Hall, parce que les garçons ont un peu bu et donc je dis oui et j'emmène les deux filles à la discothèque au City Hall.
01:31Je la dépose, avant je lui demande comme d'habitude si elle a ses clés, si elle a sa carte d'identité, elle me répond que oui.
01:37Et puis elle sort de la voiture avec sa copine, elle traverse la rue, elle embrasse le videur qu'elle connaissait bien.
01:47C'est la dernière fois que Marie-Pierre Mazier verra sa fille.
01:58Le lendemain matin, le dimanche 13 octobre, tout le monde se réveille, mais Angélique n'est pas rentrée.
02:05Le lendemain, mon mari se lève de bonne heure parce qu'il va au salon de l'auto à Paris et il se rend compte que la clé n'est pas sur la serrure.
02:16Donc il vient me voir, il me dit Angélique n'est pas rentrée.
02:19Donc je lui dis oui, c'est normal, ils ont prévu d'aller prendre le petit déjeuner à la salle où l'anniversaire avait commencé.
02:25Donc je pense qu'elle va rentrer d'ici une petite heure.
02:28Vers 10 heures du matin, Angélique ne donne toujours pas de ses nouvelles et cela ne lui ressemble pas.
02:35Préoccupée, sa mère appelle alors les amis de sa fille.
02:41Ils me répondent que non, Angélique n'est pas avec eux, qu'elle n'est pas rentrée avec eux.
02:48Donc là je commence vraiment à m'inquiéter, je me dis c'est pas normal.
02:53Et j'appelle donc son ami qui habite juste à côté de la maison.
03:04Donc c'est sa mère qui me répond et je lui dis est-ce que les filles sont rentrées ?
03:09Donc elle me dit oui, tout au moins la mienne est rentrée, après je ne sais pas, je vais voir.
03:15Donc elle va voir si Angélique est avec sa copine et la copine est toute seule, Angélique n'est pas avec elle.
03:20Donc à partir de là, je suis vraiment très très inquiète.
03:28Affolée, la mère d'Angélique se précipite au commissariat de Compiègne.
03:33Et les policiers ne sont pas surpris de la voir car quelques heures plus tôt,
03:38ils ont fait une terrible découverte le matin dans la forêt de Compiègne.
03:50Les policiers nous font rentrer dans un bureau et nous disent voilà,
03:56Angélique a été retrouvée à côté du wagon de l'armistice dans un talus et elle a été tuée à coups de couteau.
04:06Je ne veux pas le croire, c'est impossible pour moi que ce soit arrivé.
04:15Angélique, 18 ans, a été sauvagement assassinée.
04:18Pour sa famille et ses amis, c'est la stupeur.
04:22Angélique était une jeune fille sans histoire.
04:25Étudiante en semaine à Amiens, elle rentrait tous les week-ends chez sa mère à Compiègne.
04:30Elle était tout le temps pleine d'entrain, elle aimait rigoler, elle aimait plaisanter.
04:36C'est une jeune fille sans histoire, rieuse, qui a beaucoup d'amis.
04:43C'était l'assistante sociale du quartier.
04:45On l'appelait l'assistante sociale parce que tous ses copains venaient toujours la voir quand ils avaient un souci.
04:51Elle aimait beaucoup sortir, que ce soit en boîte ou des anniversaires chez des amis, ça, ça lui plaisait beaucoup.
04:59Les policiers informent la mère d'Angélique que le corps de sa fille a été découvert par un promeneur ce 13 octobre 1996.
05:07Il est à peu près 9h30 du matin en forêt de Compiègne.
05:10Un cycliste effectue une promenade et là, sur une longue allée bitumée, bordée d'herbes, d'un peu de verdure, il découvre un corps.
05:25Ce corps a recroquillé sur lui-même.
05:28Les vêtements sont arrachés, pour partie, et il y a des blessures visibles à différentes parties du corps, comme des blessures faites à l'arme blanche.
05:40La scène est atroce. Du sang partout, sur la route, des traces de coups de couteau dans le ventre, à l'avant-bras, mais surtout, elle a été égorgée.
05:53D'emblée, l'enquête s'annonce très délicate, et cela pour une raison très simple.
05:59La collègue des indices a rendu difficile à cet endroit, pour les enquêteurs, parce que c'est un dépotoir, c'est-à-dire qu'on y trouve de tout.
06:07Des bouteilles de whisky, des canettes, les gens passent à cet endroit et jettent.
06:14Néanmoins, il trouve un blouson noir, un blouson noir à proximité du corps, mais aussi un couteau de cuisine.
06:20Le lundi matin, le corps de la victime est autopsié, et rapidement, le légiste détermine l'heure de la mort, entre 4h et 6h du matin, dans la nuit du samedi au dimanche.
06:37On touche clairement au comble de l'horreur dans cette affaire, puisque le médecin légiste confirme que le tueur a procédé à une tentative de décapitation.
07:01L'assassin s'est acharné sur sa victime, à savoir que le corps porte plusieurs traces de coups de couteau.
07:15L'autopsie ne confirme pas seulement la violence du crime, mais fournit également une précieuse indication.
07:22Le rapport d'autopsie confirme que le couteau qui a été découvert à proximité du corps est bien l'arme du crime.
07:30C'est la nature des plaies relevées sur la victime qui permet au légiste d'affirmer que le couteau retrouvé sur la scène du crime est bien l'arme qui a tué Angélique.
07:40Seulement, cette pièce à conviction ne fournit que peu d'éléments, car le couteau a été nettoyé, et il ne comporte plus aucune empreinte digitale, ni aucune trace de sang.
