Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
Category
🗞
NewsTranscription
00:0013h-14h, Europe 1-13h, 13h33 sur Europe 1, Europe 1-13h, la suite avec WCLM 0 et aujourd'hui
00:07l'avocat de Sarah Salman et le chroniqueur politique Olivier Dartigold.
00:10On est jusqu'à 14h, tiens on va parler un peu de politique, pour le moment on va parler
00:13de ce budget 2025 qui fait beaucoup parler, Gérald Darmanin met la pression sur Michel
00:18Barnier en refusant par avance sa copie.
00:20Je ne voterai aucune augmentation d'impôts, pour l'instant le budget tel qu'il est annoncé
00:24me paraît inacceptable, en effet, pourquoi ?
00:26Donc ça veut dire quoi, ça veut dire que vous êtes dans l'opposition ?
00:27Ça veut dire qu'on va avoir un débat parlementaire, vous savez le pouvoir est désormais au Parlement,
00:32le gouvernement fait une proposition, c'est normal, et le Parlement va débattre, c'est
00:35pour ça qu'on a été élu.
00:36On aurait un retour en arrière vers François Hollande là, ça c'est très inquiétant
00:40parce que ça va créer le chômage de demain.
00:42Voilà Gérald Darmanin qui attaque, qui est dans l'opposition donc c'est un peu cynique,
00:48hypocrite non ?
00:49Attaque assez forte puisqu'il dit, en plus de ce qu'on vient d'écouter, que cette
00:54trajectoire évoquée par Michel Barnier annonce des augmentations pérennes d'impôts alors
01:00que le Premier ministre insiste sur le fait que c'est exceptionnel et temporaire.
01:04En fait, il évoque même une idéologie fiscale concernant le nouvel exécutif en dénonçant
01:11en effet cette trajectoire avec un déficit à 5% en 2025, à 3% en 2029.
01:19Il y a deux dimensions il me semble, la première dimension il ne faut pas la sous-estimer,
01:23c'est un véritable désaccord politique sur la trajectoire budgétaire.
01:27Gérald Darmanin est ancien secrétaire d'Etat au budget.
01:31Ministre des Comptes publics 2017-2020.
01:33Ministre des Comptes publics, il avait mis en place, on se souvient, l'impôt à la source.
01:38Et il y a peut-être aussi l'expression d'un animal politique blessé, c'est-à-dire qu'il
01:44aurait aimé être maintenu dans l'exécutif, peut-être au quai d'Orsay, ça ne s'est pas
01:49réalisé.
01:50Et peut-être que l'arrivée tonitruante de Bruno Retailleau avec les annonces tous
01:57les jours depuis sa nomination, pourrait laisser entendre que Gérald Darmanin a eu la main
02:03pour le coup faible à Beaumont.
02:04Mais c'est quoi ? C'est un besoin d'exister, ça aura ça de mal, c'est un besoin d'occuper
02:07le terrain ?
02:08Moi je crois en la sincérité de M.
02:10Gérald Darmanin, ce que nous propose le gouvernement en matière d'impôt, en nous disant pour
02:14nous faire passer la pilule, non mais ne vous inquiétez pas c'est provisoire, ça ne touchera
02:17quasiment personne, ça va toucher beaucoup de monde.
02:200,3% ! Entre 65 000 et 75 000 ménages.
02:23C'est extrêmement impopulaire comme mesure et c'est parce qu'on attend d'un gouvernement
02:26de droite, moi je le dis franchement, on n'attend pas des hausses d'impôts, ça aurait été
02:29la gauche qui fait une hausse d'impôts, j'aurais dit bon bah...
02:31Est-ce que les macronistes n'auraient pas fait la même chose ?
02:34Si Gérald Darmanin était toujours là et les macronistes en pleine puissance, est-ce
02:38qu'ils n'auraient pas fait la même chose ? Qu'auraient-ils pu faire d'autres ?
02:40Alors ça c'est une bonne question, mais c'est vrai que Gérald Darmanin, contrairement
02:44à d'autres ministres qui font cette baissée et qui obéissent sans rien dire, Gérald Darmanin,
02:48je pense qu'il n'aurait pas eu peur de dire ce qu'il pensait.
