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00:00:00Générique
00:00:09Bonjour à tous, bienvenue sur France 24, bienvenue dans cette édition spéciale dédiée aux commémorations du 15 août 1944.
00:00:17Il y a huit décennies, débarquaient en Provence 450 000 hommes, parmi lesquels 250 000 Français de l'armée B,
00:00:23placés sous les ordres du général de Latre de Tassigny, dont une moitié de soldats issus des anciennes colonies.
00:00:29Le sud de la France est libérant quelques jours, deux semaines à peine.
00:00:32Une cérémonie d'hommage se tient ce matin à la nécropole de Boulouris, située sur la commune de Saint-Raphaël.
00:00:38464 soldats y ont été inhumés.
00:00:41Le président du Cameroun, Paul Billat, prendra la parole en premier.
00:00:44Ce sera ensuite à Emmanuel Macron de s'exprimer pour nous accompagner tout au long de cette matinée d'édition spéciale.
00:00:51Avec nous ici en plateau, Philippe Lamarck. Bonjour à vous.
00:00:55Heureuse de vous avoir sur ce plateau. Vous êtes auteur et historien.
00:00:58On vous doit cet ouvrage, Le débarquement de Provence, jour après jour, 15-31 août 1944, aux éditions du Cherche-Midi.
00:01:05Vous allez nous accompagner tout au long de cette cérémonie.
00:01:07Et puis face à vous, Axelle May. Bonjour Axelle.
00:01:09Bonjour.
00:01:10Spécialiste des questions politiques étrangères ici à France 24.
00:01:13Mélina Huet, elle, est l'envoyée spéciale de France 24 à Saint-Raphaël.
00:01:17Vous allez également suivre et nous faire vivre cette cérémonie d'hommage en direct depuis la nécropole de Boulouris.
00:01:23Bonjour à vous Mélina. Merci d'être avec nous.
00:01:25Mélina, quels sont les objectifs affichés de cette cérémonie de ce matin ?
00:01:33Bonjour Nadia. Il y a trois objectifs qui ont été martelés par la présidence de la République depuis quelques semaines maintenant.
00:01:46Le premier, c'est de commémorer trois mémoires de ce débarquement qui est effectivement largement moins connu, en tout cas ici en France, que le débarquement de Normandie ou même à l'étranger.
00:01:59Trois mémoires donc, je le disais, la mémoire franco-africaine en présence de chefs d'État et de gouvernement africains.
00:02:05Vous avez parlé effectivement du président du Cameroun qui va s'exprimer.
00:02:07La mémoire franco-américaine et la mémoire française.
00:02:10Pour revenir sur la mémoire franco-africaine, l'objectif c'est d'honorer tout particulièrement cette armée B dont vous avez parlé en introduction commandée par le général Delattre de Tassiné,
00:02:20dont on dit souvent que certains des soldats étaient les tirailleurs sénégalais qui portent finalement assez mal leur nom parce que tous n'étaient pas sénégalais.
00:02:30Ils étaient de toutes origines, de toutes confessions et venaient de nombreux pays du continent africain.
00:02:35On parle quand même de 250 000 hommes, vous l'avez rappelé, qui ont versé leur sang pour la France.
00:02:40Certains volontaires mais la plupart conscrits.
00:02:43C'est une armée qui deviendra plus tard la première armée française au moment de l'amalgame des FFI, des forces françaises de l'intérieur.
00:02:53Ce qui va avoir pour effet de blanchir cette première armée française et qui va avoir un impact finalement sur l'invisibilisation de tous ces soldats africains qui ont contribué à la libération de la France.
00:03:04Cette cérémonie de ce 80e anniversaire du débarquement de Provence vise aussi à corriger le tir de décennie où on a un peu oublié le rôle de ces soldats africains,
00:03:16ou en tout cas sûrement minimisés pendant quelques années.
00:03:19Il faut savoir qu'il y a également cette mémoire franco-américaine parce que c'est un débarquement interlié.
00:03:28Les premiers à avoir posé le pied en Provence le 15 août 1944 sont des troupes parachutistes qui étaient de la 7e armée étatsunienne du général Patch,
00:03:36qui vont permettre de former une tête de pont et qui vont du coup aider au débarquement de l'armée B.
00:03:42Donc c'est un débarquement interallié, pardon, je prie de m'excuser, je m'entends à nouveau dans l'oreillette.
00:03:47C'est un débarquement interallié qui a été décidé à Téhéran en novembre 1943 entre Churchill, Roosevelt et Staline.
00:03:56Pour la petite anecdote, Churchill ne voulait absolument pas qu'il y ait un débarquement en Provence.
00:04:04Lui préférait que les troupes arrivent depuis l'Italie et puis il aurait aimé que ça passe par les Balkans pour couper l'herbe sous le pied des soviétiques.
00:04:13Finalement ce sera décidé, il y aura bel et bien un débarquement en Normandie et un débarquement en Provence.
00:04:19Et puis enfin cette mémoire française, il ne faut pas l'oublier parce que la résistance a joué un rôle crucial pour ce débarquement de Provence
00:04:25qui s'est extrêmement bien passé et qui, vous l'avez rappelé en introduction, a été très rapide.
00:04:29Pourquoi ? Parce qu'elle a transmis des renseignements précieux pour pouvoir faire ce qu'on appelle du modelage avant l'arrivée des troupes.
00:04:36Plus précieux d'ailleurs selon de nombreux historiens que les renseignements fournis par les armées alliées.
00:04:40La résistance a harcelé les troupes allemandes sur tout le territoire dès qu'il y a eu vent de ce premier débarquement en Normandie.
00:04:48Parfois c'est risques et périls parce qu'après ça a été difficile pour ces résistants de pouvoir manœuvrer en toute liberté.
00:04:56Ils étaient harcelés par les troupes vichystes et par les troupes nazies.
00:05:00Ils ont fait des sabotages notamment.
00:05:02Ils ont déclenché des insurrections qui ont facilité la rédition des Allemands dans le Sud.
00:05:09Et il faut savoir qu'il y a même eu quelques villes qui ont été libérées par la résistance seules comme Nice ou Arles.
00:05:16Alors vous voyez ces trois mémoires qui vont être honorées pendant cette cérémonie.
00:05:23Cette commémoration qui commence avec un peu de retard en raison de la météo qui a fortement perturbé le planning.
00:05:30Merci beaucoup Méline. Merci à vous et ces images qui nous parviennent en direct justement pendant votre prise de parole.
00:05:35On a aperçu Emmanuel Macron et cet accueil républicain.
00:05:38Nicolas Sarkozy s'est avancé, a pris place sur le site de cette nécropole.
00:05:42Le garde des Sceaux, le ministre de la Justice aussi, Eric Dupond-Moretti.
00:05:46Philippe Lamarck, cette nécropole de Boulogne-Risque.
00:05:50464 soldats tombés au combat.
00:05:54Ils reposent. Quelle est leur histoire ? Que sait-on de ces hommes ?
00:05:57Ils font partie de ces opérations qui ont été menées tant sur le littoral que dans l'arrière-pays
00:06:07et qui sont bien souvent des escarmouches contrairement à des batailles rangées
00:06:14qui elles se limitent à hier et aux deux ports principaux de la Méditerranée
00:06:20où là il y a réellement eu une empoignade, surtout à Toulon.
00:06:23On va revenir sur le début de ces opérations.
00:06:26On aperçoit aussi Sébastien Lecornu qui s'avance également.
00:06:30Les responsables politiques prennent place en attendant cette prise de parole
00:06:35du président Camournet et celle du président de la République.
00:06:38On va tenter d'y voir un petit peu plus clair sur cet épisode de l'histoire.
00:06:41Mélina Huet, notre envoyée spéciale, nous le disait tout à l'heure.
00:06:44On n'en parle pas beaucoup. C'est un peu le débarquement oublié.
00:06:47Pourquoi ? Parce qu'il a pourtant été décisif, non ?
00:06:49C'est ce qui a permis de sceller la libération totale du territoire.
00:06:52Il convient de replacer les choses dans leur contexte
00:06:54et la difficulté c'est d'être bref, d'être laconique, donc forcément faux.
00:07:00Disons que le débarquement en Normandie est une chose considérablement mise en valeur
00:07:08pour la gloire des alliés anglo-saxons.
00:07:12Parce que c'est eux qui en sont les acteurs.
00:07:15Les Français en sont absents.
00:07:17177 personnes sur un demi-million.
00:07:20Bon, ils sont là, d'accord.
00:07:23Tandis que la Provence est une affaire qui a été mise en place avec difficulté,
00:07:31étant donné que les enjeux politiques y étaient beaucoup moins nets
00:07:36ou plutôt délicats que la Normandie.
00:07:42Au point par exemple que, oui c'est exact,
00:07:44Churchill aurait préféré une action dans les Balkans,
00:07:48dans l'intérêt du commerce anglo-saxon.
00:07:53L'armée française propondit qui était présente en Italie,
00:07:58le fameux corps expéditionnaire français,
00:08:01en Italie commandé par le général Alphonse Juin.
00:08:05Juste un mot Philippe Lamarck, juste pour faire le lien avec l'image,
00:08:09on voit aussi le président Toadera à l'image,
00:08:12le président Faustin-Archange Toadera,
00:08:14chef d'état de la République Centrafricaine,
00:08:16on va y revenir après sur leur présence.
00:08:18Je vous laisse poursuivre le fil de cette histoire.
00:08:20Je vous en prie.
