Retrouvez Cyril Hanouna le samedi et le dimanche dès 19h10 pour une nouvelle saison de Face à Hanouna !
Au programme : des débats sur l'actualité politique, mais aussi le retour de séquences cultes.
Au programme : des débats sur l'actualité politique, mais aussi le retour de séquences cultes.
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00:00Je suis très heureux également que vous soyez sur mon plateau, merci d'être là, ça me fait très plaisir.
00:04Et Daniel, il a beau être garde du corps, il est un peu stressé d'être avec nous, mais Daniel, tout va bien se passer, au pire des cas...
00:12– Ça peut partir d'une seconde à l'autre.
00:14– J'aimerais bien être à côté de vous, juste ne faites pas de bannes à Merlin-Montiel, on en a encore besoin.
00:19C'est clair que c'est le garde du corps d'Alain Delon.
00:22J'aimerais qu'on en parle ce soir avec nos téléspectateurs, bien entendu.
00:25Et c'est vrai, Philippe Ersen, vous vous entreteniez quelle relation avec Alain ?
00:29– Amicale, on peut dire amicale, j'ai eu la chance de pouvoir faire 4 pièces avec lui, et c'est vrai qu'on garde que des bons...
00:36Moi, personnellement, je garde que des très bons souvenirs à l'encontre de certaines personnes qui ont dit qu'Alain était quelqu'un de difficile,
00:41moi pas du tout, j'ai passé des moments extraordinaires, d'ailleurs, Daniel, on en parlait un peu avant de rentrer sur le plateau,
00:48on a des souvenirs, on peut dire, inoubliables avec Alain, c'est vrai.
00:51– C'est vrai qu'Alain Delon, quand on le voit comme ça, c'est compliqué de le diriger, de travailler avec lui ou pas ?
00:58– Non, pas du tout, non, non, non, il faut lui faire comprendre que souvent, les idées viennent de lui,
01:01alors que souvent, elles viennent des équipes, comme la plupart des vedettes, des stars, avec Bernard, avec Tapis, c'était pareil.
01:09Mais il était assez souple quand même sur un plateau, ce qui était important, il était très, très exigeant,
01:15comme moi, c'est ce qui nous rapprochait vraiment, et c'est vrai que cette exigence, on le voyait avec ses équipes,
01:20c'était important pour moi, au départ, de choisir le bon décorateur, la bonne maquilleuse, des équipes.
01:25– Et comme il était producteur, lui aussi.
01:27– Bien sûr, on était coproducteurs avec Alain, donc obligatoirement, il a toujours eu cette rigueur,
01:30par contre, ce qui était formidable, c'est qu'il était loyal, la loyauté, il était loyal, Alain était quelqu'un de très loyal, complètement.
01:37– Et je vais vous dire, moi, dans les hommages que j'ai lus sur les réseaux, non pas des personnalités, mais du public,
01:43tout le monde disait Alain Delon, il a eu une ligne, il l'a gardée, toute sa vie, toute sa carrière,
01:49et c'est ça que les Français ont aimé, j'ai l'impression, vous voyez, vraiment, c'est ce que j'ai ressenti.
01:54Quand j'ai lu plein d'hommages, plein de tweets, plein de messages pour Alain Delon,
01:58et les gens disaient la même chose, au moins Alain Delon, il a toujours été droit dans ses votes,
02:02il est resté toujours sur sa lignée.
02:04Norbert Sada, vous êtes l'un de ses amis d'enfance, vous l'avez connu à quel âge ?
02:07– Enfance, non, parce que je suis arrivé de Tunisie, en 57, début 50, puis je l'ai connu en arrivant.
02:12– À quel âge ?
02:13– Moi, j'avais 19 ans, et lui, il a 300 décors avec moi, jour pour jour, c'est pas difficile.
02:18– Donc d'enfance, on peut dire d'enfance.
02:21– Oui, si vous voulez, vous savez, vous disiez une chose,
02:24c'est d'abord le mec le plus fidèle que j'ai rencontré dans ma vie,
02:28il a une fidélité à toute épreuve, et moi, ça n'engage que moi,
02:31c'est le plus grand acteur de sa génération.
02:33– Je pense aussi.
02:34– Il n'y aura pas de débat, ou il y aura un débat, peu importe,
02:36mais enfin, c'est un monsieur exceptionnel, et c'est un gars rare.
