Face à Bock-Côté (Émission du 14/09/2024)

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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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Transcript
00:0019h sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Mathieu Bocoté, cher Mathieu, bonsoir.
00:06Bonsoir.
00:07Arthur de Vatrigan est là comme chaque samedi soir, cher Arthur, bonsoir.
00:11On fait le point sur l'information, Adrien Spiteri, on commence l'émission dans un instant.
00:15C'est à vous Adrien, bonsoir Adrien.
00:16Bonsoir Ayot et bonsoir à tous.
00:18Plusieurs rassemblements ont eu lieu aujourd'hui en France en soutien à Gisèle Pellicot et aux victimes de viol à Marseille ou encore à Paris.
00:25Depuis le 2 septembre, à Avignon, le mari de Gisèle Pellicot et 50 autres hommes sont jugés pour avoir violé cette femme de 71 ans.
00:32La situation politique ne peut pas tenir, ce sont les mots de Marine Le Pen à l'occasion de sa rentrée politique à Fréjus.
00:38La chef du groupe RN à l'Assemblée souhaite une nouvelle dissolution en 2025, dans 10 mois.
00:43Espérons que cette mandature soit la plus courte possible, a-t-elle déclaré.
00:48Et puis la Russie et l'Ukraine annoncent avoir procédé à l'échange de 206 prisonniers, parmi eux des soldats russes capturés lors de l'offensive ukrainienne dans la région de Kursk.
00:57Dans le même temps, le Kremlin affirme s'être emparé d'un village dans la région de Donetsk.
01:02Merci cher Adrien pour le point sur l'information.
01:05A la une de face à Mathieu Bocoté, un par un, nos partenaires européens changent de cap en matière migratoire.
01:13Contrôle aux frontières en Allemagne, aide au retour en Suède, durcissement du droit d'asile aux Pays-Bas, on aurait pu citer l'Italie bien sûr, ou encore le Danemark.
01:22L'Europe à l'heure du grand revirement, on en parle dans un instant.
01:26Au programme également, vous souhaitez nous emmener au Canada Mathieu, où la représentante spéciale chargée de la lutte contre l'islamophobie est au cœur d'une polémique.
01:33En cause, une lettre envoyée aux universités du pays recommandant d'accroître le nombre de professeurs musulmans afin de protéger les étudiants musulmans et les manifestants pro-palestiniens.
01:43Comment décodez-vous cette affaire ? Éléments de réponse dans cette émission.
01:48Enfin, nous restons en Amérique du Nord, direction les Etats-Unis et la course à la Maison Blanche.
01:54Cette semaine avait lieu un débat entre Donald Trump et Kamala Harris pour décrypter cette actualité.
02:01Un invité, l'un des meilleurs analystes de la politique américaine, Gérald Olivier, auteur, entre autres, vous le voyez, de Cover Up, le clan Biden, l'Amérique et l'État profond.
02:12Voilà le programme pour face à Mathieu Bocoté, c'est parti.
02:16Mathieu, on va partir, ou du moins rester en Europe.
02:19L'Allemagne, cette semaine, à la surprise de plusieurs, peut-être de tous, a décidé de réactiver ses frontières dans l'espoir de maîtriser l'immigration.
02:29La Suède, quant à elle, semble amorcer une politique d'aide au retour.
02:34La Hongrie, de son côté, a rappelé sa volonté de ne pas subir de vagues migratoires.
02:38Quant à l'Italie, sa politique mise de l'avant pour contenir l'immigration illégale semble fonctionner.
02:44Assistons-nous, Mathieu Bocoté, aujourd'hui à une sorte de tournant européen autour de la question migratoire.
02:51Alors, peut-être, mais peut-être un tout petit peu.
02:54Alors, je m'explique, ces mesures, et nous reviendrons sur plusieurs d'entre elles,
02:58ces mesures nous sont présentées comme étant relevant d'une forme de basculement politique,
03:04de basculement politique majeur, donc une forme de révolution en chaque pays sur la question migratoire.
03:10L'Allemagne, c'est un bon cas, on va commencer avec ce cas parce que c'est assez intéressant.
03:14L'Allemagne, effectivement, suite, soit dit en passant, c'est pas un détail, à la victoire de l'AFD,
03:19donc le parti de droite nationale en Thuringie, et un succès réel en Saxe,
03:24le système politique allemand a voulu envoyer le signal qu'il prenait au sérieux la question de l'immigration
03:32et qu'a décidé de faire le système politique allemand, en fait l'État allemand,
03:37d'appliquer le gouvernement de Berlin, de restaurer les frontières allemandes.
03:42De restaurer les frontières allemandes de manière telle, c'est assez étonnant,
03:45une mesure qui fait penser au programme d'URN et de reconquête, au moment des européennes notamment.
03:51Donc, on nous expliquait à ce moment que c'était un Frexit, ou ce sera un German Exit aujourd'hui,
03:57on dirait que c'était inimaginable sans rompre l'Europe, or la mesure inimaginable est aujourd'hui portée par le gouvernement allemand.
04:06Alors, on s'entend, c'est pour six mois, et les Allemands disent, on va attendre tant que l'Europe sera pas capable d'opérer
04:12de sa propre manière la protection de ses frontières, et bien on va restaurer les frontières nationales.
04:17Donc, on peut avoir l'impression dans ce cas-là que l'Allemagne met un cran d'arrêt à l'immigration.
04:22Mais au même moment, l'Allemagne a signé avec le Kenya et signe avec d'autres pays
04:27de nombreux programmes pour favoriser la venue de travailleurs spécialisés pour la pénurie de main-d'oeuvre,
04:33la pénurie de personnel sur le marché du travail.
04:37Donc, au même moment où on dit maîtriser l'immigration illégale, contenir l'immigration illégale,
04:42on est sur l'accélération de l'immigration légale.
04:45Or, si on prend en sérieux la question de l'immigration massive, l'immigration massive ce n'est pas que l'immigration illégale,
04:52c'est aussi l'immigration légale, donc l'Allemagne d'un côté ferme une porte pour en ouvrir une autre de l'autre côté.
04:59Les Pays-Bas maintenant, ça c'est très intéressant, volonté de durcir, de resserrer la politique,
05:06notamment qui touche aux droits d'asile, au regroupement familial, aux réfugiés.
05:11On est avec les Pays-Bas dans une volonté autrement dit de sortir du logiciel hérité globalement des années 50 et des années qui ont suivi,
05:21le logiciel qui nous dit le droit d'asile et le droit à sacraliser entre tous en Occident.
05:27Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que le droit d'asile ne correspond plus aux vagues migratoires que nous connaissons aujourd'hui dans le monde occidental.
05:34Donc, les Pays-Bas disent on va rompre avec cela, en bonne partie, et on va aussi sortir, s'il le faut, du cadre européen en matière migratoire.
05:43Sorti du cadre européen, le cadre européen ne fonctionne pas, restauration de la souveraineté nationale.
05:48Mais qu'est-ce qu'il y a derrière ça aux Pays-Bas?
05:51Il y a eu des élections il y a quelques mois, et qu'est-ce qu'on a vu?
05:54Alors, la configuration politique aux Pays-Bas est différente dans France.
05:57On pourrait dire que l'équivalent du parti macroniste et du parti lépéniste ont fait alliance pour former un gouvernement.
06:06Donc, c'est l'alliance aux Pays-Bas d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen pour former un gouvernement.
06:11Le cordon sanitaire n'est pas présent.
06:13Je note que, à ce moment-là, la porte-parole de la tendance macroniste au Parlement européen, Mme Ayer, s'était scandalisée en disant que c'était absolument affreux.
06:25En Suède, maintenant, c'est très intéressant.
06:28C'est la fameuse question des aides au retour.
06:30Donc, on va utiliser un mot, en prenant tous les guillemets nécessaires, dans l'esprit des Suédois.
