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Jeudi 12 septembre 2024, SMART TECH reçoit Éric Le Bourlout (journaliste tech & conseiller éditorial, 01net.com) , Tariq Krim (fondateur, cybernetica.fr) et Julien Pillot (Consultant, Enseignant-chercheur en économie, Inseec - Groupe Omnes Education)

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00:00C'est parti pour le grand débrief. Cette semaine autour de la table avec moi
00:08l'excellent journaliste spécialisé Eric Lebourlou, l'économiste du numérique
00:13Julien Pillaud qui est enseignant chercheur à l'INSEC et le visionnaire
00:17Tariq Krim, fondateur du think tank Cybernetica. Bienvenue à tous les trois.
00:22Vous êtes en forme là pour la rentrée ? Prêt à débattre de tous ces sujets là
00:28qui nous ont bien occupé pendant l'été. On va confronter nos points de vue
00:33notamment sur le record de faillite de start-up françaises. On aura d'ailleurs
00:37à ce sujet Claude Calmon du cabinet Calmon Partners qui accompagne ces
00:41start-up françaises dans leur levée de fonds. On va aussi revenir sur les
00:45annonces Apple autour des premiers iPhone qui ont été conçus pour
00:49l'intelligence artificielle et puis on parlera évidemment de l'arrestation de
00:54Pavel Durov, le patron président de Telegram. Et donc on commence je vous
00:59propose avec ce chiffre record de faillite 129 start-up, 129 start-up
01:04matures, tricolores qui ont fait faillite ces 18 derniers mois selon une étude 2023
01:10de la Banque de France qui a été complétée avec des données obtenues par
01:12La Tribune et donc qui vont jusqu'à juin 2024.
01:16Bonjour Claude Calmon, merci d'être connecté avec nous. Vous êtes donc le
01:21fondateur de Calmon Partners, vous accompagnez je l'ai dit les start-up
01:24dans leur levée de fonds, vous êtes vous-même business angel. Est-ce que la
01:28situation aujourd'hui vous inquiète, vous inquiète pour la suite ?
01:32Alors j'ai plutôt envie de voir le bon côté des choses mais ça c'est aussi le
01:37côté entrepreneurial. Il y a effectivement ce chiffre qui est
01:40assez fort sur les sur les faillites mais on peut aussi se concentrer sur les
01:44sujets un petit peu positifs à savoir la hausse du chiffre d'affaires au global
01:49dans la French Tech, le renforcement des fonds propres, ce qui veut aussi dire que
01:54finalement les sociétés qui sont parties au tapis étaient peut-être celles qui
01:58ont un petit peu trop bénéficié des largesses d'investisseurs au moment où
02:02l'argent était assez facile de lever et celles qui ont pu montrer qu'elles
02:08pouvaient traverser à la fois des crises, crises Covid mais aussi des crises de
02:11financement, ce sont elles renforcées, ont augmenté leur croissance et ont pu
02:17aussi bénéficier d'opportunités sur de la croissance externe.
02:21Cela dit, on parle quand même de start-up mature, on ne parle pas de toute
02:26jeune pousse, on peut citer par exemple le service de
02:30scooter électrique CityScoot, on peut parler aussi de la biotech Bioserenity,
02:36il y avait EasyWork qui était aussi vraiment en pleine croissance puisqu'il
02:41révolutionnait les métiers de l'intérim.
02:45Ce qu'on a un petit peu oublié de dire, c'est que plus vous levez, plus la
02:52pression sur la croissance de la société augmente.
02:55Il y a eu je pense énormément de levées qui étaient au-delà des besoins de
03:00croissance naturelle d'une société, recruter des dizaines, des centaines, des
03:04milliers de personnes dans un temps record, c'est extrêmement dangereux en
03:08termes de culture d'entreprise, de prendre le temps de recruter les bonnes
03:11personnes, des dépenses somptuaires d'un point de vue marketing, publicité, etc.
03:17Des bureaux gigantesques, souvent beaucoup trop gros, beaucoup trop cher, et c'est un
03:21petit peu le problème quand le chiffre d'affaires ne suit pas et que la société n'est
03:24pas rentable, le jour où le financement ralentit, voire s'arrête, en fait c'est
03:29pas viable et on a soutenu des business models qui n'avaient pas
03:34vraiment d'horizon de rentabilité suffisamment court pour pouvoir passer
03:38ce genre d'obstacle. Et donc vous pensez que là, d'ici la fin de l'année, qu'est-ce
03:41qui va se passer ? De ce qu'on dit, pas de boule de cristal, mais on dit que le pic est
03:47peut-être un petit peu passé, on commence à entrevoir une baisse
03:51au niveau des taux, ce qui va aussi peut-être permettre de réouvrir un
03:55petit peu le robinet du cash pour certaines startups, mais une chose est
03:58sûre, c'est que les critères d'investissement des investisseurs ont
04:01changé, on veut voir beaucoup plus de solidité, un produit qui a trouvé son
04:05marché, un point de rentabilité à venir dans un horizon beaucoup plus court
04:09qu'avant, et ça va encourager les projets les plus solides.
