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Retrouvez la chronique de Chloé Morin tous les lundis à 8h10

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##SOYEZ_LIBRES-2024-10-21##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Roger.
00:03Soyez libres, comme chaque matin, Chloé Morin, bonjour.
00:06Bonjour.
00:07Le budget 2025, et le budget qui arrive en discussion à l'Assemblée, il va y avoir du chahut, forcément.
00:14Vous nous dites ce matin que Michel Barnier n'en a pas fini avec les râleurs, y compris au sein de son gouvernement.
00:20Oui, que les oppositions râlent, essayent d'amender sa copie, c'est normal,
00:24mais y compris au sein du gouvernement, il y a des râleurs.
00:27On a vu, il y a une semaine, Didier Migaud, le ministre de la Justice, qui n'était pas content de son budget,
00:32et qui menaçait de claquer la porte si celui-ci n'était pas amélioré.
00:36Et vendredi matin, c'est sa collègue de l'Environnement, Agnès Pannier-Jorinacher,
00:40qui a, elle aussi, fait savoir qu'elle jugeait que son budget n'était pas à la hauteur de la situation,
00:46et qu'en l'absence de moyens supplémentaires, elle en tirerait, je cite, « les conclusions ».
00:51Alors, hier midi, sur RTL, elle a tenu à calmer le jeu en se disant simplement
00:56« déterminée à se battre pour que ses priorités soient dotées du budget nécessaire »,
01:00mais c'était une menace réelle.
01:02Oui. Bon, du rétro-pédalage, mais vous nous dites quand même qu'elle a eu raison d'aller au bras de fer.
01:07Oui, dans son cas, je crois qu'aller au clash ne servirait à rien.
01:10Souvenez-vous, il y a deux autres ministres de l'Environnement qui ont fait ce type de menace,
01:15et puis qui les ont ensuite fait suivre des faits. Nicolas Hulot et Delphine Bateau.
01:20Delphine Bateau, c'était pour son budget déjà. Nicolas Hulot, pour une question d'orientation politique générale.
01:25Qu'ont-ils obtenu ? Rien, à part un quart d'heure de gloire, qui a été quand même assez fugace.
01:30Donc, je pense que sur ces questions-là, le seul moyen d'améliorer son budget,
01:34c'est de laisser la porte ouverte au dialogue.
01:37Donc, ça ouvre évidemment la porte aux polémiques aussi,
01:40aux gens qui disent « mais finalement, elle voulait juste se faire mousser,
01:43et puis voilà, elle rentre dans sa niche ».
01:46Mais en vérité, je pense que c'est comme ça qu'elle obtiendra davantage de budget.
01:49Oui, c'est ça. Alors, un budget notamment sur l'écologie.
01:53Alors, on peut comprendre évidemment que ce soit prioritaire, en fait, l'écologie.
01:58D'ailleurs, Michel Barnier l'avait dit aussi lorsqu'il est arrivé.
02:02Mais est-ce que vous ne croyez pas qu'il est nécessaire, indispensable,
02:07de faire des efforts dans chaque ministère,
02:09quand on voit notre situation budgétaire avec la dette colossale ?
02:15Alors, que tout le monde fasse des efforts au gouvernement, ça pourrait paraître juste.
02:19D'ailleurs, Agnès Parnier-Runacher ne dit pas « je ne veux faire aucun effort ».
02:23Elle dit « je veux réaménager les priorités à l'intérieur de mon budget ».
02:26Mais en réalité, dire que le ministère de l'Écologie
02:29devrait faire strictement autant d'efforts que le ministère de l'Intérieur ou des Transports,
02:33ça n'a, à mes yeux, aucun sens. Pourquoi ?
02:35Parce que le budget, ça n'est pas juste du saupoudrage de milliards.
02:39Éric Reuvel le sait bien, ça dit des priorités politiques.
02:44Et Michel Barnier a énoncé deux priorités politiques,
02:48une sur la dette financière et une sur la dette écologique.
02:51Or, en commençant à dire « il faut réduire le budget de l'écologie »,
02:54ce qu'il dit, c'est « il faut subordonner la priorité écologique à la priorité financière ».
03:00Et donc, il fait une hiérarchie qui, à mon sens, n'a pas de sens.
03:04Parce que, de quoi parlons-nous ici ?
03:05On parle, pour l'essentiel, de milliards qui sont investis dans la transition écologique,
03:09c'est-à-dire pour nous aider à nous débarrasser de nos véhicules polluants,
03:13à mieux isoler nos maisons, à nous chauffer avec de l'énergie moins polluante.