02:42Le seul problème qu'il a eu, c'est que le métier, il ne l'a pas aimé,
02:45il a toujours été marginal du métier, ça s'est vu à la fin de sa vie,
02:50et en fait, il n'a jamais fait partie de ce métier pour le genre du métier,
02:54pas parce qu'il était acteur, et les autres étaient comédiens,
02:57qui arrivaient du cours Simon ou du conservatoire, non,
03:00mais il était à part, et tout ce qu'il a fait, il l'a fait tout seul, à part,
03:04il n'a jamais fait partie d'aucun clan, il n'a jamais fait partie de rien,
03:07toujours à part, et ça a été quand même, je me rappelle,
03:10il y a plein de prix qu'il aurait dû avoir, il n'en a pas eu,
03:13quand on a dû avoir le prix pour M. Klein à Cannes,
03:15on lui a rendu parce qu'il était de droite,
03:18le président du jury était de gauche,
03:21il l'a eu jusqu'à minuit moins quart, à minuit il n'avait plus,
03:24il a été toute sa vie catalogué comme ça,
03:28et je pense que c'est dommage parce qu'il méritait quand même mieux en tant qu'acteur, c'est tout.
03:33– C'est ce que je pense aussi, c'est fou, c'est fou.
03:36– Même à sa mort, il a été attaqué, sali, parce qu'il était de droite,
03:41c'est-à-dire que quand un grand acteur comme Michel Piccoli,
03:43qui était ouvertement de gauche, est décédé,
03:45donc tout le monde parle de la carrière de Michel Piccoli,
03:47là, on a parlé cinq minutes de la carrière d'Alain Delon
03:49et on s'est arrêté sur ses prises de position politique,
03:51et c'était un morceau du patrimoine qui s'en allait,
03:53qu'est-ce qu'on en avait à faire ?
03:55– On n'a pas le droit d'être un artiste de droite.
03:56– Non, impossible, et de le dire, vous pouvez l'être sans le dire,
04:00vous ne pouvez pas être caché.
04:01– Ce que j'aimais chez Alain Delon, moi c'est qu'il le disait,
04:04excusez-moi, mais moi j'aime le courage d'Alain Delon,
04:06et Alain Delon, je suis désolé, il a fait des trucs,
04:10il a dit des trucs que je pense beaucoup d'acteurs aimeraient dire et faire,
04:13mais lui, Alain Delon, il disait, moi je le fais, et c'est comme ça,
04:16et peut-être que, je ne sais pas si on a souffert, Norbert,
04:19s'il était triste de ce qu'il se disait, voilà, comme vous avez dit…
04:22– Il n'était pas triste, mais quand même il avait des moments,
04:26moi je l'ai connu bien avant en Philippe Hersem,
04:28parce que je l'ai connu, j'ai fait des films avec lui,
04:31on s'est beaucoup vus, moins vus, revus,
04:34c'est vraiment un monsieur qui est formidable,
04:38mais d'ailleurs il a été enterré comme il a vécu par rapport au métier,
04:43il n'avouait pas que les gens viennent lui parler,
04:44faire des discours en disant, c'est le plus grand, c'est le plus beau,
04:47parce qu'ils ne l'ont jamais considéré, il s'est dit,
04:49je meurs tout seul, je me fais enterrer tout seul et qu'on ne me fasse pas chier.
04:51– C'est ça qui est fou, c'est vrai.
04:53– Il est allé jusqu'au bout de sa démarche, et ça c'est incroyable,
04:57parce qu'il y a peu d'acteurs comme ça qui refusent les hommages,
05:01qui refusent l'hommage national, tout ça, ça c'est rare.
05:05– Il vous parlait de sa disparition, il disait,
05:09si je meurs, je vais être tranquille.
05:11– Moi un jour j'avais charié, parce que j'arrivais à Douchy,
05:13il me dit, il me montre sa chapelle et là il va se faire enterrer.
05:17Je lui dis, Alain, tu ne crois pas qu'on est deux scorpions,
05:20on est angoissés par la mort, tu n'as trouvé que ça à nous montrer ?
05:23Il m'a dit, non mais c'est pour te dire, je lui dis, ne me dis rien,
05:25ça m'angoisse déjà, et toi tu t'angoisses,
05:27mais tu es content d'être angoissé près de ta tombe ?