00:08:23Aurait permis, si la décision politique avait été prise,
00:08:26de raccourcir la guerre d'un an, un an c'est considérable,
00:08:30en perçant par le nord de l'Italie, via le col du Brenner,
00:08:34parvenir en Autriche, qui était à l'époque Ostmark,
00:08:37depuis le plébiscite de 1938 qui avait rattaché l'Autriche à l'Allemagne
00:08:42et de la sorte parvenir directement dans le territoire du principal belligérant
00:08:48et puis stop, fin du match, coup de sifflet.
00:08:52Non, pour d'autres raisons qui seraient peut-être un peu longues à développer,
00:08:56sans doute délicates, c'est le territoire français qui a servi de théâtre d'opération
00:09:02avec tous les dégâts humains et matériels que cela peut supposer
00:09:08et même si cela a conduit à la victoire,
00:09:12ça a quand même coûté beaucoup plus cher que si les Alliés avaient écouté le conseil d'Alfonge.
00:09:19Axel May, je vous donne la parole à votre tour.
00:09:23Je commentais tout à l'heure cette image.
00:09:25Alors on a l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy,
00:09:28présent à cette cérémonie.
00:09:29On va revenir sur la présence des chefs d'État africains.
00:09:32On sait qu'une vingtaine de pays sont représentés.
00:09:35Il y a à peu près cinq chefs d'État qui ont fait le déplacement.
00:09:38Le président des Comores, le président de la République centrafricaine qu'on a aperçu,
00:09:42le président du Togo attendu, celui aussi de la transition au Gabon,
00:09:46et le Premier ministre africain.
00:09:48Il en manque certains.
00:09:49On pense notamment à l'Algérie ou à d'autres États du Sahel.
00:09:53Alors il y aura quand même le président de la République du Cameroun, Paul Biya,
00:09:57qui est le doyen des chefs d'État dans le monde à 91 ans.
00:10:00Et d'ailleurs, il va prononcer un discours avant Emmanuel Macron.
00:10:05Juste une parenthèse, on parlait de Nicolas Sarkozy.
00:10:07Il est venu en voisin, lui, parce qu'il a sa résidence avec son épouse au Cap-Nègre, dans le Var.
00:10:13Oui, il y a eu un certain nombre de pays qui ne sont pas représentés,
00:10:18que ce soit le Niger, le Mali.
00:10:22Le Tchad, c'est plus surprenant qu'il ne soit pas présent.
00:10:27On aura l'occasion, sans doute, de revenir sur l'absence du président tchadien.
00:10:32Et puis, l'Algérie, qui est totalement absente.
00:10:36Il n'y a même pas de représentant diplomatique.
00:10:38Et qui a été invité, pourtant.
00:10:40Et qui a été invité, bien évidemment.
00:10:42Et là, c'est la conséquence des grosses tensions diplomatiques entre la France et l'Algérie
00:10:48sur fond de reconnaissance du Sahara occidental en faveur du Maroc.
00:10:55Le Maroc qui était en froid avec la France.
00:10:59Les relations se sont considérablement réchauffées.
00:11:01Et a d'ailleurs le Maroc à envoyer, non pas le roi, mais le chef du gouvernement du royaume du Maroc,
00:11:07Aziz Arkanouch, qui est une figure extrêmement connue au Maroc
00:11:13en raison de la surface financière dont il dispose, entre autres.
00:11:17Et puis, on a aperçu à l'instant aussi le président de la transition au Gabon,
00:11:21le général Olingui, autour maintenant du président de l'Union des Comores.
00:11:25Il est de dos, mais je crois reconnaître le président Assoumani,
00:11:29qui a également fait le déplacement.
00:11:31Ceux-là sont bien présents.
00:11:33Oui, il y a cinq chefs d'État, plus un chef de gouvernement,
00:11:39dont je viens de parler, pour le royaume du Maroc.
00:11:43Si on compare à l'époque, c'était en 2014, pour les 70 ans,
00:11:48il y avait une quinzaine de chefs d'État, donc c'était bien supérieur.
00:11:53Sauf que depuis, il y a eu des dissensions politiques
00:11:57et des bouleversements politiques en Afrique,
00:12:01avec une série de putsch qui ont eu lieu.
00:12:05Et la relation qu'ont tenté de nouer Emmanuel Macron avec les pays africains
00:12:11s'est distendue avec un certain nombre d'entre eux.
00:12:13Et ça explique aussi le fait qu'il y ait sensiblement moins de présidents africains
00:12:17pour ces 80 ans, même s'il y a la volonté de la part de la France et de l'Elysée
00:12:21de mettre en avant toutes ces troupes africaines
00:12:24qui ont contribué au débarquement de Provence.
00:12:26C'est ce que je voulais dire, Philippe Lamarre,
00:12:28qui l'efface aussi un dilemme.
00:12:29Le chef de l'État, il y a sans cesse cet engagement
00:12:32pour les questions mémorielles, mais dans ce contexte,
00:12:35dans celui que vient de décrire Axel May,
00:12:37l'absence de chef d'État africain, ce n'est pas rien ?
00:12:41Bien sûr, vous avez raison, ça ne se discute pas.
00:12:45Cependant, il conviendrait à l'usage de nos téléspectateurs
00:12:50de Prince Albert de Monaco, ici, qui s'avance dans cette nécropole,
00:12:53je vous donne la parole,
00:12:55de replacer les choses exactement dans leur perspective
00:12:59et ce qui concerne l'effort qui a été consenti,
00:13:03l'effort démographique, par les différents participants.
00:13:07Je veux dire par là que lorsque l'on dit que ce débarquement
00:13:11est un gros effort français, c'est exact.
00:13:14Après, il y a la façon de le dire et la manière dont votre confrère,
00:13:18cette dame qui a présenté les choses, n'est pas tout à fait exacte
00:13:22dans la mesure où le droit dit les choses différemment.
00:13:28Ce que je veux dire par là, c'est que le plus gros effort démographique
00:13:32de cette expédition a été fourni par les départements français
00:13:38d'Afrique du Nord.
00:13:40Lorsque je parle de débarquement français, je ne parle pas d'Algérie.
00:13:43Il y a un gouvernement général de l'Algérie, mais l'Algérie à cette époque,
00:13:46c'est trois départements français fondés en 1849,
00:13:50c'est-à-dire dix ans avant Nice et la Savoie.
00:13:53Donc les habitants de ce territoire sont français.
00:13:56À partir de là, ils peuvent correspondre à deux catégories juridiques différentes.
00:14:00Il y a les français de code civil et ceux-là sont astreints à la conscription
00:14:04et ils n'ont pas le choix.
00:14:06Et il y a les français qui bénéficient du statut coranique
00:14:10et qui, eux, ne sont pas astreints à la conscription
00:14:12et peuvent, de leur plein gré, souscrire un engagement
00:14:15avec une solde plus importante.
00:14:17Raison pour laquelle il y a eu des volontaires.
00:14:20Raison pour laquelle il y a eu des appelés.
00:14:23Et c'est la raison pour laquelle la répartition démographique
00:14:26est très inégale parce que sur les 1,2 millions d'habitants
00:14:32de code civil, il y a 12,5% d'entre eux qui sont requisitionnés
00:14:39et sur les 8 millions de français de statut coranique,
00:14:44il y a exactement le même chiffre, c'est du moitié-moitié,
00:14:48sauf que ça représente 3%.
00:14:50Donc la charge est beaucoup moins lourde.
00:14:54Quant à la présence des chefs d'États africains...
00:14:56Philippe Lamarck, lorsque l'on dit que sur les 250 000 hommes
00:14:58qui constituaient cette armée B, la moitié venaient d'Afrique du Nord,
00:15:02d'Afrique sicilienne, c'est exact ?
00:15:04Ça c'est rigoureusement exact d'un point de vue géographique.
00:15:07D'un point de vue juridique, c'est faux.
00:15:08Parce que ce sont des descendants de français de métropole installés
00:15:14en Algérie qui sont arrivés avec leur carte d'identité française
00:15:18et dont ils ont hérité.
00:15:19Et ces gens-là sont appelés au titre de la loi Jourdan,
00:15:22mise en place par la Révolution et qui introduit le service militaire obligatoire.
00:15:27Tandis que les descendants des personnes qui se sont trouvées là
00:15:30au moment de l'arrivée des Français et la création des départements
00:15:3419 ans après l'opération Phoebe de 1830 à Sidi Férouche,
00:15:39ceux-là sont citoyens français sur un territoire français,
00:15:42mais bénéficient du statut coranique, c'est-à-dire des juges à part,
00:15:46un statut marital à part avec quatre femmes, un statut fiscal à part.
00:15:50Alors nous n'avons pas à développer ces questions puisqu'elles ne sont pas militaires.
00:15:54Mais alors quand on déclarait qu'ils étaient égaux,
00:15:57qu'ils étaient tous frères d'armes égaux,
00:15:59est-ce que ça a été le cas ou il y a eu des traitements différents
00:16:02pour les uns ou les autres ?
00:16:03C'est ce que nous disent de nombreux historiens qui ont des connaissances
00:16:07d'histoire militaire assez légère et qui nous sortent des longues statistiques
00:16:12et qui ne sont pas allés s'intéresser aux questions ni juridiques ni ethnographiques.
00:16:16Lorsque Léopold Cédar-Sangor, par exemple, parle de frères obscurs,
00:16:19parce qu'il y avait une différence aussi de considération,
00:16:22vous n'êtes pas d'accord avec cette formule ?
00:16:25Merci de me tendre cette perche.
00:16:27Alors effectivement, c'est un poète inoubliable
00:16:31et qui a apporté beaucoup à la francophonie.
00:16:36Mais il sait exactement ce qu'il dit et ce qu'il ne dit pas aussi.
00:16:40La particularité du Sénégal à cette époque,
00:16:44c'est que juridiquement, il n'existe pas.
