Punchline Été (Émission du 18/08/2024)

  • il y a 2 semaines
Pendant tout l'été, les invités de #PunchlineEte débattent des grands thèmes de l'actualité de 17h à 19h
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00:00:00aujourd'hui à la mort d'Alain Delon, mort qu'on a appris ce matin. Il avait 88 ans, il y a eu
00:00:05évidemment beaucoup de réactions, notamment politiques, du monde artistique aussi, et on va
00:00:10faire le tour de ces réactions avec vous, félicité Kinoki. Bonjour, félicité. Bonjour Elodie,
00:00:14bonjour à tous. Les réactions se multiplient en effet Elodie, après le décès d'Alain Delon,
00:00:19sur le réseau social X. L'Académie des Césars a réagi en le positionnant comme l'incarnation
00:00:25même du cinéma. Écoutez, Alain Delon n'était pas seulement un acteur au travers de la variété des
00:00:30rôles qu'il a incarné, avec passion et intensité, mais aussi par sa personnalité contrastée et son
00:00:35magnétisme unique, Alain Delon était devenu une icône éternelle du 7e art. Le Président de la
00:00:41République Emmanuel Macron parle d'un monument français, je cite « Monsieur Klein ou Roko,
00:00:46le guépard ou le samouraï, Alain Delon a incarné des rôles légendaires et fait rêver le monde,
00:00:51prêtant son visage inoubliable pour bouleverser nos vies, mélancolique, populaire, secret,
00:00:57il était plus qu'une tsar, un monument français ». Quant à l'ancien Président Nicolas Sarkozy,
00:01:03dit qu'Alain Delon était béni parmi les dieux, il est né avec un physique qui suscitait
00:01:07l'unanimité, dit-il, il n'était pas seulement beau, il incarnait la beauté, exister à ses côtés
00:01:13était un combat perdu d'avance. Et il y a aussi son ami de longue date, Lyne Renaud, qui écrit
00:01:18« Les premiers souvenirs de leur amitié naissante, je suis tellement triste d'apprendre le départ
00:01:23d'Alain, il était mon ami depuis ses tous débuts, j'ai vu débarquer dans mon salon un garçon de 23
00:01:28ans, à la beauté renversante, il avait déjà tout pour devenir une star, le regard, la voix,
00:01:32le physique, la puissance, la modernité ». Enfin Patrick Bruel a lui aussi réagi en remerciant
00:01:39Alain Delon avec beaucoup de respect, un immense acteur s'en va, vos mots à chacune de nos
00:01:44rencontres ont été un moteur, merci Monsieur Delon. Merci beaucoup, félicité Kindo qui en fera
00:01:50le point tout au long de l'émission avec vous sur un certain nombre de réactions. Je vous le disais,
00:01:54c'est à 8 heures que ce communiqué de la famille d'Alain Delon et de ses enfants est tombé à l'agence
00:01:58France Presse. Alain, Fabien, Anoushka, Anthony, ses enfants, ainsi que son chien Loubo ont l'immense
00:02:04chagrin d'annoncer le départ de leur père, il s'est éteint sereinement dans sa maison de douchy,
00:02:08entouré de ses trois enfants et des siens. Sa famille vous prie de bien vouloir respecter
00:02:12son intimité dans ce moment de deuil extrêmement douloureux. On le rappelle, Alain Delon qui avait
00:02:17commencé sa carrière d'acteur en 1957, il n'avait alors que 23 ans, il a tourné d'en plus de 88
00:02:24films, 7 téléfilms, produit 32 films, joué aussi dans 7 pièces de théâtre. Regardez justement le
00:02:30résumé si on peut dire de sa carrière avec Viviane Hervier.
00:02:35Lorsqu'il tourne en 2008 Astérix aux Jeux Olympiques, cela fait près de 10 ans qu'Alain Delon est resté
00:02:45éloigné des plateaux de cinéma. L'autodérision dont il fait preuve dans son interprétation de
00:02:49Jules César sera saluée par le public. D'une certaine façon la star tord le coup à cette
00:02:54image d'acteur mégalo, prétentieux et imbue de sa personne qui lui colle à la peau. Il faut dire
00:02:59qu'Alain Delon a joué avec les plus grands réalisateurs et les plus grands interprètes du cinéma
00:03:03français et international. J'ai une grande nostalgie des acteurs disparus parce que d'abord il y en a
00:03:08beaucoup mais c'est tous ceux qui m'ont, qui ont fait ma carrière, tous ceux qui m'ont, alors insus ou
00:03:12pas, m'ont apporté, m'ont donné quelque chose et m'ont fait sûrement ce que j'ai été les années
00:03:15qui ont suivi et ce que je suis encore aujourd'hui. Ça fait partie de ma vie. Doté d'une beauté
00:03:20renversante, d'un charisme quasi animal, le succès sera presque immédiat. Pourtant Alain Delon est
00:03:29entré dans le cinéma par effraction. Il n'a jamais pris de cours, son enfant se décline sur fond
00:03:34de parents divorcés, de familles d'accueil et d'institutions d'où il sera systématiquement
00:03:38renvoyé. Après un CAP de charcutier, il s'engage dans la marine au moment de la guerre d'Indochine.
00:03:43De retour à la vie civile, il enchaîne les petits boulots. Ses rencontres amoureuses vont changer son
00:03:49destin. Des femmes mais aussi Jean-Claude Brialy qui l'emmène à Cannes. Yves Allégret sera le
00:03:56premier réalisateur à lui donner sa chance dans Quand la femme s'emmêle. Puis René Clément dans
00:04:04Plein soleil lui offre son premier grand rôle. Sa carrière est lancée. Loukino Visconti le repère,
00:04:10avec lui il tourne Rocco et ses frères puis Le Guépard, Palme d'or à Cannes en 1963.
00:04:16Les religieuses qui s'étaient réfugiées dans la chapelle, toutes agglutinées contre l'autel.
00:04:19Alain Delon a 28 ans, vont suivre Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil qui
00:04:26marque sa rencontre avec Jean Gabin, son modèle dans le métier.
00:04:29Les films vont s'enchaîner, plus de 90 au total. Le samouraï, la piscine, le clan des
00:04:40siciliens, monsieur Klein, paroles de flics pour ne citer que les plus célèbres.
00:04:45Dans Borsalino, il donne la réplique à Jean-Paul Belmondo, son alter ego à l'écran.
00:04:56Côté vie privée, l'acteur est un séducteur, il enchaîne les conquêtes féminines.
00:05:02Les femmes qui ont compté dans sa vie, Romy Schneider avec qui il formera un
00:05:13couple mythique à l'écran comme à la ville ou encore Mireille Dark s'accompagne pendant 15 ans.
00:05:18Il lui faudra attendre 1985 pour être reconnu par la profession qui lui attribue le César du
00:05:24meilleur acteur pour le film Notre Histoire. Au festival de Cannes, la reconnaissance sera
00:05:33encore plus tardive et c'est un Alain Delon ému aux larmes qui reçoit en 2019 une palme d'or pour
00:05:39l'ensemble de sa carrière. Alain Delon est entré de son vivant dans la légende, sa filmographie
00:05:46impressionnante et sa longévité lui confèrent à tout jamais une place à part dans le cinéma français.
00:05:52Et avec moi pendant ces deux heures pour m'accompagner Nathan Devers, bonjour, écrivain.
00:05:59Fabien Lecaure, on se retrouve, bonjour, spécialiste évidemment de la chanson française et de la
00:06:03culture française plus largement. Et Christian Proutot, bonjour, vous êtes fondateur du GIGN
00:06:08et on va voir avec vous justement que vous avez pu rencontrer Alain Delon et créer une relation
00:06:12d'amitié justement grâce au GIGN qu'Alain Delon a toujours soutenu. On a vu tout à l'heure un
00:06:17certain nombre de réactions, je voudrais qu'on vous livre aussi celle de Brigitte Bardot qui s'est
00:06:21exprimée par Communiqué. Elle dit que cette disparition, je la cite, creuse un vide abyssal
00:06:26que rien ni personne ne pourra combler. Alain en mourant met fin au magnifique chapitre d'une époque
00:06:32révolue dont il fut un monument souverain. Il a représenté le meilleur du cinéma prestige de la
00:06:37France, un ambassadeur de l'élégance, du talent, de la beauté. Je perds un ami, un alter ego, un
00:06:42complice. Nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes déceptions, le même amour des animaux.
00:06:47Fabien Lecoeuvre, c'est vrai que cette déclaration de Brigitte Bardot est aussi très émouvante. On a
00:06:51l'impression qu'elle voit aussi une page qui se tourne avec justement évidemment la disparition
00:06:56d'Alain Delon. Oui, elle confirme surtout un changement d'époque définitif. Je pense qu'Alain
00:07:02Delon est le plus grand nom, l'un des plus grands noms en tout cas du XXe siècle. L'époque a
00:07:08totalement changé, c'est-à-dire aussi bien au niveau de la réflexion, au niveau de l'image, au niveau de
00:07:13la considération, des rôles de chacun, la discrimination, enfin tout ça. Tout s'est
00:07:18totalement déplacé et Alain Delon faisait partie, à mon sens, du dernier grand défenseur de ce
00:07:25XXe siècle qui a été riche évidemment en événements et en personnalité. Et ce qu'elle traduit, ce que
00:07:31je peux traduire moi dans les propos de Brigitte Bardot, il y a un peu de ça. C'est l'enrevoir
00:07:36définitif à une époque et je pense au XXe siècle qui n'a plus rien à voir avec ce siècle
00:07:42dans lequel on est engagé pratiquement depuis 25 ans maintenant définitivement. Donc je pense
00:07:48quand on dit le dernier monstre sacré, la dernière légende du cinéma, etc., c'est surtout le dernier
00:07:53d'un certain temps passé. Je pense que c'est là vraiment ce qu'il faut entendre à travers ça. Et
00:07:59il reste qui ? Bardot. Dans cette génération-là, Bardot est de 34 et Delon de 35. Donc c'est
00:08:07voilà dans cette génération-là, il reste Brigitte Bardot puisque tous les autres, que ce soit de
00:08:11Belmondo, que ce soit de tous ces gens, Lino Ventura, tous ces gens qui appartiennent à un
00:08:15certain cinéma français ne sont plus aujourd'hui. Alors la chance que l'on ait, c'est qu'il y a une
00:08:21oeuvre. Vous savez, un artiste, un acteur, c'est une oeuvre qui reste. C'est des films, c'est près
00:08:26de 90 films exceptionnels qui vont nous permettre encore de vivre et de revivre avec Alain Delon
00:08:32encore de très nombreuses années. Et voilà, je pense que c'est un discours, c'est toute une
00:08:39considération, c'est tout un être. C'est ça qui est intéressant. Et à travers Brigitte Bardot,
00:08:44et vous le rappeliez, je pense qu'on signe un vrai changement par le départ de cet homme,
00:08:49ce monstre sacré. Et voilà, il reste Brigitte Bardot dans ces monstres sacrés, il faut le
00:08:54rappeler. Évidemment. Mais c'est vrai que Nathan Devers, on a parfois, quand on a la disparition
00:08:59de certains grands, grands artistes, l'impression que véritablement une page se tourne. Alors ça
00:09:03peut être une génération, ça peut être une carrière, ça peut être un mode de vie, une
00:09:05façon de penser, mais quelque chose qu'ils ont incarné et pour qui vraiment le jour de leur décès
00:09:10marque un peu une autre ère. Et on sent qu'avec Alain Delon, il y a vraiment de ça, alors à la fois
00:09:14parce que factuellement, c'est vrai qu'il était le dernier de cette génération, le dernier homme,
00:09:17en tout cas il reste Brigitte Bardot, mais aussi parce qu'on pense à un cinéma qui n'existe plus
00:09:21forcément, à une façon aussi de glorifier les acteurs qui n'existent plus forcément aujourd'hui.
00:09:25Oui, bien sûr. Je pense que les grands films, et c'est probablement le cas aussi de la musique,
00:09:31ont cette vertu d'être des Madeleines de Proust. Alors il est vrai que par exemple dans le cas de
00:09:37ma génération, je n'ai pas assisté en temps réel à l'érection de la légende d'Alain Delon, mais par
00:09:45exemple au moment de la cérémonie aux Invalides qui avait eu lieu pour Belmondo, eh bien il y
00:09:52avait eu à ce moment-là, quand son cercueil était sorti à la fin de la cérémonie et qu'il y avait
00:09:58la musique, je ne sais plus de quel film, je ne me souviens plus, mais en tout cas la musique d'un
00:10:02de ses films, et il y avait une émotion, du professionnel c'est ça exactement, et il y avait
00:10:06une émotion très très forte qui avait pris non seulement le public qui était là, mais je pense
00:10:11d'ailleurs tous les gens qui ont vu cette séquence à la télévision, et il me semble, je me trompe
00:10:15peut-être, mais que dans cette émotion il y avait aussi l'effet miroir de ce souvenir pour les gens
00:10:19de revoir toute leur vie à travers la figure de quelqu'un. Oui, c'est longue carrière aussi, elle rythme la vie des
00:10:23générations. Vous vous rappelez qu'un tel film, vous êtes jeune, vous avez votre enfant, vous êtes marié,
00:10:26ça marque une vie aussi la vie des Français. Et qui accompagne les souffrances et les joies et les
00:10:32souvenirs des uns et des autres, et peut-être qu'Alain Delon, même dans sa personnalité, il avait
00:10:37cette vertu de savoir ce qu'il incarnait, de savoir ce qu'il incarnait pour les autres, et je pense
00:10:41notamment au Delon que ma génération a connu, c'est-à-dire le Delon plus âgé, et le Delon qui
00:10:47était frappé aussi par une certaine forme de nostalgie, il avait une manière de parler tout le
00:10:51temps des morts qui l'entouraient, et dont il se sentait le gardien, dont il se sentait le dernier
00:10:57des représentants, qu'il avait l'impression que ces figures-là l'habitaient. J'ai l'impression
00:11:02aussi qu'il y avait chez lui une forme de, en dépit des adjectifs qui lui sont parfois collés,
00:11:09d'égoïste, de mégalo, etc., j'ai l'impression qu'il y avait une forme d'obsession de la gratitude, de
00:11:14toujours rappeler les gens grâce auxquels il avait pu faire sa carrière, les Melville, les autres,
00:11:20les Visconti, les personnes qui l'avaient aidé, qui lui avaient offert cette destinée si originale,
00:11:29et puis en effet, dernière dimension, et comme vous l'avez dit, et très très justement, c'est qu'il
00:11:34était le représentant d'un monde qui s'en va, d'un rapport, on en reparlera peut-être tout à l'heure,
00:11:39mais d'un rapport à la lumière et à l'ombre, où ça fait partie non seulement des dernières stars
00:11:44d'une époque, mais peut-être des dernières stars tout court. Pour être une star, contrairement à ce
00:11:48qu'on dit, il ne faut pas être sous la lumière, il ne faut pas être sous les projecteurs, il faut au
00:11:52contraire être tout le temps caché, être mystérieux, et apparaître de temps en temps. Il faut être caché
00:11:57dans une maison, dans un manoir à douchies, où on sait que personne ne sait ce qui se passe à
00:12:01l'intérieur. Dans une époque mue par les réseaux sociaux, on n'est pas du tout dans ce même rapport
00:12:06à la célébrité. Peut-être aussi qu'il est sans doute l'un des derniers représentants d'une certaine
00:12:11culture de la masculinité telle qu'il l'incarnait, de l'homme avec un grand âge, comme ça, et avec
00:12:18cette idéalisation de la virilité, avec aussi ses mauvais côtés, mais en tout cas qui s'en va.
00:12:24Et je pense qu'il y a ça. Il y a ce qui disparaît avec Alain Delon, c'est un immense acteur,
00:12:30c'est un grand homme au sens d'un homme qui a eu une vie extrêmement intense, qu'il a vécu
00:12:35intensément et qui n'a pas caché le fait qu'il l'a vivé intensément. Et c'est aussi un grand
00:12:41bout de siècle. Je voudrais qu'on parle aussi avec vous, Christian Proutot, de l'homme, justement,
00:12:45qu'il était. Vous avez pu le côtoyer, notamment dans vos fonctions. Je le disais au GIGN, quand Alain
00:12:50Delon venait, comment ça se passait ? Est-ce que vous nous disiez, vous étiez avec moi déjà dans
00:12:55le Big News, qu'il voulait être discret ? Ce n'était pas quelqu'un qui avait envie de se mettre en
00:12:59avant lors de ces occasions-là ? Oui, tout à fait. D'abord parce que s'il venait voir croiser ses
00:13:05hommes, c'est par rapport à l'admiration qu'il leur portait. Et il ne voulait pas que l'acteur dont
00:13:11il savait, puisqu'il a employé le mot « nous étions ensemble », qu'il qualifiait de saletain
00:13:17banque, qu'on puisse le mettre en comparaison avec le courage effectif de ses hommes. Et les
00:13:25quelques fois où il a souhaité venir au GIGN, ça a été à chaque fois pour des moments importants,
00:13:31il savait qu'il représentait Alain Delon, il savait tout l'enthousiasme que mes hommes,
00:13:35que mes successeurs, avaient pour lui. Mais il leur renvoyait l'image en disant « attention,
00:13:43moi je ne joue pas pour de vrai, comme disent les enfants, c'est vous qui êtes là, qui faites ce
00:13:49travail ». Et il était avec eux extraordinaire. Alors bien évidemment, il se prêtait aux jeux
00:13:54traditionnels, même si à l'époque, dans les dernières fois où il est venu, il n'y avait
00:13:58pas encore cet usage du selfie, mais il y avait quand même le plaisir de prendre des photos,
00:14:05de se retrouver avec Alain Delon, et il s'est prêté volontiers. Voilà, je dirais ça, c'est
00:14:09l'aspect au GIGN. Moi, l'aspect que j'ai connu d'Alain, il était, je dirais, complètement dans
00:14:14la vie, une vie quotidienne, simple, qu'il acceptait par moment de partager avec moi. J'ai
00:14:21eu ce privilège. Mais je rejoins tout à fait ce qu'a dit Fabien et Nathan, c'est que c'est quand
00:14:26même un monde qui s'efface. Bien sûr. Il emporte avec lui une vision du cinéma de certains acteurs
00:14:34qui, de par la profusion du cinéma, la multiplicité des supports, fait que soit l'actualité fait que
00:14:45ces gens-là sont éphémères de par le turnover, mais en plus, la manière dont sont portées les
00:14:52images n'est plus du tout la même. Et avoir des acteurs qui portaient leur art, je ne sais plus
00:15:00si avec ce monde actuel, ce sera identique. Je ne pense pas qu'on pourra avoir ce genre de...
00:15:07De monstres sacrés. Voilà, on est obligé d'employer un mot. Oui, c'est l'expression qui...
00:15:12J'avais le privilège, donc, de connaître les deux, puisque je connaissais également Jean-Paul,
00:15:19parce qu'ils avaient voulu, avec Verneuil, que Gégène tourne dans Peur sur la ville,
00:15:24donc c'est comme ça que je l'avais connu. Et c'est vrai que ces deux monstres, qui en plus,
00:15:30on le sait, ont entretenu une fausse rivalité... On va l'entendre, justement, à l'un de nos sujets tout à l'heure.
00:15:36...qui leur servait parce que les médias avaient besoin de ça, mais qui s'entendaient énormément,
00:15:42eh bien, fait que ce n'est plus le même cinéma auquel on aura affaire, et après tout,
00:15:49c'est notre époque, et ils partent avec.
00:15:53Oui, je voulais rajouter une chose de ces analyses très justes, c'est-à-dire que je pense que Delon,
00:15:59mais comme Bardot d'ailleurs, appartiennent à une époque où on glorifiait la beauté.
00:16:04Aujourd'hui, dire que quelqu'un est beau, aujourd'hui, on l'écarte, tout de suite.
00:16:10Et on ne met surtout pas en avant ça, parce que si vous dites à une actrice aujourd'hui qu'elle est très belle,
00:16:14on va vous dire que ça veut dire qu'elle est idiote et qu'elle ne sait pas jouer.
00:16:17La génération Delon, ce sont des gens beaux. C'est-à-dire, c'est des gens qui, au-delà du talent qu'ils ont,
00:16:25parce que l'un ne va pas sans l'autre non plus, on peut avoir les deux,
00:16:29et le talent, le travail qu'a donné Delon et cette chance qu'il a toujours, quelque part, accompagné
00:16:35dans une vie compliquée au départ de son existence, mais ont glorifié tous ces gens et ont glorifié la beauté qu'ils incarnaient.