02:50Sur les 60 milliards annoncés d'efforts fiscaux, d'efforts fiscales, il y a donc 40 milliards
02:56relevant de la baisse de la dépense publique, 20 milliards pour l'État, 13 milliards sur
03:01la Sécurité Sociale, on aura en reparler certainement, et 7 milliards pour les collectivités
03:05territoriales.
03:06Et 20 milliards de hausses d'impôts particuliers entreprises.
03:11Donc il me semble quand même que le totem, on ne touche pas à la fiscalité qui existait
03:17depuis 2017, le fait qu'on puisse réouvrir le débat concernant de nouvelles recettes
03:23fiscales, ça me semble plutôt intéressant.
03:25Regardez le PDG de Total Energy, M. Pouyanné, qui vient de dire, mais concernant les rachats
03:31d'actions, pourquoi pas, si c'est une taxe de 1% comme cela se passe aux États-Unis.
03:36Comme quoi il y a quand même un peu de grain à moudre quand même.
03:39Oui mais d'accord sur les entreprises, mais sur les particuliers.
03:42La conséquence c'est que beaucoup de personnes vont vouloir quitter la France.
03:45Si vous vous mettez à taxer les super-riches, c'est ce que disait Agnès Verdi.
03:48Elle a entièrement raison, c'est-à-dire que ces personnes sont créatrices d'emplois,
03:52si on les fait fuir à travers l'outre-Atlantique ou ailleurs, hors de l'hexagone, ça ne va
03:57pas être positif pour nous.
03:58Le fait que Gérald Darmanin dit que c'est inacceptable, quand on me dit hausse d'impôts
04:03même si ça touche 0,3%, je trouve que c'est inacceptable.
04:05Ils gagnent 500 000 euros par an, un couple sans enfant.
04:08Mais c'est des gens aussi qui travaillent en fait.
04:10Bien sûr, bien sûr.
04:11Mais on augmente leur indexation à 40%.
04:14Mais ils payent déjà énormément d'impôts, c'est du racket.
04:17Il faut quand même dire que la politique de l'offre qui a bénéficié à la fiscalité
04:21du capital et autres grandes entreprises a soustrait à nos recettes fiscales à peu
04:25près 60 milliards par an.
04:26Et il y a quand même les très hauts revenus, y compris les très grandes entreprises, qui
04:31disent pour un certain nombre d'entre eux, et pourtant ils n'ont pas le couteau entre
04:34les dents, oui c'est vrai, on peut peut-être faire un effort supplémentaire, une mise
04:39à contribution au regard de l'état catastrophique des finances publiques.
04:42C'est une question aussi de mise à contribution de ceux qui peuvent faire un peu plus.
04:47Par contre, dans le même temps, il y a les annonces sur les retraites, où on va prendre
04:514 milliards d'euros dans la poche des retraités en gelant l'indexation sur les 6 premiers
05:00mois de l'année.
05:01Elle sera réajustée au 1er juillet au lieu d'être réajustée au 1er janvier, c'est
05:056 mois.
05:06Et d'ailleurs on entendait tout à l'heure les retraités dire, nous les retraités on
05:08est la variable d'ajustement.
05:09Oui, c'est vrai, c'est aussi l'électorat d'Emmanuel Macron qui s'est engagé à ne
05:13pas le faire.
05:14L'actualité à 13h38, c'est aussi Bruno Retailleau qui a fait des propositions pour
05:19lutter contre l'immigration clandestine.
05:21Il a été interviewé par le Figaro Magazine et je vous propose justement d'écouter ce
05:26qu'il a dit à propos du prolongement de la durée de rétention en centre de rétention
05:31administrative.
05:32Il faut une loi.
05:33210 jours, c'est aujourd'hui ce que la loi nous permet de faire pour un dangereux
05:37terroriste.
05:38Pourquoi quelqu'un qui a commis un crime sexuel ne s'exposera-t-il pas à la même
05:41durée ? Et bien entendu, ils font un vecteur législatif pour modifier ce point-là, de
05:46même modifier le regard du juge.
