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- Grand témoin : Catherine Vautrin, Présidente de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et Présidente de la communauté urbaine du Grand Reims

LE GRAND DÉBAT / Police et jeunes des banlieues : dialogue impossible ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Lors de la cinquième nuit d'émeutes ayant suivi la mort de Nahel, un jeune homme de 27 ans est décédé à Marseille. La probable cause de sa mort : un choc causé par un projectile de « type Flash-Ball », lancé par les forces de l'ordre. Cet incident mortel relance le débat sur les violences policières et le rapport entre les jeunes de banlieue et les forces de l'ordre. Fabien Jobard ou encore Nicolas Jounin, respectivement politologue et sociologue, ont notamment montré que la cible de l'attention policière est souvent la jeunesse masculine issue de l'immigration. Le divorce semble consommé entre les forces de l'ordre et une partie de la jeunesse, en témoignent les 1105 bâtiments attaqués et les milliers de véhicules incendiés par de jeunes émeutiers. Alors, comment les réconcilier ?

Invités :
- Eric Poulliat, député Renaissance de Gironde
- Ugo Bernalicis, député LFI du Nord
- Abdoulaye Kanté, policier dans les Hauts-de-Seine et auteur de « Policier, enfant de la République » (Fayard)
- Mikael Corre, journaliste à La Croix

LE GRAND ENTRETIEN / Catherine Vautrin : comment rendre les quartiers plus attractifs ?
Les récentes émeutes en banlieue, suite à la mort de Nahel, jettent la lumière sur la politique de la ville. Si les représentants politiques pointent la responsabilité personnelle des familles, la stratégie d'urbanisme peut être un facteur d'intégration sociale. Comment les maires et les élus locaux peuvent-ils agir pour « déghettoïser » les quartiers ?

- Grand témoin : Catherine Vautrin, Présidente de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et Présidente de la communauté urbaine du Grand Reims

BOURBON EXPRESS :
- Stéphanie Dépierre, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Thomas Lestavel, journaliste économique
- Eve Szeftel, journaliste à Libération

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir et bienvenue. Ça vous regarde en direct notre grand témoin ce soir, c'est Catherine Vautrin.
00:11 Bonsoir.
00:12 Et merci d'être là. Vous êtes la présidente du Grand Rhin, dont vous êtes l'adjointe au maire.
00:17 Rhin, c'est 43% de logements sociaux et un bilan très lourd de destruction.
00:22 Durant ces nuits des mutes, on va en parler longuement.
00:25 Vous êtes aussi la présidente de l'ANRU, l'agence nationale de la rénovation urbaine qui fête ses 20 ans.
00:30 Alors qu'est-ce qui a été fait et qu'est-ce qui reste à faire pour déghétoïser nos quartiers ?
00:35 On va en parler longuement tout à l'heure dans la deuxième partie.
00:37 Mais on commence ce soir par cette question.
00:39 Comment réconcilier la police avec les jeunes des banlieues ?
00:44 Au terme de ces nuits des meutes, des voix s'élèvent dans l'opposition,
00:47 mais pas seulement pour appeler à une refonte complète de l'institution policière.
00:51 Ce soir, Gérald Darmanin ne ferme pas la porte à une réforme.
00:56 Alors comment très concrètement travaillent les policiers sur le terrain, dans les quartiers ?
01:01 Quelles sont leurs relations avec la population ?
01:03 Y a-t-il une haine anti-flic ? Grand débat.
01:06 Dans un instant avec mes invités, avant de retrouver nos parties prises, nos affranchis,
01:10 et puis Bourbon Express, bien sûr, l'histoire du jour à l'Assemblée.
01:13 Voilà pour le menu, on y va Catherine Vautrin ?
01:15 - A tout de suite. - Ça vous regarde, c'est parti.
01:17 Musique de générique
01:20 Y aura-t-il un avant et un après la mort de Naël dans la police ?
01:32 L'heure est évidemment à la réponse pénale aux faits de délinquance
01:35 qui ont explosé dans toute la France et au retour à l'ordre,
01:37 mais la question du lien police-population dans les quartiers se pose aussi plus que jamais.
01:43 La rupture est-elle totale entre ces jeunes et la police ?
01:46 Si la police, je cite, "doit se réformer",
01:48 elle ne doit pas servir de bouc émissaire, c'est ce qu'a dit au Sénat cet après-midi le ministre de l'Intérieur.
01:54 Bonsoir Éric Pouliat. - Bonsoir.
01:56 - Merci d'être là. Vous êtes député Renaissance de Gironde.
01:59 Vous suivez les questions de sécurité, tous ces textes liés à la justice et à la sécurité.
02:04 A l'Assemblée nationale, vous débattez ce soir avec Hugo Bernalicis.
02:07 Bonsoir. - Bonsoir.
02:08 - Député de la France Insoumise du Nord, vous aussi, vous suivez tous ces textes.
02:11 Police, justice, et notamment une réforme en cours de discussion à l'Assemblée.
02:15 Bonsoir Aboulaï Kanté. - Bonsoir.
02:17 - Merci d'être avec nous. Vous êtes policier dans les Hauts-de-Seine,
02:19 engagé sur ce fameux dialogue "Police-population".
02:21 On va y revenir longuement. Vous êtes auteur de "Policier, enfants de la République" chez Fayard.
02:26 Enfin, bonsoir Michael Khor. - Bonsoir.
02:28 - Ravie de vous accueillir. Vous êtes journaliste à La Croix.
02:31 Vous avez beaucoup enquêté sur la police, notamment au commissariat de Roubaix.
02:34 Vous avez passé un an en immersion au "Central", reportage publié au long cours dans votre quotidien
02:40 qui est devenu un livre, le "Central" chez Bayard.
02:43 Catherine, votre lecture de ces événements nous intéresse.
02:46 Reims n'a pas été épargné.
02:49 Vous nous direz si on parle encore sur le terrain entre ces jeunes et ces policiers,
02:53 ou si la rupture est totale.
02:54 On commence par planter le décor. La fracture, jeunes policiers, c'est le chrono de Blacos.
02:58 Pour commencer.
02:59 Bonsoir, Sir Stéphane. Je me retourne pour vous accueillir.
03:04 Je vous invite à faire la même chose.
03:05 - Bonsoir Myriam.
03:06 - Bonsoir à tous et à toutes.
03:07 - C'est ça que je la cosse.
03:08 - Même si le tout n'est pas majoritaire ce soir.
03:10 Il y a guère de doutes si on doit partir d'un point de départ.
03:13 En ce moment, il y a une fracture entre les jeunes et la police.
03:17 Pour dire ça, je m'appuie sur un sondage de cette semaine de l'IFOP
03:20 qui montre que dans l'ensemble, les Français ont plutôt une confiance et sympathie dans la police.
03:26 Mais sauf que quand on demande aux jeunes, les 18-24 ans, ce n'est plus du tout le cas.
03:30 Il y a une chute carrément de 20 points sur les sentiments positifs qu'ils peuvent éprouver vis-à-vis de la police.
03:36 Il y a une vraie défiance des jeunes envers la police.
03:39 D'où vient cette fracture ?
03:40 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a deux accusations dans le débat public
03:44 qui sont souvent adressées à la police.
03:46 C'est le racisme et les violences policières.
03:49 Quand on parle du racisme, il y a une étude qui fait référence.
03:52 Elle date de 2017.
03:53 Elle avait été commandée par le rapporteur des droits qui était Jacques Toubon.
03:57 - Le défenseur des droits.
03:58 - Défenseur des droits.
03:59 - Défenseur des droits.
04:00 D'ailleurs, c'est marqué.
04:01 Il suffisait de le lire, ce que je n'ai pas fait, qui était Jacques Toubon.
04:02 Pas vraiment un gauchiste.
04:03 Il disait que quand on est jeune, noir ou arabe en France,
04:06 on a parfois plus de chances de se faire contrôler,
04:09 de risque de se faire contrôler par la police.
04:11 Donc ça, c'était il y a cinq ans.
04:13 Je ne sais pas si les choses ont vraiment évolué dans le bon sens
04:15 quand on voit la violence du communiqué des deux syndicats majoritaires dans la police.
04:18 Vu que les propos à caractère raciste ont interdit,
04:21 on a l'impression qu'on joue un peu avec les limites de la loi
04:24 pour qualifier les métiers de hors de sauvage ou carrément de nuisibles.
04:29 Donc finalement, quand on voit ça, on n'est pas tellement étonné
04:32 que l'ONU épingle la France.
04:34 Vous avez vu que le Haut Commissariat aux droits de l'homme
04:36 parle de profonds problèmes de racisme dans la police française.
04:40 Et on n'est pas non plus étonné que de l'autre côté,
04:43 le préfet de police de Paris soit choqué par les accusations de l'ONU.
04:46 On écoute.
04:47 Là, pour le coup, M. Duhamel a s'est choqué par l'utilisation de ce terme.
04:51 A s'est choqué.
04:52 Donc il n'y a pas de racisme dans la police.
04:54 On lutte contre des délinquants qui mettent en danger la vie d'autrui.
04:58 Et on continuera à le faire.
05:00 Donc ce que dit Laurent Nunez,
05:02 c'est que la police n'arrête jamais des gens en fonction de leur couleur de peau,
05:05 mais uniquement parce que ce sont des délinquants.
05:07 Et donc les chiffres qu'il cite à l'appui,
05:09 ce sont des chiffres de la préfecture, évidemment,
05:11 qui nous disaient que, voyez,
05:13 48% des délinquants arrêtés à Paris sont des étrangers,
05:17 voire 70% dans le cadre des vols avec violence.
05:20 Donc on en arrive à la question,
05:21 est-ce que si on contrôle plus souvent ceux qui ont l'air d'être étrangers,
05:24 c'est du pragmatisme ou du racisme ?
05:26 Attention, je ne réponds pas.
05:27 Je imagine que le débat battra sans plein tout à l'heure.
05:29 Et pour ce qui est des violences policières,
05:31 c'est Marine Tondelier, la patronne des Verts,
05:33 qui tirait le signal d'alarme en disant,
05:35 attention, on va vers une américanisation de la police,
05:37 peut-être en pensant notamment à l'affaire George Floyd.
05:40 En fait, on en est quand même très, très, très loin.
05:42 Vous voyez, ça c'est le magazine Basta,
05:44 donc un magazine d'extrême gauche, on va dire,
05:46 qui publiait des chiffres en disant 39 personnes tuées par la police en 2022.
