À 9h20, Véronique Sanson est l'invitée de Léa Salamé. Son concert « Hasta Luego » est diffusé ce jeudi, à 20h, au cinéma dans plus de 280 salles en France. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-25-septembre-2024-8123944
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00:00Bonjour Véronique Samson, merci d'être avec nous, on est très heureux.
00:04Moi aussi, moi aussi.
00:05On est très heureux de vous recevoir ce matin.
00:07Je suis tellement contente de vous voir.
00:09Et il y a la moitié de la rédaction qui est venue me demander, elle vient quand Véronique Samson ?
00:12C'est gentil.
00:13D'abord parce qu'on vous adore et aussi parce que vous êtes assez rare en interview ces dernières années.
00:19Vous n'aimez plus ça ? Vous avez peur de vous répéter ? Ça vous saoule un peu ?
00:23Non, ce n'est pas pour ça.
00:25C'est parce que ça fait très très longtemps que je n'ai pas sorti d'album, tout neuf je veux dire.
00:33Et que finalement, quand on va faire une radio, c'est pour faire la promotion finalement de votre album.
00:45Et moi, maintenant, je ne sais pas pourquoi, ça fait tellement longtemps que j'écris des chansons.
00:50Ça fait tellement longtemps que j'ai l'impression d'avoir tout dit alors que j'ai dit la moitié du quart du huitième de ce que je veux dire.
01:03Mais je ne sais pas.
01:04Puis j'ai eu une grosse flemme, une grosse paresse aussi.
01:08Donc voilà.
01:09On est content de vous avoir sorti de votre flemme et de votre paresse pour un jour.
01:14Et pour parler de la soirée unique que vous allez proposer demain soir au cinéma.
01:17Je vais y venir.
01:18Mais d'abord, dites-moi si vous étiez une actrice, si vous étiez un personnage historique, un livre et un pays, vous seriez qui ?
01:25Vous seriez quoi ?
01:25Alors d'abord, une actrice, si vous étiez une actrice ?
01:30Je serais Corinne Masiero.
01:33Ah, Corinne Masiero, pourquoi ?
01:36Parce que je la trouve absolument tellement spontanée, inventive.
01:44Je sais qu'elle participe énormément au dialogue, que José Dayan accepte avec plaisir d'ailleurs, je pense.
01:53De Capitaine Marleau, on précise.
01:54Quelqu'un qui ne saurait pas de quoi vous parler.
01:57C'est un rôle qui a la tronche qui est là, avec son chapeau.
02:01Je veux dire, moi, je trouve que c'est la chose la plus spontanée du monde.
02:07En plus, elle est étordante et en vrai, elle est super belle.
02:13Corinne Masiero, donc, un personnage historique ?
02:17Un personnage historique, je pense que je serais Calamity Jane.
02:23Alors là, je ne m'attendais pas à ça, pourquoi ?
02:26Parce que c'est déjà difficile d'être une femme dans notre monde d'aujourd'hui.
02:35C'était encore plus difficile à l'époque, surtout dans l'Ouest à ce moment-là.
02:44C'était une braqueuse, c'était...
02:47Elle était une femme libre.
02:50Une femme libre.
02:51Oui.
02:53Un livre ?
02:56Alors, un livre, je serais...
03:02« L'arracheuse de dents » de Franz-Olivier Gisbert,
03:06qui est un livre passionnant.
03:11Et tout ce qu'il écrit, moi, je trouve ça passionnant de toute façon.
03:14Et je lui passe un grand bonjour, si j'ai le droit.
03:17Oui, oui, vous pouvez.
03:18Et qui m'avait complètement éclatée.
03:21C'est un page-turner, c'est vraiment...
03:23Puis en plus, c'est tellement merveilleusement écrit.
03:25Le personnage, déjà, d'appeler un dire « L'arracheuse de dents »,
03:30ça m'a forcée à l'acheter, évidemment.
03:33Et c'est superbe.
03:36Et un pays, pour terminer ?
03:38Écoutez, je cherche dans ma tête.
03:44Je pense que c'est la France.
03:46Je suis très profondément attachée à ma France.
