"RUBRIQUE DES FAITS DIVERS" / Une plongée dans le quotidien de ces journalistes qui nous racontent notre monde au travers des fait divers. Une profession à part avec ses codes, ses contacts et ses figures de style accrocheuses. Dans la presse quotidienne régionale leurs articles font toujours la une et le moindre évènement peut faire un bon papier. Une course à l’info et des méthodes qui suscitent parfois des critiques.
Comme dans l’affaire du petit Gregory où la pêche aux scoops a abouti à des drames.
Comme dans l’affaire du petit Gregory où la pêche aux scoops a abouti à des drames.
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00:00Frontière franco-belge, 4h32, le retour de boîte a tourné aux faits divers.
00:07La BM était en tournée, il y a un mort, il y a un assasin visé.
00:11La mission d'un journaliste sur ce type d'événement, faire le plein d'images et récolter le maximum de renseignements.
00:17Mais elle est arrivée d'où la voiture là, je comprends pas.
00:19Le journaliste fait diversier tentera de dépasser les limites qui lui sont imposées.
00:24Laissez votre commentaire maintenant, vous partez.
00:26Vous donnez un ordre, c'est une injonction, maintenant vous partez.
00:29Pour témoigner sur film ou papier du drame qui vient de se dérouler.
00:55Une banlieue bourgeoise de région parisienne.
00:58Le quartier est tranquille, mais la veille au soir, un homme a tué ses voisins et leurs invités pour des histoires de bruit.
01:054 personnes dont une femme enceinte ont péri criblé de balles sous les yeux de leurs enfants.
01:10Le drame a fait l'ouverture des JT de la matinée.
01:13Mais si tôt dans la journée, le frère du meurtrier n'a pas encore écouté les actualités.
01:19Justement c'est là le problème, c'est pour ça que je m'inquiète.
01:21Je vois des caméras partout, je vois la télé.
01:23Alors c'est pour ça que je...
01:30Ah là, ça m'inquiète sérieusement, on commence à m'inquiéter sérieusement.
01:34Le frère et sa femme sont venus rendre une simple visite de courtoisie à leurs proches.
01:38Ils arrêtaient pas de le harceler, remarquez.
01:42Alors comme il était un peu à la longue, il est devenu dépassé.
01:46Toutes les rédactions sont au courant depuis plusieurs heures.
01:49Mais le couple n'a même pas été prévenu.
01:51De nouveau, c'est un journaliste qui leur révèle l'épilogue du fait divers.
02:06Les dernières télévisions désertent les lieux.
02:08C'est vrai que ça a tout de suite beaucoup d'impact médiatique parce que ça suscite beaucoup d'émotions.
02:11Tout de suite 4 personnes qui se font tuer dans une réévidence comme ça, plutôt calme.
02:15Donc c'est quelque chose sur lequel on doit être présent.
02:17Faut essayer de pas trop en faire.
02:19On a les familles de victimes qui arrivent.
02:21On va pas faire des gros plans sur des gens en train de pleurer qui viennent d'apprendre la mort de leurs proches.
02:26Difficile toujours de positionner la balance.
02:29Faut pas trop en faire mais faut quand même être présent.
02:32Pour d'autres journalistes, le travail commence à peine.
02:35Bruno Lédion, le reporter du Nouveau Détective, un hebdo spécialisé fait divers, a besoin de beaucoup de matière sur l'affaire.
02:42Ici, pas de concierge mais c'est tout comme.
02:45Ce voisin a tout vu et tout entendu.
03:06Aucun mystère dans la chronologie des faits.
03:09Le meurtrier monte, il sonne, on lui ouvre et il fait feu à 11 reprises avant de retourner son arme contre lui.
03:19Les crimes les plus simples recèlent parfois une sombre ironie du sort.
03:23Un ingrédient classique pour pimenter le récit du fait divers.
03:27Le témoin est intarissable, Bruno Lédion commence à en savoir plus sur les victimes.
03:33Il était gentil, sympa.
03:35Il était bien.
03:37Elle travaillait à Vimemble.
03:39Et lui il était dans l'informatique je crois.
03:41Non pas l'informatique, il était dans les surveillance.
03:44Dans le système d'alarme.
03:46Il installait des systèmes d'alarme.
03:50Alors que Bruno poursuit ses investigations, il apprend que la rédaction a déniché une photo de la victime sur internet.
03:57Il faut recouper l'information.
03:59Direction un cybercafé avec le témoin dont la disponibilité semble sans limite.
04:05Je l'ai reconnu très tôt.
04:07C'est elle ?
04:08Non c'est pas elle.
04:09Pose de la cive et bikini.
04:11Il ne s'agit pas de la victime.
04:15Bon bah tant pis.
04:18Le fait divers suscite l'interrogation des riverains et la curiosité d'un autre kidam qui vient de loin.
04:244 morts.
04:25Ouais je sais.
04:26Et lui il s'est donné la mort par la suite.
04:29Oui c'est ça en vrai.
04:30Oui.
04:31Mais alors quand tu en reviens à bout, des fois on éclate.
04:34Vous habitez dans le coin ?
04:35Non.
04:36Je suis de passage.
04:37Vous êtes de passage ?
04:38Vous êtes venu exprès pour ça ?
04:40Oui.
04:41Je vais partout.
04:42Quand il y a un événement je vais partout.
04:45Vous êtes en train de filmer là ?
04:46C'est tout défait ?
04:47Oui.
04:48Je viens quand même sur les lieux.
04:49Parce que si je peux parler avec les gens je discute avec eux.
04:51Qu'est-ce qui vous fascine là-dedans ? Pourquoi vous venez en fait ?
04:55J'ai l'impression que c'est vous que ça fascine là.
05:00Le fait divers fait aujourd'hui l'objet d'études universitaires.
05:03Docteur en lettres, Marc Litz est professeur de communication à l'université de Louvain en Belgique.
05:09Il est directeur de l'observatoire du récit médiatique.
05:14Ceux qui font le carnet, ils font vraiment avec leur carnet, ils prennent des notes et il n'y a pas un nom qui manque.
05:19Il n'y a pas la couleur d'une façade qui manque.
05:22C'est un vrai travail d'investigation.
05:25C'est très écrit.
05:26Parce qu'on raconte un fait divers, c'est pas un récit comme les autres.
05:31Le fait divers c'est ce qui est vraiment lu parce que ça nous parle de ce qu'est notre vie.
05:35Ça met en scène nos peurs.
05:36Et on sait qu'on vit dans un monde très anxiogène et peut-être de plus en plus anxiogène.
05:39Qu'on a peur de ce qui peut arriver.
05:41Et que raconter ces histoires ou lire ce qui est raconté par le journaliste, ça me permet d'exorciser mes peurs.
05:45Une espèce de catharsis qui fait qu'en lisant cela, d'une part je me rends compte que ça arrive à d'autres.
05:50Et en même temps c'est un objet social parce que je peux en parler.
05:53Je vais faire mes courses sur le boucher.
05:54Tu as vu ce qu'il s'est passé dans le journal, ce qu'on a dit, on en discute.
05:57Ça me permet d'un peu réguler cette angoisse.
06:00Si on prend la presse régionale, l'essentiel des faits divers, c'est les accidents au coin de la rue.
06:04C'est le cycliste qui est tombé de son vélo.
06:06C'est la petite vieille qui s'est fait arracher son sac.
06:08C'est pas un événement qui a une ampleur extraordinaire.
06:11Un autre des traits du fait divers, c'est la proximité du quotidien des gens.
06:15Le centre-ville de Saint-Quentin, dans l'Aisne.
06:18Un événement retient ce matin l'attention des passants.
06:21Des travaux sur une canalisation.
06:23Et un conducteur qui n'a pas remarqué le trou occasionné sur la chaussée.
06:27Olivier est un fait diversier de l'Aisne Nouvelle, le journal local.
06:32La pêche aux infos commence.