07:51Autre difficulté pour les enquêteurs, il s'agit d'un couteau de cuisine produit en grande série que n'importe qui peut posséder chez lui.
08:03Toutefois, le rapport d'autopsie fournit aux policiers une nouvelle information capitale pour tenter d'identifier le tueur.
08:10Angélique a été vue, et la jeune femme a tenté de se défendre vigoureusement.
08:16Ce qu'on a trouvé sous ses ongles prouve que la jeune fille s'est débattue.
08:20À partir de ces traces de relations sexuelles, et puis également à partir des traces de luttes, on arrive à trouver un certain nombre d'éléments qui permettent d'avoir un profil ADN.
08:30Les enquêteurs disposent donc de l'ADN de l'homme qui a violé Angélique.
08:35Mais là encore, cet indice déterminant ne leur sera pas d'un très grand secours.
08:39Car nous sommes en 1996, et à l'époque, le fichier national des empreintes génétiques n'existe pas encore.
08:45Seule l'ADN des violeurs qui purgent une peine de prison est répertoriée.
08:51En 1996, ce profil ADN, on ne peut pas en faire grand chose.
08:55Cela va nous servir si on arrive à trouver l'auteur, et si on peut comparer l'empreinte génétique de cet auteur à cette empreinte-là.
09:03Mais cela ne va pas nous aider à retrouver cet auteur.
09:06L'enquête s'annonce longue et particulièrement difficile, avec un autre problème de taille.
09:11L'examen de la scène de crime n'a pas été fait dans les règles de l'art.
09:15En effet, ce sont de simples policiers qui ont procédé aux premières constatations, sans avoir pris des précautions d'usage dans une affaire criminelle.
09:24Tous les policiers sont arrivés un peu n'importe comment, comme des cow-boys, et ils font un peu n'importe quoi.
09:30Ce qui fait qu'après, on ne peut plus... Je vous dis, la scène de crime n'est même pas délimitée.
09:34Donc n'importe qui, même les journalistes, ont réussi à s'approcher du corps d'Angélique.
09:37On va retrouver un vêtement, des vêtements qui sont près de la scène de crime.
09:41Ces vêtements-là ne vont même pas être saisis.
09:44Tout est fait absolument n'importe comment.
09:49Il y avait une bouteille de whisky qui était à côté d'Angélique, à moitié vide.
09:55La bouteille de whisky, elle n'a pas été ramassée.
09:58Quand la police judiciaire de Creil est saisie de l'affaire, il n'y a plus rien à tirer de la scène de crime.
10:03Il faut reprendre l'enquête à zéro.
10:06Comme il est d'usage dans ces cas-là, la PJ va reconstituer l'emploi du temps de la victime, la nuit du drame.
10:16A commencer par la boîte de nuit où Angélique a passé sa dernière soirée.
10:21On sait que la jeune fille est arrivée dans la discothèque à minuit.
10:25Mais qu'a-t-elle fait ensuite ?
10:28Qui a-t-elle rencontré ?
10:30Qui a-t-elle rencontré ?
10:33Et avec qui a-t-elle dansé ?
10:39Il s'attache à retracer ses relations, ses amis, les personnes qu'elle a pu rencontrer ce soir-là.
10:48De façon à savoir précisément quand elle a pu disparaître.
11:01À une heure et demie, je sais qu'il y a un de ses copains qui est parti parce qu'elle s'est disputée avec lui.
11:09Elle a rencontré un autre petit copain dans la discothèque, donc forcément ça fait un petit peu de jalousie, ça crée de la jalousie entre les garçons.
11:20À partir de ce moment-là, Angélique se sépare du groupe.
11:24Elle reste dans la boîte de nuit.
11:26Certains témoignages expliquent qu'on la voit discuter et passer un moment de la soirée avec un homme.
11:37Les mêmes témoignages disent qu'ensemble, ils consomment de l'alcool, ils boivent de la vodka.
11:42Une bouteille est derrière le bar avec le nom d'Angélique dessus, comme ça se pratique couramment.
11:47Puis, 4 heures du matin, on perd la trace d'Angélique.
11:51Les enquêteurs le savent. Angélique a donc quitté la boîte de nuit à 4 heures du matin.
11:56Reste un mystère. L'étudiante est-elle sortie seule ou accompagnée ?
12:06À une heure de la nuit où il y a tout le monde qui sort de boîte, c'est dur à croire que personne n'ait rien vu.
12:13Elle connaît tout le monde, que ce soit les clients ou le personnel de la discothèque, elle connaît tout le monde et tout le monde la connaît.
12:20Et cette nuit-là, personne ne l'a vu sortir.
12:24Angélique s'est volatilisée.
12:29Les policiers ne veulent exclure aucune piste. Alors, ils entendent tous les proches et les connaissances d'Angélique.
12:37Tout est épluché, c'est-à-dire que l'emploi du temps des proches, à quel moment ils ont quitté Angélique,
12:44c'est-à-dire que donc ceux de la salle des fêtes, mais aussi ceux de la discothèque, ça ne donne rien.
12:50Pour écarter définitivement la piste de l'entourage d'Angélique, les enquêteurs s'appuient sur l'indice capital retrouvé sur la victime.
12:58L'ADN du violeur de l'étudiante.
13:02Les policiers ont demandé un prélèvement ADN sur tous les copains d'Angélique, y compris ceux qui n'étaient pas à la soirée.
13:14Prélèvement revenu négatif et puis terminé, on n'en parle plus.
13:16Oui, ça a été écarté, c'est la première chose qui a été faite.