04:15Bon, donc pas de nouveau record de faillite d'ici la fin de l'année selon
04:19vous, on suivra ça. Julien, une réaction ?
04:21Une réaction oui, parce que j'ai entendu des propos qui sont vraiment plein de
04:25bon sens. Pour moi, il faut regarder ce qui explique finalement les défaillances
04:29de ces startups et il y a deux niveaux d'analyse, un niveau macro et un niveau
04:33micro. Sur le niveau macro, on est face à des startups qui ont privilégié
04:36largement la croissance à la rentabilité avec des business models qui n'étaient
04:40pas éprouvés en fait, qui n'étaient pas suffisamment bien calibrés et
04:44suffisamment tôt pour pouvoir réussir à obtenir une rentabilité, ne serait-ce que
04:47sur un horizon stratégique à peu près acceptable pour des investisseurs. Et
04:51lorsque l'argent commence à devenir plus cher, parce que les taux d'intérêt
04:54augmentent, et bien ce cash qui est extrêmement nécessaire pour conserver
04:59la startup en état de fonctionnement, il commence à manquer et ça commence à
05:03poser des problèmes. Et sur le niveau micro, il faut regarder aussi quel est
05:06finalement le profil des personnes à l'origine de ces startups et souvent on
05:12retrouve quand même des profils qui sont assez similaires, des personnes assez
05:14jeunes, assez inexpérimentées, qui sortent tout juste d'une école de commerce, qui
05:18n'ont pas su gérer l'argent qui tombait un petit peu du ciel à travers les
05:23levées de fonds, qui ont fait des dépenses inconsidérées, on l'a entendu en
05:25marketing, des dépenses inconsidérées, en show-off, des dépenses inconsidérées
05:29aussi en recrutement, au-delà des besoins, et in fine, ça crée une surchauffe.
05:33Là vous êtes sévère quand même Julien, parce qu'il y a quand même une question
05:36d'investissement dans le monde aujourd'hui, autour des startups et de la
05:40tech. C'est pas que la France qui est touchée.
05:42Oui mais la France qui est... là je reprends ma casquette d'entrepreneur,
05:47parce que d'une certaine manière, quand on faisait Netvibes, on a à la fois
05:51lancé l'idée de monter des startups internationales, mais avec un
05:55playbook qui est différent. Je crois que le problème aujourd'hui, c'est que la
05:57plupart des startups que l'on voit, ou qu'on appelle startup en France, sont en
06:02fait des PME technologiques. Et donc on a plusieurs problèmes. Le premier, c'est
06:06effectivement, ce qui a de la valeur aujourd'hui, c'est la tech, les briques
06:11technologiques. Quand on fait une startup, plutôt qu'une PME, c'est qu'on va
06:15grandir très vite pour soit vendre, soit s'introduire en bourse. Pour se vendre
06:21aujourd'hui, les boîtes nachettes, toutes les boîtes qu'on a vues dans la
06:24cybersécurité, dans le cloud, qui ont été achetées par les Google, Apple et
06:27Enco, sont des boîtes de technologie. Et donc tout ce que j'appelle l'Internet
06:31des écoles de commerce, est en fait un système de PME surboosté à l'argent
06:36public. Et là, on va avoir plusieurs problèmes. Le premier, c'est que moi, je
06:39ne crois pas qu'on est au pic. Là, maintenant, ce qu'on est en train de voir,
06:41c'est que les dites licornes sont en fait ce qu'on appelle des zombicornes, c'est à
06:46dire des boîtes qui n'ont plus d'expectatives en termes de sortie,
06:51puisque la bourse est bouchée. Personne ne peut sortir aujourd'hui sur des
06:54marchés. Aucune des grandes boîtes américaines ne peut acheter. Alors, le
06:58problème qu'on a, c'est que depuis que l'Inacan est présente à la FTC aux
07:02Etats-Unis, plus personne n'achète. On fait semblant d'acheter, on achète les
07:07employés et on rembourse les investisseurs, mais on ne peut plus faire de grosses
07:09sorties. Et puis surtout, et là c'est un vrai sujet, c'est que quand on voit la
07:15débauche d'argent public qui a été investi que dans un type de société,
07:18quand j'étais à San Francisco dans les années 90, au début de
07:22l'internet, il y avait deux types de boîtes. Il y avait les start-up qui étaient des
07:26boîtes de technologie, puis il y avait les dot-com qui étaient en fait des sites
07:29de e-commerce ou des boîtes de la vie courante qui utilisent la technologie.
