Confronté aux pires émeutes au Royaume-Uni depuis 13 ans, le Premier ministre Keir Starmer tient lundi une réunion de crise à Downing Street après un week-end de violences de casseurs d'extrême droite visant mosquées et migrants. Pour comprendre cette situation explosive, écoutez Marie Billon, la correspondante de RTL à Londres.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Vincent Parizot du 05 août 2024.
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00:00RTL midi, avec Vincent Parizeau.
00:07Ceux qui ont participé à ces violences devront pleinement répondre de leurs actes devant la justice.
00:14Je vous garantis que vous regretterez d'avoir pris part à ce désordre.
00:18Voilà, vous allez le regretter, dit en substance le Premier ministre britannique Castaner.
00:23Une réunion sur la sécurité d'ailleurs a été annoncée en urgence après les émeutes de ces derniers jours.
00:28Émeute d'une rare violence dans plusieurs villes du pays,
00:31et liée à l'attaque au couteau dans laquelle trois enfants ont été tués
00:36et dix autres personnes blessées à Southport il y a tout juste une semaine.
00:40Alors, pour expliquer, comprendre cette situation explosive,
00:43on est avec Marie Billon, la correspondante d'RTL à Londres.
00:46Bonjour Marie.
00:47Bonjour.
00:48Alors certes, le drame de Southport est bien la toile de fond de cette flambée de violence,
00:52mais le détonateur, c'est une rumeur qui a parcouru les réseaux sociaux.
00:57Oui, c'est un tweet d'une personne qui a annoncé un faux nom pour le suspect
01:07qui avait été arrêté peu de temps après l'attaque de Southport.
01:10Un faux nom à consonance musulmane.
01:13Et dans le tweet, il était aussi dit que c'était un immigré clandestin
01:19qui serait fraîchement arrivé de la Manche.
01:23Tout ça a très rapidement été dénoncé comme de la désinformation.
01:28Malgré tout, l'idée qui est restée dans la tête de beaucoup,
01:32c'est qu'un immigré clandestin est venu en Angleterre
01:35pour littéralement tuer des petites filles alors qu'elles ne voulaient que danser.
01:38Et ça a vraiment créé une colère chez les personnes
01:42qui cherchaient finalement un prétexte pour faire ce genre de désordre.
01:49On est en plein milieu de l'été.
01:51La dernière fois qu'il y a eu des émeutes, c'était en 2011.
01:53Et c'était exactement à la même date.
01:55Selon les experts politiques, il y a vraiment un effet creux de l'été
01:59avec beaucoup de personnes qui ne savent pas quoi faire d'eux-mêmes
02:02et qui, de toute façon, cherchaient une excuse pour créer des violences.
02:05Fake news, rumeurs, effet de l'été, vous dites.
02:09Mais on est quand même dans une situation rarement vue en Angleterre, Marie,
02:13avec des scènes de violences extrêmes.
02:16Oui, absolument.
02:18Il y a eu par exemple hier, rien qu'hier,
02:20parce que les violences ont lieu depuis une semaine,
02:23depuis l'attaque du 29 juillet.
02:25Hier, deux hôtels dans lesquels des migrants sont a priori hébergés
02:29ont été pris d'assaut par des éléments d'extrême droite.
02:33L'un de ces hôtels, à Rotherham,
02:37a été envahi par une partie de la foule
02:42qui a même démarré un incendie
02:45Il y a eu plus de 100 personnes hébergées dans cet hôtel,
02:48à priori 100 réfugiés hébergés dans cet hôtel.
02:50La police fait aussi les frais des violences
02:53avec des jets de pierre, des jets de mobilier urbain.
02:56Il y a aussi des poubelles qui ont été incendiées.
02:59Au moins une voiture, très clairement en Angleterre,
03:02depuis les émeutes de 2011, qui étaient du 6 au 11 août.
03:06Ces émeutes ont déjà duré plus longtemps que les émeutes d'il y a 13 ans.
03:10C'est vraiment quelque chose qu'on voit très rarement en Royaume-Uni.
03:14Ces agitateurs, ces meneurs, qui sont-ils ?
03:18Comment ils s'organisent ?
03:20Ce sont pour la plupart des éléments d'extrême droite.
03:24Mais il n'y a plus de parties ouvertement d'extrême droite au Royaume-Uni depuis 2011.
03:30Ce qu'on appelait l'English Defence League,
03:32la ligue de la défense des Anglais,
03:35a été dissoute en 2011 et les autres parties précédentes,
03:38comme le parti national britannique ou même le front national britannique,
03:42n'existent plus.
03:43Si bien que les personnes qui participent à ces désordres n'ont pas de maison mère,
03:48ne sont pas centralisées,
03:50ce qui rend leur identification beaucoup plus compliquée pour la police.
