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Dans l'attente d'un nouveau gouvernement Barnier, les différentes forces politiques se positionnent et tentent de faire pression. Aurore Bergé, Ministre démissionnaire chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, est l'invitée de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 12 septembre 2024.

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00:007h44 sur RTL, bienvenue à vous si vous nous rejoignez. Thomas, vous recevez ce matin
00:08Aurore Berger, la ministre des missionnaires en charge de l'égalité entre les femmes et les
00:12hommes et de la lutte contre les discriminations. Bonjour et bienvenue en direct sur RTL,
00:16Aurore Berger. Bonjour. Faut-il en sourire ou en pleurer ? Hier, le Canard Enchaîné affirmait
00:20que fin août, quand Emmanuel Macron cherchait encore son premier ministre, vous auriez cru
00:24que vous étiez en lice pour Matignon quand le nom de votre homonyme, Berger, mais Laurent Berger,
00:28a circulé. C'est vrai cette histoire ou c'est une blague ? Non, ce n'est pas vrai. D'ailleurs,
00:31j'en ai souri sur Twitter en disant que je pensais que Michel Bernier, elle aussi,
00:34avait pensé qu'on pourrait être arrivé. Non, non, je pense qu'il y a une forme de malveillance.
00:38Je ne vois pas bien l'intérêt honnêtement de ce genre d'écho. J'ai toujours dit de manière
00:43évidente et claire qu'à partir du moment où on avait perdu les élections législatives puisqu'on
00:47les a perdues, il fallait que le premier ministre ne soit pas issu du Bloc central. Donc, vous voyez,
00:51il n'y a pas d'ambiguïté de ma part. Ça a été dit publiquement de manière claire. Ça,
00:55c'est clair. Sauf que ce premier ministre qui n'est pas issu du Bloc central, qui est Michel
00:59Bernier, il a besoin d'un gouvernement. J'aimerais qu'on arrête de tourner autour du pot les uns,
01:04les autres et que vous disiez ce que vous avez sur le cœur. Il a dit j'ai besoin de vous,
01:07Michel Bernier, à vous les parlementaires macronistes. Si vous le demandez, est-ce que
01:11oui ou non vous êtes prêt à entrer dans son gouvernement ? Mais de toute façon,
01:14les membres du Bloc central seront présents dans ce gouvernement. Ça, c'est une certitude. La
01:18question qu'on doit se poser, surtout la question que le premier ministre doit réussir à résoudre,
01:22qui n'est pas simple, c'est comment vous incarnez une alternance parce qu'il y a un besoin d'alternance.
01:26Alors, est-ce que c'est sur la méthode ? Est-ce que c'est sur les visages ? Mais cette alternance,
01:30elle doit s'incarner avec, malgré tout, des membres du Bloc central parce qu'on sera à la
01:34première force en soutien du premier ministre à l'Assemblée nationale. Le premier ministre qui est
01:39issu d'un groupe qui a 44 députés, quoi. 46, oui. 46, voilà, qui est quand même... C'est difficile
01:44à comprendre, quand même, pour les Français, toute cette embouille-là. Écoutez, les Français,
01:47ils n'ont pas voté, à mon avis, spontanément pour qu'il y ait une grande coalition. Ils ont voté
01:51individuellement pour leurs députés, dans leur territoire, en espérant que leurs blocs gagnent.
01:55Sauf qu'aucun des blocs n'a gagné. Donc, ça veut dire qu'à partir du moment où vous éliminez le
02:00Rassemblement national, parce que ça, les Français, c'est le message clair qu'ils nous ont fait passer,
02:03réactivation du Front républicain, ils ne voulaient pas que le RN ait de majorité absolue,
02:07ça veut dire que vous devez composer une nouvelle majorité. Et la seule majorité qui soit cohérente
02:12politiquement qu'on peut composer, c'est le Bloc central, avec les LR qui ont bougé.
02:16Votre place, pour être très clair, est dans cette majorité aujourd'hui ?
02:18Moi, je souhaite que ça fonctionne, que ça réussisse, ça me paraît assez évident, et le Bloc central,
02:23notre intérêt, c'est évidemment que ça réussisse. Parce que si demain ça échoue, il se passe quoi le
02:28jour d'après ? C'est quoi la majorité alternative, plus large que celle qu'on est en train de composer,
02:34Bloc central, LR, Lyott, qui pourraient exister ? Moi, je ne désespère pas, peut-être qu'individuellement,
02:39les sociodémocrates aient envie d'y participer et peut-être se décharger de la tutelle LFI.
02:44Vous verriez bien quelques socialistes dans le gouvernement ?
02:46Socialistes, sociodémocrates, en tout cas, je pense qu'ils sont quand même assez nombreux à avoir envie de ne pas rester en permanence
02:52sous la forme de syndrome de Stockholm avec la France insoumise.