00:16:42C'est-à-dire que le public, il ne faut pas l'oublier, dans les années 60, 70, 80, 90, etc.,
00:16:48le public voulait ressembler à ces icônes du cinéma.
00:16:52Oui, on s'habillait pareil, on se coiffait pareil.
00:16:54On s'habillait comme Brigitte Bardot, on se coiffait comme Sylvie Vartan,
00:16:56on se masculinisait comme un Alain Delon ou un Belmondo dans cette forme de virilité dont a parlé Nathan tout à l'heure.
00:17:03Aujourd'hui, c'est l'inverse, si on doit comparer ces deux époques.
00:17:06C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les stars du cinéma, il y en a, mais elles veulent s'habiller comme le public.
00:17:13Alors que nous, c'était l'inverse, dans l'analyse profonde des choses.
00:17:17Et c'est pour ça qu'un Delon est resté d'une manière exceptionnelle dans le cœur des gens,
00:17:22parce que c'est des gens, on voulait être comme eux.
00:17:25Oui, on s'identifiait, c'était des vrais repères aussi.
00:17:28Et c'est ça la différence de ces deux époques dont on peut expliquer ou pas, pour ou contre, ce n'est pas là le problème.
00:17:35Mais c'est important d'expliquer le chemin de vie d'un Alain Delon à travers une carrière et l'existence dans les yeux du public.
00:17:42Et ça, ça change totalement tout dans la réflexion.
00:17:45Je voudrais qu'on se rende tout de suite sur le terrain.
00:17:47On va rejoindre Mathilde Ibanez et Pierre Emko.
00:17:50Bonjour à tous les deux.
00:17:51Vous êtes justement devant la demeure qui a occupé une grande partie de sa vie Alain Delon à Douchy.
00:17:57C'est l'endroit aussi où il s'est éteint, nous a indiqué sa famille.
00:18:00On sait aussi que c'est l'endroit où il veut être enterré.
00:18:03On imagine bien sûr, Mathilde, que l'émotion est très forte sur place.
00:18:09Il y a beaucoup d'émotion dans ce village de 1300 habitants.
00:18:13Amis, connaissances, anonymes, qui pour beaucoup ont fait plusieurs kilomètres, viennent ici pour y déposer.
00:18:19Vous pouvez le voir, des fleurs, des mots, des cassettes.
00:18:22Pour rendre en tout cas hommage à cette figure du cinéma français.
00:18:27Et justement, moi je me trouve avec Michel, Sarah et Malika.
00:18:32Bonjour mesdames.
00:18:33Pourquoi c'était important pour vous d'être là aujourd'hui ?
00:18:36Pour moi c'était important parce que déjà on est à côté, on est à 20 kilomètres d'ici.
00:18:41Et moi Alain Delon a bercé toute mon adolescence.
00:18:45C'est le plus grand acteur qui restait, hélas, en France.
00:18:50Et c'était important de venir lui rendre hommage une dernière fois, devant son domaine, devant son domicile.
00:18:55Et on pense bien sûr à toute sa famille qui a perdu son papa.
00:19:00A tout le chagrin qu'ils ont pu ressentir.
00:19:03Parce que nous on a beau ne pas être de la famille, ça nous fait un déchirement, ça nous fait un pincement au cœur.
00:19:08En apprenant ça ce matin au réveil, moi j'étais bouleversée, complètement bouleversée.
00:19:14Justement, c'est un immense acteur français, comment vous le décriviez ?
00:19:19Immense, c'est le mot, grandiose.
00:19:23C'est un acteur comme on n'en trouve plus maintenant.
00:19:27C'est un des derniers grands acteurs pour moi.
00:19:31Maintenant quand on regarde les films, ça n'a rien à voir avec les films de Delon.
00:19:38De l'époque ?
00:19:39De l'époque, oui.
00:19:41On peut dire qu'il avait une prestance, une gueule finalement pour le cinéma.
00:19:45Un charisme incroyable.
00:19:47Au-delà de sa beauté, il avait une présence.
00:19:50Il dégageait quelque chose de fort, de mystérieux, de ténébreux.
00:19:56Certainement aussi dû à l'enfance qu'il a eue.
00:20:00Mais c'était aussi une carapace, parce qu'on a souvent parlé de lui comme une personne hautaine.
00:20:06Une personne prétentieuse, mais il a fait beaucoup pour les autres.
00:20:10Il a été très fidèle en amitié.
00:20:12Il a financé les obsèques d'Annie Girardot.
00:20:15Il a accompagné Romy quand elle a perdu son enfant.
00:20:24Il a toujours été présent pour Mireille aussi.
00:20:27On parle d'elle comme si c'était des gens qu'on connaît, comme si c'était de la famille.
00:20:35C'est le sentiment qu'on a toutes les trois aujourd'hui d'avoir perdu quelqu'un de sa vie.
00:20:40Et puis les animaux, tout ce qu'il faisait aussi.
00:20:42Tous les animaux qu'il a sauvés.
00:20:44Il veut être enterré avec ses chiens.
00:20:46Malgré ce qu'on dit de long de long, c'était un nom de long.
00:20:51Il avait un cœur et il était gros comme ça son cœur.
00:20:54Malika, vous le décrivez comment cet homme ? L'homme, l'acteur ?
00:20:59La même chose que mes deux amis.
00:21:02C'est un grand acteur, un grand monsieur, le meilleur.
00:21:07Le plus beau.
00:21:11Beaucoup d'émotions quand même.
00:21:13Oui, parce que c'est fini.
00:21:17Je crois que c'était le dernier.
00:21:19Il y avait Belmondo, Jean Gabin.
00:21:23Je suis un peu plus vieille que ça.
00:21:27Ventura.
00:21:29C'est fini.
00:21:32On n'aura plus d'acteur comme ça.
00:21:34Moi j'en suis persuadée.
00:21:36C'est comme un Johnny Hallyday.
00:21:38On n'aura plus un monument comme ça.
00:21:40C'est représentatif aussi de la France.
00:21:42Quelle fierté d'avoir eu un acteur pareil.
00:21:44Un acteur comme lui.
00:21:46Moi je suis fière d'être française pour avoir un acteur comme ça.
00:21:49Et en plus d'être voisine d'Alain Delon.
00:21:51Je dis à tout le monde que c'est mon voisin.
00:21:53Je suis fière.
00:21:55Sur notre téléphone on s'appelle Delon.
00:21:57Malika Delon, Michel Delon, Sarah Delon.
00:22:01Merci beaucoup mesdames.
00:22:04L'hommage est très important.
00:22:08Cette résidence était très appréciée de l'acteur.
00:22:11C'était considéré comme son refuge depuis 50 ans.
00:22:15Alain Delon venait régulièrement ici.
00:22:17Il l'avait même dit dans une interview.
00:22:20Espérer en tout cas finir ses jours ici.
00:22:23Et être enterré aux côtés de ses chiens.
00:22:27Merci beaucoup Mathilde Imanes.
00:22:29Merci à Pierre-Emcoe, à qui vous accompagne, Nathan Devers.
00:22:31Quand on écoutait ces trois fans d'Alain Delon.
00:22:33On se disait qu'effectivement des fans qui connaissent comme ça la vie de l'acteur.
00:22:37Je pense qu'on aurait pu les laisser parler pendant trois heures.
00:22:39Elles auraient pu faire aussi l'émission.
00:22:41Aujourd'hui ça existe moins.
00:22:42Elles connaissent son histoire.
00:22:43Elles connaissent où il habite.
00:22:44On sent qu'il y a un lien.
00:22:45Presque comme si elles le connaissaient réellement.
00:22:47En fait dans la vraie vie si j'ose dire.
00:22:49C'est magnifique.
00:22:50C'est touchant de voir des fans.
00:22:52On sent leur émotion aussi.
00:22:53Les passions sont toujours touchantes.
00:22:54Quel que soit leur objet.
00:22:55Je dirais presque que la personne sur laquelle elle va porter.
00:22:57Ou le domaine dans lequel les passions peuvent porter.
00:23:00Presque anecdotique.
00:23:01C'est la beauté de la passion en tant que telle.
00:23:03Les gestes d'amitié qu'Alain Delon avait pu avoir.
00:23:07C'est magnifique de voir ça.
00:23:09Et en effet je ne suis pas sûr que ça existe de la même manière aujourd'hui.
00:23:12Parce qu'aujourd'hui le rapport de ce qui est vu et ce qui n'est pas vu.
00:23:15C'est inversé.
00:23:16D'un côté il y a beaucoup plus de transparence.
00:23:18Je me souviens d'une phrase de Catherine Deneuve.
00:23:20Où elle disait je suis peut-être la dernière star.
00:23:22Parce que je suis la seule, la dernière des célébrités.
00:23:25Donc il y a plein de choses qu'on ne sait pas.
00:23:27On ne voit pas tout etc.
00:23:28Aujourd'hui on a beaucoup de vedettes.
00:23:30Ça veut dire qu'aujourd'hui les acteurs, les chanteurs.
00:23:33Font beaucoup leur communication sur les réseaux sociaux.
00:23:35Et donc les réseaux sociaux ils se filment.
00:23:37Ils ont plus tendance à se filmer entre guillemets dans leur cuisine.
00:23:40Sur leur canapé.
00:23:41Sur des scènes de vie quotidienne et un peu banales.
00:23:43Exactement.
00:23:44Sans poser.
00:23:45Enfin en donnant l'impression qu'ils n'ont pas posé.
00:23:46Mais en tout cas on a cette fausse impression de complicité.
00:23:49Alain Delon je pense que c'est vraiment l'incarnation de la distance.
00:23:52Ce n'est pas quelqu'un qu'on croise dans la rue.
00:23:54Je ne pense pas qu'on avait envie tout de suite d'aller.
00:23:56A priori pas non.
00:23:57C'est comme moi je me souviens il y a quelques années.
00:23:59J'avais croisé Gérard Depardieu dans la rue.
00:24:01On n'ose pas aller lui dire.
00:24:02Ah GG comment ça va ?
00:24:03Et d'ailleurs les passants autour étaient interdits.
00:24:06On voyait bien qu'ils n'osaient pas aller l'aborder.
00:24:08Dans la star actuelle, il y a plus cette tentation de dire.
00:24:12Ah toi je t'ai vu, je te connais.
00:24:15Ça c'est la première chose.
00:24:16Et la deuxième chose, c'est qu'en effet on le disait entre nous pendant le sujet,
00:24:21mais peut-être qu'il peut y avoir chez les stars actuelles,
00:24:25et d'ailleurs pas que actuelles, mais un rapport plus professionnel à la chose.
00:24:29Il est vrai qu'Alain Delon disait toujours qu'il n'était pas un comédien mais un acteur,
00:24:33qu'il n'avait pas fait d'école de théâtre, qu'il n'avait pas fait d'école de cinéma,
00:24:35qu'il ne jouait pas et qu'en fait il ne trichait pas.
00:24:38Derrière la caméra ou en dehors, il ne devait pas faire de mimétisme par rapport à un personnage.
00:24:43Il était lui.
00:24:44Cette manie de parler de lui à la troisième personne, c'est peut-être aussi un peu ça.
00:24:47C'est finalement dire les rôles que j'ai joués sont anecdotiques,
00:24:50je n'ai toujours joué que moi-même Alain Delon.
00:24:52Et peut-être que ça aussi, c'est un peu moins le cas.
00:24:54Et que c'était plus simple pour le public de s'identifier à quelqu'un
00:24:58dont on savait pas forcément de quelle couleur était sa table de chevet à côté de son lit,
00:25:04mais dont on savait qu'elles avaient été les grands drames et les grandes passions de sa vie.
00:25:08Et peut-être que ces deux éléments-là se sont en effet complètement reconfigurés
00:25:12entre l'époque d'Alain Delon et l'époque d'aujourd'hui.
00:25:16Je voudrais qu'on écoute aussi, je vais vous donner la parole dans un instant,
00:25:18mais pour compléter cette partie aussi justement sur ce qui se passe autour de Douchy,
00:25:21Mathilde Ibanez et Pierre Remco, tout à l'heure,
00:25:23ont pu s'entretenir avec le maire de la commune.
00:25:26Écoutez ce qu'il leur a dit.
00:25:28Il faisait partie du village quoi.
00:25:31Donc ça fait partie du patrimoine de Douchy.
00:25:34Nous on a toujours trouvé Alain Delon comme une personne normale.
00:25:37Quand ils sont arrivés en 1970 avec Mireilla,
00:25:40ils participaient davantage aux activités de la commune.
00:25:44On le côtoyait vers les commerçants, au restaurant.
00:25:51Fabien Lecoeuvre, effectivement, on voit aussi ce lien véritablement fort avec son domaine,
00:25:56son petit écrin de Douchy où il souhaitait s'éteindre.
00:26:00Ça a été le cas et où il souhaite être enterré.
00:26:02Le maire rappelait qu'il avait fait la demande, notamment à la préfecture,
00:26:05mais qu'il fallait maintenant que ce soit accordé parce que ce n'est pas aussi simple que ça.
00:26:08Oui, et puis pour compléter ce que disait Nathan très justement,
00:26:11c'est-à-dire par des exemples appliqués,
00:26:12c'est-à-dire qu'il fait partie d'une génération de stars
00:26:15qui mettait aussi en lumière et en public leur vie privée.
00:26:18Oui.
00:26:19C'est les lois de Jacques Lang qui, à partir de 1982-83,
00:26:22ont fait un changement, ont opéré un changement sur les comportements des stars.
00:26:25Puisqu'on a protégé davantage, Dieu merci d'ailleurs, la vie privée des stars,
00:26:29avec des lois beaucoup plus sévères,
00:26:31en tout cas en ce qui est en sein de la presse,
00:26:33qui mettaient en couverture des artistes dans leur vie privée sans autorisation.
00:26:37Oui.
00:26:38Mais de l'ombre, en fait, vous prenez Gainsbourg-Birkin, vous prenez Jeunier-Sylvie,
00:26:42vous prenez tous ces couples célèbres d'Alida et tous ces hommes,
00:26:45les hommes de sa vie, etc.
00:26:47Claude François, John Hallyday,
00:26:48tous ont mis en pâture, en lumière leur vie privée.
00:26:50Oui, leurs enfants, etc.
00:26:52Absolument.
00:26:53Mais ce qui a créé du coup un lien indestructible avec leur public.
00:26:57Parce que le public se sentait un membre de cette même famille célèbre.
00:27:02C'est ce qui a créé ce lien affectif au-delà des relations professionnelles.
00:27:06C'est ce qui a fait que, par exemple, même quand un film ne marchait pas
00:27:09ou un disque ne vendait pas,
00:27:11les gens de leur public l'achetaient quand même.
00:27:13On achetait le nouveau disque de Dalida, de Claude François, de John Hallyday,
00:27:17on allait voir le nouveau film d'Alain Delon, même si ce n'était pas bon.
00:27:20Oui, c'était un rendez-vous véritablement.
00:27:22Parce que ça créait ce lien.
00:27:23Ils étaient un membre de la famille.
00:27:25Donc, c'est important de le rappeler sur la base.
00:27:27Et puis, il y a une chose dont on ne parle pas,
00:27:29et on l'a vu dans les reportages à Douchy d'aujourd'hui,
00:27:31c'est le côté sensuel, presque sexuel, d'un public qui est essentiellement féminin sur Alain Delon.
00:27:40Oui, là, sur leur téléphone portable,
00:27:42ils ont mis le nom d'Alain Delon derrière leur prénom quand même.
00:27:44Voilà, entre autres.
00:27:45C'est-à-dire qu'Isabelle Delon avait un pouvoir de séduction hors normes.
00:27:50Les personnes qui se trouvent même devant Douchy,
00:27:53et s'il y a 300 personnes, il y a 250 femmes,
00:27:56sur les 300 personnes devant sa résidence privée aujourd'hui, en ce 18 août,
00:28:00c'est-à-dire qu'il y a ce lien ancien,
00:28:04pour certaines qui sont devant le domicile de l'acteur,
00:28:09mais parce qu'il y a toujours eu cette relation sensuelle, presque sexuelle.
00:28:15Vous savez, quand on aime un chanteur, un acteur, c'est aussi pour ça.
00:28:21C'est-à-dire qu'on se projette aussi, pourquoi pas, un jour, dans sa vie privée.
00:28:25Oui.
00:28:26Vous savez, on tombe amoureuse, la fille dans sa chambre quand elle a 12, 13 ans.
00:28:30Oui, il y a une petite vie par procuration qui s'installe.
00:28:32Elle tombe amoureuse du poster, d'abord,
00:28:34et puis après, elle suit tous les films de Delon,
00:28:36et puis après, il y a une espèce d'ambition secrète
00:28:39de pouvoir partager un jour peut-être la vie de ce célèbre acteur.
00:28:43Ça, on n'en parle jamais parce que c'est tabou de dire ça.
00:28:46Mais il y a quand même ce lien très sensuel entre un fan, un public,
00:28:50féminin essentiellement pour Alain Delon,
00:28:52qui dégageait une forme de sex-appeal énorme.
00:28:55Quand il arrivait dans une pièce, dans un restaurant,
00:28:57je l'ai croisé des centaines de fois, je peux vous dire,
00:28:59à chaque fois, il arrivait, il dégageait,
00:29:01toutes les femmes ne restaient pas insensibles.
00:29:03C'est-à-dire qu'il avait une manière de leur parler.
00:29:05Moi, je sais que la dernière fois que je l'ai vue, c'était à l'Élysée,
00:29:08dans la grande salle des fêtes, il était invité pour une réception
00:29:11à l'occasion de consacrer la chanson, etc.
00:29:15Il voulait que je reste absolument à côté de lui
00:29:17pour que je lui raconte qui était qui dans la soirée.
00:29:19Je lui ai parlé à l'oreille pendant une heure et un quart,
00:29:22dans la soirée, donc je ne peux pas oublier cet instant.
00:29:25Il voulait savoir qui était cette fille,
00:29:27parce que son visage lui disait quelque chose,
00:29:29mais il ne savait pas qui elle était, ce qu'elle avait fait.
00:29:31C'était toujours sur les femmes qui me posaient des questions.
00:29:33Tu sais, si elle est célibataire, cette personne, etc.
00:29:35Il adorait que je lui raconte des potins,
00:29:37parce que je connaissais la vie de pratiquement tout le monde,
00:29:39dans la salle.
00:29:41Donc il adorait ça, parce que comme toutes ces stars
00:29:43et comme tous ces gens qui font ce métier,
00:29:45on adore avoir des informations,
00:29:47même si personne ne veut le dire, mais tout le monde veut savoir.
00:29:49Oui, évidemment.
00:29:51En fait, il avait ce sens très séduisant
00:29:55quand il abordait les femmes.
00:29:56Moi, je l'ai vu aborder des femmes qu'il ne connaissait pas.
00:29:58Tout de suite, elles avaient les yeux qui brillent
00:30:00et le sourire jusqu'aux oreilles.
00:30:01C'est-à-dire que d'un seul coup, il y avait cette forme
00:30:03d'admiration, de fascination, de pouvoir
00:30:05qu'il avait essentiellement sur la jante féminine.
00:30:08Mais vraiment, vraiment.
00:30:09Et il représentait, enfin, la masculinité
00:30:13dans toute sa personne.
00:30:15Tout ce qu'on veut déconstruire aujourd'hui,
00:30:17comme dirait Sandrine Rousseau.
00:30:19C'est-à-dire que c'est une manière...
00:30:21Lui, il incarnait la masculinité, la virilité.
00:30:24La virilité, j'ai vu.
00:30:25Et ça, je peux vous dire que c'est un pouvoir exceptionnel
00:30:28qu'il a eu, et jusqu'à la fin de sa vie, il a gardé ça.
00:30:31Et c'est ça, en fait, le succès
00:30:33de ces gens qui sont encore devant
00:30:35la propriété douchée aujourd'hui,
00:30:37parce qu'elle garde cette forme de masculinité
00:30:39dans la tête, et il incarnait vraiment
00:30:41ce qu'elle recherchait, quelque part,
00:30:43dans la séduction et dans l'accompagnement
00:30:45aux côtés d'un homme.
00:30:47On va rejoindre tout de suite Franck Riester,
00:30:49qui est en ligne avec nous.
00:30:51Bonjour, monsieur le ministre du Commerce extérieur
00:30:53et ancien ministre de la Culture.
00:30:55Merci d'être avec nous sur CNews.
