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Didier Migaud devient officiellement ministre de la Justice et garde des Sceaux du gouvernement de Michel Barnier, ce lundi 23 septembre. Le nouveau ministre souhaite "faire progresser la justice pour la rendre plus proche des citoyens, plus juste, plus rapide"

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00:00Monsieur le garde des Sceaux, ministre de la Justice, bienvenue à l'hôtel de Bourg-Vallée.
00:07J'ai travaillé ici plus de quatre ans, quatre ans, alors que les Cassandres prédisaient quatre
00:18semaines, et je laisse entre ces murs, comment le dire, beaucoup de moi. Mes doutes, mes
00:28réflexions, mes convictions, et vous l'imaginez, c'est avec beaucoup d'émotion que je quitte mes
00:37fonctions et les gens qui m'entourent, et que bien sûr je vous transmets les Sceaux de la République.
00:44Le moment n'est pas venu pour moi de présenter mon bilan, mais permettez-moi cependant d'exprimer
00:54quelques fiertés et quelques regrets. Les fiertés d'abord, mon ambition n'a jamais été politique,
01:05je ne suis pas venu ici pour faire carrière, j'avais une vie avant, j'aurai une vie après,
01:13je n'ai jamais cherché à être un marqueur de gauche ou un marqueur de droite, et pour moi tout
01:22cela, à vrai dire, n'a pas beaucoup de sens. Mon objectif a été d'améliorer la justice de mon
01:29pays et je ne suis pas peu fier d'avoir donné aux 90 000 personnes qui travaillent au service de la
01:36justice des moyens inédits pour accomplir leur mission. Le budget du ministère était de 7,6
01:45milliards d'euros en 2020, il avoisine les 10 milliards d'euros en 2024, en quatre ans nous
01:52avons embauché plus 680 magistrats, plus 560 greffiers, plus 3000 contractuels, 300 personnels
02:03de la protection judiciaire de la jeunesse et 4000 personnels pénitentiaires. Tout cela s'est fait
02:12grâce à l'indéfectible soutien des premiers ministres que j'ai eu l'honneur de servir,
02:18Jean Castex, Elisabeth Borne et Gabriel Attal. La justice est désormais sur la bonne voie et je
02:27suis optimiste pour son avenir. Mais pour cela, il est indispensable, Monsieur le garde des Sceaux,
02:35que la loi de programmation pour la justice que j'ai portée et qui a été très largement votée
02:42par le Parlement en octobre dernier soit respectée. Je le dis sans embage, une trahison
02:50de cette loi serait un signal dévastateur adressé à tous ceux qui servent notre justice. Cette loi
03:00prévoit, vous le savez, une embauche de 1500 magistrats supplémentaires, 1800 greffiers,
03:05plus de 1100 contractuels et la poursuite du plan de construction pénitentiaire. Ces moyens,
03:14nous les devons aux magistrats, aux greffiers, aux contractuels, aux personnels administratifs,
03:17aux surveillants pénitentiaires, aux éducateurs qui, chaque jour, dédient leur vie professionnelle
03:26et souvent personnelle au service public de la justice. C'est évidemment à eux que je pense,
03:34à cet instant, et j'ai bon espoir, Monsieur le garde des Sceaux, que votre rang protocolaire
03:40vous permettra de défendre efficacement cette loi. Fierté encore d'avoir porté plus d'une
03:49soixantaine de textes au Parlement et je veux remercier les parlementaires présents aujourd'hui.
03:56Je veux citer pêle-mêle et bien sûr de façon non exhaustive la création des pôles spécialisés en
04:04matière de violence intrafamiliale, en matière environnementale, la création du pôle N en
04:10ligne, du pôle Colt-Caiz, le raccourcissement des délais d'enquête préliminaire, la confiscation
04:16des avoirs criminels, la criminalisation des relations sexuelles avec des mineurs de moins
04:22de 15 ans, le code de justice pénale des mineurs, la possibilité de changer de nom de famille,
04:28la suppression des remises automatiques de peine pour les conditionnaires à l'effort et la mise
04:33en place d'un statut du détenu travailleur, car un prisonnier qui travaille, vous le savez,
04:38c'est un prisonnier qui se réinsère et qui ne récidive pas, et bien sûr la constitutionnalisation
04:47de la liberté d'interrompre volontairement sa grossesse.
04:52Liberté enfin d'avoir mis en place de nouveaux outils pour la justice et en particulier pour la
05:00justice amiable, nouvelles procédures que nous sommes allés chercher à l'étranger et qui
05:05permettent à nos concitoyens de se réapproprier leurs procès et d'obtenir un jugement beaucoup
05:12plus rapidement. Les premiers résultats sont d'ores et déjà très encourageants.