06:36Qu'est-ce que c'est? C'est une politique de « remigration limitée ».
06:40C'est-à-dire des gens qui sont aujourd'hui en Suède.
06:43On les invite à repartir en leur donnant les moyens de repartir, en augmentant significativement les fonds pour l'aide au retour.
06:53La politique en question existait depuis les années 1980, mais elle était très peu utilisée.
06:57Là, le gouvernement suédois décide de la mettre de l'avant pour favoriser cette aide au retour dans une politique de lutte contre l'immigration massive, encore une fois.
07:05Que s'est-il passé en Suède il y a quelques mois, il y a quelques années, en fait?
07:09Des élections où les démocrates de Suède, partis de droite nationale, populistes, a percé.
07:14Et ils mènent pression sur le système politique en Suède.
07:18En Italie, je vais plus rapidement parce qu'on en a beaucoup parlé ces derniers temps, on avait dit des politiques de Giorgia Meloni,
07:24ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionnera pas, et on se réjouissait que ça ne fonctionne pas, soit dit en passant.
07:292023. 2024, on constate une chute significative de l'immigration illégale en Italie.
07:37Donc ça, c'est une donnée. Qu'est-ce qu'on voit à travers tout ça?
07:40On pourrait presque réfléchir, c'est pour ça que je disais, en tournant un petit peu.
07:44On constate que le volontarisme politique peut fonctionner pour contenir l'immigration massive.
07:51On constate que les politiques mettent davantage l'accent sur l'immigration illégale que sur l'immigration légale,
07:58mais on constate qu'ils veulent envoyer le signal à la population qu'ils ont compris quelque chose.
08:04J'ajoute deux pays à ce portrait. Le Danemark, ça c'est plus ancien, mais qu'est-ce qui s'est passé au Danemark
08:11quand la gauche s'est approprié le programme de la droite populiste pour appliquer une politique de rupture avec l'immigration massive,
08:18avec cette idée dont on a souvent parlé sur ce plateau, qu'on ne peut pas avoir l'immigration massive et l'état de providence à la fois.
08:24Et n'oublions pas ce qui s'est passé en Hongrie cette semaine, quand la Hongrie a voulu envoyer,
08:28sur le mot de la provocation, des migrants à Bruxelles en disant vous en voulez, vous en aurez, nous n'en voulons pas.
08:34Donc à travers tout ça, qu'est-ce qu'on voit ? On voit une volonté d'envoyer un signal politique.
08:39Reste à voir de quelle ampleur est ce signal.
08:42Et justement, est-ce qu'aujourd'hui vous pouvez constater que l'Europe est au seuil d'une sorte de basculement historique ?
08:51Non, ça je crois que c'est ce qu'on se dit des deux côtés du débat politique pour se donner l'impression que ce qui se passe est important.
08:59Donc d'un côté, on a la gauche, on a le régime au sens large qui dit c'est terrible.
09:04Dès lors qu'on ralentit l'immigration massive, ils ont l'impression qu'on bascule dans les ordres les plus sombres de l'histoire.
09:10Et de l'autre côté, on prend des mesurettes qu'on veut présenter comme de très grandes mesures pour donner l'impression que vous voyez,
09:17on a des muscles, on les utilise. Mais au final, on demeure néanmoins dans un logiciel qui est fondé sur la sacralisation du droit d'asile,
09:27la sacralisation du droit au regroupement familial, dans un logiciel qui traite l'immigration sur un mode individualisé plutôt que collectif.
09:35Donc un logiciel qui ne peut que favoriser l'immigration massive.
09:38Reste à voir si on est capable d'en contenir les flots, mais on n'est pas capable, cela dit, de stopper la chose.
09:43Stopper l'immigration, formule d'extrême droite. Moratoire sur l'immigration, formule d'extrême droite.
09:48Mais non, formule du nouveau premier ministre français Michel Barnier en 2021.
09:53Ayons en esprit que cette idée d'un moratoire sur l'immigration nous est venue d'un premier ministre qui incarnait le gaullisme centriste le plus modéré.
10:02On comprend que lorsqu'une figure politique qui a sa trajectoire dit une chose semblable, ça témoigne d'une « prise de conscience ».
10:10Ensuite, n'oublions jamais le raisonnement qui continue de dominer la vie publique.
10:14C'est un raisonnement en trois temps.
10:161. L'immigration massive n'a pas lieu. Ça n'existe pas. Ça n'existe pas.
10:20Pourquoi vous en parler? Vous êtes dans une théorie conspirationnelle, cher ami.
10:23Ensuite, c'est vrai que ça existe, mais c'est fondamentalement positif. Nous ne pouvons que nous réjouir.
10:28Et finalement, c'est vrai que ça a causé d'immenses ravages, mais on n'y peut rien, aussi bien s'adapter.
10:33Donc ça, c'est un logiciel qu'on a vu dans tous les pays.
10:37Le mouvement auquel on assiste est à l'échelle de l'histoire.
10:39Parce qu'il faut toujours penser à l'échelle de l'histoire.
10:41Il ne faut pas penser à l'échelle du quotidien ou de l'actualité.
10:43Il faut penser l'actualité comme un moment de l'histoire.
10:46Qu'est-ce qu'on voit? C'est ce qu'on pourrait appeler l'inversion du mouvement colonial dans l'histoire.
10:50Une forme de contre-colonisation qui se déploie aujourd'hui dans le monde européen.
10:54Donc les populations venues d'autrefois des empires coloniaux européens qui remontent vers l'Europe.
11:00C'est la ruée vers l'Europe, pour reprendre la formule de Stephen Smith.
11:03Et aujourd'hui, on voit que l'Europe est incapable de gérer ces vagues migratoires.
11:07Il y a une forme d'inversion de la légitimité, vous le noterez.
11:10Aujourd'hui, autrement dit, les populations venues de l'extérieur de l'Europe, extra-européennes,
11:15sont censées nous apporter l'ouverture, la diversité, les lumières d'un monde enfin métissé.
11:21Et les populations européennes qui se refusent de cela sont accusées de racisme,
11:26comme si elles étaient prisonnières d'une psychologie réfractaire devant les progrès.
11:31Donc le discours qu'on prêtait hier aux colonisateurs européens, qu'ils arrivaient à amener le progrès aux colonisés,
11:36aujourd'hui, on inverse la logique. Ce sont les Européens qu'on veut civiliser par l'immigration massive.
11:42La réalité des choses, néanmoins, c'est qu'il y a aujourd'hui des territoires conquis à certains égards en Europe,
11:47pour reprendre la formule de certains.
11:49Londres, la Belgique, certains territoires français sont des territoires où les normes, juridiquement,
11:55on est encore en France, en Belgique, en Grande-Bretagne,
11:57mais la population qui est là porte une culture qui n'est plus historiquement celle de ces peuples européens.
12:03Et dans ces phénomènes, on voit aussi monter de l'insécurité, mais c'est plus de l'insécurité normale.
12:08C'est en fait un nouvel ordre qui s'impose, pression sur les systèmes sociaux,
12:12ça on en parle partout dans le monde aujourd'hui.
12:14On se rend compte que les systèmes sociaux sont en train d'écraser sous le poids de la population nouvelle,
12:19des possessions culturelles et aussi mise en minorité des peuples historiques européens.
12:24Et ça, on le voit partout et c'est peut-être la dimension la plus importante et la moins nommée dans tout cela.
12:28Vous parlez, Mathieu Bocoté, de mise en minorité des peuples historiques européens. Qu'entendez-vous par là?
12:36C'est une catégorie importante, je crois.
12:38Parce qu'aujourd'hui, on est enfermé dans une définition strictement juridique de la nationalité.
12:42Donc on nous dit, finalement, il n'y a pas de problème, il ne peut pas y avoir de mise en minorité,
12:46parce que le droit fait le peuple.