03:16Donc, dans ces domaines-là, moins d'investissement, c'est forcément ralentir la transition écologique.
03:22Pour le dire clairement, ce que je reproche à ce gouvernement,
03:25comme à tous les autres avant lui d'ailleurs,
03:27c'est de ne pas établir de vraies priorités.
03:29Qu'est-ce qu'on coupe ?
03:31Quelles sont les politiques publiques qui sont défaillantes,
03:34que l'on peut même abandonner ou qui doivent être totalement refondées ?
03:38Et à l'inverse, qu'est-ce qu'on amplifie ?
03:39Parce qu'on juge collectivement que c'est vital.
03:41C'est faute, à mon sens, de répondre à ce type de questions,
03:45que nous en sommes là et que notre pays s'enfonce toujours plus dans la crise.
03:48Merci Chloé Morin.
03:52Éric Revel, que pensez-vous de cette démonstration de Chloé Morin ?
03:56C'est bien vu.
03:57C'est bien vu. En fait, dans ce pays, si je synthétise,
03:59on confond fonction publique et service public.
04:01Fonction publique et service public.
04:03Parce qu'en fait, il y a un problème d'efficience des services publics en France.
04:06C'est pas normal que vous ayez une administration pléthorique
04:09dans les services publics hospitaliers, par exemple.
04:11Alors qu'on manque de médecins, alors qu'on manque de soignants.
04:14Mais sur le budget, j'en parlais tout à l'heure,
04:17il y a des incohérences mais énormes, énormes.
04:20Quand, par exemple, puisque c'est lui qui a lancé l'idée,
04:23Jean-Paul Matéi de Modem,
04:25fait voter en commission des finances
04:27un amendement pour fiscaliser l'assurance-vie.
04:31Est-ce que ce député sait, par exemple, que l'assurance-vie
04:34finance la dette de l'État,
04:36finance la transition écologique,
04:38finance les entreprises,
04:40donc en réalité, quand vous voulez faire rendre gorge aux Français
04:44sur l'épargne qui s'appelle l'assurance-vie,
04:46vous mettez en danger 25% de la dette souveraine française,
04:49vous mettez en danger une partie du financement
04:52de la transition écologique dont vient de parler Chloé.
04:54Donc ces amoncellements, si vous voulez,
04:56pour moi, sans qu'une idée d'amendement
04:59qui partent dans tous les sens,
05:01enfin, j'emploie le mot, pardonnez-moi,
05:03c'est un bordel incroyable.
05:05Est-ce qu'il faudrait revoir un peu les choses
05:07sur la manière de préparer un budget,
05:09un budget du gouvernement, de l'État,
05:11pour se dire, là, vraiment, il y a des priorités.
05:13Alors c'est ce qu'ils font, plus ou moins,
05:15sauf qu'après, il y a du tirage.
05:17Chacun défend son jardin, si je puis dire.
05:19Alors là, on est dans une situation particulière
05:21parce que Michel Barnier a eu très peu de temps
05:23pour préparer son budget.
05:25En vérité, c'est un budget qui a largement été préparé
05:27par ses prédécesseurs.
05:29Le processus, quand même, administratif,
05:31ça met un an pour préparer un budget.
05:34Donc ce n'est pas évident de mettre
05:36un grand coup de barre dans les 15 jours.
05:38En plus, il n'a pas la majorité,
05:40donc il est obligé de laisser la main
05:42aux parlementaires pour discuter
05:44chacune de ses propositions.
05:46Mais, en vérité, oui,
05:48je pense qu'on discute mal
05:50et on prépare mal les budgets en France
05:52depuis des années, et on les discute mal.
05:54Et il y avait l'idée,
05:56chez Emmanuel Macron, en 2017,
05:58cette idée de refonder
06:00un certain nombre de services publics.
06:02En tout cas, de réfléchir à ce problème-là,
06:04à la racine. Qu'est-ce que l'État doit faire ?
06:06Qu'est-ce qu'il ne doit plus faire ?
06:08Et en fait, ce projet-là,
06:10qui avait été fait l'objet de commissions,
06:12a été abandonné très vite.
06:14Et c'est ça, moi, que je reproche
06:16aux responsables politiques aujourd'hui.
06:18C'est que sur des sujets aussi importants,
06:20on est des réflexions qui ne sont pas à la hauteur.
06:22On est sur du court terme.