00:16:47Il existe l'Afrique occidentale française
00:16:50et qui comprend l'ensemble des pays indépendants
00:16:53postérieurs à 1960 dont les chefs d'État sont actuellement présents
00:16:57au cours de ces commémorations.
00:16:59Cela veut donc dire que ces États-là, à cette époque-là,
00:17:02n'existent pas et que la capitale est à Dakar
00:17:04et qu'il y a donc un gouverneur général de l'Afrique occidentale française.
00:17:08Il y a un recrutement de personnel militaire auprès des populations
00:17:13avec des engagements volontaires.
00:17:15À une exception près qui est amusante, il faut la citer,
00:17:18c'est Saint-Louis-du-Sénégal,
00:17:20parce que les habitants de cette ville de moyenne importance,
00:17:25port littoral sur l'Atlantique,
00:17:27eux, sont sujets français depuis Louis XIV.
00:17:30Et ceux-là sont astreints à la conscription.
00:17:33Je me souviens d'une conversation délicieuse que j'avais eue autrefois
00:17:36avec Maître Abdoulaye Ouad, président de la République du Sénégal,
00:17:40qui, lui, a la double nationalité parce que son grand-père
00:17:44a participé à la reprise du fort de Douaumont en 1916
00:17:47et lui-même a été appelé du contingent
00:17:50au sixième régiment de tirailleurs sénégalais dans les années 1947,
00:17:54le même régiment qui, trois ans auparavant,
00:17:56commandé par le colonel Raoul Salan,
00:17:59s'emparait de la presqu'île de Saint-Mandrier.
00:18:02Donc cela semble des détails infimes,
00:18:04mais du point de vue du droit, c'est important.
00:18:06Et pour conclure, je l'espère, à la question que vous m'avez posée,
00:18:11il y a neuf divisions présentes.
00:18:15Une division, c'est grosso modo 12 à 14 000 hommes.
00:18:18On ne va pas rentrer dans les détails des différentes divisions.
00:18:21La neuvième division d'infanterie coloniale,
00:18:23c'est l'une de ces divisions-là,
00:18:25et c'est celle-là qui, pour une partie seulement,
00:18:28est composée de ces tirailleurs sénégalais.
00:18:30Donc il faut tout de suite replacer les choses dans la proportion
00:18:33en comparaison de l'effort considérable
00:18:35consenti par les citoyens français des départements d'Algérie.
00:18:40Le président français qui est en train d'accueillir son homologue togolais,
00:18:44le président fort, Nassim Bey, à l'instant,
00:18:48voilà, qu'il accueille dans cette nécropole de Boulouris.
00:18:55On va revenir en images sur la préparation et l'organisation
00:19:00de ce débarquement en Provence,
00:19:02préparé aussi dans le plus grand secret,
00:19:05quelques mois après celui de Normandie.
00:19:08On le disait à l'instant, on n'en parle pas beaucoup.
00:19:11Certains déclarent même ce débarquement oublié,
00:19:14et pourtant ô combien il a été essentiel
00:19:16à la libération de cette région sud du pays.
00:19:18On regarde ces images.
00:19:20Retour, remonte le fil de l'histoire.
00:19:22On se retrouve juste après pour continuer de commenter cette cérémonie.
00:19:2815 août 1944.
00:19:30Des centaines de milliers de soldats alliés débarquent entre Toulon et Cannes.
00:19:35Objectif de l'opération, reprendre les ports stratégiques de Toulon et Marseille
00:19:40pour ravitailler les troupes alliées débarquées en Normandie 70 jours plus tôt.
00:19:47Lui a posé le pied ici, sur cette plage de Saint-Raphaël, il y a 80 ans.
00:19:52Herbert Traub se souvient.
00:19:54Le débarquement, c'est un truc du bruit.
00:19:59On crie, on dit avancez, avancez, criez.
00:20:03Tout le monde criait, il fallait que ce soit vite fait.
00:20:06A bord des embarcations, les soldats font cap vers l'inconnu,
00:20:09avec en tête les terribles pertes du débarquement sur les plages normandes.
00:20:14Pendant cette période d'attente sur le bateau, où nous étions inactifs,
00:20:19la tête, elle travaillait.
00:20:21On se posait la question, est-ce que je vais tenir le coup ?
00:20:24Est-ce que je vais faire mon volant ?
00:20:26Au total, 350 000 soldats français et américains débarquent sur environ 100 km de côte.
00:20:32Rapidement, les Allemands sont dépassés par l'ampleur de l'attaque.
00:20:36Pour faire le débarquement ici, on s'est aussi inspiré des échecs qu'on avait eus en Normandie.
00:20:40On va beaucoup plus s'appuyer sur les renseignements donnés par la résistance
00:20:44qu'on avait un petit peu négligés en Normandie.
00:20:46La plupart des soldats ne connaissent pas le territoire.
00:20:49Ils font partie de l'armée d'Afrique et viennent des colonies françaises.
00:20:53Un aspect méconnu pour ces visiteurs du mémorial du débarquement de Provence.
00:20:59C'est très émouvant de voir que des Sénégalais, des Tunisiens, des Marocains, des Algériens
00:21:06se sont sacrifiés pour la reconquête.
00:21:10Je pense qu'il mériterait d'être beaucoup plus connu et d'avoir un peu plus qu'une date dans l'histoire.
00:21:16Toulon et Marseille sont libérés le 26 et 28 août, plus tôt que prévu.
00:21:21Et surtout, la France figure enfin parmi les vainqueurs grâce à ses soldats africains.
00:21:28Voilà pour ce retour dans l'histoire et cette séquence de ce débarquement de Provence.
00:21:33Ces images toujours qui nous parviennent de cette nécropole de Boulogne sur la commune de Saint-Raphaël.
00:21:40C'est depuis ce site que le président de la République rend hommage à ces soldats venus des colonies pour libérer le sud de la France.
00:21:48Vous êtes allé sur place, racontez-nous.
00:21:51Naturellement, il m'a fallu aller repérer le plus de sites possibles à l'époque de la préparation du livre
00:22:00que le Cherche-Midi m'a permis de publier sur ce sujet.
00:22:06Je crois que c'est le général de Gaulle qui avait inauguré cette nécropole.
00:22:11Il y est allé et surtout allé à Toulon.
00:22:15Le président de Gaulle boudait la Normandie pour des raisons tout à fait compréhensibles.
00:22:21Il considérait que c'était une bataille entre troupes étrangères sur le sol français.
00:22:27La formule est peut-être un peu rigide, mais d'un point de vue stratégique et tactique, elle est indubitable.
00:22:35Contrairement à ce qui s'est passé en Provence, où lui le savait, mais il n'est pas le seul,
00:22:41qu'il s'agissait de la plus grande opération amphibie de tous les temps.
00:22:45Ce n'est pas la Normandie, contrairement à ce que l'on pense, pour une bonne et simple raison.
00:22:50En Normandie, grosso modo, c'est les mêmes effectifs.
00:22:53Il y a presque un demi-million d'hommes qui sont projetés sur la plage lors de l'opération amphibie
00:22:58et lors des semaines qui ont suivi parce qu'on ne fait pas tout d'un seul coup.
00:23:02Il y a des rotations de moyens navals pour les amener.
00:23:07D'autre part, en Normandie, c'est bête mais ça se passe ainsi,
00:23:11ça veut dire que la production des chantiers navals est telle qu'elle permet cette projection.
00:23:18Et il y a aussi des avaries de matériel avec des navires qui sont irréparables.
00:23:24Mais dans l'intervalle, les chantiers navals continuent à produire,
00:23:27il y a 3 Liberty Ship par jour, c'est énorme comme production.
00:23:30Ce qui signifie que tout le matériel disponible de Normandie,
00:23:32plus ce qui a été construit au cours des 70 jours de différence,
00:23:37complète la flotte au large de la Provence.
00:23:41Donc en termes de moyens navals, c'est très supérieur.
00:23:45Et en ce qui concerne les effectifs, tant en qualité qu'en quantité,
00:23:50c'est très supérieur à la Normandie, encore une fois pour une bonne et simple raison.
00:23:54Les anglo-américains, mis à part ceux qui ont l'expérience du combat en Afrique du Nord,
00:24:00sont ce que l'on appelle en dialecte de l'armée d'Afrique des boudjedis,
00:24:04c'est-à-dire des petits soldats sortis de l'instruction qui n'ont aucune expérience.
00:24:09Le résultat, c'est le carnage de la Pointe du Hoc, l'échec devant la ville de Caen.
00:24:14On ne va pas faire l'inventaire de cette opération sanglante
00:24:18qui a quand même coûté 140 000 personnes mortes, blessées, tuées, disparues.
00:24:23C'est effroyable, la Normandie.
00:24:25Et c'était beaucoup moins en Provence, beaucoup moins de pertes humaines.
00:24:28Pour une bonne et simple raison.
00:24:30L'armée d'Afrique, c'est du solide.
00:24:32Elle a déjà l'expérience du feu.
00:24:34Elle est remarquablement bien commandée.
00:24:38Et en face, ils ont aussi des gens qui connaissent leur affaire,
00:24:46mais qui n'ont pas le même soutien blindé que ne l'a eu l'armée allemande en Normandie.
00:24:52Il ne faut quand même pas oublier que dans une opération phybique comme celle-là,
00:24:55il y a aussi des gens en face et ceux-là, on n'en parle jamais.
00:24:57C'est un grand dommage.
00:24:59On vient d'apercevoir à l'image, il y a quelques instants,
00:25:01le couple Bia, le couple présidentiel, Chantal et Paul Bia,
00:25:05le président du Cameroun, plus de 91 ans, dont 42 passés au pouvoir.