05:18Je veux, M. le garde et sot, vous faire à cet instant une confidence. Je me souhaitais,
05:26comme le chantait Serge Reggiani, une mémoire allergique aux regrets, mais vous le savez,
05:34les choses ne sont pas ainsi faites. Je regrette de ne pas avoir eu le temps de porter devant le
05:40Parlement un grand texte sur la lutte contre le narcotrafic qui gangrène nos sociétés. Pour
05:48reprendre une formule d'ores et déjà consacrée, vous trouverez le texte sur votre bureau.
05:54Je regrette d'avoir été trop souvent seul à défendre la justice de notre pays qui fait
06:02l'objet d'accusations injustes, souvent de la part de commentateurs, voire, et c'est pire,
06:08de responsables politiques qui ne la connaissent pas, et qui ne connaissent pas davantage les
06:14règles qui la régissent. La présomption d'innocence, la charge de la preuve, la personnalisation de la
06:22peine, l'autorité de la chose jugée, l'indépendance bien sûr, bref, des règles que notre société
06:31civilisée a mis des millénaires à élaborer. Ne pas respecter la justice, c'est ne pas respecter
06:39l'état de droit qui nous protège tous. Je regrette qu'un nombre toujours plus conséquent de nos
06:48compatriotes reste persuadé que la justice est laxiste. Pourtant nos prisons n'ont jamais été
06:55aussi pleines et tous les chiffres démontrent que la justice n'a jamais été aussi sévère. Ceux qui
07:03opposent police et justice se trompent lourdement et qu'il me soit permis de remercier Gérald
07:11Darmanin car le couple police-justice a durant ces quatre dernières années parfaitement fonctionné.
07:18Depuis 2020 ma politique pénale a toujours été claire, elle se résume en trois mots, une réponse
07:25pénale ferme, une réponse pénale rapide, une réponse pénale systématique. En témoignent d'ailleurs les
07:35très nombreux circulaires que j'ai pris, ma philosophie est elle aussi très claire, fermeté
07:40sans démagogie, humanisme sans angélisme. Je veux m'adresser à nos compatriotes, ne cédez pas
07:48à la facilité des discours démagogiques qui veulent vous faire croire que la justice est
07:54responsable de tous les maux et qu'il faudrait être soit du côté des victimes, soit du côté
08:00de l'état de droit. Mais dans cette époque où toutes les paroles se valent, la nuance a disparu.
08:07Gabriel Attal et Michel Barnier ont évoqué leur mère, je voudrais évoquer la mienne qui m'a appris
08:17petit un proverbe italien, éloge de la nuance. Il faut du vent dans les églises, mais pas au
08:35point d'éteindre les bougies. Je veux ici et maintenant avoir une pensée pour les familles
08:43des deux agents pénitentiaires lâchement exécutés et pour leurs collègues blessés dans
08:50l'exercice de leurs fonctions lors de l'attaque du péage d'Uncarville et pour toute la grande
08:55famille pénitentiaire que j'ai toujours soutenue. J'ai été fier d'être votre ministre. Je crois
09:05vous avoir donné la juste place qui doit être la vôtre. En revalorisant votre profession,
09:11je formule là encore le souhait que la trajectoire que j'ai dessinée ne s'inverse pas.
09:18Mais comment ne pas avoir une pensée pour les justiciables et en premier lieu pour les victimes,
09:24qui considèrent souvent que l'artisan de leur malheur n'a pas été suffisamment condamné ? Comment
09:32pourrait-il en être autrement ? Tout le monde devrait se rappeler que la justice c'est d'abord
09:38la confiscation de la vengeance au profit d'une institution étatique qui respecte des règles de
09:46droit. Ce que nous pouvons faire, ce que nous devons faire, c'est améliorer l'accueil des
09:52victimes, être le plus humain possible, raccourcir les délais de jugement. Beaucoup de choses ont
09:57été faites, beaucoup de choses restent à faire. Je pense aussi aux citoyens injustement mis en
10:05cause, qui vivent des moments difficiles et des heures sombres. La vie médiatique et la
10:11rumeur publique font rapidement des coupables alors que la justice doit prendre le temps nécessaire à
10:18la manifestation de la vérité. Je sais d'expérience, et chacun me comprendra, la souffrance que
10:28représente dans l'attente la mise en cause de l'honneur et de la probité. Cela aussi, il faut
10:36l'avoir à l'esprit. Enfin, je veux remercier ceux qui m'ont entouré durant ces quatre années. Je
10:46pense d'abord aux travailleurs de l'ombre, ces femmes et ces hommes dont on ne parle jamais,
10:51premiers levés, derniers couchés, sans qui le ministère ne pourrait pas fonctionner. Je
10:58remercie aussi bien sûr la secrétaire générale, les directeurs, sous-directeurs, les membres
11:03d'administration centrale. Je pense bien sûr aux membres de mon cabinet. Ils n'ont pas compté leurs
11:10heures, ils ont fait beaucoup de sacrifices pour travailler au service de la justice de ce pays.