13:22Tous les proches d'Angélique sont donc écartés de la liste des suspects.
13:26Reste à déterminer si la jeune fille aurait pu faire une mauvaise rencontre dans la boîte de nuit.
13:31La police judiciaire de Creil va alors entreprendre un travail de titan.
13:35Interroger toutes les personnes qui étaient présentes dans la discothèque ce soir-là.
13:40Et il y en avait des centaines.
13:47La boîte de nuit, ce soir-là, était pleine.
13:51Ils réussissent à interroger, de mémoire, près de 300 personnes.
13:57Ça va être un travail colossal.
14:00Ils vont partir de toutes les factures de cartes bleues, des chèques.
14:04Ils vont partir des témoignages des uns, des autres, qui vont dire « Ah bah oui, on était avec un tel, un tel, un tel ».
14:10Et ils vont recueillir des dizaines et des dizaines de PV d'audition.
14:17Au fil de ces interrogatoires, il leur est impossible de relier qui que ce soit au meurtre d'Angélique.
14:32Conclusion des enquêteurs, Angélique a quitté seule la discothèque et a rencontré son agresseur à l'extérieur de la boîte de nuit.
14:40De quoi alimenter une rumeur inquiétante.
14:43Un tueur rôde dans la ville.
14:47À Compiègne, l'affaire Angélique provoque une onde de choc dans la population.
14:52Toute la ville ne parle plus que de ce drame atroce.
15:06C'est l'effroi qui s'abat sur une communauté.
15:09Pour une raison bien simple, c'est que Angélique est sortie avec ses amis dans une boîte de nuit, en plein cœur de la ville, à côté de l'hôtel de ville.
15:21Un endroit où les parents laissent leurs enfants à dos se rendre, j'allais dire en toute sérénité.
15:33C'est le dernier endroit où on puisse imaginer que son enfant soit en danger, en danger de mort qui plus est.
15:42Les habitants se disent que ça aurait très bien pu être leur fille, ça aurait très bien pu être leur amie, ça aurait très bien pu être leur soeur.
15:50Et il y a un énorme soutien de la population de Compiègne.
15:54Il n'y a qu'à se souvenir des obsèques dans la petite église Saint-Germain le samedi qui suit la découverte du corps d'Angélique.
16:04Il y a des centaines de personnes qui sont là, des jeunes, des vieux, des amis, des proches mais aussi des anonymes.
16:10Et on a des mères de famille, des pères de famille qui témoignent à cette époque-là, qui discutent entre eux.
16:17Cette ville est touchée dans sa chair à ce moment-là.
16:19Une psychose s'empare de la ville de 40 000 habitants.
16:22Tout le monde se pose la même question.
16:24Et si le meurtrier était parmi nous ?
16:27Tout le monde se dit mais l'assassin est peut-être compiénois, il est peut-être proche de nous, c'est peut-être quelqu'un que l'on connaît, c'est peut-être un père de famille.
16:38Tout le monde est suspect sans l'être.
16:42La peur règne sur la ville et l'enquête piétine.
16:47Que s'est-il passé entre 4h du matin, le moment où Angélique a disparu de la boîte de nuit,
16:52et 9h du matin, heure à laquelle son cadavre a été découvert par un promeneur ?
16:58En désespoir de cause, les policiers abattent leur dernière carte.
17:02Un appel à témoins est lancé pour pouvoir recueillir tout témoignage.
17:06qui permettent de retrouver des gens avec qui elle a pu entrer en contact en quittant la boîte de nuit.
17:15Et là, c'est clairement une bouteille à la mer qui est lancée.
17:19Parce que très clairement à partir de ce moment-là, les pistes se referment les unes après les autres, n'aboutissent pas.
17:26L'enquête se met à patiner.
17:28Juillet 1997, 8 mois après la disparition d'Angélique, les enquêteurs bénéficient d'un coup de pouce totalement inattendu.
17:37Car un individu qui se prénomme Gérard appelle la police en pleine nuit.
17:42Il s'adresse à la police et demande d'appeler la police.
17:46L'enquête n'est pas terminée.
17:49L'enquête n'est pas terminée.
17:52L'enquête n'est pas terminée.
17:54Car un individu qui se prénomme Gérard appelle la police en pleine nuit et il affirme connaître le meurtrier.
18:00Il est en pleurs et il affirme au téléphone connaître l'assassin d'Angélique qui s'appellerait un certain Thierry.
18:09Pour la première fois, les enquêteurs sont sur une piste précise.
18:13Les policiers se précipitent au domicile de Thierry pour l'interroger.
18:25Quand les policiers arrivent, ce fameux Thierry n'habite plus là depuis quelques jours, depuis fin mai, puisqu'il a rendu les clés de sa chambre.
18:35Les policiers décident tout de même de perquisitionner la chambre du fameux Thierry et ils font d'emblée une découverte très inquiétante.
18:45Sur place, les enquêteurs vont commencer par trouver des traces de sang séché sur le sol.
18:55Les policiers suspectent qu'Angélique aurait pu être tuée dans cette chambre.
19:03Les experts de la police scientifique font des relevés. Ils emportent les meubles, la table.
19:10Ils iront même jusqu'à démonter les lames de parquet pour trouver un indice du sang, notamment celui bien sûr d'Angélique.
19:19Les enquêteurs se mettent à la recherche de ce Thierry.
19:22Et l'homme est rapidement interpellé dans le centre-ville.
19:26Amené au commissariat, Thierry, l'accusé, est alors confronté à son accusateur, Gérard.