00:25:11Il prendra la parole le 1er lors du coup d'envoi officiel de cette cérémonie.
00:25:16Axel, Philippe Lamarque expliquait à l'instant aussi
00:25:19la formation très efficace de ces soldats venus d'Afrique.
00:25:23Lors du 75e anniversaire des commémorations de ce 15 août,
00:25:26le président français avait appelé certains maires de France
00:25:28à rebaptiser les rues de certaines communes du nom de ces soldats.
00:25:32Où est-ce qu'on en est dans cet hommage-là et cette reconnaissance ?
00:25:35Est-ce que ça a avancé depuis ou pas ?
00:25:36Alors d'ailleurs, juste là aussi, petite parenthèse,
00:25:38pour les 75 ans, il y avait trois présidents africains qui étaient présents.
00:25:40Alors c'était, on peut expliquer, parce que ce n'était pas un anniversaire rond,
00:25:43ce n'était pas les 70 ou les 80 ans, mais il y avait quand même
00:25:45beaucoup moins de chefs d'État africains qui étaient présents.
00:25:49Oui, il y a même eu, par l'Office des combattants français,
00:25:54une liste de 100, ce qu'on appelle aussi les indigènes
00:26:00et parfois, par abus de langage peut-être, militaires indigènes,
00:26:05qui avaient participé à cette libération de la Provence et donc de la France.
00:26:10Une centaine de fiches en disant, ben voilà,
00:26:13si vous voulez changer les noms de vos rues,
00:26:15voici des personnalités qui vous sont présentées.
00:26:17Alors certains confrères ont fait des enquêtes et je crois qu'il n'y a eu
00:26:20que cinq de ces personnalités qui ont eu un nom attribué.
00:26:25Après quoi ?
00:26:26Alors c'est vrai aussi que ce n'est jamais très facile de débaptiser une rue
00:26:30pour la renommer ou une place.
00:26:32Il y a aussi des complexités juridiques, mais clairement,
00:26:35cet élan qui avait été lancé il y a cinq ans par Emmanuel Macron,
00:26:38Naguère était suivi des faits.
00:26:40Il est presque 10 heures.
00:26:43Bienvenue à vous si vous nous rejoignez sur France 24, édition spéciale.
00:26:46Nous la dédions en commémoration des 80 ans du débarquement de Provence.
00:26:50Une cérémonie se tient ce matin même et vous le vivez en direct
00:26:53sur France 24 depuis Saint-Raphaël, depuis la nécropole de Boulouris
00:26:58où sont inhumés 464 soldats.
00:27:01Cette séquence de l'histoire, Philippe Lamarck, on l'a dit
00:27:05et vous l'avez expliqué aussi, n'est pas assez connue du grand public.
00:27:10Est-ce qu'elle n'est pas enseignée suffisamment ici en France
00:27:14et qu'en est-il aussi de ces États africains concernés
00:27:17par la délivrance de cette région sud de la France ?
00:27:20Cela peut sembler surprenant, mais la mémoire de l'opération amphibie de Provence
00:27:28est beaucoup plus cultivée en Afrique de l'Ouest qu'elle ne l'est en France métropolitaine
00:27:35et encore moins dans l'Algérie contemporaine.
00:27:39Lorsque j'ai été convié en 2004, oui c'est ça,
00:27:47par le président Maître Abdoulaïouad dont je vous parlais tout à l'heure,
00:27:52j'ai été très surpris de voir la population très intéressée par cela
00:27:59et on n'en voyait pas de la figuration par autocar en leur payant le sandwich.
00:28:03Ils étaient vraiment là parce qu'ils se sentaient concernés.
00:28:06Il y avait là des anciens combattants et notamment des vétérans des parachutistes coloniaux
00:28:12qui avaient servi en Indochine et en Algérie.
00:28:16Ils étaient concernés par cela parce que les vétérans, déjà à cette époque-là,
00:28:20ceux de Provence, il n'y en avait pratiquement plus.
00:28:22Et j'ai été sidéré en voyant sur l'ancienne place Prothée,
00:28:27la place de l'indépendance dans le plein centre de Dakar,
00:28:31des grands dazibaos à la mode de la révolution culturelle chinoise
00:28:35à l'effigie de soldats de la 9e division d'infanterie coloniale
00:28:40avec les textes de leurs citations.
00:28:42Alors les citations, c'est quand un soldat s'est distingué dans une action particulière
00:28:46et que l'on en fait un résumé de quelques lignes sur un bout de papier qu'on lui donne,
00:28:51un papier officiel, et qui accompagne la croix de guerre.
00:28:54C'est ce qu'on appelle en argot militaire une sitouse.
00:28:57Et j'ai entendu brailler les haut-parleurs à Tutet,
00:29:02le fameux hymne de l'armée d'Afrique d'autrefois,
00:29:05c'est nous les Africains, c'est nous les Africains qui arrivons de loin.
00:29:09Et cette chanson qui a été interdite par le gouvernement du président de Gaulle
00:29:16jusqu'à ce qu'il quitte le pouvoir parce qu'il y avait des problèmes politiques
00:29:22relatifs à la signification de cette chanson.
00:29:25Merci à vous Philippe Lamarck.
00:29:27On retrouve tout de suite en direct de cette nécropole
00:29:30Mélina Huet, envoyée spéciale de France 24.
00:29:32Mélina, on aperçoit le président Macron remonter l'allée,
00:29:35il a accueilli tous ces homologues venus d'Afrique,
00:29:39tous les invités sont installés.
00:29:42On ira retrouver Mélina Huet un petit peu plus tard,
00:29:45le président de la République est en train de s'avancer.
00:29:48Dans l'ordre du protocole, offrir la parole en premier au président Biya,
00:29:53qu'est-ce que ça signifie ?
00:29:55La réponse que vous me posez est délicate,
00:29:58c'est au chef du protocole de l'Elysée à laquelle vous devez la poser.
00:30:02Qui plus est, le protocole a été considérablement bousculé
00:30:05par Charles Hernu en 1981,
00:30:08ce qui veut dire que le protocole de Vendemir en 12 n'est plus appliqué.
00:30:12Et je serai bien incapable de répondre avec précision à votre question.
00:30:16Si vous me posez la question sur le protocole de Vendemir en 12,
00:30:19je vous dirai que c'est une faute protocolaire.
00:30:21De nos jours, disons que c'est un signe de courtoisie.
00:30:24J'ai une question pour vous Monsieur Lamarck.
00:30:26Je vous écoute.
00:30:27Quand on parle de Paul Biya qui est là en tant que doyen des présidents africains
00:30:31et même des présidents tout court dans le monde,
00:30:34mais quand on parle de ces militaires qui ont débarqué en Provence,
00:30:39on parle des tirailleurs algériens, des goumiers ou tabors marocains,
00:30:44mais moins des soldats camerounais.
00:30:46Pourtant c'est lui qui est mis en avant.
00:30:48Quelle a été la part des camerounais, est-ce qu'on le sait aujourd'hui,
00:30:50dans ce débarquement de Provence ?
00:30:52Il n'y a pas de tirailleurs camerounais à proprement parler.
00:30:55Ils ont le statut juridique de tirailleurs sénégalais.
00:30:58Tirailleurs sénégalais, c'est le nom qui leur a été donné sous le Second Empire
00:31:03et qui reste en l'état jusqu'en 1962, date de la dissolution de ces dernières unités.
00:31:10Ainsi, cette part de camerounais est une partie, rien de plus,
00:31:17que les effectifs de la 9e division d'infanterie coloniale
00:31:20qui est l'une des 9 divisions projetées en Provence, pas plus,
00:31:24et qu'à l'intérieur, il y a tous ces autres tirailleurs dits sénégalais
00:31:29recrutés dans l'ensemble de l'Afrique occidentale française.
00:31:33Lorsque vous me parlez des tirailleurs marocains et des tirailleurs algériens,
00:31:39je vous dois une réponse, mais celle-ci sera juridique.
00:31:43Le tirailleur algérien est citoyen français.
00:31:45Il est volontaire, il est contractuel, mais il est citoyen français.
00:31:50Le tirailleur marocain a le même équipement, le même armement, la même instruction,
00:31:55il est placé sous le même commandement, mais à titre individuel,
00:31:58il a un statut juridique différent parce qu'il est sujet du sultan du Maroc
00:32:03et qu'au titre des accords de protectorat datant de l'affaire d'Algésiras de 1905,
00:32:10le roi du Maroc a une armée, c'est la sienne, ce sont ses soldats,
00:32:15mais pour des raisons de facilité de toutes sortes,
00:32:18elle est placée sous le commandement de l'armée française qui paye,
00:32:21c'est le budget français qui entretient ces troupes-là.
00:32:25Il se passe exactement la même chose en ce qui concerne le baie de Tunis,
00:32:29puisque les tirailleurs tunisiens, le quatrième régiment de tirailleurs tunisiens...
00:32:34Vous entendez ? Philippe Lamarck, Axel May, le chant des commandos d'Afrique,
00:32:39on va l'écouter, on va prendre le temps de l'écouter.
00:32:42Que ton courage soit notre loi
00:32:46Souvenons-nous de tous nos morts
00:32:50Quatre cents noms en lettres d'or
00:32:54Ils sont gravés dans nos mémoires
00:32:58Et s'y reviennent les souffrances
00:33:03Que votre exemplaire, votre gloire
00:33:07Nous guide pour servir la France
00:33:12Commando d'Afrique, fier commando
00:33:16Commando d'Afrique, lions dans l'assaut
00:33:20Sans pitié tu travailles au couteau
00:33:25Sans pitié tu défends ton drapeau
00:33:29Modèle de force et de foi
00:33:33Que ton courage soit notre loi
00:33:41Merci infiniment de prendre la parole.