12:48Mais quoi qu'on en dise, à l'échelle de l'histoire,
12:50un peuple, ce n'est pas qu'un tampon administratif ou un tampon juridique.
12:54Qu'est-ce qu'on voit?
12:55D'un côté, il y a une certaine gauche, justement, qui réduit la nation au vivre-ensemble diversitaire.
12:59À droite, il y a la réduction de la nation aux catégories du marché.
13:04Ce sont ces Allemands qui disent, finalement, le peuple allemand s'en fiche.
13:07L'essentiel, c'est d'amener des travailleurs pour faire une pression à la baisse sur les salaires.
13:11C'est quand même la même logique qui s'applique partout.
13:13Donc, la nation, le peuple historique.
13:15Le peuple historique, c'est-à-dire un peuple qui s'inscrit dans l'histoire,
13:18un peuple qui est travaillé par les générations, un peuple qui a son enracinement,
13:22un peuple qui est capable d'accueillir des gens qui viennent d'ailleurs, évidemment,
13:25mais dans des quantités raisonnables.
13:27Et lorsque ces gens sont capables et veulent s'assimiler,
13:29ce qui implique qu'il n'y ait pas une distance culturelle immense entre celui qui arrive et celui qui accueille.
13:36Depuis les années 80, en fait, on en est venu à croire que toute définition du peuple substantiel,
13:40c'est un langage caché pour parler de la race.
13:43Mais pas du tout.
13:44Un peuple n'est pas une race.
13:45Les deux concepts sont à dissocier.
13:47Et tout ce qu'on a voulu faire, en fait, c'est de vous parler de peuple, d'identité, de culture,
13:51racisme ou xénophobie, racisme ou xénophobie,
13:53pour interdire de voir l'existence de ces peuples, de les remarquer, de les noter.
13:58Mais là, aujourd'hui, à l'échelle de l'histoire, on constate la mise en minorité,
14:01c'est la pire chose qui peut arriver à un peuple, parce que devenir étranger chez soi,
14:04c'est le pire sort qui peut arriver à un individu comme un peuple.
14:07Et aujourd'hui, je crois que c'est la grande angoisse des Européens,
14:10la peur de devenir étranger chez soi.
14:12C'est la question posée par l'immigration massive.
14:14Arthur de Vatrigan, est-ce que nos voisins européens, ou certains de nos voisins,
14:20sont en train de redécouvrir leurs frontières, en quelque sorte ?
14:26En effet.
14:27Ils sont vraiment en train de changer de logiciel ?
14:29Oui, on voit un changement assez radical des politiques des pays européens sur la question migratoire.
14:35Il était temps, me diriez-vous, et c'est en raison, en effet, de la percée des partis dits populistes,
14:40mais aussi, ce qui évidemment n'est pas sans lien, en raison des drames, des attentats.
14:44Rappelez-vous ce qui s'est passé en Allemagne il y a quelques jours au festival de la diversité,
14:48ça ne s'invente pas, où on a eu trois morts et huit blessés.
14:52Donc la question, c'est est-ce que cette vague va toucher la France,
14:55c'est-à-dire est-ce qu'elle va changer notre politique migratoire ?
14:59Mathieu a rappelé notre chronologie, ça a bien se passé,
15:02puis finalement comme ça ne se passait pas si bien, on dit c'est n'existe pas,
15:05et puis comme ça commençait à se voir, on a dit on ne peut rien faire.
15:07Sauf que, rappelez-vous, on n'a eu pas si longtemps une crise sanitaire,
15:10et on a vu que si on voulait, on pouvait faire réapparaître les frontières,
15:14et puis même on pouvait coller des amendes à ceux qui dépassaient d'un centimètre le périmètre restreint.
15:19Mais si on revient à nos pays voisins européens, la France n'est pas le Danemark,
15:23la France n'est pas la Suède, ni l'Allemagne,
15:26et je ne parle même pas de la Hongrie, de l'Italie ou de la Pologne,
15:29parce que leurs dirigeants sont encore considérés chez nous comme des crypto-fascistes.
15:33Mais le problème, en fait, de la France, c'est l'Union européenne,
15:36et le problème de l'Union européenne, c'est la France.
15:38C'est-à-dire que l'Union européenne, bien que dirigée par les Allemands,
15:42a été construite par les Français, sur le modèle français.
15:44C'est un modèle qui est jacobin, qui est pyramidal,
15:47et le sommet décide de tout, et les gens d'en bas, comme disait Michel Barnier,
15:52qui d'ailleurs, en passage, croit en Net, qui est quand même assez baroque,
15:54venant de quelqu'un qui a fait toute sa carrière en politique,
15:56les gens d'en bas sont considérés au mieux comme des idiots.
15:59Ils sont tellement idiots qu'il faut leur expliquer ce qu'ils doivent manger,
16:02ce qu'ils doivent boire, on les met sous tout aile leur portefeuille
16:05et l'éducation de leurs gamins, et puis on leur explique même en tuto
16:08comment couper leur aie ou se gratter le nez.
16:11Donc, si vous voulez, qu'est-ce que produit le jacobinisme ?
16:14Le jacobinisme, ça produit l'idéologie.
16:16Et pour survivre, il a besoin d'encore plus d'idéologie.
16:19Donc, ce qu'on fait, c'est qu'on rééduque en intraveineuse à haute dose,
16:22par l'école, par la presse, par la culture, et si vous grognez un peu trop,
16:26on va même vous trouver de la place sur les bancs d'un tribunal
16:28qui sont déjà bien chargés.
16:30C'est ce dont on discutait justement la semaine dernière,
16:32sur des lieux de pouvoir qui sont non démocratiques
16:35et qui sont détenus par des personnes qui sont furieusement idéologiées.
16:38Et l'idéologie de ces personnes-là, c'est immigrationniste,
16:41c'est multiculturaliste, c'est-à-dire qu'on le sait,
16:44la figure de l'immigré à remplacer serve du prolétaire.
16:46Et si vous ajoutez à ça notre histoire coloniale,
16:48qui est quand même bien différente des autres pays dont on parlait tout à l'heure,
16:51l'accueil n'est plus un devoir.
16:53L'accueil, c'est la condition pour trouver notre salut,
16:56c'est-à-dire la repentance, avec au passage l'obligation
16:59de liquider le passé et l'identité.
17:01Mais vous avez également une autre donnée, c'est l'argent.
17:03C'est-à-dire que, rappelez-vous les débats sur l'immigration,
17:06un des sujets, c'était les métiers sous tension.
17:08C'est-à-dire qu'on recrute de la main d'œuf par chair
17:10pour assurer la survie de notre modèle économique,
17:12qui repose uniquement sur la consommation de biens importés
17:15et de services, où le consommateur n'a pas besoin d'identité,
17:19il faut qu'il consomme, d'où l'expression très laide
17:21de pouvoir d'achat qu'on entend tout le temps.
17:24Et dans ce système-là, l'identité et la culture sont évidemment des freins.
17:27Donc si on résume, on a main dans la main des multiculturalistes
17:30et le pouvoir économique, et qui, pour enrober leurs funestes projets,
17:34habitent ça de bienfaits, de vivre ensemble, de nécessités économiques.
17:38Les tyrans manquent pas de prétextes, comme disait Burke.
17:41Mais si vous n'avez pas échappé non plus,
17:44c'est même qu'ils prônent la diversité,
17:46ils habitent dans les quartiers protégés,
17:48ils ne subissent pas la réalité.
17:50Donc moi j'en viens à penser, si vous voulez,
17:52que même si l'Union Européenne inversait complètement
17:55sa politique d'immigration et l'imposait à tous les pays,
17:58nos élites seraient capables de faire un Frexit
18:00au nom de la mondialisation heureuse.
18:02Autre sujet à présent, Mathieu Bocoté,
18:05c'est une polémique vive que traverse le Canada
18:08de Justin Trudeau en ce moment.