19:36Pendant 48 heures, les deux hommes sont auditionnés par les policiers.
19:39Chacun donne sa version.
19:42Gérard continue à dire que Thierry est bien l'assassin d'Angélique alors que Thierry tombe des nues
19:49puisqu'il ne connaît même pas cette affaire et il ne sait même pas pourquoi on l'a interpellé.
19:54Seulement après plusieurs heures d'audition, l'affaire prend une tournure inattendue.
19:59Car Gérard, l'homme qui accuse Thierry, n'est plus tout à fait sûr de ses accusations.
20:05Audition après audition, Gérard finit par craquer.
20:07Il explique aux policiers qu'il a voulu aller régler un compte avec son camarade de beuverie
20:18parce qu'il y a au milieu une sombre histoire de copines qui seraient passées de l'un à l'autre.
20:27Et donc, Gérard explique que jamais son compère n'a confessé le meurtre d'Angélique.
20:37Les enquêteurs reviennent au point de départ.
20:40Quant à Gérard, il va y couper de six mois de prison ferme pour dénonciation mensongère.
20:45Thierry est totalement innocenté et pour cause.
20:48Le sang retrouvé dans sa chambre n'est pas celui d'Angélique mais de vieilles taches de sang qui datent de plusieurs années.
20:56Octobre 1998, deux ans après le drame, la mère d'Angélique est désespérée.
21:02Toujours aucune trace de l'assassin de sa fille.
21:05Marie-Pierre Mazier se sent abandonnée.
21:08Mais un jour, alors qu'elle rentre chez elle, une voisine l'aborde pour lui proposer son aide.
21:22Je la vois rentrer, passer le Porsche près de chez elle.
21:26Je pense qu'elle rentre du cimetière et je la trouve pas bien, désemparée.
21:32Apparemment, l'enquête n'avance pas beaucoup.
21:34Donc, je lui propose mon aide pour pouvoir faire en sorte que le crime ne reste pas impuni.
21:44Je me dis, bon allez, ça y est, c'est parti, je vais me battre.
21:47Je vais me battre pour essayer de retrouver le meurtrier d'Angélique.
21:51Et là, on organise pour la première fois une manifestation pour Angélique.
21:57Dès cet instant, la mère d'Angélique, épaulée désormais par un comité de soutien, entame un véritable combat.
22:04Elle retrouvera coûte que coûte le meurtrier de sa fille.
22:09Le 12 décembre 1998, une première marche blanche pour Angélique est organisée dans l'Oise.
22:19Et comme l'enquête de police ne progresse pas, la mère d'Angélique décide de prendre les choses en main.
22:25Elle lance ses propres appels à témoin à l'aide de ballons.
22:28890 ballons au total avec une photo d'Angélique et un numéro de téléphone, celui de la mère de la jeune disparue.
22:43Elle mène un combat où elle met une forme de pression à tout le monde.
22:50Il n'est pas question qu'on ne retrouve pas l'assassin de sa fille.
22:53Il n'est pas question que le meurtre de sa fille devienne un une affaire parmi tant d'autres.
23:02Imaginez ne pas savoir ce qui a pu se passer, ne pas pouvoir identifier l'auteur de ce crime.
23:12C'est impensable.
23:15Elle va remuer ciel et terre en permanence pour s'assurer que jamais, au grand jamais, l'affaire ne soit enterrée.
23:22La mère d'Angélique a gagné sa première bataille, mobiliser les médias.
23:27Elle espère qu'un témoin, en lisant le journal ou en regardant la télévision, se rappellera de quelque chose.
23:36Moi, je m'oblige à garder espoir de toute façon. Je n'ai pas le droit de baisser les bras et je ne les baisse pas.
23:43Mais les policiers n'ont pas de piste sérieuse, alors ils vont tenter de faire des rapprochements.
23:48Principalement avec des tueurs en série, avec une seule idée en tête, et si l'assassin d'Angélique était un récidiviste.
24:00En décembre 1999, les enquêteurs s'intéressent à une nouvelle piste, celle de Siddhamen Rezala.
24:07L'individu qui est recherché par toutes les polices de France pour être soupçonné d'avoir tué trois jeunes femmes,
24:13avec le même mode opératoire, à savoir des coups de couteau et égorger.
24:19Un couteau pour égorger la victime, un mode opératoire étrangement similaire à celui du meurtrier d'Angélique.
24:26Siddhamen Rezala aurait-il pu tuer l'étudiante dans l'Oise ? L'hypothèse paraît crédible.
24:33D'autant plus qu'il y a un détail qui intéresse beaucoup les enquêteurs.
24:36Il s'avère que celui qu'on appelait le tueur des trains est passé par Amiens, a résidé à Amiens, à une période où Angélique commençait ses études à Amiens.
24:52C'est une piste qui est examinée par les enquêteurs avec les comparaisons ADN.
24:58L'empreinte génétique de Siddhamen Rezala est donc comparée avec l'ADN retrouvé sur les vêtements d'Angélique.
25:04Seulement, elles ne correspondent pas.
25:08Le tueur des trains n'a donc rien à voir avec la disparition de l'étudiant.
25:13Pour autant, les policiers n'abandonnent pas la piste des tueurs en série.
25:18On a de cette façon des comparaisons ADN qui sont faites avec Guy Georges, qui était le tueur de l'Est parisien.
25:24On a des comparaisons qui sont faites avec Arcee Montez, impliquée dans l'affaire de la petite Caroline Dickinson, tuée en juillet 1996 en Ile-et-Vilaine.
25:32Quelques mois avant le meurtre d'Angélique.
