Henri-Jacques Citroën (petit-fils d’André Citroën) : L'Hebdo de l'Éco (Émission du 31/08/2024)

  • il y a 2 mois
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00On va parler d'une marque automobile ou plutôt d'un prénom, André, André Citroën, pourquoi ?
00:07Parce qu'il est question d'ouvrir les portes du Panthéon à ce grand industriel qui a marqué l'histoire automobile.
00:13Et on va en parler sur le plan économique avec son petit-fils Henri-Jacques Citroën.
00:18Merci d'être avec nous. Alors, tout le monde se pose la question, qu'est-ce qu'il reste de l'héritage de Citroën aujourd'hui ?
00:25Il faut quand même préciser une chose, c'est que mon grand-père ne possédait rien.
00:28Ah oui, c'est ça, donc l'héritage, il n'a rien lu ?
00:30Non, non, non, oui, enfin, un peu, mais ce qui est étonnant, c'est de savoir qu'il n'avait pas d'appartement,
00:36il s'était loué, la maison de vacances à Deauville s'était louée,
00:39donc lui, ce qui l'intéressait, c'était ces usines qui étaient un instrument pour faire avancer l'industrie,
00:46pour faire avancer l'automobile et pour avoir un rôle sociétal.
00:49Et puis surtout, ces usines avaient déjà été cédées à Michelin.
00:53Au moment où il meurt, effectivement, c'est Michelin qui reprend le contrôle de Citroën.
00:57Et puis les problèmes de trésorerie sont résolus assez rapidement,
01:00et puis là commence le grand succès de l'attraction avant.
01:03Donc sur le plan économique, il a connu la gloire, sûrement, il a eu de l'argent,
01:06parce qu'il jouait beaucoup au casino, dit-on, et ensuite, il a tout perdu.
01:09Il a tout perdu ?
01:11Ah oui, effectivement, les usines, tout ça, c'est…
01:14Tout perdu ?
01:15Tout perdu.
01:16Mais aujourd'hui, quand on s'appelle Citroën, est-ce qu'on touche des royalties sur ce nom ?
01:19Ah non, rien du tout.
01:20Rien ?
01:21Non, non, rien du tout.
01:22Aujourd'hui, Stellantis, Peugeot-Citroën, autrefois, PSA, ne vous reversent rien ?
01:26Non, non, non, rien, hélas, non, oui, hélas.
01:29Vous le regrettez ?
01:30Oui, oui, ça, j'en regrette, mais enfin, c'est comme ça.
01:33Donc le Panthéon, pourquoi on en parle ?
01:35C'est parce que vous dites, vous, votre grand-père a joué un rôle considérable,
01:38c'est un homme illustre, et c'est la définition même pour rentrer au Panthéon.
01:42Oui, et surtout, ça serait le premier industriel, le premier chef d'entreprise à rentrer en Panthéon,
01:48et je pense qu'il est temps de rendre hommage à ceux qui ont contribué
01:52et contribuent à faire la richesse de la France et des Français.
01:55Il pourrait se trouver aux côtés de Joséphine Baker, la danseuse-chanteuse ?
01:59Oui, qui est rentrée au Panthéon il y a peu de temps.
02:01D'ailleurs, c'est quand elle est rentrée au Panthéon que, comme elle était, entre guillemets,
02:07une copine de mon grand-frère, je me suis dit, elle rentre, mon grand-père rentre.
02:12Et donc je me suis précipité à l'Élysée pour faire la suggestion au Président de la République
02:17de faire entrer André Citroën au Panthéon.
02:19Il y a beaucoup de raisons qui justifient la démarche qui est en cours.
02:23Oui, parce qu'en fait, il a créé énormément de choses.
02:25On peut dire qu'il a tout inventé, du marketing, de la pub, les méthodes commerciales modernes.
02:31C'est ça qu'il a vraiment inventé de son vivant.
02:33Il a inventé l'application en France de toutes les méthodes industrielles américaines,
02:42donc le taylorisme.
02:44Et pendant la guerre, alors qu'il était au front, dans les tranchées,
02:50il s'était rendu compte que les Allemands envoyaient beaucoup plus d'obus sur les lignes françaises que le contraire.
02:54Il s'est dit, ça ne peut pas continuer comme ça.
02:56Donc il obtient une audience avec le ministre de la guerre.
02:59Il lui dit, moi je me fais fort de faire une usine d'obus dans un délai très court.
03:03Et en fait, c'est sa première grande opération.
03:05Et il l'a fait d'ailleurs à l'endroit où nous sommes en ce moment.
03:07Et en l'espace de quatre mois, l'usine commence à produire des obus
03:12avec un personnel essentiellement féminin à qui il a accordé des conditions de travail exceptionnelles.
03:18Oui, donc il a vraiment participé à l'effort de guerre avant de se lancer dans l'automobile en 1919.
03:23Et donc les terrains sur lesquels aujourd'hui on se trouve,
03:26effectivement, c'était d'abord des potagers, puis ensuite l'usine Citroën.
