Chloé Morin : "On doit reconnaître à Ruffin la sincérité de sa démarche"

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Transcript

00:00Il est 8h11, merci d'être avec nous, Chloé Morin, bonjour.

00:03Bonjour.

00:03Vous êtes avec nous tous les lundis matins, Chloé.

00:06Chloé, vous revenez sur une rupture, une nouvelle rupture au sein de la gauche,

00:11et ce sont des images qu'on a beaucoup vues tout au long du week-end,

00:15fête de l'humanité, rupture qui ne vient pas d'où l'on croit.

00:21Et oui, on attendait une rupture au sein de la gauche entre les insoumis et les socialistes depuis des mois.

00:25C'est d'ailleurs cette volonté de rupture qui a fait le succès de Raphaël Glucksmann

00:29aux dernières européennes.

00:30Oui, c'est vrai.

00:31Et on attendait la rupture, mais les impératifs électoraux en avaient décidé autrement,

00:37puisque, on le sait, les insoumis, les socialistes et les écologistes se sont unis

00:42pour les législatives, pour sauver leur poste.

00:44Oui, parce que ça c'est important d'insister.

00:46Ils se sont unis au départ pour sauver leur poste,

00:50et non pas sur un programme commun, que les choses soient claires.

00:55Tout à fait, tout à fait.

00:56Et donc, en cette rentrée, c'est d'un François Ruffin, non pas Hollande, que vient la rupture.

01:02Et ce week-end, vous l'avez dit, les images ont fait le tour des réseaux sociaux,

01:06on voit Raphaël Arnaud, un député insoumis, que vous avez reçu Jean-Jacques,

01:10débattre avec François Ruffin de la question

01:13« défaire le RN, comment unir les classes populaires ? »

01:16Alors ça, franchement, c'est la question sur laquelle la gauche bute depuis des années.

01:21Arnaud reproche à Ruffin d'avoir commis une faute politique

01:25en critiquant Mélenchon dans son livre, qui est sorti il y a quelques jours.

01:28Il y critique Mélenchon et sa stratégie.

01:31Et pour terminer, on a vu les images, Arnaud harangue la foule

01:35et qui se met à scander « siamo tutti antifascisti »,

01:39un camouflet public infugé.

01:41Nous sommes tous antifascistes, adressés à François Ruffin, évidemment,

01:45qui restait stoïque sur la scène.

01:47C'est ça.

01:48Pourquoi François Ruffin veut-il rompre maintenant avec Mélenchon et les insoumis ?

01:53Il faut dire qu'il avait déjà entamé sa rupture avec Mélenchon

01:56lors de la campagne des législatives.

01:58Il s'était rendu compte, en battant la campagne,

02:00que pour les électeurs de son fief Picard,

02:02le nom du chef insoumis était un repoussoir absolu.

02:05Il avait même, il l'a raconté, des tracts différents

02:08selon qu'il rencontrait des Blancs, où il ne mettait pas la tête de Mélenchon,

02:13ou selon qu'il rencontrait des personnes dans les quartiers,

02:15des personnes qu'on dit « racisées ».

02:17Il a failli perdre son siège et il tient Mélenchon pour responsable.

02:21Et au fond, il ne fait que dire ce que l'immense majorité des critiques de LFI

02:25disent matin, midi et soir depuis des années.

02:27Franchement, là-dessus, il n'y a rien de neuf.

02:29Oui, c'est ce que François Hollande a dit hier.

02:31Ruffin dit de l'intérieur de LFI ce que nous disons de l'extérieur depuis longtemps.

02:36Alors, pardonnez-moi, mais quand on entend François Hollande, on se pince.

02:39L'ex-président socialiste a fait l'union avec LFI, pour les législatives.

02:44Il est toujours dans une union avec LFI,

02:46sur la base d'un programme politique qui est le reniement total

02:50de tout ce qu'il a fait au pouvoir.

02:51Et maintenant qu'il est le culot de reprocher à Ruffin

02:54d'entamer un procès contre Mélenchon, que lui-même n'a pas supporté, on rêve.