18:10La représentante du gouvernement fédéral
18:13pour la lutte contre l'islamophobie a affirmé
18:17que les collèges et les universités au Canada
18:20devaient engager davantage de professeurs musulmans
18:23pour s'assurer que les étudiants musulmans
18:25soient plus en sécurité dans le contexte du conflit à Gaza.
18:28Et ce sera l'objet de votre second édito.
18:31Ah oui, c'est une polémique absolument passionnante.
18:33Alors c'est Madame Amira El Gawabi
18:35qui a été nommée en janvier 2023
18:38représentante pour l'État fédéral,
18:40donc pour Ottawa, pour le combat contre l'islamophobie.
18:43Alors ça présuppose deux choses.
18:45On va peut-être voir son image à l'écran.
18:47Madame El Gawabi est une fonctionnaire
18:49de l'État fédéral canadien qui est voilée en permanence.
18:52Donc l'État canadien est un État
18:54où Madame El Gawabi, par exemple, est voilée en permanence,
18:57tout comme, d'ailleurs, un des chefs
18:59d'un important parti d'opposition,
19:01Jack Mead Singh, porte le turban cyc en permanence.
19:04Donc le Canada, c'est le pays du multiculturalisme à temps plein.
19:07Dans le cas de Madame El Gawabi, ça va assez loin.
19:10Parce que, que nous dit-elle?
19:12En fait, son poste en lui-même fait le procès du Canada.
19:15Si on a besoin d'un représentant à temps plein à Ottawa
19:18pour la lutte contre l'islamophobie,
19:20le Canada est un pays à ce point islamophobe,
19:22à ce point coupable,
19:24qu'il doit être rééduqué à temps plein.
19:26Et Madame El Gawabi prend son poste très au sérieux.
19:29Elle a dit notamment,
19:31là, on a un problème d'islamophobie majeur
19:33dans les collèges et les universités,
19:36donc il faut embaucher davantage de professeurs musulmans.
19:40Alors là, regardez ce que ça veut dire concrètement.
19:43C'est-à-dire, on ouvre un poste X, Y ou Z,
19:46vous vous appliquez, Elliot, vous avez le dossier,
19:48vous avez votre doctorat, vous avez préparé une bonne candidature,
19:51vous avez des publications.
19:53À côté de vous, vous avez quelqu'un qui...
19:55Mais vous êtes catholique ou vous êtes peut-être athée
19:57ou vous êtes protestant, vous êtes bouddhiste, j'en sais rien.
19:59Mais à côté, désolé, on ne peut pas vous embaucher, Elliot,
20:02parce que vous n'êtes pas musulman,
20:04c'est un poste réservé selon l'appartenance religieuse.
20:08Pourrait-on imaginer...
20:10Vous savez, autrefois, on disait dans certaines...
20:12C'est la triste histoire de l'antisémitisme en Occident,
20:14pas de juif ici.
20:16Là, la formule est inversée, c'est pas de pas musulman pour ce poste.
20:19Donc on est dans une logique de discrimination religieuse
20:22revendiquée au Canada.
20:24On est aussi dans une logique, Mme El-Gawabi,
20:27propose d'imposer aux enseignants,
20:30et plus largement sur les campus,
20:32une formation sur l'islamophobie
20:34et sur le racisme anti-palestinien.
20:36Donc les campus, les collèges, les universités
20:39doivent devenir des lieux de rééducation en permanence
20:43autour du concept d'islamophobie,
20:45ne l'oublions pas, consiste aujourd'hui
20:47à assimiler toute critique,
20:49non seulement de l'islamisme ou de l'islam,
20:51ou de l'échec de l'intégration des populations musulmanes
20:53en Occident, selon certains.
20:55Tout ça, c'est de l'islamophobie.
20:57Donc au Canada, il y a une telle chose aujourd'hui
20:59qu'un islamisme d'État
21:01et il est porté, il est légitimé
21:03par Justin Trudeau.
21:05Et justement, pardonnez-moi,
21:07Arthur...
21:09Mathieu Bockcôté,
21:11j'ai perdu la seconde question.
21:14Alors je reviendrai, parce que c'est l'essentiel.
21:16Comment le Canada réagissait,
21:18comment la société canadienne réagissait à cette proposition?
21:20Eh bien, Justin Trudeau trouve que c'est très bien.
21:22Il dit que c'est une conversation
21:24qui est lancée dans l'espace public par Mme Al-Gawabi.
21:26Vous savez, c'est le concept de conversation aujourd'hui
21:28qui sert à justifier tout et n'importe quoi.
21:30Au Québec, la réaction est très vive.
21:32Au Québec, oui, on a adopté en 2019
21:34une loi sur la laïcité de l'État.
21:36Comme je me le rappelais, en France,
21:38ce serait l'équivalent d'une directive administrative mineure.
21:40Mais à l'échelle du Canada,
21:42on a fort voté par le Québec.
21:44Au Québec, tout le monde dit,
21:46non seulement cette dame doit être virée,
21:48il y a quand même des limites à plaider pour la discrimination religieuse,
21:50mais plus encore, ce poste doit être aboli.
21:52Ce poste doit être aboli.
21:54Donc c'est encore une fois le choc
21:56entre le Québec et son attachement à la laïcité
21:58et l'État canadien,
22:00qui est un État multiculturaliste
22:02qui pratique la rééducation de sa population
22:04à partir d'un multiculturalisme extrême.
22:06Je rappelle que de ce point de vue,
22:08le Canada n'est pas un pays, c'est un laboratoire.
22:10Ce n'est pas un pays au sens où
22:12la Hongrie, la France, l'Estonie sont des pays.
22:14C'est un laboratoire du multiculturalisme
22:16le plus agressif,
22:18anti-occidental fondamentalement,
22:20hostile à l'idée même de laïcité,
22:22fondé sur une forme de discrimination
22:24résolue contre les populations
22:26d'origine européenne, qui sont présentées
22:28comme des populations de trop en ce pays.
22:30De ce point de vue,
22:32Mme Elgawabi est une représentante convaincante
22:34de l'État canadien.
22:36Vous avez toujours un ton d'avance.
22:38On se dit toujours
22:40que l'Amérique du Nord, ça n'arrivera jamais chez nous.
22:42Arthur de Vatrigan.
22:44Est-ce que ce qui se passe au Canada aujourd'hui
22:46peut à terme se produire en France ?
22:48Je rappelle que le mot islamophobie
22:50était utilisé à grande échelle
22:52par de nombreux médias,
22:54par de nombreux hommes politiques de droite
22:56comme de gauche, et qu'il eut fallu malheureusement
22:58que Samuel Paty soit assassiné
23:00pour que le terme islamophobie
23:02soit contesté.
23:04En effet, on dit toujours que le Canada est une projection
23:06de ce qui peut se passer en France. Malheureusement,
23:08on n'a pas attendu cette fois-ci le Canada.
23:10On subit une islamisation anti-recroisée
23:12en France. Vous l'avez par le haut
23:14avec les frères musulmans qui sont infiltrés
23:16dans toutes les structures et institutions
23:18de l'Union Européenne, du Conseil de l'Europe,
23:20de l'ONU, sans parler
23:22de partis ou d'élus qui n'hésitent pas
23:24à collaborer. Vous l'avez par le bas
23:26avec les salafistes qui visent les Français
23:28de confession musulmane, qui sont beaucoup trop assimilés
23:30pour eux. Et puis vous l'avez en croisée
23:32à coup de bazooka avec l'État islamique qui attaque
23:34directement notre civilisation. Donc concernant
23:36l'infiltration par le haut, il faut juste écouter
23:38et relire les essais de Mme Bergeau-Blackleur.
23:40Elle montre tout, le financement,
23:42comment on finance notre propre destruction.
