Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Alain Terzian, bienvenue dans « Pas trop en question ».
00:03Je suis tellement contente de vous avoir.
00:05Figurez-vous que vous êtes probablement le seul producteur
00:08qui ne fait que des films que j'aime.
00:10Que ça.
00:11Dites-nous un petit peu ce que vous avez fait,
00:13votre carrière, un peu comme ça, en deux minutes, en une minute ?
00:16En deux minutes, je peux vous dire, si on remonte aux années presque...
00:20Oui, début des années 80, j'ai fait six films avec Delonque, j'aimais beaucoup.
00:24Oui.
00:25« Trois hommes à abattre », « Le tout-bible », « Le choc », « Le bâtant », etc.
00:28Après, j'ai eu le bonheur de débaucher quelqu'un de chez Antenne 2,
00:32qui s'appelait Philippe Labreau, et qui était formidable.
00:36Et on a fait « Rive droite, rive gauche » et « La crime ».
00:39Après, quelqu'un de merveilleux qui est mort depuis, avec qui,
00:42Christopher Franck, avec qui on a fait « L'année des méduses » et quelques autres.
00:46« L'année des méduses », j'ai adoré ça, oui.
00:49Et puis après, plusieurs films avec Jean-Marie Poiret que j'aime beaucoup,
00:54« Opération cornet de bif », « Les visiteurs », « Les anges gardiens », etc.
00:57Vous vous rendez compte, vous avez fait « Les visiteurs ».
00:59J'ai devant moi l'homme qui a fait « Les visiteurs ».
01:01Oui, enfin, il y avait quand même des acteurs en scène.
01:03Oui, non mais d'accord.
01:05C'était une idée formidable, ça.
01:07Oui, oui.
01:08Une idée formidable.
01:09Une idée originale de Jean-Marie, d'ailleurs, et c'était formidable.
01:11Et c'est en même temps la découverte de Valérie Lemercier qui est devenue,
01:14qui compte qu'on sait, une merveilleuse actrice, au-delà.
01:18Mais alors, expliquez-moi quand même.
01:19Alors, je sais, je suis probablement bon public basique,
01:21mais pourquoi il y a des films tellement talentueux ?
01:24Et je reviens de Cannes, je voyais ça aussi.
01:26Je crois que vous y étiez également, évidemment.
01:29Et alors, on parlera de cette année tout à l'heure,
01:32mais quand même, à Cannes, on n'a jamais des vrais succès populaires comme ça.
01:36Est-ce que vous avez eu des prix, d'ailleurs ?
01:38Oui, une année avec Téchinet.
01:40J'ai fait trois films avec André Téchinet.
01:42Ça s'appelait « Rendez-vous », ce qui a lancé Juliette Binoche.
01:45Et nous avons eu le prix de la mise en scène à Cannes.
01:48C'est bien, mais enfin, les visiteurs de tous ces films
01:52auraient dû avoir des prix tout le temps.
01:53Mais ils n'allaient pas à Cannes, c'était pas fait pour.
01:55Alors, comment on va à Cannes ? Pourquoi ils n'allaient pas à Cannes ?
01:57Il faut que le sélectionneur sélectionne.
02:00Et puis, ce sont des films qui ne sont pas sortis.
02:02Donc, si vous faites un film pour sortir en octobre ou en novembre ou en février,
02:06vous n'allez pas attendre trois mois ou six mois pour éventuellement aller à Cannes.
02:11Puisque après, il y a un procédé de sélection.
02:13Oui, la sélection, c'est toujours ça.
02:15Si je comprends bien, le fait d'aller à Cannes ne rapporte pas tellement pour un film.
02:18Ben, pour…
02:20En salle.
02:21Si, c'est quand même prestigieux.
02:23C'est quand même très prestigieux.
02:25On va voir le film de Jacques Audiard qu'on a vu, qui est exceptionnel.
02:28Mais je tiens à spécifier que c'est extraordinaire.
02:31Dans ce film, c'est que tout a été tourné à Brissur-Marne,
02:35dans de remarquables studios de cinéma.
02:37Ils sont formidables, c'est les meilleurs studios de France.
02:39Les meilleurs studios de France, qui sont dirigés maintenant, de m'admettre,
02:42et qui sont en train de se développer dans tous les sens.
02:45Et tout a été tourné là-bas, alors qu'on a l'impression qu'on est au Mexique.
02:48On a l'impression que tout est tourné au Mexique.
02:50Je crois que j'ai été tourné au Mexique, il y a 20 ans.
02:53Si j'avais su, je ne serais pas allé direct à Brissur-Marne.
02:56Absolument, surtout maintenant.
02:58Et en revanche, il y a 2-3 choses que je ne comprends pas bien quand même.
03:03Le CNC, formidable.
03:05On a une industrie du cinéma, mais est-ce qu'on ne dépense pas des fortunes
03:09pour quelquefois tourner des films ou financer des films
03:14qui ne restent qu'un jour en salle ?