06:34Première source en présence, la police municipale.
06:37Excusez-moi, vous savez qui conduisez ?
06:41Oui, le chauffeur, il doit être dans les parages.
06:44Il y a eu des travaux hier, donc ça sent quand même un peu de gaz.
06:49Olivier engage ensuite la conversation avec l'automobiliste distrait.
06:52Honnêtement, avec la zone d'ombre, vous ne le voyez pas.
06:54D'accord.
06:55Vous n'avez pas la zone d'ombre comme ça, là, tout à l'heure ?
06:57Ouais, ouais, ouais.
06:58Vous ne voyez pas qu'il y a un trou, honnêtement.
07:00Ok.
07:02Je peux juste vous demander votre âge, pour vous mettre dans les nouvelles.
07:05J'ai 58 ans.
07:07Le conducteur de 58 ans.
07:09Sauf malheureux, il a sa voiture qui en a pris un coup, mais bon, c'est pas...
07:13Puis ça attire du monde en s'entrevue.
07:15Voilà, on va faire un petit truc, c'est plutôt un fait divers.
07:19C'est un peu entre guillemets, quoi, sauf pour le monsieur, mais...
07:22Mais bon, plutôt insolite, on va dire.
07:25Petit événement dans l'histoire, ça sent le gaz.
07:28Peut-être une fuite.
07:29Des mesures sont pratiquées par les pompiers.
07:31Préventivement, l'Aisne Nouvelle,
07:33des mesures sont pratiquées par les pompiers.
07:36Préventivement, la rue est interdite à la circulation.
07:39Quelques photos s'imposent.
07:45Moi, je profite aussi pour faire quelques gros plans sur les pompiers,
07:47pour leur donner des photos.
07:50Ils aiment bien.
07:52Encore quelques questions à poser,
07:54et Olivier disposera de toutes les informations nécessaires
07:57à l'écriture de son papier.
08:04Lens, à une cinquantaine de kilomètres de Saint-Quentin.
08:08Au palais de justice, depuis le début de la semaine,
08:11on juge un homme pour le meurtre d'un autre.
08:14Parmi les principaux acteurs du procès,
08:16la fille de la victime, c'est la partie civile.
08:19Mon père.
08:23Qu'est-ce que vous attendez de ce procès ?
08:25Qu'il soit condamné à un maximum et qu'il souffre jusqu'à la fin de sa vie,
08:28comme moi, j'ai souffert de la perte de mon père.
08:30Les crimes de sang sont jugés par les tribunaux d'assises,
08:33des lieux propices à l'exacerbation des passions.
08:37Magali Filou est une autre journaliste de l'Aide Nouvelle.
08:40Elle couvre l'audience pour le quotidien.
08:42C'est le dernier jour d'audience aujourd'hui ?
08:44Oui.
08:45Le dernier jour, on va commencer le clé de la rue.
08:48Et on attend le verdict pour la soirée.
08:51On a retrouvé l'arme du crime
08:53qui figure parmi les pièces à conviction.
08:55Les faits ne sont pas contestés.
08:57Massacres aux pieds de biches,
08:59puis défenestration de la victime.
09:01L'affaire semble simple, mais le procès ne l'est pas.
09:04Notamment au regard de la condition mentale de l'accusé.
09:07Il a contracté une méningite à l'âge de 8 ans.
09:10Il s'est réveillé après 3 mois de coma
09:13et très lourdement handicapé.
09:15Il a par la suite connu une vie très difficile
09:18d'institution psychiatrique.
09:20On a l'avocat de la partie civile,
09:23qui représente la fille du défunt,
09:26qui pose très clairement la question
09:30de la capacité intellectuelle
09:33et de la capacité éventuellement à manipuler de l'accusé.
09:37C'est pas du tout facile à achever.
09:40J'aimerais pas être à la place des jurys.
09:44Dans le box, Carpentier David.
09:4935 ans.
09:51Sans profession.
09:53L'audience criminelle est en prise.
09:55Vous pouvez vous asseoir, mesdames, messieurs.
09:57Les journalistes présents ont pour mission
09:59de faire la chronique judiciaire.
10:01Leur compte-rendu d'audience ont-ils quelqu'un
10:03fluent sur l'issue du procès ?
10:05L'avocat de la défense a insurgé ainsi
10:07contre la Une de l'Aide Nouvelle
10:09quelques jours plus tôt.
10:11Une citation de l'accusé.
10:13Je suis un monstre, il l'a dit,
10:15mais pourquoi le sortir comme ça ?
10:174 colonnes à la Une, oui, en samedi,
10:19c'est-à-dire le jour du plus grand tirage.
10:22Alors bon, s'ils veulent vendre,
10:24qu'ils n'utilisent pas les gens les plus défavorisés.
10:27Pour moi, c'était un élément émotionnel
10:29très fort aussi du procès.
10:31Le choix qui est fait, c'est un choix
10:33dont on peut discuter chaque jour, jour après jour,
10:35de titre de Une. Après, c'est aussi
10:37les bonnes guerres. Chacun utilise
10:39les médias dans son propre intérêt.
10:41Or, probablement,
10:43effectivement,
10:45qu'un titre comme celui-là
10:47ne sert pas forcément les dessins
10:49de l'avocat
10:51de la Défense, qui d'ailleurs a fait,
10:53à mon sens, une plébiscite extrêmement humaine.
10:55En fin de journée,
10:57les débats sont terminés.
10:59Les jurés et la présidente du tribunal vont délibérer.
11:01Un temps mis à profit
11:03par les journalistes pour commencer
11:05la rédaction de leurs articles.
11:07La meilleure façon de traiter les Assises
11:09consiste à s'en éloigner sans doute.
11:11C'est-à-dire
11:13à ne pas être prisonnier des débats,
11:15à raconter
11:17ce qui se passe pour ceux qui sont là,
11:19mais surtout pour ceux qui n'y sont pas.
11:21Donc, quand il y a 5 experts
11:23qui défilent à la barre,
11:25si ce qu'ils ont à dire
11:27n'a aucun intérêt,
11:29on n'en parle pas.
11:31On est là pour raconter une histoire.
11:33Et il ne faut pas avoir honte de le dire et de l'expliquer.
11:35On raconte une histoire.
11:37Cette histoire touche à sa fin.
11:39Le verdict est tombé pour David Carpentier,
11:41reconnu coupable et condamné.
11:43Magali rentre au journal
11:45pour faire le point
11:47avec le secrétaire de rédaction.
11:49Réquisitoire 30 ans
11:51et peine
11:53verdict final 20 ans.
11:55C'était très fort.
11:57La Défense a fait un réquisitoire
11:59très humain
12:01où elle rappelait le fait
12:03que c'était un homme qui était jugé
12:05comme un monstre.
12:07Contrairement à ce qu'on a décrit.
12:09On l'a titré, mais c'est lui
12:11qui l'a écrit.
12:13Ça va faire la Une.
12:15Le titre de Une, c'est sûr.
12:17Le titre d'une fée d'hiver qui est en général
12:19consacrée aux fées d'hiver.
12:21Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de fées d'hiver.
12:23C'est un problème, des fois ?
12:25Ça se produit
12:27très rarement.
12:29Là, on est un peu surpris.
12:31C'est vrai que ça se produit très rarement.
12:33Donc là, du coup,
12:35on a retourné notre fée d'hiver
12:37de Une avec les Assises
12:39qui était un fée d'hiver assez important.
12:41Et dans le bandeau,
12:43où il y a toujours un fée d'hiver secondaire,
12:45on dira, entre guillemets,
12:47que là, ça sera un appel de sport.
12:49On va le consacrer au sport.
12:55Le lendemain,
12:57c'est une nouvelle journée d'actualité locale
12:59qui commence à l'aide nouvelle.
13:01Chaque matin, il est un rituel immuable
13:03dans le bureau du rédacteur en chef.
13:05Premier réflexe le matin,
13:07c'est pas de regarder mon canard,
13:09c'est de regarder la concurrence.