06:24Très court terme.
06:26Aujourd'hui, Éric Revelle.
06:28Oui, on est sur du court terme
06:30pour boucher des trous,
06:32mais on est un pays essoufflé.
06:34On est un pays qui est essoufflé,
06:36à force de courir dans tous les sens.
06:38Mais sur l'efficacité de la dépense publique,
06:40vous savez, il y a des pays qui ne sont pas des pays
06:42ultra-libéraux, je pense au Canada,
06:44qui ont décidé de faire la part des choses
06:46entre ce qui relevait du régalien
06:48et ce qui ne relevait pas du régalien.
06:50Par exemple, le contrôle aérien,
06:52il y a quelques années,
06:54à l'époque où Paul Martin était ministre des Finances,
06:56a été privatisé au Canada.
06:58Il n'y a pas plus d'accident d'avion.
07:00Il faut qu'une fois pour toutes,
07:02mais il faut de l'assise politique
07:04à l'Assemblée Chloé Raison et de la volonté politique,
07:06il faut qu'une fois pour toutes,
07:08on se pose la question de savoir
07:10ce qui doit rester dans la sphère publique,
07:12l'hôpital,
07:14l'armée, la police,
07:16la gendarmerie,
07:18est-ce qu'il pourrait être délégué
07:20en partie ou totalement
07:22au privé.
07:24Tant qu'on n'aura pas fait ça, on continuera.
07:26Le gouverneur de la Banque de France, Patrick,
07:28estimait
07:30qu'un service public
07:32équivalent, par rapport à l'Allemagne,
07:34on dépensait 260 milliards de plus
07:36par an.
07:38Alors écoutez, on ne peut plus.
07:40Chloé Morin, vous êtes d'accord avec ça ?
07:42Vous êtes de sensibilité de gauche,
07:44donc ça ne doit pas forcément vous parler,
07:46c'est ce que dit Yannick Revelle.
07:48Non ?
07:50Ça vous fait tousser, en tout cas.
07:52Moi, je ne suis pas...
07:54Je pense que la gauche
07:56s'interdit de réfléchir
07:58à la question des services publics,
08:00justement à cause de ça.
08:02Parce qu'elle se dit, si on commence à réfléchir,
08:04ça veut dire qu'on va devoir supprimer des postes
08:06ou supprimer des moyens.
08:08Je pense qu'il y a une manière
08:10intelligente et de gauche de réfléchir à la question,
08:12c'est comment on réalloue les moyens.
08:14Est-ce que l'hôpital au XXIe siècle
08:16doit ressembler à l'hôpital au XXe siècle ?
08:18Pas nécessairement.
08:20Les technologies ont changé, il y a plein de choses qui ont changé.
08:22Pour pas mal de services publics,
08:24on peut réfléchir comme ça,
08:26pas nécessairement prendre le prisme
08:28comptable au départ,
08:30mais nécessairement, si on commence
08:32à se dire, OK, aujourd'hui,
08:34Pôle emploi, comment est-ce qu'on fait
08:36pour optimiser ces missions,
08:38pour faire en sorte que les gens qui sont au chômage
08:40soient bien indemnisés
08:42et soient accompagnés vers l'emploi ?
08:44Ça, typiquement, c'est quelque chose qui n'induit pas
08:46nécessairement de supprimer des agents,
08:48mais qui peut induire...
08:50Ça a déjà changé, parce que Pôle emploi, à la base,
08:52l'UPE, etc., qui étaient chargés
08:54de placer plutôt les gens pour
08:56retrouver du travail, aujourd'hui,
08:58c'est tout le privé qui s'en charge.
09:00C'est pas Pôle emploi, en fait.
09:02Non, il est là pour
09:04les indemnisations, et c'est le privé
09:06aujourd'hui, sur le recrutement...
09:08Ils sont là sur l'indemnisation, et en général,
09:10quand vous inscrivez à Pôle emploi, vous mettez des mois pour être indemnisé.
09:12Donc rien que là, vous avez, à mon avis,
09:14des améliorations à apporter.
09:16Il y a du boulot, c'est le cas de le dire.
09:18Dans un instant, on poursuit avec vous
09:20et avec Benjamin Gleize, avant l'invité politique
09:22qui sera Stéphane Troussel,
09:24tout à l'heure, le président PS.
09:26Je lui poserai toutes ces questions autour du budget,
09:28justement, après 8h30. Dans un instant,
09:30on va parler aussi du sexisme,
09:32notamment en politique.

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