02:56Ils sont otages de Mélenchon, aujourd'hui, c'est ce que vous dites ?
02:59Alors, ils sont un peu otages, en effet, de Mélenchon. Ils sont otages électoralement de Mélenchon,
03:02parce qu'à partir du moment où ils mettent des candidats LFI face à eux,
03:05ça les empêche potentiellement d'être au second tour. Après, le problème, c'est qu'ils posent souvent
03:09beaucoup de lignes rouges sur les réseaux sociaux, sur Twitter, à vos micros,
03:12mais à la fin, quand il faut agir et quand il faut vraiment partir, ils ne le font pas.
03:16Des lignes rouges, pardon, mais il y en a d'autres qui en mettent, notamment Gérald Darmanin.
03:19On ne comprend pas très bien, on a l'impression que vous soutenez, mais avec le flingue sur la tempe, quoi.
03:23Non, il n'y a pas de flingue sur la tempe. Ce qu'on dit, c'est quoi ?
03:26C'est toute l'ambiguïté dans laquelle on est, parce qu'on n'est pas habitué à fonctionner comme ça.
03:30D'habitude, il y a des élections, il y a une majorité relative ou absolue,
03:33et donc c'est le programme de cette majorité qui est mis en œuvre.
03:36Là, ça ne peut pas être ni le programme des LR, ni le programme du Bloc central.
03:39Ça ne peut pas marcher comme ça. Les seuls qui ont dit, c'est tout mon programme, rien que mon programme, c'est le NFP.
03:44Et à la fin, ce n'est pas possible, parce que vous n'arrivez pas à élargir.
03:47Donc, ça veut dire que c'est à nous, ensemble, de composer ce gouvernement,
03:52de composer ce nouveau programme qui doit être présenté aux Français.
03:55Est-ce que vous souhaitez qu'Édouard Philippe, qui a l'air d'être très en phase avec Michel Barnier, entre dans ce gouvernement ?
04:01Il faut lui poser la question, je crois que ce n'est pas son agenda.
04:03Non, c'est un sens politique, ça va au-delà de sa propre personne.
04:06Oui, mais je crois que ce n'est pas son ambition, ce n'est pas son agenda.
04:08Il a annoncé clairement qu'il serait candidat à l'élection présidentielle, il est président d'un parti, il a annoncé être très clairement en soutien de Michel Barnier.
04:14Et tant mieux, nous, on a besoin, à un moment, que les trois forces, Renaissance, Modem, Horizons, soient en soutien.
04:20Ça ne veut pas dire un chèque en blanc, ça ne veut pas dire que c'est la recréation de l'UMP, ce n'est pas ça qui doit se passer.
04:26Ça veut dire que c'est une nouvelle majorité relative qu'on doit réussir à composer, où chacun a réellement sa place.
04:32Il vous a appelé, Michel Barnier ?
04:33Non, il ne m'a pas appelé, et honnêtement, moi, de toute façon, j'étais réélu député.
04:37Donc, moi, j'ai dit très clairement, quelle que soit ma place, que ce soit au gouvernement demain, que ce soit à l'Assemblée demain,
04:42dans tous les cas, moi, je voulais que ça fonctionne, et je voulais qu'il puisse réussir, encore une fois, pas à n'importe quelle condition,
04:47parce que notre intérêt, c'est, oui, qu'il réussisse, mais évidemment, c'est aussi un projet qu'on doit composer avec lui.
04:53Aurore Bergé, vous étiez dans le gouvernement de Gabriel Attal, la ministre de l'égalité entre les hommes et les femmes, et de la lutte contre les discriminations.
04:59Amandine le disait, des femmes décidément toujours bien malmenées, et ce n'est pas l'effroyable procès des viols en série de Mazan qui peut nous rassurer.
05:06Vous avez peut-être entendu un des avocats des violeurs présumés expliquer qu'il y a viol et viol.
05:12Qu'est-ce que ça veut dire, pour la ministre que vous êtes, il y a viol et viol ?
05:16C'est une plaidoirie particulièrement étonnante, mais quelque part, il nous donne l'occasion de rappeler plusieurs choses.
05:21Un, que le viol, ce n'est pas forcément l'image qu'on en a, ce n'est pas ce qui se passe dans un parking mal éclairé, avec une mauvaise rencontre un soir, le viol,
05:28c'est d'abord, statistiquement, ce qui se passe dans nos familles, ce qui se passe avec nos entourages, ce qui se passe avec un ex-compagnon,
05:34ce qui se passe dans notre milieu professionnel, et c'est ça qui est effroyable, c'est le premier cercle, c'est quelqu'un qu'on connaît,
05:40qui va nous faire cette chose absolument terrifiante et qui va nous prendre cette chose absolument terrifiante avec le viol.