00:30:58On le dit maintenant depuis un peu plus de 30 minutes
00:31:00sur notre plateau, avec la disparition d'Alain Delon.
00:31:03C'est aussi une page de la culture française
00:31:06qui se tourne, une certaine idée, j'allais dire,
00:31:08du cinéma qui s'en va.
00:31:10C'est le dernier grand monstre du cinéma français
00:31:14qui disparaît,
00:31:16qui a marqué des générations,
00:31:18qui a eu des rôles iconiques,
00:31:20et qui, par son charisme,
00:31:22ses rôles iconiques,
00:31:26a su marquer le monde entier.
00:31:30C'était non seulement une star française,
00:31:32adorée des Français, mais aussi adorée
00:31:34d'un grand nombre de spectateurs
00:31:36dans le monde entier.
00:31:38Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
00:31:40on est tous sous le choc de sa disparition.
00:31:42Et c'est quelque part un pan,
00:31:46effectivement, du cinéma français
00:31:48qui, avec le départ d'Alain Delon,
00:31:50disparaît.
00:31:52On gardera son œuvre.
00:31:56Ces œuvres qui sont aujourd'hui
00:31:59les classiques du cinéma français,
00:32:01et qui nous ont tous marqués
00:32:03ou un autre de notre vie,
00:32:05et qui ont marqué des générations de français.
00:32:07Franck Ressart, vous connaissez bien,
00:32:09comme je le disais, le monde de la culture.
00:32:11On a tendance à dire, peut-être,
00:32:13que des monstres sacrés,
00:32:15comme l'était Alain Delon,
00:32:17Jean-Paul Belmondo,
00:32:19on n'en fera plus aujourd'hui.
00:32:21Est-ce que vous êtes d'accord, justement,
00:32:23avec le fait que cette génération
00:32:25aussi a changé ?
00:32:27Le monde a changé.
00:32:29Les moyens d'avoir accès
00:32:31à une multitude d'offres,
00:32:33et donc la capacité,
00:32:35à travers des films emblématiques,
00:32:37de construire des personnalités
00:32:39de ce niveau de notoriété
00:32:41est plus difficile.
00:32:43Mais je pense que dans l'avenir,
00:32:45d'ailleurs, nous en avons aujourd'hui
00:32:47dans le cinéma français,
00:32:49quelqu'un comme Jean Dujardin, par exemple,
00:32:51qui est aussi quelqu'un de très reconnu
00:32:53à la fois en France et dans le monde entier,
00:32:55fait partie de ces figures
00:32:57d'un cinéma plus récent,
00:32:59qui a marqué, marque encore
00:33:01le cinéma français.
00:33:03Et donc, je ne suis pas pétiche,
00:33:05je suis même optimiste.
00:33:07On a la chance, en France,
00:33:09d'avoir un cinéma très créatif,
00:33:11très riche de talents, et qui,
00:33:13je l'espère, construiront aussi
00:33:15des imaginaires pour les générations futures.
00:33:17En tout cas, moi, j'ai un souvenir
00:33:19très fort
00:33:21de l'hommage qui lui a été rendu
00:33:23au Festival de Cannes en 2019.
00:33:25J'étais ministre de la Culture à l'époque.
00:33:27Tout le monde du cinéma
00:33:29lui a rendu hommage
00:33:31à travers une palme
00:33:33d'honneur, et c'était un moment très fort
00:33:35parce que, comme toujours,
00:33:37ce qui faisait peut-être aussi la spécificité
00:33:39d'Alain Delon, c'était quelqu'un
00:33:41de sincère, d'authentique,
00:33:43qui disait les choses qu'il pensait,
00:33:45et qui assumait
00:33:47tous ses choix, assumait toutes ses idées
00:33:49avec beaucoup de force, beaucoup de conviction.
00:33:51Et il nous a
00:33:53fait des mots
00:33:55très émouvants,
00:33:57en tant qu'acteur, sa carrière,
00:33:59et aussi, en tant que lui,
00:34:01l'homme, l'homme Alain Delon
00:34:03et son rapport au temps
00:34:05et à la mort. C'était
00:34:07un moment très, très fort,
00:34:09et tout le cinéma français, et tout le Festival
00:34:11de Cannes, et à ce moment-là, peut-être aussi
00:34:13tous les Français lui ont rendu un vivant hommage.
00:34:15Merci beaucoup, Franck Resser, d'avoir
00:34:17été avec nous. Merci, monsieur,
00:34:19le ministre démissionnaire du Commerce extérieur
00:34:21et ancien ministre de la Culture.
00:34:23Une nouvelle réaction politique, donc.
00:34:25Féliciter Kindoki, qui s'ajoute
00:34:27à une liste déjà longue de réactions, évidemment,
00:34:29après la disparition de l'acteur ce matin.
00:34:31Absolument, Élodie. Les réactions des politiques
00:34:33continuent d'affluer sur le réseau social
00:34:35X. Le Premier ministre démissionnaire
00:34:37Gabriel Attal parle d'Alain Delon
00:34:39comme l'étoile du cinéma.
00:34:41Étoile populaire, étoile viscéralement
00:34:43française. Alain Delon transcende
00:34:45toutes les générations. Il a été de toutes
00:34:47les salles obscures et de toutes les télévisions
00:34:49françaises. Une figure, un visage,
00:34:51des yeux dans lesquels se retrouvent tous nos
00:34:53compatriotes. Marine Le Pen a, elle aussi,
00:34:55réagi en évoquant la figure française
00:34:57qu'il incarnait. Je cite « La légende
00:34:59est partie. Alain Delon nous laisse
00:35:01orphelins de l'âge d'or du cinéma français
00:35:03qu'il incarnait si bien. C'est une petite
00:35:05partie de la France que l'on aime qui part avec lui. »
00:35:07On peut lire également
00:35:09les mots de Lucie Casté. La candidate
00:35:11du Nouveau Front Populaire à Matignon écrit
00:35:13les mots suivants « Toutes mes condoléances
00:35:15à sa famille et ses proches. Que ce grand
00:35:17acteur repose en paix. » La mort
00:35:19d'Alain Delon a touché les cœurs au-delà
00:35:21des frontières. On le voit à la lecture du tweet
00:35:23de son homologue Antonio Banderas qui écrit
00:35:25en français « Au revoir Alain Delon.
00:35:27Rip. » Enfin, le
00:35:29directeur général des antennes et des programmes du groupe
00:35:31Canal+. Gérald Brice-Viré
00:35:33a lui aussi partagé son émotion
00:35:35« Profonde tristesse. Nous perdons
00:35:37légende. Son charisme, son talent
00:35:39et ses rôles ont marqué des générations.
00:35:41L'héritage d'Alain Delon restera gravé à jamais
00:35:43dans le cinéma français. »
00:35:45Merci beaucoup Félicité. On vous
00:35:47retrouvera d'ici une trentaine de minutes pour d'autres
00:35:49réactions et justement on va entendre
00:35:51maintenant un entretien qu'avait accordé
00:35:53Alain Delon à Laurent Veil. C'était en 2019.
00:35:55C'était sur Canal+.
00:35:57Vous allez entendre cette interview en longueur
00:35:59justement où Alain Delon faisait le point
00:36:01sur lui, sa personnalité et sa carrière.
00:36:03Évidemment on se retrouve juste après cette interview.
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00:36:51Bonjour et merci beaucoup Alain Delon
00:36:53de nous recevoir chez vous.
00:36:55Ici pour un entretien
00:36:57vraiment exceptionnel
00:36:59autour du Festival de Cannes, 72ème Festival de Cannes
00:37:01où le 19 mai on va vous remettre
00:37:03une palme d'or d'honneur
00:37:05qui vient récompenser
00:37:07une incroyable carrière et
00:37:09plus de 50 ans de cinéma.
00:37:1160, très précisément.
00:37:13Vous avez accepté immédiatement quand Thierry Frémaux
00:37:15et Pierre Lescure vous ont proposé cette palme d'or ?
00:37:17Non, ils m'en ont parlé il y a déjà très très longtemps.
00:37:19Je leur ai dit écoutez moi s'il y a une palme d'or
00:37:21qu'on doit donner c'est pas à moi,
00:37:23moi je ne suis qu'un interprète, c'est à mes metteurs en scène
00:37:25qui m'ont fait,
00:37:27moi j'ai toujours eu besoin
00:37:29d'un carréane autour de moi,
00:37:31je suis un premier violon, je suis un grand pianiste
00:37:33mais si j'ai pas le chef qu'il faut,
00:37:35j'ai dit je vais te donner ça à Visconti,
00:37:37à Clément, à Losey, à Melville si vous voulez
00:37:39et puis oui on verra mais quand même
00:37:41on aimerait etc etc
00:37:43et puis finalement mes maîtres sont tous partis
00:37:45il reste que moi,
00:37:47ils sont tous partis, ça me rend malheureux
00:37:49et là ils sont venus,
00:37:51ils ont réessayé, ils m'ont dit on aimerait
00:37:53j'ai dit écoutez il n'y a pas de problème,
00:37:55dans la mesure où vous me dites que c'est effectivement
00:37:57pour ma carrière, l'ensemble de ma carrière
00:37:59mes 62 ans de cinéma
00:38:01s'il y a une chose au monde
00:38:03dont je suis fier
00:38:05c'est ma carrière.
00:38:07Et ça veut dire que ce soir-là vous avez envie
00:38:09d'honorer tous ces grands cinéastes
00:38:11avec lesquels vous avez tourné ?
00:38:13Bah oui parce que si je serais là sur scène
00:38:15le 19, c'est grâce à eux, c'est pour eux
00:38:17vous savez moi je me suis pas fait tout seul
00:38:19c'est tous les maîtres que je viens de vous citer
00:38:21qui m'ont fait, c'est pas, alors il y en a eu d'autres
00:38:23des moins
00:38:25corrects mais tous ceux-là qui sont tous partis
00:38:27et que le dernier est
00:38:29Anderet, Granit de Fer et tout
00:38:31mais Lucido, Losey, Melville
00:38:33tout le monde, tout le monde, c'est effrayant
00:38:35c'est pour ça qu'aujourd'hui si je devais vraiment
00:38:37faire quelque chose, je me demande avec qui je le ferais
00:38:39peut-être, j'ai toujours dit Besson
00:38:41ou Polanski, mais Polanski il a mon âge
00:38:43ou une femme
00:38:45Oui, ça c'est peut-être entre guillemets
00:38:47s'il doit y avoir un regret c'est peut-être celui-là
00:38:49c'est d'avoir jamais fait avance avec une femme
00:38:51Je l'ai déclaré comme ça parce que je le pense j'aurais avant de mourir
00:38:53j'aurais aimé faire un film dirigé par une femme
00:38:55ce qui ne m'est jamais arrivé
00:38:57et j'aurais envie avant de partir
00:38:59de faire un truc avec elle, voir comment ça se passe
00:39:01voir les rapports, voir la direction
00:39:03tout ça, ça m'aurait excité
00:39:05ça pourrait être différent à votre avis de tourner sous la direction d'une femme ?
00:39:07Je ne sais pas
00:39:09J'aimerais
00:39:11qu'elle soit
00:39:13ma patronne comme les autres ont été
00:39:15mes patrons
00:39:17et qu'elle me dise non non ça faut pas faire ça
00:39:19j'aimerais, ça arrivera ou pas on verra
00:39:23Christine
00:39:25à quoi pensez-vous ?
00:39:27Oh à bien des choses
00:39:29sous les dehors très simple
00:39:31j'ai une vie si compliquée
00:39:33racontez-moi
00:39:35Oh c'est inutile
00:39:37vous ne pourriez pas me comprendre
00:39:41Alors c'est vrai que le 19 mai
00:39:43on va vous remettre cette palme d'or
00:39:45et il y aura la projection de Monsieur Klein
00:39:47de Joseph Flauquet
00:39:49l'un peut-être des films
00:39:51qui a beaucoup compté dans votre carrière
00:39:53dans lequel vous êtes beaucoup impliqué en tout cas
00:39:55puisque c'est vous qui étiez à l'initiative de ce lettrage
00:39:57Je suis à l'initiative oui, j'ai produit ce film
00:39:59j'ai voulu qu'il existe
00:40:01on m'a dit on le fait tout de suite
00:40:03et puis on l'a fait et puis ça a été un énorme succès
00:40:05le film est très très très beau
00:40:07je ne sais pas si vous l'avez vu
00:40:09et je crois que les gens vont être
00:40:11heureux de le revoir
00:40:13il a été à Cannes en 72
00:40:1576
00:40:17pour tout le monde c'était la palme d'or
00:40:19c'était le prix d'intervention
00:40:21puis c'est passé à côté
00:40:23ça arrive
00:40:25et comme ils ont quand même creusé la tête
00:40:27on a dit bon on ne peut pas repasser la piscine
00:40:29tout le monde l'a vu
00:40:31on ne peut pas passer avec Gabin
00:40:33on ne peut pas passer deux hommes dans la ville
00:40:35puis on est tombé d'accord sur Monsieur Klein
00:40:37parce que c'est un film particulier
00:40:39par rapport à moi-même, par rapport à ma carrière
00:40:41par rapport à mon personnage
00:40:43et finalement Monsieur Klein c'est indiscutable
00:40:45pour le soir de la
00:40:47de la palme d'or
00:40:49c'est mieux que plein soleil
00:40:51parce que les films on en a des très beaux
00:40:53mais on ne peut pas passer plein soleil
00:40:55tout le monde le connait
00:40:57moi je ne peux pas le voir
00:40:59à cause de Romy Ronay
00:41:01Romy Ronay Doré
00:41:03et puis voilà
00:41:05Monsieur Klein c'est très bien
00:41:07c'est absolument net
00:41:09votre journal
00:41:11vous avez dû le laisser tomber
00:41:23vous avez raison
00:41:25c'est bien mon nom et mon adresse
00:41:27c'est le facteur qui l'aura posé devant votre porte
00:41:31au revoir Monsieur
00:41:33bon voyage et bonne chance
00:41:35bonne chance à vous
00:41:37Monsieur Klein
00:41:39vous vous souvenez de vos premières venues à Cannes
00:41:41c'était en 61 je crois
00:41:43ou 60 avec
00:41:45c'est Jean Claude qui m'avait emmené
00:41:47il m'a dit viens tu vas voir c'est extraordinaire
00:41:49je ne sais pas ce que c'était Cannes ou le festival
00:41:51vous commenciez à peine à l'époque
00:41:53je me rappelle
00:41:55c'était en 58
00:41:57je n'avais jamais fait le cinéma
00:41:59ou c'était en 57
00:42:01je suis revenu de l'armée en 56
00:42:03ça devait être 57-58
00:42:05avant même mon premier film
00:42:07et là je me suis rendu compte
00:42:09je ne veux pas être prétentieux
00:42:11mais je me suis quand même rendu compte
00:42:13d'un certain impact
00:42:15que j'avais
00:42:17vis-à-vis de certaines personnes
00:42:19féminines de majorité
00:42:21je me suis dit mais merde
00:42:23c'est pas possible
00:42:25c'est un acteur qu'est-ce qu'il fait
00:42:27et moi j'étais là
00:42:29comme un poisson dans l'eau
00:42:31comme un poisson dans l'eau
00:42:33ça reste peut-être le meilleur souvenir
00:42:35vous avez du festival de Cannes
00:42:37j'imagine qu'il y en a plein
00:42:39le meilleur souvenir
00:42:41ce n'est pas un souvenir de cinéma
00:42:43c'est quand j'ai amené ma fille à Cannes
00:42:45pour la première fois
00:42:47je suis donc en direct
00:42:49avec Alain Delon
00:42:51qui est en train de signer des autographes
00:42:53Alain Delon
00:42:55qui va venir nous rejoindre dans un instant
00:42:57et qui ce soir
00:42:59est accompagné de sa fille
00:43:01c'est la première fois qu'Alain Delon
00:43:03est au festival de Cannes avec sa fille Anoushka
00:43:05ma fille à mon bras au festival de Cannes
00:43:07c'est le plus beau souvenir que j'ai
00:43:09c'est encore chargé d'émotion
00:43:11elle est là
00:43:13je vais monter les marches
00:43:15avec ma fille
00:43:17à Cannes
00:43:19et c'est elle qui me remettra la palme
00:43:21est-ce qu'il y a des
00:43:23souvenirs qui sont encore très émouvants
00:43:25il y a des souvenirs plus difficiles
00:43:27liés à Cannes ?
00:43:29il n'y en a pas de difficiles
00:43:31il y a aussi la très belle soirée
00:43:33où on a repassé plein soleil
00:43:35j'étais très heureux car j'ai une passion pour ce film
00:43:37pour moi c'est LE film
00:43:39qui a fait toute ma carrière
00:43:41qui m'a fait star
00:43:43c'est lui qui m'a consacré star
00:43:45à ce que pensent les gens
00:43:47c'est pas Rocco
00:43:49les gens pensent que Plein Soleil est arrivé après Rocco
00:43:51pas du tout, il faut remettre les choses en place
00:43:53Visconti a vu Plein Soleil
00:43:55il a été voir mon agent à Paris
00:43:57qui n'est plus là
00:43:59et l'agent de Michel Morgan
00:44:01il lui a dit
00:44:03pour Rocco je veux le petit de Plein Soleil
00:44:05c'est dingue
00:44:07c'est grâce à Clément et à Plein Soleil que j'ai fait Rocco
00:44:09et le guépard et la suite
00:44:11c'est pas très gentil ça
00:44:15elle est à vous
00:44:39quand on revoit
00:44:41tous ces films là Plein Soleil, La Piscine
00:44:43Rocco, Le Guépard
00:44:45vous êtes d'une beauté chère Alain
00:44:47sincèrement hallucinante
00:44:49quand on voit toutes ces images là
00:44:51pardon mais il y a de très très beaux restes
00:44:53merci
00:44:55est-ce qu'il y a un moment
00:44:57dans votre carrière
00:44:59vous n'avez paradoxalement pas eu à lutter contre ça
00:45:01souvent on dit à une femme soit belle et tais-toi
00:45:03est-ce qu'on vous a dit soit beau et tais-toi
00:45:05au début de ma carrière
00:45:07je ne savais pas où j'allais aller d'ailleurs
00:45:09au début on me trouvait
00:45:11ça n'a pas duré longtemps
00:45:13ça m'a duré une, deux, trois saisons
00:45:15puis il va partir parce qu'il est trop beau
00:45:17et puis je suis toujours là
00:45:19mais c'est vrai
00:45:21je me trouvais un peu fade à l'époque
00:45:23je ne connaissais pas le cinéma
00:45:25et ça m'a beaucoup surpris
00:45:27et j'avais pas la parole
00:45:29j'avais pas le droit
00:45:31parce que c'est toutes, excusez-moi de leur dire
00:45:33c'est toutes les femmes qui me disent
00:45:35mais non ne pense pas à ça, ne t'inquiète pas
00:45:37t'es super, t'es magnifique, il faut que tu restes
00:45:39et je me suis dit toujours
00:45:41par mon premier metteur en scène
00:45:43qui s'appelait Yves Allégret
00:45:45qui m'a donné à son frère Marc Allégret
00:45:47pour le deuxième film, soit belle et tais-toi
00:45:49où j'ai rencontré Belmondo
00:45:51qui débutait au cinéma
00:45:53puisque lui arrivait du conservatoire
00:45:55et avant de commencer j'ai refusé
00:45:57de tourner avec Allégret
00:45:59sa femme insistait
00:46:01j'ai dit mais enfin arrêtez
00:46:03je sors de l'armée, j'arrive d'Indochine
00:46:05moi je ne sais pas ce que c'est que votre cinéma
00:46:07c'était le premier jour de tournage
00:46:09et là avant le premier jour, avant le tournage
00:46:11Yves Allégret est venu me voir
00:46:13il m'a dit Alain il faut que je te parle deux minutes
00:46:15avant qu'on fasse le premier plan
00:46:17il est venu dans ma loge et il m'a dit écoute-moi bien
00:46:19voilà ce que je voudrais que tu fasses
00:46:21ne joue pas
00:46:23regarde comme tu regardes
00:46:25parle comme tu parles
00:46:27écoute comme tu écoutes
00:46:29bouge comme tu bouges
00:46:31ne joue pas
00:46:33sois toi
00:46:35ça m'a marqué, ça a été le départ
00:46:37de toute ma carrière, j'ai jamais oublié ça
00:46:39et de toute ma carrière pratiquement
00:46:41j'ai jamais joué, j'ai toujours vécu
00:47:05...