13:11En l'occurrence, l'Union
13:13et le Cour des Picards.
13:15Moi, ce qui m'intéresse,
13:17ce sont les sujets de local,
13:19mais aussi les fées d'hiver.
13:21En matière de fées d'hiver,
13:23ce que redoutent tous les journalistes,
13:25ce sont les ratages.
13:27Et là, manifestement, on n'en a pas.
13:29Non, tout ça, c'est pas du secteur.
13:31Comme de nombreux titres,
13:33l'aide nouvelle est originellement
13:35un journal de résistants.
13:37Fondé à la libération, le fée d'hiver
13:39a toujours occupé une place importante
13:41dans ses colonnes.
13:43Il y a deux façons de considérer les fées d'hiver.
13:45Soit c'est cette fameuse rubrique
13:47des chiens écrasés qui n'a aucune noblesse,
13:49soit c'est un baromètre
13:51social, sociétal,
13:53comme disent certains,
13:55de notre environnement.
13:57Dans la zone de diffusion de l'aide nouvelle,
13:59le monde rural est prédominant.
14:01Couvrir l'actualité des petites campagnes
14:03reculées nécessite l'emploi
14:05de journalistes non professionnels,
14:07les correspondants.
14:09On va voir Michel Berdal.
14:11Michel Berdal, c'est un
14:13correspondant qui est
14:15sur le
14:17canton du Catelet.
14:19Il couvre un secteur assez important
14:21pour nous, un secteur où
14:23la nouvelle
14:25est sans vraie concurrence.
14:27Et c'est un type
14:29qui a l'effet d'hiver chevillé au corps.
14:31Il adore ça.
14:35Il se lève la nuit
14:37pour aller couvrir les accidents.
14:39Il est copain avec un nombre incalculable
14:41de gendarmes.
14:43C'est sans aucun doute
14:45notre plus précieux correspondant
14:47en termes de féminité, ça c'est évident.
14:51Michel Berdal est en disponibilité
14:53de La Poste. C'est le type qui connaît
14:55tout le monde dans le coin, surtout les gendarmes
14:57et les pompiers. Chaque jour,
14:59il fait sa tournée. Cette nuit,
15:01un incendie.
15:03Un matelas était entreposé pas loin
15:05de la source électrique.
15:07Ah d'accord, donc c'est le matelas qui a
15:09dégagé pas mal de fumée.
15:11Donc là, le risque, c'est
15:13pour nous, le risque, c'est
15:15l'embrasement généralisé, s'on vend-t-il pas.
15:17Bah nous,
15:19on va pas dire que ça fait parler des pompiers de frais, non.
15:21Mais ça prouve qu'on est toujours là, qu'on est toujours présents
15:23par n'importe quelle heure, n'importe quel temps.
15:25Les gens sont capables de voir que les pompiers
15:27de n'importe quelle heure, on intervient.
15:37Retour au journal, dans le bureau des faits diversiers.
15:39Olivier se fait confirmer
15:41l'horaire de l'audience qu'il doit couvrir
15:43dans l'après-midi au tribunal de Saint-Quentin.
15:4515h ? Très bien, merci.
15:47Au revoir.
15:49Les crimes,
15:51les délits, le drame
15:53humain composent l'essentiel du quotidien
15:55dans les faits diversiers.
15:57Au fil des papiers et des années,
15:59le journaliste a appris à prendre du recul
16:01au regard de cette actualité particulière.
16:03Un des premiers accidents mortels
16:05que j'ai fait ici, sous la bâche,
16:07c'était une gamine.
16:09Une gamine de 4 ans.
16:11Un gamin de 3 ans,
16:13je me dis, là, on s'identifie.
16:15Après, c'est là qu'il faut garder le recul aussi.
16:17Je me dis, bon,
16:19ça va pas m'empêcher de dormir la nuit,
16:21il faut dire ce qu'il y a.
16:23Chaque fois que je sors d'un accident mortel,
16:25le premier effet, c'est que j'appelle ma femme et mon fils.
16:27J'ai besoin de me rattacher, de me dire, bon,
16:29tout le monde va bien chez vous ?
16:31Et après, ça repart.
16:33Au palais de justice de Saint-Quentin,
16:35Olivier retrouve Bernard Dordone,
16:37l'un de ses confrères
16:39travaillant pour un journal concurrent.
16:41Bonjour, monsieur Bernard Dordone.
16:43Ici, il croise les personnages
16:45parfois truculants qui peuplent l'univers
16:47de la justice ordinaire.
16:49Ça fait longtemps que t'étais devant ?
16:51Ça fait longtemps que tu étais là ?
16:53Ça fait dix minutes.
16:55T'as pas vu un noir sortir avec des menottes, par hasard, avec les keufs ?
16:57Oh, il y a longtemps.
16:59Parce qu'elle est tombée dans la même histoire que moi,
17:01et moi, en fait, au moment des faits, j'étais mineur,
17:03donc ça m'a sauvé.
17:05C'était quoi, ton histoire ?
17:07Vol de voiture avec accident, puis course par-dessus.
17:09C'est la totale, la totale.
17:11C'était là, il y a pas longtemps, hein ?
17:13Il y a un mois.
17:15Bon.
17:21Les faits divertis développent souvent
17:23une sévère addiction aux téléphones portables.
17:25Oui, commissaire.
17:27Une bonne dose d'ondes électromagnétiques est nécessaire
17:29avant le sevrage de l'audience.
17:31À l'étage,
17:33Olivier croise le nouveau procureur.
17:35Vous dire qu'on ne prend pas en compte
17:37l'aspect médiatique d'un dossier,
17:39c'est stupide. Pourquoi ?
17:41Parce qu'il y a évidemment des considérations d'ordre public.
17:43Si vous avez une affaire qui prend une ampleur
17:45ou donne le sentiment qu'au fond,
17:47justice n'a pas été rendue, le risque,
17:49c'est que nos concitoyens se fassent justice eux-mêmes.
17:51Donc il faut aussi intégrer dans nos pratiques judiciaires
17:53la nécessité d'une lisibilité
17:55de notre action
17:57pour éviter des difficultés.
17:59Avant le procès,
18:01les journalistes faits divertis attendent patiemment.
18:03Entre confrères, l'entente est cordiale.
18:05Même si le jeu de la concurrence
18:07consiste à sortir des infos que les autres n'ont pas.
18:09C'est fraternel.
18:11Sur le papier, oui.
18:15On a tous des couteaux, là, dans le dos.
18:17Non, enfin, en ce moment,
18:19on prend le café, on prend le poisson,
18:21mais sous le métier,
18:23chacun respecte son truc.
18:25C'est normal.
18:27Au programme de cet après-midi,
18:29un homme accusé d'avoir giflé
18:31une adolescente de sa cité.
18:33Il est jugé en comparution immédiate.
18:35C'est la justice express,
18:37censée désengorger les tribunaux.
18:39Le procès dure ultra-rapide,
18:41verdict dans moins de 2 heures.
18:43Quand vient le délibéré,
18:45c'est l'heure de la popote avec les policiers.
18:47Sujet brûlant du moment,
18:49un félivère sensible,
18:51une vreubie galeuse chez les poulets.
18:53La couverture de l'affaire
18:55avalue à tous les féliviers séduits crus
18:57l'interdiction d'entrer dans les commissariats de police
18:59de la région.
19:01L'affaire, effectivement,
19:03qui aboutit à la mise en examen
19:05et au placement en détention d'un policier.
19:07À la suite de la couverture
19:09de ce félivère,
19:11il a été manifestement décidé
19:13que les journalistes n'avaient plus
19:15l'autorisation de pénétrer dans les commissariats.
19:17Ça perdure en tout cas depuis l'été.
19:19Et ça ne facilite pas
19:21le travail des féliversiers.
19:23Et c'est une pratique quand même assez lamentable.