07:32En France, on a 90% des boîtes qui sont en fait liées à ça, donc à des
07:37besoins que soit l'État a créé, par exemple en libéralisant tel ou tel
07:41marché, ou parce que les services publics ne fonctionnent pas forcément comme ils
07:45devraient, donc on a des outils qui permettent de favoriser la vaccination
07:49par exemple, alors que c'est un service régalien, une mission de l'État. Et donc
07:53là on a cette question qui se pose, c'est que les grands fonds
07:57américains qui faisaient les très gros tours sont tous partis, les
08:02Saoudiens, les Émiratis qui veulent tous investir, entre investir dans l'éconne
08:06française ou participer au prochain tour d'OpenAI, je pense qu'il n'y a pas photo,
08:09et une question qui va se poser, c'est comment on fait les grandes boîtes du
08:14cas de 40 n'achètent pas vraiment les startups, ne veulent pas les acheter au
08:17prix, ne savent pas les acheter au prix, n'ont peut-être pas les moyens d'ailleurs
08:20de les acheter au prix, et donc on est dans une situation un peu inextricable, et
08:23de toute façon, il faut le rappeler, une startup c'est quelque chose de très
08:26très fragile. Si 1% ou 3% des startups réussissent, c'est une
08:31bonne chose, donc c'est normal, quand on a dit qu'on fait
08:34la startup nation, ça veut dire qu'on devient à un moment donné aussi la
08:37faillite nation, parce que la moitié, voire les deux tiers de ces boîtes vont
08:41faire faillite. Bon, alors ça n'a pas remonté le moral à Claude Calment qui
08:44accompagne les startups, mais qui a eu la gentillesse d'être avec nous connecté
08:48aujourd'hui, fondateur, je le rappelle, du cabinet Calment Partners. On enchaîne
08:53avec nos autres sujets. Alors, ces annonces Apple qui ont été faites
08:59lundi soir, ont présenté la première série d'iPhone conçue expressément pour
09:05l'intelligence artificielle, en tout cas c'est ce que nous raconte Tim Cook en
09:10ouverture de sa keynote lundi soir. Donc on a découvert l'iPhone 16, 16+, le Pro,
09:17Pro Max, qui embarque iOS 18 et Apple Intelligence, donc on a découvert qu'il a
09:23été lancé en juin, qui est, on pourrait résumer comme le savoir-faire d'Apple en
09:29matière d'IA. Ce sont évidemment des objets toujours aussi magnifiques.
09:34Est-ce que pour autant, ils vous ont surpris ? Est-ce que vous avez découvert
09:39quelque chose qui vous a surpris, un peu d'inattendu pendant cette keynote ?
09:44On en parlait un petit peu avant. De mon côté, pas vraiment. Moi je l'ai regardée en
09:50vitesse très pratique, d'ailleurs sur YouTube, la vitesse x2.
09:52Donc comme ça, vous pouvez regarder la conférence plus vite, puisque c'est un
09:55petit peu... C'est à dire qu'elle n'était pas très longue. C'était pas très long, mais c'était
09:59déjà trop long, parce qu'on a tous connu une époque, je crois, où les
10:02conférences Apple, c'était une vraie conférence, avec notamment Steve Jobs,
10:05mais aussi après, derrière Tim Cook, qui intervenait. Maintenant, c'est un film
10:08publicitaire qui dure un peu trop longtemps. Mais effectivement, ils ont fait
10:12des annonces qui sont liées beaucoup à Apple Intelligence, parce que finalement,
10:16les smartphones en question, les nouveaux smartphones, sont assez peu différents de
10:21ce qu'on a vu l'année dernière. En gros, vous prenez un iPhone 15 et un iPhone 16,
10:26il y a très très peu de différences. Alors ils ont ajouté le bouton...
10:29Il y a le retour du bouton physique quand même.