05:30Et c'est vrai qu'il y a beaucoup pensé quand même,
05:35autrement il n'aurait pas construit sa chapelle et sa tombe chez lui,
05:38sûrement pas.
05:40– On parlait du métier Philippe Hersen, comme l'a dit Norbert Sada,
05:44est-ce que ça le peignait que dans le métier,
05:48ils soient un peu mis de côté, ou bien est-ce qu'ils s'en foutaient ?
05:51– Pas vraiment, pas vraiment.
05:53C'était difficile pour lui de voir que la nouvelle génération de réalisateurs,
05:58souvent il m'en a parlé comme des baissons ou des bénèques,
06:00à l'époque on s'en parlait avec Alain, il me disait,
06:02tu vois c'est bizarre, tous ces gens, toute cette jeune génération,
06:05ils ne veulent pas faire de films avec moi,
06:07parce qu'ils pensent que je suis difficile, c'est vrai,
06:09beaucoup de gens, en dehors du métier, surtout les réalisateurs de cinéma,
06:12tu le sais Norbert, ils pensaient que c'était quelqu'un de très difficile.
06:16– C'est ça, ce qui n'était pas le cas.
06:18– Comment ?
06:19– Moi c'est un gars avec qui je n'ai jamais eu de problème,
06:21j'en ai fait quelques-uns des films avec lui.
06:22– Pas du tout.
06:23– Tout le monde a des crises de nerfs un jour ou l'autre,
06:25le long ou le long, c'est pareil.
06:26– Il avait ce côté sous-polé, mais ça comme beaucoup d'artistes,
06:29comme beaucoup de vedettes, et tout de suite il redescendait derrière
06:31en disant, tout va bien se passer, voilà.
06:33– C'est ça, c'est ça.
06:34– Un vrai pro, à l'heure, il connaît son texte,
06:38il n'a jamais piégé, jamais, on ne peut pas le piéger,
06:42c'est un mec, il sait où il va, et les gens ont une mauvaise image de lui
06:46parce que peut-être que sur un ou deux films il y a eu un problème,
06:49mais quand il y a eu un problème, c'est parce que le mec avec qui il a eu le problème,
06:53il ne connaissait pas son métier.
06:54– L'incompétence, il détestait l'incompétence, c'est sûr.
06:57– Dès que c'est arrivé, il était testé tout de suite.
06:59– Il détestait l'incompétence, moi pas du tout, regardez.
07:01– Moi ça ne me dérange pas, du tout, vraiment pas du tout.
07:05– C'est l'inverse, Anona s'en fout.
07:07– Je m'en fous total, c'est l'inverse, c'est l'inverse.
07:09– C'est un critère.
07:11– C'est un critère.
07:13– C'est un critère de réfutement.
07:15– Quand il est arrivé sur le plateau, d'abord quand il commençait à travailler avec vous,
07:21il vous testait tout de suite.
07:23Après quand il m'a adopté, ça va, puis on était tellement amis que ça va,
07:28il détestait le metteur en scène, il le testait tout de suite, il testait tout le monde,
07:32il était très fidèle, quand on faisait des films,
07:34vous voyez ce studio-là, je rentrais avec beaucoup d'émotions,
07:36je n'avais pas remis les pieds.
07:38Pendant des années, la loge de Delon, son bureau était là, vous savez ça ?
07:42– Je ne savais pas.
07:43– Au premier étage, à gauche, il y avait son bureau, sa loge et son canapé,
07:47ça a duré 40 ans.
07:49– J'ai tout récupéré.
07:51– C'était là, donc quand on faisait un film,
07:53il est arrivé dès la préparation, 12 semaines avant, il était déjà là.
07:57Et même quand il ne tournait pas, un jour je me rappelle,
07:59je tournais Réveillon chez Bob en bas,
08:01avec Bedos et Jean Rochefort, il a dit, il a appris que j'étais là,
08:05il est descendu, il a fait le clap.
08:07Il était dans son bureau en haut, parce que là, c'est le bureau de Delon ici.
08:09C'est drôle de revenir sur…
08:11– C'est fou. Daniel, son garde du corps, son ex-garde du corps, est avec nous.
08:15Merci Daniel d'être là, merci beaucoup.
08:17On s'était déjà croisés, merci d'être là, merci.
08:19Vous avez travaillé combien de temps avec Alain Delon ?
08:21– J'ai commencé en 1993 jusqu'à fin 2017.