03:30Maintenant, c'est le parc Citroën.
03:32Les obus, puis les voitures jusqu'aux années 70.
03:35D'ailleurs, il y a même une station de métro qui s'appelle André Citroën.
03:38Oui, il y a le quai André Citroën.
03:40Il y a beaucoup d'endroits qui portent le nom André Citroën en France.
03:42Alors, c'est donc un inventeur, un découvreur, un peu comme aussi Pierre et Marie Curie.
03:49C'était quelqu'un qui était sur le qui-vive concernant les inventions qui pourraient y avoir ici et là.
03:56Ce n'était pas lui qui inventait.
03:58Ah oui, il avait des ingénieurs.
03:59Non, et puis il était en contact avec beaucoup d'inventeurs, en particulier aux États-Unis.
04:03Par exemple, l'attraction avant a été conçue, a été imaginée par l'industriel dont il était très proche,
04:09qui s'appelait Édouard Bode.
04:10Et donc, André Citroën s'est dit, je t'achète le brevet, je fais la voiture.
04:14Et d'ailleurs, à ce moment-là, il fait un pari énorme.
04:17Parce que pour le design de l'attraction avant, il demande à un sculpteur italien qui n'avait jamais dessiné une voiture,
04:23il dit, dessine-moi l'attraction avant.
04:24Et c'est la voiture que l'on connaît aujourd'hui.
04:26C'est ça.
04:27Oui, puis ensuite, ça a été suivi puisque les designers italiens, souvent qui travaillaient pour Citroën,
04:33c'est eux qui ont fait l'idée 19 et la DS.
04:36En fait, mon grand-père, comme on le disait, est mort en 1935.
04:39Mais il a donné une impulsion pendant tout le siècle.
04:42Pourquoi ? Parce qu'il s'était dit depuis le début, si on a 5 ou 10 ans d'avance sur les concurrents,
04:47on est tranquille quant au déroulement de nos affaires, au développement de nos affaires.
04:52Et donc, c'est quelque chose qui est resté ancré dans le comportement des équipes de Citroën.
04:58Parlons du potentiel économique de Citroën.
05:00Bon, ça appartient maintenant à Stellantis, bien sûr, ancien PSA Peugeot-Citroën.
05:04Mais est-ce que vous auriez droit de lancer des objets dérivés, par exemple, avec ce nom ?
05:08Je pourrais faire n'importe quelle affaire qui porte mon prénom.
05:11Mon prénom est le nom.
05:12Mais Citroën tout seul, il faudrait voir.
05:15Mais il ne faudrait pas que ce soit trop proche de l'automobile parce que sinon, ça pourrait créer des perturbations.
05:19Il y avait quand même eu des restrictions à l'époque ?
05:21Légalement, on avait regardé avec les avocats ce qu'on pouvait faire.
05:25J'essayais quand même beaucoup de limitations.
05:27Mais créer une industrie, vous pourriez ?
05:29Vous qui êtes un conseiller du commerce extérieur, il faut préciser, vous êtes...
05:32Oui, conseiller du commerce extérieur de la France.
05:33Oui, je pourrais faire une industrie.
05:35Mais je ne suis pas sûr de pouvoir l'appeler simplement Citroën.
05:38Oui, ça serait une concurrence.
05:39Oui.
05:40Alors, si on transférait les cendres d'André Citroën, ça prendrait combien de temps pour aller au Panthéon ?
05:46Mais ça, ça dépend complètement du président de la République.
05:49C'est lui qui est le seul à décider.
05:52Et donc...
05:53Ça l'intéresse ? Il vous a dit, oui, ça m'intéresse ?
05:56Il a écouté avec intérêt les arguments qui ont été présentés par un certain nombre de personnes qui lui sont proches.
06:04Mais pour l'instant, il n'a rien dit.
06:06Mais on lui a fourni les éléments de langage qu'il pourrait faire valoir.
06:11La démarche s'inscrit dans le cadre de la réindustrialisation de la France,
06:16de la recherche de la cohésion sociale, du renforcement du rôle de la femme
06:20et de la volonté d'être toujours à l'avant-garde technologique.
06:23Alors, j'en profite pour montrer cette revue parce que, en fait, Citroën, c'est la marque préférée des collectionneurs.
06:28Il y a tellement de modèles mythiques, que ce soit la 2CV, que ce soit la DS, que ce soit la SM Maserati.
06:35Enfin, c'est fou, l'attraction, bien sûr.
06:37Donc, ben voilà, c'est rétro-mobile aussi.
06:40Malheureusement, vous n'étiez pas cette année à rétro-mobile.
06:43Mais en tout cas, Citroën, c'est une histoire d'amour.
06:45Oui, c'est la marque la plus collectionnée au monde.
06:48Et les Français ont tous quelque chose à dire sur Citroën.
06:53Les personnes que je rencontre ont de belles histoires à me raconter.
06:57Le petit-fils d'André Citroën était avec nous. Merci, restez sur CNews.

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