Nomination du nouveau Premier ministre : «Nous sommes les seuls légitimes pour le faire», estime Emma Rafowicz

  • le mois dernier

Tous les soirs à 20h30, retrouvez un invité qui est au cœur de l’actualité pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes et députée européenne.

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Transcript
00:00Nous avons récupéré Emma Rafović, présidente des Jeunes Socialistes, en huitième position sur la liste de Raphaël Glucksmann pour les élections européennes.
00:07Bonsoir Emma Rafović.
00:09Bonsoir.
00:10Bonsoir. Alors, on le disait à l'instant, les festivités commencent demain.
00:15La gauche arrivera en tête, ouvrira le bal à 10h30. Elle sera reçue par Emmanuel Macron.
00:20Les socialistes dont vous faites partie seront aux côtés de LFI, des écologistes et des communistes.
00:26Concrètement, quelles sont vos attentes Emma Rafović ?
00:30Nos attentes, elles sont très simples. C'est qu'Emmanuel Macron reconnaisse les résultats du scrutin
00:35et qu'il nomme Lucie Castex comme nous le souhaiterons avec le nouveau Front populaire.
00:39Aujourd'hui, ça ne doit pas être une réunion comme le président en fait, c'est-à-dire une réunion finalement qui ne mène à rien.
00:46Le pays a besoin d'être gouverné et nous sommes finalement aujourd'hui les seuls qui sommes légitimes pour le faire.
00:53Nous sommes arrivés premiers aux élections législatives et donc nous devons pouvoir mettre en œuvre nos compositions.
00:59Alors premiers mais évidemment sans majorité claire.
01:03Or Emmanuel Macron a déjà prévenu aujourd'hui lors d'un brief à l'Elysée qu'il voulait une majorité la plus large possible pour résister à une motion de censure.
01:13De fait, ça écarte la candidature de Lucie Castex ?
01:17Je ne le crois pas. Lucie Castex a été extrêmement claire. Elle est celle qui saura faire des accords.
01:23Nous sommes conscients évidemment que nous n'avons pas eu de majorité absolue à l'Assemblée nationale
01:28mais nous sommes aujourd'hui les plus à même de composer une majorité.
01:31Quand vous dites que vous êtes les plus à même à composer une majorité, avec qui concrètement ?
01:38Projet par projet, discussion après discussion, nous y arrivons.
01:42Ce que je sais c'est qu'aujourd'hui la première coalition, même la seule coalition qui aujourd'hui existe
01:48et qui d'ailleurs demain ira à la rencontre du président de la République, c'est celle du Nouveau Front Populaire.
01:55Avec cette candidature qui est le fruit d'une discussion, d'un consensus, la candidature de Lucie Castex.
02:02Le président doit l'entendre, c'est aussi d'ailleurs respecter la démocratie.
02:06On l'a vu ces derniers mois, ces dernières années.
02:08Ça fait des années que la démocratie est attenuée, qu'elle est finalement malmenée par le président de la République.
02:14Je pense que demain, dans les prochains jours, nous devons montrer que la démocratie finalement est respectée.
02:22Emma Raffovitch, très bien, mais comment, quels arguments feraient que vous ne vous feriez pas renverser dès le lendemain par une motion de censure ?
02:30Moi je crois, vous savez, en la responsabilité de chacune et de chacun.
02:34Quand le président de la République a lui-même eu une majorité relative à l'Assemblée Nationale,
02:40nous n'avons pas crié ou hurlé finalement à l'illégitimité.
02:45Nous avons respecté, nous avons joué notre rôle d'opposition, mais nous avons aussi respecté le résultat des urnes.
02:51C'est maintenant à eux de le faire.
02:53Et donc si cette menace plane de, finalement, la motion de censure,
02:57elle vient en réalité aussi du camp macroniste.
03:00Demain, je pense qu'il faut aussi le dire avec beaucoup de clarté,
03:03nous pouvons construire des projets, nous pouvons agir, nous pouvons créer et faire des accords.
03:08C'est le sens même de ce qu'a dit Lucie Castex,
03:10mais aussi Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste ces derniers jours.