05:50 Aux États-Unis, c'était, l'an dernier,
05:52 plus de 1 000 personnes tuées par la police,
05:54 donc carrément 30 fois plus.
05:57 Cela dit, ce n'est peut-être pas la bonne comparaison.
05:59 Il faudrait peut-être revenir à des comparaisons européennes.
06:01 C'est ce qu'a fait Mathilde Panot hier,
06:03 en comparant la police allemande et la police française
06:06 dans le cas des refus d'obtempérer.
06:08 On l'écoute.
06:09 Comment un jeune de 17 ans peut-il être tué par un policier en République française ?
06:15 Pourquoi 16 personnes ont-elles trouvé la mort
06:18 depuis un an et demi en France pour refus d'obtempérer,
06:20 quand l'Allemagne n'en compte qu'un mort en 10 ans ?
06:23 Alors, effectivement, les chiffres sont assez accablants
06:26 pour les méthodes de la police française.
06:28 Il y a peut-être une petite objection qu'on peut faire.
06:30 En tout cas, rappelez que le nombre de refus d'obtempérer
06:32 a augmenté de 50 % au cours des 10 dernières années,
06:35 donc 27 000 refus d'obtempérer l'an dernier,
06:38 ce qui, statistiquement, augmente les risques de dérapage.
06:41 Mais, en fait, quand on accuse la police d'être à l'origine
06:44 et d'être la source des violences et des tensions en banlieue,
06:47 il y a quand même un argument qui empêche ce raisonnement.
06:50 C'est quand on regarde que, du côté des pompiers,
06:52 au cours des 15 dernières années,
06:54 le nombre de pompiers agressés n'a cessé d'augmenter.
06:58 Or, on ne voit pas comment on accuserait les pompiers
07:01 d'être responsables des violences dont ils sont les objets.
07:04 Donc, évidemment, il y a sans doute des réformes à faire dans la police.
07:07 Je ne crois personne du contraire.
07:09 Est-ce qu'il faut tout refaire de la cave au grenier,
07:11 comme le disent certains ?
07:12 Eh bien, vous pouvez être là pour en débattre.
07:14 Merci beaucoup, Stéphane.
07:15 J'ai commencé avec vous, Abdoulaye Conté.
07:17 Dans quel état sont les policiers ?
07:19 Vous étiez sur le terrain, il y a eu plusieurs nuits d'émeute.
07:22 On imagine un énorme épuisement, bien évidemment,
07:25 après déjà toutes les crises affrontées.
07:28 Mais n'y a-t-il pas un peu de désarroi, aussi,
07:30 face à cette fracture avec les jeunes ?
07:33 On a traversé une période qui est assez difficile.
07:36 Je pense que, pour ceux qui ont connu 2005,
07:38 ça a été quelque chose de très inédit.
07:40 On va dire que la violence qui a explosé comme ça d'un coup,
07:43 c'est vrai qu'on n'était pas du tout préparés.
07:45 Mais je pense aussi que, du côté de nos collègues,
07:47 il y avait aussi une forme de résilience
07:49 parce qu'effectivement, il y a eu un drame.
07:51 Personne ne le dit.
07:53 Je pense qu'aucun policier ne se satisfait de la mort d'un jeune homme,
07:56 notamment du jeune Ahel,
07:58 même aussi, on va dire, celui qui a tiré.
08:00 Mais pour autant, je pense que, oui,
08:02 l'état actuellement dans la tête des policiers,
08:05 il y a eu vraiment un déchaînement de violence
08:07 parce que ça a dépassé tout ce qu'on pouvait imaginer.
08:10 C'est au-delà même du pillage, etc.
08:14 Il y a aussi eu des cibles.
08:16 Des policiers, on a été ciblés,
08:18 que ce soit à la fois sur le terrain,
08:20 mais aussi dans nos vies privées.
08:22 Vous avez des policiers qui ont été menacés.
08:24 J'en fais partie aussi.
08:26 C'est vrai que c'était un déchaînement de violence.
08:28 -Il y a des policiers qui ont été passés à tabac à Marseille.
08:31 -Il y a eu cela, beaucoup de violence.
08:33 -Pompiers également, mais il y a eu aussi...
08:35 -C'est pour ça que je voulais rendre hommage
08:37 à toutes ces forces qui ont quand même...
08:39 On ne peut pas déplorer aussi, on va dire, de mort,
08:41 parce que ça a été quelque chose de très, très violent.
08:44 -Mais ce face-à-face complet avec les jeunes,
08:46 si on met... Voilà, il y a les émeutes,
08:48 mais il y a aussi une difficulté pour la police,
08:51 notamment nationale, sur le terrain.
08:53 On dit que même parfois, la rupture est totale.
08:56 Il n'y a plus de discussion possible.
08:58 Vous le constatez ? Comment vous l'expliquez ?
09:00 -Ca dépend. Vous savez que quand il y a une émotion
09:02 qui, par exemple, a certains faits divers,
09:04 forcément, évidemment, on ne peut pas discuter
09:06 quand on est sous le coup de l'émotion.
09:08 Moi, si vous voulez, j'appuie beaucoup sur le dialogue,
09:10 parce qu'avant la répression, il y a une forme de dialogue.
09:12 Et quand je vais dans ces quartiers-là
09:14 discuter avec ces gamins, je peux vous dire
09:16 que le mot "police", tout de suite,
09:18 il y a énormément d'interrogations,
09:20 et des fois aussi, peut-être, une forme de réticence.
09:22 Mais quand on leur parle, déjà, il faut savoir écouter.
09:24 Vous savez, moi, ce que je fais, en général,
09:26 et je le dis aussi à mes collègues, je dis que,
09:28 pour être compris, il faut expliquer vos actions.
09:30 Si vous n'expliquez pas, vous êtes incompris,
09:32 et ça donne beaucoup d'ineptie.
09:34 Et je pense qu'il faut accentuer sur cela,
09:36 pour déjà expliquer ce que l'on fait pour être compris.
09:38 Et ça, forcément, c'est un gros travail,
09:40 mais la police ne pourra pas tout.
09:42 -Est-ce qu'il y a une haine anti-flic, Michael Khor,
09:44 qui vous a pété, pour le dire simplement ?
09:46 -Je sais pas. En tout cas, le mot "haine"
09:48 renvoie à la question des émotions,
09:50 et je pense que c'est la bonne question,
09:52 la gestion des émotions, d'un côté comme de l'autre.
09:54 C'est-à-dire que gérer ses émotions,
09:56 ça s'apprend,
09:58 et côté policier,
10:00 on entend beaucoup parler de la formation initiale.
10:02 Elle est trop courte,
10:04 etc., etc.
10:06 -Vous en parlez.
10:08 -Moi, ce que j'ai observé sur le terrain,
10:10 c'est que les policiers qui sortent d'école,
10:12 et il y en a d'autres qui sont là depuis plus longtemps,
10:14 je pense qu'un policier, ça doit se recycler
10:16 comme un pilote d'avion,
10:18 parce que c'est un métier
10:20 dont on mesure pas la technicité,
10:22 la technicité en matière judiciaire,
10:24 mais aussi dans l'emploi d'armes
10:26 et de plus en plus d'armes, dans l'emploi de véhicules, etc.
10:28 -On va venir dans le détail sur les solutions possibles.
10:30 La formation, c'est un mot qui a été prononcé
10:32 plusieurs fois par le ministre de l'Intérieur,
10:34 qui a été auditionné au Sénat,
10:36 mais sur le communiqué d'Allianz.
10:38 Allianz, une, ça, c'est important.
10:40 Vous avez parlé entre collègues,
10:42 vous avez parlé à des policiers depuis.
10:44 Est-ce que vous reconnaissez dans ces mots
10:46 qui sont d'une violence,
10:48 "ordre sauvage, nuisible, guerre" ?
10:50 Est-ce que les policiers avec qui vous avez des contacts
10:52 se sentent solidaires de ces mots-là ou pas ?
10:54 -Les policiers que j'ai pu avoir ces derniers jours,
10:56 ils étaient pas du tout dans ce genre de narratifs.
10:58 C'est vrai que c'est des narratifs
11:00 auxquels Allianz nous habitue,
11:02 mais généralement, on est plutôt habitués
11:04 à trouver ces mots-là
11:06 du côté de policiers en colère,
11:08 et policiers en colère,
11:10 aux élections professionnelles, ça fait 3 %.
11:12 Après, sur le syndicalisme policier et Allianz,
11:14 il y a des stratégies,
11:16 sur les dernières élections professionnelles,
11:18 on pourrait y passer l'émission,
11:20 mais en gros, il y a une stratégie un peu de rupture
11:22 et qui marche,
11:24 c'est-à-dire qu'il y a des syndicats de police
11:26 qui, en affichant comme ça
11:28 de manière extrêmement politique,
11:30 une adhésion totale,
11:32 sans aucune nuance
11:34 à ce que vivent les policiers,
11:36 qui récoltent de l'adhésion, et ça, c'est un fait.
11:38 Après, les policiers que j'ai eus ces derniers jours,
11:40 ils étaient dans des questions, encore une fois,
11:42 plus techniques et plus simples.
11:44 Par exemple, on leur dit,
11:46 dans les deux premières nuits,
11:48 "peu d'armes de force intermédiaire".
11:50 Là, on leur a dit, "vous interpelez".
11:52 Mais en fait, c'est tout le temps comme ça
11:54 dans la police, on leur a pas dit
11:56 comment ça allait se faire exactement.
11:58 Dans les commissariats, l'obsession,
12:00 c'était comment on décale 15 ou 20
12:02 officiers de police judiciaire,
12:04 de ramener des gars dans des geôles
12:06 qui sont déjà pleines et qui explosent.
12:08 Après, il faut quand même des gens pour faire de la patrace.
12:10 -Donc là, c'est la question de la doctrine,
12:12 de la gestion des effectifs que vous posez.
12:14 On va pas du tout jeter l'opropre
12:16 sur toute une profession,
12:18 c'est pas l'objet de ce débat,
12:20 mais est-ce qu'il faut, pour vous, monsieur le député,
12:22 quand même s'interroger sur la police
12:24 après la mort de Nahel ?
12:26 Est-ce que vous dites, sur le fond, déjà,
12:28 il faut ouvrir la boîte à réformes ?
12:30 -Je crois que c'est un débat, avant tout,
12:32 qui mérite qu'on n'aille pas
12:34 dans des trop grandes généralités trop facilement.
12:36 Quand on parle des jeunes,
12:38 il y a pas "les jeunes", il y a "des jeunes"
12:40 qu'il faut différencier, etc.