23:44Et le pire dans tout ça, vous savez,
23:46c'est que la stratégie était connue.
23:48Le frère, le chef spirituel,
23:50l'ex-chef spirituel, parce qu'il est mort des frères musulmans,
23:52Youssef al-Kiradaoui, en 2002, l'avait expliqué
23:54la stratégie. Il avait dit avec vos lois
23:56démocratiques, nous vous coloniserons.
23:58Avec nos lois coraniques, nous vous dominerons.
24:00Donc si vous voulez, les frères musulmans ne feront que
24:02s'adapter à notre modernité.
24:04Ils ont identifié le biais de la compassion
24:06et des droits individuels pour y détourner
24:08au profil de leur système culturel.
24:10La publicité, on revient dans un instant.
24:12On reste en Amérique du Nord.
24:14On parlera des États-Unis
24:16dans la course à la Maison Blanche
24:18avec un invité, Gérald Dolivier.
24:20C'est l'un des meilleurs spécialistes
24:22et journalistes sur ces questions-là.
24:24Donc on va le recevoir dans un instant
24:26après la publicité. A tout de suite.
24:28Un peu plus de 19h30
24:30sur CNews pour la suite.
24:32De face à Mathieu Bocoté,
24:34toujours avec Mathieu, bien sûr,
24:36Arthur De Vatrigan. Dans un instant,
24:38vous allez recevoir Gérald Dolivier,
24:40spécialiste des États-Unis,
24:42auteur, entre autres, de Cover Up,
24:44le clan Biden, l'Amérique et l'État profond.
24:46Vous allez revenir sur les grandes questions
24:48dans la dernière ligne droite
24:50pour la course à la Maison Blanche.
24:52Il y a eu un grand débat cette semaine.
24:54J'imagine que vous vous êtes couché
24:56très tard, que vous avez dormi
24:58très peu dans la nuit de mardi à mercredi.
25:00C'est une forme de décalage horaire
25:02dans le traitement de la politique américaine.
25:04On ne sait jamais exactement le résultat
25:06avant le lendemain matin.
25:08Ce qui était assez intéressant,
25:10c'est que toute l'analyse du débat
25:12s'est portée sur les stratégies d'esquive,
25:14la capacité dans un débat
25:16à donner un punch et ensuite à esquiver.
25:18On réduit l'activité politique
25:20quand on analyse un tel débat,
25:22une forme de match de boxe.
25:24C'est le décalage immense
25:26entre l'analyse d'un tel débat,
25:28comme on a pu le voir,
25:30et de l'autre côté,
25:32l'ampleur immense des enjeux
25:34de cette élection américaine,
25:36pas seulement pour les États-Unis,
25:38mais pour l'ensemble du monde occidental.
25:40Moi, j'ai toujours été assez réservé
25:42dans la manie qu'on a certaines.
25:44On le voit au Canada, au Québec,
25:46en France, ailleurs, à penser
25:48que la politique américaine est plus importante
25:50que la politique de nos propres pays.
25:52Comme si on se voulait américain,
25:54nous aussi.
25:56On prend pour un, on prend pour l'autre.
25:58Mais là, pour une fois, c'est une élection
26:00dont l'enjeu dépasse largement
26:02les États-Unis. Je vais donner quelques exemples,
26:04quelques-uns aux préférences
26:06d'un côté comme de l'autre.
26:08Les États-Unis se veulent le pays
26:10de la liberté d'expression absolue.
26:12C'est le pays à le grand contraste
26:14aujourd'hui entre l'Europe
26:16dans le monde occidental
26:18qui tend à vouloir rétrécir
26:20le domaine de la liberté d'expression
26:22au nom de la lutte contre la désinformation,
26:24au nom de la lutte contre la haine.
26:26Aux États-Unis, traditionnellement,
26:28on avait une défense très, très forte
26:30de la liberté d'expression constitutionnalisée,
26:32sacralisée, absolutisée.
26:34Qu'est-ce qu'on voit aux États-Unis
26:36aujourd'hui dans la proposition notamment
26:38de Mme Harris? Mme Harris
26:40et Tim Walz qui est avec elle,
26:42les deux ont dit, à différents moments
26:44de leur carrière politique récente,
26:46la liberté d'expression n'est pas celle
26:48de la désinformation ou de la haine.
26:50Quand on voit la définition
26:52qui est portée aujourd'hui,
26:54qui est proposée de ce qu'est la désinformation
26:56ou la haine, le résultat,
26:58qu'est-ce qu'on voit, c'est que les États-Unis
27:00tendent à s'européaniser dans leur
27:02rapport à la liberté d'expression,
27:04donc une volonté de réduire le domaine
27:06de la liberté d'expression, ce pourquoi,
27:08vous le noterez,
27:10Elon Musk est, dans cette élection présidentielle,
27:12presque devenu un acteur
27:14à part entière, un acteur diabolisé
27:16dont on se méfie.
27:18Quel sort sera-t-il fait à la liberté d'expression
27:20dans le monde occidental? Vous avez vu ce qui s'est passé
27:22tout récemment au Brésil,
27:24l'interdiction de Twitter ou de X,
27:26comme on dit aujourd'hui, autour de la question
27:28de la liberté d'expression notamment.
27:30Je ne reviens pas sur le détail.
27:32Qu'est-ce qu'on devait assurer? L'interdiction de Twitter.
27:34Est-ce qu'on pourrait assister à la même chose
27:36aux États-Unis? Certainement pas
27:38demain matin, mais une même tendance,
27:40une accélération de la tendance à la censure,
27:42ce n'est pas inimaginable, premier élément.
27:44Deuxième élément,
27:46et là c'est important, c'est ce qu'on appelle la fameuse question
27:48de l'État profond, entre guillemets.
27:50Je sais que ce concept a une connotation
27:52aujourd'hui on dirait conspirationniste.
27:54J'ajoute que tout concept qui remet en question
27:56les structures de pouvoir aujourd'hui se fait accuser
27:58de conspirationnisme. Gardons ça à l'esprit.
28:00Mais qu'est-ce qu'on voit aux États-Unis
28:02aujourd'hui? On voit un véritable
28:04choc, c'est-à-dire d'un côté
28:06la candidature Trump,
28:08qui est une candidature, personne ne va dire le contraire,
28:10bigarrée, une candidature très complexe
28:12qui est portée par des... qui quelquefois
28:14tend presque à s'effondrer, certains le redoutent ces temps-ci
28:16chez ses partisans, mais qui remet en question
28:18les structures de pouvoir américaines,
28:20et de l'autre côté, une bonne partie des structures
28:22de pouvoir américaines, démocrates comme républicains,
28:24qui tendent à s'unir, qui tendent à se dire
28:26nous faisons front commun d'une manière ou de l'autre
28:28contre ce candidat qui ne joue pas
28:30selon les règles démocratiques habituelles
28:32américaines. Donc il y a une espèce
28:34de conflit aux États-Unis qui dépasse
28:36le choc habituel entre les républicains
28:38et les démocrates,
28:40mais un choc qui entre deux conceptions
28:42en fait des États-Unis,
28:44deux conceptions de la démocratie,
28:46je dirais presque même deux conceptions
28:48du monde occidental aujourd'hui
28:50qui se jouent aux États-Unis. Donc je tenais à rappeler
28:52ces choses-là pour garder
28:54à l'esprit que cette élection ne concerne pas
28:56que les Américains avec leur querelle, mais porte
28:58aussi sur l'ensemble du monde occidental
29:00tel qu'on le vit aujourd'hui.
29:02Gérald Olivier nous a rejoint sur le plateau.
29:04Cher Gérald, bonsoir. Merci d'être avec nous.
29:06Je rappelle que vous êtes spécialiste des États-Unis,
29:08vous êtes l'auteur entre autres de Cover Up,
29:10le clan Biden, l'Amérique et l'État profond.