00:33:44Interprétée par le chœur de l'armée française.
00:33:46Parce que c'est vraiment délicieux, c'est un clin d'œil,
00:33:49donc je saisis la perche que vous me tendez.
00:33:52Le compositeur de cette chanson est complètement oublié,
00:33:57et j'ai eu la chance de le rencontrer dans ma petite enfance.
00:34:00C'était un avocat algérois qui s'appelait Maître Georges Goutermanoff,
00:34:05et qui était originaire de Russie.
00:34:08Il a dû quitter son pays natal à toute vitesse
00:34:11au moment de la guerre civile pour s'en sortir vivant.
00:34:14Il a été accueilli par la France, il s'est installé à Alger
00:34:17où il est devenu membre du barreau au tribunal d'Alger.
00:34:24Et il avait comme clientèle le milieu algérois des gens
00:34:29peut-être folklorique mais pas forcément très fréquentable.
00:34:31Philippe Lamarck, je dois vous interrompre,
00:34:33Paul Billat va prendre la parole.
00:34:35Il se présente à la tribu, on écoute le président du cabinet.
00:34:38Mesdames et messieurs les chefs de délégation,
00:34:42mesdames et messieurs,
00:34:44je voudrais d'abord remercier le président Emmanuel Macron
00:34:51pour l'invitation qu'il a bien voulu m'adresser
00:34:56afin que je prenne part au 90e anniversaire
00:35:00du débarquement de Provence.
00:35:04Je voudrais le remercier également
00:35:08pour l'accueil chaleureux qui nous a été réservé,
00:35:12ma délégation et moi.
00:35:15Je salue ensuite votre présence ici,
00:35:20vous tous qui avez effectué ce déplacement,
00:35:24où vous vous retrouvez en ce lieu inauguré en 1964
00:35:29par le général de Gaulle, alors président de la République,
00:35:34en présence de nombreux combattants de France et d'Afrique
00:35:39à l'occasion du 20e anniversaire
00:35:42de ce même débarquement de Provence.
00:35:47La nécropole nationale de Bouloris
00:35:51est un endroit chargé d'histoire,
00:35:55un lieu de souvenirs, un lieu de douleurs,
00:35:59un lieu de recueillement qui nous parle
00:36:03et nous interpelle sur l'avenir du monde.
00:36:08De nombreux soldats ont ici assez un rappel
00:36:14comme sur les autres terres de Provence,
00:36:17comme en Normandie et comme ailleurs en Europe,
00:36:21donné leur vie pour combattre l'occupation,
00:36:26pour sauver la liberté,
00:36:29en formant une formidable chaîne de solidarité.
00:36:35Aujourd'hui encore, nous sommes là
00:36:39pour nous souvenir de leur vaillance,
00:36:43pour convoquer le souvenir d'une guerre du passé
00:36:47pour la liberté et rendre à ces héros
00:36:51un hommage appuyé.
00:36:54Messieurs les chefs d'État et de gouvernement,
00:36:58Mesdames et Messieurs,
00:37:01les milliers d'hommes qui, sous la direction
00:37:04du général de Latre de Tassigny,
00:37:07ont combattu avec bravoure,
00:37:10étaient pour un grand nombre originaires
00:37:13de tout l'empire colonial français
00:37:17qui venait entre autres de l'Afrique subsaharienne,
00:37:21c'est dire que la contribution de l'Afrique
00:37:25a été significative pour rompre les chaînes
00:37:29de l'occupation allemande,
00:37:32une occupation dure,
00:37:35une occupation liberticide
00:37:38dont les troupes avaient reçu ordre de tenir
00:37:42jusqu'à la dernière cartouche.
00:37:47Le ralliement des territoires de la France libre
00:37:51a en effet constitué un enjeu majeur
00:37:55où l'apport à la victoire finale
00:37:58a été significatif.
00:38:01C'est entre autres,
00:38:04dans le but de lever les troupes en Afrique
00:38:07alors considérée comme base potentielle
00:38:10d'une reconquête de l'Europe
00:38:13que le colonel Leclerc est missionné au Kaboun.
00:38:18Le ralliement du Kaboun,
00:38:21l'un des tout premiers,
00:38:24est aussitôt obtenu
00:38:27dès le 27 août 1940,
00:38:30ce qui a fait dire au général de Gaulle,
00:38:33et je cite,
00:38:35que le Kaboun vient de prendre
00:38:38une belle décision
00:38:40et de donner un exemple magnifique.
00:38:43Fin de citation.
00:38:45La rapidité de ce ralliement
00:38:48permet au général de Gaulle
00:38:50de démontrer à ses alliés
00:38:53la réalité d'une France combattante.
00:38:57Les troupes dont le colonel Leclerc
00:39:00prend ainsi le commandement
00:39:03comptent beaucoup d'hommes
00:39:06issus de l'Afrique équatoriale française
00:39:09et du Cameroun.
00:39:12C'est de la ville de Douala que partent
00:39:15les expéditions,
00:39:17qui plus tard ont constitué la colonne Leclerc.
00:39:22Les faits d'armes de cette colonne sont nombreux.
00:39:26Ils passent par la Tunisie
00:39:29dès 1942,
00:39:32puis par la Sicile en Italie
00:39:35et par la Corse ensuite,
00:39:38sans omettre le cadre.
00:39:41Partout où les combats
00:39:44les ont menés,
00:39:46ces valeureux soldats venus d'Afrique occidentale
00:39:50ou de l'Afrique équatoriale,
00:39:53de Madagascar ou de l'océan Indien,
00:39:56se sont magnifiquement illustrés.
00:40:00Ils ont, en revanche,
00:40:03payé un très lourd tribut pour la victoire.
00:40:08Des combattants exemplaires,
00:40:11souvent héritiers des traditions guerrières
00:40:14immémorables,
00:40:16admirables de courage, d'audace
00:40:19et de loyauté.
00:40:22Ils ont été les artisans
00:40:25de la victoire.
00:40:27Leur sang n'a jamais mêlé à d'autres sangs
00:40:31pour que l'étendard de la France
00:40:34et de ses alliés
00:40:36soit définitivement
00:40:39couronné de gloire.
00:40:41En ce jour du souvenir,
00:40:44nous leur devons un immense respect.
00:40:49Messieurs les chefs d'État et de gouvernement,
00:40:52Mesdames et Messieurs,
00:40:56Il n'y aurait pas eu de victoire alliée
00:40:59sans l'alliance sacrée des volontaires,
00:41:03sans la contribution des autres peuples,
00:41:06sans les étrangers,
00:41:09sans les noirs et autres tirailleurs.
00:41:13Cette lutte a été menée ensemble
00:41:16pour défendre les valeurs et les idéaux
00:41:19universels de paix et de justice.
00:41:23Elle exprimait une vision de l'homme
00:41:26et du monde qui nous est commune.
00:41:29Au nom de celle-ci,
00:41:31nous avons ensemble combattu côte à côte.
00:41:35Cette vision était respectueuse
00:41:39de nos différences,
00:41:41respectueuse de l'infinie diversité
00:41:44des hommes, des cultures, des religions,
00:41:47des civilisations.
00:41:50Cette vision-là reconnaît à chacun de nous
00:41:54un droit égal à la dignité.
00:41:58La solidarité exemplaire qui a ainsi prévalu
00:42:01reste et demeure une leçon précieuse
00:42:05que nous devons perpétuer et transmettre
00:42:08aux générations futures,
00:42:11afin d'éviter les erreurs commises par le passé.
00:42:16J'ai pour ma part la conviction
00:42:19que la solidarité internationale
00:42:22est une meilleure prise en compte
00:42:24des attentes et des intérêts d'autres pays,
00:42:27particulièrement ceux du Sud,
00:42:30ramènerait dans le monde d'aujourd'hui
00:42:34une plus grande paix.
00:42:37C'est aussi cela,
00:42:39le sens de notre présence ici.
00:42:43Excellences, Mesdames et Messieurs,
00:42:47Nous nous retrouvons en Provence,
00:42:50vous le savez, pour convoquer le souvenir
00:42:53d'une guerre du passé et pour rendre hommage
00:42:57aux héros de notre histoire.
00:43:00Seulement, la guerre que l'on pensait
00:43:03à jamais éloignée frappe de nouveau
00:43:06aux portes de l'Europe.
00:43:09Elle est désormais plus proche de nous.
00:43:13Des hommes se battent à nouveau
00:43:16quelques heures d'ici.
00:43:18J'ai dire que les organisations internationales
00:43:23et le système mis en place
00:43:26au lendemain des deux guerres mondiales
00:43:28et davantage de la Deuxième Guerre mondiale
00:43:31restent et demeurent perfectibles.
00:43:35Oui, les fantômes de l'esprit de revanche,
00:43:40la violation flagrante de la souveraineté des États,
00:43:44l'intolérable mépris des peuples
00:43:48ressurgissent du passé pour s'imposer
00:43:52dans notre quotidien.
00:43:55Le droit international diversement interprété,
00:43:59l'instrumentalisation des droits de l'homme,
00:44:03l'oubli ou le défi des autres guerres,
00:44:07la volonté permanente de dominer, d'exploiter,
00:44:11de construire un monde à son unique avantage,
00:44:15sont entre autres les ombres qui nous guettent aujourd'hui
00:44:21et dont notre présence ici devrait révéler la lueur.
00:44:28Cette commémoration doit aussi pouvoir mettre en exergue
00:44:33notre responsabilité collective
00:44:36dans la préservation de la paix et de la liberté
00:44:39dans le monde.