19:27Fin de l'audience et verdict,
19:29la claque vaut 8 mois ferme à l'accusé.
19:31Précision d'importance,
19:33une mention d'homicide figurait déjà sur son casier.
19:35Il s'attendait à prendre ses quartiers
19:37à la maison d'arrêt.
19:45Après la fin de l'audience,
19:47la journée d'Olivier est encore loin d'être terminée.
19:49Première étape, une rapide tournée
19:51chez les pompiers.
19:53Juste le temps de prendre quelques notes sur une intervention
19:55des sapeurs dans un cours d'eau.
19:57Pollution de 300 litres de fioul déversée
19:59suite à...
20:01suite à une citerne
20:03qui a débordé.
20:07Mais ce qu'attendait vraiment Olivier aujourd'hui,
20:09c'est son rendez-vous avec le commissaire de Saint-Quentin.
20:11Il a contourné
20:13l'interdiction faite aux journalistes
20:15de pénétrer dans les commissariats.
20:17Ça faisait longtemps que tu n'étais pas rentré dans ce commissariat.
20:19Dans le Saint-Dessin.
20:21Ça fait plusieurs mois.
20:23Là, j'y vais pour un truc institutionnel,
20:25pour présenter les journées de la sécurité intérieure qui ont lieu samedi.
20:27Donc officiellement, je n'y vais pas
20:29pour la tournée des félivers.
20:31Le hall d'un commissariat
20:33est une source d'informations à lui tout seul.
20:35J'ai un petit oreille qui traîne.
20:37T'as déjà sorti des choses
20:39à partir des infos que t'avais...
20:41Ah oui, j'ai un exemple en tête où il y avait
20:43des familles à pleurer. Ils ont vu ce qui se passait.
20:45J'étais mort.
20:47Oh, il y a mon fils.
20:49Il y en a un qui a sorti son... L'année nouvelle.
20:51Qui a sorti son zizib
20:53pour mon fils, etc. Puis tout le monde était affolé.
20:55Effectivement, il y avait un exhibitionniste
20:57qui traînait aux abords d'un collège.
20:59Donc le lendemain, un papier,
21:01tout seul à l'avoir.
21:03Par exemple, il m'a fait des raquettes.
21:05Pas grand-chose, mais bon.
21:11Ça va ?
21:13Olivier a rendez-vous avec le commissaire
21:15de Saint-Quentin en personne.
21:17Nicolas Boileau, 32 ans.
21:19Ce n'est pas lui qui a pris la mesure de bannissement
21:21des journalistes, mais son supérieur hiérarchique.
21:23Nicolas a introduit la conversation
21:25par un papier dont il n'est pas très satisfait.
21:27À partir du moment où il y a marquage au sol,
21:29la place n'est que pour les personnes en mobilité réduite.
21:31Tranche, la police de Saint-Quentin.
21:33Quand il veut contacter, il est bien gentil,
21:35mais comme il n'y a que moi qui parle à la presse,
21:37je sais très bien qu'il n'a pas appelé ici.
21:39Non, non, je pense qu'il...
21:41Ne mettez pas ça dans la poubelle comme ça.
21:43Du coup, s'il...
21:45Il n'y a pas de fait divers, police.
21:47Au fil du temps et de l'actualité judiciaire qui passe,
21:49une certaine complicité s'est installée
21:51entre le policier et le journaliste.
21:53De toute façon, je ne suis pas là pour les faits divers.
21:55Non, mais si vous ne voulez pas les faits divers,
21:57de toute façon, vous vous en foutez, vous recopierez dans l'Union.
21:59Ha, ha, ha !
22:01Oui, je recopierai mieux, sans les fautes.
22:03Oui, oui.
22:05Très vite, Olivier embraye
22:07sur la tournée des faits divers.
22:09Mais la discussion est interrompue par un coup de fil familier.
22:11C'est le fait diversier de l'Union...
22:13Monsieur Dordogne.
22:15...qui vient aux mauvaises nouvelles.
22:17Monsieur Dordogne, le cadre garde à vue
22:19pour la tentative de vol en Réunion, si tu comprends.
22:21Quatre fois jeunes qui ont pénétré
22:23leurs yeux sont en train de voler
22:25le cuivre.
22:27Et au quel âge, parce qu'il ne pose pas les bonnes questions ?
22:2918 ans, pour les trois, et c'est le quatrième mine.
22:31OK, merci.
22:33A plus. Bye.
22:37Quand c'est une information police,
22:39on donne la même chose à tout le monde.
22:41Par contre, quand ils ont,
22:43et sur une ville comme Saint-Quentin,
22:45où la concurrence est rude,
22:47une information au départ, et que c'est eux qui posent la question,
22:49on protège la question qu'ils ont posée.
22:51Donc, même si c'est une information
22:53ou une affaire qu'on avait l'intention de donner au départ,
22:55on ne la donne pas forcément aux autres.
22:57Est-ce que la presse peut être
22:59une entrave à votre fonctionnement quotidien ?
23:01Quand on est sur une affaire en flagrant délit
23:03et que les journalistes
23:05sonnent et font l'enquête de voisinage
23:07avant même qu'on ait terminé le constatation
23:09et qu'on ait commencé,
23:11qu'ils ont déjà traumatisé,
23:13entre guillemets, ou en tout cas,
23:15longuement questionné les témoins
23:17avant même qu'on ait connaissance qu'il y avait des témoins,
23:19oui, ça nous pénalise,
23:21parce qu'il arrive même,
23:23quand ils sont particulièrement retorts,
23:25qu'on ait les déclarations de témoins
23:27dans la presse le lendemain,
23:29sans même que nous, on ait encore identifié le témoin.
23:31Bon, ça arrive rarement,
23:33mais ça arrive sur quelques faits divers,
23:35importants. Là, c'est un peu pénalisant.
23:37Il est maintenant temps d'évoquer
23:39les détails de la journée de promotion de samedi.
23:41Nicolas Boileau compte beaucoup
23:43sur la presse locale pour médiatiser l'événement.
23:45C'est une des clés du succès de cette opération.
23:47Toujours le volet recrutement,
23:49parce que ça reste des institutions
23:51qui recrutent beaucoup,
23:53même si en ce moment, un peu moins,
23:55mais qui ont toujours
23:57un recrutement assez important.
23:59Et puis, on aura une tente,
24:01quoi de nous,
24:03une grosse tente sur la polytechnique et scientifique.
24:07Le jeune commissaire et le journaliste trentenaire
24:09semblent conscients d'appartenir en fait
24:11à un même monde, le complexe médiatico-judiciaire.
24:13Allez, bonne soirée.
24:17Reims, c'est sa cathédrale.
24:21Dans la ville du Champagne,
24:23une autre institution, le journal L'Union.
24:25Un grand quotidien régional
24:27comptant plus d'une centaine de journalistes salariés.
24:29Fort d'une dizaine de reporters
24:31et d'un photographe attitré,
24:33le service des faits divers est bien doté.
24:35Éric Lenné est l'un de ses responsables.
24:37Pour ce reporter chevronné pas de mystère,
24:39le Turbin,
24:41c'est d'abord sur le terrain que ça se passe.
24:43C'est une histoire, donc il faut essayer de la mettre en scène,
24:45d'amener le lecteur
24:47sur le terrain et dans le fait divers.
24:49Pour ça, il faut beaucoup de détails.
24:51C'est aussi pour ça qu'il faut aller sur le terrain
24:53et qu'il faut essayer de recueillir un maximum d'éléments
24:55pour essayer de recréer une ambiance
24:57et essayer de mettre le plus possible le lecteur
24:59dans cette ambiance-là.
25:01Direction Soissons, sur le terrain d'un braquage,
25:03avec Aurélie Brossard,
25:05une journaliste du service.
25:07Directement, elle se rend chez la victime,
25:09un commerçant qui tient un hôtel-bar.
25:11C'est magnifique, il n'y a pas de lumière.