03:14Et je pense sincèrement qu'il faut nous faire confiance.
03:17Nous saurons diriger ce pays de manière paisible, de manière apaisée et de toucher la vie des Français.
03:22Et Mara Fovitch, effectivement, il y a une lettre qui a été envoyée à la veille de cette rencontre,
03:27signée par Lucie Castex, mais aussi par les chapeaux à plumes,
03:31la socialiste, communiste et écologiste.
03:33Alors, qu'est-ce qu'on peut y lire ?
03:35L'inaction du président est grave et délétère, ça d'accord, vous l'avez déjà dit,
03:39un plaidoyer pour les services publics, l'école, les hôpitaux, le pouvoir d'achat,
03:43avec l'augmentation des salaires et du SMIC.
03:45Tout le monde, effectivement, vous le dites d'ailleurs dans votre lettre,
03:48qui n'est pas d'accord avec l'augmentation du pouvoir d'achat.
03:51Oui, tout le monde, sauf qu'il n'y a pas un mot sur la dette ni le budget,
03:55alors qu'on est en déficit, sous procédure, je vous le rassure, excessive.
04:00Ça veut dire quoi ?
04:02Que ce n'est pas le problème de la gauche, on dirait, l'orthodoxie budgétaire ?
04:07Vous savez, vous avez raison, il faut être sérieux.
04:10Il faut désormais être sérieux.
04:12Le grand concours des apprentis sorciers de Matignon, il nous a divertis,
04:16alors positivement, malheureusement, ou pas du tout pour certains pendant tout l'été,
04:20mais désormais, il faut être sérieux.
04:22Et vous avez raison de parler de ce budget.
04:24Vous n'en parlez pas dans la lettre.
04:26Cette discussion, elle va arriver vite.
04:28Et un budget, ça se prépare, ça se discute.
04:31Et oui, nous, nous avons aussi envie de renouer avec la démocratie parlementaire,
04:35avec des moments de discussion, des moments de débat à l'Assemblée nationale.
04:38Et si nous voulons justement présenter au scrutin de l'Assemblée un budget sérieux,
04:43eh bien, il faut que ce gouvernement ait le temps de le construire.
04:46Et le seul gouvernement qui peut construire un budget sérieux,
04:49discuté, qui puisse être adopté et correspondant à la fois, il faut le dire, à l'Assemblée nationale,
04:54mais aussi à notre vrai objectif de transformation et de justice sociale dans la société,
04:59eh bien, c'est un gouvernement qui sera dirigé demain par Lucie Castex.
05:02Alors, Emma Raffoville, c'est bien, vous jouez l'Union à la veille de cette rencontre avec le nouveau Front populaire.
05:10Il n'empêche, vous êtes élue députée européenne sur la liste de Raphaël Glucksmann aux européennes.
05:15Le même Raphaël Glucksmann qui appelle clairement à couper les ponts avec Jean-Luc Mélenchon.
05:21Les divisions sont de plus en plus criantes.
05:23Il n'y a pas que Raphaël Glucksmann.
05:24Aujourd'hui, il y a eu plusieurs voix du côté des socialistes qui allaient dans le même sens.
05:30Après, notamment, on va en reparler après, mais les déclarations de Rima Hassan.
05:34Il y a eu ces menaces de destitution.
05:36Bref, beaucoup de thèmes de division.
05:38Donc là, vous y croyez toujours à cette union de la gauche ?
05:42Déjà, l'union n'est pas un jeu.
05:44L'union, elle est là et on l'a construite parce qu'il fallait à un moment donné,
05:48je le pense sincèrement, faire barrage à l'extrême droite.
05:51Et ce nouveau Front populaire, il a aussi amené à la naissance d'un Front républicain
05:55qui existe aussi grâce à la gauche et qui nous a permis de gagner face au Rassemblement national.
06:00Est-ce que cela enlève tout ce que vous venez de dire ?
06:03Moi, je pense que demain, la gauche, et notamment avec les socialistes dans son cœur,
06:08elle doit être extrêmement claire et extrêmement exigeante.
