En pleine nuit, sur les plages du Sénégal, des silhouettes montent à bord de pirogues avec quelques affaires et des vivres pour une traversée éprouvante d’une semaine. Ces hommes, ces femmes et ces enfants embarquent pour une des routes migratoires les plus dangereuses au monde qui doit les mener jusqu’à l’archipel espagnol des Canaries.
Au premier novembre 2023, plus de 30 000, migrants sont arrivés clandestinement sur cet archipel espagnol, un record…Parmi les passagers, de nombreux pêcheurs sénégalais tentent le tout pour le tout dans l’espoir d’une vie meilleure. Alors que la pêche artisanale faisait vivre un habitant sur cinq au Sénégal, le poisson se fait de plus en plus rare à cause de la concurrence des chalutiers industriels.
En effet, le Sénégal a signé des accords de pêche avec l’Union européenne, mais aussi attribué de manière douteuse des licences à des navires chinois. Résultat : les pêcheurs n’ont plus de quoi subvenir aux besoins de leurs familles et quittent le pays en masse, venant grossir le nombre de candidats à l’exode. Le documentaire de Fabien Fougère, produit par Caravelle, a reçu le Grand prix du 31ème Figra, le festival du grand reportage d'actualité, dans la catégorie moins de 40 minutes.
Au premier novembre 2023, plus de 30 000, migrants sont arrivés clandestinement sur cet archipel espagnol, un record…Parmi les passagers, de nombreux pêcheurs sénégalais tentent le tout pour le tout dans l’espoir d’une vie meilleure. Alors que la pêche artisanale faisait vivre un habitant sur cinq au Sénégal, le poisson se fait de plus en plus rare à cause de la concurrence des chalutiers industriels.
En effet, le Sénégal a signé des accords de pêche avec l’Union européenne, mais aussi attribué de manière douteuse des licences à des navires chinois. Résultat : les pêcheurs n’ont plus de quoi subvenir aux besoins de leurs familles et quittent le pays en masse, venant grossir le nombre de candidats à l’exode. Le documentaire de Fabien Fougère, produit par Caravelle, a reçu le Grand prix du 31ème Figra, le festival du grand reportage d'actualité, dans la catégorie moins de 40 minutes.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:30Chaque matin, au moment de partir en mer,
00:33Asdiop partage le même rituel avec son équipage.
00:37Tous font partie de l'ethnie lébou,
00:40la communauté traditionnelle de pêcheurs au Sénégal.
00:46Je fais des prières pour que la pêche soit bonne.
00:52Je fais des prières pour que la pêche soit bonne.
00:56Je fais des prières pour que la pêche soit bonne.
01:00Je fais des prières pour que la pêche soit bonne.
01:05Quand j'étais petit, je partais à la pêche
01:08avec mes grands frères pendant les vacances.
01:11On allait en mer ensemble.
01:14Et à la rentrée, je retournais à l'école.
01:19Chaque jour, je pars pêcher.
01:22Quand tu es pêcheur, il n'y a pas de samedi ni de dimanche.
01:25C'est tous les jours. Tous les jours.
01:31Dépêche-toi de remonter le filet.
01:36Espérons que la pêche soit bonne.
01:44Des sardinelles, des chinchards et quelques rougets sont attrapés.
01:48Mais comme d'habitude, la pêche est décevante.
01:52En retirant le coût du carburant,
01:55chaque pêcheur va gagner l'équivalent de 2 euros.
01:58A peine de quoi se payer à manger pour la journée.
02:03Dans les années 90, il y avait bien plus de poissons.
02:06Tu allais en mer et tu gagnais 150-200 euros.
02:09Mais actuellement, rien que pour gagner 15 euros, c'est très difficile.
02:12Et encore, si tu arrives à gagner 15 euros,
02:15tu dois les partager avec tout l'équipage.
02:19Tu te maries, tu as des enfants,
02:22tu es toujours à la charge de tes parents.
02:25Mieux vaut mourir que de vivre cette vie-là.
02:28J'ai pris ma décision.
02:31A la prochaine opportunité de quitter le pays, je pars.
02:34Si je vois une pirogue, je m'en vais.
02:37Je suis prêt.
02:44Le Sénégal est pourtant le 2e producteur de poissons d'Afrique de l'Ouest.
02:47Avec des eaux réputées parmi les plus poissonneuses au monde.