03:50C'est quoi, votre France ?
03:52Même en ce moment ?
03:53C'est quoi, votre France ?
03:55Elle est comment, votre France ?
03:57Elle est inégale.
03:59Elle est...
04:01Il y a beaucoup de choses que j'aime qui sont irremplaçables.
04:06Déjà, ce pays où il y a des architectures différentes.
04:12On sait, moi, si on me bande les yeux, par exemple,
04:14et qu'on me met dans une région, je sais où je suis.
04:20Si je suis en Bretagne, je sais que je suis en Bretagne.
04:22Si je suis au Pays Basque, je sais que je suis au Pays Basque.
04:25Parce que les couleurs, les odeurs, l'atmosphère ?
04:27L'architecture.
04:28L'architecture, vous savez où vous êtes.
04:30L'architecture, bien sûr.
04:31Bien sûr, et les tuiles rouges, les ardoises, on sait où on est.
04:37Alors voilà, Véronique Samson, ça fait deux ans que vous êtes en tournée
04:40partout en France avec votre concert.
04:43Un concert que vous jouez à guichet fermé.
04:45Et vous proposez de vivre ou de revivre ce concert au cinéma
04:49avec une séance unique.
04:51Demain soir, à 20h, partout en France,
04:54dans 280 cinémas, à 20h, une seule diffusion.
04:58Donc il faut prendre les places, c'est 20h et c'est demain.
05:01Avec une qualité d'image et de son exceptionnelle.
05:04Je l'ai vu en vidéo.
05:05Grâce à Thierry Tesson.
05:07C'est le réalisateur.
05:08En fait, on se croit vraiment dans une salle de concert avec vous.
05:11C'est ça l'idée ?
05:13Oui, c'est pour donner une...
05:15Evidemment, ce ne sera jamais la même ambiance.
05:18Mais je veux dire, ça donne quand même une toute petite idée
05:21de ce qu'on peut donner, nous, sur scène.
05:25Et de ressentir ce qui peut se passer
05:32quand c'est vraiment direct live et qu'on a les gens devant soi.
05:38Ce qui est hallucinant quand on regarde le spectacle,
05:42quand on vient vous voir, mais vraiment,
05:45ça se voit encore plus quand c'est filmé.
05:47C'est la force que vous dégagez sur scène.
05:50On peut dire votre âge ?
05:51Vous ne le cachez pas ?
05:52Oui, bien sûr, j'ai 75 ans.
05:55Vous les avez fêtés au Rex à Paris en avril dernier.
05:58Absolument.
05:59Et j'avais fêté mes 70 ans au Palais des Sports.
06:02Et quand on vous voit à 75 ans, donc,
06:05on se demande où vous trouvez la force d'envoyer ce que vous envoyez,
06:10malgré la vie que vous avez eue, malgré les maladies,
06:13malgré les excès, malgré les insomnies.
06:16Où vous trouvez la force d'envoyer ce que vous envoyez,
06:19d'être une bête de scène, vraiment, à 75 ans ?
06:22Je crois que c'est l'adrénaline qui vous rend comme ça.
06:33Et puis, moi, dans ma tête, je ne pense pas du tout que j'ai 75 ans.
06:38D'ailleurs, je n'y pense pas et ça m'est complètement égale.
06:43Et quelquefois, il y a des gens qui...
06:47Bon, là, pour vous, je me suis maquillée comme une voiture volée,
06:53mais j'ai fait un effort.
06:56Mais quelquefois, je me dis, là, franchement, t'as vraiment 75 ans.
07:00Et physiquement aussi, il y a des petits trucs comme ça.
07:04Mais quand je peux avoir...
07:06Je sais que j'ai joué avec des poignets cassés, avec des côtes cassées.
07:13Un jour, on m'avait donné un coup de couteau à la main.
07:17On m'avait joué quand même.
07:19Et on ne sent plus rien.
07:20Et si vous avez, par exemple, super mal aux dents,
07:24vous mettez un pied sur la scène et on ne sent plus rien.
07:28La douleur s'efface immédiatement.
07:31Oui, c'est-à-dire qu'on est tellement happé par cet extraordinaire accueil du public.