08:25– Ah ouais, ça fait quand même, ça fait beaucoup, 24 ans.
08:29– Presque 25 ans.
08:31– Presque 25 ans, vous l'avez rencontré comment ?
08:33– Je l'ai rencontré, en fait, il avait une connaissance
08:37qui était Christian Proutot, qui était patron du GIGN.
08:39– C'est ça, je connais bien.
08:41– Comme moi, je faisais partie du GSIGN,
08:43le groupe de sécurité et d'intervention de l'Assemblée nationale.
08:45– Il est déjà venu me voir ici.
08:47Il est déjà venu me voir Christian Proutot.
08:49– Bien sûr.
08:51– Et donc il a appelé Proutot parce qu'il voulait quelqu'un avec lui.
08:53– D'accord.
08:55– Et Proutot était chef de la cellule antiterroriste à l'époque à l'Élysée.
08:57Et donc il a donné mon nom,
08:59parce que moi je voulais quitter le GSPR
09:01car j'avais des problèmes de dos.
09:03Et donc il m'a appelé,
09:05Proutot pour me dire,
09:07voilà, est-ce que Delon, ça vous parle ?
09:11Ben il dit oui, mais il n'est pas facile.
09:13Il dit, bon.
09:15Il m'a demandé quelqu'un pour être avec vous,
09:17pour être avec lui.
09:19Donc j'ai accepté, ça a duré deux mois,
09:21ça s'est très bien passé.
09:23– La première rencontre, ça a été comment ?
09:25– Ah ben la première rencontre, c'était au Plaza Athénée.
09:27– D'accord.
09:29– Plaza Athénée à 9h du matin,
09:31chemise, cravate, parce que je savais que c'était quelqu'un de militaire,
09:33rigoureux comme moi,
09:35donc ça se matchait tous les deux.
09:37Et à 9h du matin,
09:39j'arrive au Plaza dans le hall d'entrée
09:41et le concierge qui était là,
09:43il me dit,
09:45vous êtes monsieur Daniel ?
09:47Je lui dis oui.
09:49Monsieur Delon vous attend.
09:51J'y vais et Delon arrive,
09:53il se lève.
09:55Monsieur Broussard, asseyez-vous.
09:57Bonjour monsieur.
09:59Alors je vous dis tout de suite,
10:01on m'a dit que vous étiez un pointu.
10:03Et là, pour moi un pointu,
10:05ça veut dire, dans le jargon un peu coquin,
10:07vous êtes un pointu.
10:09– Ah oui, ah oui, ah oui.
10:11– Et là je le regarde,
10:13c'est votre travail.
10:15Et là, après vous faites ce que vous voulez.
10:17Voilà ce qu'il m'a dit.
10:19Et là, ça a détendu l'atmosphère,
10:21mais mon impression,
10:23moi qui ai fait Mitterrand pendant plus de 10 ans
10:25avec son jet,
10:27en face à face,
10:29quand j'ai vu Delon,
10:31je peux vous dire que ça marque.
10:33La première fois ça marque.
10:35– Ah ouais ?
10:37Ça marque tout le temps ?
10:39– Et ça marque comme quand vous rentrez dans un restaurant
10:41où là tout s'arrête.
10:43– Il n'y a pas une mouche qui vole.
10:45– Tout s'arrête.
10:47– La différence entre Belmondo et Delon, c'est ça.
10:49Quand vous rentrez avec Delon dans un restaurant
10:51connu ou pas connu,
10:53plus personne ne dit un mot, tout le monde regarde.
10:55Hommes et femmes, vous rentrez avec Belmondo,
10:57tout le monde tape sur la tête.
10:59C'est rien à voir.
11:01Il y en a un qui glace les gens et l'autre non.
11:03– Pourtant il était abordable dans la vie.
11:05– Oui, mais c'est comme ça.
11:07– Vers le public.
11:09– Daniel, tout de suite vous avez dit
11:11j'ai envie de travailler avec lui ?
11:13– Oui, au bout de deux mois,
11:15pendant les deux mois passés avec lui,
11:17j'ai dit c'est bon, on va continuer.
11:19– Donc 24 ans avec lui,
11:21comment c'était le travail au quotidien avec Alain Delon ?