12:42 Et on l'a vu, même si les jeunes,
12:44 effectivement, ont un rapport de confiance
12:46 avec la police compliqué, c'est pas tous les jeunes
12:48 qui détestent la police.
12:50 -Bien sûr, mais quand on sonde les jeunes,
12:52 les 18-24 ans, on arrive
12:54 à un jeune sur deux qui a confiance seulement,
12:56 et là, on n'est pas sur des statistiques
12:58 de jeunes qui vivent dans les quartiers.
13:00 C'est national, donc c'est dire.
13:02 Et le face-à-face que redoutait Gérard Collomb,
13:04 on y est, dans les quartiers,
13:06 entre les jeunes et la police.
13:08 -On y est, mais pour moi, la police,
13:10 c'est un des visages de la République.
13:12 C'est un des visages de ce qui fait sens,
13:14 de ce qui représente un petit peu
13:16 nos institutions, et c'est souvent le dernier
13:18 qui reste dans certains territoires.
13:20 -Est-ce qu'il y a des choses à changer ?
13:22 -Il y a forcément des choses à changer,
13:24 mais je pense que... Moi, je suis pas contre
13:26 le fait d'englober une réforme
13:28 de la police dans une logique
13:30 plus globale, dans une réponse plus globale,
13:32 que la République doit faire
13:34 à la jeunesse, à notre jeunesse,
13:36 à lui redonner des perspectives,
13:38 à lui redonner un espoir, notamment dans ces quartiers-là,
13:40 plus encore, ou dans la ruralité,
13:42 parce qu'on a aussi une perte de confiance
13:44 dans nos institutions. Mais je pense
13:46 que c'est une réponse globale, et stigmatiser
13:48 que le problème ne viendrait uniquement
13:50 que de la police est une erreur.
13:52 -C'est pas du tout ce que je dis,
13:54 j'ai mis toutes les précautions,
13:56 mais les problématiques, soir après soir,
13:58 et cette question de la police,
14:00 elles se posent. Inexcusable,
14:02 ça va de soi, tout ce qui s'est passé,
14:04 les violences, le gouvernalisme, les condamnés ?
14:06 -Je savais pas que c'était le sujet de l'émission.
14:08 -Je vous pose la question, et ensuite,
14:10 j'arrive à la réforme. -C'était sur l'organisation
14:12 policière. -Je vous pose la question.
14:14 -Mais oui, si vous voulez que je vous dise
14:16 que je suis contre le fait qu'on brûle une mairie,
14:18 je suis contre le fait qu'on brûle une mairie,
14:20 une salle de spectacle, une bibliothèque,
14:22 parce qu'après, en face, ils vont m'expliquer
14:24 que c'est un théâtre, qu'on peut brûler le reste.
14:26 Parce qu'on est dans cette ambiance...
14:28 -Tant que vous les condamnez. -Dans laquelle vivent
14:30 aussi les policiers. -Les propos de Jean-Luc Mélenchon.
14:32 -Comment ? -Les propos de Jean-Luc Mélenchon.
14:34 -Les propos de Jean-Luc Mélenchon ?
14:36 -Qui trie un peu, qui dit qu'il faut pas brûler
14:38 les écoles, mais le reste, on a un peu droit.
14:40 -Votre manière de polémiquer, comme d'habitude,
14:42 comme votre présidente de groupe l'a fait
14:44 pas plus tard qu'hier, en instrumentalisant
14:46 la mort de ce jeune caporal-chef
14:48 des sapeurs-pompiers de Paris.
14:50 -Alors, quel est votre regard
14:52 sur l'action de la police dans les quartiers ?
14:54 Est-ce qu'elle a évolué ?
14:56 Est-ce qu'elle s'est durcie ?
14:58 -Elle a évolué en 2005.
15:00 2005, c'est un point de rupture,
15:02 notamment dans les méthodes qui sont employées
15:04 dans les quartiers populaires, et c'est à partir de là
15:06 où on a commencé à avoir
15:08 l'apparition des flash-balls
15:10 puis des LBD dans les quartiers populaires
15:12 qui n'étaient pas utilisés avant,
15:14 et des méthodes de contrôle sociale
15:16 qui sont beaucoup plus avancées.
15:18 Et ça fait suite à une décision politique.
15:20 Là, on parle politiquement comment tout ça a évolué,
15:22 comment on peut y répondre.
15:24 La fin de la police de proximité,
15:26 avec la décision de Nicolas Sarkozy,
15:28 a conduit à avoir une difficulté,
15:30 en 2005, des suites de ça.
15:32 Tout le monde a dit qu'il faudrait remettre des gens
15:34 dans les quartiers, sauf que remettre des gens,
15:36 des policiers, dans les quartiers,
15:38 et pas que, je pense, mais à tout le moins des policiers,
15:40 c'est de quelle manière ?
15:42 Or, la doctrine qui a été élaborée par Nicolas Sarkozy,
15:44 qui était en rupture avec la police de proximité,
15:46 ça s'appelait, et s'était assumée à l'époque,
15:48 la police de projection.
15:50 On va mutualiser les moyens dans des grands hôtels de police,
15:52 et vous allez appeler le 17, etc.,
15:54 et on va vous envoyer des véhicules.
15:56 Ce qui fait qu'on perd l'ancrage territorial,
15:58 l'ancrage géographique du policier.
16:00 Et donc, vous vous retrouvez avec des équipages indifférenciés
16:02 qui peuvent intervenir dans le même quartier,
16:04 y compris à tour de rôle,
16:06 sans qu'il y ait de coordination et d'enjeu.
16:08 Et surtout, une police qui vient
16:10 en n'ayant pas la capacité de faire
16:12 ce qu'a dit M. Canté tout à l'heure,
16:14 que je partage... Il n'y a pas d'explication.
16:16 Vous savez, il y a une appelle du 17,
16:18 on arrive, on interpelle, on fait ce qu'on a à faire,
16:20 on s'en va, fin de l'histoire.
16:22 Et sur un rendement comme celui-là...
16:24 -C'est bien plus compliqué que ça.
16:26 -J'ai coupé personne, j'ai été poli moi.
16:28 Si vous voulez qu'on se coupe réciproquement...
16:30 -Allez-y, terminez.
16:32 C'est bien de débattre aussi, mais allez-y.
16:34 -C'est pour ça que je ne suis pas le premier
16:36 à ne pas couper la parole.
16:38 Je veux juste pouvoir aller au bout de ce propos.
16:40 C'est une question de doctrine et d'organisation.
16:42 On nous a fait miroiter, avec la police de sécurité du quotidien,
16:44 qu'on allait reprendre pied dans les quartiers.
16:46 Des guillemets à la formule, d'ailleurs,
16:48 avec les quartiers de reconquête républicaine.
16:50 Bon, bilan, on est en 2023.
16:52 -Ici, des bons mots de la sécurité.
16:54 -Bilan pas glorieux.
16:56 D'ailleurs, où est passée la police de sécurité du quotidien ?
16:58 Vous savez qu'à l'époque,
17:00 ça fait la troisième fois que je pose la question
17:02 à Gérald Darmanin, au directeur général de la police,
17:04 on nous avait promis de faire une enquête,
17:06 une analyse universitaire
17:08 sur la police de sécurité du quotidien.
17:10 Vous retrouverez les visuels sur les réseaux sociaux,
17:12 sur le site du ministère,
17:14 c'est appelé le LabPSQ, avec des universités.
17:16 -Police de sécurité du quotidien.
17:18 -Je sais pas où est cette enquête, personne n'est au courant
17:20 si elle existe encore, personne ne s'interroge plus de rien,
17:22 et on a pile des dispositifs comme ça au fur et à mesure.
17:24 Et là, on est dans la réforme de la départementalisation
17:26 de la police, parce qu'il y en a plein dans la police.
17:28 Beaucoup, le rapport de l'inspection
17:30 montrait qu'il y avait sept ou huit réformes
17:32 en cours en parallèle en ce moment
17:34 au sein de la police nationale.
17:36 La question, c'est pas si elle doit être réformée ou pas,
17:38 elle l'est, c'est quelle direction politique,
17:40 quels sont les objectifs qu'on assigne à la police ?
17:42 -On va les entendre, les jeunes, mais je voudrais votre regard.
17:44 Je l'ai dit, il y a eu un incendie de tramway,
17:46 il y a eu énormément de saccages à Reims.
17:48 Il se parle, sur le terrain,
17:50 ces jeunes-là,
17:52 où le divorce est consommé,
17:54 et cette police de proximité vous manque-t-elle ?
17:56 -Je ne vais pas faire l'inventaire
17:58 de ce qui s'est passé à Reims,
18:00 mais c'est vrai que Reims n'a pas cette habitude,
18:02 et que très concrètement, jeudi soir,
18:04 puisque ça s'est passé essentiellement jeudi soir,
18:06 il y a eu dans l'ensemble des quartiers,
18:08 je rappelle sept quartiers politiques de la ville,
18:10 et vraiment,
18:12 quatre quartiers dans lesquels
18:14 les émeutes ont démarré au même moment,
18:16 avec effectivement des risques, y compris pour la population,
18:18 quand on prend un tramway dans lequel il y a du monde
18:20 et qu'on met le feu, très concrètement,
18:22 on a une volonté qui est une volonté
18:24 de blesser, il faut dire les choses.
18:26 Moi, ce qui m'a beaucoup étonnée dans ces émeutes,
18:28 ça a été également le fait que quand on va s'attaquer
18:30 aux bureaux de police dans les quartiers,
18:32 les premières victimes sont les habitants, c'est pas le sujet.
18:34 Je reviens sur le sujet police.
18:36 Concrètement, aucun d'entre nous n'était né,
18:38 ou en tout cas aux responsabilités.
18:40 Moi, je pense qu'on est arrivé à une étape
18:42 qui est une évolution de la société,
18:44 une évolution par rapport, notamment,
18:46 à l'autorité. Et j'imagine que
18:48 celles et ceux qui étaient avant nous
18:50 immédiatement après 68
18:52 ont dû se poser des questions,
18:54 parce que là aussi,
18:56 il y a eu un certain nombre de réflexions
18:58 autour de l'autorité.
19:00 - Le préfet Grémeau. - La société a évolué,
19:02 les choses ont bougé.
19:04 Vous avez visualisé le général De Gaulle,
19:06 discours de 69, et vous verrez que,
19:08 très concrètement, il y a là-dessus des propositions,
19:10 la France a évolué. Et est-ce que, finalement,
19:12 depuis maintenant, depuis 2005,
19:14 vous citiez les émeutes de 2005,
19:16 est-ce que, finalement, depuis 2005,
19:18 il n'y a pas eu une accumulation
19:20 de recherches, de réponses,
19:22 sans avoir une approche globale
19:24 qui a effectivement fait prendre conscience
19:26 que quand on parle de la cohésion
19:28 d'une société, sur quoi sommes-nous d'accord ?