25:37Les enquêteurs en sont là.
25:38Les enquêteurs se raccrochent avec toute affaire qui peut, de près ou de loin, s'assimiler à l'affaire Angélique.
25:48Malheureusement, toutes les comparaisons ADN s'avèrent négatives.
25:52Pourtant, les échecs successifs de l'enquête n'entament rien la détermination de la mère d'Angélique.
25:58Marie-Pierre Mazier en est convaincue.
26:01Seule l'ADN permettra d'identifier le meurtrier de sa fille.
26:06Alors, elle va maintenant remuer ciel et terre pour que la France se dote d'un vrai fichier incluant les personnes qui ont été tuées.
26:14Alors, elle va maintenant remuer ciel et terre pour que la France se dote d'un vrai fichier incluant les personnes ayant déjà commis un délit, quel qu'il soit.
26:24Ce que je veux en particulier, c'est que le fichier soit élargi à tous les délinquants, sexuels ou non.
26:32Elle va entrer dans un combat vraiment militant pour que soit créé un fichier national et automatisé d'empreintes génétiques, non seulement des délinquants sexuels mais de tous délinquants, pour pouvoir, comme dans d'autres pays, comme dans les pays anglo-saxons par exemple, avoir un outil pour trouver les auteurs de crimes.
26:55Pour atteindre son objectif, Marie-Pierre Mazier ne ménage pas ses efforts.
26:58Elle écrit, téléphone, interpelle les politiques de tous bords.
27:03Elle en appelle même à son député, Lucien de Gauchy, qui va se faire le relais de la maire d'Angélique pour promouvoir l'élargissement du fichier ADN.
27:12Ce fichier n'a toujours pas été mis en place. Ah si, c'est le cas pour la jeune Angélique Dumez, assassinée le 13 octobre 1996 à l'âge de 19 ans et pour qui l'énigme reste entière.
27:26Marie-Pierre Mazier veut des résultats. Elle n'hésite pas à solliciter les plus hautes autorités de l'État.
27:34Quand on ne la reçoit pas, elle s'invite dans les ministères. Elle ira à Paris en bus et personne ne l'empêchera de voir la ministre.
27:43Comme ce jour de septembre 1999, puisque la garde des sceaux de l'époque, Madame Guigou, fait la sourde oreille, ce jour-là, la maire d'Angélique va employer les grands moyens.
27:54Et l'expédition Place Vendôme est même filmée par son association.
27:58Madame Guigou rentre, ça devait être un mercredi, parce qu'elle rentre du conseil des ministres et elle sort de sa voiture, elle regarde et elle nous dit mais pourquoi manifeste-t-il, puisqu'ils vont être reçus.
28:21Effectivement, je vais être reçu avec les membres de l'association, mais vraiment par un sous-sous-chef de cabinet.
28:30Ça se passe très mal parce qu'il ne veut absolument pas écouter ce qu'on a à lui expliquer, à savoir qu'on voudrait que tous les délinquants soient dans ce fichier.
28:41Et alors là, c'est non. Vous ne vous rendez pas compte, un fichier d'empreinte génétique, c'est impossible. En France, ce n'est pas possible.
28:49Le gouvernement de gauche ne veut pas entendre parler du fichier élargi proposé par la maire d'Angélique au nom du respect fondamental des libertés individuelles.
28:59Octobre 2001, alors que la maire d'Angélique tente en vain d'alerter la classe politique, l'enquête rebondit. Un homme vient trouver les policiers de Compiègne, car il a des révélations à faire.
29:12Il s'agit d'un projectionniste du cinéma qui se trouve en centre ville, derrière une rue, derrière la boîte de nuit où était Angélique.
29:23Le projectionniste se souvient avoir vu une jeune fille ressemblant à Angélique importunée par deux hommes.
29:30Selon lui, l'altercation s'est déroulée le jour de la disparition d'Angélique, à deux pas de la boîte de nuit et quelques heures seulement avant que la jeune fille n'aille danser.
29:39Le témoignage intéresse fortement les enquêteurs, car le projectionniste connaît l'un des deux hommes.
29:48Et c'est comme ça qu'il désigne Fernando Gomez Ferreira comme étant un possible acteur ou témoin direct de la mort d'Angélique.
30:00Les enquêteurs interpellent alors Fernando Gomez Ferreira, un franco-portugais de 26 ans, sans emploi.
30:08Et l'interrogatoire du suspect va se révéler très instructif.
30:12Cinq ans après la mort d'Angélique, pour la première fois, les policiers ont devant eux un homme qui dit avoir vu quelque chose la nuit du drame.
30:21Nous nous sommes procurés le PV d'audition de cet homme, et voici ce qu'il déclare.
30:29Le 12 octobre 1996, Fernando Gomez Ferreira raconte qu'il se rentre en voiture au City Hall, la boîte de nuit de Compiègne, en compagnie de l'un de ses amis portugais, Rafael.
30:45Au policier, Fernando raconte que c'est Rafael qui a accosté Angélique à la sortie de la discothèque.
30:57Il a abordé une fille, il a demandé plusieurs fois une cigarette en portugais.
31:02Moi je suis resté dans la voiture, et il est sorti.
31:13Il raconte qu'Angélique s'est fait enlever placinge à l'arrière de la voiture.
31:19Il raconte qu'Angélique s'est fait enlever place Saint-Jacques, par exemple, donc le parking qui se trouve juste à côté de la discothèque en centre-ville.
31:30Puis toujours selon Fernando Gomez Ferreira, l'ami en question aurait mis Angélique dans le coffre de la voiture.