10:31Alors oui, on pensait que ça allait disparaître chez Apple un jour, le bouton
10:35physique. Maintenant, il y en a de plus en plus. Il y en a un nouveau. Alors, il est physique et un
10:38petit peu intelligent, puisque c'est un bouton pour prendre des photos, qui
10:43rappelle un bouton de docturateur d'un appareil photo. Voilà, l'innovation, après,
10:48c'est plutôt dans le savoir-faire d'Apple. Moi, je ne l'ai pas essayé.
10:51En fonction de la manière dont on appuie sur ce bouton, on peut déclencher des
10:55menus. Exactement, ou le faire glisser pour
10:58effectuer un zoom. Est-ce que c'est vraiment plus pratique que d'utiliser son
11:02écran ? On ne sait pas, mais en tout cas, c'est une manière de dire, voilà, on
11:04ajoute un nouveau bouton et ça permet de faire une fonction supplémentaire. On
11:07peut personnaliser aussi des actions. Oui, ça, c'est sur le bouton actions, mais
11:11qui avait déjà été lancé l'année dernière, et qui, cette
11:14fois, font la descente en gamme. C'est classique chez Apple, qui était
11:18uniquement sur l'iPhone 15 Pro, et
11:22maintenant passe sur l'iPhone 16, classique, le moins cher, on va dire.
11:25Oui, mais ça veut dire qu'on se rapproche quand même de l'univers de
11:28l'ordinateur, finalement. On peut de plus en plus personnaliser son expérience
11:34aussi à travers le matériel. Oui, d'ailleurs, Apple n'était pas très
11:38friand de cette personnalisation à une époque. C'est comme ça et puis
11:42c'est tout. On voit d'ailleurs qu'avec iOS 18, ils ont aussi inauguré beaucoup plus de
11:46personnalisation dans les menus. On va pouvoir changer ses icônes, etc. C'est
11:49aussi un petit changement de leur part, alors qu'avant, c'était
11:53très monolithique, à une certaine époque. On ne pouvait rien changer dans un
11:57iPhone, et maintenant, c'est le cas. C'est de plus en plus ouvert aussi, il faut bien
12:00dire. Si on sort du matériel, on va parler quand même d'intelligence
12:04artificielle et des fonctionnalités d'IA. Là encore, est-ce que ce que vous avez
12:09vu lors de la keynote vous a étonné ? Vous vous êtes dit, là, on a vraiment un
12:13cas d'usage qui est super intéressant, super excitant et dont j'ai envie de
12:17m'emparer tout de suite ? Le problème, c'est qu'en fait, on nous a
12:20invité à un événement hardware pour une nouvelle série de produits.
12:25D'ailleurs, le seul produit qui m'intéressait, qui était la suite des
12:28AirPod Pro, n'est toujours pas disponible, donc c'était un premier sujet, pour en
12:33fait nous parler d'un lancement logiciel, d'un logiciel qui n'est toujours pas
12:38disponible. Et en fait, quand on voit cette keynote, on se dit qu'il y a
12:42trois choses intéressantes. La première, c'est que Steve Jobs nous manque.
12:46C'est évident qu'aujourd'hui, c'est devenu des publicités étendues, avec
12:52« amazing » tous les trois mots, donc ça devient quand même une grosse blague.
12:55La deuxième, c'est qu'Apple n'a plus aucune idée. C'était fondamentalement
12:58rien dans l'iPhone 16, qu'il n'y avait pas dans l'iPhone 15. Moi, je n'ai aucune raison de
13:04faire de mise à jour. Et la troisième chose, c'est qu'on voit qu'Apple et
13:08Google sont deux entreprises qui sont très inquiètes, en fait, de l'arrivée de
13:12l'IA pour des raisons très différentes. Google, je pense que c'est parce que l'IA
13:16est ce qu'on appelle en bon français le « innovator dilemma », le dilemme
13:22de l'innovateur, c'est-à-dire que si on avance dans le futur, on est en train de
13:26tuer le business qui nous crée. Et le vrai sujet, c'est que pour Google,
13:30c'est le « search » et pour l'iPhone, c'est les « apps ». C'est-à-dire que demain, si Siri,
13:35qui n'est toujours pas disponible, qui est toujours aussi mauvais alors que ça
13:38fait deux ans qu'on nous promet une meilleure version...
13:41Alors, justement, quand même, Siri était un peu très présent, était vraiment au cœur, je dirais,
13:46des annonces sur les fonctionnalités IA, là où on n'entendait pas
13:50tellement parler sur les keynotes précédentes.