19:30 Et rien qu'à vous entendre parler,
19:32 je sais bien qu'il y a un certain nombre de sujets
19:34 sur lesquels nous n'avons pas la même lecture.
19:36 Et le rapport à l'autorité a changé,
19:38 et quelque part, cette notion
19:40 de rapport à l'autorité est une notion
19:42 vis-à-vis de la police. Dernier point,
19:44 il y a un élément qu'aucun d'entre vous n'a évoqué,
19:46 c'est que depuis, les collectivités,
19:48 et notamment les villes, je parle des villes
19:50 parce que c'est souvent là qu'il y a les quartiers,
19:52 ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de sujet en rural,
19:54 mais souvent dans les communes,
19:56 il y a maintenant dans les villes des polices municipales,
19:58 et il faut aussi qu'on regarde
20:00 quel est ce rôle entre police municipale
20:02 d'un côté, police nationale de l'autre,
20:04 et d'ailleurs, qu'est-ce qu'on confie
20:06 aux collectivités comme responsable ?
20:08 - Alors on y va sur les solutions, police municipale,
20:10 police du quotidien, la question des armes
20:12 est posée, la question de la doctrine,
20:14 de l'organisation, mais d'abord, on va les entendre,
20:16 les jeunes. Maïté Frémont
20:18 est allée laisser traîner
20:20 son micro dans le 19e arrondissement
20:22 de Paris. Micro ouvert,
20:24 visage couvert, reportage.
20:26 [Musique]
20:30 - Je m'appelle Samy, j'ai 26 ans.
20:32 - Je m'appelle Mahmoud,
20:34 et j'ai 15 ans. - Bonjour, moi c'est
20:36 Kévin, j'ai 26 ans.
20:38 [Musique]
20:42 - On me contrôle pour aucune raison,
20:44 on jette mes affaires
20:46 à même le sol,
20:48 pour aucun
20:50 prétexte, et
20:52 à la fin du contrôle, bah,
20:54 le maire se revoit, et il me laisse repartir.
20:56 - La prise d'identité,
20:58 la façon de mettre la pression sur
21:00 quelqu'un qui n'est pas forcément habitué
21:02 à se faire contrôler ou quelque chose comme ça,
21:04 donc à partir de là, moi,
21:06 ça crée une certaine peur, moi je vous dis
21:08 la vérité, moi, la relation
21:10 que j'ai avec la police, c'est que je les évite.
21:12 - Il y avait des affrontements entre les jeunes
21:14 et les policiers, et il y avait
21:16 une personne qui passait
21:18 pour rentrer chez lui, juste derrière les policiers,
21:20 et il y a deux policiers qui se sont,
21:22 qui lui ont dit de partir,
21:24 et le monsieur lui a dit "oui, je vais partir",
21:26 et il y a
21:28 deux policiers qui l'ont attrapé, qui l'ont tapé.
21:30 - Certains, ils disent des fois, pourquoi
21:32 on court ? Il y a des jeunes qui savent que
21:34 s'ils restent,
21:36 ils vont rentrer avec des coca,
21:38 ou ils vont rentrer avec des choses.
21:40 - Il n'y a pas de police idéale,
21:46 ils sont là
21:48 pour faire régner
21:50 les lois, et
21:52 de respecter un petit peu tout le monde,
21:54 quand tout le monde doit
21:56 les respecter, je pense.
21:58 - Premier truc à avoir, par exemple,
22:00 lors d'un contrôle de routine,
22:02 c'est
22:04 la politesse,
22:06 tout simplement.
22:08 "Bonjour monsieur, comment allez-vous ?"
22:10 - Surtout de la
22:16 formation de la police, je pense.
22:18 - J'essaierai de donner la parole aux jeunes.
22:20 - Ça va être compliqué, parce qu'en vrai,
22:22 il faut qu'aussi,
22:24 que la justice soit faite, et surtout qu'à un moment donné,
22:26 la police reconnaisse qu'il y a du racisme
22:28 dans la police, c'est ça qu'ils
22:30 ont du mal à reconnaître. - Il va falloir que la police
22:32 fasse un très gros effort.
22:34 Mais vraiment,
22:36 il faut qu'ils
22:38 prennent la main. - Il y a un truc que je ne comprends pas, c'est
22:40 des professionnels qui doivent s'occuper de ça,
22:42 et ça aide
22:44 de trouver des solutions.
22:46 On a voté, on a truc, on a machin,
22:48 ça va trouver des solutions.
22:50 - Abdoulaye Kanté, il y a beaucoup de choses.
22:52 - Oui, évidemment, ce sont des questions...
22:54 - La question du racisme dans la police,
22:56 chez certains policiers.
22:58 - Bien sûr, ce sont les mêmes questions qui reviennent
23:00 chaque fois que je vais rencontrer ces jeunes dans les quartiers
23:02 difficiles, ce sont toujours les mêmes,
23:04 à me sortir, évidemment, le racisme
23:06 dans la police, les violences illégitimes,
23:08 vous avez vu, je ne dis pas violences policières,
23:10 parce que voilà... - Les contrôles au faciès.
23:12 - Les contrôles au faciès répétés.
23:14 - Les contrôles au faciès, etc.
23:16 Je pense qu'il faut avoir aussi cette capacité
23:18 d'écoute, parce que c'est vrai que si on veut expliquer
23:20 nos actions, il faut savoir aussi écouter les critiques.
23:22 Nous sommes un service public, et je pense aussi
23:24 que ces jeunes ne connaissent pas forcément leurs droits.
23:26 Moi, souvent, quand je vais les voir, je leur dis
23:28 "écoutez, souvent, quand vous allez faire un policier
23:30 qui se comporte mal envers vous,
23:32 est-ce que vous savez ce que vous faites ? Vous allez raconter l'histoire,
23:34 mais qu'est-ce que vous avez fait après ?" C'est comme
23:36 pareil pour le racisme. Moi, je n'ai jamais nié
23:38 qu'il y avait une minorité de racistes
23:40 dans la police, effectivement, et je peux vous dire
23:42 qu'on est une nouvelle génération, on le dénonce.
23:44 Il ne faut pas être malhonnête à dire que oui,
23:46 que la police française est raciste. Ceux qui disent ça,
23:48 franchement, c'est d'une malhonnêteté, mais sans non.
23:50 Effectivement, comme dans toute part de la société,
23:52 il y a des racistes, mais qu'est-ce qu'il faut faire ?
23:54 Effectivement, ne pas, évidemment, être victime
23:56 d'un comportement raciste et se dire "je l'ai été",
23:58 mais qu'est-ce qui a été fait derrière ?
24:00 Donc, qu'est-ce qu'il faut faire derrière ? Effectivement, il y a des dispositifs.
24:02 - Il y a de la formation, et ce sont ces jeunes
24:04 eux-mêmes qui en parlent. J'ai découvert
24:06 qu'à la sortie d'école,
24:08 les policiers 24-25 ans sont affectés
24:10 directement le plus souvent
24:12 dans ces quartiers, notamment en Ile-de-France.
24:14 On n'est pas prêts.
24:16 Comment c'est possible, ça ?
24:18 - Oui, bien sûr, il y a une réflexion là-dessus.
24:20 Il y a une réflexion là-dessus, au sens que
24:22 je pense que pour essayer
24:24 de faire basculer les choses, c'est pourquoi
24:26 ne pas familiariser les personnes,
24:28 les futurs policiers qui sont issus de ces propres quartiers.
24:30 Voilà, ça, je pense qu'il y a une réflexion
24:32 à faire dessus, parce que souvent,
24:34 j'ai eu à faire aussi
24:36 à certains collègues, dont j'ai tout le respect
24:38 que je dois à ceux qui sont de la Creuse,
24:40 souvent que quand vous prenez un futur policier
24:42 qui est issu de la Creuse et qui va être tout de suite
24:44 affecté dans le 93, forcément,
24:46 il y a ce qu'on va dire une forme de choc de culture.
24:48 Et c'est vrai qu'à un moment donné, je pense,
24:50 pour moi, pourquoi pas en formation initiale,
24:52 là, je vous apporte une solution,
24:54 pourquoi pas en formation initiale, essayer d'associer
24:56 le monde associatif, c'est-à-dire
24:58 des jeunes de quartier, venir en formation initiale
25:00 et se dire, écoutez, voilà les futurs policiers
25:02 que vous allez avoir en face de vous,
25:04 et voilà nous, ce qu'on attend de vous,
25:06 voilà comment le contact peut se faire.
25:08 C'est peut-être quelque chose d'assez, on va dire, innovant,
25:10 mais pourquoi pas, parce que c'est de là que ça commencera.
25:12 - Donc il faut revoir la formation,
25:14 les interlocuteurs... - Je veux pas revoir la formation,
25:16 mais peut-être une mise à jour. - En Allemagne,
25:18 la formation dure 36 mois. - Eh oui.
25:20 - Combien de temps elle dure ? Tiens, vous savez,
25:22 en France ? - 12 mois et depuis peu.
25:24 - 12 mois, et ça a augmenté.
25:26 Mais comment on explique ça ?
25:28 Eric Pouliard. - Sans vous couper,
25:30 juste simplement qu'il y a eu une période
25:32 où c'était passé à 8 mois, mais les formations initiales,
25:34 dont moi j'en fais partie, on a toujours fait
25:36 12 mois. 12 mois qui s'accompagnent
25:38 à la sortie d'école d'une année stagiaire.
25:40 Donc vous êtes suivis en formation continue.
25:42 - On va pas se raconter d'histoire. L'anestagérisation,
25:44 c'est pas une année de formation. - Ah mais écoutez...
25:46 - C'est une année où on vient dire à celui qui arrive
25:48 dans l'école, tu vas voir, à l'école on t'a appris ça,
25:50 ici ça se passe comme ça. - Mais tout notre focus
25:52 en public est fait comme ça. - Monsieur Benalicis, écoutez, vous savez très bien que
25:54 ce qui se passe à l'école, effectivement,
25:56 c'est que l'on essaye de se rapprocher plus de terrain.
25:58 Je pense que, excusez-moi, avec tout le respect que je vous dois,
26:00 vous avez été à l'école, et c'est vrai que tout ce que vous avez appris...
