Wandercraft, un exosquelette pour offrir leur mobilité à des personnes qui ne marchent pas
Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elisabeth Assayag.
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00:00On poursuit avec une autre pépite française qui fait rayonner la France à l'occasion des Jeux Paralympiques, elle s'appelle Wandercraft.
00:08Europe 1, la France bouge. Il a osé.
00:11Eh oui, vous avez osé Jean-Louis Constanza, Wandercraft, le parcours de la flamme pour les Paralympiques, c'est vous.
00:18Alors c'est d'abord toute une équipe, on est 100 personnes sur Wandercraft,
00:22on a 2000 personnes qui ont marché dans nos exos, donc c'est beaucoup plus
00:27certainement que moi et c'est avant tout le fondateur
00:31historique de Wandercraft, Nicolas Simon, qui s'était fait à lui-même la promesse de faire marcher son frère Thibault qui est atteint d'une maladie
00:38d'origine génétique et qui a perdu la marche progressivement.
00:41Qui a perdu la marche progressivement. Comme Jérôme, on va vous demander de pitcher
00:45Wandercraft en une minute à l'occasion donc de ces Jeux Paralympiques et ensuite on va rentrer dans le détail. Vous êtes prêts ?
00:52Allez c'est à vous.
00:53Donc Wandercraft est une entreprise qui a été créée pour faire marcher les gens qui ne marchent pas
00:58grâce à la robotique la plus avancée au monde.
01:02Et le principe c'est de permettre
01:05aux gens de remarcher
01:07avec un robot marcheur en fait, qui se met autour de leurs jambes, qui s'appelle un exosquelette
01:12et qui permet à des gens qui ne marchent pas du tout ou mal
01:16de se lever, de marcher et progressivement de faire toutes les activités de leur vie quotidienne.
01:22Aujourd'hui il est utilisé en hôpital et celui que vous avez vu au jeu va bientôt, c'est encore un prototype, mais le même va être
01:31homologué en France et aux Etats-Unis pour permettre aux gens de remarcher dans toute leur vie.
01:36Merci, merci pour votre pitch Jean-Louis Constanza, cofondateur de Wandercraft.
01:41Je vous invite à regarder les vidéos parce que c'est très impressionnant.
01:45C'est impressionnant, on les a vus pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques.
01:52Vous Jean-Louis, vous l'avez dit
01:54avant le pitch, le rêve c'était que le frère de votre associé, qui était donc tétraplégique, puisse
02:01marcher grâce à votre exosquelette. Donc l'exosquelette, c'est ce que vous avez mis en place.
02:07Ça fait combien de temps ? Vous avez lancé l'entreprise il y a douze ans environ, c'est ça ?
02:11Oui, Wandercraft a été fondé en 2012.
02:14Nicolas et son ami Mathieu, qui est aujourd'hui le président,
02:18sortaient de Polytechnique en fait.
02:22Ils se sont des as,
02:25des génies de la robotique
02:28au niveau mondial.
02:30Moi, j'avais un petit peu d'expérience dans la construction d'entreprises et mon fils qui a la même pathologie que Thibaut.
02:35Vous, vous êtes ingénieur en robotique, dans l'aéronautique, dans le télécom.
02:39J'ai fait d'autres choses parce que je n'ai pas tout à fait le même âge.
02:41Non, mais vous avez d'ailleurs fondé un opérateur télécom en Europe.
02:44Oui, oui, j'ai fait des trucs comme ça.
02:47Non, mais c'est important.
02:49Et vous avez votre fils, Jean-Louis, qui a la même maladie génétique que votre associé.
02:55C'est comme ça que ça démarre.
02:57Alors, ça a démarré pour moi comme ça.
02:59Nicolas était de toute façon parti dans son idée.
03:02On s'est rencontrés avant de fonder l'entreprise.
03:06Mon fils m'avait dit « Papa, tu es ingénieur en robotique, pourquoi tu ne fais pas un robot ? »
03:09Mais la marche, faire marcher un robot, c'est un des graals de la robotique.
03:13On parle beaucoup de l'intelligence artificielle en tant que concept,
03:17exécuter des tâches, faire le café, plier des chemises, monter une tôle sur une voiture.