11:23– Écoutez, l'avantage,
11:25je reviens toujours à dire là-dessus,
11:27c'est qu'il est quelqu'un d'hyper professionnel,
11:29comme moi,
11:31donc c'était la rigueur, la rigueur militaire.
11:33Et moi s'il me disait,
11:35bon Daniel,
11:37j'étais chez Cyril Hanouna à 9h,
11:39je savais qu'il fallait qu'on arrive à 9h moins 10 là,
11:41on attendait avec la voiture,
11:43il regardait sa montre,
11:45il dit bon c'est bon, il est moins 2, on y va.
11:47Et moi ça passait très bien.
11:49Et on avait une confiance parce que
11:51tous les soirs je mangeais avec lui,
11:53en tête à tête, tous les soirs dans Paris,
11:55il ne pouvait pas manger seul.
11:57– C'est vrai, vous mangez à sa table ?
11:59– Oui, mais partout où il est allé,
12:01il m'emmenait et il voulait que je sois,
12:03j'en étais même gêné, il voulait que je sois à sa table.
12:05Et j'ai vu dans des repas officiels,
12:07il voulait que je sois là,
12:09parce qu'il savait que dès qu'il y avait un problème,
12:11il me regardait et là j'avais compris.
12:13Donc là je me levais.
12:15– Il y a eu des problèmes ou pas du tout ?
12:17Il y a déjà eu des problèmes ?
12:19– Non.
12:21– Pas de gros problèmes ?
12:23– Non.
12:25– Il anticipait.
12:27– Il y a eu quoi à raconter ?
12:29– Oui, non, non.
12:31– L'histoire du céleri remoulade ?
12:33– Non, non, c'est des utilités.
12:35– Alors vous étiez au courant de tout ?
12:37Vous étiez au courant de tout forcément ?
12:39– Oui.
12:41– Forcément, c'est ça.
12:43– Ma femme me disait, toi tu connais mieux Delon que moi.
12:45– Bah oui, c'est sûr.
12:47– Je partais du matin jusqu'au soir et je rentrais à la maison.
12:49Et le week-end s'il m'appelait,
12:51il fallait que je parte tout de suite,
12:53dans tous les galas, en vacances,
12:55avec les enfants, on partait en vacances ensemble.
12:57Il voulait que je sois là,
12:59il voulait que je sois présent.
13:01– Anthony vous appelait tout le temps à vous
13:03avant d'arriver à Douchy ?
13:05– Anthony, oui,
13:07c'est-à-dire qu'Anthony m'appelait
13:09et il voulait savoir
13:11comment allait son père déjà.
13:13Quand son père était hospitalisé,
13:17lui n'était pas au courant,
13:19donc c'était Anoushka,
13:21c'était Anoushka qui avait le contact
13:23et je pense qu'Alain devait dire
13:25à sa fille, bon t'en parles à personne,
13:27et après coup,
13:29Anthony savait
13:31qu'il avait été hospitalisé,
13:33c'est quand même son père,
13:35et donc moi je l'appelais pour lui dire
13:37voilà, ton père il est à l'hôpital américain,
13:39voilà, il est là.
13:41– Vous avez connu Éromi aussi ?
13:43– Oui.
13:45– Ça se passait bien avec elle ?
13:47– Oui, avec moi, ça se passait bien, ouais.
13:49– Tranquille.
13:51– Ouais, donc voilà.
13:57– Oui, c'était,
13:59elle était utile à la propriété,
14:01heureusement qu'elle était là.
14:03– Elle était gérante de la propriété.
14:05Elle était régisseur général de la propriété.
14:07– Elle était…
14:09– La propriété, oui.
14:11Il l'a créé sur un film comme assistante
14:13et il l'a mis après responsable de la propriété,
14:15parce qu'il faut quand même se les faire les 125 hectares.
14:17– Bien sûr.
14:19– Mais à un moment, quand j'étais avec lui à la campagne,
14:21il me faisait un peu peur parce qu'il avait 12 chiens.
14:23Il avait fait des grands enclos
14:25pour chaque race de chiens.
14:27Donc chaque race avait deux,
14:29un homme, une femelle et un mâle.
14:31Il avait fait un pour les bergers yougoslavs,
14:33un pour les malinois,
14:35et puis moi je les voyais comme ça, bon.
14:37Et puis à 5h, il me disait,
14:39bon, on va promener les chiens.