13:52J'ai trouvé qu'il était à nouveau remis sur le devant de la scène et moi,
13:56j'ai trouvé quand même intéressant la partie « appel à action », en fait,
14:01que Siri va pouvoir effectuer des actions à partir de nos demandes, de nos comptes, finalement.
14:07La fonction est pour 2025, donc déjà, on nous...
14:09Moi, j'ai connu Apple, on sort le produit, il est là, vous pouvez l'acheter la semaine prochaine.
14:14C'est la première fois qu'Apple nous sort un produit, vous allez le voir dans...
14:19Et surtout, les démos en bêta, donc pour les développeurs, sont assez déceptives.
14:23Mais je veux revenir sur le point, c'est que pour moi, le problème de l'IA pour Google, c'est que ça tue...
14:28Pour Google.
14:28Pardon, pour Apple, c'est... Pour Google, c'est le « search », mais pour Apple, c'est les « apps ».
14:33C'est-à-dire que demain, si on demande à un assistant, que ce soit Chat GPT, Siri ou un autre,
14:41de faire un ensemble d'actions et de nous fournir des réponses,
14:44plutôt que d'utiliser une « app », c'est un cauchemar pour Apple qui, quand même,
14:48désormais, gagne énormément d'argent avec l'App Store, a basculé dans les services.
14:52Ce qui est fascinant avec Apple, c'est qu'aujourd'hui, qu'ils vendent un produit nouveau ou un produit d'occasion,
14:57ils gagnent autant parce que dès qu'on achète un iPhone d'occasion, il faut acheter les AirPods,
15:02il faut acheter le iCloud et compagnie, donc ils ont trouvé un système qui marche plutôt pas mal.
15:08Mais ils sont bloqués.
15:10Aussi intéressant... Bon, moi, je suis la seule qui a trouvé des trucs intéressants, j'ai l'impression,
15:14mais bon, peu importe, j'y vais.
15:16Le « private cloud compute », alors, c'est-à-dire qu'en fait, tout ce qui se passe...
15:20Alors, quand on aura des requêtes qui, justement, dépasseront le cadre de ce que peut offrir Siri,
15:25on ira interroger Chajipiti, mais on fera ça, en fait, dans un cloud sécurisé.
15:30Et moi, ce qui m'a frappée, c'est cette phrase sur « des experts indépendants vérifieront la qualité de la confidentialité de ce cloud ».
15:40C'est la première fois que j'entends ça du côté d'Apple.
15:42Il y a quand même un changement de discours.
15:44On nous cite Chajipiti, on nous cite Google, on nous parle de ce cloud qui va être surveillé par des experts indépendants.
15:52Effectivement, les annonces sont sur 2025.
15:54Pour l'instant, tout ça, ça fonctionnera en anglais, mais pas encore dans d'autres langues.
15:58Bon, on sent quand même que là, il y a un mouvement qui est opéré par Apple qui est très important.
16:04Oui, mais c'est une nécessité, en fait.
16:05C'est une nécessité parce que, d'un côté, sur le plan purement technologique,
16:10ils ont du retard, notamment en IA, et donc, quelque part, s'ouvrir, ça devient une nécessité pour eux pour tout simplement pouvoir offrir ce qu'ils pensent que le marché attend, d'une part.
16:19Et de l'autre, les régulateurs sont en train de regarder de façon nettement plus précise ce qu'il se passe au niveau de la sphère numérique et notamment de l'intelligence artificielle.
16:29Et pouvoir donner des gages, ne serait-ce que dans la promesse commerciale de surveillance accrue, de confidentialité accrue,
16:35c'est quelque chose aussi qui agit comme un argument commercial, mais aussi comme quelque chose qui est susceptible de tempérer un petit peu les régulateurs qui actuellement ont quand même,
16:44notamment Apple, mais pas uniquement, aussi Google, vraiment dans l'œil du collimateur.
16:48En fait, j'ajouterais aussi cette histoire de private cloud, je ne sais plus comment ils l'appellent,
16:53c'est qu'en fait, il y a trois types d'IA sur les produits Apple qui vont arriver, parce qu'effectivement, elles ne sont pas encore là.
16:59On ne sait pas justement quand ça va arriver en France, parce que pour l'instant, c'est qu'en anglais, aux États-Unis, en France, on ne sait pas.
17:05Pas avant 2025, on a vu cette information.
17:08Mais bref, en tout cas, il y a trois niveaux.
17:10Il y a le niveau, ça se passe en local, c'est fait avec le NPU de la puce, la puce A18, qui est le plus puissant NPU des devices Apple en ce moment,
17:20enfin en tout cas des iPhones.