02:50Mais aujourd'hui, les pêcheurs artisanaux souffrent
02:53à cause de la concurrence de chalutiers européens et chinois.
02:56Bon nombre d'entre eux, comme As,
02:59n'ont qu'une idée en tête.
03:02Rejoindre clandestinement l'archipel espagnol des îles Canaries,
03:05la porte d'entrée de l'Europe la plus proche du Sénégal,
03:081 500 km plus au nord.
03:11Le Sénégal est un des pays les plus pauvres du monde.
03:14Il est un des pays les plus pauvres du monde.
03:176 jours de navigation, dans le meilleur des cas,
03:20sur l'une des routes migratoires les plus dangereuses au monde.
03:23Les embarcations, souvent surchargées,
03:26voguent en haute mer pour éviter les gares de côte.
03:29Elles bravent le mauvais temps,
03:32risquent la panne moteur ou le naufrage
03:35et traversent une zone géographique dépourvue
03:38de tous services de secours.
03:41Malgré ces dangers,
03:44plus de 30 700 migrants sont arrivés aux Canaries cette année.
03:47Un record.
03:50Tous rêvent d'une vie meilleure en Europe.
04:02Cet espoir,
04:05Mustapha Diouf aussi l'a eu.
04:08Cet ancien pêcheur a failli périr en mer en 2006,
04:11en tentant la traversée vers l'Espagne.
04:1411 de ses compagnons de pirogue sont morts de soif ou de fatigue.
04:17Un traumatisme qui a suscité en lui une prise de conscience.
04:20Aujourd'hui, il consacre sa vie
04:23à lutter contre ces départs de pêcheurs.
04:41Il est 4h du matin.
04:44Mustapha nous emmène à Thiaroy-sur-Mer,
04:47le village de pêcheurs où il est né,
04:50pour assister à une scène qui se répète
04:53sur les côtes de tout le pays.
04:56C'est l'occasion pour lui
04:59d'entraîner la pêche.
05:02C'est l'occasion pour lui
05:05d'entraîner la pêche.
05:09Sur la plage,
05:12des jeunes préparent leur pirogue.
05:15Mais ils ne partent pas pour pêcher.
05:38On va partir aux îles du Canet,
05:41parce que c'est un point de départ.
06:08Ces petits équipages discrets
06:11partent chercher des migrants
06:14sur plusieurs plages des environs
06:17et embarqueront ensuite dans une grande pirogue,
06:20comme celle-ci.
06:23Alors que le jour commence à se lever,
06:26une quarantaine de personnes monte à bord.
06:29Parmi eux, plusieurs pêcheurs,
06:32mais aussi des hommes avec des sacs à dos
06:35Ils emportent des sacs de riz
06:38et des bidonbos.
06:41Ce qui l'attend, on le sait très bien,
06:44c'est le danger.
06:47Parce que ça ne veut pas dire
06:50que si tu prends une pirogue,
06:53tu arriveras aux îles du Canary.
06:56Il y a la tempête, tu peux disparaître,
06:59tu peux mourir.
07:02Il faut arrêter ça.
07:06Cette pirogue est arrivée aux îles Canary
07:09six jours plus tard,
07:12avec tous ses passagers sains et saufs.
07:28Pourtant, beaucoup n'arrivent pas
07:31à la destination.
07:34Ce patrouilleur de la marine sénégalaise
07:37rentre au port de Dakar avec 416 migrants à bord.
07:40Il a intercepté deux pirogues surchargées.
07:50Chaque personne a dépensé 500 euros en moyenne
07:53pour rejoindre l'Europe,
07:56en s'endettant parfois.
07:59Les migrants se cachent le visage
08:02pour dissimuler leur échec.
08:05L'armée sénégalaise affirme avoir intercepté
08:08cinq fois plus de migrants que l'an dernier.
08:11C'est vrai que cette année,
08:14on a concepté une hausse.
08:17Rien que cette semaine,
08:20nous avons intercepté six pirogues
08:23entre lundi et aujourd'hui.
08:27Notre rôle en mer,
08:30c'est d'intercepter ces pirogues,
08:33de les amener à quai.
08:36Maintenant, c'est à la police
08:39et donc les administrations compétentes
08:42qui vont mener l'enquête
08:45pour voir d'où viennent ces pirogues.
08:49Les policiers vont auditionner
08:52ces candidats à l'émigration au commissariat
08:55pour déterminer qui sont les organisateurs.