14:41Ouh là là ! J'ouvrais les cages,
14:43je voyais tous les fauves qui sortaient,
14:45je me disais, bon, qu'est-ce qui va nous arriver ?
14:47Et une chose, il avait mis dans sa maison,
14:49autour de la maison principale,
14:51il avait mis des barres
14:53avec des anneaux,
14:55et il accrochait un chien à chaque coin.
14:57Mais pas des petits chiens,
14:59pas des rigolos.
15:01Et alors si quelqu'un veut sortir la nuit,
15:03il est cuit, parce que les 4 chiens sont là.
15:05Donc quand je me levais très tôt le matin,
15:07je disais, je ne sors pas le matin,
15:09tiens, déjà je reste dans la cuisine.
15:11Et il avait un chien qu'il n'a jamais quitté,
15:13qui était de la même race que Louba,
15:15qui était un berger belge,
15:17qui dormait avec lui, donc il descendait avec lui.
15:19Il avait un chien qui faisait très très peur,
15:21qui était un matin de nappes,
15:23qui s'appelait Manu,
15:25qui était une grosse bête noire,
15:27et qui ne donnait pas beaucoup de signes de vie
15:29quand tu le voyais, mais tu avais un peu peur quand même.
15:31Alors je descendais le matin de la chambre,
15:33à doucher, et je voyais la bête noire
15:35sur le canapé, elle me regardait comme ça.
15:37Je me disais, putain, si maintenant il me mort,
15:39alors que j'avais Alain, tu mors déjà.
15:41Et je marchais doucement comme ça.
15:43Tous les matins, je me disais, putain,
15:45il me regardait comme ça.
15:49Et finalement, je m'assieds dans la cuisine,
15:51bon, ça va un peu mieux, et il revenait,
15:53et c'était comme ça, il me regardait, cette grosse bête-là.
15:55Il est très sympathique, Manu, mais il m'a fait quand même très très peur.
15:57Alors, justement,
15:59c'est vrai qu'on a entendu
16:01plein de choses, il y a beaucoup de gens qui ont parlé,
16:03et c'est vrai qu'Alain Delon,
16:05comment il vivait
16:07tout ce qui se passait avec ses enfants
16:09dernièrement, est-ce qu'il n'était pas là-dedans
16:11ou bien est-ce que ça le minait ?
16:13Daniel.
16:15Moi, j'ai quitté fin 2017.
16:17Moi, j'ai quitté fin 2017.
16:21Bon, je sais qu'Anoushka,
16:23quand il y avait quelque chose à dire,
16:25c'était surtout Anoushka.
16:27C'était sa fille.
16:29Et c'est certain
16:31que les enfants pâtissaient un peu,
16:33les deux garçons,
16:35c'était pas facile pour eux.
16:37Capucine, vous avez été la compagne d'Alain Fabien,
16:39pendant combien de temps ?
16:41Trois ans.
16:43Ah ouais !
16:45Croyez quoi, vous ?
16:47Vous avez souvent vu Alain Delon ?
16:49Souvent, c'est un grand monde,
16:51je l'ai vu, mais je l'ai souvent vu
16:53à Douchy, parce qu'il commençait
16:55à être fatigué. En fait, je l'ai vu,
16:57malheureusement, à l'hôpital et à Douchy.
16:59Et Alain Fabien, il vous disait
17:01avec ma sœur,
17:03c'est compliqué ou pas du tout ?
17:05Il n'avait pas besoin de me le dire, je le voyais.
17:07Ah oui !
17:09Moi, je viens d'une famille
17:11où mes sœurs, c'est ma vie,
17:13où on s'entend tout très bien.
17:15Et là, je rentre dans une famille où
17:17il ne faut pas sortir de la cuisse de Jupiter
17:19pour voir qu'il y a un problème
17:21entre les garçons et la sœur.
17:23C'est la même génération.
17:25Entre Anthony et Fabien, il y a quand même
17:27une grande génération.
17:29Non, les garçons, ça allait.
17:31Les garçons, entre eux, ça allait.
17:33En plus, Anthony, ça pourrait être
17:35le père, oui, d'Alain Fabien, donc il était
17:37quand même assez protecteur.
17:39Vous vous êtes déjà retrouvés tous en famille ?
17:41Non, jamais.
17:43Si, pardon.
17:45Après son opération à l'hôpital.
17:47Mais bon, c'est triste.
17:49Le seul moment où on s'est tous retrouvés en famille,
17:51c'était à l'hôpital.