05:48Aujourd'hui, le juge des libertés, personne ne doit l'accuser parce qu'il a des règles.
05:53Mais moi, je pense que la principale règle lorsqu'il examine la possibilité de libérer
05:58quelqu'un qui est dangereux, c'est justement sa dangerosité et son manque de place.
06:01Il faut donc construire des nouvelles places.
06:03Il y a un programme de 3000 places de plus.
06:05Comme il n'y a pas suffisamment de places, il faut cribler, il faut envoyer dans les
06:09centres de rétention administrative les individus les plus dangereux.
06:12Oui, Bruno Retailleau a dit que pour les crimes les plus graves, notre main ne doit pas trembler.
06:16Il faut aller jusqu'à 180 voire 210 jours.
06:19Oui, ce serait déjà plus aligné avec ce que font certains de nos voisins de l'Union
06:22européenne.
06:23Je pense notamment à l'Allemagne qui a six mois, il y a d'autres pays où c'est beaucoup
06:27plus.
06:28Donc ça, ça ne réglera pas tout, mais c'est déjà un grand pas qu'on pourrait faire et
06:32ça ne me semble pas très, très difficile à faire.
06:34Après, il y a 1800 centres de rétention administrative augmentés à 3000.
06:37Oui, mais il ne faut pas que ce soit comme Emmanuel Macron qui nous promet plein de
06:41places de prison.
06:42Il nous a promis ça en 2019.
06:43Résultat, il y a une surpopulation carcérale et on n'a toujours pas plus de prison.
06:46Et n'oublions pas qu'on a le duel Migaud-Retailleau qui fait que Bruno Retailleau peut être plein
06:51de bonnes...
06:52Oui, c'est peut-être pas plus mal, mais on a plein de bonnes volontés de Monsieur Retailleau
06:56qui pourraient être freinées par Monsieur Migaud-Retailleau parce qu'une chaîne pénale...
06:59Pour vous, c'est le seul écueil ?
07:00Oh, il y en a tellement d'autres, mais ça en fait partie.
07:02Nous verrons, il s'est beaucoup exprimé, c'est presque un vice-premier ministre.
07:08Il fait un peu le matamor depuis sa nomination Place Beauvau avec beaucoup d'annonces.
07:14Il y a eu cette polémique, il n'y avait peut-être pas lieu d'être.
07:18On est favorable à l'état de droit, mais on peut bouger l'état du droit.
07:21Vous avez vu que ce matin, il a envoyé un télégramme à tous les préfets ?
07:24Oui, mais il y a beaucoup d'annonces.
07:25Par exemple, à droit constant, on pouvait très bien expulser l'assassin de Philippine
07:28à droit constant.
07:29Il nous dit, concernant l'Algérie, un visa égale une OQTF, c'est-à-dire qu'on n'accordera
07:37pas plus de visa que d'OQTF qui seront exécutées.
07:41A voir.
07:42Sur ce point précis, par exemple, je demande à voir.
07:46Vous trouvez qu'il parle beaucoup de ça ?
07:47Oui, le verre des eaux, nous verrons concrètement sur l'atterrissage en termes de réalité
07:51des politiques publiques menées, je n'ai aucun doute.
07:53Et quelle est sa place selon vous dans le gouvernement, Bruno Retailleau ?
07:56Je pense que plutôt à droite, je pense que Michel Barnier, qui ne l'a en aucun cas rappelé
08:03à l'ordre, si ce n'est mais Mésovoce dans sa déclaration de politique générale
08:08pour redire les lignes rouges qui étaient les siennes, mais sinon, il serait parti
08:12ce bien, Michel Barnier parlant plutôt au bloc présidentiel, Bruno Retailleau étant
08:19plutôt sur des annonces qui sont plutôt jugées positives par le Rassemblement National
08:26qui a entre ses mains l'avenir de ce gouvernement.
08:28Vous pensez que Bruno Retailleau est là pour parler à l'aile droite du gouvernement ?
08:31Oui, a priori, il parle plus à l'aile droite qu'à Jean-Luc Mélenchon et ses copains.
08:35Je crois que ça fait plus écho.