31:38Par contre, il n'avance aucunement.
31:40Après coup, on aurait emmené le corps de cette jeune fille jusque à la forêt de Compiègne, là-bas où on va retrouver le corps de cette malheureuse enfant.
31:50Une fois dans la forêt de Compiègne, Fernando Gomez Ferreira serait resté dans la voiture.
31:57Il raconte qu'il s'est fait enlever place Saint-Jacques, par exemple, donc le parking qui se trouve juste à côté de la discothèque en centre-ville.
32:05Après coup, on aurait emmené le corps de cette jeune fille jusque à la forêt de Compiègne, là-bas où on va retrouver le corps de cette malheureuse enfant.
32:14Après coup, on aurait emmené le corps de cette jeune fille jusque à la forêt de Compiègne, là-bas où on va retrouver le corps de cette malheureuse enfant.
32:22Après coup, on aurait emmené le corps de cette jeune fille jusque à la forêt de Compiègne, là-bas où on va retrouver le corps de cette malheureuse enfant.
32:30Il l'a posé !
32:32Reste que Fernando Gomez Ferreira est catégorique sur un point essentiel, il n'a pas assisté au meurtre d'Angélique.
32:53Alors, qui est ce fameux Raphaël avec qui Fernando était la nuit du drame ?
33:00Il désigne même un homme qu'il décrit comme étant de style gitan, un homme qui est reparti au Portugal, et un homme surtout dont il va donner un prénom.
33:27Il va mettre en cause un garçon qui s'appelle Raphaël, un portugais comme lui, avec lequel il aurait commis quelques menus larcins.
33:37Les enquêteurs partent donc au Portugal pour appréhender celui qui fait désormais figure de suspect.
33:48Fernando Gomez Ferreira, lui, est mis en examen pour complicité de meurtre et incarcéré.
33:58Les policiers n'ont aucun mal à retrouver la trace de Raphaël.
34:03Après cinq années d'enquête, les enquêteurs ont enfin en face d'eux un coupable potentiel.
34:14Raphaël est interrogé, mais dès le début de la garde à vue, les policiers vont très vite se rendre compte qu'ils font fausse route.
34:22Raphaël, le fameux Raphaël, reconnaît être passé par Compiègne, mais les dates ne collent absolument pas avec celles de l'assassinat d'Angélique.
34:39Et avec la vérification ultime de l'ADN, on sait bien que Raphaël n'a jamais rien fait de mal, et c'est d'ailleurs pourquoi la justice portugaise va le remettre en liberté,
34:49et que la justice française l'abandonne totalement. La piste Raphaël, évidemment, disparaît.
34:57Raphaël n'est donc pas l'auteur du meurtre d'Angélique.
35:01Les enquêteurs s'interrogent.
35:04Pourquoi Fernando Gomez Ferreira les a-t-il orientés sur une fausse piste ?
35:09Aurait-il accusé son camarade pour s'innocenter ?
35:13Serait-il en fait le coupable ?
35:15A priori, c'est peu probable, puisque l'ADN de Fernando Gomez Ferreira ne correspond pas à celui retrouvé sur le corps d'Angélique.
35:27Le fait que son ADN ne soit pas compatible avec l'ADN qui a été retrouvé sur la victime fait qu'il ne peut pas l'avoir violé.
35:37Et on ne retrouve nulle part son ADN à lui sur la victime, ce qui fait que non seulement il ne peut pas l'avoir violé, mais a priori il ne peut pas l'avoir égorgé.
35:48Pourtant, les policiers restent convaincus que Fernando Gomez Ferreira leur cache quelque chose.
35:54Les enquêteurs s'appuient toujours sur les fameux aveux que le jeune homme a passés lors de sa garde à vue.
36:00Il m'a semblé que la voiture bougeait, comme si on chargeait quelque chose. Je me doutais que c'était la fille.
36:08Raphaël m'a dit, t'inquiète pas, j'ai tué. J'ai tué.
36:13Seulement pour son avocat maître Hubert Delarue, les confessions de Fernando Gomez Ferreira ne peuvent être prises au sérieux, car l'homme aurait été la victime d'un interrogatoire un peu trop musclé.
36:25Manifestement, il a raconté en garde à vue tout et n'importe quoi.
36:30On me dira, mais certaines des choses qu'il va dire sont en adéquation, sont conformes au dossier. Bien sûr, parce que les policiers connaissent le dossier.
36:39Alors, Fernando Gomez Ferreira, tu t'es bien rendu avec l'assassin en forêt de Compiègne, à tel endroit ? Oui, bien sûr, etc.
36:47Il va répondre par l'affirmative. Est-ce qu'il fait des hochements de tête ? Personne n'en sait rien.
36:52Ça n'est pas filmé. Il n'y avait pas d'avocat.
36:55Fernando Gomez Ferreira aurait-il pu se laisser influencer dans ses déclarations ? Une chose est sûre, l'homme est loin d'être un témoin fiable.
37:06Fernando Gomez Ferreira, à l'époque, c'est un garçon qui a 26 ans. Il est présenté comme étant très fragile par sa famille.
37:14Il a fait plusieurs placements dans des hôpitaux psychiatriques. Il a été soigné pour des troubles du comportement, pour des hallucinations.
37:23Fernando Gomez Ferreira, fragile psychologiquement, a-t-il tout inventé ? Ou au contraire est-il un pervers manipulateur ?
37:31Quoi qu'il en soit, le 30 avril 2003, après deux ans de prison préventive, l'homme obtient sa libération sous contrôle judiciaire.