03:21Mais marcher, c'est vraiment la fonction humaine qui est la plus complexe à rendre sur un robot.
03:27Et je savais juste une chose, c'est que c'était difficile.
03:29Et donc, il fallait quelqu'un comme Nicolas,
03:31puis tous les gens qu'on a recrutés au fur et à mesure du développement de Wondercraft,
03:34pour réaliser ce qu'on voulait faire dès 2012, c'est-à-dire faire marcher les gens.
03:38Donc Thibault et Oscar étaient nos porte-flambeaux, d'ailleurs.
03:42Déjà à l'époque.
03:43C'est vrai qu'on imaginait les faire marcher en une dizaine d'années,
03:47et les milliers de personnes qui marchent ou qui vont marcher avec nos exos.
03:50Mais on n'imaginait pas vraiment que ça serait avec une flamme olympique dans les mains.
03:54Ça c'est sûr.
03:55Donc il y a 12-13 ans, c'était hyper compliqué quand votre fils vous dit
03:58« plutôt que d'être dans un fauteuil roulant, j'essaie de me faire marcher avec un robot ».
04:03Comment ça s'est développé ?
04:07Il y avait déjà des exosquelettes qui existaient il y a une dizaine d'années,
04:11mais ce n'était pas...
04:13En fait, bien sûr, Nicolas et moi, on est allés voir ces exosquelettes qui existent depuis longtemps,
04:16qui sont en fait des machines qui font bouger les jambes sous des béquilles.
04:19Donc la personne tient des béquilles, et donc on est sur quatre points, vous voyez ?
04:23Et en avançant les béquilles, on est toujours sur trois points, la machine bouge les jambes.
04:27Donc ce sont des pionniers, mais c'est aussi ça qui a fait qu'indépendamment,
04:31puis ensemble, Nicolas et moi, on s'est dit « ils ne vont pas avoir une vie quotidienne avec ça,
04:35on ne peut marcher qu'en ligne droite, on ne peut pas tourner,
04:38c'est extrêmement fatigant pour les épaules, et finalement, ça s'est vendu au compte-gouttes,
04:42parce que ça permet de faire un petit aller-retour,
04:46en essayant de tourner au bout.
04:50Donc on a voulu faire repartir l'idée de génie de Nicolas.
04:54Une des idées de génie, c'était de dire on va faire des maths.
04:56On ne va pas essayer d'imiter l'humain, et d'ailleurs l'aéronautique s'est développée comme ça aussi.
05:00On va faire des maths et on va résoudre le problème de la marche,
05:02d'abord avec des algorithmes, je ne rentre pas dans les détails,
05:04mais extrêmement complexes, où en fait, c'est ce qu'on fait en ce moment,
05:08tous les millièmes de secondes, le calculateur du robot
05:12résout des équations différentielles très complexes pour dire à chaque moteur
05:16de poser le pied là où on ne va ni tomber en arrière, ni tomber en avant, ni sur le côté,
05:20même si on nous pousse, et de marcher comme ça.
05:22Et c'est ce que fait l'humain.
05:24Et en fait, dans la révolution, on est en train de basculer en intelligence artificielle,
05:28c'est-à-dire qu'on remplace ce calcul déterministe
05:32en un réseau neuronal
05:34qui va travailler plus avec des milliards d'entraînements en simulation.
05:38Donc c'est le réseau neuronal sur une interface, j'imagine, sur un ordinateur,
05:42qui permet d'arriver à ce résultat ?
05:46L'exo de Wondercraft qui a porté la flamme, d'ailleurs les deux,
05:50parce qu'on a aussi participé à la cérémonie d'ouverture,
05:54au trajet de la flamme des Jeux Olympiques, avec Kevin qui est notre pilote d'essai.
05:58Cet exo-là, il fonctionne encore de façon traditionnelle,
06:02enfin traditionnelle ça n'existait pas il y a cinq ans,
06:04mais avec des algorithmes classiques,
06:08et maintenant on bascule progressivement en intelligence artificielle.
06:12Et la flexibilité d'intelligence artificielle fait qu'il n'y a pas de limite
06:16au mouvement qu'on va pouvoir atteindre dans un futur relativement proche.