02:58Je reviens à ce que dit Ruffin.

03:00Pour Mélenchon, il faut tout faire pour que la jeunesse

03:03et les quartiers populaires aient laissé tomber le reste.

03:06Le reste, ce sont les classes populaires

03:08qui votent dans leur immense majorité pour Marine Le Pen.

03:11Ça fait bien longtemps que ces classes populaires ont rompu avec la gauche.

03:15C'était ce que vous expliquez, Philippe Brun, tout à l'heure.

03:18Et à l'exception, évidemment, je le dis à l'instant,

03:21de les classes populaires que l'on dit racisées.

03:23Donc ce que dit Ruffin, c'est que la vocation de la gauche

03:26ne peut pas se limiter à unir les racisées,

03:28les victimes de discrimination et les jeunes.

03:30D'abord parce que ça ne fait pas une majorité dans le pays pour gouverner,

03:34mais surtout parce que cette stratégie,

03:36ce serait une trahison des valeurs universalistes et humanistes de la gauche.

03:40Et c'est là que le débat à gauche tourne au dialogue de sourds.

03:43Oui, car immédiatement, quand on dit qu'il faudrait reconquérir

03:46les électeurs qui votent Rassemblement National,

03:49les insoumis rétorquent, pas question de séduire les fascistes,

03:52nous sommes tous antifascistes.

03:54D'où le slogan scandé à la Fête de l'Humanité.

03:57Oui, ça veut dire que tous ceux qui ne votent pas LFI

04:00sont des fascistes, si j'ai bien compris.

04:02C'est ça, exactement.

04:03C'est clair. Tous ceux qui ne votent pas sur la ligne Mélenchon

04:06sont des fascistes.

04:08Quand on entend le slogan « nous sommes tous antifascistes »,

04:11c'est ce que ça veut dire.

04:12C'est exactement ce que ça veut dire.

04:13À LFI, on reproche surtout à Ruffin son opportunisme.

04:16On lui reproche de cracher dans la soupe.

04:18On lui dit qu'il ne serait rien sans Mélenchon

04:21et donc qu'il est opportuniste.

04:23Mais l'opportunisme, en l'occurrence,

04:25c'est celui d'être de se taire jusqu'à la prochaine dissolution.

04:28Marine Le Pen nous a dit ce week-end

04:29que la dissolution serait sans doute dans dix mois.

04:32Et donc se taire jusqu'à la dissolution pour garder son poste.

04:37Parce que son poste dépend de l'Union de la gauche.

04:39S'il a un candidat LFI face à lui dans dix mois,

04:42il a beaucoup moins de chances de garder son siège de député.

04:45Donc il faut reconnaître à Ruffin la sincérité de sa démarche.

04:48Elle ressemble un peu à un saut dans le vide, c'est vrai.

04:51Mais la sincérité en politique, ça peut être payant.

04:53Oui, c'est vrai qu'il prend quelques risques

04:55en se mettant à dos tout l'appareil.

04:58Le système, je dirais, moi.

05:00Le système Mélenchon.

05:01Il est 8h16.

05:02Nous reviendrons sur la politique dans un instant

05:04et notamment sur ce gouvernement,

05:07toujours pas de gouvernement, qui se fait attendre.

05:09Vous allez nous dire, Éric Revel et Chloé Morin,

05:12si vous avez des infos là-dessus.

05:14Parce que, bon, on peut vivre sans gouvernement pour l'instant.

05:17Mais enfin, les échéances approchent là maintenant.

05:20Le budget bientôt.

05:22On va parler de tout cela.

05:238h16.

05:24Et puis notre invité Vincent Jeanbrun.

05:26Tout à l'heure, ce serait intéressant,

05:27il est député LR du Val-de-Marne.

05:29C'est lui qui avait battu Rachel Keke, vous vous souvenez.

05:31Porte-parole du groupe LR, droite républicaine,

05:34à l'Assemblée nationale.

05:36Est possible, ministre.

05:388h16.

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