07:41Et puis aussi, un truc important, c'est qu'il faut se sentir belle.
07:47Mais vraiment à l'intérieur.
07:50Et quand on se regarde un dernier coup de miroir
07:54avant de mettre un pied sur la scène avec le public.
07:59Et quand on dit, ah, ça va, ça, ça va.
08:02Il y a des fois où je me dis, oh là là, j'ai raté un truc, le maquillage.
08:06J'ai fait n'importe quoi.
08:08Eh bien, j'ai moins de...
08:10Parce que je ne me sens pas...
08:11Il faut se sentir la plus force.
08:14Il faut se sentir, il faut oublier tout.
08:16Il faut se sentir la plus puissante, la plus féroce et la plus effroyablement passionnée pour y aller.
08:28Et quand on y va, on est tellement content.
08:30Vous dites d'ailleurs, faire des disques, c'est chiant, ça m'ennuie.
08:34D'ailleurs, ailleurs que sur scène, je m'ennuie.
08:37Ailleurs que sur scène, ce n'est pas que je m'ennuie, mais c'est moins drôle.
08:45Alors pour les tournées, c'est bien.
08:47Les spectacles, c'est bien quand on est sur scène.
08:50Mais alors, tout le avant, les voyages, les trucs, moi, je prends le train.
08:56Moi, j'ai toujours la dernière voiture du quai à un kilomètre.
09:01Voilà, il y a tout un tas d'inconvénients.
09:05Mais ça vaut le coup et je trouve ça merveilleux.
09:10Vous enchaînez vos tubes et des chansons moins connues dans ce spectacle qu'on peut voir au cinéma.
09:15Entourée d'une dizaine de musiciens, la lumière est belle, c'est très rythmé.
09:19Et vous jouez avec le public, vous chantez avec lui, comme sur la dernière chanson de vos concerts.
09:24S'il te plaît, je voudrais aller à Baïa.
09:28Ah oui, ok.
09:32Je l'ai bien vu dans la lampe d'un hôtel.
09:37Je vous tiens à moi.
09:41A mes yeux.
09:49Oh, caresse-moi.
09:55Le matin où les étoiles sont...
09:56Le public chante.
09:57Ah oui, oui, oui, il chante.
09:58Pendant deux heures, le public chante.
10:00Avec vous.
10:01Et vous jouez avec lui.
10:02Oui, et il chante.
10:03Et je trouve qu'il est formidable ce public que j'ai, parce qu'ils ont une puissance d'écoute quand il faut que ce soit.
10:17Ils écoutent et quand ils doivent chanter, ils y vont.
10:22Ils se lèvent, ils dansent et tout.
10:24Après, si je reviens sur une chanson, on n'a pas besoin de leur dire quoi que ce soit.
10:31Ils ont une qualité d'écoute qui est merveilleuse et j'en suis très reconnaissante.
10:40Et vous avez la chance d'être l'une des rares artistes à avoir un public multigénérationnel.
10:44C'est-à-dire qu'il y a des jeunes et on le voit dans le concert.
10:47Il y a leurs parents et leurs grands-parents.
10:51Il y a tous les âges.
10:54Il y a de plus en plus de jeunes, mais même de très jeunes.
11:02Je crois que c'est dû au fait qu'on est repris dans « Tout ce qui brille ».
11:13Oui, bien sûr.
11:14C'est dans le film de Géraldine Acache.
11:16Exactement.
11:17Et vous pensez que vous avez, grâce à cette chanson…
11:19Tout le monde pensait que j'avais composé la veille.
11:22Alors que je l'ai composé en 1972.
11:25Et ça a attiré beaucoup de gens de bouche à oreille.
11:30Et puis il y a aussi les parents qui gavent leur peau toute la journée avec des chansons.
11:37Ça c'est clair.
11:38Et puis il y a toute la jeune génération qui n'arrête pas de dire que vous êtes sa chanteuse préférée.
11:43Vous êtes dans le panthéon de la jeune génération.
11:46Julia Termanet évidemment, qui vous rend souvent hommage.
11:51Et puis il y en a d'autres.