08:58Les simples passagers,
09:01considérés comme des victimes par les autorités,
09:04seront relâchés le soir même.
09:19Les passeurs, quant à eux,
09:22en courent jusqu'à 10 ans de prison,
09:25mais sont attirés par la padugue.
09:28Au Sénégal, ce sont les pêcheurs
09:31qui gèrent le trafic de migrants
09:34en petits réseaux informels.
09:37C'est le cas de cet homme d'une quarantaine d'années
09:40qui nous a donné rendez-vous sur un toit
09:43à l'abri des regards.
09:46Car il a déjà envoyé deux pirogues
09:49de 90 migrants vers les Canaries.
09:52Une opportunité, selon lui,
09:55de compléter ses revenus.
09:58Le rendement de la pêche diminue de plus en plus.
10:01On ne trouve presque plus rien.
10:04Le matin, tes enfants sont là,
10:07tu n'as rien à leur donner pour qu'ils mangent,
10:10tu n'y arrives pas.
10:13Très, très difficile.
10:16Ce sont ces difficultés qui nous poussent
10:19à prendre ce risque de devenir passeurs.
10:22Nous sommes entre 10 et 15 personnes
10:25et chacun a un rôle.
10:28Je m'occupe d'acheter la pirogue.
10:31Lorsque j'ai trouvé une pirogue,
10:34je cherche un moteur.
10:37Un autre s'occupe d'acheter du carburant,
10:40j'achète des réserves de nourriture
10:43jusqu'à ce que tout soit réuni.
10:46Je peux demander à un de mes gars
10:49de ramener 40 clients
10:52et à un autre de ramener 25 clients par exemple.
10:55Si tout fonctionne bien,
10:58j'ai gagné environ 11 000 euros.
11:01J'ai la conscience tranquille
11:04parce qu'on est des pêcheurs.
11:07Ma maîtrise de la mer,
11:10rien ne peut nous inquiéter.
11:13Profitez !
11:16Non, je ne profite pas de la situation.
11:19Ce sont eux, ce sont les gens qui veulent partir.
11:22Ce passeur nie toute responsabilité morale
11:25en cas d'accident.
11:28Il prétend rendre service
11:31et prévoit d'ailleurs d'embarquer avec sa famille
11:34sur la prochaine pirogue pour les Canaris.
11:41Il y a encore une dizaine d'années,
11:44une personne sur cinq vivait de la pêche artisanale au Sénégal.
11:59Dans les villages côtiers,
12:02plus de trois quarts des pêcheurs
12:05ont vu leur revenu chuter.
12:08Ici, le sujet de discussion principale
12:11n'est plus la pêche,
12:14mais comment réunir l'argent pour partir.
12:17Pour que les jeunes partent,
12:20leurs mamans vendent leurs bijoux,
12:23leurs objets de valeur.
12:26D'autres vont aux prêteurs sur gage pour pouvoir partir.
12:29Moi, si mon fils me dit qu'il veut partir,
12:32alors je l'encourage.
12:35Je veux que tout le monde parte d'ici.
12:38Vous voyez ces jeunes, ils sont comme mes enfants.
12:41S'ils partent, moi aussi j'en bénéficierai.
12:44Asse a déjà rejoint à deux reprises
12:47les îles Canaris clandestinement
12:50avant de se faire expulser à chaque fois.
12:53Malgré ses échecs, il reste déterminé à partir.
13:00Ici, c'est chez moi.
13:03Lui, c'est Mustapha.
13:06C'est mon fils.
13:09Voici ma femme.
13:12Et elle, c'est ma fille, Hawa.
13:17C'est bientôt l'heure du déjeuner.
13:20Au menu ce midi, riz sauce tomate.
13:23Ironie du sort, cette famille de pêcheurs
13:26n'a pas de quoi s'acheter de poisson.
13:31Tu ne peux pas être un lébou,
13:34maîtriser la mer, pêcher et vendre des poissons
13:37et te retrouver maintenant sans poisson pour manger.
13:43C'est une honte.
13:49Dans les familles, personne ne parle du jour du départ
13:52par superstition.
13:55Comme lors de ces dernières tentatives,
13:58Hass ne préviendra pas sa femme.
14:01Il ne nous avertira pas.