37:40Et pour la mère d'Angélique, c'est une catastrophe.
37:44Je veux le choper quand il va sortir. Donc j'attends qu'il sorte. Et je ne peux pas l'approcher parce qu'évidemment il est entouré par des gendarmes.
37:56Et donc c'est son avocat qui prend. Je pousse son avocat, j'attrape son avocat en fait et je le pousse violemment parce que je suis en colère.
38:03Il n'y a personne qui a bougé. Ils ont vu que c'était mon cri de désespoir. Je me suis dit, ça y est, il me le sorte, il sorte de prison, on ne va plus rien avoir.
38:16Est-ce qu'il va repartir dans son pays ? Est-ce qu'il va rester là ? C'est difficile.
38:21Donc j'ai tout ça qui me passe par la tête en cinq secondes. Tout s'écroule en fait.
38:34Après des années d'enquêtes infructueuses, personne ne connaîtra jamais l'assassin d'Angélique.
38:40C'est du moins ce que murmurent en coulisses les policiers à la famille de la victime.
38:49On nous disait qu'il fallait un jour ou l'autre faire le deuil, qu'il fallait passer à autre chose.
38:54Que ce n'était pas forcément sain non plus pour la famille de ne pas tourner la page. C'était un discours qui nous a été régulièrement servi.
39:05C'est inconcevable qu'on puisse penser un seul instant qu'un dossier doit être classé.
39:12Il ne faut pas oublier qu'un dossier, ce n'est pas qu'un dossier. C'est une jeune fille ou un jeune homme qui a été tué.
39:19C'est un prénom, ce n'est pas un numéro. Il y a des vies derrière, il y a une famille derrière. Il faut que cette famille-là sache la vérité.
39:29Les policiers sont démotivés, mais pas Marie-Pierre Mazier.
39:34Très déterminée, la mère d'Angélique continue à se battre et décide de s'adresser directement au premier flic de France, Nicolas Sarkozy.
39:49Mesdames et Messieurs, Monsieur Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, gouvernement du territoire.
39:55Marie-Pierre Mazier est ce jour-là accompagnée des membres de l'association Angélique qui filme la rencontre à Melun en juin 2005.
40:03Asseyez-vous sur le toit.
40:05Je profite de rencontrer Nicolas Sarkozy lors d'une journée de victime pour dire par la voix de la présidente de l'association Isabelle Bockel,
40:15mon mécontentement, que ça ne va pas du tout.
40:20Bonjour, je suis Madame Bockel, présidente de l'association Angélique.
40:24Isabelle Bockel intervient.
40:26Quant à Angélique, malheureusement, le dossier n'avance pas. Je pense qu'au niveau de la police judiciaire de Creil, le dossier d'Angélique va être à côté de la machine à café.
40:36Peut-être que quelqu'un prend le temps de tourner une page.
40:39Donc là, M. Sarkozy a dit que c'était pas normal.
41:02Nicolas Sarkozy le jure, l'affaire Angélique ne sera pas classée.
41:06D'ailleurs, le futur président de la République s'engage à mettre en place l'outil que Marie-Pierre Mazier réclame depuis des années,
41:14l'élargissement du fichier ADN à tous les délinquants, à l'exception des déliroutiers.
41:19Désormais, presque n'importe quelle personne qui aura affaire à la police ou à la justice aura son empreinte génétique prélevée.
41:28Marie-Pierre Mazier, la mère d'Angélique, a remporté sa bataille qui va révolutionner le travail de la police.
41:35Ainsi, il a fallu près de 10 ans pour que l'ADN du meurtrier d'Angélique puisse être comparé à ce nouveau fichier.
41:41Malgré les moyens d'enquête mis à la disposition de cette affaire, le dossier Angélique reste au point mort.
41:52Et pourtant, c'est bien l'ADN qui permettra de démasquer le tueur d'Angélique des années plus tard.
41:59Nous sommes le 16 mai 2011, près de 15 ans après la mort d'Angélique, Marie-Pierre Mazier est convoquée au tribunal de Sanlis.
42:08Le juge en charge du dossier Angélique, Sylvain Maéau, souhaite s'entretenir avec la mère de l'étudiante assassinée.
42:16Je vois M. Maéau qui fait une drôle de tête. M. Maéau fait une tête comme je n'avais jamais vue.
42:22Il nous dit tout de suite, voilà, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
42:29Je lui dis, bah, commencez par la bonne nouvelle.
42:33Il me dit, voilà, on a retrouvé le meurtrier de votre fille.
42:40Il donne un nom, celui de José Méndez Furtado.
42:44C'est un homme d'origine capverdienne, âgé de 52 ans, travaille dans le bâtiment, il est maçon.
42:50L'homme a été identifié.
42:53Trois mois plus tôt, José Méndez Furtado a fait l'objet d'un prélèvement.
42:57Il a été identifié par la police.
43:00Il a été identifié par la police.
43:03Il a été identifié par la police.
43:06Trois mois plus tôt, José Méndez Furtado a fait l'objet d'un prélèvement ADN pour violence conjugale.
43:11On est là en début d'année 2011.
43:14Son empreinte génétique est entrée dans le fichier et le fichier parle.
43:20Les éléments ADN démontrent qu'il aurait violé cette jeune femme.
43:26Pour la mère d'Angélique, c'est le combat de toute une vie qui donne enfin des résultats.
43:32Le fait de savoir que c'est le fichier qui avait fait en sorte que Méndez Furtado soit retrouvé,
43:40ça m'a mis du baume au cœur parce que depuis des années et des années que je me bats pour le fichier d'empreinte génétique,
43:48c'est le fichier qui a fait en sorte qu'on sache enfin la vérité, qu'on puisse mettre un nom et un visage sur le violeur et l'assassin d'Angélique.