17:53Et Alain Delon, il était sympa avec vous ?
17:55Il rigolait ?
17:57Très sympa, oui. C'est très impressionnant
17:59comme disait monsieur.
18:01La première fois que je l'ai vu,
18:03il y en a deux qui m'ont vraiment impressionnée,
18:05c'est Gérard Depardieu et Alain Delon.
18:07Et pourtant, je ne suis pas une timide,
18:09vous me connaissez.
18:11Là, j'ai fait, ah ouais, quand même.
18:13Et donc, il était sympa avec vous ?
18:15Oui, impressionnant au début, et après,
18:17quand il m'est à l'aise, très sympa.
18:19Mais il faut quand même dire, c'était un grand solitaire.
18:21C'est pour ça qu'il passait tout son temps avec vous.
18:23Oui, un grand solitaire, mais en même temps,
18:25je n'y avais pas été seule.
18:27C'est un animal.
18:29Juste une anecdote, comment je l'ai rencontrée,
18:31on m'a dit les prix, Romain Schleder, Jean Gabin,
18:33je ne le connaissais absolument pas.
18:35Madame Gabin, Dominique Gabin me dit,
18:37Bernard, ce soir, attention, il y a Delon,
18:39toujours pareil, il y a Delon qui arrive.
18:41Moi, une trouille, putain, on m'a dit les prix
18:43de cinéma, etc. J'arrive avec Johnny
18:45et je devais dîner avec Johnny.
18:47Delon arrive, je ne le connaissais absolument pas.
18:49Il me dit, toi, j'étais en couverture du Figaro TV
18:51pour une fois, et il me dit, toi,
18:53tu dînes avec moi ce soir. Je ne le connaissais pas.
18:55Il me dit, belle couverture, c'est tout.
18:57Et tu sais quoi, en partant, alors j'ai dit à Johnny,
18:59tu sais, ce n'est pas possible, je dois dîner avec Delon.
19:01Il me dit, mais tu le connais. Je dis, non.
19:03Alors, pourquoi tu y vas ? Parce que c'est Delon.
19:05C'est Delon quand même, merde.
19:07Et du coup, on a dîné à la Brassil-Lalmage
19:09avec Emilio.
19:11Et ça a été une grande relation amicale
19:13que j'ai eue avec lui, de passion.
19:15Il se fâchait avec vous,
19:17on ne sait pas pourquoi, il ne fallait surtout pas
19:19demander pourquoi il était fâché. Moi, Mirail Dark
19:21m'a toujours dit, surtout quand tu le revois,
19:23tu ne lui demandes pas pourquoi il s'est fâché.
19:25Mais ça, c'était dur, je veux dire, effectivement.
19:27Tu te rappelles la gueule que je faisais.
19:29Lui, il était là, derrière, il me regardait genre
19:31désolé. J'en ai l'air, il passait devant moi.
19:33On se connaissait, tu te rends compte ?
19:35Si vous puissiez, je ne sais pas pourquoi.
19:37Il y a un truc que je me souviendrai toute ma vie.
19:39Vous savez,
19:41vous m'aviez offert un Prime.
19:43Il y a deux personnes, j'ai eu énormément
19:45de messages après ce Prime, de félicitations.
19:47Il y a deux personnes qui me marqueront la vie, c'est
19:49votre message et le sien.
19:51Ça me fait plaisir.
19:53Alain Delon avait regardé le Prime.
19:55Il me regardait, vous regardez, vous aimez bien.
19:57Je l'adore.
19:59Je ne sais pas pourquoi.
20:01Il vous appelle tous les jours,
20:03quatre fois par jour.
20:05Je ne parle pas quand on travaille, quand on fait des films,
20:07je parle dans la vie.
20:09Tout d'un coup, plus de nouvelles de lui.
20:11Ça dure un mois, deux mois, quatre mois.
20:13J'appelle Mireille, qu'est-ce qu'on lui a fait ?
20:15Je ne sais pas,
20:17mais il va te rappeler.
20:19Il rappelle quatre mois après.
20:21C'est marrant, il y a quand même des points com,
20:23c'est vrai que je fais la même chose.
20:25C'est dur.
20:27C'est vrai que ça peut m'arriver.
20:29C'est dur.
20:31Moi, fier de le connaître au début,
20:33moi, fan de cinéma,
20:35Alain Delon quand même,
20:37il était déjà là.