11:53D'ailleurs il y en a que vous invitez sur scène dans ce spectacle, comme Vianney,
11:56avec qui vous chantez avec lui sa chanson « Hasta luego ».
12:16« Hasta luego »
12:42Vianney, vous l'aimez ?
12:44Je l'adore.
12:46Il est tellement solaire.
12:49C'est un type formidable.
12:56Il n'est tellement pas sectaire.
13:07En musique, il y a des gens qui disent que j'aime que le truc.
13:12Lui, il est multi, comme moi d'ailleurs.
13:15Quand les choses me parlent, je trouve ça bien.
13:19Je me dis que c'est du rap.
13:22Il y a des trucs de rap que j'adore.
13:24Vous aimez bien ?
13:25Vous aimez bien Soprano ?
13:27Bien sûr.
13:29Et puis il y a des rappeurs qui ne sont pas connus, qui sont vers Toulouse, dans toute la France.
13:35Mais qui sont absolument formidables.
13:38Vous avez regardé Ayana Kamoura avec la garde républicaine pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques ?
13:43Oui.
13:44Ça vous a plu ?
13:45Oui.
13:47Le mélange des genres.
13:49Oui, je trouve ça très bien.
13:51Il ne faut pas se mettre des limites, des carcans, marcher dans un tout petit couloir sans lumière.
13:59Il faut ouvrir.
14:01Oui.
14:02C'est ça aussi la France que vous aimez ?
14:04Oui, absolument.
14:06C'est vrai que les Français sont les plus râleurs du monde.
14:10Mais bon, on a eu une parenthèse enchantée pendant les Jeux Olympiques.
14:14On n'a jamais été moins râleurs et jamais été aussi fiers d'être Français.
14:18Bien sûr que oui.
14:20C'est vrai que c'était assez passionnant.
14:25C'était rigolo.
14:28Moi, je n'ai pas pu voir tout.
14:30Et puis, il y a des trucs que je ne regarde pas parce que je m'en fous.
14:36Il y a une chanson que vous chantez, que j'adore, qui est sans doute une de mes préférées.
14:40Vous dites que vous l'avez écrite il y a très longtemps mais qu'elle vous provoque toujours la même émotion.
14:44C'est « Le temps est assassin ».
14:46Je dis que le temps est assassin.
14:50Je ne veux plus rien.
14:54Je ne veux plus rien du tout.
14:58Je ne veux plus d'amour.
15:02Je ne veux plus d'amour.
15:06Je ne veux plus d'amour.
15:10Vous aimez la chanter, elle ?
15:12Oui, j'adore la chanter.
15:14Vous savez, même des chansons que je joue depuis si longtemps, tout le temps,
15:22je me dis que je vais encore chanter ça.
15:26Les gens adorent chanter comme Drôle de vie, comme Vancouver par exemple.
15:32Et moi, je me dis que je n'en ai marre de chanter ça.
15:36Alors que je pourrais chanter des chansons qu'ils pourraient aimer.
15:42Quand je fais l'intro au piano, je suis contente de la chanter.
15:48C'est comme si c'était la première fois.
15:50Quel est l'agent ?
15:52Moi, mon but en fait, c'est que j'aimerais tellement faire un concert
16:02avec vraiment que des chansons qui ne sont jamais passées à la radio,
16:08ou n'importe où d'ailleurs.
16:12Je ne suis pas pour donner aux gens ce qu'ils ont envie.
16:22Et de leur donner ce qu'ils pourraient aimer.
16:26Et comme on passe toujours les mêmes chansons, tout le reste, ça passe à l'as.
16:34Il y a des chansons qu'on appelle des chansons d'album.
16:38Je ne sais pas pourquoi on dit ça, mais on a toujours dit des chansons d'album.
16:42Ça veut dire que c'est bien, mais c'est prendre les gens pour des débiles.
16:48Je trouve que c'est totalement faux d'abord.
16:52Je trouve qu'il faudrait que les radios se prêtent à passer, je ne sais pas moi,
16:58étranges comédies, Il a tout ce que j'aime,
17:00et des trucs qui ne sont pas connus, même des toutes petites chansons,
17:04si toutes les saisons, qu'il y ait une chanson rigolote pour une fois.