00:47:15Y a quand même des grands rôles de composition
00:47:17oui mais c'est moi
00:47:19derrière c'est quand même moi
00:47:21c'est vous qui les internez, c'est votre chair, c'est vous qui les visez
00:47:23voilà c'est ça, vie, vie
00:47:25je l'ai dit la différence essentielle entre un acteur et un comédien
00:47:27c'est que le comédien joue, c'est sa vocation
00:47:29c'est son métier qu'il a appris, moi j'ai rien appris moi
00:47:31je n'ai jamais été à l'école nulle part
00:47:33et l'acteur joue, l'acteur vit
00:47:35Lancaster vivait, Gabin vivait
00:47:37Lino vivait
00:47:39et les autres jouent, mais c'est pas péjoratif
00:47:41y a un grand comédien et un grand acteur
00:47:43mais Lino est arrivé du 4, il a jamais fait de l'école
00:47:45il dit quoi que ce soit Lino
00:47:47en général c'est une personnalité
00:47:49très forte qu'on prend et qu'on met au service du cinéma
00:47:51j'en prends un
00:47:53on n'en parle plus mais pour moi c'est un acteur
00:47:55Tapie par exemple
00:47:57on l'a pris, on lui a dit
00:47:59on lui a fait faire du cinéma, il n'a pas joué mais Tapie il a vécu
00:48:01c'est un acteur
00:48:03c'est un acteur
00:48:05c'est pas un comédien
00:48:07mais c'est pas péjoratif
00:48:09les yeux sont importants
00:48:11la bouche
00:48:13le pli des lèvres
00:48:15conviction de sa supériorité
00:48:17sur les autres
00:48:19amour de sa liberté
00:48:21égoïsme
00:48:23oiseau
00:48:25de proie
00:48:27vautour
00:48:29je mange les cadavres
00:48:31il y a une autre chose importante pour vous
00:48:33parce que j'ai déjà pu le constater, c'est le public
00:48:35à chaque fois que vous êtes à Cannes vous prenez le temps
00:48:37de voir le public
00:48:39c'est quelque chose d'important pour vous
00:48:41vous avez toujours eu cette notion du public
00:48:43j'ai cette notion du public parce que c'est quand même lui qui m'a fait
00:48:45c'est lui qui m'a fait devenir ce que je suis
00:48:47c'est lui qui m'accepte, qui m'accepte encore
00:48:49c'est pas moi qui me suis fait star
00:48:51c'est le public qui m'a fait star
00:48:53si je peux dire star
00:48:55si je suis encore
00:48:57c'est le public qui m'a fait, c'est pas moi
00:48:59oui vous êtes encore star d'ailleurs
00:49:01quand on parle encore de vous
00:49:03aujourd'hui cher Alain, même la nouvelle génération
00:49:05sait qu'Alain Delon a vu
00:49:07des films d'Alain Delon
00:49:09il y a là aussi
00:49:11vous êtes touché de savoir
00:49:13qu'il y a une génération qui arrive pour qui vous êtes
00:49:15encore une référence, je parle pas seulement des acteurs
00:49:17mais aussi des jeunes spectateurs et téléspectateurs
00:49:19je connais pas très très bien
00:49:21la vie
00:49:23ni les réactions des jeunes quand vous dites jeune
00:49:25c'est quoi, 7-8 non ?
00:49:27un peu plus âgé on va dire, 15-20
00:49:29oui j'en ai vu il y a pas longtemps
00:49:31enfin il y a 2-3 ans j'avais vu
00:49:33quand j'avais fait César
00:49:35dans la rue
00:49:37mais c'était les gosses qui sortaient avec leurs mains
00:49:39oh c'est César, c'est César
00:49:41alors ça me touchait, ça me faisait plaisir
00:49:43ils arrivaient là-haut
00:49:45mais quand je les voyais
00:49:47mais c'était vraiment des petits
00:49:49je sais pas vraiment
00:49:51ce que les 17-18 ans
00:49:53connaissent bien, pensent de moins
00:49:55je sais pas, j'aimerais
00:49:57un jour aller dans une classe
00:49:59et qu'on me dise ce que je suis
00:50:01ce que vous pensez de moi, je sais pas vraiment
00:50:03ça serait une belle initiative, aller à la rencontre
00:50:05justement du jeune public
00:50:07pour savoir si vraiment
00:50:09parce qu'il y en a quand même
00:50:11si on leur parle
00:50:13de Ventura ou de Gabin ça va sûrement être
00:50:15dur pour eux quand même
00:50:17en même temps vous avez fait avec Ventura, avec Gabin
00:50:19il y a vraiment des films de patrimoine
00:50:21pour les jeunes
00:50:23les jeunes qui aiment le cinéma
00:50:25on a la chance encore de ressortir
00:50:27grâce à la télé maintenant
00:50:29on ressort des grands films
00:50:31et il y a des gens qui les découvrent
00:50:33il y en a qui m'ont parlé là récemment
00:50:35de Mélodie en sous-sol
00:50:37ils avaient jamais vu, c'est incroyable ce film
00:50:39j'ai dit oui, il est d'hier
00:50:41j'ai dit non il est de 63
00:50:43c'était d'hier
00:50:45on parlait de
00:50:47votre envie, vous l'avez dit
00:50:49avant de mourir de tourner avec une femme
00:50:51il y a d'autres envies de cinéma aujourd'hui ?
00:50:53non
00:50:55je reste toujours sur les propos de Gabin
00:50:57qui disait tu sais
00:50:59faire un film c'est pas compliqué
00:51:01ça dépend d'une seule chose
00:51:03j'ai dit quoi Jean ?
00:51:05il me dit l'histoire, si t'as l'histoire
00:51:07t'as le producteur, t'as le pognon, t'as l'argent
00:51:09t'as tout le monde, t'as les acteurs
00:51:11il n'y a pas de problème
00:51:13et finalement aujourd'hui, j'ai pas envie
00:51:15mais si jamais quelqu'un
00:51:17me dit lisez ces 6 pages
00:51:19je fais
00:51:21ce qui n'est pas arrivé
00:51:23ces dernières années, vous n'êtes pas tombé amoureux
00:51:25ou sous le choc
00:51:27je suis quand même pas con
00:51:29je sais ce que c'est qu'un scénario ou un synopsis
00:51:31si je lis quelque chose
00:51:33je fais
00:51:37mais il fut un temps aussi
00:51:39un temps où il y avait des auteurs
00:51:41pour les acteurs, pas pour moi, il y en a eu pour moi aussi
00:51:43sur la femme de Pascal Jardin
00:51:45c'est l'audiard
00:51:47mais ils écrivaient, l'audiard écrivait
00:51:49des histoires pour Gabin sur Gabin
00:51:51les gens écrivent maintenant, ils n'écrivent plus
00:51:53je ne sais plus pourquoi ils écrivent pour le cinéma, pour le pognon
00:51:55pour les vacances
00:51:57ils n'écrivent plus pour des acteurs
00:51:59et moi j'ai eu des gens
00:52:01Jardin a écrit pour moi, l'audiard a écrit pour moi
00:52:03et puis avant moi il a écrit pour Linaud
00:52:05pour Gabin
00:52:07tous les films de Gabin c'est des audiards pratiquement
00:52:09merde, on n'a plus d'auteurs aujourd'hui
00:52:11qui écrivent pour des acteurs
00:52:13on n'a plus d'auteurs d'écrire pour moi
00:52:15mais écrivez pour Vincent Cassel, écrivez pour quelqu'un
00:52:17moi j'y crois à cet ingénieur
00:52:19c'est net son truc, on peut lui faire confiance
00:52:23mais c'est en toi que j'ai pas confiance
00:52:25en moi ?
00:52:27oui en toi, parce que tu dépasses pas le niveau de la ceinture
00:52:29t'as bien failli nous envoyer tous en galère
00:52:31cette nuit, et tout ça pour aller faire le con
00:52:33dans un hôtel de passe
00:52:35vous auriez préféré que je fasse ça ici ?
00:52:37à 35 ans c'est très simple à comprendre
00:52:39à 65 c'est encore plus simple
00:52:41j'ai une envie folle de la laisser tomber ton affaire
00:52:43une envie folle ça se respecte
00:52:45vous restez ouvert, c'est à dire que si jamais un jour on vous propose une histoire
00:52:47ou un scénario
00:52:49ou un projet qui vous séduit et qui vous plaît
00:52:51pourquoi pas ?
00:52:53mais si je lisais un truc comme ça c'est exactement
00:52:55si dans la rue je vois
00:52:57je vois une femme putain qu'elle est belle
00:52:59c'est pareil
00:53:03je suis quand même pas garceux
00:53:05je sais ce que c'est qu'une belle femme et je sais ce que c'est qu'une belle histoire
00:53:07il faut simplement qu'elle passe par là
00:53:09et que je la trouve
00:53:11et la produire, parce que vous avez été producteur
00:53:13moi j'ai produit tous mes films, c'est pas un problème de produire
00:53:15c'est pas, j'en avais dit, c'est pas un problème
00:53:17c'est mon histoire
00:53:19moi même avec mon nom, ex Delon
00:53:21si j'ai une histoire et que je veux produire un film
00:53:23puis le financement
00:53:25je vais le trouver au Japon, je vais le trouver en Chine
00:53:27je serai couvert même avant de sortir en France
00:53:29comme avant je faisais mes productions
00:53:31j'étais couvert
00:53:33du budget de mon film
00:53:35ça m'amène d'avoir pris un soin, rien que par le fariste
00:53:37c'est pas un problème
00:53:39j'ai quand même produit
00:53:41une vingtaine de films, trentaine de films
00:53:43et surtout, ma fierté c'est quand même Borsalino
00:53:45parce que j'ai voulu faire
00:53:47les Borsalino, le Borsalino
00:53:49j'ai voulu faire le duo du cinéma
00:53:51de l'époque, c'est Belmondo Delon
00:53:53et j'ai fait Borsalino, merde
00:53:55je l'ai produit et je l'ai fait écrire
00:53:57par Jancot, par Carrière
00:53:59et j'étais le patron
00:54:01et ben oui, vous avez vu c'est Borsalino
00:54:03vous restez en contact avec Jean-Paul ?
00:54:05Ah oui, j'aime beaucoup, j'ai tellement souffert
00:54:07de sa condition
00:54:09ça va mieux maintenant
00:54:11mais Jean-Paul c'est ma vie
00:54:13on a été quand même pendant des dizaines
00:54:15d'années les deux maîtres
00:54:17du cinéma français
00:54:19Belmondo Delon, il n'y en avait pas d'autre
00:54:21voilà
00:54:23un jour c'était lui, un jour c'était moi
00:54:25un jour c'était machin
00:54:27ça me manque un peu
00:54:29non ?
00:54:31Vous avez entièrement raison cher Alain
00:54:33et en même temps cette dualité
00:54:35si on peut appeler ça une dualité, elle était extrêmement enrichissante
00:54:37mais bien sûr, on était le cinéma
00:54:39on a été le cinéma pendant 40 ans
00:54:41pendant 50 ans, quand même merde
00:54:43on a débuté
00:54:45son premier film c'était en 58
00:54:47moi en 57, c'est pas hier
00:54:49non ?
00:54:51et on est encore là
00:54:53et j'ai encore, 60 ans après
00:54:55j'ai encore des gens qui viennent avec des caméras et qui me font des interviews
00:54:57c'est pas mal non ?
00:54:59et qui sont très très heureux de le faire
00:55:01qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter
00:55:03cher Alain, il va y avoir le festival de Cannes
00:55:05et on a hâte de cette palme d'or
00:55:07d'honneur
00:55:09hâte d'y être et de vous voir sur scène
00:55:11qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter ?
00:55:13rien, j'ai tout
00:55:15la fête dit aller pour ça, vous pouvez pas me souhaiter
00:55:17je vais être très heureux
00:55:19très fier, je crois que je vais leur dire
00:55:212-3 mots qui vont les toucher
00:55:23je peux pas les dire avant
00:55:25et puis rien
00:55:27je vais lui souhaiter que je tienne jusqu'à la semaine prochaine
00:55:29pour descendre
00:55:31arrêtez, parlez pas de malheur
00:55:33non mais non
00:55:35je peux me prendre une voiture en traversant la rue aussi
00:55:37une trottinette
00:55:39sur les trottoirs
00:55:41attention maintenant
00:55:43il m'a envoyé en l'air
00:55:45je sortais par ma porte
00:55:47à cet après il m'a envoyé en l'air
00:55:49avec sa trottinette
00:55:51on rentrera pas dans les détails
00:55:53vous savez déjà exactement ce que vous allez dire sur scène
00:55:55c'est déjà préparé
00:55:57je vais déjà dire pourquoi je suis heureux d'être là
00:55:59et je vais dire pourquoi
00:56:01j'accepte c'est là
00:56:03et je vais leur dire 2-3 petites choses encore
00:56:07on vous fait confiance pour ça
00:56:09merci beaucoup Alain
00:56:11et merci de nous avoir reçu
00:56:13c'est pas la première fois qu'on se voit
00:56:15mais on se reverra bientôt
00:56:17avec bonheur
00:56:19merci
00:56:21avec grand plaisir
00:56:23merci
00:56:53on voit qu'ils se sont aussi enrichis l'un l'autre
00:56:55et qu'il y avait au fond une profonde affection
00:56:57et un lien amical sincère entre les deux
00:56:59oui je pense que c'est le propre des gens qui ont du talent
00:57:01de savoir reconnaître celui de l'autre
00:57:03parce qu'on pourrait penser qu'il peut y avoir un peu de jalousie
00:57:05et tout
00:57:07or comme
00:57:09s'il est vrai que sur certains films
00:57:11disons un peu policier
00:57:13il y aurait pu y avoir
00:57:15une certaine
00:57:17je ne sais pas
00:57:19une certaine
00:57:21il y aurait pu y avoir
00:57:23une certaine concurrence
00:57:25le côté de la dérision
00:57:27qu'il y avait dans les films
00:57:29est plutôt de jouissance
00:57:31de plaisir, d'humour
00:57:33qu'il pouvait y avoir avec Bebel
00:57:35c'est pas du tout le cas avec Delon
00:57:37on prend par exemple le Cercle Rouge
00:57:39qui est magnifique
00:57:41le Delon plus ténébreux
00:57:43tel qu'on décrit les personnages
00:57:45de cinéma
00:57:47est complètement différent
00:57:49de Bebel
00:57:51qui effectivement
00:57:53pouvait incarner un cinéma
00:57:55plus gai
00:57:57dans l'humour
00:57:59même si Bebel a fait des
00:58:01on le sait tous
00:58:03des films qui ont beaucoup marqué
00:58:05parce que les rôles étaient ténébreux
00:58:07il a surtout touché les français
00:58:09à travers
00:58:11ce Bebel flamboyant
00:58:13le cascadeur
00:58:15Bebel d'ailleurs
00:58:17je suis pas sûr
00:58:19que ça aurait plu à
00:58:21Alain Delon
00:58:23qui finissait par tourner
00:58:25des films qui étaient faits que pour lui
00:58:27donc il y a ce cinéma
00:58:29qui existe moins
00:58:31sauf quand on fait des bis
00:58:33d'un film qui a fonctionné
00:58:35ce cinéma que l'on faisait en construisant
00:58:37autour de l'acteur
00:58:39on a parlé aussi
00:58:41de son lien très fort avec son public
00:58:43et je voudrais qu'on regarde une lettre
00:58:45qu'il voulait adresser justement
00:58:47à tous ses fans quand il avait reçu à Cannes
00:58:49la Palme d'Or d'Honneur
00:58:51il avait transmis à l'agence France Presse
00:58:53une déclaration qu'il voulait adresser à ses fans
00:58:55pour leur dire ceci
00:58:57Au lendemain de cette Palme d'Or d'Honneur
00:58:59l'envie me prend de remercier toutes celles et tous ceux
00:59:01qui m'ont témoigné d'une manière ou d'une autre
00:59:03leur affection et leur sympathie et plus encore
00:59:05alors que mon voyage touche à sa fin
00:59:07je veux le dire, j'ai connu tant de passions
00:59:09tant d'amour, tant de succès et d'échecs
00:59:11tant de controverses, tant d'esclandres
00:59:13tant de souvenirs, tant de rendez-vous manqués
00:59:15et rencontres impromptues
00:59:17tant de hauts et de bas que lorsque les honneurs
00:59:19ne seront plus que vains et lointains souvenirs
00:59:21il est une seule chose qui brillera
00:59:23par sa constance et sa longévité
00:59:25vous, vous seul, à vous qui avez fait
00:59:27ce que je suis et qui feriez ce que je serais
00:59:29il me fallait vous le dire, je vous dis
00:59:31merci, merci, merci, il avait signé
00:59:33cette lettre de son nom, Alain Delon
00:59:35Nathan Devers, on a parlé tout à l'heure avec vous
00:59:37de ce lien, c'est aussi très fort, un artiste qui
00:59:39quand il est entre guillemets au sommum des récompenses
00:59:41il a enfin cette palme d'or alors qu'on dit
00:59:43il a été beaucoup boudé par les récompenses, un seul César
00:59:45sur toute sa carrière, il veut
00:59:47écrire, il prend la plume et il écrit
00:59:49véritablement ce texte qui est très émouvant et qui est
00:59:51très profond à ses fans, il leur dit merci, c'est grâce
00:59:53à vous que j'en suis là. Bien sûr, et je pense que
00:59:55c'est aussi, j'ai parlé tout à l'heure
00:59:57de son sens de la gratitude, mais je
00:59:59pense que Alain Delon, en tout cas encore
01:00:01une fois, le Alain Delon que ma génération a connu
01:00:03est quelqu'un qui avait un sens aigu
01:00:05de la mort, et notamment en 2019
01:00:07quand il a eu cette palme d'or
01:00:09à Cannes, dans son discours
01:00:11il avait fait de manière un peu, d'ailleurs
01:00:13c'était étrange parce que la salle riait mais c'était pas drôle
01:00:15du tout, c'était assez tragique, il disait c'est une cérémonie
01:00:17posthume, et on me rend
01:00:19hommage à ma mort de mon vivant
01:00:21et quand il avait écrit cette lettre
01:00:23au même moment, sans doute était-ce
01:00:25dans cette logique là, quand
01:00:27il était venu chez Pascal Praud
01:00:29il avait cité le général de Gaulle, la vieillesse
01:00:31est un naufrage, et il
01:00:33parlait presque, je le dis pas du tout
01:00:35de manière dépréciative, bien au contraire
01:00:37il parlait presque en un sens d'outre-tombe
01:00:39ça veut dire comme s'il s'était vu
01:00:41ou comme s'il se voyait sur le point de mourir
01:00:43et que ça lui donnait une forme de gravité
01:00:45lui permettant
01:00:47de réfléchir au sens de sa vie
01:00:49et je pense que tout ça est profondément lié
01:00:51le fait qu'il
01:00:53éprouvait, et il parlait beaucoup
01:00:55des gens qui avaient
01:00:57compté pour lui, et notamment ceux qui avaient disparu
01:00:59le fait qu'il avait attendu 2019
01:01:01parce qu'en fait Cannes lui avait proposé plusieurs fois
01:01:03d'obtenir cette récompense
01:01:05et ça s'en était expliqué avec Léa Salamé
01:01:07et il n'avait pas voulu le faire
01:01:09et il ne le voulait pas parce que de ce temps-là
01:01:11il y avait encore les grands réalisateurs
01:01:13qui étaient pour certains encore vivants
01:01:15et il avait attendu pour accepter
01:01:17que tout le monde soit décédé
01:01:19et qu'il puisse pas en quelque sorte
01:01:21avoir la reconnaissance
01:01:23à la place de quelqu'un d'autre
01:01:25qu'il jugeait plus important que lui
01:01:27c'est pour ça il y avait, me semble-t-il, une vraie humilité
01:01:29cachée, comme très souvent d'ailleurs
01:01:31chez les orgueilleux, les gens qu'on croit
01:01:33qu'on prend pour des mégalomanes
01:01:35ou qu'on prend pour des gens arrogants, hautains
01:01:37fascinés par eux-mêmes
01:01:39souvent c'est parce qu'il y a en eux-mêmes un sens
01:01:41de la vulnérabilité
01:01:43et il me semble que ça en fait
01:01:45complètement partie
01:01:47et peut-être une dernière chose
01:01:49dont on reparlera peut-être tout à l'heure
01:01:51mais aussi il y a quelque chose de très singulier
01:01:53chez Alain Delon, et en ce sens peut-être qu'il ne ressemble pas
01:01:55complètement à son temps
01:01:57c'est que, comme d'autres, comme Depardieu plus tard
01:01:59il n'était pas prédisposé
01:02:01au cinéma
01:02:03et qu'il est rentré là-dedans
01:02:05de manière aventureuse
01:02:07il y avait chez lui, je pense, à la fois dans ses personnages
01:02:09et dans son existence
01:02:11une dimension littéralement d'aventure
01:02:13quelqu'un qui rentre à Paris