06:20C'est-à-dire que tout ce que fait l'humain, on pourra le faire.
06:24Et on commence à le faire,
06:28donc il y aura d'ici peu de mois,
06:32on est dans le cursus pour être approuvé par l'AFDA aux Etats-Unis
06:36et par le marque HC en Europe.
06:38Pourquoi je parle des Etats-Unis ?
06:40Parce que cet exo est remboursé aux Etats-Unis.
06:42Pas ici ?
06:43Pas encore, mais ça va venir.
06:44Il coûte combien ?
06:45Alors il est remboursé 96 000 dollars aux Etats-Unis,
06:49et on espère avoir des remboursements,
06:53pas à ce niveau-là, mais dans tous les pays européens,
06:56puis arriver à baisser les coûts pour le répandre plus loin,
06:59parce qu'on n'a pas envie de faire marcher que les pays riches.
07:01Jean-Louis Costanza, je rappelle que vous êtes le cofondateur
07:03de Vendercraft ce soir sur Europe 1.
07:05Si vous parlez des Etats-Unis,
07:07vu l'allure à laquelle ça va, ce développement,
07:11moi je suis déjà en tête par Los Angeles,
07:14les JO de Los Angeles.
07:16Est-ce que ça signifie, lors de la cérémonie d'ouverture,
07:19il y avait beaucoup d'athlètes en fauteuil roulant,
07:22est-ce qu'on peut imaginer que lors des prochains Jeux,
07:25ces athlètes, qui sont aujourd'hui en fauteuil roulant,
07:28pourraient se déplacer grâce à vos exosquelettes ?
07:31C'est vraiment une super question.
07:33On a assez peu de problèmes d'éthique, en fait,
07:36chez Vendercraft, parce qu'on a une robotique
07:38qui est à 100% dirigée vers le fait de remarquer,
07:41non pas de faire remarquer des gens,
07:43de permettre aux gens, s'ils le souhaitent,
07:44de se lever et de marcher.
07:46Maintenant, effectivement, on s'est posé la question,
07:49prochaine cérémonie d'ouverture,
07:50est-ce que des athlètes viendront dans un exo et pas dans un fauteuil
07:53et feront leur sport en fauteuil ?
07:55Est-ce que dans 8 ans, on fera du sport en exo ?
07:58Et nous, chez Vendercraft, on n'a aucune réponse à cette question.
08:02C'est les sportifs et leur fédération et leur entourage,
08:05mais c'est avant tout les athlètes,
08:07qui vont décider de ce qu'ils vont faire,
08:09en fonction des possibilités qu'on va leur offrir.
08:10Mais j'imagine que vous avez déjà des retours
08:12des fédérations, des athlètes,
08:14quels sont les premiers retours ?
08:17Alors, très honnêtement, très peu,
08:19parce que d'abord, c'est tout récent.
08:21Et lorsqu'on a présenté cet exo à New York, en décembre,
08:25et surtout après les flammes,
08:31on a eu effectivement des milliers de personnes
08:33qui nous ont appelés, mais c'était des gens.
08:35En fait, des gens qui sont aujourd'hui en fauteuil,
08:37ou leur famille.
08:39Pas forcément des athlètes, des particuliers ?
08:41Non, alors on a la chance d'avoir dans notre pilote d'essai,
08:44deux athlètes, Kevin, qui a porté la flamme
08:47lors des Jeux Olympiques,
08:49et qui est un tennisman de haut niveau,
08:51et un grand motard aussi.
08:53Et Charlotte, qui concourt en ce moment,
08:55comme tenniswoman en fauteuil,
08:59à qui je souhaite toute la chance du monde.
09:03Donc on les connaît, mais ça ne fait que deux,
09:05si vous voulez, pour qu'on...
09:07Vous ne pouvez pas établir, évidemment,
09:09une réponse claire.
09:11On est dans les balles du ciment,
09:13ça arrive gentiment. Benjamin ?
09:15Des 2000 personnes qui ont testé votre exosquelette,
09:17comment est-ce qu'ils réagissent
09:19après des années en fauteuil,
09:21et d'un coup, ils se lèvent, ils se marchent,
09:23ça doit être une émotion incroyable.