29:12Mathieu Bocoté,
29:14c'est à vous pour l'entretien
29:16comme chaque semaine,
29:18mais vous l'avez plutôt expliqué là.
29:20Pourquoi avoir invité ce samedi soir
29:22Gérald Olivier ?
29:24La dernière fois que nous nous sommes parlé,
29:26il y avait deux candidats
29:28à la présidence des États-Unis,
29:30Donald Trump et Joe Biden.
29:32Et là, entre temps, Joe Biden a été éjecté,
29:34Kamala Harris l'a remplacée,
29:36reste à voir comment on peut décrire correctement.
29:38Est-ce que certains disent que c'est une forme de semi-putsch ?
29:40Certains disent que ce n'était pas dans les règles.
29:42On a eu un débat il y a quelques jours.
29:44Certains considèrent, l'avis général,
29:46c'est que Trump n'a pas réussi à l'emporter,
29:48que Kamala Harris l'a emportée
29:50et que ça lui donne une dynamique
29:52pour la suite des choses.
29:54Comment décririez-vous d'abord ce qui s'est passé
29:56depuis l'éjection de Joe Biden
29:58et son remplacement par Kamala Harris
30:00jusqu'à aujourd'hui ?
30:02En effet, il s'est passé beaucoup de choses
30:04dans cette campagne.
30:06Et ce qui est tout à fait inédit,
30:08c'est qu'en effet, on a eu deux débats présidentiels
30:10avec deux candidats démocrates différents.
30:12Parce qu'il y avait déjà eu un débat,
30:14c'était le deuxième débat présidentiel.
30:16Il y avait eu un débat le 27 juin entre Biden et Trump
30:18qui d'ailleurs avait été le point de départ
30:20de l'éjection de Joe Biden.
30:22Donc Kamala Harris, comme vous l'avez dit,
30:24elle a été plutôt couronnée,
30:26elle a été intronisée.
30:28C'est la seule candidate à n'avoir jamais
30:30fait campagne pour la nomination.
30:32La nomination lui a été donnée sur un plateau d'argent
30:34une fois que Biden
30:36ait annulé sa propre, ou suspendu,
30:38ou renoncé à sa propre candidature.
30:40Elle a bénéficié d'abord,
30:42je dirais, d'un grand enthousiasme
30:44parce que les démocrates avaient compris
30:46qu'ils allaient dans le mur.
30:48C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ont poussé Joe Biden à se retirer.
30:50Donc il se préparait à une défaite,
30:52à une défaite lourde, et elle a inversé cette tendance.
30:54Elle a donné un nouveau dynamisme,
30:56un nouvel enthousiasme aux démocrates
30:58et elle a eu un mois de juillet
31:00et un mois d'août qui ont été entièrement positifs.
31:02Elle a bénéficié du soutien des médias,
31:04on l'a vu d'ailleurs mardi pendant le débat,
31:06les journalistes du débat n'étaient pas neutres,
31:08et elle a bénéficié
31:10dès sa nomination
31:12d'une couverture très très positive
31:14dans les médias qui l'ont amenée
31:16jusqu'à la convention démocrate
31:18qui s'est déroulée à la mi-août,
31:20où elle a été couronnée et où à ce moment-là
31:22les sondages la donnaient gagnante
31:24lors de l'élection
31:26du 5 novembre à venir.
31:28Pour moi, ça a été le sommet
31:30de sa courbe, on verra ce qui va se passer
31:32à la suite, mais
31:34dans les sondages, elle stagne
31:36depuis la fin de la convention démocrate.
31:38Comme vous dites,
31:40les médias ont considéré
31:42qu'elle avait remporté le débat.
31:44Moi, je considère que c'est plus Trump
31:46qui a manqué beaucoup d'opportunités.
31:48Je ne pense pas qu'elle l'ait gagnée.
31:50Je vais vous dire pourquoi elle ne l'a pas gagnée.
31:52Parce que dans les sondages, il n'y a absolument
31:54pas d'effet débat.
31:56C'est-à-dire qu'on s'attendait
31:58peut-être à un
32:00remake du débat
32:02Trump-Biden, c'est-à-dire
32:04une sorte de chaos
32:06d'entrée de l'un des deux candidats.
32:08Ce n'est pas du tout ce qu'on a eu.
32:10Elle est capable de se défendre, c'est une femme intelligente.
32:12Elle avait très bien préparé le débat.
32:14Par contre, je pense qu'elle a échoué à convaincre
32:16et que ça, c'est son problème.
32:18Est-ce qu'on peut dire qu'inversement, Trump
32:20n'est pas parvenu ? Certains croyaient qu'il serait capable
32:22de gagner et il a manqué plusieurs
32:24occasions marquées des points, comme on dit en politique.
32:26Trump a fait du Trump.
32:28Et il est possible qu'il ait été mal préparé,
32:30qu'il ait manqué de concentration, qu'il ait été un peu fatigué.
32:32Mais Trump a fait du Trump.
32:34Il a une façon de parler
32:36qui fait qu'il ne se rend pas service
32:38à lui-même. Parce que ce n'est pas quelqu'un
32:40qui est capable d'élaborer un argument.
32:42Il va vous répéter les mêmes phrases de manière un petit peu
32:44hyperbolique. Et puis surtout,
32:46c'est un combattant. C'est un fighter,
32:48comme on dit en anglais. Et donc,
32:50vous le piquez, il répond.
32:52Et elle a passé son temps à faire de la provocation,
32:54à l'attaquer sur des sujets
32:56sur lesquels il est très sensible.
32:58Il n'aime pas qu'on dise qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui viennent à ses
33:00meetings. Il n'aime pas qu'on dise que les gens
33:02quittent le meeting alors que le discours n'est pas terminé.
33:04Et donc, à chaque fois, au lieu de se focaliser
33:06sur les points qui étaient importants pour lui
33:08et à mon avis pour les Républicains,
33:10et ces points sont très simples, c'est l'inflation,
33:12l'économie, l'immigration. Il ne faut parler
33:14que de ça. Parce que ce sont les trois points
33:16sur lesquels les démocrates, qui sont en fait
33:18au pouvoir, dont Kamala Harris,
33:20qui est vice-présidente, sont vulnérables.
33:22Si vous laissez le débat aller sur d'autres points,
33:24vous allez perdre.
33:26Et, comment dirais-je, Trump
33:28s'est laissé entraîner
33:30à répondre à des questions qui n'étaient pas importantes.
33:32Mais, alors, vous parlez
33:34de manière circonstancielle, mais est-ce qu'il n'y a pas,
33:36on l'avait vu en 2020, et encore aujourd'hui,
33:38est-ce que Trump n'a pas le défaut de parler
33:40non pas du projet de son adversaire
33:42pour le critiquer, non pas de la situation du pays,
33:44mais de lui? C'est-à-dire, c'est une forme de récit
33:46de Trump sur Trump,
33:48et lorsque vient le temps de faire de la politique
33:50de manière peut-être plus classique, c'est-à-dire critiquer le projet
33:52de son adversaire, préciser ses propositions,
33:54à ce niveau, il s'éclipse un peu.
33:56Alors, Trump ramène toujours tout
33:58à lui. Mais, en politique,
34:00il ne parle jamais de lui.
34:02Si vous l'attaquez sur ses affaires,
34:04elle l'a attaqué sur sa fortune.
34:06Elle l'a attaqué en disant qu'il était né avec une cuillère
34:08en argent dans la bouche. Ils n'aiment pas qu'on dise ça.
34:10C'est vrai qu'il est né d'une famille
34:12qui était très confortable, mais il a
34:14considérablement étendu
34:16la fortune familiale et la sienne.
34:18Donc, quand on l'attaque sur sa vie,
34:20ses accomplissements d'homme d'affaires,
34:22ça le vexe et il répond.