01:02:15qui rentre d'Indochine
01:02:17avec un CAP de charcutier
01:02:19qui n'était pas né là-dedans
01:02:21c'est le moins qu'on puisse dire
01:02:23qui arrive à Paris sans contact
01:02:25sans réseau, sans piston
01:02:27qui découvre le Paris des baffons
01:02:29de la pègre
01:02:31le Paris des prostituées
01:02:33c'est un scénario balsacien
01:02:35on est dans du balzac là
01:02:37et qui, par sa seule grâce
01:02:39par son charme, par son intelligence
01:02:41par sa chance, mais comme disait Machiavel, avoir de la chance
01:02:43est un mérite, est une vertu
01:02:45par tout ça arrive à devenir
01:02:47le mythe absolu du cinéma français
01:02:49tout ça est profondément
01:02:51original, profondément français
01:02:53d'ailleurs, et très romanesque
01:02:55peut-être d'ailleurs plus romanesque que cinématographique
01:02:57je voudrais qu'on fasse le point
01:02:59de nouveau avec vous, féliciter Kindocki
01:03:01merci d'être revenue, sur les réactions
01:03:03après la mort d'Alain Delon
01:03:05je vous le disais tout à l'heure Elodie, la mort d'Alain Delon
01:03:07touche au-delà des frontières
01:03:09en Italie, des politiques ont également
01:03:11réagi comme Matteo Salvini
01:03:13une légende du cinéma nous quitte
01:03:15un symbole qui a fait rêver tant de générations
01:03:17et qui ne sera jamais oublié
01:03:19bon voyage Alain Delon
01:03:21en France, Jordan Bardella fait également partie
01:03:23des politiques qui partagent leurs émotions
01:03:25son immense parcours et son élégance
01:03:27sans pareil resteront gravés dans les mémoires
01:03:29Alain Delon incarnait la grandeur d'un art
01:03:31il était l'âme d'une époque
01:03:33hommage à la légende du cinéma français
01:03:35nos pensées pour ses proches
01:03:37et puis Fabien Roussel rend également hommage
01:03:39à Alain Delon par un au revoir
01:03:41salut le guépard, Rocco
01:03:43la tulipe noire, Monsieur Klein
01:03:45le samouraï et tant d'autres
01:03:47avec la disparition d'Alain Delon, c'est une icône du cinéma
01:03:49qui s'en va, dit-il, et que le monde
01:03:51entier pleure ce matin, il est parti rejoindre
01:03:53le Gabin et Bebel, silence, ça tourne
01:03:55et puis l'animateur et producteur
01:03:57de télévision Cyril Hanouna
01:03:59est de ceux qui élèvent Alain Delon
01:04:01à la figure de légende, je cite
01:04:03une légende est partie aujourd'hui, Alain Delon
01:04:05faisait partie de ces vraies légendes
01:04:07c'était un acteur qui nous transportait dans une autre
01:04:09dimension à chacun de ses rôles
01:04:11un grand, peut-être le plus grand
01:04:13toutes mes pensées vont à sa
01:04:15famille et à ses proches, et enfin
01:04:17l'écrivain, journaliste, réalisateur
01:04:19et homme des métiers
01:04:21Philippe Labreau a également fait ses adieux
01:04:23sur X, adieu l'ami, la plus
01:04:25belle filmographie, une personnalité
01:04:27incroyable et fascinante, sa beauté
01:04:29ne peut suffire pour expliquer l'exceptionnelle évolution
01:04:31de son talent, il était habité
01:04:33par la star ultime, le samouraï
01:04:35Merci à vous, félicité
01:04:37on vous retrouve dans 30 minutes
01:04:39pour un prochain tour des raisons
01:04:41des réactions politiques, nous sommes en ligne
01:04:43avec Bernard Pascuteau, bonjour
01:04:45vous êtes auteur d'une biographie qui s'appelle
01:04:47Alain Delon, une vie aux aguets, qui va sortir
01:04:49d'ici une dizaine de jours aux éditions
01:04:51de l'Archipel, alors vous avez entendu ce qu'on
01:04:53disait avec mes invités depuis tout à l'heure
01:04:55c'est vrai que ce qui marque aussi dans la carrière
01:04:57d'Alain Delon, il y a évidemment la longévité
01:04:59il y a évidemment tous ses records
01:05:01mais il y a aussi le fait que le cinéma
01:05:03n'était pas prédestiné et qu'il y arrive
01:05:05par volonté certes, mais il y a une partie
01:05:07de hasard, ça n'était pas censé être son destin
01:05:09il a forcé le destin Alain Delon
01:05:11Oui
01:05:13il a forcé le destin
01:05:15en fait comme
01:05:17beaucoup de gens qui ont beaucoup de capacités
01:05:19sans le savoir et qui ne savent pas
01:05:21trop ce qu'ils ont envie de faire et en fait
01:05:23il s'est retrouvé à un moment donné
01:05:25à approcher
01:05:27ce milieu
01:05:29c'est le moment où il s'est rendu compte aussi
01:05:31que sa beauté pouvait
01:05:33jouer énormément
01:05:35et il est allé vers
01:05:37le cinéma parce que pourquoi pas
01:05:39puisque comme il n'avait pas
01:05:41d'autres envies
01:05:43pourquoi pas faire du cinéma et ça
01:05:45il s'est assez bien trouvé
01:05:47Je voudrais qu'on s'appuie aussi sur
01:05:49certaines déclarations qu'il avait faites
01:05:51lors d'une interview à Paris Match à Valérie Traerweiler
01:05:53le titre de l'interview était édifiant
01:05:55je n'étais pas fait pour être Alain Delon
01:05:57et il revenait sur son enfance, il parlait de cette enfance
01:05:59qu'il qualifiait de malheureuse mais qui a été
01:06:01je le cite un apprentissage de la vie
01:06:03comment comprendre que vos parents se débarrassent
01:06:05de vous quand vous n'avez que 4 ans
01:06:07ils divorçaient, refaisaient leur vie et moi
01:06:09je me suis trouvé placé dans une famille d'accueil
01:06:11comme un orphelin, je n'ai jamais vu mes parents
01:06:13ensemble, mon père d'un côté
01:06:15ma mère de l'autre et on voit qu'évidemment
01:06:17ce traumatisme, cette blessure
01:06:19d'enfance, elle a marqué aussi
01:06:21Alain Delon toute sa vie
01:06:23Oui
01:06:25enfin bon c'est
01:06:27il y a beaucoup à dire
01:06:29là dessus mais disons que
01:06:31il y a un peu d'exagération
01:06:33chez Alain Delon, ses parents ne se sont pas
01:06:35débarrassés de lui parce qu'ils divorçaient
01:06:37il se trouve qu'ils se sont divorcés
01:06:39en 1940 au moment
01:06:41de la déclaration de guerre que son père
01:06:43est parti se battre
01:06:45sur le front et que
01:06:47sa mère s'est retrouvée seule avec
01:06:49cet enfant, obligée de travailler
01:06:51de gagner sa vie
01:06:53et donc elle l'a donné
01:06:55elle l'a confié à une famille d'accueil
01:06:57et
01:06:59voilà alors évidemment le traumatisme a été
01:07:01très important chez lui
01:07:03parce qu'en fait c'était
01:07:05un enfant, c'était une sorte d'enfant
01:07:07roi et il était
01:07:09adoré par sa mère
01:07:11aimé par son père
01:07:13et tout d'un coup
01:07:15il se retrouvait hors
01:07:17de ce foyer éclaté
01:07:19et ensuite 5 ans après
01:07:21quand la guerre est passée
01:07:23par dessus, ses parents
01:07:25s'étant chacun remariés
01:07:27ayant fait d'autres enfants
01:07:29il s'est retrouvé un peu
01:07:31comme l'objet
01:07:33encombrant selon ses mots
01:07:35entre
01:07:37deux familles
01:07:39il n'a jamais été abandonné
01:07:41il avait sa chambre chez son père, sa chambre
01:07:43chez sa mère
01:07:45on pourrait même dire en ironisant
01:07:47qu'il a un peu inventé la garde alternée
01:07:49mais ça ne lui convenait
01:07:51pas
01:07:53parce qu'il avait rêvé d'autre chose
01:07:55Merci beaucoup Bernard Passuto d'avoir été
01:07:57l'invité de CNews, je rappelle le titre
01:07:59de votre livre Alain Delon, une vie aux aguets
01:08:01aux éditions de l'Archipel sorti
01:08:03d'ici 10 jours
01:08:05à l'arrivée de l'interview des confessions
01:08:07qu'il avait pu faire avec Valérie Trierweiler
01:08:09il disait en parlant de ses parents
01:08:11l'un comme l'autre était fier
01:08:13d'être le parent d'Alain Delon
01:08:15d'un seul coup il se souvenait qu'ils avaient un fils
01:08:17ma mère s'est mise à se faire appeler Madame Delon
01:08:19alors que son nom de famille était Boulogne
01:08:21elle était devenue groupie et non plus mère
01:08:23Fabien Lecoeuf c'est assez violent
01:08:25c'est aussi un fils qui obtient enfin
01:08:27l'amour ou en tout cas la reconnaissance
01:08:29de ses parents, non pas tant parce qu'il est leur fils
01:08:31mais parce qu'un jour il devient connu
01:08:33chez les personnalités
01:08:35alors ça a été le cas pour Alain Delon
01:08:37ça a été aussi le cas pour Jeanne Hallyday avec son papa
01:08:39qui en mai 1964 vient voir
01:08:41son fils à l'armée en Allemagne
01:08:43et faire des photos avec des photographes
01:08:45pour se montrer à côté de son fils célèbre et connu
01:08:47depuis maintenant 4 ans
01:08:49c'est un classique et Delon n'a pas échappé à cette règle
01:08:51aussi puisqu'il avait une famille
01:08:53et Bernard Pascuto l'a très bien rappelé d'ailleurs
01:08:55en disant voilà il était un peu
01:08:57pris entre le père, la maman
01:08:59après le divorce en septembre 1939
01:09:01de ses parents, il était alors âgé de 4 ans Alain Delon
01:09:03et fatalement à un moment donné
01:09:05ça lui convenait pas non plus
01:09:07un divorce
01:09:09pour un enfant peut rester une blessure à vie
01:09:11c'est comme ça
01:09:13on n'accepte pas forcément la séparation du papa et de la maman
01:09:15c'est comme dans une chanson, on ne peut pas choisir
01:09:17entre les paroles et la musique, il faut être deux
01:09:19pour faire une chanson, les parents c'est un peu ça
01:09:21donc c'est très difficile en même temps
01:09:23et il l'a très mal vécu
01:09:25il s'est bien rattrapé par la suite
01:09:27il a toujours eu cette forme d'autorité
01:09:29même familiale
01:09:31peut-être pour se protéger
01:09:33peut-être aussi des femmes
01:09:35d'après son enfance
01:09:37d'après ses analyses
01:09:39d'après cette manière de vivre
01:09:41et on ne guérit jamais de son enfance
01:09:43disait Jean Ferrat et je pense que
01:09:45lui comme des millions de français
01:09:47il n'a pas guéri de son enfance
01:09:49et d'être basculé entre l'un, l'autre
01:09:51c'est des choix qui ne vous conviennent pas
01:09:53mais si on les choix des parents
01:09:55ça peut être mal vécu
01:09:57mais on le sait bien plus tard
01:09:59sur le moment on résiste évidemment et on s'adapte
01:10:01l'homme a cette particularité
01:10:03de s'adapter à toute situation
01:10:05lui le premier
01:10:07mais ça peut ressortir après 40 ans
01:10:09et on peut faire des reproches
01:10:11à son père, à sa mère
01:10:13mais beaucoup d'artistes ont vécu ça
01:10:15dans des ruptures familiales ou des non ruptures
01:10:17avec des disputes odieuses dans les maisons
01:10:19quand les parents ne se séparent pas
01:10:21ce qui peut être aussi mal vécu par les enfants que les ruptures
01:10:23je voudrais qu'on parle aussi maintenant
01:10:25du sens de l'amitié
01:10:27on va entendre dans un instant justement
01:10:29l'amitié qui pouvait le lier à Dalida
01:10:31mais c'est vrai que Christian Proutot dans tous les témoignages
01:10:33qu'on a depuis ce matin
01:10:35ce qu'on entend c'est que Alain Delon
01:10:37c'était oui une grande star, un monstre sacré
01:10:39mais c'était avant tout un ami fidèle et très présent
01:10:41c'est un ami qui est capable d'être présent
01:10:43dans les moments compliqués et qui peut tout plaquer
01:10:45pour aller aider une personne qu'il aime
01:10:47avec une amitié qui est sincère et solide
01:10:49oui c'est tout à fait Alain Delon
01:10:51que moi j'ai connu et auquel d'ailleurs
01:10:53je m'attendais pas du tout
01:10:55parce que quand vous finissez par connaître les gens
01:10:57du côté qui est
01:10:59l'autre côté du miroir
01:11:01qui n'est pas
01:11:03l'image publique
01:11:05vous découvrez ce que sont
01:11:07véritablement les gens
01:11:09et Alain avait cette propension du moins
01:11:11en ce qui me concerne et en ce qui concerne
01:11:13le GIGN pour lequel je le disais
01:11:15tout à l'heure il avait une grande admiration
01:11:17qui fait que lorsque
01:11:19nous avons eu des événements
01:11:21terribles en particulier après
01:11:23l'assaut de Marignane
01:11:25du GIGN en 1994
01:11:27en décembre 1994
01:11:29qui Dieu merci
01:11:31s'est bien déroulé mais à quel prix
01:11:33puisqu'il y avait eu
01:11:35plusieurs blessés
01:11:37et il m'a appelé, il m'a dit
01:11:39ces hommes sont exceptionnels
01:11:41qu'est-ce que je peux faire ?
01:11:43ils sont à l'hôpital
01:11:45on va attendre qu'ils se rétablissent un peu
01:11:47et on va faire une visite
01:11:49et il a dit je suis vraiment
01:11:51je veux aller leur dire
01:11:53tout le bien que je pense d'eux
01:11:55de leur action et si ça peut
01:11:57aider j'y vais
01:11:59et il m'a demandé d'organiser un petit
01:12:01événement donc on s'est retrouvé à l'hôpital
01:12:03avec ces blessés du GIGN
01:12:05tout heureux de rencontrer quelqu'un
01:12:07qui était pour eux malgré tout
01:12:09c'est une génération
01:12:11qui a 94
01:12:13qui connaissait encore l'acteur de cinéma
01:12:15et voir Alain Delon
01:12:17cette idole reconnue
01:12:19les célébrer
01:12:21a été pour eux
01:12:23je pense, ils ne me l'ont pas dit
01:12:25mais j'ai vu qu'ils l'avaient écrit entre eux
01:12:27puisqu'on a un réseau entre nous
01:12:29tous ceux qui ont vécu ce moment
01:12:31l'ont rappelé en disant que c'était pour eux
01:12:33incroyable de se retrouver
01:12:35sur leur lit de souffrance à l'hôpital
01:12:37avec Alain Delon
01:12:39qui avait organisé un petit buffet
01:12:41pour pouvoir les honorer
01:12:43ça c'est Alain Delon
01:12:45Oui, on parlait de l'amitié
01:12:47de Dalida
01:12:49c'est quand même quelque chose d'exceptionnel
01:12:51car ils s'étaient rencontrés bien avant
01:12:53leurs célébrités respectives
01:12:55en 1957-58
01:12:57ils étaient mitoyens d'une petite chambre
01:12:59de bonne rue Jean Mermoz
01:13:01dans le 8ème arrondissement à Paris
01:13:03et ils avaient l'habitude parfois de partager des repas
01:13:05dans une période difficile pour eux
01:13:07et il s'en est toujours souvenu
01:13:09et quand Dalida a appelé à ce moment-là
01:13:11Alain Delon pour lui demander
01:13:13de lui faire une réponse dans un duo
01:13:15en 1973, au printemps 1973
01:13:17il y a beaucoup de duos en France
01:13:19il y a Houston et Chardin évidemment
01:13:21il y avait Johnny et Sylvie avec J'ai Un Problème
01:13:23il y avait Shell Eringo et Pigon de la Venise
01:13:25et puis Dalida ne voulait pas
01:13:27rester en reste, elle voulait aussi un duo
01:13:29donc qui choisir ? Elle a dit à son frère
01:13:31je m'occupe d'Alain Delon, son frère a dit il ne va jamais accepter
01:13:33elle l'a appelé, mais pour Dalida
01:13:35et par amitié, ils n'avaient pas eu encore
01:13:37une histoire ensemble, ça viendra un peu plus tard
01:13:39finalement
01:13:41il lui a donné la réplique
01:13:43il est arrivé à l'heure, la première prise
01:13:45a été la bonne, même s'ils ont fait une deuxième prise
01:13:47de sécurité pour l'enregistrement de la voix
01:13:49la bonne parce qu'il parlait juste
01:13:51parce que même quand on parle sur une chanson
01:13:53il faut parler aussi en musique
01:13:55il faut être placé en musique sur les notes
01:13:57et lui il l'a fait en une prise
01:13:59la voix elle est magnifique
01:14:01et ça a été la bonne
01:14:03ils ont vendu 500 000 exemplaires du fameux
01:14:05Parole Parole, ce qui a été
01:14:07une performance, il était émerveillé
01:14:09Alain Delon finalement d'avoir vendu autant
01:14:11de disques, et dans
01:14:1327 pays, ils ont vendu
01:14:15cette chanson qui a été un succès planétaire
01:14:17n'oublions pas qu'en 1973
01:14:19Delon est une star mondiale
01:14:21et Dalida aussi, qui vend dans tous les pays
01:14:23du Moyen-Orient, en Asie, en Amérique du Sud
01:14:25ou au Canada, la même chose pour Alain Delon
01:14:27ça a été un succès phénoménal, rien qu'en France
01:14:29500 000. Et bien justement
01:14:31pour parler de cette amitié, nous sommes en ligne
01:14:33et je vous remercie avec Orlando
01:14:35le frère justement de Dalida
01:14:37merci beaucoup d'avoir accepté
01:14:39notre invitation, vous venez d'entendre ce que
01:14:41disait Fabien Lecoeuf, c'est vrai qu'entre
01:14:43votre soeur et Alain Delon, c'est une amitié
01:14:45très ancienne, qui commence quand
01:14:47ils débutent un peu leur vie à Paris
01:14:49mais malgré la célébrité des deux
01:14:51cette amitié ne s'est
01:14:53jamais éteinte finalement
01:14:55Mais qu'est-ce que vous voulez
01:14:57que je rajoute, je pense que Fabien a tout
01:14:59dit, donc je ne peux
01:15:01que simplement confirmer
01:15:03ce qu'il vient de dire
01:15:05alors moi je voudrais dire plutôt la profonde
01:15:07tristesse que j'ai eue
01:15:09en apprenant la mort de
01:15:11enfin je n'aime pas le mot mort
01:15:13le départ d'Alain Delon
01:15:15j'ai l'impression d'avoir
01:15:17perdu un membre de ma famille
01:15:19car il n'en faisait partie peut-être
01:15:21à cause de la longue
01:15:23amitié et la fidélité qu'il y a
01:15:25eu entre Alain et ma soeur
01:15:27Dalida et surtout
01:15:29ce titre là aussi
01:15:31que c'est vraiment un titre pour l'éternité
01:15:33au moment que
01:15:35cet aigle de tête
01:15:37l'ont enregistré, ne pensez jamais
01:15:39que ces chansons auraient duré
01:15:41tout ce temps et qu'ils n'étaient pas
01:15:43prêts de s'éteindre
01:15:45alors oui
01:15:47je voudrais parler d'Alain
01:15:49de sa beauté, on parle souvent de sa
01:15:51beauté extraordinaire
01:15:53mais il ne faut pas perdre de vue l'acteur
01:15:55immense acteur qu'il a été
01:15:57avec des films qui resteront
01:15:59qui sont des chef-d'oeuvre
01:16:01avec des metteurs en scène
01:16:03comme il le disait de l'époque
01:16:05qui étaient formidables
01:16:07voilà Alain que j'ai
01:16:09envie de parler, avec Dalida
01:16:11bien sûr il a été
01:16:13d'une fidélité, son nom
01:16:15leur amitié ne s'est jamais
01:16:17diminuée, il a toujours été
01:16:19là dans les moments difficiles
01:16:21l'un pour l'autre et quand
01:16:23j'ai amené ce titre
01:16:25car c'est moi qui ai amené ce titre
01:16:27j'ai eu la parole
01:16:29j'étais en Italie pour des affaires
01:16:31et j'ai entendu ce titre
01:16:33à la télé, c'était le titre
01:16:35et le générique
01:16:37d'une émission de variété
01:16:39et je me suis dit ce titre est fait pour Dalida
01:16:41et quand je l'ai amené en France
01:16:43je lui ai dit attention Dali
01:16:45c'est un aigle à deux têtes, il faut la deuxième tête
01:16:47et il a dit
01:16:49je vais appeler Alain
01:16:51je lui ai dit Alain qui ?