17:08Pour une fois chez vous, parce que vous n'êtes pas très...
17:10Non, je ne suis pas Charles Trenet, j'aurais adoré d'ailleurs.
17:14Mais ce qui vous inspire, c'est plus mélancolique ou triste ?
17:18Oui, peut-être.
17:22Oui, je ne sais pas.
17:26J'adore écrire en mineur.
17:30Le majeur, c'est gai.
17:38C'est moins gai.
17:40J'ai tendance à la composer en mineur.
17:42Évidemment, on ne va pas écrire « youpi la commode » et « youpi rintintin ».
17:48C'est pour ça qu'il y a des époques où on a vraiment des choses à raconter,
17:56et on n'a pas envie de...
18:00Parce que je ne suis pas Annie Cordy,
18:02qui me faisait tordre de rire, entre parenthèses.
18:04Non, vous n'êtes pas Annie Cordy.
18:06Et d'ailleurs, je ne sais plus, je crois que c'est dans « Paris Match » où j'ai lu,
18:08où vous demandez si vous pensez que le public vous est si fidèle
18:12et qu'il vient vous voir à chaque fois parce qu'il a l'impression
18:14qu'il se projette dans vos souffrances.
18:16Et vous avez dit oui, peut-être, sans doute.
18:18Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui se projettent dans les...
18:26Parce que je reçois beaucoup de lettres et beaucoup de courriers
18:32qui disent, vous savez, ça m'a tellement aidée pendant ma maladie, par exemple.
18:40Ça m'a donné du courage, même pour...
18:46Il y a plein d'alcooliques qui m'ont écrit pour...
18:50Ce n'est pas que j'ai envie d'en mettre ça sur le tapis,
18:54mais c'est parce que c'est juste la vérité.
18:56Parce que vous vous étiez confiée sur vos problèmes avec l'alcool dans un documentaire.
19:00Oui, et en plus, je suis contente de l'avoir fait,
19:02parce que j'ai beaucoup hésité avant.
19:07Mais je me disais, si ça peut aider les gens, si ça peut aider les gens,
19:12c'est bien, c'est bien.
19:14Et je crois qu'il y a des gens qui n'arrivent pas à exprimer leur douleur
19:20ou leur ressentiment ou leur colère ou leur violence
19:26avec des mots qu'ils ne savent pas et qui disent,
19:30voilà, c'est exactement comme ça que je me sens.
19:34Dans cette chanson-là.
19:36Et il n'y a rien de pire qu'un non-dit et un non-pensé.
19:40C'est-à-dire l'occultation de sa propre pensée vis-à-vis de vous-même.
19:46Mais quand on vous le met sous le nez comme ça,
19:50et il y a quelque chose, on n'est plus léger.
19:55Même si c'est la chanson la plus triste du monde,
19:57surtout si c'est sur la chanson la plus triste du monde.
20:00Et vous, quand vous êtes triste, est-ce qu'il y a une chanson
20:02qui vous fait du bien ? De vous ou de quelqu'un d'autre d'ailleurs ?
20:04Est-ce qu'il y a une musique qui vous fait du bien ?
20:06Rien ne me fait du bien quand je suis triste.
20:09Rien ?
20:10Rien.
20:12Je m'enferme, je suis dans ma bulle, je ne réponds pas au téléphone.
20:18Je n'ai pas envie de faire un pas.
20:22C'est comme si j'étais aspirée dans mon lit.
20:25Je suis capable de rester.
20:28Il n'y a rien que j'ai aimé plus que le confinement, par exemple.
20:32Vous pouviez être triste tranquillement, sans répondre au téléphone.
20:35Vraiment, comme ça, j'avais une super excuse à ma légendaire paresse.
20:42Mais c'est de la paresse, votre légendaire paresse, ou c'est de la tristesse ?
20:46Ah oui, la tristesse, quand je suis vraiment très mal et très déprimée.
20:53Ce n'est même pas la fin du monde.
20:57Oui, c'est le néant.
20:59Je me retrouve dans une bulle de néant.
21:02D'ailleurs, pas une bulle, le néant.