43:58Donc oui, je me dis que je ne me suis pas battue pour rien.
44:03Il y a eu des hauts, il y a eu des bas, mais finalement j'ai bien fait, j'ai bien travaillé.
44:13Le magistrat ne se contente pas de donner le nom du meurtrier présumé d'Angélique.
44:18Il montre aussi sa photo à Marie-Pierre Mazier.
44:21Un visage connu pour elle, car l'homme habitait contre elle.
44:25Et en fait, je l'ai reconnu et je sais qu'il passait régulièrement sur mon lieu de travail.
44:33J'ai croisé l'assassin de ma fille sans savoir que c'était lui.
44:36Ça, ça m'est insupportable.
44:42Ce qui est le plus incroyable dans cette affaire, c'est qu'après la mort d'Angélique, José Méndez Furtado,
44:47qui habite à deux minutes en voiture de la mère d'Angélique, a une vie banale, normale, comme vous et moi.
44:56Il va au supermarché où travaille la mère d'Angélique.
45:00Elle est caissière, donc il la croise, la reconnaît, très vraisemblablement,
45:05parce que sa photo est passée à de multiples reprises dans la presse locale.
45:09Et il avait quitté le quartier.
45:10Et le pire, c'est que l'homme qui a vécu à côté de la mère de la victime ne parlera plus jamais.
45:15Il s'est rendu compte qu'il n'avait pas le droit de faire ça.
45:18Il a été tué, il a été tué, il a été tué.
45:21Il a été tué, il a été tué, il a été tué, il a été tué, il a été tué.
45:25Il a été tué, il a été tué, il a été tué.
45:29Le procès est arrivé.
45:31Et le pire, c'est que l'homme qui a vécu à côté de la mère de la victime ne parlera plus jamais.
45:37Car le juge d'instruction annonce sa mauvaise nouvelle.
45:41José Méndez Furtado, le meurtrier présumé, s'est donné la mort,
45:45deux mois plus tôt, juste à côté de Compiègne.
45:55Je suis choquée.
45:57Je suis choquée.
45:59Je suis choquée.
46:01Je me dis bon alors, on l'a trouvé, ok.
46:06Il est mort.
46:07Bon, comment ?
46:08C'est un homme qui vient de se...
46:13après avoir tué à l'arme blanche et brûlé sa femme.
46:21Furtado décédé, c'est une nouvelle enquête qui redémarre pour les policiers.
46:26Les policiers en charge du dossier Angélique.
46:29Une enquête sur un mort qui a emporté avec lui ses lourds secrets.
46:34J'ai un peu l'impression que le meurtre d'Angélique va rester impuni.
46:38Et puis, est-ce qu'on va savoir, est-ce que je vais savoir toute la vérité ?
46:42Puisqu'il est parti en...
46:45Il n'y a que lui qui savait ce qu'il avait fait, pourquoi, comment.
46:49Et j'ai un peu peur de rien savoir, de jamais rien savoir.
46:53Pour nous, ce dossier ne pourra connaître le mot fin qu'à partir du moment où nous aurons tous les éléments
46:58qui nous permettront d'établir précisément ce qui a pu se passer.
47:03Avec qui elle est partie, dans quelles conditions et comment elle a été tuée.
47:08Et la question du pourquoi sera peut-être celle à laquelle il sera le plus difficile de répondre
47:13puisqu'effectivement son...
47:16L'auteur principal, en tout cas le principal inculpé n'est plus là pour nous en parler.
47:22De nombreuses zones d'ombre planent toujours sur cette affaire.
47:25José Mendes Furtado avait-il des complices ?
47:30Et Fernando Gomez Ferreira, l'unique suspect toujours mis en examen pour complicité de meurtre,
47:36connaissait-il le violeur d'Angélique ?
47:41Pour son avocat, la question ne s'oppose même pas.
47:46Moi, son conseil, je lui ai dit si tu as vu cet homme, si tu l'as côtoyé, de toute façon ça se saura peut-être.
47:53Donc autant que tu me le dises, écoutez, maître, je sais pas qui c'est, on a montré sa photo dans la presse,
48:01c'est un monsieur qui ne me dit absolument, absolument rien.
48:04La justice est donc confrontée à une situation difficile.
48:08Le violeur d'Angélique est mort.
48:11Et aucune preuve scientifique n'atteste la présence d'un complice présumé sur les lieux du crime.
48:19Aujourd'hui, Marie-Pierre Mazier vit toujours à Compiègne.
48:22Elle ne regrette pas ses 15 années de lutte.
48:27Depuis presque 15 ans, tous les jours, je me dis, allez, il faut que ce soit aujourd'hui, il faut que ce soit aujourd'hui,
48:35il faut qu'on m'appelle pour me dire ça y est, on l'a.
48:38Bon, là, ça s'est pas passé exactement comme je l'aurais souhaité, mais voilà, ça y est, j'ai le nom et j'ai son visage.
48:47Ça ne change rien, ni au chagrin, ni à la douleur, ça me fera pas revenir Angélique, mais bon, quelque part, c'est un petit soulagement quand même.
49:02Le dossier d'Angélique n'est toujours pas refermé.
49:05La justice doit toujours tenter de découvrir le scénario du meurtre de l'étudiante.
49:11Et surtout, elle devra se prononcer sur le sort de Fernando Gomez Ferreira, qui est toujours mis en examen pour complicité de meurtre.

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