17:22Il y a aussi une partie, et c'est celle-là qui correspond au private cloud d'Apple, c'est utiliser ses propres modèles et ça, ça va dans ses data centers et ses privés.
17:31Et il y a une troisième étape qui est ChatGPT, parce que visiblement, ils n'ont pas toutes les compétences en interne pour pouvoir proposer tout ce qu'ils devraient en matière d'IA.
17:41Donc là, on fait appel à ChatGPT et là, ce n'est pas tout à fait les mêmes règles de confidentialité.
17:45Je pensais que ça se passait aussi sur le cloud d'Apple.
17:47Là, ça se passe chez OpenAI et donc, il y aura une anonymisation de l'adresse IP de l'utilisateur, ça, ils l'ont dit.
17:55En revanche, si on se log avec son compte ChatGPT sur son Mac ou son iPhone, là, on sera livré aux termes de privacy d'OpenAI.
18:07Et si je puis me permettre juste un point là-dessus, c'est que...
18:10Parce que Tariq, quand même, vous disiez, on regrette Steve Jobs, mais on sort de ce modèle qui était quand même fermé d'Apple et dans lequel on était un peu claustreaux, non ?
18:21Enfin, on avait envie justement qu'Apple s'ouvre...
18:23On est toujours dans le même modèle puisque, d'une certaine manière, on l'a vu avec l'antitrust Google, le fameux procès.
18:29Combien a Google payé la relation qu'il y avait entre Apple et Google où on ne sait pas faire, où on ne veut pas faire.
18:38Donc, on outsource, ça nous coûte moins cher, on paye beaucoup d'argent.
18:41Enfin, c'est plutôt Google qui paye beaucoup d'argent à Apple.
18:44Mais il y a deux informations qui sont passées un peu inaperçues cet été.
18:48La première, c'est qu'il est très possible qu'Apple participe au tour d'OpenAI.
18:53Et ce n'est plus d'ailleurs Microsoft qui va être le lead.
18:57Ça veut dire que, soudain, OpenAI essaie de diversifier sa relation avec un actionnaire un peu trop encombrant.
19:05Et surtout, de se dire, on va...
19:09Qui lui a sauvé la mise, quand même, à Sam Altman.
19:11Mais le problème d'OpenAI, c'est qu'aujourd'hui, ils ne peuvent pas être perçus comme une filiale de Microsoft.
19:16Et donc, c'est pour ça que je dis...
19:18Évidemment, ça a été un coup de génie de la part de Satya Nadella d'investir et d'exploser la valorisation.
19:23Maintenant, les produits, et je vais revenir là-dessus, c'est que la différence...
19:27Tout le monde se rappelle, quand Maps était nul, il a viré toute l'équipe.
19:30Il l'a fait d'ailleurs à plein de reprises pour plein de choses.
19:32La réalité, c'est que je ne pense pas qu'Apple n'a pas les compétences.
19:37C'est marrant parce que dans l'équipe des gens qui devaient construire Mistral,
19:40il y a un des Français qui est finalement parti chez Apple, dont on dit qu'il est vraiment brillantissime.
19:47Ils ont les technologies, mais qu'est-ce qu'on peut faire avec de l'IA générative au-delà de tout ce qui a été montré ?
19:53C'est-à-dire, finalement, des éditions de textes assez simples, des synthèses.
19:57Et donc, il y a aussi un vrai sujet derrière.
19:59C'est qu'Apple, en général, n'invente pas les technologies.
20:02Il les formalise et les marquette mieux.
20:05Et ce que l'on voit aujourd'hui, c'est que l'IA générative, ça pose une vraie question pour le reste de l'industrie.
20:09Sans utilité.
20:10Voilà, sans utilité au-delà des 150-200 millions de personnes qui l'utilisent aujourd'hui dans le monde.
20:15Oui.
20:15Bon, on n'a pas vraiment le temps de s'étendre là-dessus, mais il y a aussi des annonces du côté de la santé,
20:21avec la montre qui va permettre de détecter l'apnée du sommeil,
20:26et puis les AirPods Pro 2 qui vont devenir peut-être un dispositif médical pour lutter contre la perte d'audition.
20:34Bon, il n'y a pas eu de one more thing, donc on va passer à notre prochain sujet.
20:39L'affaire Pavel Durov, donc le patron de la messagerie Telegram aux 950 millions d'utilisateurs,
20:46a été arrêté le 24 août sur le sol français.