25:13On a appris
25:15que vous aviez été victime d'un vol
25:17avec violence hier.
25:19Oui, on voulait savoir
25:21s'il serait possible...
25:23Vous nous racontiez un petit peu comment ça s'est passé.
25:25Non, je ne veux pas que ça apparaisse dans le journal.
25:27J'ai été au commissariat ce matin et j'ai
25:29dit au commissaire de police que je ne voulais pas
25:31que ça apparaisse dans le journal.
25:33Ça ne marche jamais comme ça. Les policiers, les gendarmes
25:35ne doivent pas nous interdire de faire un papy
25:37quand on a l'information.
25:39Faites un article, mais je ne ferai pas de déclaration dessus.
25:41D'accord.
25:43Est-ce que vous avez peur ?
25:45J'ai un peu peur, oui, parce que quand vous
25:47vous retrouvez avec un couteau sous la gorge
25:49et qu'on vous pique ce qui a piqué,
25:51forcément, vous n'avez pas envie que ça se sache.
25:53Et je n'ai pas envie que ça recommence.
25:55Ok, on ne vous embête pas plus longtemps.
25:57Merci, au revoir.
25:59Pour plus d'infos,
26:01l'enquête de voisinage, l'armurier,
26:03bonne idée.
26:05On voulait savoir si vous aviez vu ou entendu
26:07quelque chose.
26:09J'ai vu plusieurs commerçants.
26:11Des petits braqueurs sans importance
26:13pour la police.
26:15Ok, on ne vous embête pas plus longtemps.
26:17Merci.
26:19Au revoir.
26:21Aurélie n'est pas du genre à abandonner
26:23facilement une source d'informations potentielles.
26:29Mais dans ce bar du coin,
26:31on fait celui qui n'entend pas.
26:33Qu'à cela ne tienne,
26:35la récolte se poursuit au garage d'à côté.
26:37Ils vous ont dit quoi, alors,
26:39le pousser quand ils sont passés l'inspecteur ?
26:41Parce qu'ils sont allés chez Midas demander des pneus.
26:43Après, ils ont été chez l'armurier. Est-ce qu'il est pareil ?
26:45Oui, plusieurs fois, visiblement, ils ont été chez l'armurier.
26:47Entre la jeune femme
26:49et le fait divers, c'est une histoire qui remonte
26:51à l'enfance.
26:53Quand j'étais toute petite,
26:55je...
26:57Quand j'étais en CP,
26:59je commençais à apprendre à lire,
27:01je lisais La Voix du Nord
27:03et les pages fait divers sur les jeunes mots en papier.
27:052 heures de terrain plus tard
27:07et la journaliste en sait maintenant un peu plus
27:09sur la façon dont ont opéré les malfaiteurs.
27:11Il est temps de rentrer à la rédaction.
27:17Son bureau se trouve à Lens,
27:19où l'union dispose d'une agence.
27:21Elle doit d'abord joindre le commissaire de Soissons
27:23pour confronter son enquête de terrain
27:25à celle effectuée par la police.
27:31Le fait qu'ils aient opéré
27:33une page découverte, pour vous, ça veut dire quoi ?
27:35Ça veut dire que...
27:39Non, je pense que ça va faire une ouverture,
27:41ce que nous, on appelle une ouverture, une tête.
27:43C'est le papier principal.
27:4518h,
27:47c'est l'heure de la réunion dans le bureau
27:49du responsable de l'édition départementale
27:51pour faire le point sur les faits divers du jour.
27:53L'un l'a menacée
27:55avec un couteau sous la gorge.
27:57L'autre a mis la main
27:59dans son pantalon
28:01qui contenait 1500 euros.
28:03Pas d'appel à témoin.
28:05Les autres faits diversis du secteur
28:07ont déjà fait leur rapport au chef de l'édition.
28:09Nous cherchons à savoir
28:11si le quartier est sous la coupe
28:13d'un pyromanpa, 51, oui.
28:15Et il y a une autre petite histoire d'un Roumain
28:17qui a volé du matériel Iphone
28:19dans une grande surface pour 2000 euros.
28:21Allez, allez.
28:23Aurélie commence la rédaction de son article.
28:25L'écriture, une gymnastique quotidienne.
28:27Un journaliste de presse régionale
28:29noircit des centaines de pages chaque année.
28:31Marie-Pierre Duval
28:33est secrétaire de rédaction, SR.
28:35Un maillon essentiel
28:37de la chaîne de réalisation d'un journal.
28:39Les SR hiérarchisent l'information
28:41et sont également en charge
28:43de la vérification des papiers.
28:45En SR expérimenté,
28:47Marie-Pierre accorde une attention particulière
28:49aux faits divers.
28:51La journée des faits diversis, elle commence de bonne heure,
28:53elle se termine très tard et puis on est toujours
28:55au plus près de l'info, donc on cherche toujours
28:57les dernières informations et c'est la difficulté
28:59parce que justement, ce sont des papiers
29:01sensibles, des papiers qui sont très lus
29:03où on peut déraper très vite
29:05et qu'on reçoit, qu'on traite dans l'urgence.
29:07On a quand même régulièrement des petits détails
29:09à remettre, la présomption d'innocence
29:11et le respect de la victime aussi.
29:13Moi je suis très à cheval là-dessus, j'aime pas beaucoup
29:15les identités de victime parce que déjà on est victime
29:17c'est pas la peine de l'être deux fois.
29:19Il est 23h15,
29:21Aurélie baisse les stores,
29:23ferme les portes et éteint les lumières
29:25avec la force de l'habitude.
29:27Demain est un autre jour.
29:37Le lendemain,
29:39direction Saint-Quentin.
29:41Des pompiers s'affairent à la désincarcération
29:43d'une victime d'un accident de la route.
29:45D'autres sapeurs habillés en bibendum
29:47interviennent sur une alerte pollution chimique.
29:49C'est la foi rentrée d'hiver.
29:51De simples exercices bien sûr.
29:53Les badeaux sont en fait des spectateurs
29:55et les blessés,
29:57de jeunes acteurs.
29:59C'est la journée de la sécurité et de la prévention.
30:01La grande kermesse des ping-pong,
30:03casquette képi et giro de thon.
30:05Il fait beau
30:07et les démonstrations reçoivent les faveurs
30:09des Saint-Quentinois.
30:11Comme vous pouvez le constater en direct,
30:13le dépistage alcoolique s'est révélé positif.
30:15Le conducteur du véhicule
30:17est particulièrement récalcitrant,
30:19nécessitant une intervention
30:21musclée des fonctionnaires de police
30:23qui parviennent finalement
30:25à le maîtriser.
30:27Parmi les spectateurs, on retrouve Aurélie et Olivier
30:29qui sont évidemment de la partie.
30:31C'est un peu de la com, je ne vais pas se cacher.
30:33C'est de la com pour eux mais bon,
30:35c'est la partie du jeu.
30:37Il s'agit de bien retranscrire ce qu'ils ont fait.
30:39Il ne faut pas se tromper, donc ils ne mettent pas un gendarme
30:41à la place d'un policier et vice-versa.
30:43On a déjà eu le coup l'année dernière.
30:45Au détour d'un exercice,
30:47Aurélie, la fée diversière de l'Union,
30:49en profite pour discuter
30:51avec le directeur départemental de la sécurité publique.
30:53C'est lui qui a banni
30:55les journalistes des commissariats de la région
30:57et il n'a pas souhaité s'exprimer devant notre caméra.
31:01Mais Nicolas Boileau,
31:03le commissaire de Saint-Quentin,
31:05lui, se prête volontiers au jeu des photos et de la promo.
31:09Ça fait deux ans, oui.
31:11Enchanté.
31:13Enchanté.
31:19Une zone industrielle de Reims.
31:21L'Union y dispose d'un bâtiment
31:23qu'on appelle l'usine.
31:25La nuit commence à peine.
31:27Ici s'établit la réalisation finale
31:29du journal.