01:16:53Alain Delon
01:16:55c'est incroyable qu'il l'accepte
01:16:57il a tout de suite accepté
01:16:59parce qu'en tournant un film en Italie
01:17:01il avait entendu le titre
01:17:03on s'est rencontré
01:17:05et puis la suite vous la connaissez
01:17:07Et ce que disait Fabien Lequeuvre
01:17:09c'est aussi à quel point cette chanson
01:17:11a été facile à enregistrer
01:17:13c'est à dire qu'une prise a suffi
01:17:15avec le professionnalisme
01:17:17Je vais vous raconter, j'avais prévu
01:17:19pour la séance
01:17:21deux séances pour l'enregistrement
01:17:23il avait demandé que ce soit fait le soir
01:17:25et donc bien sûr
01:17:27j'ai pris la séance le soir
01:17:29et par contre
01:17:31il était un grand professionnel
01:17:33tout ce qu'il a fait dans sa vie
01:17:37avec un grand professionnalisme
01:17:39il a fait
01:17:41deux prises exactement
01:17:43mais dans une prise
01:17:45la première prise a été
01:17:47la plus parfaite
01:17:49j'ai choisi qu'une seule phrase
01:17:51dans la deuxième prise
01:17:53et après, étant donné qu'il y avait
01:17:55une ambiance extraordinaire
01:17:57au studio entre Dalida
01:17:59et Alain
01:18:01j'ai dit pourquoi pas
01:18:03maintenant que vous êtes là
01:18:05si vous improvisez
01:18:07on directe tous les deux
01:18:09parce qu'à l'époque Dalida avait enregistré
01:18:11sa voix toute seule
01:18:13pour mettre à l'aise Alain
01:18:15et Alain
01:18:17il avait enregistré sa voix parlée ensuite
01:18:19alors ils se sont
01:18:21réunis à chanter
01:18:23tous les deux, il y avait une ambiance formidable
01:18:25et d'ailleurs j'ai gardé
01:18:27beaucoup de la prise live
01:18:29comme on dit en direct
01:18:31improvisée le soir du studio
01:18:33Merci beaucoup Orlando
01:18:35d'avoir été avec nous et d'avoir rendu hommage
01:18:37justement à Alain Delon et puis on parlait
01:18:39évidemment de cette complicité entre Alain Delon
01:18:41et Dalida, je voudrais qu'on garde un extrait
01:18:43de l'heure des pros, Pascal Pro
01:18:45avait reçu Alain Delon en 2019
01:18:47et justement il s'est exprimé
01:18:49à ce moment là sur sa complicité
01:18:51son amitié avec Dalida, écoutez
01:18:53Tout à l'heure on a écouté
01:18:55une première musique, on va écouter
01:18:57une deuxième chanson
01:18:59et sur cette chanson
01:19:01il y a une jeune femme qui va nous rejoindre
01:19:03que vous connaissez
01:19:05qui présente le soir notre émission
01:19:07entre 22h et minuit
01:19:09c'est Sonia Mabrouk
01:19:11une chanson et Sonia Mabrouk qui rentre sur le plateau
01:19:17Ecoute-moi
01:19:19Paroles et paroles et paroles
01:19:21Je t'en prie
01:19:23Paroles et paroles et paroles
01:19:25Je te jure
01:19:27Paroles et paroles et paroles
01:19:29Paroles et encore des paroles
01:19:31Que tu sais, mon beau
01:19:33Que tu sais, mon beau
01:19:35Voilà mon destin
01:19:37De parler
01:19:39De parler comme la première fois
01:19:41Encore des mots
01:19:43Toujours des mots
01:19:45Voilà, Dali, ça me bouleverse
01:19:47parce que j'ai aimé cette femme terriblement
01:19:49et j'ai tellement souffert
01:19:51quand elle s'est fait partir
01:19:53et j'aurais voulu être là
01:19:55pour l'empêcher de partir
01:19:57comme ça
01:19:59mais elle avait
01:20:01elle avait pris sa décision, elle ne voulait pas aller en arrière
01:20:03elle voulait s'en aller
01:20:05elle est partie très vite
01:20:07et je sais pourquoi
01:20:09Mais ça c'est un grand souvenir
01:20:11cette chanson avec elle
01:20:13exceptionnelle chanson
01:20:15alors Alain Delon
01:20:17chanson italienne à la base
01:20:19Sonia Mabrouk que vous écoutez
01:20:21je sais que vous l'écoutez tous les soirs
01:20:23entre 22h et minuit
01:20:25je lui ai reproché, je lui ai dit
01:20:27il faut que j'attende 22h pour vous voir
01:20:29et après je ne peux pas me coucher avant minuit
01:20:31maintenant que je sais que Alain Delon vous regarde
01:20:33quelle pression
01:20:35bonsoir à vous
01:20:37Sonia vous êtes magnifique
01:20:39je vous retourne le compliment
01:20:41pour moi vous êtes la femme du 21ème siècle
01:20:45et avant qu'on décrypte cette séquence
01:20:47vous lui ajoutez quelque chose Orlando je vous en prie
01:20:49je vous dis que c'est très touchant
01:20:51parce que je suis en train
01:20:53de regarder la télé aussi
01:20:55de voir les larmes
01:20:57d'Alain quand il évoque Dalida
01:20:59on sent qu'elles sont sincères
01:21:01extraordinaires
01:21:03en plus quelques années plus tard
01:21:05il y a une douzaine d'années
01:21:07il y a Michel Drucker qui avait
01:21:09fait un émission spécial
01:21:11vivons dimanche à Dalida
01:21:13et Delon il a intervenu
01:21:15et il nous a fait
01:21:17cette révélation
01:21:19que personnellement je ne le savais pas
01:21:21et que peu de gens le savaient
01:21:23qu'il avait eu une histoire d'amour avec elle
01:21:25bref à Rome
01:21:27et donc ça a été vraiment
01:21:29un choc pour nous parce que Dalida
01:21:31n'en avait jamais parlé
01:21:33et c'est une révélation
01:21:35bon et moi j'ai dit
01:21:37cette phrase un peu pour rigoler
01:21:39il était tellement beau
01:21:41enfin il y a quelqu'un
01:21:43dans la famille qui l'a eu
01:21:45voilà
01:21:47de toute façon quand je pars d'Alain
01:21:49je la vois
01:21:51qui m'adore ce qu'il s'est mis parce que
01:21:53franchement je l'ai connu un être extraordinaire
01:21:55qui en dehors de l'apparence
01:21:57de la star qu'il était
01:21:59le mot star valait dire
01:22:01quelque chose avec un S majuscule
01:22:03il était dans la vie
01:22:05un homme honnête
01:22:07droit et fidèle
01:22:09en amitié
01:22:11comme peu de gens le sont
01:22:13voilà je pense que le cinéma perd
01:22:15le plus beau visage
01:22:17du cinéma français
01:22:19et un acteur hors normes
01:22:21vous savez je suis ému
01:22:23et donc je n'arrive pas bien
01:22:27à exprimer ce que je ressens pour lui
01:22:29moi je vais me répéter
01:22:31j'ai l'impression que j'ai perdu quelqu'un
01:22:33de ma famille aujourd'hui
01:23:03il a placé les mots précisément pour avoir cette sensibilité là
01:23:05ça c'est important
01:23:07et surtout c'est lui qui avait choisi cette adaptation
01:23:09avec l'adaptation française
01:23:11et Bruno le sait
01:23:13Orlando le sait
01:23:15c'est à dire que c'est une chanson avant-gardiste
01:23:17on est en 1973
01:23:19c'est la première fois qu'une femme
01:23:21ose parler d'un homme en disant paroles paroles
01:23:23tu peux parler, t'es un beau parleur
01:23:25ou t'es trop macho etc
01:23:27comme l'a fait aussi dans sa chanson
01:23:29Ayana Kamoura avec Dja Dja
01:23:31qui est un peu un parole-parole
01:23:33dans une version très moderne
01:23:35et dans la langue du pays
01:23:37en tout cas d'où vient Ayana Kamoura
01:23:39et ça c'est important de le rappeler
01:23:41pour le faire à la place d'Orlando
01:23:43il y a toujours beaucoup de pudeur
01:23:45mais c'est important de le préciser
01:23:47il y a toujours un homme de l'ombre
01:23:49derrière, quelqu'un qui choisit
01:23:51qui fait les bons choix
01:23:53et ça a été le cas en tout cas d'Orlando pour sa soeur Dalida
01:23:55Je vous laisse répondre Orlando
01:23:57après ce bel hommage que vous avez fait Fabien Lequeuvre
01:23:59Je voudrais remercier Fabien
01:24:01que je connaisse très bien cet ami
01:24:03et terminer en disant que
01:24:05Alain a été l'idole
01:24:07de ma jeunesse
01:24:09et jamais j'aurais pu penser
01:24:11un jour que j'allais
01:24:13le côtoyer
01:24:15et en plus que j'allais
01:24:17enregistrer et produire
01:24:19le seul duo qu'il a fait
01:24:21ce duo qu'il a réuni
01:24:23pour l'éternité
01:24:25voilà tout ce que j'ai à dire
01:24:27Merci d'avoir été notre invité
01:24:29sur CNews
01:24:31alors on vient de parler effectivement
01:24:33de cette amitié et amourette
01:24:35aussi avec Dalida
01:24:37on va parler maintenant d'Alain Delon
01:24:39et les femmes parce qu'il le disait lui-même
01:24:41il devait tout aux femmes
01:24:43regarder quelques-unes de ses déclarations
01:24:45et histoire d'amour mythique
01:24:47qui sont compilées par Viviane Hervier
01:24:53Alors d'ici un instant on va voir
01:24:55effectivement Christian Proutot
01:24:57les femmes et Alain Delon
01:24:59c'est totalement indissociable quand on pense à Alain Delon
01:25:01on pense au couple mythique avec Romy Schneider
01:25:03on pense à Mireille Dark
01:25:05évidemment ça aussi ça a fait
01:25:07sa réputation et sa carrière
01:25:09Oui bien évidemment
01:25:11puisque comme l'avait rappelé
01:25:13Fabien tout à l'heure
01:25:15et puis même Nathan
01:25:17les gens s'identifient un peu
01:25:19et une histoire d'amour
01:25:21surtout quand elle est faite avec des
01:25:23monstres du cinéma
01:25:25tout le monde y est sensible
01:25:27et moi je me souviens un jour
01:25:29je vais chez lui
01:25:31dans ses bureaux
01:25:33je crois que c'est du côté du boulevard Malzherbe
01:25:35et puis
01:25:37il me dit ce qui est assez surprenant
01:25:39d'ailleurs c'est que juste au dessus
01:25:41parce qu'il était aussi assez fou
01:25:43d'histoire
01:25:45il y a la fondation Napoléon
01:25:47donc il y avait les deux pas loin
01:25:49et on avait la même passion
01:25:51pour l'Empire
01:25:53et
01:25:55il fait visiter ses bureaux
01:25:57et dans son salon
01:25:59il y avait
01:26:01je pense qu'il y est toujours
01:26:03un immense portrait
01:26:05de Romy Schneider
01:26:07et j'étais avec mon épouse
01:26:09celle qui est devenue mon épouse
01:26:11et il nous prend par les bras
01:26:13vous avez vu comme elle est belle
01:26:15et ce qui était étonnant
01:26:17c'était de se dire qu'il y avait encore
01:26:19cette présence de Romy
01:26:21auprès de lui
01:26:23au point qu'elle tienne tout le mur
01:26:25parce que la photo était immense
01:26:27tout en sachant que malgré tout
01:26:29avec d'autres
01:26:31il avait eu des histoires
01:26:33qui ont été plus longues
01:26:37sûrement aussi intenses
01:26:39par rapport aux rapports qu'ils avaient entre eux
01:26:41puisque
01:26:43comme il m'avait demandé à un moment
01:26:45de lui trouver quelqu'un qui lui servait en même temps
01:26:47de garde du corps de majordome
01:26:49donc je lui avais trouvé un ancien
01:26:51du GIGN qui l'accompagnait partout
01:26:53et quand Mireille Dark
01:26:55est décédée
01:26:57tout de suite il m'a fait appeler
01:26:59parce que je lui avais envoyé un petit mot
01:27:01je savais que ça avait de l'importance pour lui
01:27:03et il m'a dit
01:27:05je suis accompagné de ton homme
01:27:07je pourrais m'appuyer sur lui
01:27:09et je savais qu'il allait la voir
01:27:11pour être auprès d'elle
01:27:13parce qu'il avait également de bons rapports
01:27:15avec celui qui vivait avec Mireille à l'époque
01:27:17c'est vrai qu'on a aussi beaucoup dit
01:27:19à Nathan Devers que la personnalité d'Alain Delon
01:27:21était une personnalité parfois sombre
01:27:23mais aussi parce qu'on sent qu'il a perdu
01:27:25beaucoup de personnes qu'il aimait
01:27:27on a parlé des femmes mais pas qu'eux
01:27:29et que finalement ces morts étaient très présents dans sa vie
01:27:31c'est à dire que comme le disait à l'instant Christian Proutot
01:27:33d'avoir un grand portrait de Romy Schneider
01:27:35et que ça a fait que tous les deuils qu'il a vécu
01:27:37finalement il a vécu véritablement avec
01:27:39c'est à dire qu'il n'y a pas eu forcément ce côté
01:27:41apaisé en fait autour des pertes
01:27:43qu'il a pu subir
01:27:45oui vous avez tout à fait raison
01:27:47je pense que ce qui fait
01:27:49souvent la grandeur d'un artiste
01:27:51qui a la chance
01:27:53de vivre longtemps
01:27:55c'est sa capacité
01:27:57à saisir le basculement d'un monde vers un autre
01:27:59alors ça le saisir à l'échelle personnelle
01:28:01ce que vous avez raconté
01:28:03et tout ce qu'on dit depuis ce matin
01:28:05de partout, le fait
01:28:07qu'il était resté fidèle aux morts
01:28:09resté fidèle à la mémoire de ses amours
01:28:11etc etc
01:28:13mais capacité aussi de créer un écho
01:28:15entre le vieillissement individuel
01:28:17la nostalgie individuelle
01:28:19et les bouleversements qui existent
01:28:21dans le monde
01:28:23et je crois que c'était le cas d'Alain Delon
01:28:25en 2003 il avait écrit un article
01:28:27dans ma revue La Règle du Jeu
01:28:29qu'on a republié aujourd'hui sur notre site
01:28:31qui est un article très étrange parce que extrêmement sombre
01:28:33où il annonce la mort du cinéma
01:28:35la mort de son cinéma et
01:28:37plus généralement la mort du cinéma
01:28:39remplacée par le triple diable
01:28:41qui était selon lui le petit écran
01:28:43le commerce, l'argent et la vulgarité
01:28:45je vous lis juste un extrait
01:28:47parce que c'est très intéressant et je pense que ça en dit long
01:28:49sans doute de son âme
01:28:51j'appartiens à une génération
01:28:53de dinosaures terrassés par des nains
01:28:55à l'époque les acteurs venaient d'ailleurs
01:28:57et le cinéma les accueillait tels quels
01:28:59Gabin du musical, Lino
01:29:01venait du catch, Lancaster
01:29:03venait du cirque etc etc
01:29:05oui on venait d'ailleurs avec une fièvre, une énergie
01:29:07dont la singularité n'avait pas eu le temps d'être formatée
01:29:09par les cours de comédie
01:29:11aujourd'hui c'est l'inverse, le cinéma ne recrute que des comédiens
01:29:13sans cicatrice sociale ou humaine
01:29:15les comédiens c'est bon pour le théâtre
01:29:17pas pour le cinéma, à l'arrivée tout ça
01:29:19est fade, vulgaire etc
01:29:21et si on lit le texte en entier, c'est un texte très étonnant
01:29:23parce qu'il dit, le cinéma est un art mineur
01:29:25il dit ça, et il dit parce que
01:29:27la différence entre le cinéma et les autres arts c'est que c'est pas
01:29:29un art individuel
01:29:31la musique, la littérature, l'humour
01:29:33la sculpture, il suffit d'une personne qui soit
01:29:35un génie et elle peut
01:29:37faire renaître complètement son art
01:29:39et Delon remarque extrêmement justement
01:29:41le cinéma, sa qualité dépend
01:29:43d'abord de la bonne entente
01:29:45et de la qualité d'une équipe et plus largement
01:29:47dépend de l'argent qu'on peut mettre
01:29:49quand on est producteur et donc de tout le système marchand
01:29:51d'une société, et Delon
01:29:53disait qu'à ses yeux, en tout cas dans ce texte
01:29:55en 2003, notre société n'était
01:29:57plus capable de faire du cinéma
01:29:59c'est à dire comme le disait Godard
01:30:01de lever les yeux, parce que c'est ça fondamentalement
01:30:03le cinéma, et donc peut-être en effet
01:30:05que cette noirceur
01:30:07enfin pas noirceur, c'est pas le bon mot
01:30:09cette mélancolie qu'il pouvait avoir
01:30:11c'est deux choses, c'est un
01:30:13un rapport au temps qui passe, au temps qui passe
01:30:15de sa vie, aux gens qu'il a aimé
01:30:17et qu'il a perdu, et
01:30:19deuxièmement, c'est le sentiment
01:30:21d'une certaine forme de grandeur
01:30:23qui est sans doute la source
01:30:25réelle, la source cachée
01:30:27mais la source la plus importante
01:30:29à partir de laquelle l'art
01:30:31au sens large du terme est possible
01:30:33c'est à dire la vie intensément vécue
01:30:35Je voudrais justement qu'on s'arrête
01:30:37sur les histoires d'amour
01:30:39et le rôle des femmes dans la vie
01:30:41d'Alain Delon, le tout est compilé par Viviane Hervier
01:30:43Tout ce que je suis
01:30:45aujourd'hui, tout ce que j'ai fait, tout ce que
01:30:47j'ai entrepris, je l'ai fait pour les femmes
01:30:49je n'étais pas prédestiné à faire ce métier
01:30:51je ne voulais pas le faire, et une femme m'a aimé
01:30:53elle m'a dit il faut que tu fasses ce film
01:30:55je dis je n'en ai pas envie, mais si tu me le demandes
01:30:57pour te faire plaisir parce que je t'aime, je vais faire
01:30:59et je suis devenu acteur par amour
01:31:01Et ce premier film sorti en 1957
01:31:03porte un titre prédestiné
01:31:05Quand la femme s'en mêle
01:31:07d'Yves Allégret
01:31:09C'est vrai que vous êtes la dactylo de maman ?