26:02 - J'étais même à l'école de police de Roubaix. - Ah mais très bien alors.
26:04 Donc voilà, vous avez été à l'école, et forcément on essaie
26:06 de se rapprocher de la réalité.
26:08 Et forcément la réalité est tout autre
26:10 que ce que vous apprenez réellement. Vous essayez de vous rapprocher,
26:12 on va dire, de ce que vous avez appris. Donc c'est ça la réalité.
26:14 Maintenant, comment faire pour essayer
26:16 de faire en sorte que lors des actions des policiers,
26:18 qu'on puisse être, on va dire,
26:20 professionnel, essayer de faire en sorte
26:22 que derrière toute action,
26:24 parce que, comme l'a dit Mme Vautrin,
26:26 la société évolue, la société devient de plus en plus violente.
26:28 Et je pense qu'on a tous une responsabilité.
26:30 - On est d'accord avec ça. - Donc maintenant, comment faire ?
26:32 - Donc il y a une question d'autorité à restaurer,
26:34 et ça s'apprend aussi.
26:36 Vous êtes prêts à ouvrir ce chantier-là,
26:38 de la formation notamment, à tout le moins ?
26:40 - Alors, la fonction publique, elle est construite comme ça en France.
26:42 On fait son école,
26:44 on est recruté, et après on a un an
26:46 de stagiarisation. C'est-à-dire que pendant un an,
26:48 on est évalué sur le terrain.
26:50 On n'est pas stagiarisé automatiquement,
26:52 il y a des gens qui sont recalés
26:54 à la fin de l'année de stage.
26:56 Donc on arrive à bien deux ans de formation
26:58 comme ailleurs. Donc il faut quand même
27:00 le repréciser. Et deuxièmement, je pense que...
27:02 - Pas tous les corps, mais bon. - Oui, enfin,
27:04 quand même, principalement. - Moi, mon année de stagiarisation
27:06 en tant qu'attaché d'administration, c'était à l'IRA.
27:08 C'était pendant l'école. Et j'étais titulaire à la sortie.
27:10 - Oui, mais parce que c'est... - Il y a des excès de titulaire.
27:12 - Oui, voilà. - L'IRA, pour ceux qui connaissent pas...
27:14 - C'est une institution d'administration, pardon,
27:16 pour les attachés d'administration comme moi,
27:18 au ministère de l'Intérieur, etc. - Pour la fonction publique d'Etat, uniquement.
27:20 Mais tout ça pour dire que
27:22 il y a la question de la formation,
27:24 mais il y a aussi la question de l'éducation
27:26 de ces jeunes.
27:28 De l'éducation plus globalement de la société
27:30 à l'appréhension de nos institutions,
27:32 de ce qu'est un policier, de ce que représente la police.
27:34 - Mais bien sûr. - Et donc c'est une double entrée.
27:36 - On a beaucoup parlé de l'école. - C'est former les policiers,
27:38 c'est éduquer les gens aussi à connaître la police.
27:40 - On essaye de voir sur la police. - Vous avez vu,
27:42 un d'entre eux a dit "On doit être respecté",
27:44 mais nous aussi on doit respecter.
27:46 - Bien sûr. - Et ça, c'est un vrai sujet.
27:48 - Alors qu'est-ce qu'il faut changer ?
27:50 Gérald Darmanin a évoqué
27:52 quelques pistes, et puis je vous redonne la parole juste après,
27:54 Michael Ecore, écoutez.
27:56 - Alors, est-ce qu'un policier peut commettre
27:58 des erreurs ? Oui, bien sûr.
28:00 Est-ce qu'il y a à améliorer la formation ?
28:02 Sans aucun doute. D'ailleurs, nous avons
28:04 proposé 4 mois de plus, on a proposé la formation de 4 mois de plus,
28:06 vous l'avez voté, je vous en remercie. Faut-il faire davantage ?
28:08 Sans doute.
28:10 Faut-il mieux sélectionner les policiers ?
28:12 Très certainement. Je veux dire que oui,
28:14 on doit améliorer sans cesse,
28:16 et ce ne sera un travail jamais terminé, le travail des policiers
28:18 et des gendarmes. Sans aucun doute.
28:20 Je suis le premier à ne pas
28:22 accepter à ce moment-là qu'on tutoie
28:24 les personnes.
28:26 C'est inacceptable.
28:28 - Le tutoiement, c'est cosmétique,
28:30 Michael Ecore, ou c'est un vrai sujet ?
28:32 - Non, c'est un vrai sujet, après,
28:34 le vrai sujet, je trouve que c'est aussi
28:36 qu'est-ce qu'on leur demande aux policiers ?
28:38 C'est-à-dire que là, dans le débat, on se berce
28:40 une sorte d'illusion qui est de faire
28:42 advenir un nouveau jeune vertueux
28:44 par l'école, etc., et puis un nouveau
28:46 policier vertueux par la formation,
28:48 et on vivrait dans un monde où tout serait formidable.
28:50 En fait, la police moderne,
28:52 depuis qu'elle a été créée au XVIIIe siècle,
28:54 elle a été créée pour une seule chose,
28:56 c'est de gérer les marges, et de faire
28:58 en sorte qu'elle ne déborde pas trop.
29:00 Et le terrain de prédilection de cette police-là,
29:02 c'est la rue. Et il y a des choix politiques
29:04 qui sont faits de
29:06 quelles sont les priorités. On voit bien aujourd'hui
29:08 dans les chiffres, notamment du décrochage
29:10 de la jeunesse, moi, je vois aussi
29:12 un questionnement de ces priorités politiques.
29:14 Je pense que parmi ces jeunes,
29:16 qui aujourd'hui critiquent fortement la police,
29:18 il y a trois choses, trois types de jeunes.
29:20 Il y a des jeunes qui sont hypersensibles à la question des discriminations.
29:22 Avec cette question, est-ce qu'elles ont
29:24 augmenté ou est-ce qu'ils sont de plus en plus sensibles ?
29:26 Alors, ça se mesure, mais en tout cas,
29:28 les deux sont vrais. Deuxièmement, des jeunes
29:30 dans des contextes de manifestation,
29:32 qui ne supportent plus notre manière de maintenir l'ordre.
29:34 Et où sont là les grandes questions
29:36 de communication, de dialogue qu'on nous a promis ?
29:38 Et la dernière chose, c'est sur les violences faites aux femmes.
29:40 La police a été questionnée,
29:42 à raison et à tort, sur sa capacité
29:44 à gérer les violences faites aux femmes. Je dis "à tort"
29:46 parce que là, on touche aussi des questions d'effectifs.
29:48 Tout à l'heure, on parlait de la police de proximité.
29:50 Mais la BAC qui arrive
29:52 motorisée dans des quartiers
29:54 versus la police
29:56 d'avant qui maillait le territoire,
29:58 c'est aussi la différence entre deux modèles économiques.
30:00 Faut savoir quand même
30:02 que les dernières grandes baisses d'effectifs en France,
30:04 c'est sous Nicolas Sarkozy.
30:06 Parce que, comme me le dit un policier,
30:08 la droite, quand on est en période électorale,
30:10 nous dit "on aime la police, c'est la danse nuptiale",
30:12 et quand ils arrivent au pouvoir, ils se souviennent
30:14 que nous sommes des fonctionnaires, et ils en veulent moins.
30:16 Et en fait, une police qui est plus motorisée,
30:18 qui est moins pédestre, qui maille moins le territoire
30:20 et qui est plus armée, c'est tout simplement
30:22 une police avec moins d'effectifs.
30:24 Et les effectifs, c'est aussi des effectifs
30:26 sur les questions de judiciaire.
30:28 À Roubaix, quand je suis arrivé,
30:30 il y avait dix personnes qui travaillaient
30:32 en tête aux femmes. Dix personnes.
30:34 À la fin de l'année, il y en avait trois qui étaient parties en burn-out,
30:36 et elles travaillaient sur 100 affaires par tête.
30:38 C'est-à-dire que derrière Marion,
30:40 24 ans, policière, qui bosse
30:42 aux violences conjugales, il y a
30:44 une armoire en fer avec 100 dossiers
30:46 de femmes qui, potentiellement, sont victimes
30:48 de violences. Ça, c'est sa réalité.
30:50 Donc, la question, c'est comment on définit
30:52 les priorités, qu'est-ce qu'on leur demande,
30:54 et comment on met aussi la police en partenariat.
30:56 Là, imaginez que la police
30:58 va à elle seule, en tant qu'institution,
31:00 et qu'elle va, avec ses petits bras et ses nouvelles formations,
31:02 gérer la question de problématiques
31:04 globales dans certains quartiers.
31:06 -C'est pour ça qu'il y a une Assemblée nationale
31:08 pour réformer ou pas.
31:10 L'urgence.
31:12 C'est intéressant, parce qu'il y a la question
31:14 des moyens, il y a la question
31:16 des effectifs, mais c'est pas simplement
31:18 des effectifs. Il y a aussi les missions de terrain.
31:20 L'urgence, pour vous, Gaubert Malessis.
31:22 -Si on estime que, par exemple, en France,
31:24 le contrôle, par exemple,
31:26 est beaucoup trop sensible
31:28 et fait porter sur certains individus
31:30 un soupçon de discrimination,
31:32 c'est pas aux policiers sur le terrain
31:34 à être vertueux et à moins ou plus tutoyer,
31:36 c'est à l'Assemblée nationale de voter
31:38 et d'interdire les contrôles.
31:40 Les Anglais l'ont fait. Ils ont fait d'autres choix.
31:42 -G.Bernalessis, et puis vous répondrez.
31:44 S'il fallait vraiment lister les deux, trois
31:46 priorités à vos yeux, on parle beaucoup aussi de l'IGPN,
31:48 jugé parti, ça compte ou pas,
31:50 si on changeait cet organe-là ?
31:52 -C'est par en haut et par en bas.
31:54 C'est la formation initiale et la formation continue
31:56 de ce qu'on attend des policiers.
31:58 On passe au minimum à deux ans de formation initiale
32:00 avant d'aller en poste, quelque part,
32:02 avec en plus l'adaptation de poste derrière.
32:04 Ensuite, je rappelle que c'est Pierre Jox
32:06 qui nous avait mis dans le haut du panier
32:08 de la formation des policiers.
32:10 -Le retour de la proximité,
32:12 le coup d'humain sur le terrain,
32:14 ça, vous l'avez dit. -Evidemment.
32:16 Et puis un changement de doctrine.
32:18 Je veux une police qui soit moins armée,
32:20 que ce soit dans les quartiers
32:22 ou que ce soit... -C'est compliqué.