20:48La justice lui reproche 12 infractions, dont la complicité de diffusion en bande organisée d'images de mineurs
20:54présentant un caractère pédopornographique, de trafic de stupéfiants,
20:59d'escroqueries en bande organisée d'associations de malfaiteurs en vue de la commission de crime ou de délit,
21:04et puis le refus de communiquer sur demande des autorités habilitées les informations nécessaires à la réalisation des interceptions autorisées par la loi.
21:13Alors, quelle a été votre réaction au moment de l'arrestation et votre analyse aujourd'hui, Julien ?
21:21Alors, première réaction, c'est enfin la réaffirmation de l'autorité de l'État de droit.
21:27Ça, c'est quelque chose dont je pense qu'on doit, en tout cas si on est défenseur de l'État de droit, se réjouir.
21:33Après, il y a quand même deux choses qui méritent d'être questionnées à mon sens.
21:37La première, c'est l'arrestation de Sergei Duroff, un tutu personnel.
21:41Parce que, finalement, est-il responsable ou est-ce son entreprise qui doit être tenue comme responsable et donc, quelque part, poursuivie par les autorités étatiques ?
21:53Qui fait dire à Duroff que son arrestation est absurde.
21:56Absolument. Et on peut donner un peu de crédit à cette réflexion.
22:01Et la deuxième chose qui peut nous interpeller, en tout cas qui doit nous questionner, c'est, finalement, est-ce que la fin justifie les moyens ?
22:07C'est-à-dire qu'on est face à des messageries qui sont, dans leur promesse commerciale, tenues à la confidentialité des données.
22:16Et, finalement, est-ce qu'en attaquant cette promesse commerciale, on n'est pas en train de s'aborder un business qui est florissant et qui a son utilité par ailleurs ?
22:28Parce qu'à côté de, effectivement, tous les trafics qui peuvent s'organiser sur ces plateformes-là, mais qu'on arrive quand même à démanteler malgré tout,
22:34il y a aussi des whistleblowers, par exemple, qui utilisent ces canaux-là pour pouvoir communiquer et faire remonter des informations qui sont extrêmement crucielles
22:41pour, justement, la bonne tenue à la fois du débat public, mais aussi des affaires.
22:47Une réaction, Eric, au moment où vous avez appris l'arrestation ? Qu'est-ce que vous êtes dit ?
22:51Moi, ça m'a un peu surpris, un peu pour les mêmes raisons.
22:54Alors, je n'ai pas vos compétences juridiques, mais en vrai, c'est bizarre de s'attaquer au patron quand il s'agit de problèmes qu'on a sur une plateforme.
23:01Après, je ne connais pas très bien cette affaire, mais en vrai, il faut voir aussi ce que c'est que Telegram.
23:09Telegram n'est pas qu'une messagerie. Ce n'est pas vraiment l'équivalent de Signal ou de WhatsApp.
23:15C'est plutôt un réseau social, en vrai. C'est beaucoup utilisé comme ça. Et c'est vrai qu'il n'est absolument pas modéré.
23:21En quelques secondes, on peut se retrouver dans des discussions néo-nazies, très simplement.
23:28Et ça, c'est assez surprenant que ce soit un espace comme ça qui ne soit absolument pas régulé.
23:34Donc, effectivement, on a souvent tendance à confondre Telegram avec WhatsApp, alors que oui, on peut s'en servir comme messagerie plus ou moins sécurisée, d'ailleurs,
23:41puisque, en fait, par défaut, les conversations ne sont pas chiffrées de bout en bout.
23:47Mais je pense, avant tout, que le problème repose dans ces canaux de diffusion complètement pas modérés, en fait.
23:54— Est-ce que c'est une alerte pour les plateformes sociales, justement ?
23:59— C'est une bonne question parce qu'on parlait de l'État de droit, en fait. Ce qui est intéressant, c'est qu'au surcout, on a vu deux pays, la France et le Brésil,
24:08tenir tête à des acteurs et... — À la plateforme X, oui.
24:12— Voilà, notamment ce qui s'est passé au Brésil avec Twitter. Alors après, une chose qui est sûre, c'est qu'on ne sait pas grand-chose de cette histoire.
24:20Mais on est certains que c'est un billard à plusieurs bandes. Il y a effectivement la question des services de renseignement de différents pays
24:29qui sont intéressés par ce qui se passe sur Telegram et qui veulent s'assurer que ce qui se passe sur Telegram leur soit facilement accessible.
24:36Il y a la question aussi de sa nationalité à la fois française et émiratie, puisque les Émirats ont aussi investi dans sa société.