03:17Pas un jour, 4 jours.
03:20Ce n'est pas la question.
03:22Mais c'est la contribution à la diversité.
03:25C'est-à-dire qu'il y a 300 films pratiquement qui sont faits chaque année.
03:29Donc il y en a un certain nombre qui sont aidés,
03:31qui bénéficient d'aides publiques assez massives.
03:34Et puis de temps en temps, ça donne l'anatomie d'une chute.
03:37Ça va ramasser l'Oscar qui a été aidé.
03:40Et puis c'est exceptionnel.
03:42Et lui, heureusement, canne et tout ça.
03:44Vous allez pouvoir me dire la vérité.
03:46Promis.
03:48Est-ce qu'il n'y a pas quand même aussi, dans ce monde du cinéma,
03:51est-ce que ce n'est pas un peu politisé ?
03:53Non, je ne crois pas.
03:55Vous vous trouvez normal qu'il y ait des manifs indéfiniment sur le tapis rouge ?
03:59Il y a un peu de wokisme ?
04:01Il y a quand même des films d'auteurs qui sont…
04:04Ça, c'est un phénomène relativement récent depuis quelques années.
04:08Parce qu'avant, c'était uniquement le glamour sur le tapis.
04:11Regardez les smoking, les robes blanches et surtout les stars.
04:14Et regardez cette année à Cannes, à l'ouverture,
04:17vous avez Francis Ford Coppola à l'ouverture.
04:21Vous le retrouvez à la clôture et il donne la médaille,
04:24la palme d'or d'honneur.
04:26Il la donne à Georges Lucas, son copain depuis 60 ans,
04:30depuis UCLA, l'université où ils ont appris le cinéma.
04:34Honnêtement, ça tient de la magie permanente.
04:37Il y avait un moment magique.
04:39Il y a eu un ministre de la culture qui était face à Richard Gere,
04:42qui a eu une interview par Delahousse.
04:45Ce qui est extraordinaire, il dit en anglais
04:48« You have a great culture minister ».
04:51On voit Rachida Dati qui dit « Mais vous pouvez traduire ? »
04:54Il a dit que j'étais un très bon ministre.
04:57Il a aussi posé une autre question.
04:59Elle a dit « Non, mais moi, je suis une groupie de Richard Gere ».
05:02Et Cannes, il y a une sorte de magie comme ça.
05:04Vous auriez été sur le tapis en face de Richard Gere.
05:06Vous auriez été aussi une groupie, Sophie de Monton.
05:09Et comment ?
05:11Et de trouver la médaille, la palme d'or d'honneur à Meryl Streep,
05:16qui est quand même l'icône absolue des Oscars du cinéma américain.
05:21Tout ça est quand même irréel.
05:24On est dans l'irréel, d'ailleurs. On est coupé du monde.
05:26Une question, parce que le temps est très compté.
05:29D'abord, vos projets.
05:32J'en ai un qui me fait rigoler.
05:34Ça s'appelle « Love Therapy ».
05:36C'est pour savoir comment on soigne la maladie de l'amour.
05:39Magnifique, ça !
05:40Et ça sera avec Amedsila et Danny Boon.
05:44Oh là là !
05:45Ça doit se confirmer, mais c'est quand même...
05:47C'est confidentiel, on ne le dira pas.
05:48Oui, il ne faut pas le dire.
05:49C'est pour ça que je vous le dis qu'il y a à l'oreille.
05:51Et ça n'ira pas au festival ?
05:53Non, pas fait pour ça.
05:55Le festival, il faut être dans les délais.
05:57Les visiteurs ne sont pas allés au festival.
05:59Ça ne les a pas empêchés de bricoler un peu.
06:01Et la dernière question, elle est difficile,
06:03mais il faudrait quand même répondre par oui ou par non.
06:05Est-ce qu'on dépense un peu trop d'argent en France pour subventionner ?
06:11Je ne crois pas, non.
06:12Vous ne croyez pas ?
06:13Je crois que quand on fait le compte à l'arrivée,
06:15ça s'équilibre, figurez-vous.
06:17Donc ce sont des aides, des avances, etc.
06:20Et l'État récupère l'argent un peu ?
06:21Parce que moi, je suis très inquiète de la dette.
06:24Moi, je crois que c'est équilibré à l'arrivée
06:27et qu'au contraire, ça nourrit même beaucoup le système,
06:30le système culturel, l'exception, etc.
06:32Et dans le monde entier, on est très fiers.
06:34Quand vous arrivez à Hong Kong ou à Los Angeles
06:36et que vous voyez un film français à l'affiche,
06:38vous êtes très fiers ?
06:39Merci, c'est le mot de la fin.
06:41Donc on fait ça bien.
06:42Non, non.
06:43Si, c'est le mot de la fin.
06:44Ah.
06:45C'est le mot de la fin.
06:46Et donc on sait que c'est équilibré et qu'on fait ça bien.
06:48Oui.