05:46Ça c'est, je crois, le premier renseignement de Mazan.
05:48Deuxième, c'est la place de la pornographie, parce que quand on regarde les accusés de ce procès, quand on regarde le premier accusé,
05:55on retrouve des milliers et des milliers et des milliers de contenus pornographiques qui sont d'abord des scènes de torture,
06:02des scènes de barbarie, où de vraies femmes subissent réellement de vrais viols.
06:07Mais ce constat, on le fait depuis longtemps, comment on fait, une fois qu'on a fait ce constat, pour faire avancer les choses ?
06:10Sur la pornographie, on a changé les choses déjà pour garantir que les mineurs ne puissent plus avoir accès à ces milliers de contenus,
06:16ce qu'on fait sur un certain nombre de sites avec l'Arkom qui, maintenant, va permettre qu'on ait des garde-fous beaucoup plus clairs,
06:21sur la garantie de l'identité des personnes, et sur le fait qu'encore une fois, nos enfants...
06:26Vous allez sur Twitter, vous tapez deux mots-clés, vous avez de la pornographie enrobinée.
06:29Malheureusement, et Hélène Meuss ne nous aide pas forcément sur ces combats-là,
06:32mais oui, on a quand même cet enjeu aussi d'arriver à le faire comprendre que la pornographie, malheureusement,
06:36elle pète une porte d'entrée sur la violente et la manière aussi avec laquelle nos enfants, nos adolescents, ont ensuite totalement détraqué.
06:43Et, en fait, cet avocat nous donne raison sur le fait qu'il faut qu'on change la loi,
06:47et il faut que la question du consentement soit inscrite noir sur blanc dans le code pénal, soit définie dans le code pénal,
06:54parce que ce qu'il dit, c'est finalement...
06:55Un consentement explicite, un consentement exprimé à chaque fois ?
06:58Parce que ce que lui plaide, c'est de dire qu'elle n'a pas dit non, en clair.
07:02Elle avait bien du mal à pouvoir dire non, puisqu'elle était droguée, et qu'elle le dit elle-même,
07:07c'était une poupée de chiffon, c'était un objet sexuel livré à la disposition de dizaines et de dizaines d'hommes
07:12qui, pendant des années, lui ont fait subir les pires sévices.
07:15Donc, ce ne sont pas des actes sexuels qu'elle a subis, ce sont des viols, ce sont des actes de torture,
07:20ce sont des actes de barbarie qu'elle a subis, et avec un courage immense, elle nous permet que ce procès soit public.
07:25Et ça, je crois qu'il faut qu'on lui rende toutes et tous un immense hommage pour qu'elle ait accepté ça,
07:30pour qu'elle ait accepté que son visage soit exposé, et c'est un visage non pas d'une victime,
07:34mais de quelqu'un d'extrêmement courageux.
07:36Que son calvaire serve à quelque chose.
07:37J'ai une dernière question, la Provence se pose la question en une ce matin, qui sont les 50 ?
07:41Et on voit les 50 qui ont violé.
07:42Ils sont maçons, jardiniers, journalistes, précaires, infirmiers, militaires, retraités, pompiers.
07:47Comment garder la foi dans l'humain quand on s'aperçoit qu'il peut y avoir des horreurs pareilles ?
07:51Quand on s'aperçoit que des années après, des icônes de la société, comme l'abbé Pierre, étaient des prédateurs.
07:55Comment le comprendre ? Comment l'expliquer à nos enfants ? Comment l'accepter, Aurore Berger ?
08:00Vous savez, j'ai eu l'honneur d'être à la tête de ce ministère, il y a des soirs où vous rentrez,
08:04vous avez quand même très mal au ventre, et vous avez juste envie de serrer votre enfant,
08:08et de vous dire qu'il y a quand même des choses qui sont assez détraquées.
08:11Notamment quand on parle des violences sexuelles, faites aux femmes ou faites à nos enfants.
08:16Mais il faut regarder cette vérité terrifiante en face, c'est que c'est pas cet inconnu, encore une fois,
08:21c'est toute la société qui est dans ce procès de Mazan.
08:24Toute la société, quelles que soient ses strates sociales, quels que soient son territoire, quels que soient ses métiers.
08:29Et c'est ça qu'il faut qu'on intègre, c'est ça qu'il faut qu'on intègre dès le plus jeune âge à nos enfants,
08:33pour qu'ils considèrent dès le plus jeune âge que personne, personne n'a jamais le droit de toucher ou d'enfreindre leur intégrité.
08:39Merci beaucoup Aurore Berger d'être venue en direct sur RTL ce matin, et bonne journée à vous.

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