31:31Chacune des pages est traitée selon une chaîne
31:33dont les maillons sont des journalistes
31:35ou des techniciens.
31:37Les unes sont visées avec un soin particulier.
31:39C'est bizarre que sur l'autoroute
31:41ils soient plus gros que les 100 000 euros de coques, non ?
31:43Ou alors je fais 100 000 euros en gros
31:45et deux coques, c'est ça ?
31:47Ou alors je fais 100 000 euros en gros
31:49et deux coques sur l'autoroute en plus petit.
31:51Donc je lui ai demandé d'inverser,
31:53de mettre plus gros 100 000 euros de cocaïne
31:55et sur l'autoroute en plus petit.
31:57L'autoroute n'est pas très intéressante.
31:59100 000 euros de coques, ça devient un peu plus intéressant.
32:03L'Union, c'est neuf éditions différentes
32:05d'un même titre.
32:07Quant à l'impression, il suffit d'emprunter la porte d'à côté.
32:09Voici l'engin.
32:11Une rotative flambe en oeuvre.
32:1325 millions d'euros investis
32:15par le groupe R100 Médias,
32:17disque région de la presse française
32:19qui détient des dizaines de quotidiens
32:21et périodiques régionaux.
32:23D'ailleurs, outre l'Union, ici,
32:25on imprime également la quasi-totalité
32:27des autres journaux du coin.
32:29En fait, on a regroupé tous les journaux de la région.
32:31Champagne-Ardennes.
32:33On n'a plus les petits journaux qui sont un peu disséminés.
32:35C'est terminé.
32:37On n'a plus les petites entreprises familiales
32:39qui faisaient leurs petits journaux
32:41pour son département ou pour sa ville.
32:43C'est une politique actuelle.
32:45Une petite entreprise, aujourd'hui,
32:47qui avait un journal,
32:49elle ne pouvait plus vivre.
32:51Ce n'était pas possible.
32:53Par rapport à ce que ça demande comme modernisation,
32:55c'est des moyens énormes.
32:57Seul un gros groupe peut investir dans des moyens.
32:59Le regroupement ou la mort,
33:01voilà résumé la donne de l'économie
33:03de la presse régionale
33:05entre crise du lectorat et concurrence de nouveaux médias.
33:07Dans la morosité ambiante,
33:09l'effet d'hiver contribue à doper les ventes
33:11jusqu'à son dernier souffle
33:13s'il survient un jour,
33:15la presse écrite s'accrochera à sa rubrique fétiche
33:17parce que c'est aussi par la grâce
33:19du fait d'hiver
33:21que la presse moderne est née.
33:27Serge Gard est journaliste
33:29spécialisé dans l'histoire des faits d'hiver
33:31à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages.
33:33Ça, c'est la page des faits d'hiver.
33:35Les anciens numéros du Petit Journal
33:37et de son édition parisienne,
33:39Le Petit Parisien,
33:41lui sont précieux dans ses travaux.
33:43Premier quotidien à très grand tirage,
33:45c'est un titre emblématique
33:47de la presse française
33:49qui a fondé son succès sur le fait d'hiver.
33:51Un fait d'hiver à Pantin,
33:53il y aura 5 victimes
33:55qui va faire
33:57exploser
33:59les ventes du Petit Journal.
34:01Dans les locaux du Petit Journal,
34:03la veille d'une exécution,
34:05il y avait un calico
34:07qui annonçait l'exécution.
34:11L'affaire Tropman en France,
34:13une affaire célèbre vers 1865-1864,
34:15va faire monter
34:17de 100 000 exemplaires
34:19le Petit Journal
34:21quand ils se mettent à suivre
34:23ce crime, qui est un crime où il y a eu
34:25plusieurs cadavres aux portes de Paris.
34:27Le journal, voyant cela,
34:29va mettre en feuilleton l'enquête
34:31qui va se tenir, parce qu'on ne saura jamais
34:33exactement ce qui s'est passé.
34:35On sait que le crime, ça marche bien
34:37et qu'on peut le tenir plusieurs jours.
34:39On n'hésite pas d'en parler le jour où ça arrive
34:41et qu'on crée du feuilleton.
34:43L'enquête sur le meurtre du petit Grégory
34:45semble ce soir toucher près de son but.
34:47Le juge d'instruction a décidé
34:49de la remise en liberté de Bernard Laroche.
34:51Jean-Marie Villemin a tué Bernard Laroche.
34:53Christine Villemin a été arrêtée cet après-midi.
34:55Christine Villemin n'est plus accusée
34:57de l'assassinat de son fils.
34:59Toutes les caméras tournent.
35:01Il y a des caméras directes, là ?
35:03Ensuite, radio et télé,
35:05vous prendrez Madame Laroche les uns après les autres.
35:0725 ans que cela dure.
35:09Le petit journal peut aller se rhabiller.
35:11Record de longévité
35:13pour un feuilleton à succès.
35:15Le meurtre d'un enfant revendiqué par un corbeau
35:17marque le début
35:19d'une partie de Cluedo
35:21jouée dans des montagnes secrètes.
35:23Les journalistes qui sont entrés dans ce fédivère
35:25ultime ont vu leur vie bouleversée.
35:27Correspondant de libération
35:29dans l'est de la France au début des années 80,
35:31Denis Robert est l'un d'entre eux.
35:33Quand tu vis ce type d'événements,
35:35ça te forme,
35:37ça change ta manière de voir le monde
35:39et le journalisme en particulier.
35:41Soit tu pètes un plomb,
35:43tu changes de métier, tu fais une dépression,
35:45ce qui est arrivé à certains d'entre nous,
35:47ou soit ça te donne
35:49un rapport à l'information
35:51et à la vérité
35:53qui est quand même très particulier.
35:55Tu comprends que la vérité,
35:57c'est jamais où on te montre.
35:59C'est toujours là.
36:01Regardez le doigt.
36:03Tout commence le 16 octobre 1984
36:05au cœur du petit village de Dossel
36:07que traverse une rivière
36:09devenue célèbre.
36:11Sur ses berges,
36:13un photographe nommé Patrick Gless
36:15flashe en rafale dans la nuit,
36:17le doigt enfoncé sur son déclencheur.
36:19Le scoop qu'il réalise est un détonateur médiatique.
36:21Son auteur travaille toujours
36:23pour le même journal régional à Epinal,
36:25mais ne s'exprime jamais sur le sujet.
36:27Pour les 20 ans de l'affaire,
36:29il a néanmoins raconté l'histoire
36:31de cette photo de presse exceptionnelle
36:33à son collègue des faits divers.
36:35Arrivé à l'entrée de l'éponge,
36:37il croise une fourgonnette de gendarmerie.
36:39Là, il suit la fourgonnette, le réflexe,
36:41il suit la fourgonnette qui l'amène à Dossel.
36:43Là, il voit un pompier, il lui demande ce qui se passe
36:45et on lui annonce qu'on vient de retrouver le gamin.
36:47Alors il sort son appareil photo
36:49et il a un appareil photo, pour l'anecdote,
36:51le flash marche une fois sur dix.
36:53Il shoot, il shoot, il shoot, il shoot,
36:55il revient au canard pour faire développer
36:57ses photos et en développant,
36:59il a un choc parce qu'il s'aperçoit
37:01que les pieds et les poignets
37:03d'enfants sont liés
37:05avec des cordelettes.
37:07Donc c'est là qu'il comprend que c'est un crime.
37:09Très rapidement, toutes les rédactions nationales
37:11dépêchent des dizaines d'envoyés spéciaux.
37:13Les médias sont accros
37:15et bien nourris en infos par l'institution judiciaire.
37:17Le capitaine de gendarmerie
37:19fait une conférence de presse
37:21une fois par jour, voire
37:23deux fois par jour, et le procureur à la République
37:25met son plus beau nœud papillon en disant
37:27c'est une affaire extraordinaire,
37:29c'est une tapisserie.