06:11Moi, je suis d'accord avec ce cap clair qu'appelle Raphaël Glucksmann de ses voeux,
06:16qu'appelle aussi Olivier Faure de ses voeux.
06:18Et si nous voulons voir la gauche gagner et être crédible et rester à Matignon et rester au pouvoir,
06:24il va falloir ne pas transiger avec nos valeurs.
06:27Et nos valeurs, ce sont évidemment nos valeurs universalistes, nos valeurs républicaines.
06:31Et moi, en tout cas, je n'ai pas l'intention de sacrifier tout ça, y compris dans l'union.
06:36Mais n'empêche que vous vous voyez gouverner avec des gens comme Rima Hassan
06:39qui vous explique aujourd'hui très clairement que les attaques du 7 octobre ne sont pas terroristes.
06:44Enfin, elle reprend soit disant l'ONU qui le dit.
06:48Est-ce que vous imaginez, vous parlez de valeurs,
06:51mais vous êtes dans l'accord avec ce genre de personnes aujourd'hui ?
06:56Les positions de Rima Hassan, elles ne riment à rien.
06:59Soutenir le Hamas, comme finalement elle l'a pu l'exprimer dans ce propos aujourd'hui,
07:03ou en tout cas dire que ces attaques n'étaient pas des attaques terroristes,
07:06c'est finalement soutenir la guerre.
07:09C'est à la fois absurde, mais surtout grave.
07:11Je me bats pour la paix, c'est ce que nous faisons.
07:14J'étais aujourd'hui avec les écologistes.
07:17À leur journée d'été, nous avons pu parler justement de la lutte contre l'antisémitisme,
07:22de l'exigence que nous avons collectivement pour ce combat-là.
07:25Moi, je dois vous dire aujourd'hui, je pense qu'à gauche,
07:28il y a des forces qui sont majoritaires dans ces combats-là.
07:31Il faut nous donner de la voix.
07:33Moi, je vous le dis, ce n'est pas à nous, socialistes, à nous, républicains,
07:37à nous, universalistes, de sortir de l'union.
07:40Il faut, sur des bases claires, continuer à construire l'union.
07:43Mais cela se passera autour de nos valeurs,
07:45parce que si nous voulons une union de la gauche qui gagne,
07:47il faudra qu'elle soit claire.
07:48Donc, en gros, vous bouchez le nez, vous vous dites,
07:51on a besoin de la France insoumise, mais...
07:54Je ne me bouche pas le nez.
07:55Moi, vous savez, je ne me bouche pas le nez du tout.
07:57Je regarde droit dans les yeux ce que je vois se passer.
08:00Et ce que je vois, c'est des comportements inacceptables
08:03de la part de plusieurs membres de la France insoumise,
08:06de la part de plusieurs élus.
08:08Et moi, je leur dis avec beaucoup de force,
08:10et je dis à l'état-major de la France insoumise,
08:12comme déjà j'ai pu le dire par le passé,
08:14que tous ces propos-là, ils blessent la gauche,
08:17ils blessent la France en entier.
08:19Et que si réellement, si réellement,
08:21ils veulent voir la gauche gagner,
08:23et transformer, et changer la vie des gens,
08:25eh bien, il va falloir couper les ponts
08:27avec toutes ces expressions-là, et avec ces gens-là.
08:30Mais ce n'est pas moi qui vais renoncer
08:32ou tourner le dos à l'union de la gauche.
08:34Vous qui êtes députée européenne, Emma Rafovich,
08:37rapidement, vous seriez d'accord
08:39pour faire partie de ces cinquantaines de députés,
08:41en l'occurrence La Renaissance,
08:43qui demande un levé de l'immunité parlementaire
08:45de Rima Hassan, pour provocation à la haine raciale, notamment ?
08:48Je suis députée européenne,
08:50et parce que je suis députée européenne,
08:52je ne peux pas m'empêcher de vous parler
08:54un tout petit peu de procédures européennes.
08:56Pour l'instant, selon qu'il s'agisse d'une tribune,
08:58mais absolument pas d'un appel à une levée d'immunité
09:00qui a été adressée à la présidente.