32:24 -Je vais terminer.
32:26 Y compris en matière de l'ordre.
32:28 Je suis pas pour que toute la police soit désarmée.
32:30 -Vous savez que cette semaine,
32:32 pourquoi on a déployé le RAID et le GIGN ?
32:34 C'est qu'on avait des individus armés à la Calais-Slipper.
32:36 -Non, c'est faux. -On a un collègue à Nîmes
32:38 qui s'est pris du 9mm sur Donchaux.
32:40 -C'est faux. A Nîmes, j'ai vu le RAID déployé.
32:42 Sur une manifestation,
32:44 il y avait zéro arme.
32:46 -On essaie, à la faveur.
32:48 -Vous avez dit qu'il y avait zéro arme.
32:50 -Il y en a un deuxième en Mortel.
32:52 -Vous étiez calme jusqu'à présent.
32:54 Vous attendez la fin.
32:56 -Je peux pas finir une présentation.
32:58 -Il faut être réaliste.
33:00 Si vous voulez désarmer les policiers,
33:02 ça veut dire qu'il y aura plus de policiers morts.
33:04 En face, vous avez des gens qui sont armés.
33:06 -Les armes dans les quartiers, c'est un véritable sujet.
33:08 On ne peut pas le nier.
33:10 -Vous croyez que c'est le policier de terrain
33:12 qui va lutter contre le trafic d'armes ?
33:14 -C'est un métier.
33:16 Ca s'appelle la police judiciaire.
33:18 -On a compris ce que vous vouliez.
33:20 -C'est irresponsable.
33:22 -On ne va pas désarmer dans un quartier.
33:24 -On ne vous mettra pas d'accord sur les moyens
33:26 de réformer la police sur la question des armes.
33:28 Dernier point du GPN.
33:30 Il faut un organisme indépendant disciplinaire.
33:32 -Regardez ce qu'ont fait les Anglais.
33:34 Ils sont victimes de leur succès.
33:36 Ils ont tellement de plaintes qu'ils n'arrivent plus à tout gérer.
33:38 Mais ils ont fait un organisme indépendant
33:40 dans lequel il y a des policiers pour donner leur avis,
33:42 mais où les policiers ne sont pas majoritaires.
33:44 Ca fonctionne.
33:46 -J'ai bien compris que sur la question des armes,
33:48 il n'y aura pas d'accord.
33:50 -Il faut des armes partout.
33:52 -C'est très important.
33:54 Est-ce qu'on est capable d'avoir un organisme indépendant
33:56 disciplinaire dans la police ?
33:58 -Les policiers sont extrêmement contrôlés.
34:00 Il faut arrêter de dire qu'ils font n'importe quoi.
34:02 Ils sont extrêmement contrôlés.
34:04 C'est l'administration la plus contrôlée de notre pays.
34:06 -Donc on ne touche pas à l'IGPN.
34:08 -La police récupère un peu
34:10 tous les maux de la société.
34:12 Travaillant aussi les questions d'éducation,
34:14 de rénovation urbaine.
34:16 -On va en parler maintenant.
34:18 -C'est ça, le vrai sujet.
34:20 -Evidemment, la vraie promesse républicaine,
34:22 elle est là.
34:24 Elle n'est pas stigmatisée et a critiqué la police
34:26 en voulant la désarmer en disant qu'elle tue et qu'elle est raciste.
34:28 -C'est fini. Pourtant, le ministre a dit
34:30 qu'une réforme était possible.
34:32 -Il faut une réforme.
34:34 -On s'arrête là.
34:36 Merci beaucoup. Vous restez avec moi, Catherine Vautrin.
34:38 A bientôt, Gauberne Alice.
34:40 Dans une dizaine de minutes,
34:42 on va retrouver les partis pris de nos affranchis.
34:44 Ce soir, El Sheftel va s'interroger
34:46 sur les conséquences de ces émeutes sur les JO de Paris 2024.
34:48 Faut-il s'inquiéter ?
34:50 Thomas Lestavelle nous alerte sur le bilan.
34:52 Entrons pleuil sur le télétravail.
34:54 Et dans Bourbon Express, ce soir, de quoi parle-t-on, Stéphanie Dapierre ?
34:56 -On parle des insoumis
34:58 qui sont sous le feu croisé des critiques
35:00 de la part de leurs alliés et du gouvernement.
35:02 -D'abord, on va plonger dans le bilan de l'ANRU.
35:04 Vous pilotez l'Agence nationale
35:06 de la rénovation urbaine
35:08 qui fête ses 20 ans.
35:10 Qu'est-ce qui a été fait ?
35:12 Qu'est-ce qui reste à faire ?
35:14 En tout cas, ça fait 20 ans qu'elle a été créée.
35:16 On voit cela dans "L'Invitation", signée Marion Becker.
35:18 On en parle en ce sens de Catherine Vautrin juste après.
35:20 -Si on vous invite, Catherine Vautrin,
35:26 c'est pour avoir votre regard
35:28 sur la politique de la ville
35:30 à la lumière des émeutes urbaines
35:32 après la mort de Nile.
35:34 Comment transformer ces quartiers ?
35:36 Comment éviter la ghettorisation
35:38 et favoriser la mixité ?
35:40 Car Catherine Vautrin,
35:42 vous êtes présidente de l'ANRU,
35:44 l'Agence nationale de rénovation urbaine.
35:46 Vous en avez assez
35:48 de ceux qui estiment
35:50 que trop de moyens ont été donnés
35:52 à ces quartiers.
35:54 -Aujourd'hui, en France,
35:56 il y a à peu près 5 millions d'habitants
35:58 qui habitent dans les quartiers
36:00 dits "politiques de la ville".
36:02 Dans le budget de la nation,
36:04 ça représente 500 millions d'euros
36:06 pour prendre des chiffres à peu près ronds.
36:08 Ça veut dire que concrètement,
36:10 nous parlons de 8 euros par mois
36:12 par habitant.
36:14 Peut-être qu'on arrête de raconter
36:16 qu'il y a des monceaux d'argent public.
36:18 Oui, il y a de l'argent public,
36:20 mais d'un autre côté, on a un revenu
36:22 médian dans ces quartiers
36:24 de 13 000 euros par an.
36:26 -Votre parole est précieuse,
36:28 car vous êtes aussi une élue de terrain.
36:30 Engagée à 20 ans en politique,
36:32 au RPR,
36:34 vous avez été conseillère municipale
36:36 de Reims, députée,
36:38 présidente du Grand Reims,
36:40 mais surtout ministre auprès de Jean-Louis Borloo,
36:42 le père de la rénovation urbaine.
36:44 D'abord ministre déléguée
36:46 à l'intégration et à l'égalité
36:48 des chances, puis à la cohésion sociale.
36:50 Vous étiez aux côtés de Jean-Louis Borloo
36:54 lors de la création
36:56 de l'ANRU en 2003,
36:58 dont vous avez pris la tête en 2022.
37:00 L'objectif de l'ANRU,
37:02 c'est de transformer
37:04 les quartiers en profondeur,
37:06 reconstruire, mais aussi
37:08 désenclaver et favoriser
37:10 la mixité sociale.
37:12 Tout simplement,
37:14 en finir avec les ghettos.
37:16 Alors on a une question
37:18 pour vous, Catherine Vautrin.
37:20 La politique de la ville
37:22 a-t-elle échoué dans sa mission ?
37:24 -Réponse
37:26 à la lumière de ce qu'on vient de vivre.
37:28 -Si je pensais qu'il n'y avait plus rien,
37:30 je ne serais pas là pour échanger avec vous.
37:32 La vraie difficulté,
37:34 c'est de se dire qu'incontestablement,
37:36 nous avons 5 millions d'habitants
37:38 qui habitent dans des quartiers,
37:40 que nous sommes partis de très loin,
37:42 parce que vous faisiez allusion à la création
37:44 de l'ANRU, la loi ayant 20 ans
37:46 le 1er août, et à l'époque,
37:48 le constat, c'était l'état
37:50 de délabrement dans lequel étaient
37:52 les quartiers. Vous reprenez le discours
37:54 de Jacques Chirac à Troyes
37:56 sur "la force d'une nation, c'est sa cohésion,
37:58 son moteur, c'est l'égalité des chances",
38:00 et c'était rien d'autre que la déclinaison
38:02 du discours de sa première campagne électorale,
38:04 qui était la première prise de conscience.
38:06 -C'est indéniable que beaucoup a été fait.
38:08 Certains quartiers ont même changé de visage,
38:10 les barres d'immeubles
38:12 sont tombées,
38:14 il y a même maintenant des transports
38:16 pour les désenclaver, et en même temps,
38:18 c'est toujours les mêmes populations.
38:20 Il n'y a pas de mixité sociale dans ces endroits-là.
38:22 Qu'est-ce qui n'a pas marché ?
38:24 -C'est un point très important.
38:26 Pourquoi est-ce qu'effectivement,
38:28 la mixité sociale a ce que la population change ?
38:30 Parce que, jusqu'à aujourd'hui,
38:32 quelqu'un dont la situation évolue,
38:34 professionnelle, financière,
38:36 qu'est-ce qu'il fait ? -Elle s'en va.
38:38 -Elle s'en va. Et donc, finalement,
38:40 elle est remplacée par quelqu'un
38:42 qui est tout aussi, voire encore un peu plus précaire.
38:44 Pourquoi est-ce que, comme vous le dites,
38:46 on n'arrive pas à faire cette mixité ?
38:48 C'est pas faute d'avoir mis en place
38:50 un certain type de logement,
38:52 puisque, comme vous le savez,
38:54 il n'y a pas un logement social,
38:56 et suivant les logements que vous construisez,
38:58 le reste à charge,
39:00 donc le loyer pour l'habitant, n'est pas le même.
39:02 Et donc, si on fait des programmes
39:04 mixtes sur le papier, on peut proposer
39:06 à d'autres personnes de venir habiter.
39:08 La question, pourquoi est-ce que ces personnes
39:10 ne viennent pas, ou si elles viennent,
39:12 et je peux vous faire un exemple précis,
39:14 Boulevard Wilson à Reims,
39:16 avec des logements PLS,
39:18 80 % de la population française
39:20 peut habiter dans un PLS. Pourquoi ne viennent-ils pas ?
39:22 -Ils ne s'y veulent pas. -Parce que minés
39:24 sur le trafic de drogue, parce qu'ils en ont marre
39:26 que leur voiture soit cassée,
39:28 que la boîte au LED soit arrachée,
39:30 de ne pas pouvoir acheter une tranche de jambon.