03:53Et ils s'organisent sur les réseaux sociaux.
03:55On a vu que c'était de là que c'était parti.
03:57Mais c'est aussi comme ça qu'ils s'organisent sur X, sur Facebook
04:01et d'autres plateformes un peu moins grand public.
04:05Mais ce que disent les experts, c'est que,
04:08et d'ailleurs Keir Starmer, le Premier ministre,
04:10a demandé aux réseaux sociaux de prendre la responsabilité.
04:12Pour l'instant, sur X, par exemple,
04:15on peut toujours voir aujourd'hui des tweets
04:18qui disent que le suspect est un réfugié clandestin
04:23et qui dénoncent les politiques pour avoir dit que,
04:28par exemple, les réfugiés étaient bienvenus dans ce pays
04:30en disant que c'est eux les perpétrateurs,
04:33enfin ceux qui ont perpétré l'attaque de Saveport.
04:36Donc la désinformation est toujours présente en ligne
04:38et parfois même quand il y a beaucoup de tweets,
04:41naturellement sur X, ces sujets peuvent être vus comme tendance.
04:45Vous savez, c'est ceux qui apparaissent en haut de l'écran
04:47pour dire voilà de quoi les gens parlent en ce moment.
04:49Et beaucoup d'experts disent que c'est quelque chose
04:51que les réseaux sociaux pourraient vraiment changer.
04:54Mais pour l'instant, ça n'est pas fait.
04:57Et le gouvernement a peu de pouvoir pour les forcer à le faire.
05:00Justement, vous parlez du gouvernement.
05:03Il est nouveau ce gouvernement ? Il est en place depuis un mois ?
05:06Effectivement, ça change peut-être un peu la donne.
05:08Comment il réagit actuellement ?
05:10Il a été élu il y a un mois tout juste.
05:12C'était le 4 juillet dernier.
05:13Entré au pouvoir le 5 juillet.
05:14Donc on est vraiment à un mois tout juste.
05:16Alors Keir Starmer, qui est le nouveau Premier ministre,
05:19a de suite pris la parole.
05:22Il a fait deux discours à Downing Street.
05:23Il est allé sur place.
05:25La gauche est vue comme un peu faible côté sécurité.
05:28Donc il a vraiment voulu prendre les choses en main.
05:30Il est aussi un ancien procureur général.
05:32C'est important parce qu'il est vraiment attendu au tournant.
05:35Et il a dit hier que tous ceux qui ont participé à ces émeutes,
05:38que ce soit dans la rue ou sur les réseaux sociaux,
05:40pour créer les tensions, vont le regretter.
05:43Ce matin, il tient une réunion sécurité d'urgence Cobra
05:47pour justement coordonner la réponse policière.
05:52Et plusieurs députés ont demandé à Keir Starmer
05:55ce qu'il rappelle le Parlement,
05:57qui est bien sûr en pause pendant cet été.
06:01En tout cas, pour l'instant,
06:03Keir Starmer a pris les choses en main autant que possible.
06:07Mais il est en train toujours un petit peu de trouver finalement
06:10ses marques au sein de Downing Street.
06:13Et des actions concrètes n'ont pas été annoncées,
06:18à part plus d'aide pour les forces de police régionales.
06:21Vous avez souligné, Marie, on est au cœur de l'été.
06:23La justice et la police sont les moyens de faire face ?
06:26C'est ce qu'a dit un représentant de la police hier.
06:29Il y a encore assez de ressources,
06:31notamment des policiers formés à l'anti-émeute
06:34qui n'ont pas encore été déployés
06:36dans plusieurs dizaines d'unités du pays.
06:39Donc toutes les ressources n'ont pas encore été utilisées.
06:43Il y a déjà une meilleure coopération
06:45entre les forces de police.
06:48Il y a des détectives qui sont en train de travailler 24 heures sur 24
06:52pour identifier les suspects et les arrêter.
06:54Le gouvernement a bien dit qu'il allait avoir plus d'arrestations
06:57pendant ces prochains jours.
06:59Et la justice aussi.
07:01Il y a plus de juges qui ont été mis à disposition
07:04pour gérer les inculpations
07:07et finalement prononcer des sentences.
07:10Il est même possible que la justice puisse siéger 24 heures sur 24.
07:14C'est une mesure qui a été mise en place par Keir Starmer en 2011
07:17quand il était procureur général.
07:19Pour l'instant, ça n'a pas encore été annoncé,
07:21mais ça reste une possibilité pour accélérer le processus judiciaire.
07:24Merci Marie Billon de toutes ses précisions.
07:27Marie Billon en direct de Londres, la correspondante d'RTL.
07:30Une courte pause et puis dans un instant,
07:33avant d'éventuellement louer notre piscine,
07:36on va entrer dans la tête d'un dragon.
07:39Si, si, à tout de suite.