01:31:11Romy Schneider sera son premier
01:31:13grand amour, il se rencontre
01:31:15en 1958 sur le tournage du film
01:31:17Christine
01:31:19J'ai une vie si compliquée
01:31:21Leur idée, il va durer 5 ans
01:31:23même après leur séparation
01:31:25ils vont former à l'écran un couple mythique
01:31:27Alain Delon le reconnaissait
01:31:29il aimait les femmes
01:31:31J'aime les femmes
01:31:33assez grandes
01:31:35belles de toute façon
01:31:37et si possible intelligentes
01:31:39Nathalie Delon est la seule à avoir épousé
01:31:41l'acteur, ensemble ils auront un fils
01:31:43Anthony, qui suivra plus tard
01:31:45les traces de son père au cinéma
01:31:47Mais après 4 ans de mariage, le couple divorce
01:31:49Alain Delon a rencontré
01:31:51Mireille Dark sur le tournage du film
01:31:53Jeff
01:31:55Mireille Dark va partager
01:31:57la vie d'Alain Delon pendant 15 ans
01:31:59ils vont vivre un amour fusionnel
01:32:01qui après leur séparation va se muer
01:32:03en amitié complice et indéfectible
01:32:05On a un grand projet en commun
01:32:07c'est de vivre le plus longtemps possible
01:32:09tous les deux et de se voir le plus longtemps possible
01:32:11le plus souvent possible
01:32:13ça c'est un grand projet
01:32:15Avec Rosalie Van Bremen, mannequin néerlandais
01:32:17rencontrée en 1987
01:32:19Alain Delon a deux enfants
01:32:21Anoushka et Alain Fabien
01:32:23avec sa fille, la même passion pour le cinéma
01:32:25c'est avec elle qu'auront lieu
01:32:27ses dernières apparitions publiques
01:32:29il a eu à coeur de lui transmettre le flambeau
01:32:31avant de quitter définitivement la scène
01:32:39On va évidemment en discuter
01:32:41ensemble, mais d'abord on va s'arrêter
01:32:43quelques instants pour faire le point sur les réactions
01:32:45internationales aussi
01:32:47félicitées à la mort d'Alain Delon
01:32:49Vous l'avez longuement évoqué dans votre émission
01:32:51Alain Delon était connu mondialement
01:32:53pour son talent d'acteur, pour sa filmographie
01:32:55et pour la classe à la française qu'il incarnait
01:32:57la presse étrangère n'a donc pas manqué
01:32:59de lui rendre hommage aux Etats-Unis
01:33:01la BBC News a annoncé sa disparition
01:33:03ce matin en parlant
01:33:05du géant du cinéma français
01:33:07avec un long article qui parle d'une star
01:33:09de l'âge d'or du cinéma français
01:33:11et même dans les colonnes du célèbre journal quotidien
01:33:13américain, le New York Times
01:33:15les adjectifs qui qualifient Alain Delon
01:33:17résonnent, les américains insistent
01:33:19sur l'intensité de sa beauté
01:33:21et je cite, sur l'homme incroyablement beau qu'il était
01:33:23en ajoutant, Delon a joué
01:33:25les gangsters corse-froids aussi bien
01:33:27que les amants italiens taurides
01:33:29dans le Hollywood Reporter
01:33:31Alain Delon est là aussi décrit comme
01:33:33une star séduisante du cinéma européen
01:33:35il est même appelé comme, écoutez bien
01:33:37le Brigitte Bardot au masculin
01:33:39la presse italienne, quant à elle
01:33:41rend son dernier hommage en retraçant
01:33:43son évolution tout en parlant de lui
01:33:45comme une étoile
01:33:47les 1000 visages d'une étoile
01:33:49si mon italien est encore bon
01:33:51je ne peux pas vous corriger, je ne sais pas
01:33:53mais je vous crois, félicité
01:33:55et j'ai fini ce tour d'horizon de la presse étrangère
01:33:57par le journal El País en Espagne
01:33:59qui le place en icône, écoutez
01:34:01Alain Delon, icône du cinéma européen
01:34:03pour son talent et son pouvoir de séduction
01:34:05merci beaucoup, félicité de nous avoir
01:34:07accompagné avec toutes ces réactions
01:34:09et pour parler justement des femmes qui ont marqué
01:34:11la vie d'Alain Delon, nous sommes avec
01:34:13Véronique de Villèle, bonjour et merci
01:34:15infiniment d'être avec nous
01:34:17on vous connait en tant qu'animatrice de télévision
01:34:19évidemment, mais vous avez aussi
01:34:21travaillé longtemps aux côtés de ce
01:34:23couple, Alain Delon et Mireille d'Arc
01:34:25et on a de cesse de le dire, c'est une relation
01:34:27alors on a perdu la liaison, on va juste
01:34:29la rejoindre dans quelques instants, mais c'est vrai que
01:34:31Fabien Lequeuve, on le voit avec Mireille d'Arc
01:34:33et quand on voit cet extrait, c'est un couple qui s'est aimé
01:34:35qui s'est séparé, il y a eu parfois des reproches
01:34:37fait aussi sur les plateaux de télévision, mais une amitié
01:34:39qui est restée sincère et jusqu'au bout il a été là pour elle
01:34:41Oui, on est dans une époque, il faut le rappeler quand même
01:34:43au XXe siècle où
01:34:45les grandes personnalités, les grands artistes, les grandes stars
01:34:47comme Alain Delon mettent en lumière
01:34:49leur vie privée, encore une fois de plus parce que
01:34:51ça appartenait en tout cas
01:34:53à leur carrière aussi, ce qui fait
01:34:55qu'ils ont cette forme d'attachement avec
01:34:57le public, parce que si vous rentrez
01:34:59dans les salons, dans les chambres à coucher des gens
01:35:01et vous êtes au courant avec qui, la couleur
01:35:03de la table de nuit,
01:35:05l'appartement, vous connaissez tout par coeur
01:35:07vous faites partie d'un membre de leur famille, c'est ça en fait
01:35:09Et vous vivez avec eux aussi
01:35:11leur joie, leur peine, leur désillusion
01:35:13Et donc en fait, ça c'est une force
01:35:15c'est un atout
01:35:17c'est les lois de Jacques Lang
01:35:19qui à partir de 83-84, il a organisé
01:35:21un peu mieux les choses pour protéger
01:35:23les artistes, à juste titre
01:35:25Jacques Lang, avec l'atteinte à la vie privée
01:35:27etc, donc on a moins vu de
01:35:29stars qui étalaient finalement leur vie privée
01:35:31depuis ces lois Lang, mais c'est vrai que
01:35:33ça manque dans certaines carrières et l'attachement
01:35:35qu'ont ces artistes justement
01:35:37avec leur public qui leur est extrêmement fidèle
01:35:39c'est cette communion
01:35:41qui se faisait à travers la presse
01:35:43essentiellement, parce que les réseaux sociaux n'existaient pas dans les années 70-80
01:35:45comme chacun le sait
01:35:47donc il y avait quand même cette communion parfaite
01:35:49et elle va pouvoir nous en parler
01:35:51puisque Véronique, qui a été
01:35:53la secrétaire très longtemps de Mireille
01:35:55d'Arc, a bien fréquenté évidemment le couple
01:35:57précieuse collaboratrice du couple
01:35:59bien sûr. Justement, merci
01:36:01d'être avec nous, on a retrouvé la liaison avec Véronique
01:36:03de Villèle, je le disais, vous avez été
01:36:05aux premières loges aussi pour
01:36:07connaître et partager un peu le quotidien
01:36:09de ce couple mythique Alain Delon-Mireille
01:36:11d'Arc avec une complicité
01:36:13qui ne s'est jamais éteinte jusqu'au bout
01:36:15il a été là pour Mireille d'Arc
01:36:17et à ses côtés. Absolument
01:36:19je vous en doutais, je suis
01:36:21absolument aujourd'hui, depuis ce matin, bouleversé
01:36:23et pourtant on savait que
01:36:25ce moment arriverait
01:36:27mais moi j'ai partagé beaucoup plus que ce que
01:36:29vous venez de dire, j'étais 20 ans
01:36:31l'assistante de Mireille d'Arc et après
01:36:33ça s'est répercuté sur lui
01:36:35j'avais mon bureau à côté du sien
01:36:37chez Adèle Productions, je voyais
01:36:39tous les jours, mais non seulement
01:36:41je voyais tous les jours, mais j'ai partagé leur vie
01:36:43pendant 55 ans
01:36:4555 ans, vous imaginez
01:36:47donc voilà, sa maison de doucher
01:36:49je la connais par cœur, c'est Mireille et moi
01:36:51qui l'avons faite, fabriquée
01:36:53à son image, à tout ce qu'il
01:36:55voulait et c'est vrai que c'est
01:36:57un lieu qu'il aime
01:36:59plus que tout et je suis heureuse de savoir que
01:37:01finalement il est à doucher
01:37:03avec ses chiens
01:37:05il était avec ses trois enfants, ses deux
01:37:07petites filles, les filles d'Anthony
01:37:09quand il est parti, donc déjà ça
01:37:11ça fait un petit peu de soleil
01:37:13dans le cœur on va dire, mais bon
01:37:15c'était une immense, immense, immense famille
01:37:17d'ailleurs c'était même pas un ami
01:37:19c'était quelqu'un de ma famille
01:37:21et comme Mireille, Mireille me présentait toujours
01:37:23en disant, vous connaissez ma soeur Véronique
01:37:25ben Alain pareil, j'ai tellement
01:37:27d'anecdotes et de partage
01:37:29avec eux, de choses que j'ai fait
01:37:31j'ai été assisté à tous leurs films
01:37:33je me souviens pas
01:37:35je pourrais faire un livre, deux livres
01:37:37trois livres sur mon
01:37:39partage avec eux, de partager
01:37:41leur vie, j'ai vraiment partagé leur vie
01:37:43et notamment un grand, grand, grand
01:37:45moment à Paris dans son
01:37:47immense appartement qu'est Kennedy
01:37:49et surtout dans cette maison de doucher
01:37:51où j'allais tous les week-ends pendant plus de 30 ans
01:37:53Et justement vous qui avez partagé
01:37:55leur quotidien, qu'est-ce que vous
01:37:57retenez de ce couple, qu'est-ce qui vous a
01:37:59marqué de toutes ces années à leur
01:38:01côté, on parle beaucoup notamment de la
01:38:03fidélité d'Alain Delon, de son
01:38:05amitié indéfectible, est-ce que vous aussi c'est ça que vous
01:38:07retenez ou il y a d'autres choses peut-être qui vous ont marqué
01:38:09plus personnellement ? Mais avant
01:38:11tout c'est la personne qui avait le culte
01:38:13de l'amitié comme je ne l'ai jamais rencontré
01:38:15je me répète parce que je l'ai dit souvent
01:38:17mais c'est tellement, tellement, tellement
01:38:19vrai, il était d'une fidélité
01:38:21d'une gentillesse, d'une générosité
01:38:23incroyable
01:38:25et même avec Mireille quand
01:38:27ils se sont séparés, j'étais là
01:38:29donc c'est pas quelqu'un qui me l'a raconté
01:38:31ça a été évidemment
01:38:33très, très douloureux pour Mireille
01:38:35même pour lui, mais ils ont essayé
01:38:37de garder un truc qui est devenu encore plus fort
01:38:39qu'avant, une espèce d'amitié
01:38:41il m'a appelé et il me disait, t'es avec Mimi ?
01:38:43Oui Mimi, je sais pas où elle est, ils étaient déjà séparés
01:38:45donc c'était
01:38:47franchement c'est une histoire
01:38:49entre deux absolument
01:38:51magnifiques et puis
01:38:53moi je suis très proche aujourd'hui d'Anthony
01:38:55je l'ai pratiquement vu naître
01:38:57j'ai vu Anthony avec Mireille
01:38:59on lui a rangé tous ses coups quand il faisait des
01:39:01conneries avec son père qui était furieux
01:39:03donc c'est, vraiment
01:39:05c'est ma famille, c'est pas
01:39:07un ami et j'ai été
01:39:09leur assistante, oui j'ai été leur assistante
01:39:11mais ils me traitaient comme leur sœur
01:39:13et c'est important
01:39:15aujourd'hui ils sont dans mon cœur comme vous n'imaginez pas
01:39:17et
01:39:19voilà, bon moi je suis fracassé depuis ce matin
01:39:21le cœur coupé en deux
01:39:23parce que j'attendais cette nouvelle
01:39:25sans l'attendre, parce que vous voyez par exemple le 8 novembre
01:39:27on prépare avec Norbert
01:39:29Saada une très grande soirée le jour de son anniversaire
01:39:31au Palais des Congrès
01:39:33où on réunit
01:39:35une énorme majorité de ses films cultes
01:39:37avec un orchestre
01:39:39symphonique de 70 musiciens
01:39:41sur la scène du Palais des Congrès
01:39:43le jour de son anniversaire, tous les jours
01:39:45depuis que ce projet
01:39:47est né, ça fait déjà 3-4 mois
01:39:49je fais une prière
01:39:51en me disant pourvu qu'il soit là
01:39:53pourvu qu'il soit là, même s'il n'est pas bien
01:39:55s'il a une canne ou une béquille
01:39:57on s'en fiche, mais au moins qu'il soit là
01:39:59vous voyez
01:40:01il a failli et je n'ai pas été entendue
01:40:03donc je suis très triste, mais bon la soirée
01:40:05va être tellement sublime, c'est vraiment
01:40:07un hommage qu'on lui rend sur une idée
01:40:09de Norbert Saada
01:40:11voilà. Merci
01:40:13Véronique de Villal, évidemment on imagine votre émotion
01:40:15et ce qu'on a noté aussi dans les échanges
01:40:17avec Mireille Dark
01:40:19notamment, et on le disait en plateau, c'est vrai que c'était aussi une époque
01:40:21où on vivait aussi
01:40:23avec ces couples stars, c'est-à-dire que dans la presse
01:40:25on savait quand les choses allaient bien, quand ça n'allait pas
01:40:27et les français se sont beaucoup aussi
01:40:29ont été attirés aussi
01:40:31par ces couples stars, parce qu'ils donnaient
01:40:33beaucoup d'oeil, ils donnaient leur vie privée, je me souviens d'une séquence
01:40:35de Mireille Dark, c'était chez
01:40:37Michel Drucker sur Vivement Dimanche, qui lui avait dit
01:40:39de but en blanc et de manière un peu douloureuse
01:40:41sais-tu à quel point tu m'as fait souffrir, parce que c'était aussi
01:40:43une époque où les choses se passaient comme ça
01:40:45et les français avaient accès à une partie de l'intimité
01:40:47Tout à fait, vous avez raison
01:40:49mais c'était la vérité, c'était la vérité
01:40:51alors, tu sais combien tu m'as fait souffrir
01:40:53mais elle disait aussi
01:40:55tu sais combien tu m'as aimé et je t'ai aimé
01:40:57parce que c'était un couple quand même incroyable
01:40:59là il a eu trois femmes
01:41:01importantes dans sa vie, c'est Nathalie
01:41:03la maman d'Anthony, moi je l'ai
01:41:05connue, Nathalie très bien
01:41:07et ensuite Romy Schneider et
01:41:09Mireille Dark, pas dans ce sens-là
01:41:11Romy Schneider, Nathalie, Mireille Dark
01:41:13mais c'était des choses importantes pour lui
01:41:15c'était pas une femme de passage
01:41:17comme il a pu en avoir
01:41:19mais sa relation avec Mireille
01:41:21elle était extraordinaire
01:41:23mais c'était même incroyable
01:41:25moi j'avais une intimité avec lui
01:41:27dingue, je l'ai raconté aussi quelques fois
01:41:29il m'appelait, t'es où Véro ?
01:41:31je suis à la maison, ok je passe te prendre
01:41:33on va à l'Olympia, c'était pas est-ce que
01:41:35si, est-ce que l'autre, c'était quelque chose
01:41:37qui lui faisait plaisir
01:41:39t'es chez toi, fais-moi un plat de pâtes
01:41:41j'arrive, dix fois j'ai fait ça
01:41:43et quand il est arrivé, c'était pas Alain Delon
01:41:45c'était quelqu'un de ma famille
01:41:47c'était mon frère, d'une gentillesse
01:41:49la dernière fois qu'il est venu chez moi
01:41:51c'est-à-dire il y a quand même quelques années
01:41:53il m'a dit oh mais j'adore ton appartement
01:41:55en fait tu sais ce qu'il faut Véro, c'est que tu me trouves le même
01:41:57dans ton immeuble
01:41:59c'était complètement fou
01:42:01je souris mais je vous promets que depuis ce matin je souris pas
01:42:03vraiment
01:42:05merci beaucoup en tout cas Véronique de Villèle
01:42:07et merci justement d'avoir pris le temps
01:42:09d'être avec nous parce qu'on imagine
01:42:11bien entendu votre peine qui est évidemment partagée
01:42:13par beaucoup de français
01:42:15voire l'ensemble des français aujourd'hui
01:42:17on a parlé là assez largement de Mireille
01:42:19d'Arc et de ce couple qu'ils ont formé
01:42:21évidemment mythique, je voudrais qu'on parle
01:42:23aussi de ce couple bien sûr avec Romy Schneider
01:42:25on va regarder un extrait
01:42:27on est au César en 2008
01:42:29et Alain Delon monte sur scène
01:42:31pour rendre hommage à Romy Schneider
01:42:33en 2008 elle aurait eu 70 ans
01:42:35et regardez l'émotion intacte
01:42:37d'Alain Delon
01:42:41unbec
01:42:43François klint
01:42:45unbec
01:42:47François klint
01:42:49unbec
01:42:51François klint
01:42:53e Laughs
01:42:55unbec
01:42:57François Klint
01:42:59unbec
01:43:01Laughs
01:43:03Madame
01:43:05le Ministre
01:43:07Bonsoir
01:43:09Bonsoir, mesdames, messieurs, chers amis, bonsoir.
01:43:15L'amour de ma vie, bonsoir.
01:43:19Je n'étais pas prévu au programme, alors je vais faire bref,
01:43:22afin de ne pas vous importuner.
01:43:25Merci.
01:43:27On m'a demandé de lui rendre hommage.
01:43:32J'ai dit oui.
01:43:33On m'a demandé de bien vouloir lui remettre un César d'honneur.
01:43:40J'ai accepté.
01:43:42Pourquoi ?
01:43:44Pourquoi ?
01:43:49Parce que...
01:43:52Parce que cette année, tu aurais 70 ans
01:43:54et que tu me manques terriblement.
01:43:57Parce que nous nous sommes fiancés il y a 50 ans.
01:44:03Parce que nous avons nagé ensemble il y a 40 ans dans la piscine.
01:44:09Parce que nous nous sommes aimés.
01:44:11Parce que nous avons été heureux ensemble et malheureux
01:44:15quand David est parti.
01:44:18Parce que c'était toi, parce que c'était moi.
01:44:22Parce que nous avons été heureux ensemble.
01:44:27Voilà pourquoi.
01:44:30Alors, ce soir, je voudrais vous demander pour elle
01:44:35une chose simple,
01:44:37mais ô combien symbolique,
01:44:40c'est de vous lever pour ses 70 ans
01:44:43et de l'applaudir avec moi.
01:44:45Avec moi.
01:44:58Là aussi, Christian Proutot, on voit la force du lien et la fidélité.
01:45:01C'est incroyable.
01:45:02On est des années, évidemment, après la mort de Romy Schneider.
01:45:05Elle aurait célébré ses 70 ans
01:45:07et Alain Delon vient sur scène pour qu'elle soit encore applaudie.
01:45:10On voit, comme avec Myrida,
01:45:12qu'on a l'impression que ce sont des histoires, en fait.
01:45:14Peut-être que l'histoire d'amour s'est éteinte,
01:45:15mais qui continuent éternellement et on sent la présence aussi.
01:45:18Ils s'adressent à elle presque directement, finalement, dans cet extrait.
01:45:22Ah oui, complètement.
01:45:23Et je vais vous rappeler cette anecdote
01:45:26dans son bureau,
01:45:28dans le salon de son bureau, avec cette immense photo.
01:45:31Il y avait une empreinte,
01:45:34à travers les femmes qui ont compté pour lui,
01:45:37qui, au-delà même de la séparation d'une vie,
01:45:40de ce qui peut se passer,
01:45:42est présente à un point
01:45:45qu'on a du mal à imaginer avec ce personnage
01:45:49qui pourrait paraître, quand on ne le connaît pas assez,
01:45:53assez distant par rapport à ça, avec peut-être une frivolité
01:45:57qui ne l'était pas, ce qui prouve combien,
01:46:00au moment où il les a aimés,
01:46:02c'était important dans sa vie
01:46:05et que la vie, malheureusement, on le sait tous,
01:46:07c'est pas vraiment toujours ce que l'on voudrait,
01:46:09ou un continuum ou autre chose.
01:46:12Mais que le fait que la présence soit aussi importante
01:46:15fait qu'une partie de sa vie ne pouvait vivre
01:46:20qu'à travers celle qui l'avait accompagnée.
01:46:22Et ça, quand on comprend ça,
01:46:24c'est tellement doux, tellement beau,
01:46:27qu'on comprend tout à fait l'émotion que tout le monde avait.
01:46:30Moi, je me souviens très bien d'avoir vu ce moment.