11:15Je pense aussi à ma famille, à ma mère, à ma compagne qui a accepté que nous mettions notre
11:26vie personnelle entre parenthèses, à mes enfants. Ces quatre années au ministère de la justice me
11:34marqueront bien évidemment à jamais, et je veux sincèrement remercier le président de la République
11:39de la confiance qu'il m'a faite en me nommant à ce poste. Je souhaite lui rendre un hommage
11:44appuyé. Aucun président avant lui n'avait accordé à la justice une attention comme celle qui lui a
11:52accordé. Grâce à lui, nous avons commencé le rattrapage de plus de trente ans d'abandon
11:57politique, humain, budgétaire. Monsieur le garde des Sceaux, le 7 juillet 2020, je disais devant ma
12:06prédécesseur que la parole était à présent aux actes. Ces actes appartiennent désormais à
12:14l'histoire de notre ministère, que je quitte le cœur serré et conscient de l'immense honneur
12:22qui m'a été fait de pouvoir servir la République. Je veux sincèrement, Monsieur le garde des Sceaux,
12:31ministre de la Justice, vous souhaiter tous mes voeux de plein succès.
13:01Je crois que c'est lui qui m'a parlé, c'est lui, à la hausse haute.
13:31Monsieur le ministre, cher Éric Dupond-Moretti, qui aurait dit que nous nous retrouverions là,
13:53vous et moi, en ce 23 septembre 2024, à nous passer le relais des fonctions de garde des
14:01Sceaux sur le perron de cet hôtel de Bourg-Vallée. Les circonstances politiques,
14:08qui sont parfois taquines, en ont décidé ainsi. Je suis heureux, en tout cas, de vous succéder dans
14:16ces fonctions éminentes et j'en profite pour saluer votre travail au cours de vos plus de
14:22quatre années à la tête de ce ministère. J'ai entendu tout ce que vous avez présenté,
14:37à travers l'action que vous avez conduite depuis quatre ans. Je ne sais si je disposerais d'autant
14:45de temps. Je sais que le temps peut m'être compté, j'essaierai d'agir. Je voudrais vous dire que je
14:54comprends tout à fait l'émotion qui est la vôtre. Être ministre de la Justice, être garde des Sceaux
15:00est un grand honneur dans la République et je comprends tout à fait l'émotion qui peut être
15:08la vôtre aujourd'hui en quittant ce ministère. Vous y avez notamment obtenu une augmentation
15:16très sensible des moyens. Je mesure tout le travail qui a été effectué par vous et vos équipes et je
15:25vous en sais gré, moi qui vais désormais prendre votre suite. Je pense aussi naturellement à tous
15:30les grands noms qui nous ont précédés dans la défense et la protection des libertés, Robert
15:36Schuman, François Mitterrand, Michel Debré sous la 4e République, Robert Badinter bien sûr au plus
15:42près de nous et puis Christiane Taubira, Nicole Belloubet. C'est un immense honneur pour moi que
15:49de leur succéder aussi tant ses personnalités ont porté haut tout au long de leur vie politique
15:55les valeurs de la République. Je pense évidemment à ma famille, à mon épouse, à mes enfants qui sont
16:05ici présents, à mes deux parents aujourd'hui décédés, à mon père notaire, à ma mère disparue
16:11cet été qui aurait ressenti comme votre maman tant de fierté à être présent aujourd'hui et à tous
16:19ceux qui m'entourent. J'ai pensé également pour Louis Mermaz, lui aussi parti récemment, qui n'a
16:25jamais été ministre de la Justice mais qui comptait parmi les hommes d'État qui m'ont, vous le savez,
16:32peut-être accompagné et formé. Je mesure la chance d'être devant vous aujourd'hui mais aussi
16:41la difficulté de la tâche qui m'incombe dans une période éminemment troublée au plan politique
16:48comme au plan budgétaire. Le défi principal auquel j'entends m'atteler, je pense que mes expériences
16:56passées comme élu local, national, comme premier président de la Cour des comptes, comme président
17:01de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique vont m'y aider, je l'espère, c'est de
17:05renforcer, vous l'avez évoqué, la confiance des citoyens dans l'institution judiciaire car la
17:11défiance dans nos institutions est un mal injuste mais réel qui ronge le vivre ensemble, ne reconnaît
17:20pas les efforts accomplis et ni l'intérêt général alors que celui-ci devrait primer par-dessus tout.