09:02Ce sont des députés français,
09:04et non pas des députés européens,
09:06qui se sont aujourd'hui adressés à la présidence
09:08du Parlement européen, pour qu'il y ait une levée d'immunité.
09:10Comme d'ailleurs pour le Parlement français,
09:12il faut qu'il y ait une demande de la justice,
09:14puis ensuite un vote du bureau.
09:16Si jamais cette demande de la justice
09:18arrivait au Parlement européen, je ferais évidemment
09:20partie de ceux qui voteraient sans doute favorablement
09:22pour une levée de l'immunité,
09:24rien que pour que la justice puisse faire son travail.
09:26Tout ça est sérieux également,
09:28et ce n'est pas une question de tribune,
09:30mais il faut le dire, de respect d'une procédure parlementaire.
09:33Emma Ravovic, pour en revenir à ce gouvernement,
09:36est-ce que vous seriez prête,
09:38vous, chez les jeunes socialistes,
09:40à gouverner avec un bloc central ?
09:42Parce qu'on rappelle quand même ce que disait
09:44Raphaël Glucksmann,
09:46ni Jupiter, ni Robespierre, ça veut dire
09:48ni Mélenchon, ni Macron.
09:50Je ne partage pas cette formule
09:52d'inclure Jupiter ou Robespierre,
09:55je n'ai pas envie forcément
09:57de reprendre cette formule-là.
09:59Moi, ce que je pense, c'est que c'est le nouveau Front populaire
10:01qui est arrivé premier à ces élections,
10:03que c'est ce nouveau Front populaire-là
10:05qui doit gouverner, et j'espère maintenant
10:07cependant que le nouveau Front populaire qui gouvernera,
10:09et je le sais d'ailleurs, saura trouver
10:11des majorités. Ça ne veut pas dire
10:13gouverner avec, ça veut dire
10:15gouverner, et en effet,
10:17projet par projet, loi par loi,
10:19proposition de loi par proposition de loi,
10:21trouver des majorités à l'Assemblée nationale.
10:23Je pense, et je sais que nous en sommes
10:25capables, et je sais d'ailleurs,
10:27et je pense que les Français seront d'accord
10:29avec cela, que notre démocratie
10:31s'enrichira et
10:33s'ennoblera aussi.
10:35Emma Ravovic, une dernière petite question, parce qu'on arrive
10:37au bout, l'université du PS
10:39aura lieu à Blois à la fin du mois, est-ce qu'il faut
10:41s'attendre à un vote des militants sur la stratégie
10:43du parti menée par Olivier Faure ?
10:45Le vote des militants, il a eu lieu
10:47avant la fin de l'été, il a eu lieu
10:49à plusieurs reprises pendant l'été
10:51également. La réalité, c'est que la stratégie
10:53elle n'a pas changé, il n'y a pas réellement
10:55de nouveautés, vous le savez comme moi,
10:57à part effectivement parfois des petites
10:59discussions ici ou là,
11:01ce que tout à l'heure j'appelais
11:03les Jeux de Matignon, il n'y aura
11:05pas de nouvelles. Si demain
11:07il doit y avoir de nouvelles discussions dans nos
11:09instances, elles auront lieu, mais pour cela
11:11il faut qu'il y ait de nouvelles choses.
11:13Moi je tiens à dire que, depuis le début,
11:15les choix d'Olivier Faure ont mené
11:17là où nous sommes aujourd'hui, c'est-à-dire
11:19à la fois le choix de Raphaël Glucksmann
11:21en 2019, le choix de Raphaël Glucksmann
11:23en 2024, mais aussi tous les choix
11:25successifs, stratégiques, ont amené
11:27aujourd'hui le groupe socialiste à avoir
11:29plus de 60 députés à l'Assemblée nationale.
11:31Et donc c'est une force centrale.
11:33J'espère que nous continuerons là-dessus.
11:35Merci d'avoir été avec nous. Je rappelle que vous êtes présidente des Jeunes
11:37Socialistes et en 8e position sur la liste
11:39Glucksmann pour les élections européennes.
11:41Merci d'avoir été avec nous.

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