01:46:35Et comme j'avais vu Alain dans son bureau quelques temps avant,
01:46:39ou du moins après qu'il m'ait montré cette photo, tout de suite,
01:46:42c'est cette photo qui me revenait à l'esprit.
01:46:45Et on va juste, et je vous donne la parole, Fabien Lecoeuvre,
01:46:47aussi entendre celle qui disait être finalement la femme de sa vie,
01:46:51sa fille, Anoushka, qui se confiait justement sur les liens
01:46:54entre son père et les femmes. Écoutez-la.
01:46:58C'est quand même assez impressionnant quand je le vois,
01:47:00quand on sort du théâtre ou quand on sort au restaurant.
01:47:02C'est tellement mignon.
01:47:05Quand on sort au restaurant, c'est les femmes, quoi.
01:47:08Il a un effet sur les femmes, mais que ce soit de, je ne sais pas,
01:47:12même des super jeunes, quand je lui présente des copines
01:47:14qui sont comme ça quand elles le rencontrent,
01:47:16jusqu'aux femmes un peu plus âgées.
01:47:20Ça, c'est gentil, mais c'était quand même plus avant que tu naisses.
01:47:23Oui, c'était plus avant que je naisse.
01:47:25Oui, mais ça n'a pas perdu, je trouve.
01:47:27Quand on voit l'effet qu'il fait sur les femmes, il n'y a pas de...
01:47:30Ça a été quand même un des plus...
01:47:31Même sur vos copines, vraiment ?
01:47:32Oui.
01:47:33Il y a des copines qui vous ont dit présente-moi ton papa ?
01:47:34Non, elles ne m'ont pas dit présente-moi mon papa,
01:47:36parce que sinon, ce ne seraient pas mes copines.
01:47:37Non, mais quand on arrive au moment où je leur présente,
01:47:42c'est toujours un peu...
01:47:43Là, tu te rends compte, il y a Alain Delon qui m'a embrassée quand même.
01:47:47C'est vrai que Fabien Lecoeuvre,
01:47:48quand on est la fille d'Alain Delon,
01:47:49comme quand on est toujours la fille d'un grand artiste
01:47:51ou le fils d'un grand artiste, c'est aussi lourd à porter.
01:47:53C'est très compliqué pour gérer toutes les belles mères
01:47:56qui ont succédé un peu dans la vie de mon papa,
01:47:58évidemment, il faut le rappeler.
01:47:59Mais c'est vrai que la liaison entre Romy Schneider,
01:48:02c'est très forte.
01:48:03Il était très amoureux de Romy, évidemment, Alain Delon.
01:48:05Mais au-delà, il lui a apporté chance,
01:48:07parce que, n'oublions pas qu'il la rencontre réellement,
01:48:10parce que Romy Schneider, qui était déjà une très grande vedette,
01:48:12parce qu'elle avait fait les Sissi déjà en France,
01:48:14elle était une star dans toute l'Europe,
01:48:16et elle choisit sur photo Alain Delon,
01:48:19le prochain partenaire de son film Christine,
01:48:22qui est en préparation, uniquement sur photo.
01:48:24Il se verront que le 10 avril 1958, à Orly,
01:48:29là où la production du film Christine organise une conférence de presse
01:48:32pour présenter Romy Schneider et Alain Delon
01:48:35dans un des salons à Orly.
01:48:38Et il se rencontrera réellement là pour la première fois en 1958
01:48:41et démarra toute l'histoire.
01:48:42Mais sans le choix de Romy Schneider sur photo,
01:48:45je pense que Delon n'aurait pas eu peut-être la même destinée,
01:48:48encore une fois de plus, au cinéma.
01:48:50Et je pense, avant aussi,
01:48:51une autre femme qui lui avait porté chance,
01:48:53c'est Brigitte Aubert.
01:48:55Brigitte Aubert, grande actrice,
01:48:57malheureusement dont le nom n'est pas resté,
01:48:58mais qui a porté chance à Alain Delon en 1957,
01:49:00puisque c'est elle qui le choisit
01:49:03dans une histoire d'amour qui se prolonge évidemment aussi,
01:49:06pour l'accompagner sur un prochain film,
01:49:09le premier long métrage qu'il tournera en 1957,
01:49:12avant même Romy Schneider.
01:49:13Donc il y a toujours eu ces femmes qui ont intervenu,
01:49:17qui ont été décisionnaires parfois dans des choix,
01:49:21et ils l'expliquent très bien Alain Delon d'ailleurs,
01:49:23c'est-à-dire qu'elles ont toujours tenu un rôle décisif
01:49:28dans des choix, dans des accompagnements,
01:49:30dans une vie amoureuse aussi parallèle.
01:49:32Et voilà, et ça, il en avait conscience Alain Delon,
01:49:36il était très lucide à ce niveau-là,
01:49:38il avait cette reconnaissance immortelle
01:49:42sur toutes ces femmes qui lui ont donné aussi sa chance,
01:49:45parce que c'est un métier comme ça,
01:49:46quand on ne fait pas le conservatoire,
01:49:48quand on n'est pas formé pour être acteur...
01:49:50Il faut rencontrer les bonnes personnes au bon moment.
01:49:51Eh bien, il faut rencontrer les bonnes
01:49:52et les très bonnes personnes au bon moment.
01:49:54Il l'a eu grâce à son physique, il le reconnaissait lui-même,
01:49:58car il avait une espèce de sex-appeal dans le visage,
01:50:00il plaisait à toutes les femmes,
01:50:01il représentait, on l'a dit, la masculinité incarnée.
01:50:06Donc, à partir de là, ça a été une carte de visite,
01:50:08et c'est son diplôme du conservatoire,
01:50:10plus que les autres,
01:50:12en ayant quand même quelque part aussi ce talent,
01:50:14non pas de jouer, mais d'être le rôle
01:50:17qu'il incarnait dans les films.
01:50:19Nathan Devereux travaille sur la force de ces liens,
01:50:21c'est intéressant quand on entend Alain Delon,
01:50:23cette star mondiale,
01:50:24et on vient de le voir, les réactions à l'international,
01:50:26cet homme qu'on pense tout puissant être capable de faire
01:50:29ou ne pas faire un film parce qu'il veut faire plaisir
01:50:31ou ne pas vexer une femme,
01:50:32on voit aussi la sensibilité de cet homme
01:50:35et le rapport qu'il avait aux gens qu'il aimait,
01:50:37parce qu'il pouvait changer plus ou moins de trajectoire
01:50:40dans sa carrière pour faire plaisir, par exemple, à une femme.
01:50:42Il le disait, il y a des films que je ne veux pas faire,
01:50:44si la femme que j'aime me dit qu'il faut le faire,
01:50:46je peux le faire pour lui faire plaisir,
01:50:47non pas parce qu'il en a envie, lui.
01:50:49Parce que je pense que ce n'était pas un métier pour lui.
01:50:51J'ai l'impression, dites-moi si je me trompe,
01:50:54mais qu'il ne le vivait pas comme ça.
01:50:56Et je pense aussi, j'ai l'impression,
01:50:58que le monde du cinéma est un monde assez improbable là-dessus,
01:51:02où il y a deux types de personnes.
01:51:04Il y a des personnes qui ont une vision très aristocratique du métier,
01:51:09qui estiment que la virtuosité est centrale,
01:51:12qui ont souvent commencé au théâtre,
01:51:14pour les plus aristos des aristos, la comédie française,
01:51:17qui ont fait des écoles de théâtre
01:51:19et qui ont tout le répertoire classique parfaitement en tête,
01:51:23quitte après à aller s'encanailler dans des comédies populaires.
01:51:27Mais ils ont cette vision-là.
01:51:28Et donc, ils sont dans une maîtrise absolue et parfaite de l'exercice,
01:51:34comme certains grands peintres italiens
01:51:36qui ont pu être formés à la meilleure école
01:51:38et qui font ça parfaitement,
01:51:39quitte à être quelqu'un de totalement différent
01:51:42quand la caméra s'éteint.
01:51:43Et alors là, c'est un rapport presque de salariés,
01:51:46c'est-à-dire que leur temps libre,
01:51:49il montre une facette totalement différente de leur personne.
01:51:53Et d'ailleurs, Alain Delon n'en est pas le seul représentant.
01:51:56Mais il y a des gens qui arrivent un peu par irruption.
01:52:00Histoire d'amour, malentendu...
01:52:03Remplacement.
01:52:04Remplacement.
01:52:05C'est le cas de Gérald Hidé, qui a remplacé un chanteur malade
01:52:08pour faire sa première télé, et c'est un coup de chance.
01:52:10Le hasard fait bien les choses.
01:52:11Et c'est exactement ça.
01:52:12Et qui, après, est d'ailleurs peut-être
01:52:14que ce sont ceux qui touchent le plus et dont on se souvient le plus.
01:52:18Quelqu'un a parlé tout à l'heure de Jean Dujardin.
01:52:20Oui, c'était Franck Rister, je crois, d'ailleurs.
01:52:22Voilà. Et peut-être que Jean Dujardin
01:52:24est parmi les acteurs de deux, trois générations
01:52:27après celle d'Alain Delon,
01:52:28qui lui ressemble un peu plus dans le parcours.
01:52:30Quelqu'un qui n'avait, je crois,
01:52:32pas le désir absolu et viscéral, quand il était petit,
01:52:35d'avoir un César ou un Oscar et de faire la une des magazines
01:52:38et de passer sous les caméras.
01:52:40Quelqu'un qui a commencé dans Un gars, une fille,
01:52:43à l'époque où toute la profession un peu le snobait et le méprisait.
01:52:46Mais quelqu'un qui a eu un Oscar du meilleur acteur
01:52:49et qui a eu une carrière aussi absolument magnifique.
01:52:52Et c'est vrai que très souvent,
01:52:54mais alors là, c'est une banalité de dire ça,
01:52:55et ce n'est pas le cas que du cinéma,
01:52:57mais très, très souvent, les institutions artistiques
01:52:59se rendent compte qu'un artiste était grand après sa mort.
01:53:01Une fois qu'il a été vraiment adoubé par tout le monde,
01:53:04c'est le cas vraiment de tous les grands surréalistes,
01:53:06de tous les grands écrivains, de tous les grands peintres, etc.
01:53:10Pour terminer les quelques minutes qui nous restent,
01:53:12on va parler aussi de l'engagement parfois en politique
01:53:15et de certaines réactions politiques après la mort d'Alain Delon.
01:53:18Un communiqué vient de nous parvenir de l'Élysée.
01:53:20Le président de la République et son épouse
01:53:22qui communiquent dans un long texte en disant notamment
01:53:26« Plus qu'une star, une légende du cinéma français et international.
01:53:29Quatre syllabes connues dans le monde entier.
01:53:32Avec la disparition d'Alain Delon, la France perd l'une de ses icônes universelles. »
01:53:37Le président de la République qui avait déjà réagi sur les réseaux sociaux,
01:53:39mais qui a fait un communiqué un petit peu plus long.
01:53:41Je voudrais aussi qu'on écoute la présidente de la région Île-de-France,
01:53:43Valérie Pécresse. Elle était notre invitée tout à l'heure.
01:53:46Et on se rappelle qu'Alain Delon, justement,
01:53:47avait fait le choix de la soutenir.
01:53:48Ils ont entretenu une longue amitié.
01:53:49Écoutez ce qu'elle en disait.
01:53:52Je l'ai connu quand j'étais jeune députée.
01:53:55Il s'était pris d'affection pour moi.
01:53:59Il était passionné par la politique.
01:54:00Il m'avait vu dans une émission de télévision.
01:54:02Il m'avait appelé pour me féliciter.
01:54:04Et j'avais cru que c'était un canular.
01:54:06Et avec sa voix parfaitement reconnaissable,
01:54:10sa voix d'Alain Delon.
01:54:11Je pense que c'était autant politique
01:54:13parce qu'il était ultimement ancré à droite.
01:54:17Il avait au cœur des valeurs d'ordre,
01:54:19des valeurs d'autorité.
01:54:20Mais en même temps,
01:54:21c'était quelqu'un d'extrêmement humaniste.
01:54:24Et je suis infiniment triste aujourd'hui.
01:54:27L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy,
01:54:29quant à lui, s'est exprimé dans les colonnes de Paris Match.
01:54:32Un très long texte.
01:54:33On vous en cite quelques extraits.
01:54:35Le début notamment.
01:54:36Alain Delon était béni par les dieux.
01:54:38Il est né avec un physique qui suscitait l'unanimité.
01:54:41Il n'était pas seulement beau, il incarnait la beauté.
01:54:44Elle lui donna un pouvoir absolu sur les femmes.
01:54:46Comme sur les hommes.
01:54:47Il abusa de cet atout jusqu'à plus soif.
01:54:49Il n'était jamais rassasié.
01:54:50Qu'avait-il bien pu faire pour mériter une telle bénédiction
01:54:54et pour clore cette page politique ?
01:54:56Une lettre.
01:54:57Le texte, c'est un extrait court.
01:54:59Le texte en entier, je vous conseille d'aller le lire
01:55:01parce qu'effectivement, il est très beau et plus littéraire
01:55:04que certaines réactions rapides qu'on met sur les réseaux sociaux.
01:55:07Et puis cette lettre, on est en 1969.
01:55:10Le général de Gaulle a été désavoué par un référendum.
01:55:12Que fait Alain Delon ?
01:55:14Eh bien, tout simplement ou pas, il lui écrit
01:55:16« Depuis toujours et plus encore, depuis dix ans,
01:55:18j'étais, grâce à vous, fier d'être français.
01:55:20Ce soir, devant l'ingratitude et l'inconscience de plus
01:55:23de la moitié d'un peuple,
01:55:24je ressens avec effroi un sentiment de honte
01:55:26qui me brise le cœur.
01:55:28Je tenais, à vous le dire,
01:55:29d'aigner me croire, mon général, fidèlement et inconditionnellement vôtre. »
01:55:32C'est vrai que Christian Prouto,
01:55:34quand on voit cet engagement aussi, on se dit Alain Delon,
01:55:37il assiste, comme tout Français finalement,
01:55:39comme tout citoyen à ce qui se passe en 1969.
01:55:41Il ne digère pas.
01:55:43Il se dit « Je vais écrire au général de Gaulle ».
01:55:44C'est quand même assez incroyable.
01:55:46Oui, c'est tout à fait Delon.
01:55:48C'est tout à fait lui parce qu'il faut quand même dire
01:55:51que par rapport à sa génération,
01:55:54de Gaulle représentait énormément de choses
01:55:57sur le fait que la France ait pu être,
01:56:01pas simplement libérée,
01:56:03mais qu'elle a participé à cette libération.
01:56:05Et je crois que pour en avoir un tout petit peu parlé avec lui,
01:56:09parce qu'il avait, peu de gens le savent,
01:56:12mais racheté un manuscrit qui était très important aux enchères.
01:56:16L'appel du 18 juin.
01:56:17Absolument, mais qu'il a en plus,
01:56:20il l'a acheté pour le donner à la fondation.
01:56:24Donc, il y avait cet attachement au fait que ce général,
01:56:29cet homme politique,
01:56:32avait redonné sa fierté à la France
01:56:34et que d'une certaine manière,
01:56:36il avait l'impression que les Français,
01:56:38ce que l'on dit malgré tout souvent,
01:56:41manquent forcément de reconnaissance à travers une élection.
01:56:44Et vous remarquerez que la lettre du général de Gaulle
01:56:47est écrite par Alain Delon à l'encre verte.
01:56:50Pourquoi ? Parce que Delon, au début de sa carrière,
01:56:52écrivait toujours à l'encre verte,
01:56:54parce qu'à l'époque, c'était la seule encre
01:56:56qui ne pouvait pas être photocopiée.
01:56:59Et il avait cette angoisse.
01:57:02Il avait cette angoisse, donc il écrivait tout à l'encre verte.
01:57:06C'était une manière pour lui, on ne pouvait pas copier,
01:57:08refotocopier son manuscrit.
01:57:12Merci en tout cas à tous les trois,
01:57:13Christian Proutot, Anatan Devers et Fabien Lequeuvre,
01:57:16d'avoir participé à cet hommage à Alain Delon.
01:57:18Évidemment, l'hommage se poursuit désormais avec Thierry Cabane
01:57:22et ses invités.
01:57:23Moi, je vous retrouve demain pour Midi News.
01:57:25Bonne soirée sur CNews.
01:57:27Et il y a notamment un film que vous aimez par-dessus tout,
01:57:30qui aurait pu être primé en 1976,
01:57:32c'est l'année de Taxi Driver.
01:57:33Ce film, c'est Monsieur Klein.
01:57:36Alors, Monsieur Klein, qui est un film de Joseph Losey.
01:57:39Souvent, vous dites que c'est un de vos films préférés.
01:57:41C'est lui qui va être présenté le 18-19.
01:57:45Et je vous trouve d'ailleurs assez sévère sur vous-même
01:57:47parce que vous dites souvent, je suis un acteur.
01:57:50Et vous faites la différence entre un acteur et un comédien.
01:57:52Précisément, dans Monsieur Klein,
01:57:54et on va voir un extrait dans quelques instants,
01:57:56je trouve que vous composez, vous êtes vraiment un comédien.
01:57:59Vous n'êtes pas Alain Delon,
01:58:00tel qu'on l'a vu dans de nombreux films.
01:58:02Je ne serai jamais d'accord avec vous.
01:58:04C'est Alain Delon qui n'est pas Alain Delon,
01:58:05mais c'est un acteur qui vit Monsieur Klein
01:58:08et pas un comédien.
01:58:10Un comédien, vous savez, Pascal, c'est une envie.
01:58:13Quand on est jeune, on veut être comédien, acteur,
01:58:17faire du cinéma ou autre chose, et on devient comédien.
01:58:20On va à l'école pour apprendre ce que c'est.
01:58:22On va au cours Simon, on va au cours Florent,
01:58:23on va au cours machin.
01:58:24Ça, c'est les comédiens.
01:58:26Je ne vous citerai pas les noms,
01:58:27mais il y a des comédiens exceptionnels
01:58:28comme Jean-Paul Belmondo, par exemple.
01:58:31Et puis, il y a les accidents,
01:58:33comme Gabin, comme Ventura ou comme moi.
01:58:36Je ne parle pas des Américains, j'en connais beaucoup.
01:58:38Ils sont des acteurs.
01:58:40C'est des gens qu'on a pris en général un jour
01:58:42en fonction de leur personnalité,
01:58:43sans savoir ce qu'ils allaient faire,
01:58:45ce qu'ils pouvaient faire, et c'est devenu des acteurs.
01:58:47Et la différence essentielle entre un comédien et un acteur,
01:58:50c'est que le comédien joue.
01:58:52C'est ce qu'il a appris toute sa vie,
01:58:53sa vocation, son métier.
01:58:55L'acteur vit.
01:58:57– Et vous vivez, on va avoir un extrait...
01:58:58– Je vis tous mes rôles, que ce soit Monsieur Klein
01:59:00ou Plein Soleil ou ailleurs, je ne joue pas.
01:59:02C'est pour ça que souvent on me dit
01:59:03mais dis-moi dans quel film c'est toi ?
01:59:04Je lui dis c'est moi dans quel film ?
01:59:06C'est moi dans tous les films, je vis.
01:59:08Je ne joue pas, je vis, voilà.
01:59:10C'est la différence essentielle, j'y tiens,
01:59:12entre l'acteur et le comédien.
01:59:13Ce n'est pas péjoratif pour le comédien.
01:59:15Mais moi, je n'ai jamais été à l'école en disant
01:59:17tiens, je vais être acteur, je vais être comédien,
01:59:20je vais prendre des cours.
01:59:21C'est arrivé par hasard et c'est un accident,
01:59:23vous connaissez, vous savez très bien comment c'est arrivé.
01:59:25– Tous les noms dont vous avez parlé,
01:59:26tous les films que vous avez évoqués,
01:59:27on va, figurez-vous, en parler jusqu'à 21h ce soir.
01:59:31Je voudrais qu'on voit un extrait de Monsieur Klein.
01:59:33Alors Monsieur Klein, on est en 1942 à Paris,
01:59:35c'est sous l'occupation allemande.
01:59:37Vous jouez Robert Klein qui est un Alsacien qui fait des affaires,
01:59:40notamment en rachetant à vil prix des objets d'art
01:59:42à des Juifs qui sont en difficulté.
01:59:44Dans la scène qu'on va voir,
01:59:46vous achetez un tableau à un merveilleux comédien.
01:59:48Et j'adore ce cinéma des années 70.

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