34:24Par contre, quand il parle politique, et la raison pour laquelle
34:26d'ailleurs il est dans cette campagne,
34:28au contraire de ce que disent les démocrates, c'est pas du tout pour lui.
34:30Parce que, franchement, il n'a rien à gagner.
34:32Il a déjà été président. Bon, il n'a pas
34:34été réélu, mais il aurait pu dire
34:36moi je vais jouer au golf, j'ai une famille,
34:38je suis confortable, je m'occupe de mon épouse et d'autres choses.
34:40Non. Il considère que les États-Unis
34:42vont mal. Il considère que les États-Unis
34:44sont en danger. Il considère que
34:46l'administration Biden est en train de
34:48ruiner l'Amérique. Si Kamala Harris
34:50était élue, ce serait encore pire.
34:52Et pour moi, c'est là où il a marqué des points
34:54pendant le débat,
34:56ce dont très peu de gens ont parlé.
34:58Qu'est-ce qui se passe en vérité ?
35:00Trump s'était préparé à combattre Joe Biden.
35:02Et donc, on allait attaquer Joe Biden
35:04sur son bilan.
35:06Joe Biden, c'est un démocrate qui a 60 ans
35:08de vie politique derrière lui. C'est un démocrate
35:10qui a fait toute sa carrière au centre.
35:12On ne pouvait pas l'accuser d'être un extrémiste,
35:14un radical, un hyper-progressiste.
35:16Par contre, il a derrière lui
35:18des staffers qui le sont.
35:20On ne peut pas, maintenant que c'est Kamala Harris
35:22qui est candidate démocrate,
35:24on ne peut pas attaquer Kamala Harris
35:26directement sur le bilan de Joe Biden.
35:28Parce que ce n'est pas le sien.
35:30Elle n'est que la numéro 2. Elle a toujours suivi
35:32le mouvement. Par contre, elle, c'est une progressiste.
35:34Elle, c'est une marxiste.
35:36Elle, elle a toujours été à gauche.
35:38Le terme n'est pas exagéré ?
35:40Il y a une idéologie marxiste
35:42qui consiste, lorsqu'on l'applique en politique
35:44et ça s'appelle le socialisme,
35:46à faire de la redistribution et de la dépense.
35:48Et c'est tout ce qu'elle sait faire.
35:50Et sur les questions sociales,
35:52elle est très, très, très progressiste.
35:54Donc, Donald Trump, je pense,
35:56a modifié un petit peu son angle d'attaque.
35:58On l'a remarqué pendant le débat.
36:00Il parle moins de Joe Biden.
36:02Il parle moins
36:04de ce que Kamala Harris a pu faire
36:06en tant que vice-présidente.
36:08Il parle beaucoup de qui est Kamala Harris
36:10et du risque qu'elle ferait porter
36:12à l'Amérique si elle était élue.
36:14Et pour moi, c'est très intelligent.
36:16Je vais vous dire pourquoi. Parce que là,
36:18les démocrates, lorsqu'ils sont face à Trump,
36:20ils font campagne contre Trump. Tout sauf lui.
36:22Et là, Trump est en train de retourner l'argument.
36:24Il dit tout sauf elle.
36:26Parce que si vous l'élisez, elle,
36:28eh bien, nous allons en la ruine.
36:30Et donc, vous n'avez pas d'autre choix que de m'élire, moi,
36:32même si vous ne m'aimez pas.
36:34Vous avez parlé des trois points
36:36que Donald Trump aurait dû attaquer.
36:38Il y en a un quatrième que je suis surpris de ne pas voir.
36:40C'est la politique internationale.
36:42Et surtout, Israël.
36:44Est-ce que ça a un enjeu ?
36:46Est-ce que ça a un poids ?
36:48Ou c'est complètement éliminé de l'élection ?
36:50Non, je ne l'ai pas cité parce que j'étais
36:52focalisé sur la politique intérieure, on va dire.
36:54Mais bien sûr que c'est un enjeu.
36:56Et d'ailleurs, ça a été une question
36:58qui a été posée pendant le débat,
37:00à la fois sur Israël et à la fois sur l'Ukraine,
37:02donc sur les deux conflits chauds du moment.
37:04Là encore,
37:06Trump a fait de l'hyperbole.
37:08Et je vous dis pourquoi.
37:10Il a, pour moi, perdu une occasion de marquer des points.
37:12Il a dit de manière très radicale
37:14que si Kamala Harris est élue,
37:16Israël n'existera plus d'ici deux ans.
37:18Je n'y crois pas.
37:20Je ne pense pas qu'il y ait qui que ce soit
37:22en dehors du cercle de Trump qui croit
37:24à une telle possibilité.
37:26Est-ce qu'il y croit lui-même, selon vous ?
37:28Non, mais c'est sa façon de parler.
37:30Et il essaye de mobiliser les gens
37:32sur des choses qui sont extrêmes.
37:34Mais pour moi, il aurait été peut-être plus logique
37:36de dire, attention,
37:38c'est un allié historique,
37:40c'est un pays qui est la seule démocratie au Proche-Orient,
37:42c'est un pays avec lequel nous étions parvenus
37:44à établir un processus de paix
37:46qui était en train de se développer
37:48à travers le processus à Brahms.
37:50Tout ça, ça a été oublié, sacrifié
37:52et aujourd'hui, on a une région qui est au bord
37:54de l'explosion à cause de la faiblesse
37:56de l'administration actuelle.
37:58Je ne suis pas candidat présidentiel américain,
38:00mais j'avais été présent au débat.
38:02Et il ne l'a pas fait.
38:04Donc c'est dans cette optique-là
38:06où parfois, il manque de cohérence
38:08et de précision dans son discours.
38:10Il est dans l'hyperbole et du coup,
38:12on détourne un peu le regard parce qu'on se dit
38:14mais non, Israël sera encore là dans deux ans.
38:16Par contre, la relation entre Israël et les Etats-Unis,
38:18elle évoluera considérablement
38:20si c'est Kamala Harris et les démocrates
38:22qui y gagnent à nouveau.
38:24Est-ce qu'on n'est pas dans un moment aux Etats-Unis
38:26où on n'est plus devant un débat entre républicains
38:28reconnus historiquement,
38:30mais presque un choc entre deux Amériques irréconciliables
38:32et qui ne peuvent pas pratiquement se réconcilier.
38:34Une va gagner sur l'autre,
38:36mais il n'y a plus de point de contact
38:38entre ces deux Amériques.
38:40Je veux croire qu'elles sont encore réconciliables
38:42ou qu'il y a une sortie.
38:44Il y a une issue positive.
38:46Mais il est très clair
38:48qu'on a une évolution des partis.
38:50Parce qu'il y a deux choses que l'on remarque
38:52dans cette élection.
38:54D'un côté, et d'ailleurs les démocrates s'en vantent,
38:56vous avez un certain nombre de républicains,
38:58pas forcément des ténors du parti d'ailleurs,
39:00et souvent des gens qui ont été républicains
39:02puis qui ont été battus,
39:04mais qui ont dit clairement
39:06qu'ils ne voteraient pas pour Trump.
39:08Prenons l'exemple de John Bolton,
39:10Dick Cheney, qui sont les figures du néoconservatisme
39:12qui sont associés à l'héritage
39:14le plus impérial des républicains,
39:16en 2003 en Irak.
39:18Bolton c'est un cas particulier
39:20parce qu'il a été secrétaire d'État de Trump,
39:22il a été ambassadeur à l'ONU.
39:24Alors que les deux ne s'entendaient jamais
39:26et n'étaient jamais véritablement d'accord.
39:28Mais ça c'est la preuve qu'à l'époque,
39:30Trump n'avait pas une équipe à son service,
39:32ce qu'il essaiera peut-être de faire
39:34si cette fois il est réélu.
39:36Donc d'un côté on a des républicains
39:38qui vous disent clairement
39:40qu'ils ne voteront pas pour lui.