14:04Tu n'es au courant qu'au petit matin,
14:07tu poses des questions et on te dit qu'une pirogue est partie
14:10et tu te rends compte qu'il a embarqué dedans.
14:13La dernière fois, on s'est levé un beau jour
14:16et on nous a dit qu'ils étaient partis.
14:19On n'y peut rien.
14:26Je pars parce que je veux les aider.
14:29Si je réussis à aller en Espagne,
14:32que je trouve un travail et que je gagne de l'argent,
14:35j'enverrai mes enfants dans les bonnes écoles à l'étranger.
14:38Je veux qu'ils aient un avenir meilleur.
14:41C'est ça mon rêve.
14:44Donc les laisser ici pour partir travailler,
14:47ce n'est pas une honte.
14:50Je le fais pour eux.
14:56Pour payer son passage,
14:59Hass tente de vendre son bien le plus précieux,
15:02son filet de pêche.
15:14Pour comprendre pourquoi il y a de moins en moins de poissons
15:17dans les eaux sénégalaises,
15:20il faut suivre Abdoulaye Ndiaye,
15:23le responsable de la campagne océan de l'ONG Greenpeace.
15:36Il dénonce les accords de pêche
15:39entre l'Union européenne et le Sénégal,
15:42coupable selon lui d'une concurrence déloyale
15:45envers les pêcheurs artisanaux.
15:48Chaque année, ces bateaux européens peuvent prélever
15:51plus d'un million d'euros de pétons
15:54et 1750 tonnes de merlu dans les eaux sénégalaises
15:57en échange d'une contrepartie financière
16:00d'environ 3 millions d'euros.
16:03Une somme dérisoire payée au gouvernement sénégalais
16:06dont les villages côtiers ne profitent pas.
16:09Vous voyez ce navire-là,
16:12c'est un navire de l'Union européenne.
16:15Vous voyez le drapeau, c'est un bateau français.
16:18Pour le voir, regardez ce qu'il fait.
16:21Étant quelqu'un dans la communauté des pêcheurs,
16:24étant issu d'une famille de pêcheurs,
16:27mes parents étant des pêcheurs, mes jeunes frères,
16:30peut-être mes fils demain, ils seront des pêcheurs.
16:33Moi, j'ai un sacerdoce de me dire que je dois protéger
16:36cette mer pour les générations futures.
16:39Après une heure et demie de navigation,
16:42il localise ce tonnier.
16:46La loi sénégalaise interdit à ce type de navire
16:49de pêcher à moins de 6 000 nautiques des côtes,
16:52soit 10 km, pour préserver la pêche artisanale.
16:55Mais cette règle est souvent enfreinte.
16:58Ce qu'il faut, c'est d'avoir l'image
17:01de ce navire qui soit ensemble
17:04avec ses relevés GPS.
17:07Dès que tu as ça, tu prends la photo comme ça
17:10et personne ne pourra dire que le bateau n'a pas été là.
17:14Si ce bateau pêche en dessous des zones de 6 mailles,
17:17il est en infraction.
17:20C'est nous qui devons tout faire pour que ces informations-là
17:23puissent arriver aux autorités compétentes.
17:26Ce chalutier français n'est pas en train de pêcher.
17:29Il n'y a donc rien d'illégal.
17:32Les militants de Greenpeace n'enverront pas leurs photos
17:35aux autorités cette fois.
17:38Mais ils trouvent tout de même sa position
17:42Et voilà !
17:45Il y a une formation !
17:48Dès qu'ils voient des pêcheurs s'agiter autour du bateau,
17:51ils ont des craintes.
17:54C'est du pillage des Européens,
17:57c'est du bradage des Africains.
18:00Nos gouvernements bradent les ressources
18:03qui sont destinées à leur population.
18:06Les Européens viennent piller les ressources sénégalaises
18:09pour l'amener chez eux
18:12et laisser nos enfants dans une situation d'extrême pauvreté.
18:15Ce qui pousse certains de nos fils
18:18aujourd'hui à prendre les birogues
18:21et se dire qu'ils vont sortir de ce pays
18:24pour aller trouver des choses meilleures ailleurs.
18:27Donc vous ne pouvez pas prendre nos poissons
18:30et nous dire qu'il faut que vous reteniez vos enfants.
18:33Vous ne voulez pas de nos enfants chez vous,
18:36vous n'avez pas le droit de prendre nos poissons.
19:07Pourtant, aucun accord de pêche
19:10n'existe entre Dakar et Pékin.