17:26Accroître cette confiance ne se fera pas seul et à tout le moins pas sans l'institution judiciaire
17:33elle-même et la communauté qu'il a fait vivre, vous l'avez rappelé, magistrats, greffiers, agents
17:38pénitentiaires, agents d'insertion et de probation, agents de la protection judiciaire, de la jeunesse,
17:43agents administratifs, professions juridiques et judiciaires mais aussi les associations qui
17:49oeuvrent à nos côtés, les chercheurs et universitaires qui réfléchissent à améliorer notre justice et
17:55toutes les bonnes volontés seront les bienvenues. Ces forces vives à l'intérieur comme à l'extérieur
18:01du ministère sont les moteurs de cette confiance et du changement qu'elle peut rendre possible,
18:06j'y veillerai en tout cas et vous pouvez tous et toutes compter sur mon engagement. Je souhaite
18:13que nous puissions ouvrir les méthodes, mieux travailler, mieux gérer, ce n'est pas seulement
18:19une question de moyens même si les moyens bien sûr sont essentiels, j'y reviendrai et je le dis
18:24à l'heure où la situation des comptes publics impose vraisemblablement à notre pays des efforts
18:30collectifs, c'est une question de volonté et d'adhésion collective à un projet de transformation
18:36qui nous rendent plus efficaces et fiers, un projet qui permettra de clarifier pour tous la
18:41politique judiciaire nationale, de la rendre plus lisible et, mot qui me cherche, je vous laisse
18:48deviner pourquoi, plus transparent même si je peux connaître parfois vos réserves vis-à-vis de
18:55cette transparence. J'ai comme vous le savez une longue carrière politique derrière moi avant que
19:03je ne devienne magistrat financier en janvier 2010 mais j'arrive ici avec un regard neuf sur la
19:11justice même si du temps où je présidais la cour des comptes j'ai pu présenter un certain
19:15nombre de rapports touchants à l'institution judiciaire. Je compte ouvrir comme vous l'avez
19:21fait aussi de larges consultations, rencontrer tout le monde, conférences, organisations syndicales
19:25et représentants des professions mais aussi directement sur le terrain magistrats, agents
19:32et professionnels qui connaissent les défis grands et petits auxquels notre justice doit
19:37répondre au quotidien. J'affronterai comme je l'ai toujours fait je crois les situations qui
19:42posent problème, vous en avez évoqué bien sûr quelques-unes, je pense à l'administration
19:46pénitentiaire en souffrance depuis tant d'années ou à la protection judiciaire de la jeunesse
19:52mais je sais qu'il y a aussi beaucoup d'autres défis. Mon objectif est de contribuer à créer du
19:58consensus dans une institution éminente qui a pu en manquer parfois, je pense que vous ne me
20:03contredirez pas monsieur le ministre, sur la nécessité de faire progresser la justice pour
20:09la rendre plus proche des citoyens, plus juste, plus rapide. La question des délais est effectivement
20:16un enjeu essentiel et ce n'est pas à vous que j'apprendrai l'importance cruciale de la justice
20:22rendue je le rappelle au nom du peuple français pour le bon fonctionnement d'une démocratie et
20:28cela mérite bien de dépasser quelques clivages. La justice est pour moi une priorité, on peut
20:40être partisan d'une maîtrise budgétaire sans remettre en cause les priorités justement c'est
20:47peut-être parce qu'on maîtrise la dépense budgétaire qu'on peut dégager des priorités
20:51et en ce qui me concerne la justice est une priorité. Je ne veux pas être plus long car ce
20:57n'est ni le lieu ni le moment, je vous souhaite monsieur le ministre cher Eric Dupond-Moretti de
21:04réussir votre vie d'après le ministère de la justice et je suis plutôt confiant sur ce point
21:11vous connaissons un peu. Mais je ne souhaite plus encore pour nous tous et toutes qui formons la
21:19galaxie judiciaire de réussir dans la concorde et la sérénité les immenses défis auxquels notre
21:25institution et notre société sont déjà et vont être confrontés. C'est le seul objectif qui
21:32m'importe et qui justifie ma présence aujourd'hui à cette place au sein de ce gouvernement. Je
21:38vous remercie et puis vous l'avez dit vous même au travail et aux actes.

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