39:42Et puis de l'autre côté,
39:44qu'est-ce qu'on constate ?
39:46Qu'un Robert Kennedy Junior,
39:48qui a toujours été démocrate,
39:50il a dû quitter le parti
39:52quand Robert Kennedy Junior a fait son discours
39:54annonçant qu'il se retirait
39:56en partie de la campagne,
39:58il a expliqué que c'est parce que
40:00le parti démocrate d'aujourd'hui
40:02n'est plus le parti démocrate de mon père ou de mon oncle.
40:04Ce n'est pas le parti démocrate de John Kennedy
40:06président en 1960.
40:08Et il y a une autre personnalité américaine
40:10qui s'appelle Tulsi Gabbard
40:12qui a été représentante d'Hawaï,
40:14qui était elle-même candidate
40:16à la nomination démocrate en 2020
40:18qui depuis s'est retirée du parti démocrate
40:20et qui considère que ce parti ne représente plus
40:22ses valeurs.
40:24Donc on a une évolution des lignes politiques
40:26avec d'un côté un homme qui sait quand même
40:28attirer les projecteurs à lui,
40:30qui est très très présent
40:32sur le plan du charisme et autres, qui est Donald Trump
40:34et qui donc a changé le républicanisme
40:36en une forme de trumpisme.
40:38Mais si on regarde, je dirais,
40:40les tenants du trumpisme
40:42et les tenants du parti républicain sur Ronald Reagan,
40:44pour moi les points communs sont
40:46relativement nombreux.
40:48Si on regarde le parti démocrate d'aujourd'hui
40:50et le parti démocrate ne serait-ce que de
40:52Bill Clinton, sans forcément remonter
40:54jusqu'à John Kennedy, on remarque que
40:56sur des points fondamentaux,
40:58ça a totalement changé, notamment sur l'immigration
41:00et sur l'assistance,
41:02l'assistance sociale, le welfare.
41:04La France, sur tous les médias,
41:06se passionne pour cette élection et toute la
41:08déontologie journalistique qu'on connaît,
41:10mais quel est l'enjeu réel pour la France ?
41:12Quelles sont les conséquences ? C'est Kamala Harris qui gagne
41:14ou si c'est Donald Trump ?
41:16Je pense dire que l'enjeu pour la France,
41:18il est économique dans le cadre de nos relations
41:20avec les Etats-Unis, mais au-delà de la France,
41:22l'enjeu pour l'Europe, ça va être d'avoir à revoir
41:24sa politique étrangère et notamment sa politique
41:26de défense. Je pense qu'il viendra
41:28inévitablement le moment
41:30où la question de la finalité de l'OTAN,
41:32de l'organisation de l'OTAN,
41:34devra être revue.
41:36Lorsque, pendant le débat, il a été question
41:38de l'Ukraine, Donald Trump
41:40a ramené ça à une question,
41:42je dirais, basique,
41:44c'est une guerre inutile
41:46où des dizaines de milliers de vies
41:48sont en train d'être sacrifiées pour franchement rien
41:50et c'est une guerre qui n'aurait jamais dû avoir lieu
41:52et il a entièrement raison.
41:54Et de l'autre, il dit que c'est une guerre pour laquelle nous payons
41:56alors que ce sont les Européens
41:58qui sont en première ligne, ce sont eux
42:00qui sont menacés potentiellement
42:02par une Russie qui redeviendrait agressive
42:04et ce n'est pas forcément à nous d'aller défendre
42:06les Européens. On n'est plus à la sortie
42:08de la Deuxième Guerre mondiale, les Européens doivent
42:10avoir le moyen de se défendre eux-mêmes
42:12et il continuera d'être à leur côté
42:14s'ils continuent, eux, de remplir leurs engagements.
42:16Il parle des engagements financiers au sein de l'OTAN.
42:18Donc, inévitablement, si Donald Trump
42:20est élu, il faudra à un moment
42:22mettre les cartes sur la table et redéfinir tout cela.
42:24Je crains que si
42:26les démocrates gagnent et si Kamala Harris
42:28est élue, la guerre en Ukraine
42:30ne se prolonge pas.
42:32Mais on peut tourner l'argument autrement. Si je vous comprends bien, vous dites
42:34Trump, s'il est élu, se désengage
42:36en partie du théâtre européen
42:38alors que Kamala Harris a moins la tentation
42:40de s'en désengager.
42:42Si je comprends bien.
42:44Ça, ce sera la deuxième conséquence.
42:46La première étape, c'est qu'il y aura une réimplication.
42:48Il l'a dit d'ailleurs pendant le débat.
42:50Une des premières choses qu'il fera,
42:52il a assuré qu'il le ferait même avant
42:54de prendre ses fonctions
42:56pendant l'intervalle, pendant la transition.
42:58Il a dit, je ferai faire la paix en Ukraine.
43:00Je souhaite qu'il y parvienne s'il est élu.
43:02Je ne sais même pas s'il également a le droit de le faire.
43:04Il ne peut y avoir qu'un seul président
43:06donc je ne vois pas mener des négociations
43:08en parallèle avec l'administration
43:10qui sera toujours en place.
43:12Dans un premier temps, il y aura une réimplication
43:14des Etats-Unis pour trouver une solution
43:16à ce conflit.
43:18Cette solution pour moi, elle impliquera
43:20inévitablement une redéfinition du rôle de l'OTAN
43:22notamment une redéfinition du déploiement
43:24de l'OTAN à la frontière russe
43:26parce que la question est là du point de vue russe.
43:28Il faut aussi savoir regarder les choses de l'autre côté.
43:30La guerre en Ukraine,
43:32elle a ses explications
43:34qui tiennent à l'histoire de la Russie
43:36et à l'histoire de l'Ukraine.
43:38Elle a aussi ses explications qui tiennent à la Russie
43:40et ses relations avec l'OTAN.
43:42C'est là où je dis qu'il y aura une révision.
43:44Révision ne veut pas forcément dire désengagement
43:46mais inévitablement,
43:48on ne peut plus avoir une Europe
43:50qui se repose entièrement sur les Etats-Unis
43:52pour sa défense.
43:54Si Trump est réélu,
43:56est-ce qu'il a la tentation
43:58d'un nouvel isolationnisme américain ?
44:00Il ne s'agit pas d'un isolationnisme
44:02que j'ai toujours défendu.
44:04On ne peut pas être isolationniste
44:06quand on a 800 bases militaires répandues sur la planète.
44:08Les Américains ont 800 bases militaires
44:10à travers le monde.
44:12On ne peut pas être isolationniste quand on est partout.
44:14Par contre, ce qui est certain,
44:16c'est que Donald Trump considère
44:18qu'il n'est plus dans l'intérêt des Etats-Unis
44:20d'être le gendarme unique du monde.
44:22Il n'est plus dans l'intérêt des Etats-Unis
44:24de régler tous les conflits militairement.
44:26Il est dans l'intérêt des Etats-Unis
44:28de s'intéresser au sort des Américains
44:30qui n'est pas forcément plus enviable
44:32que celui de beaucoup d'autres.
44:34Les Etats-Unis ne sont plus l'unique
44:36superpuissance, hyperpuissance.
44:38Ils le sont militairement, économiquement
44:40et ne le sont plus.
44:42Donc, Donald Trump se refocalisera sur les Etats-Unis
44:44et s'intéressera au reste du monde après.
44:46Un grand merci, Gérald Dollivier,
44:48d'être venu sur le plateau
44:50face à Mathieu Bocoté.
44:52On rappelle votre dernier ouvrage
44:54« Cover-up »
44:56« Le clan Biden, l'Amérique et l'État profond ».
44:58Merci à tous les deux, Mathieu Bocoté,
45:00Arthur De Vatrigan.
45:02On se retrouve la semaine prochaine.
45:04A tout de suite.

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