00:44:42Il nous faut trouver des réponses aux questions
00:44:46et causes qui sont le terreau du terrorisme,
00:44:50de l'injustice, de la crise de confiance
00:44:55qui s'observe vis-à-vis du multilatéralisme
00:44:59pour espérer faire vivre la concorde
00:45:03et rendre le monde plus sûr.
00:45:06Presque partout, la grande question reste et demeure
00:45:11de savoir si nous devons capituler
00:45:15devant le pessimisme de l'inévitabilité de la guerre
00:45:19ou si nous pouvons encore bâtir un avenir plein d'espoir
00:45:24où les guerres appartiendront définitivement à l'histoire.
00:45:29Malheureusement, la géopolitique et la géostratégie mondiale
00:45:35restent dominées par la course aux armements.
00:45:39La construction des blocs fait son retour.
00:45:43La guerre froide dont la chute du mur de Berlin a sonné le blanc
00:45:47est à nouveau d'actualité.
00:45:51De nouveaux acteurs, à l'instar des sociétés paramilitaires privées,
00:45:56agissent ça et là.
00:45:59Et la guerre se fait désormais par procuration.
00:46:04Si rien n'est fait, le monde se dirige de nouveau
00:46:09vers une ou plusieurs guerres aux conséquences incalculables.
00:46:15Face à cela, le Cameroun, pour ce qui le concerne,
00:46:19a de tout temps fait recours au dialogue, aux solutions concertées.
00:46:25Il a fait de la résolution pacifique des différends
00:46:29la clé de sa démarche pour faire échec à la guerre
00:46:33et résoudre des conflits.
00:46:37En définitive, je veux ici saluer l'organisation
00:46:42de cette commémoration qui constitue une excellente occasion
00:46:47d'encouragement de la solidarité entre les nations
00:46:51pour construire la paix et faire face ensemble
00:46:56aux grands problèmes de notre temps.
00:47:00Je vous remercie de votre aimable attention.
00:47:30Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République.
00:47:53Votre Altesse, Messieurs les chefs d'Etat et de gouvernement,
00:47:59Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ministres,
00:48:03Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
00:48:07Mesdames et Messieurs les parlementaires, mon général,
00:48:11Monsieur le préfet, Monsieur le Président du Conseil régional,
00:48:16Monsieur le Président du Conseil départemental, Monsieur le maire,
00:48:21Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
00:48:24chers vétérans, Mesdames et Messieurs.
00:48:30Aux premières heures de la nuit du 15 août 1944,
00:48:35la côte méditerranéenne, encore sous occupation allemande,
00:48:39était plongée dans les ténèbres.
00:48:43Soudain, au Canadel, le chef de gare fut tiré de son sommeil
00:48:48par une voix pressante.
00:48:50Qui est là ? demanda-t-il,
00:48:53craignant d'être arrêté sur le champ par la Gestapo.
00:48:57A travers les volets, la voix, celle du capitaine Albert Torel,
00:49:03lui répondit, ouvrez, c'est l'armée d'Afrique.
00:49:09L'armée d'Afrique.
00:49:12Le chef de gare ouvrit, incrédule, bouleversé.
00:49:17Certes, deux mois après le débarquement de Normandie,
00:49:21alors que les armées du Reich refluaient en catastrophe,
00:49:24beaucoup s'attendaient à une attaque des alliés en Provence
00:49:27pour s'emparer des ports de Méditerranée en eau profonde
00:49:31et prendre les armées du Reich à revers.
00:49:34Certes, même retardé, l'opération Dragoon
00:49:38se préparait depuis des semaines sur des maquettes bâties
00:49:41grâce au renseignement de la Résistance française.
00:49:45Elle avait été engagée à partir du 9 août
00:49:49lors de l'embarquement des centaines de milliers
00:49:51de soldats français, anglais, américains
00:49:54à Tarente, Oran ou Brindisi.
00:49:58Et plus personne ne pouvait en douter
00:50:01depuis que la plus grande flotte jamais vue en Méditerranée,
00:50:042 000 navires américains et britanniques,
00:50:07croiseurs, destroyers, contre-torpilleurs, aviseaux,
00:50:11transporteurs de troupes, s'étaient rassemblés
00:50:14au large de la Corse.
00:50:17Certes aussi, les jours précédents,
00:50:20les raids aériens des alliés avaient été si nombreux
00:50:23que les églises de la côte à Saint-Maximin ou au Lavandou
00:50:27avaient renoncé par avance à célébrer la messe du 15 août.
00:50:33Pourtant, cette nuit-là, l'émotion étreignait
00:50:38le chef de gare et le capitaine Torel.
00:50:42L'attaque avait commencé.
00:50:45Une opération aux proportions épiques.
00:50:4990 000 soldats bientôt jetés à l'assaut du rivage de France
00:50:53sur ce chapelet de minces plages, de calanques, de falaises
00:50:57défendus par plusieurs dizaines de milliers d'hommes
00:50:59de la Wehrmacht.
00:51:01Pour permettre son succès, il fallait profiter
00:51:03de la nuit impénétrable.
00:51:06Une poignée d'heures entre minuit et l'aube
00:51:10pour les éclaireurs et les commandos chargés
00:51:12de détruire les premières défenses ennemies,
00:51:14la nuit la plus courte.
00:51:17Sur l'île du Levant, à Port-Croz,
00:51:21verrou de la rate de hier, c'est là que les commandos
00:51:24américains et canadiens investirent à leur zéro.
00:51:30Au pied du Cap-Nègre, où les commandos d'Afrique
00:51:32furent projetés et où ils durent grimper la falaise
00:51:35à mains nues afin de neutraliser les batteries allemandes.
00:51:39Sur une autre plage, enfin, celle de l'Esquillon,
00:51:44entre Treyas et Téhoul, où les hommes du groupe naval
00:51:48de la marine préférèrent continuer à avancer
00:51:50dans un champ de mines plutôt que de rebrousser chemin.
00:51:55Grâce à ces avant-gardes, à l'aube, sur les plages Alpha,
00:52:00à l'ouest, à Ramatuelle et Cavalère,
00:52:02sur les plages du secteur Delta, à Sainte-Maxime,
00:52:06les premières divisions américaines foulèrent le sable
00:52:09jonché de mines et de torpilles.
00:52:13Bientôt, sous les bombes allemandes et les tirs des bunkers
00:52:16érigés par Rommel, l'extraordinaire carousel
00:52:20des barges de débarquement se mit en mouvement.
00:52:25Fils ininterrompus d'hommes et de tanks,
00:52:29de machines et de bataillons, parfois repoussés,
00:52:33comme sur le secteur Camel, sur la plage de Fréjus-Saint-Raphaël,
00:52:37que les hommes du général Patch délaissèrent
00:52:39pour poser finalement le pied au Dramont et à Haguet.
00:52:44Alors, à midi, sur le sémaphore de Sainte-Maxime,
00:52:49flottait un drapeau américain.
00:52:53Place d'hélices, les soldats allemands arrêtés,
00:52:58défilés, les mains en l'air.
00:53:03Le lendemain, la jonction s'opérait à travers les collines des morts,
00:53:06avec les plus de 9 000 Américains et Canadiens
00:53:09du général Frédéric, parachutés dans la plaine de l'Argence,
00:53:13sur une zone dégagée par la résistance.
00:53:17Il y avait eu le 6 juin en Normandie,
00:53:20mais ce jour-là, ce n'était pas la même chose,
00:53:24confia l'un des hommes du général Delattre.
00:53:28Ce n'était pas la même chose, car ici, en Provence,
00:53:33débarquèrent au total 230 000 soldats français,
00:53:37solidement armés et préparés par nos alliés américains.
00:53:42Un grand nombre d'entre eux, spahis, goumiers,
00:53:45tirailleurs africains, antillais, marsouins du Pacifique,
00:53:49n'avaient jamais foulé le sol de la métropole
00:53:52et découvraient un littoral de rochers rouges.
00:53:56D'autres s'étaient au contraire évadés de France,
00:53:59comme ce marin de la France libre, débarqué plage des Sardinaux,
00:54:03sans nouvelles de sa famille depuis 4 ans,
00:54:05qui se dirigea vers sa maison de Sainte-Maxime
00:54:08et tomba dans les bras de son père.
00:54:11Beaucoup, comme Yorgi Koli, né au Tchad,
00:54:15ou Mohamed Belhadj, venu d'Algérie,
00:54:17tous deux faits compagnons de la Libération après guerre,
00:54:20s'étaient déjà illustrés pour leur bravoure
00:54:23dans les batailles de Tunisie et d'Italie.
00:54:27Certains, sur le croiseur américain Parker,
00:54:30pavoisés du drapeau tricolore,
00:54:32entonnèrent avant l'assaut une inoubliable Marseillaise.
00:54:36Leurs éclaireurs, comme le lieutenant-colonel Bouvet,
00:54:39l'un des héros de l'ascension du Cap-Nègre,
00:54:42prirent une minute dans la nuit
00:54:45pour porter à leurs lèvres un peu de sable des plages varoises,
00:54:49le sable de la France retrouvée.
00:54:53Parmi eux, Hubert Germain lui-même,
00:54:57débarquant sur ses côtes,
00:55:00racontait dans ses derniers jours
00:55:02avoir pris une poignée de cette terre,
00:55:05terre et sable mêlés,
00:55:07tant attendu, tant désiré,
00:55:09pour la porter à son visage.
00:55:13Des centaines connurent ce sol de France
00:55:15pour quelques heures seulement.