19:13Ces navires utilisent des prêtenants locaux
19:16pour obtenir des licences de pêche sénégalaise.
19:21Un stratagème très répandu.
19:24Dans son bureau,
19:27Abdoulaye Ndiaye dispose
19:30d'un document officiel
19:33qui illustre ce manque de transparence.
19:36Il s'agit d'une licence de pêche
19:39attribuée le 18 juillet dernier
19:42à un chalutier chinois.
19:45Le ministre de tutelle
19:48s'était pourtant publiquement engagé
19:51à ne plus attribuer ce type d'autorisation.
19:54Mais ce document a fuité.
19:57C'est une licence d'un nom complètement chinoise.
20:00Ce bateau a demandé
20:03une licence sur une pêcherie
20:06qui est surexploitée.
20:09C'est pourquoi je dis que la responsabilité principale
20:12c'est de la responsabilité de l'État du Sénégal.
20:15S'il y a à eux de se dire
20:18que nous ne devons pas donner des licences n'importe comment.
20:21Greenpeace ainsi que
20:24toutes les autres organisations de pêche du Sénégal
20:27depuis plus de 5 ans demandent à l'État du Sénégal
20:30de publier le listing des navires de pêche industriels
20:33autorisés à pêcher au Sénégal.
20:36Le Sénégal ne l'a jamais publié.
20:39Pourquoi il ne veut pas le publier?
20:42Parce qu'il ne veut pas que les gens découvrent
20:45ce qu'il veut dire.
20:48Ce qui est sûr, c'est qu'il y a un bradage
20:51des ressources aléatiques sénégalaises.
20:54Que ce soit dans le cadre des accords
20:57que ce soit dans le cadre des licences.
21:00Au Sénégal, le sujet est sensible.
21:03Malgré nos relances,
21:06ni le ministère de la pêche sénégalais
21:09ni la délégation de l'Union européenne dans le pays
21:12il n'y a pas eu de problème d'interview.
21:15Face à cette hypocrisie des autorités,
21:18quelques militants se battent
21:21pour enrayer la crise migratoire.
21:24C'est le cas de Moustapha Diouf
21:27qui nous avait montré un départ de pirogues clandestines.
21:30Chaque jour, il parcourt les plages
21:33pour tenter de convaincre la jeunesse
21:36de rester au Sénégal.
21:39Bientôt, ils auront 30 ans,
21:4212 ans, ils vont se marier.
21:45Ils vont construire des maisons.
21:48Ils vont fonder des familles.
21:51Si toutes les jeunes prennent des pirogues
21:54et partent au sud du Canary,
21:57qui restera dans le pays
22:00pour développer le Sénégal ?
22:10Moustapha a créé une association
22:13qui propose à ses jeunes des formations gratuites.
22:39Aujourd'hui, le formateur leur transmet
22:42des bases de gestion,
22:45difficiles à assimiler pour de jeunes pêcheurs comme Atouman
22:48qui bien souvent ne savent ni lire ni écrire.
22:59Ces trois tentatives pour rejoindre les Canaris
23:02ont échoué, mais il s'accroche à son rêve
23:05en regardant les vidéos de ceux qui ont réussi.
23:10C'est ça l'avenir des jeunes.
23:13La moitié de mes amis sont partis.
23:16Tant que je vis, je ne me découragerai jamais.
23:19Même si je me fais refouler une quatrième fois,
23:22je tenterai une cinquième fois.
23:25Depuis tout petit, j'ai toujours travaillé en mer.
23:28Je ne suis jamais allé à l'école.
23:31Je pêche depuis toujours.
23:34Peut-être qu'on peut réussir ici,
23:37et moi ce que je crois,
23:40c'est que si je vois une pierre aux deux mains, je pars.
23:50Ces cinq dernières années,
23:53plus de 7000 personnes seraient mortes
23:56pendant la traversée entre le Sénégal et les îles Canaris.
24:02La majeure partie de ceux qui arrivent sur l'archipel espagnol
24:06est transférée dans des centres de rétention en Espagne continentale.
24:12Là-bas, leurs demandes d'asile sont la plupart du temps refusées.
24:17Ils deviennent alors des sans-papiers
24:20sous la menace d'une expulsion vers leur pays d'origine.
24:35Sous-titrage Société Radio-Canada
25:05Sous-titrage Société Radio-Canada