24:47Et puis il y a une véritable... Pour moi, ce que montre Telegram, c'est qu'on est... Ce que je dis régulièrement, c'est qu'on est dans un monde
24:53qui est géopolitiquement fragmenté avec une zone d'influence américaine. Les boîtes américaines sont intouchables, déjà parce qu'elles ont mis
25:01des anciens, des renseignements dans leurs bords, des gens très importants qui les empêchent d'être attaqués, en tout cas d'un point de vue diplomatique.
25:10Ça leur confère une forme d'immunité. On a TikTok, c'est pareil, avec la Chine, qui dit « Nous, c'est notre zone d'influence ».
25:15Et Telegram, en fait, essaie d'être dans un entre-deux, c'est-à-dire à la fois on va permettre aux Russes de coordonner leurs attaques en Ukraine,
25:25mais aussi coordonner leurs renseignements en Europe, et en même temps aider les Ukrainiens à communiquer. Donc évidemment, on ne peut pas être dans l'entre-deux.
25:34Et puis surtout, quand on est une boîte avec 40 personnes, avec un chiffre d'affaires assez ridicule et finalement très peu de contacts, on est une proie facile.
25:43On a vu avec TikTok, on a essayé... Il y a que l'Inde qui l'a interdit, mais aux États-Unis, on n'en parle plus. En Europe, on n'en parle plus.
25:52Donc on sent qu'il y a des forces très importantes. Et Telegram était un peu le petit canard facile à... Donc après, la question, c'est pourquoi est-il venu en France ?
26:02Est-ce que Macron était au courant ou pas ? Il y a plein de questions posées. Moi, personnellement, je n'ai aucune réponse à tout.
26:10– En tout cas, il n'y a pas été informé, et avoir eu un pseudo-rendez-vous avec lui...
26:14– Il y a beaucoup de théories qui circulent. Ce qui est certain, c'est que la partie juridique n'est pas la seule.
26:23Mais par contre, on ne sait finalement pas grand-chose.
26:26– On a juste une minute pour essayer de dire... Est-ce que ça pourrait arriver à, justement, une plateforme comme X ?
26:34Est-ce que demain, on peut imaginer que si les réseaux sociaux ne respectent pas le règlement européen, eh bien...
26:42– Eh bien, ce serait plus facile pour X que pour Telegram, en fait.
26:45Parce que X, du fait de son nombre d'utilisateurs, tombe sous le coup du DSA, du Digital Services Exact.
26:50Ce qui n'est pas le cas de Telegram. C'est pour ça que ce n'était pas si simple pour Telegram.
26:52Parce que Telegram, avec seulement, entre guillemets, en Europe, 41 millions d'utilisateurs,
26:56est sous le seuil fatigué de 45 millions d'utilisateurs.
26:58– X, ça passerait d'abord par une amende.
27:00– X, parce que c'est ce que prévoit le DSA. Le DSA prévoit effectivement des amendes, des sanctions
27:05et des mesures comportementales. Et en cas de récidive grave et avérée,
27:08là, effectivement, on peut aller jusqu'à l'interdiction de pouvoir opérer en Europe,
27:12toute élection temporaire ou définitive.
27:14Mais effectivement, X n'est pas au-dessus des lois et probablement devra rendre des comptes.
27:18– Mais on ne parle pas d'arrestation.
27:19On ne peut pas imaginer demain qu'on ait d'autres responsables de réseaux sociaux.
27:25– Mais ce qui est intéressant dans le cas du Brésil, c'est que Musk a voulu jouer les gros bras.
27:28Le juge a dit, je ferme. Et maintenant, il a fait tout ce qu'on lui a demandé.
27:34Donc, d'une certaine manière, ça montre aussi que ce sont des entreprises
27:38qui n'ont qu'un pouvoir très limité, même si elles ont surestimé
27:42ou fait surestimer par les médias leur pouvoir.
27:45Alors, dans un problème comme l'Europe, l'Europe étant très bureaucratique,
27:48ça peut prendre beaucoup de temps.
27:50– Merci beaucoup. C'était Tarek Reem, fondateur de Cybernetica.
27:54Et à côté de lui, Julien Pillou, enseignant-chercheur en économie à l'INSEC.
27:58Et mon confrère, Éric Le Bourloux. Merci beaucoup.
28:00Merci à vous de nous suivre sur la chaîne Vismart4Channel.
28:03Vous pouvez aussi nous voir sur les réseaux sociaux, en replay.
28:07Et puis, nous suivre en podcast.
28:08À très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.
28:11– Sous-titrage Société Radio-Canada

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