21:05L'idée d'aller au fond du jardin est pour moi comme si je m'apprêtais à prendre une fusée pour aller sur Mars.
21:15C'est trop dur.
21:16Tout paraît dur.
21:19Ce n'est même pas qu'on a des pensées négatives, c'est qu'on n'a pas de pensées du tout.
21:26On ne veut pas voir la douleur, donc on s'anesthésie.
21:36On s'anesthésie par « je ne veux parler à personne ».
21:42On s'enferme.
21:44On s'enferme.
21:46La tristesse, la dépression, c'est comme ça que ça s'appelle.
21:50Et après, un jour comme ça, il y a un petit déclic et ça revient.
21:57Il ne faut jamais désespérer.
22:00Ça ne dure pas.
22:02Je le dis à tout le monde, ça ne dure pas.
22:04Ça peut passer.
22:05Oui, ça passe.
22:07En ce moment, ça va bien.
22:08Ah oui.
22:09Ça se voit.
22:10Michel Bergé est mort, Véronique Samson, il y a 30 ans.
22:13Au-delà de sa musique qui reste, évidemment.
22:16Au-delà du temps qui passe et qui efface, évidemment, les visages, les souvenirs.
22:21Quand vous pensez à lui, quelle est l'image ou le souvenir qui vous vient quand vous pensez à Michel Bergé ?
22:29C'est une immense passion qui revient.
22:42C'est d'une puissance folle.
22:48Il y a tellement de moments que j'ai oubliés, forcément.
23:01Mais c'est quelque chose qui a été unique dans ma vie, unique.
23:10Dans l'amour, il y a l'amour vraiment profond.
23:15Il y a une énorme part d'admiration.
23:19Parce que ça, il faut quand on n'admire pas quelqu'un.
23:22On ne peut pas l'aimer plus de trois jours, une semaine pour être large.
23:30Mais vraiment, quand on admire quelqu'un et qu'on est vraiment sur une longueur d'onde exactement pareille,
23:39et qu'on a eu cette espèce de géméliété.
23:42J'ai l'impression d'être lui et que lui était moi.
23:46Et ça, c'est arrivé une fois dans ma vie, point barre.
23:52Et ça n'est pas revenu.
23:54Et c'était lui.
23:56Oui, c'est lui.
23:57Et c'était Michel Bergé.
23:58On termine par les impromptus. Vous répondez rapidement, sans réfléchir.
24:02François Zardy ou Barbara ?
24:05Elle est dure.
24:06Oui, c'est dur ça.
24:07Oui, je sais.
24:08Je suis obligée là.
24:10Impossible de choisir ?
24:12Vous pouvez me dire impossible.
24:14C'est impossible.
24:15Claude François ou Johnny ?
24:16Johnny.
24:17Vous avez raconté combien Claude François avait été odieux avec vous quand vous faisiez ses premières parties.
24:23Les Beatles ou les Stones ?
24:25Les Beatles.
24:26C'est vrai que votre père détestait Jacques Brel ?
24:28Oui, parce que mon père était très bourgeois.
24:32Quand il a entendu une chanson qui s'appelle « Les bourgeois, c'est comme les cochons »,
24:38il n'a pas supporté.
24:41Et vous, vous aimez Brel ?
24:42J'adore Brel.
24:44Je suis une grande admiratrice de Brel.
24:47Je peux même lire ses textes sans musique.
24:51Brassens, c'est pareil.
24:53Ça, c'est des gens uniques aussi.
24:55C'est des gens qui sont des poètes plus qu'à l'infini.
25:01C'est extraordinaire.
25:03Vous votez toujours ?
25:04Ah oui, toujours.
25:05Toujours, à toutes les élections.
25:07François Zardy s'est engagé sur la fin de vie avant sa mort.
25:10Elle a eu raison de le faire ?
25:11Évidemment.
25:12Évidemment.
25:13Mais moi aussi, je l'ai dit.
25:16Je me suis même adressée par le biais de la radio à Macron en disant
25:25« Pourquoi vous laissez des gens mourir dans des souffrances épouvantables ?