00:55:18Tel Albert Torrel, l'homme de la gare du Canadel,
00:55:21tombé le lendemain à l'assaut de la pointe de la Faucette,
00:55:24en même temps que son ordonnance,
00:55:26Mohamed Benbakr.
00:55:29Ces hommes de l'armée française
00:55:32s'appelaient François,
00:55:35Boudjema,
00:55:36Harry,
00:55:38Pierre,
00:55:39Niakara.
00:55:41Ils venaient de Corse et du Poitou,
00:55:45du Pacifique et d'Algérie,
00:55:49du Sénégal,
00:55:51du Maroc et des Ardennes.
00:55:54Officiers de l'Empire ou enfants du Sahara,
00:55:56natifs de la Casamance ou de Madagascar,
00:55:59anciens poilus de Verdun
00:56:01ou jeunes hommes précipités dans l'étrange défaite.
00:56:05Ils n'étaient pas de la même génération.
00:56:09Ils n'étaient pas de la même confession.
00:56:12Ils n'étaient pas de la même condition.
00:56:16Ils étaient pourtant l'armée de la nation,
00:56:20armée la plus bigarrée et la plus fervente.
00:56:25Ils étaient pour leur chef,
00:56:27le général de l'âtre de Tassigny,
00:56:29à la fois les grognards passés par Monte Cassino ou la Libye
00:56:33et des cœurs encore jeunes,
00:56:35pleins de l'enthousiasme des volontaires de 1792.
00:56:41Soldats comme ceux de l'an 2,
00:56:43soldats de l'acte 2 de la libération du pays,
00:56:46soldats convaincus que lorsqu'il s'agit de défendre
00:56:49l'intérêt vital de la nation,
00:56:51tous ceux qui se reconnaissent comme Français
00:56:54ont vocation à être ensemble.
00:56:59Et dès le 16 août,
00:57:01parce que nos alliés américains voulurent leur laisser
00:57:04l'honneur de reconquérir leur patrie,
00:57:07les hommes de la 1re armée française foncèrent vers Toulon,
00:57:11vers Marseille,
00:57:13qu'Hitler avait ordonné de défendre
00:57:16jusqu'à la dernière cartouche.
00:57:19Ouvrez, c'est l'armée d'Afrique,
00:57:23avait dit le capitaine Torel.
00:57:25Et les portes de la liberté s'ouvrirent en effet sur leurs pas.
00:57:29Portes des batteries de Movan,
00:57:31conquises par les commandos d'Afrique,
00:57:33celles du Golf Hotel sur la route d'Hier,
00:57:35enlevées par la 1re division des Français libres,
00:57:38celles des villages du Gapot,
00:57:40enfoncées par les assauts des tirailleurs sénégalais
00:57:43et des blindés des chasseurs d'Afrique
00:57:45lors d'une bataille au corps au corps,
00:57:48couteau contre poignard dans les rues provençales.
00:57:52Celles de Toulon,
00:57:54que l'armée allemande avait l'ordre de tenir
00:57:56et qui cédère le 28 août
00:57:58au prix d'un siège d'une semaine
00:58:00mené par les tirailleurs algériens et sénégalais,
00:58:02épaulés par les hommes du choc,
00:58:04rejoignant dans les décombres les résistants toulonnais.
00:58:09Portes de Marseille,
00:58:11gardées sur les collines par des massifs de calcaire,
00:58:14par le verrou d'Aubagne,
00:58:16où les goumiers et les tabors mirent en fuite les Allemands
00:58:19le 22 août.
00:58:21Ces portes,
00:58:23que les armées françaises franchirent enfin
00:58:26sur une inspiration pleine d'audace du général de Montsaber,
00:58:31Marseille fidèle à son esprit de résistance,
00:58:34Marseille entrée en insurrection contre l'occupant,
00:58:37Marseille révoltée de l'estac au réformé,
00:58:40Marseille libérée quand les derniers Allemands
00:58:42baissèrent les armes au Frioul
00:58:44ou sur les contreforts de Notre-Dame-de-la-Garde.
00:58:49Avec une avance de plus d'un mois sur les prévisions,
00:58:53ce furent aux portes de Naux,
00:58:56d'un matin en Bourgogne, le 12 septembre,
00:59:00qu'un officier de la 2e division blindée du général Leclerc
00:59:04serra la main d'un officier de la 1re division des Français libres
00:59:08du général Brossé.
00:59:11Le premier venait du nord et avait débarqué en Normandie.
00:59:15Le second venait du sud et avait accosté en Provence.
00:59:21Les deux armées se donnaient la main.
00:59:25Geste de reconnaissance et de fraternité,
00:59:28serment de poursuivre le combat jusqu'à la victoire
00:59:32dans les Ardennes et pendant l'hiver suivant,
00:59:36des batailles terribles jusqu'à la libération de Strasbourg
00:59:40et au-delà, jusqu'à la capitulation de l'Allemagne nazie
00:59:44que signa pour la France le général de l'Atre de Tassigny,
00:59:49le 8 mai 1945.
00:59:53Et c'est le même geste de reconnaissance, de fraternité,
00:59:57d'espérance pour l'avenir que la nation accomplit aujourd'hui.
01:00:03Ici, dans cette nécropole de Boulouris,
01:00:07cimetière marin qui garde les tombes de 466 héros
01:00:12parmi les milliers passés là.
01:00:16Français pieds-noirs d'Algérie, du Maroc, de Tunisie,
01:00:21Français des Outre-mer, des Antilles au Pacifique,
01:00:26secondés par les Français de la Résistance intérieure.
01:00:30Américains, Britanniques, Canadiens
01:00:34qui, loin de leur pays natal, ont trouvé la mort
01:00:37sur un chemin de Provence, sur une plage de Méditerranée.
01:00:41Africains, ces soldats français d'Afrique
01:00:46dont certains des vétérans se tiennent devant nous
01:00:49et devant lesquels je m'incline.
01:00:53La part d'Afrique en France est aussi ce lègue qui nous oblige.
01:01:00Et je salue aujourd'hui la présence des présidents du Cameroun,
01:01:04de Centrafrique, des Comores, du Gabon, du Togo,
01:01:10à vos côtés, Monseigneur, honorant cette mémoire monégasque
01:01:14qui nous est si fidèle, aux côtés de M. le Premier ministre du Maroc
01:01:18et la présence des représentants de Côte d'Ivoire, de Madagascar
01:01:21et du Sénégal et des jeunes lycéens de Tiaroy.
01:01:26Comme la France n'oublie rien des sacrifices des Congolais,
01:01:29des Béninois, ni celles des peuples du Burkina Faso,
01:01:33du Mali et du Niger et de tant d'autres.
01:01:36Non, rien de la plus belle mémoire de ces hommes n'est oublié.
01:01:42Leurs noms doivent continuer d'être donnés à nos rues,
01:01:47à nos places, pour inscrire leurs traces impérissables
01:01:52dans notre histoire.
01:01:56Huit décennies après, revenir en Provence au matin,
01:02:01à l'heure bleue où eut lieu le débarquement,
01:02:06c'est conjuguer au présent cette reconnaissance,
01:02:09cette fraternité, cette espérance.
01:02:13C'est ne rien oublier de leur courage et de leur combat.
01:02:17C'est rappeler, comme vous venez de le faire, M. le Président,
01:02:20l'importance, en effet, de ne rien céder de ces valeurs
01:02:24et de ces batailles, celles pour le droit international,
01:02:29le refus de quelque double standard que ce soit,
01:02:33la volonté de défendre partout, sous toute latitude,
01:02:37le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes,
01:02:40leur souveraineté, leur intégrité territoriale,
01:02:43la volonté farouche de continuer d'avoir un monde
01:02:47et des institutions plus justes, plus équilibrées,
01:02:51de ne nous habituer à rien.
01:02:54Ce message d'espérance que vous venez de porter à l'instant,
01:02:58c'est l'espérance, en ce 15 août, comme tous les matins du monde,
01:03:03dans la victoire universelle du droit et de la paix.
01:03:09Fraternité pour les peuples du monde, aujourd'hui,
01:03:11en lutte pour leur liberté et le droit à disposer
01:03:15par eux-mêmes de leur destin.
01:03:18C'est la reconnaissance indéfectible pour les héros du 15 août
01:03:23dont certains se tiennent devant nous.
01:03:27Tous ont accompli, ce jour-là et les suivants,
01:03:31une oeuvre dont ils connaissaient alors les immenses périls.
01:03:39Et pourtant, ils l'ont fait.
01:03:42Avec cette audace bravache et avec cette force irrécusable,
01:03:46leur rendre hommage aujourd'hui,
01:03:50c'est saluer ces hommes qui sont nos héros,
01:03:55parce qu'ils se sont hissés au-delà des falaises du Cap-Nègre,
01:03:59au-delà de la peur et de l'impossible,
01:04:02au-delà de la souffrance et des risques.
01:04:06Ils l'ont fait, conscients de se battre pour une cause
01:04:09bien plus grande que les falaises, les périls et même leur vie,
01:04:13prêts à s'effacer pour que la France vive libre,
01:04:17dans ce songe d'une nuit d'été et chaque jour ensuite.
01:04:24Sur leurs visages et sur les visages de nos vétérans,
01:04:28sur les tombes des héros, dans ce tremblement des pins,
01:04:33passe aujourd'hui un souffle venu de Provence.
01:04:38Ce souffle, c'est celui du sacrifice, de la volonté, de l'unité.
01:04:46Il rend l'impossible possible, il donne son sens à l'effort,
01:04:51il dessine toujours pour la nation la voie d'un invincible été.
