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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Bien, il est quelle heure ? Il est 8h15, et à 8h15, nous recevons Chloé Morin. Bonjour, Chloé.
00:09— Bonjour. — Chloé, nous sommes jeudi. Et vous, vous êtes venue pour nous parler d'une enquête formidable
00:16réalisée avec Frédéric Dhabi de l'IFOP sur un échantillon national représentatif, comme on dit dans le jargon.
00:24Et Chloé enquête pour savoir ce que les Français pensent de toutes les questions qui ont été soulevées par le procès Pellicot.
00:32— Oui, tout à fait. — Hein ? De Dominique Pellicot. — Oui, parce que jusque-là, on savait que les médias en ont beaucoup parlé,
00:38mais on n'avait aucune idée. On savait que les Français s'y intéressaient, puisque quand même, ça a été très regardé.
00:44Mais on ne savait pas ce que les Français en pensaient. Donc on a fait effectivement une enquête avec Frédéric Dhabi.
00:49Et d'abord, il faut souligner que ce procès a un écho énorme. 83% des Français en ont entendu parler. C'est énorme pour un procès.
00:58— Oui. — Parmi ceux qui en ont entendu parler, vous n'avez que 15% qui disent que le sujet ne les intéresse pas.
01:04— Oui, c'est un sujet qui passionne les Français. — Ça passionne les gens. Et d'habitude, vous savez, quand on parle beaucoup d'un événement,
01:10les gens disent très vite que les médias en parlent trop. Là, vous n'avez que 22% des Français qui jugent que les médias parlent trop de ce procès.
01:18Donc c'est vraiment le signe que c'est un moment important. Et face aux faits qui sont étalés dans les médias, les sentiments qui dominent
01:28chez les Français sont évidemment le dégoût, la colère et puis l'incompréhension.
01:32— Alors nous, médias, nous parlons beaucoup des féminicides, qui restent malheureusement trop nombreux, des affaires d'agression sexuelle
01:39dans le monde du cinéma, par exemple. Mais est-ce qu'au-delà de ce procès, les Français jugent que nous parlons trop ou pas assez
01:46des violences sexistes et sexuelles ? — Alors ça, c'est intéressant parce que quand il s'agit de violences commises ou qui visent des citoyens lambda,
01:54vous avez effectivement deux tiers des Français qui pensent qu'on n'en parle pas assez. Donc il y a un déficit médiatique de ce point de vue-là
02:02que l'on ne retrouve pas lorsqu'on parle des célébrités, que ce soit des célébrités qui soient victimes ou qui soient agresseurs,
02:10donc des réalisateurs, des acteurs, des chanteurs, etc. Là, vous avez quand même beaucoup moins de Français qui jugent qu'on n'en parle pas assez,
02:20vous avez 40% des Français qui jugent qu'on n'en parle pas assez, contre 33% des Français qui en parlent trop. Donc pour résumer,
02:29ils aimeraient qu'on parle davantage des affaires qui touchent... — Monsieur Tout-le-Monde.
02:34— Monsieur Tout-le-Monde. À ce propos, et vous aurez un débat, pardon, mais lorsqu'il y a un meurtre commis par un étranger, en UQTF ou autre,
02:47on parle tout de suite, on souligne, il est étranger, UQTF, il est d'origine, machin. Mais pardon, mais là, dans le procès Pélico, les violeurs,
02:55les violeurs qui sont dans... C'est Monsieur Tout-le-Monde ! C'est notre voisin ! Ce sont des Français comme vous et moi !
03:03— Bien sûr. — Mais ça, personne ne le souligne, me semble-t-il. Bon. Alors, cette remarque a été faite, j'avais envie de la faire.
03:10Dans les procès des viols de Mazan, on a beaucoup dit que les hommes accusés étaient des Monsieurs Tout-le-Monde, justement.
03:15On a même entendu que c'était le procès du patriarcat, de la culture du viol, ou même pour certains, le procès de tous les hommes.
03:21— Oui. Et de ce point de vue-là, les Français sont assez ambiguës, en vérité. À la fois, ils sont 65% à dire que l'affaire Mazan illustre le fait
03:29que tous les hommes portent une part de responsabilité dans les violences sexistes et sexuelles, et en même temps, vous en avez presque autant, 59%,
03:37qui disent que les hommes concernés par ces viols-là sont des cas particuliers et qu'il ne faut pas confondre avec la grande majorité des hommes.