08:36Mais je pense que pour ce qui est des OQTF, des centres de rétention administrative, il
08:41devrait, je crois, y avoir un consensus.
08:43Quand on voit l'affaire Philippine, je ne comprends même pas qu'il y ait des divergences
08:46entre le Rassemblement National et la France Insoumise en réalité.
08:49Avec une spécificité, Sarah, c'est sur le nombre d'OQTFs prononcés en France.
08:53Nous sommes à plus de 130 000.
08:55Est-ce qu'il ne faudrait pas prioriser certains profils ? Il y a aussi des OQTFs qui peuvent
09:00être en arrière-cuisine, dans les restos, à l'entour de ces studios.
09:03Qu'est-ce que vous entendez par prioriser les profils ?
09:05Ce qu'avait commencé à faire Gérald Darmanin concernant les centres de rétention administrative
09:10en disant, pour les auteurs de crimes, ça me semble être une politique de bon sens.
09:17Et après, évaluer la dangerosité, ce n'est pas toujours évident, parce qu'est-ce qu'il
09:20faut attendre le passage à l'acte de quelqu'un pour évaluer sa dangerosité ?
09:23Non, mais au moins quand il s'agit d'une récidive...
09:25Qui évalue finalement, Sarah Salman ?
09:28Vous avez des juges qui évaluent, mais quand on voit que certains juges ne trouvent pas
09:32qu'il y a une dangerosité et que la personne derrière commet un crime, je ne sais pas trop
09:36comment se passe cette évaluation.
09:37Je pense qu'un psychiatre ne ferait pas de mal dans tout ça.
09:39Et dans le dernier cas qui nous a préoccupés sur l'affaire de Philippine, le juge dit
09:44qu'il y a dangerosité, mais il s'appuie sur le droit qui a été mal construit sur
09:51l'ordre public, alors qu'il était en centre de rétention administrative.
09:53Il se bat sur les 15 derniers jours, alors qu'il était dans un centre de rétention
09:56administrative.
09:57Et encore heureux que ça se passe bien !
09:58Et dans l'extrait que nous avons entendu, on entend Bruno Retailleau s'en prendre aux
10:03lois, aux droits, mais pas aux juges ! Est-ce qu'ils ne se trompent pas de combat aussi ?
10:07Oui, vous avez entièrement raison là-dessus, parce que l'arsenal juridique existe et là
10:10est présent.
10:11Après, vous avez certains juges qui sont gangrénés par une idéologie.
10:13On l'a vu l'autre fois avec le syndicat de la magistrature, on l'a vu, il y a des juges
10:17qui sont frileux à appliquer la sanction et qui sont...
10:19Ils ne veulent pas se mettre la justice à deux selon vous ?
10:20Malheureusement que le ministre de l'Intérieur ne s'en prend pas aux juges.
10:23Oui, mais j'entends.
10:24Il pourrait aussi dire qu'il faut faire avancer, qu'il faut faire appliquer le droit.
10:28Il a déjà pas mal fait.
10:30Alors, il y a une inconnue politique dans les prochaines journées, c'est la réaction
10:33ou pas de Didier Migaud.
10:35C'est un vrai sujet.
10:36Oui, il est plutôt taiseux, mais comme je le disais, c'est peut-être pas plus mal.
10:40Pourquoi c'est pas plus mal ?
10:42Parce que si c'est pour détricoter ce que dit M. Retailleau, je pense que c'est peut-être
10:46mieux de se taire dans l'intérêt général et collectif.
10:49On va continuer à parler de justice, si vous voulez bien, dans quelques instants avec le
10:52procès Pélico.
10:53Un mois déjà que ce procès se tient à la cour criminelle du Vaucluse qui doit à nouveau
10:58se prononcer sur la diffusion des vidéos à huis clos ou pas.
11:01Il y a une discussion.
11:02Est-ce qu'il faut montrer ces vidéos à tout le monde, y compris ?
11:05Il faut.
11:06On va en parler.
11:07Gardez votre réponse au-delà des personnes concernées, à la presse, au public.
11:11Eh bien, on va en parler dans quelques instants.
11:12A tout de suite.
11:13Vous écoutez Céline Giraud, il est 13h44 sur Europe 1.