01:04:57Ce souffle du 15 août qui nous anime et fait encore de nous
01:05:02un peuple irréductiblement libre, celui qui, ce jour-là,
01:05:10fut libéré aussi par cette armée d'Afrique.
01:05:15Nous n'oublions rien. Vive la République, vive la France.
01:05:21Applaudissements
01:05:51Musique de marche
01:06:21...
01:06:51...
01:07:20...
01:07:34Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé.
01:07:42Contre nous de la tyrannie, les tendances sanglants est levée.
01:07:50Les tendances sanglants est levée.
01:07:54Entendez-vous dans les campagnes, jugez ces féroces soldats.
01:08:02Ils viennent jusque dans nos bras.
01:08:06Engagez nos fils, nos compagnes, nos armes citoyennes.
01:08:14Familles, aux bataillons, marchons, marchons.
01:08:22Que son pur abreuve, abreuve nos sillons.
01:08:30...
01:08:40Monsieur le Président de la République,
01:08:42il va maintenant remettre les insignes de chevalier
01:08:44de la Légion d'honneur à Mme Thérèse Dumont, ancienne résistante,
01:08:49à M. Pierre Salcedo, ancien combattant,
01:08:52et M. Larbi Jaoua, ancien combattant.
01:08:55...
01:09:07Madame Thérèse Dumont, au nom de la République française,
01:09:16nous vous faisons chevalier de la Légion d'honneur.
01:09:20...
01:09:32Applaudissements.
01:09:41...
01:09:52Monsieur Pierre Salcedo, au nom de la République française,
01:09:59nous vous faisons chevalier de la Légion d'honneur.
01:10:03...
01:10:17Applaudissements.
01:10:27...
01:10:38Monsieur Larbi Jaoua, au nom de la République française,
01:10:44nous vous faisons chevalier de la Légion d'honneur.
01:10:49...
01:11:01Applaudissements.
01:11:13...
01:11:38...
01:11:48...
01:11:58...
01:12:18Il est 10h42 sur France 24, bienvenue si vous nous rejoignez.
01:12:22Édition spéciale sur nos antennes dédiée à cette cérémonie d'hommage.
01:12:27Cérémonie présentée par le Président de la République
01:12:30à l'occasion des 80 ans du débarquement de Provence.
01:12:34Le Président du Cameroun s'est exprimé, a pris la parole en premier.
01:12:39Il a salué cet hommage appuyé, rendu aux soldats sénégalais.
01:12:45Le Président de la République a également tenu un discours
01:12:48au même tonalité, Emmanuel Macron qui l'a précisé.
01:12:52Ces hommes venus du continent africain, d'Asie, du Pacifique,
01:12:57des soldats étaient membres de cette armée de la nation.
01:13:03Ces décorations remises à trois vétérans, désormais chevaliers
01:13:08de la Légion d'honneur, Pierre Salcedo, Larbi Jaouara, le Marocain,
01:13:13et puis Thérèse Dumont, Pierre Lamarck.
01:13:16Le rôle des femmes, le rôle aussi joué par ces femmes envoyées au combat
01:13:20lors de ce débarquement de Provence, on doit aussi le rappeler.
01:13:24C'était la première fois qu'elles étaient envoyées au front à ce moment-là ?
01:13:28Il y avait déjà eu des exemples précédents, dès le Second Empire,
01:13:34à vrai dire, avec les cantinières, même dès le Premier Empire,
01:13:37avec les vivandières qui accompagnent les troupes.
01:13:42Mais intégrées aux effectifs, proprement dit, il faut attendre la Grande Guerre
01:13:47pour que le service de santé se dote de personnels féminins comme auxiliaires.
01:13:53C'est un statut particulier qui n'est pas statut régulier,
01:13:57mais qui est quand même couvert par la Convention de Genève en cas de capture.
01:14:02Ce qui n'est pas le cas, par exemple, des tirailleurs sénégalais
01:14:06qui, au titre du droit à cette époque, sont considérés comme des mercenaires
01:14:10et peuvent ne pas être traités comme des soldats réguliers,
01:14:14même s'ils le sont en réalité, en cas de capture.
01:14:18En ce qui concerne les femmes, c'est la première fois qu'on envoie
01:14:21en aussi grande quantité et volontaire.
01:14:26Elles atteignent même 10% du corps de bataille dans l'armée d'Afrique.
01:14:30Particularité de ces jeunes femmes,
01:14:34et même parfois des dames un peu plus âgées pour peu qu'elles soient dans les limites d'âge,
01:14:39et les conditions physiques requises,
01:14:43on les retrouve comme conductrices ambulancières,
01:14:47comme secrétaires, comme les tâches de l'arrière
01:14:52dans lesquelles on peut éviter de mettre des hommes qui, eux, sont plus utiles ailleurs.
01:14:57Les effectifs sont considérables et elles sont recrutées dans la population française
01:15:02d'Afrique du Nord de statut de code civil.
01:15:08Ce sont donc ce qu'on appellerait des françaises de souche.
01:15:12Ces images du passage de la patrouille de France au-dessus du ciel
01:15:16de cette nécropole de Boulouris, vous êtes sur place,
01:15:19Mélina Humet, envoyée spéciale pour France 24.
01:15:21Il y a eu, je le disais, cette prise de parole du président Camerounais,
01:15:24celle d'Emmanuel Macron, qui a insisté sur le rôle joué par ces soldats africains
01:15:29pour cet acte II de la libération du territoire français dans le sud du pays.
01:15:37Absolument, Nabia. Alors là, on entend très sûrement la patrouille de France, oui.
01:15:45La patrouille de France qui vient de passer juste au-dessus de nos têtes,
01:15:49excusez-moi pour l'interruption, ça fait partie du programme, évidemment.
01:15:53Vous l'avez dit, effectivement, un hommage appuyé à cette armée d'Afrique
01:15:57avec cet anaphore ouvré, c'est l'armée d'Afrique armée
01:16:01dont le président de la République a, je cite, dit qu'elle était
01:16:05l'armée la plus bigarrée. Le président de la République qui a bien répété
01:16:10qu'il s'agissait de français pieds-noirs, français des Outre-mer,
01:16:14français des Antilles, français du Pacifique, pour au final conclure des Africains.
01:16:20Et il a rendu un hommage appuyé en présence de ces chefs d'État
01:16:23et de gouvernements africains invités et présents aujourd'hui,
01:16:27et notamment, effectivement, le président du Cameroun, vous l'avez dit,
01:16:31car il s'agit bien non pas de parler de leur statut juridique à l'époque,
01:16:35oui, ils étaient français, mais aujourd'hui de souligner l'importance
01:16:38de ces personnes, des personnes du continent africain
01:16:42qui ont contribué à la libération de la France.
01:16:45Et on en revient tout à l'heure à cette importance, l'importance
01:16:49de cette commémoration de ce 80e anniversaire où on rend toute la place
01:16:54qu'aurait dû être accordée à ces soldats de l'armée B,
01:16:58du général Delattre de Tassigny, qui pendant des années a été en partie invisibilisé.
01:17:03Et ça, c'est important de le souligner. On a parlé en introduction
01:17:07de l'amalgame de l'armée B avec les forces françaises de l'intérieur
01:17:11qui ont créé cette première armée française.
01:17:14Mais c'est important de souligner le travail de nombreux historiens
01:17:17qui expliquent cela aussi par une différence de traitement,
01:17:21non pas forcément au moment où ils ont combattu, mais au moment
01:17:24de la libération et jusqu'à la libération de Paris.
01:17:27Il faut savoir que les alliés étaient plutôt sceptiques
01:17:30vis-à-vis de la valeur combative de ces unités noires.
01:17:34Au moment, par exemple, de la mise en place de la 2e DB,
01:17:37qui est très connue, qui a contribué, qui est rentrée dans Paris,
01:17:40le général américain Bedel Smith avait insisté pour que la division soit,
01:17:44et je cite dans le texte, rendue blanche à 100%.
01:17:48Les anglo-américains refusaient que Paris soit libérée par des troupes non blanches,
01:17:54considéraient les noirs comme incapables de servir dans une unité blindée.
01:17:59Il y a eu de nombreuses raisons à la démobilisation
01:18:02de ce qu'on appelle les tirailleurs sénégalais, mais parmi elles,
01:18:05il y avait aussi une autorité militaire qui redoutait les contacts
01:18:09trop étroits avec la population civile, susceptible à ses yeux
01:18:12de nourrir des revendications d'égalité chez des soldats colonisés.
01:18:15Je vais vous citer tout simplement le général Brosset,
01:18:18qui regrette par exemple la mauvaise influence qu'exercent sur eux
01:18:21les grandes villes, puisque l'état-major français de l'époque dit,
01:18:26et je cite dans le texte, le contact étroit et prolongé avec la population française
01:18:29a inculqué aux noirs l'esprit de revendication.
01:18:32Vous voyez bien qu'on n'est absolument plus dans le même état d'esprit aujourd'hui,
01:18:3680 ans plus tard, déjà 20 ans après la libération,
01:18:40le général de Gaulle avait inauguré cette nécropole de Boulouris
01:18:45où nous nous trouvons, avec un hommage appuyé à ces soldats des troupes africaines.
01:18:49Aujourd'hui, vous l'avez entendu, le président Emmanuel Macron
01:18:53souhaite leur rendre un hommage très appuyé avec ce triple hommage,
01:18:56on l'a dit, franco-africain, français et franco-américain.
01:19:00Merci beaucoup Melina, merci à vous.
01:19:03On vous retrouvera dans nos prochaines éditions.
01:19:05Ainsi s'achève ce journal.
01:19:07On se retrouve dans une dizaine de minutes pour une nouvelle édition sur France 24.
01:19:10Merci de votre attention.

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