03:44Donc... Et ce qui est intéressant, aussi, c'est que la seule catégorie à ne pas penser du tout que les hommes sont des cas particuliers,
03:51mais qui pensent que, justement, il y a quelque chose de systémique, qui est propre à tous les hommes, ce sont les femmes de moins de 35 ans.
03:58Et globalement, sur cette enquête, vous voyez toujours une grande différence générationnelle. — Générationnelle. Générationnelle.
04:02— Eh oui. Eh oui. C'est très très intéressant, tout ça. Que faut-il conclure de toute cette enquête ? — Bah que ce procès va probablement faire bouger les lignes,
04:12et qu'une large majorité des Français est féministe. 78% des Français disent que ce procès les a fait réfléchir sur le regard que la société porte
04:21sur les violences sexistes et sexuelles. Et on parle énormément des nouvelles générations, mais c'est vrai qu'elles sont plus sensibles à ces sujets.
04:27Mais la prise de conscience féministe va bien au-delà. Pour finir, quelques chiffres. 7 Français sur 10 pensent que le patriarcat est une réalité dans notre société.
04:366 Français sur 10 estiment que la culture du viol est une réalité dans notre société. Et 83% jugent que le féminisme est autant l'affaire des hommes que l'affaire des femmes.
04:45— Mais ça, c'est évident. C'est évident. Le féminisme, c'est une affaire masculine comme féminine, si je peux dire. — Regardez la révolution iranienne. Regardez « Femmes, vie, liberté ».
04:54C'est une révolution de femmes, mais qui est totalement soutenue, entraînée et portée par les hommes. Et ça, c'est assez unique. C'est la première fois qu'on voit ça
05:01dans l'histoire contemporaine. — Et le patriarcat, c'est vrai aussi. — En tout cas, c'est intéressant. Merci, Chloé, pour ce très bon sondage.
05:08Moi, je le trouve magnifique. Pourquoi j'aime ce sondage ? Parce que ce que vous dites sur l'impact que ça a eu en France, je vous parlais.
05:15L'impact à l'international. Vous avez des éditos aux États-Unis, dans le New York Times, dans le Washington Post. Vous avez des éditos en Inde.
05:22Vous avez vu la jeune médecin qui a été violée et qu'on a retrouvée morte. Et ça a entraîné des centaines de milliers de manifestants dans les rues.
05:32En Inde, on a parlé de ça. Au Japon, qui est un pays que je connais bien, le sékio d'Aïssa Khouchenboum parle de ce procès.
05:40Donc non seulement ce procès, il est exemplaire en France, mais il est en train de conscientiser une grande partie de l'opinion mondiale.
05:48Et puis, je rajoute, et je voudrais, que les viols ne sont pas l'affaire uniquement des clandestins, des maghrébins ou des noirs. Que les choses soient claires.
05:57Non, parce que si on écoute certains médias, pardon, là je vais être un peu dur, certains médias, les viols ne sont commis que par des clandestins.
06:05Et quand c'est un Français moyen qui commet un viol, on n'en parle pas.
06:09— Bien sûr, et d'ailleurs, l'extrême-droite sort toujours cette statistique disant que les viols de rue sont commis essentiellement par des étrangers.
06:17— Mais il faut toujours rappeler que l'essentiel des viols ne sont pas des viols de rue, c'est des viols conjugaux.
06:21— Mais bien sûr. — Et donc là, dans ce cas-là, c'est effectivement... — Non mais c'est dans la sphère privée !
06:25— En tout cas, ce qui est génial, c'est que ce sondage montre aussi le générationnel. Regardez, Benjamin Chloé contre Jean-Luc Bourdin et Françoise de Gaulle, voilà.
06:34Cette génération-là, il y a des choses, et celles qui arrivent derrière. Moi, je vois dans ma famille, les 20-22 ans, il y a des choses que vous ne pouvez plus faire, messieurs.
06:42— Même pas rire. Même en riant. — C'est vrai. 8h22. 8h22.

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