37:31Bernard Laroche, le cousin, n'est pas
37:33le premier suspect et ne sera pas non plus
37:35le dernier. Son arrestation
37:37à l'usine en bleu de travail relève de
37:39l'échafaud médiatique. Les journalistes
37:41répondent en masse à la convocation
37:43des gendarmes pour la mise au fer
37:45du prisonnier. Gérard Welser
37:47devient son avocat. Et moi, quand je vais voir
37:49Laroche à la présidence AP en 84,
37:51je ne connais que ce qu'il y a dans la presse
37:53et je le crois coupable.
37:55Trois mois plus tard, Bernard Laroche
37:57est libéré. Aucune preuve formelle
37:59n'est relevée à son encontre, mais
38:01une partie de la presse reste persuadée
38:03de sa culpabilité et continue
38:05de colporter cette hypothèse,
38:07notamment auprès du père de Grégory.
38:09Et la libération de Bernard Laroche,
38:11qu'est-ce que vous en pensez ?
38:13On verra que c'est prévu. Pardon ?
38:15On verra que c'est prévu.
38:17Fou de vengeance, ce dernier
38:19se rend chez son cousin et le tue.
38:21Il y a eu une faute collective
38:23de la presse.
38:25Et donc,
38:27Jean-Marie Widemain, au moment où il appuie
38:29sur la gâchette, il est
38:31chauffé à blanc. Il y a eu
38:33indiscutablement des dérapages
38:35émanant ou des avocats
38:37ou des journalistes ou des deux.
38:39Il y a eu des comportements parfois
38:41regrettables, il y a eu des excès,
38:43il y a eu des fautes commises
38:45et je crois que
38:47dans toute objectivité, nous devons
38:49les uns et les autres battre loyellement
38:51notre culpe.
38:53Laroche a battu, le fait divers du siècle
38:55en appelle à de nouveaux développements pour durer.
38:57Et à un nouveau suspect.
38:59Pourquoi pas la mère, Christine Villemin ?
39:01Le scénario rêvé.
39:03Christine Villemin a, elle aussi,
39:05beaucoup changé. Hervé Brusini.
39:07C'est vrai qu'elle a changé, Christine Villemin.
39:09Aujourd'hui, elle semble inébranlable,
39:11presque dure.
39:13Chaque jour, à la une de l'actualité,
39:15sa silhouette noire, traquée par la presse.
39:17Sans répit. Aucun.
39:19Bien sûr, ça me choque.
39:21On m'a pris mon gamin et comme c'est là,
39:23les rumeurs sont toujours après moi
39:25et puis que sans rien, j'ai rien à me reprocher.
39:27Pas l'ombre d'une preuve.
39:29Aucun mobile.
39:31Mais durant plusieurs années, toute la France
39:33va fantasmer sur l'horrible mère infanticide
39:35avant qu'elle ne soit mise
39:37totalement hors de cause.
39:39L'affaire Villemin, c'est avant tout
39:41l'histoire d'un formidable naufrage judiciaire.
39:43La gendarmerie avait sa thèse,
39:45la police avait sa thèse, qui évidemment
39:47était contraire à ce qu'on s'opposait.
39:49En fait, on est arrivé à un fiasco complet.
39:53Dans cette instruction à rebondissement,
39:55le moindre mouvement des enquêteurs
39:57est immédiatement détecté par les journalistes.
39:59Il y avait un nombre de suspects restreints
40:01dans un territoire restreint qu'on pouvait écumer.
40:03Il n'y avait pas besoin d'être un service de police
40:05qui avait un maillage sur toute la France.
40:07Un seul journaliste, deux journalistes
40:09pouvaient, aux portes à porte,
40:11essayer peut-être de trouver des indices
40:13et de démasquer le coupable.
40:15Effectivement, ils se sont pris
40:17pour des roule-tapis.
40:19Dès que les gendarmes interrogeaient quelqu'un,
40:21posaient des questions,
40:23les personnes qui n'avaient pas
40:25une grande expérience de la presse,
40:27en parlaient autour d'eux,
40:29les journalistes étaient au courant des confidences.
40:31Donc l'information circulait,
40:33puis elle sortait très vite.
40:35Il y avait des concurrences entre médias.
40:37Les journalistes sont divisés
40:39en deux groupes bien distincts,
40:41les pro-La Roche et les pro-Villemins.
40:43Chacun est persuadé de la culpabilité
40:45de la mère ou du cousin.
40:47En disposant d'un homme dans les deux parties,
40:49Paris Match a tout compris.
40:51Et pour que le choc des photos égale vraiment
40:53le poids des mots,
40:55l'hebdo de Daniel Filippacchi
40:57va négocier des exclusivités avec les avocats,
40:59notamment Maître Garraud,
41:01le conseil parisien des Villemins.
41:03Les avocats de Christine et Jean-Marie Villemins
41:05ont eu un rôle absolument considérable,
41:07c'était la rumeur autour de la mère,
41:09par la vente des photos,
41:11par le trafic qu'ils ont fait en coulisses.
41:15Ils ont fabriqué complètement
41:17une image fausse de Christine Villemins
41:19pour toucher des honoraires.
41:21C'est aussi simple que ça.
41:23Cet argent,
41:25dont Maître Garraud a pu
41:27trouver l'origine,
41:29a pu bénéficier aux Villemins
41:31dans la mesure où, à l'époque,
41:33Jean-Marie Villemins était incarcérée.
41:35Il fallait que
41:37Christine Villemins puisse vivre.
41:39Durant plusieurs mois,
41:41une bonne centaine de journalistes parisiens
41:43vont s'établir à demeure à Epinal,
41:45avec certaines conséquences sur l'économie locale.
41:47En 30 ans de Tarantelle,
41:49je n'ai jamais revécu
41:51cet esprit
41:53et cette ambiance,
41:55où arrivent une centaine,
41:5780 à 100 personnes tous les soirs.
41:59La frigorie, avec tout le respect que je dois
42:01bien sûr aux événements,
42:03c'était une période exceptionnelle
42:05pour nous, commercialement.
42:07Une affaire de frigorie,
42:09c'était quelque chose d'important.
42:11On chiffre l'affaire.
42:13Au fil du temps, dans la vallée de la Bologne,
42:15les angles des papiers et des reportages
42:17dévient. Faute de suspects
42:19vraiment probants, certains médias
42:21tentent à fonder une culpabilité
42:23collective, celle d'une région
42:25et de ses habitants. Le cliché d'un
42:27Vosgien acculturé et arriéré
42:29commence à se dessiner.
42:31C'est quasiment des explorateurs coloniaux
42:33qui débarquent et qui observent des tribus de sauvages.
42:35Dans certains papiers,
42:37c'est exactement ça. Ils ne parlent même pas de l'affaire.
42:39Juste, comment sont, même pas la famille
42:41Villemin ou la Reuche, mais comment sont les habitants
42:43de la vallée de la Bologne. Il y a un côté fantasia chez les cloucs.
42:45Le procureur de la République évoquait
42:47ce soir le caractère frustre de certains
42:49témoins, de certains oncles et tantes
42:51de Grégory. Ici, la vie
42:53est dure, la réussite sociale est rarissime.
42:55Dès qu'on voit un journaliste, maintenant,
42:57attention, bien entendu.
42:59C'est pour ça qu'on dirait
43:01presque qu'on est agressif.
43:03C'est un peu légitime.
43:05Je vous répète,
43:07avec l'image qu'on a
43:09voulu nous donner...
43:13Dans ce maelstrom médiatique
43:15qui est devenu l'affaire Villemin,
43:17quelques reporters ont su conserver une certaine lucidité.
43:19Écriture distanciée
43:21dès les premiers papiers, subtiles
43:23ironies tout en non-dit,
43:25la couverture du jeune pigiste de l'Ibé
43:27est aujourd'hui montrée en exemple
43:29dans les écoles de journalisme.