25:31Tout le corps médical sait qu'il n'ira jamais mieux
25:36et qu'il va mourir dans des souffrances atroces.
25:39Les proches aussi en souffrent énormément.
25:43Et qu'on est obligé d'aller en Suisse et en Belgique ou là où c'est permis.
25:49Alors là, je trouve ça franchement, c'est une hypocrisie.
25:55L'Église a beaucoup à voir avec ça aussi.
25:58Vous espérez que la loi passe ?
26:00Mais bien sûr.
26:01J'aimerais bien qu'il leur arrive des bricoles.
26:03Comme ça, ils sauraient ce que c'est.
26:05Je sais, je vais mourir.
26:07Je vous raconte juste un truc.
26:09Allez-y.
26:11Ma meilleure amie, qui était ma jumelle de date de naissance,
26:18qui m'a téléphonée et qui m'a dit « Tu sais, je vais mourir.
26:25Mais je souffre beaucoup. »
26:32On l'a laissée comme ça.
26:35Jusqu'à temps de souffrance.
26:40Vraiment, j'espère et je supplie les gens qui vont nous gouverner,
26:45qui j'espère seront bien, de penser à ça.
26:50De penser à ça, vraiment.
26:52Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
26:55Liberté.
26:57Et Dieu dans tout ça ?
27:00Dieu, au pluriel ?
27:03Non, pas au pluriel.
27:05Non, Dieu, moi je pense que…
27:08Alors, c'est très intéressant ça.
27:12Parce que moi, évidemment, ce n'est pas un vieux monsieur avec une barbe sur un nuage.
27:17Mais je crois qu'il y a une puissance supérieure.
27:24Et je crois aux anges gardiens.
27:28Je crois aux anges gardiens.
27:31Par exemple.
27:32Et je crois aussi qu'il y a vraiment…
27:34Et je crois dans la chimie de la nature.
27:38Parce que quand vous regardez les ailes d'une cigale…
27:44Moi, j'en ai plein.
27:47C'est extraordinaire, les insectes.
27:51Je suis devenue vraiment…
27:53Vous êtes connaisseuse de spécialistes ?
27:57Je commence, oui.
27:58C'est ma petite fille qui m'a…
28:00Parce qu'elle m'avait montré un scarabée.
28:04Et donc, dans les ailes de la cigale, qu'est-ce qu'on voit ?
28:06On voit des merveilles.
28:08On voit que tout est précis.
28:13Tout a une raison d'être.
28:15Il y a un livre formidable, d'ailleurs, que je vous conseille vivement.
28:19Ça s'appelle « La vie secrète des arbres ».
28:23C'est écrit par un Allemand.
28:25Un Allemand, ça a été un énorme best-seller.
28:27Ça, moi, je ne me suis jamais autant…
28:30Et je ne vois plus jamais une forêt comme avant.
28:35Beaucoup de choses comme ça.
28:37Tout a une raison d'être.
28:39Tout, tout, tout.
28:41Je pense que c'est la nature qui a fait son boulot en disant « t'as besoin de moi ».
28:47Les arbres, ils vivent dans le dîle.
28:50Avec les champignons, avec les oiseaux, avec les animaux, avec leurs excréments.
28:56Tout est un truc.
28:58Moi, ça me passionne.
29:00Merci beaucoup.
29:02Merci aussi à vous.
29:04Merci Véronique Samson d'avoir été avec nous sur Inter.
29:06Hasta luego.
29:08C'est donc le concert à voir demain au cinéma.
29:11Une seule séance.
29:13Et je vais le découvrir aussi.
29:15Vous allez le découvrir, vous allez payer votre place pour aller au cinéma.
29:1820h demain dans 280 cinémas dans toute la France.
29:22Où on peut voir pendant deux heures.
29:24Et chanter tous les tubes de Véronique Samson.
29:26Et des chansons moins connues également.
29:28Et puis la tournée continue un peu partout en France.
29:30Tout l'automne, vous enchaînez les concerts.
29:33Mais demain soir, c'est une première pour vous.
29:36Dans tous les cinémas de France, à 20h.
29:38On prend la place.
29:40Merci et bonne journée à vous.