39:32 Des choses basiques,
39:34 qui, quelque part, nous ramènent à ce débat
39:36 précédent, qui n'est donc pas
39:38 une question d'angélisme,
39:40 mais une première question, qui est
39:42 comment assurons-nous
39:44 la sécurité dans un quartier ?
39:46 Deuxième sujet, la rénovation urbaine,
39:48 c'est la bonne occasion
39:50 de faire le point avec la famille
39:52 dans cette situation. Quand vous rencontrez
39:54 une famille, pour lui expliquer qu'on va réhabiliter
39:56 son appartement, que peut-être ça se fait
39:58 avec un déménagement, c'est l'occasion
40:00 de faire le point et de discuter
40:02 avec cette famille de son évolution.
40:04 Parce que la vraie question,
40:06 c'est pourquoi on trouve
40:08 des familles dans lesquelles on a des enfants
40:10 en situation d'échec scolaire,
40:12 qui sont là, qui ne font rien, pourquoi le père est au chômage
40:14 depuis longtemps ? Ce sont tous ces sujets.
40:16 -L'habitat ne peut pas tout,
40:18 c'est évident dans les quartiers.
40:20 -On va un peu négliger l'humain.
40:22 Quand on regarde le plan Borloo,
40:24 que vous connaissez très bien,
40:26 on sait qu'une partie est tombée dans les oubliettes,
40:28 pas tout, mais il y avait quand même
40:30 un volet humain et notamment éducatif énorme.
40:32 Il y avait des choses comme les académies de leaders,
40:34 l'éducation par le sport, les campus numériques,
40:36 les classes passerelles,
40:38 des procureurs aussi pour la justice
40:40 spécialisées dans la lutte contre les discriminations.
40:42 Tout ça n'a pas été retenu.
40:44 -On va même se dire
40:46 qu'on va remonter un peu,
40:48 parce que la loi
40:50 sur la création de l'Agence nationale
40:52 de rénovation urbaine, c'est août 2003.
40:54 Le décret d'application, c'est février 2004.
40:56 Immédiatement après, le plan de cohésion sociale.
40:58 Et le plan de cohésion sociale,
41:00 c'est la réponse de l'humain dans l'urbain,
41:02 c'est effectivement la réussite éducative,
41:04 les internats d'excellence,
41:06 ce sont tous ces sujets.
41:08 On voit bien qu'on a assisté à une espèce
41:10 d'arrêt de ces dispositifs.
41:12 Certaines villes ont vraiment évolué.
41:14 Prenez le cas de Chanteloup, par exemple,
41:16 où il y a vraiment des dispositifs mis en place.
41:18 -Chanteloup-Lévin, Catherine Arnault.
41:20 -Avec, par exemple, une école
41:22 dans laquelle, jusqu'au mobilier,
41:24 on a travaillé pour qu'on puisse avoir
41:26 autre chose que de la discipline,
41:28 une approche pédagogique différente.
41:30 Maintenant, la question,
41:32 je ne peux que la partager,
41:34 c'est comment, effectivement,
41:36 vous faisiez allusion au plan de Jean-Louis,
41:38 à l'Alarme, l'ouvrage qu'il a commis
41:40 au moment de la campagne des présidentielles
41:42 l'année dernière,
41:44 comment est-ce qu'on met des campus,
41:46 des métiers dans les quartiers ?
41:48 Les heures d'insertion de l'ANRU, c'est bien,
41:50 mais ça ne suffit pas. Je ne sais pas
41:52 parce que j'habite dans un quartier
41:54 que je veux aller dans le bâtiment.
41:56 -Je voudrais que vous nous disiez aussi
41:58 d'où vient l'argent. On entend beaucoup
42:00 cette petite musique, les milliards
42:02 qui se déploient dans les banlieues.
42:04 C'est 24 milliards sur la période 2014-2030,
42:06 tout n'est pas dépensé, 12 milliards plus 12 milliards.
42:08 Ce n'est pas de l'argent public ?
42:10 Ce n'est pas l'argent du contribuable ?
42:12 -Ce n'est pas tout à fait ça.
42:14 Le premier plan de rénovation urbaine
42:16 qui a commencé dès les années 2005
42:18 et qui s'est arrêté en 2015
42:20 représente 12 milliards.
42:22 Effectivement, c'est 12 milliards.
42:24 70 % vient de ce que l'on appelle
42:26 l'argent du 1 % logement,
42:28 c'est-à-dire les cotisations
42:30 des entreprises. Cet argent a servi
42:32 à non seulement réhabiliter
42:34 ou bien démolir
42:36 des immeubles, faire des équipements
42:38 dans les quartiers, dont certains, malheureusement,
42:40 viennent de brûler, mais ce qui est important,
42:42 c'est que cet argent représente
42:44 40 000 emplois dans le bâtiment
42:46 pendant 10 ans, d'une partie
42:48 de la population qui vient d'ailleurs des quartiers,
42:50 représente 4 milliards
42:52 d'euros de TVA
42:54 et représente 6 milliards de cotisations
42:56 sociales. -Ce ne sont pas des fonds perdus.
42:58 -Ce ne sont pas des fonds perdus. -C'est important de le rappeler.
43:00 -Et maintenant, deuxième programme
43:02 qui vient de démarrer,
43:04 dont le financement a été bouclé l'année dernière
43:06 par le Premier ministre Jean Castex,
43:08 qui est le deuxième programme,
43:10 le NPNRU, le Nouveau Programme
43:12 de Rénovation Urbaine,
43:14 qui lui va concerner
43:16 453 chantiers
43:18 dans notre pays, 446 ont
43:20 démarré au moment où je vous parle. -Je voudrais qu'on dise
43:22 un mot sur les parents, parce qu'ils sont sacrément
43:24 pointés du doigt, y compris au sommet de l'Etat,
43:26 appellent à la responsabilité d'Emmanuel Macron
43:28 qu'ils tiennent leurs gosses, ça, c'est ce qu'a dit
43:30 Éric Dupond-Moretti, de claquer au lit,
43:32 préconisent le préfet
43:34 de Lérault quand on a un gamin de 12 ans
43:36 qui descend dans la rue pour caillasser.
43:38 Est-ce que ça vous semble approprié comme réponse ?
43:40 Est-ce que les parents
43:42 dans ces quartiers-là sont démissionnaires ?
43:44 -Alors, on ne va évidemment pas
43:46 généraliser, on va prendre plusieurs éléments.
43:48 L'obligation des parents,
43:50 c'est dans le Code civil, jusque-là, rien d'extraordinaire,
43:52 pour ceux qui sont mariés, ils l'entendent quand
43:54 ils vont se marier, c'est un des articles
43:56 que chaque élu lit au moment où il célèbre un mariage.
43:58 Une fois qu'on a dit ça, on a
44:00 dans les quartiers pratiquement
44:02 25 % des familles
44:04 qui sont des familles monoparentales,
44:06 la plupart du temps des mamans, qui sont celles
44:08 qui assument seules, et ça, déjà,
44:10 c'est extrêmement difficile. Elles bossent,
44:12 elles assument leurs enfants, elles ne sont pas forcément là,
44:14 parce que comme elles sont parties bosser,
44:16 elles ne sont pas forcément là. -Donc les culpabiliser,
44:18 il ne sert à rien. -Je pense qu'il ne faut pas les culpabiliser.
44:20 En même temps, vous avez d'autres parents qui sont des couples,
44:22 et quand j'entends un père dire
44:24 "Mon fils n'a rien fait à propos des émeutes,
44:26 il est juste allé se servir",
44:28 aller se servir, c'est voler.
44:30 Et ça, il faut le dire. Donc, là encore,
44:32 il doit y avoir des réponses sur ce qui est
44:34 de la délinquance, et derrière,
44:36 il faut incontestablement réfléchir
44:38 à la manière dont on peut
44:40 aller plus loin sur ces sujets.
44:42 -Cette crise de l'autorité, c'est un défi
44:44 immense. -Tout à fait.
44:46 -Qu'est-ce qu'on fait ? Il y a des pistes,
44:48 on entend dire qu'il faut
44:50 des peines minimales
44:52 dès la première connerie, et j'entends
44:54 parler même de l'uniforme,
44:56 certains parlent d'un service militaire
44:58 volontaire. -Alors, moi, je fais partie
45:00 des gens qui ont effectivement cité
45:02 cette notion du SMA
45:04 qui existe outre-mer, qui permet
45:06 à un certain nombre de jeunes de pouvoir
45:08 découvrir le champ des possibles, d'être considéré
45:10 S-qualité de jeune et d'envisager
45:12 une formation. Ca existe,
45:14 mais c'est très peu connu en métropole,
45:16 ça s'appelle effectivement, comme vous venez de le dire,
45:18 le SMV. -Service minimum
45:20 volontaire. -Militaire volontaire.
45:22 -Militaire. -Service militaire volontaire.
45:24 Nous allons y arriver. Et quelque part,
45:26 si vous voulez, il y a aussi les fameuses
45:28 épides qui avaient été créées après les ME
45:30 de 2005, dont l'objectif était
45:32 de reprendre, parce qu'il faut avoir
45:34 la lucidité de se dire,
45:36 que pour certains jeunes, on repart
45:38 sur les fondamentaux. C'est se lever...
45:40 -Ceux entre eux qui décrochent. -Bien sûr.
45:42 Vous avez vu, aujourd'hui,
45:44 très rapidement, les débats partent
45:46 avec une agressivité. Je suis
45:48 ancien député. L'agressivité
45:50 de l'hémicycle, cette agressivité est partout.
45:52 Et quelque part, cette agressivité
45:54 est aussi un
45:56 ferment difficile. Nous avons parlé
45:58 des policiers, vous avez, à juste titre,
46:00 parlé des pompiers. Est-ce que vous trouvez
46:02 normal que, pratiquement, un soir sur deux,
46:04 les policiers doivent aller aux urgences
46:06 des hôpitaux parce que les gens se battent ?
46:08 On voit bien que là-dessus, c'est ce que,
46:10 pour moi, vraiment, un sujet
46:12 majeur, qu'est-ce qu'on met derrière
46:14 le terme d'autorité ?
46:16 Comment on arrive à ce qu'il y ait
46:18 une sorte d'accord
46:20 national ? Parce que, finalement,
46:22 c'est les règles que l'ensemble
46:24 de la population accepte de respecter
46:26 qui nous permettent de faire nation. Et je pense
46:28 que ça, c'est le fond du sujet. - Merci beaucoup.