09:25Les 2000 personnes ont fait plus que les testiers,
09:27parce que la première version de notre exosquelette,
09:29qui est un peu plus grosse et un peu moins agile
09:31que celle que vous avez vue pour la cérémonie du Jeu,
09:33mais en revanche, elle est fabuleusement utile,
09:35parce qu'elle sert en hôpital,
09:37pour permettre aux kinés, aux médecins,
09:39de faire réapprendre aux gens à marcher,
09:41après un AVC, une blessure d'amoilée pinière, etc.
09:43Et donc, c'est plus qu'un test,
09:45ce sont des traitements qui sont conduits.
09:47En fait, ce qu'il faut voir, c'est que quand vous êtes dans l'exosquelette,
09:49il y a deux effets. Il y a un effet, je retrouve une mobilité,
09:51et il y a un deuxième effet,
09:53qui est, je retrouve de la santé,
09:55parce qu'être en fauteuil toute la journée
09:57détruit les tissus du corps humain,
09:59qui n'est pas fait pour être assis tout le temps.
10:01Et donc, on perd énormément
10:03dans les fonctions cardiovasculaires,
10:05digestives,
10:07on a des douleurs norales,
10:09on perd de l'os,
10:11quand on va remarcher, la littérature médicale
10:13montre qu'on va regagner beaucoup dans toutes ces fonctions.
10:15Donc, il y a vraiment un effet santé
10:17qui est énorme dans la vie quotidienne,
10:19et qui est déterminant
10:21dans le réapprentissage de la marche.
10:23Et donc, je réponds à votre question,
10:25en général, quand les gens se lèvent,
10:27au moment où ils se lèvent,
10:29ils ont une réaction émotionnelle très forte,
10:31et chez Wondercraft, on a un centre de marche
10:33justement pour faire tester, parce que les gens nous demandaient,
10:35je ne vais pas en hôpital, moi je suis dans ma vie quotidienne.
10:37Et là,
10:39à Paris, en face,
10:41on a la chance
10:43d'assister des gens
10:45dans leur évolution,
10:47se remettre debout, marcher tous les jours,
10:49et l'équipe
10:51vit avec ses émotions
10:53qu'elle partage avec les gens.
10:55Quelque soit l'âge, on peut proposer un exosquelette
10:57à une personne déjà d'un certain âge ?
10:59Oui, la moyenne d'âge
11:01de nos patients n'est pas très jeune,
11:03parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ont un AVC,
11:05l'AVC est à
11:0765-70%
11:09au-dessus de 60 ans.
11:11Après, il y a des limites
11:13de bon sens qui sont utilisées par les médecins,
11:15et puis il y a des contradictions médicales. De toute façon,
11:17c'est toujours un médecin qui va dire
11:19« go », soit dans la vie quotidienne...
11:21Mais est-ce qu'ils s'y connaissent déjà, les médecins en exosquelette ?
11:23Non, mais ils sont très capables
11:25de voir ce que c'est que l'effet de se relever...
11:27Sur le corps, sur les os, sur les muscles...
11:29Bien sûr, c'est leur métier.
11:31On a des médecins chez Wondercraft, et c'est eux qui disent « go »
11:33toujours, bien sûr.
11:35On n'est pas que des ingénieurs,
11:37on travaille pour des patients
11:39et sous la conduite
11:41de médecins.
11:43Vous les fabriquez où, les exosquelettes ?
11:45À Paris, dans nos bureaux, chez nous, en face.
11:47Vous vous rendez compte, ce soir, dans la France Bouche,
11:49sur Europe 1, on est avec des entreprises
11:51100% françaises,
11:53qui font avancer
11:55notre pays,
11:57qui révolutionnent, qui changent le monde.
11:59On va changer le raccord sur une usine, qui sera probablement
12:01en banlieue.
12:03Pourquoi ?
12:05Parce qu'il faut de la place.
12:07Le drivoli, ce n'est pas vraiment un endroit où on peut développer une vraie usine.
12:09Il faut mettre des vases pour les drivolis,
12:11mais pas des usines.