43:31J'ai compris assez tôt que mon rôle
43:33n'était pas de savoir qui était coupable,
43:35mais de raconter cette folie
43:37qui était en train
43:39de s'emparer de tout le monde.
43:41Une folie qui s'est
43:43disséminée sur la longueur.
43:45Au début, on se dit
43:47que ça va durer des jours, puis après des semaines,
43:49après des mois, après des années.
43:51Aujourd'hui, on est quand même
43:53des décennies plus tard
43:55et on est toujours là.
43:57Toi t'es là à en parler, moi je suis là à te répondre.
43:59Chose que je fais rarement,
44:01peut-être que tu le sais.
44:19Palais de Justice de Paris,
44:2121 novembre 2009, 11h.
44:23Une audience particulière va s'ouvrir
44:25dans la 11ème chambre du tribunal correctionnel.
44:27Petite affaire de calomnie
44:29et de falsification de documents,
44:31mais grand procès, à dimension politique.
44:33Deux heures plus tard,
44:35les premiers journalistes et techniciens affluent dans le hall.
44:37La mission confiée par leur rédaction,
44:39immortaliser l'arrivée des prévenus.
44:41Le positionnement est déterminant.
44:43Là, à l'entrée,
44:45ils vont, vu comment elle est disposée,
44:47ils vont rentrer direct.
44:49Donc l'idée, c'est de venir un peu en avant
44:51et d'arriver à avoir
44:53l'image
44:55de l'arrivée, évidemment,
44:57et essayer d'avoir un sonore.
44:59Et là, entre ici et l'entrée là-bas,
45:01on a une distance suffisante pour essayer d'avoir tout ça, c'est ça la logique.
45:03Dès que tu arrives, il faut que tu te mettes vite, vite
45:05devant l'entrée de la salle, en fait.
45:07TF1 va s'occuper de là,
45:09il va travailler les premières arrivées et les sons,
45:11pour être sûr qu'on ait l'image des entrées dans la salle.
45:13L'assaut est lancé.
45:15Rouer vers l'image et le son
45:17en ordre dérangé.
45:19Premier objectif des fantassins de l'info,
45:21un présumé faussaire et son escorte
45:23qui tentent une percée vers le prétoire.
45:29Autre prévenue très attendue,
45:31un capitaine d'industrie accusé de calomnie.
45:33Tout est mis en oeuvre pour
45:35arracher un mot au présumé corbeau.
45:43Sans succès.
45:45Dehors,
45:47on retrouve un abonné des histoires de corbeaux.
45:51Mais dans cette affaire,
45:53Denis Robert a sa place réservée
45:55sur le banc des accusés.
46:13Sur les premiers 20 mètres,
46:15on voit la tête face aux confrères.
46:17Mais bien vite,
46:19les pandores sont contraintes d'employer
46:21la technique bien éprouvée du bélier.
46:23Mais certains ne l'entendent pas de cette oreille.
46:41Attention à ne pas manquer
46:43l'attention du procès.
46:53Mais au fait,
46:55comment on prononce
46:57clearstream en langage JT ?
47:13C'est déjà le duel des partis.
47:15Des avocats, des ténors du baron
47:17qui, dès le départ, montrent un peu
47:19que ça va être violent.
47:21Effet de manche, tout y passe.
47:23C'est vrai que c'est des stars.
47:25On est au théâtre.
47:27La seule chose qu'on peut expliquer
47:29sur un format de deux minutes,
47:31c'est ce show médiatique, ce show politique,
47:33ces rivalités dans les allées du pouvoir
47:35qui font qu'on en arrive là.
47:37Quand on a un ancien Premier ministre
47:39et un président de la République qui s'affrontent,
47:41forcément,
47:43il y a une notion de spectacle aussi
47:45qui fait que les gens vont s'y intéresser.
47:47Même si la justice ne devrait pas être un spectacle.
47:49Mais, de facto, elle l'est.
47:51Dans cette ambiance survoltée,
47:53la confraternité a des limites
47:55que la promiscuité finit parfois par dépasser.
47:57Sur la télévision du pouvoir,
47:59on va s'entendre quand même.
48:01TF1 France 2, on va arrêter.
48:03C'est pas parce que...
48:05Il faut rigoler un peu quand même.
48:07C'est pas toi qui a demandé à rigoler.
48:09Je rigole avec ta gueule, parce que moi, je rigole.
48:11T'as raison.
48:13Tout le monde vous connaît, les gars de TF1.
48:15Ah, les gars de TF1 !
48:17Ah, tac, la généralisation, déjà.
48:19Je lui ai dit que je suis là, je garde ma place.
48:21C'est pas le dessous, ça.
48:23Regarde la paille dans ton maillot.
48:25Nom, Medmer Olivier.
48:27Profession, ténor du barreau de Paris.
48:29Signe particulier,
48:31aime sortir en forêt avant les principales éditions
48:33d'informations de la journée.
48:35La justice a tendance à se faire d'abord
48:37dans l'opinion publique,
48:39qui n'est informée que par la presse.
48:41Et ça risque de fausser un jugement.
48:43Donc, il y a deux temps.
48:45Il y a un temps médiatique et un temps judiciaire.
48:47Le temps médiatique est très rapide,
48:49en temps réel. Le temps judiciaire,
48:51qui apporte la vraie vérité,
48:53arrive souvent des années après.
48:55Est-ce que, justement, ce temps médiatique,
48:57qui prend tant d'importance,
48:59c'est pas un obstacle à la sérénité des débats, quelque part ?
49:01Ça pose une difficulté,
49:03mais il est normal.
49:05Il est normal que le bien public soit tenu au courant de tout.
49:07Ici, justement,
49:09résumé, la principale source
49:11d'informations de l'opinion.
49:13Clément Velrenald est le chef du service judiciaire
49:15de l'édition nationale de France 3.
49:17Nathalie Pérez et sa monteuse
49:19réalisent le reportage qui va être
49:21diffusé dans l'édition de 19h30.
49:31Clément a bien préparé son direct.
49:33Le reportage de Nathalie est bouclé.
49:35Tout semble bien roulé.
49:39Mais parfois, la magie de la télé
49:41éprouve quelques difficultés à opérer.
49:59Le JT est lancé. Clément fait un
50:01beau temps direct et le sujet de Nathalie
50:03est finalement bien passé.
50:19En un mois de procès,
50:21on va tirer des milliers de portraits.
50:23Les acteurs de notre dernière
50:25histoire judiciaire vont connaître des
50:27expositions médiatiques, à géométrie
50:29très variable. On l'a qualifié
50:31de procès de la décennie.
50:33Il commence déjà à sombrer dans l'oubli.
50:35La faute à l'actualité
50:37et sa mémoire instantanée.
50:41Ultime retour à l'union de Reims
50:43pour l'épilogue de cette histoire.
50:45Grand débat entre deux rédacteurs
50:47en chef sur les rapports ambigus
50:49qu'entretiennent les faits divers et la classe politique.
50:59C'est vrai aussi que les politiques
51:01ont tendance à réagir, à utiliser
51:03l'émotion à un moment donné
51:05pour justement rebondir
51:07sur un certain nombre de faits divers.
51:09Mais entre le gouvernement
51:11de l'émotion et le gouvernement
51:13de la raison, il y a
51:15un fossé qui n'est pas forcément
51:17au profit du politique
51:19au sens strict du terme.
51:23Le sociologue Pierre Bourdieu
51:25l'a dit,
51:27les faits divers font diversion,
51:29ils détournent l'attention de l'opinion.
51:33Vous avez assez de cette bande de racailles,
51:35on va vous en débarrasser.
51:37En 7 ans, on a voté
51:3930 lois sur la justice,
51:41la sécurité et l'immigration
51:43pour punir les bandes,
51:45proscrire les cagoules
51:47ou établir les peines planchées pour mineurs.
51:49Les faits divers parfois,
51:51ça fait vraiment peur.
51:53Ça fait vraiment peur.