20:39Je me suis risqué à dire un soir,
20:41oui, je le connais très bien, il arrive,
20:43tu sais quoi, il passe devant moi ?
20:45Rien.
20:47Je rêve,
20:49il n'a même pas me parlé.
20:51Alors qu'on dînait presque tous les soirs ensemble.
20:53C'est dingue, parce que j'ai vécu une période
20:55avec lui comme ça, très marrante avec lui,
20:57on se voyait beaucoup, beaucoup, beaucoup.
20:59Puis après, plus rien.
21:01Puis après, on s'est revus beaucoup.
21:03Puis après, j'étais l'étranger.
21:05C'était incroyable, le mec.
21:07Et Mireille d'Arc m'avait bien conseillé,
21:09il m'a dit, tu lui dis rien, tu le revois,
21:11il ne s'est rien passé.
21:13C'est pareil, tu lui dis bonjour de la même façon.
21:15Daniel, c'est quoi le pire souvenir
21:17que vous ayez avec Alain Delon ?
21:19Le meilleur, alors.
21:21Les meilleurs, il y en avait tellement.
21:23Parce qu'on avait une complicité tous les deux.
21:25Il rigolait ou pas ?
21:27Oui, beaucoup.
21:29Il adorait l'autodérision.
21:31Il riait,
21:33on rigolait beaucoup.
21:35Des fois, il y avait des coups de gueule.
21:37Des fois, ça partait en live.
21:39Il y a eu déjà des gros trucs
21:41où il vous a engueulé ?
21:43Non, il ne m'a jamais.
21:45Il y a des moments où je dis,
21:47c'était bien, c'était Daniel.
21:49Il me présentait,
21:51c'est Daniel, mon officier de sécurité.
21:53Et quand ça n'allait pas,
21:55mon chauffeur.
21:59Mon chauffeur.
22:01Un jour,
22:03on devait démarrer,
22:05il y avait une petite BMW blindée
22:07qui était dans la cour.
22:09Je lui avais dit, monsieur Delon,
22:11il faudrait la démarrer,
22:13parce que le jour où on va la prendre,
22:15il faut que ce soir, pour entrer à doucher,
22:17on prenne la BMW.
22:19Je vais à la BMW.
22:21Elle a la panique.
22:23Je vais prendre un chargeur.
22:25Je laisse tourner.
22:27Et...
22:2918h,
22:31on part.
22:33J'enlève la batterie, enfin le chargeur.
22:35J'arrive en bas des Champs-Elysées,
22:37devant la statue générale de Gaulle.
22:39Je ne sais pas pourquoi, c'était la manuelle.
22:41Il y avait peut-être un manque de vitesse.
22:43J'enlève la batterie.
22:45Elle ne démarre pas.
22:47Comme si c'était hier.
22:49Je suis encore tout blanc.
22:51Monsieur Delon n'a plus de batterie.
22:53Heureusement, j'avais le câble derrière.
22:55Eh bien, oui.
22:57Mon chauffeur, il n'a pas chargé.
22:59J'ai essayé d'argumenter en disant,
23:01monsieur Delon, vous savez,
23:03je vous avais dit...
23:05Bon, c'est bon.
23:07C'était bon.
23:09J'ai chopé un gars, on a chargé la voiture.
23:11L'histoire du chargeur, il me l'a balancé pendant un an.
23:13Un an.
23:15Ça me rappelle encore quelqu'un.
23:19Mais c'est incroyable.
23:21Ça, c'est des petits trucs.
23:23Des fois, avec lui, j'ai rigolé.
23:25Je ne l'ai pas tout de suite en tête.
23:27Il passe à autre chose après ?
23:29Oui, très vite.
23:31Il peut vous attaquer.
23:33Mais bon, enfin...
23:35Quand même.
23:37Ça pouvait être compliqué, parfois.
23:39Oui.
23:41Mais il y avait tellement de bons côtés qui passaient,
23:43qui effaçaient tout.
23:45Merci, Norbert Sahada, d'avoir été avec nous.
23:47Producteur.
23:49Merci d'avoir été avec nous, Norbert.
23:51Il n'y a pas de problème.
23:53C'est Yves de ma part.
23:55Merci beaucoup.
23:57Merci, Philippe Persenne, exceptionnel.
23:59Merci d'être là.