46:30 Catherine Vautrin, on aurait pu continuer
46:32 bien longtemps, mais c'est l'heure
46:34 d'accueillir nos affranchis.
46:36 Leurs partis pris vont vous faire réagir. On les accueille
46:38 tout de suite. Thomas Nestavel
46:40 pour l'économie, qui va nous parler
46:42 télétravail. Attention, ce n'est pas forcément
46:44 la panacée. F-Chef tel de
46:46 Libération, qui suit justement les questions
46:48 liées à la politique de la ville. Mais on commence comme chaque soir
46:50 par Bourbon Express.
46:52 L'histoire du jour à l'Assemblée, c'est vous
46:54 qui nous la racontez, Stéphanie Despierres. Bonsoir.
46:56 - Bonsoir. Ce soir, c'est Haro
46:58 sur les Insoumis. Depuis le début
47:00 des émeutes, ils s'obstinent à ne pas appeler
47:02 simplement "Au calme". Voici ce que Jean-Luc Mélenchon
47:04 a tweeté ce week-end. "Les chiens de garde
47:06 nous ordonnent d'appeler au calme. Nous appelons
47:08 à la justice." Alors hier,
47:10 à l'Assemblée, la Première ministre
47:12 a sonné la charge politique.
47:14 - Madame la Présidente Pannot,
47:16 quand vos députés rejettent
47:18 tout appel au calme, vous sortez
47:20 du champ républicain.
47:22 Quand une de vos députés
47:24 affirme que la faim justifie les moyens,
47:26 vous sortez du champ républicain.
47:28 - Voilà. Et cette attitude
47:30 des Insoumis a
47:32 suscité l'incompréhension,
47:34 y compris dans la NUP, chez les partenaires de gauche.
47:36 - Et oui, Myriam, alors que les plaies causées
47:38 par les divergences stratégiques pendant le débat
47:40 sur les retraites commençaient à cicatriser,
47:42 c'est un nouvel accroc dans la NUP.
47:44 Voir le début d'un fossé. Les écologistes,
47:46 les socialistes et les communistes
47:48 sont tous appelés au calme
47:50 et ils ne comprennent pas la position
47:52 des Insoumis. Les plus critiques,
47:54 ce sont les communistes et, sans surprise,
47:56 leur numéro un, Fabien Roussel,
47:58 le meilleur ennemi des Insoumis.
48:00 - Je me désolidarise totalement
48:02 des propos de Jean-Luc Mélenchon
48:04 et de certains de ses députés
48:06 qui ont refusé d'appeler au calme
48:08 et qui ont légitimé cette violence en disant
48:10 "c'est normal, c'est une révolte".
48:12 - C'est dangereux de faire ça ? - Oui.
48:14 - Écoutez la réplique cinglante
48:16 de la chef des députés Insoumis.
48:18 - Je me rappelle que M. Roussel
48:20 était devant l'Assemblée nationale
48:22 avec ces mêmes syndicats de police
48:24 que je mets en cause aujourd'hui
48:26 qui disaient "le problème de la police,
48:28 c'est la justice" alors que l'Assemblée nationale
48:30 était en train d'examiner un texte
48:32 justement sur la question de la justice.
48:34 Donc je crois que je n'ai aucune leçon
48:36 à recevoir de M. Roussel.
48:38 - Et même les divisions atteignent les socialistes.
48:40 Et oui, ce qui est notable, c'est le changement
48:42 de ton d'Olivier Faure,
48:44 le président du Parti socialiste.
48:46 Il est l'artisan de l'accord avec la NUPES
48:48 et l'un de ses plus grands défenseurs.
48:50 Même quand ça tangue sur l'affaire Catenin,
48:52 sur les retraites, Olivier Faure cherche
48:54 toujours à relativiser ces divergences.
48:56 Pas cette fois.
48:58 Il a eu des mots très durs.
49:00 "Le moment actuel est un moment de profond désaccord.
49:02 On ne peut pas donner le sentiment
49:04 d'encourager et d'accepter la violence".
49:06 Alors on connaissait Myriam,
49:08 le loyal mais libre d'Edouard Philippe,
49:10 côté macroniste.
49:12 Et à gauche, le aligné mais pas dans la ligne
49:14 d'Olivier Faure.
49:16 Et la propension de la France insoumise
49:18 a pilonné. La loi CASE 9 de 2017
49:20 sur la légitime défense des policiers
49:22 n'arrange pas les relations avec les socialistes.
49:24 - Et alors, à qui profitent toutes ces fractures
49:26 au sein de la gauche ?
49:28 - Alors il est trop tôt pour savoir si...
49:30 - Vous avez votre petite idée, j'ai l'impression.
49:32 - Si cette divergence va affaiblir la NUPES,
49:34 si le divorce aura lieu,
49:36 mais le camp présidentiel s'engouffre dans la brèche,
49:38 bien décidé à utiliser au maximum
49:40 ces désaccords. L'exécutif aimerait pouvoir
49:42 récupérer les voix des plus modérés
49:44 de la gauche pour consolider sa majorité relative.
49:46 Alors il appuie là où ça fait mal
49:48 et flat socialiste et écologiste.
49:50 Démonstration d'Elisabeth Borne,
49:52 hier, aux questions d'actualité.
49:54 - Vous auriez pu,
49:56 comme vos alliés de la NUPES,
49:58 demander justice et appeler
50:00 sans ambiguïté au retour au calme.
50:02 Monsieur le député Boris Vallaud,
50:04 je tiens tout d'abord
50:06 à vous remercier
50:08 car vous avez condamné sans ambiguïté
50:10 les violences qui ont touché de nombreuses communes
50:12 et appelé à la paix civile
50:14 à la différence
50:16 de vos alliés insoumis.
50:18 Madame la présidente
50:20 Cyrielle Chatelain,
50:22 ces violences, vous les avez condamnées
50:24 et je veux saluer cette attitude républicaine
50:26 qui tranche avec celle
50:28 de certains de vos alliés.
50:30 - Trois fois en une demi-heure,
50:32 obsédé par la France insoumise
50:34 et les fractures de la NUPES,
50:36 ce n'est pas toutefois que le gouvernement
50:38 oublie d'autres fractures, celles profondes
50:40 entre une partie de la jeunesse et la police.
50:42 - Merci beaucoup.
50:44 D'un tout petit mot, celle qui profite politiquement
50:46 de tout ça ? - Marine Le Pen.
50:48 C'est malheureusement d'une évidence
50:50 absolue. Je crois qu'il faut être conscient
50:52 que beaucoup de nos concitoyens
50:54 font moins que je parle de ma petite expérience
50:56 locale. L'état de sidération
50:58 dans laquelle étaient les habitants
51:00 de la ville jeudi matin
51:02 laissait peu de place à d'autres commentaires
51:04 que celui-là.
51:06 - Allez, on enchaîne avec vous, El Chiefté.
51:08 C'est une question un peu taboue
51:10 qui se pose quand même à bas bruit.
51:12 Ces émeutes pourraient-elles menacer
51:14 les Jeux Olympiques de Paris 2024 ?
51:16 - Alors ce matin, le patron de la Solidéo,
51:18 la société de livraison des ouvrages
51:20 olympiques, avait réuni la presse
51:22 pour faire le point sur l'avancée des chantiers.
51:24 Un an des JO. La réunion était prévue à l'avance.
51:26 Sauf que, il a commencé
51:28 par lister les attaques dont les sites
51:30 ont été l'objet.
51:32 - On a eu chaud.
51:34 Trois exemples, tous en Seine-Saint-Denis.
51:36 Il y a eu des cocktails de Molotov
51:38 qui ont été jetés contre le village olympique.
51:40 Il y a eu une tentative d'intrusion
51:42 dans le cluster des médias au Bourget.
51:44 Il y a eu la piscine Nouvelle-Église
51:46 qui a failli partir en fumée parce qu'elle était
51:48 à côté du fameux dépôt de bus de la RATP
51:50 qui lui-même a été incendié.
51:52 On a eu chaud.
51:54 - On a eu chaud, mais plus de peur que de mal.
51:56 - Oui, mais l'image de la France...
51:58 On avait quand même pris un coup.
52:00 - On a vu le résultat.
52:02 Les professionnels du tourisme ont dit
52:04 qu'il y avait une flambée des annulations
52:06 pour cet été, entre 20 et 25 %
52:08 des séjours annulés à Paris,
52:10 ce week-end, déjà.
52:12 - L'image est très écornée.
52:14 Certains nous comparent à une no-go zone.
52:16 - Oui, alors le patron
52:18 de l'Office de tourisme de Paris
52:20 a dit "attention, le problème,
52:22 "c'est pas des émeutes en soi,
52:24 "c'est la répétition".
52:26 On a déjà eu les feux de poubelle
52:28 de la réforme des retraites,
52:30 ça commence à faire beaucoup.
52:32 Et effectivement, Bruno Le Maire,
52:34 craignant de nouveau que la France
52:36 souffre de cette mauvaise image,
52:38 est allé sur CNN, il s'est adressé
52:40 à l'opinion américaine pour la rassurer
52:42 et pour relativiser en lui disant
52:44 "vous, les émeutes, vous en avez connu
52:46 "aux Etats-Unis, et à Londres,
52:48 "en 2011, un an avant, il y avait eu
52:50 "également des violences urbaines,
52:52 "les J.O. se sont passées, malgré tout".
52:54 - Je ne sais pas si c'est très rassurant.
52:56 Au-delà de ces discours,
52:58 est-ce que les autorités sont fébriles ?
53:00 - On les sent quand même fébriles.
53:02 Il y a deux raisons, une juridique,
53:04 c'est pas très connu, mais dans le contrat
53:06 qui lie Paris, la Ville Haute, au CIO,
53:08 le Comité international olympique,
53:10 il y a une clause de résiliation.
53:12 Je vais vous la lire, elle dit que le CIO
53:14 pourrait unilatéralement résilier les jeux
53:16 si le Pays Haute se trouve en état
53:18 de guerre ou de trouble civil,
53:20 ou si le CIO a des raisons suffisantes
53:22 de croire que la sécurité des participants
53:24 serait gravement menacée
53:26 pour quelque raison que ce soit.
53:28 - Et la deuxième raison ?
53:30 - Il y a une raison aussi sécuritaire,
53:32 c'est que le choix a été fait de faire
53:34 la cérémonie d'ouverture en plein air,
53:36 sur la Seine. C'est un choix très discuté,
53:38 auquel l'ancien préfet de police de Paris,
53:40 Didier Lallement, était farouchement opposé,
53:42 parce qu'il y a déjà la menace terroriste,
53:44 et en plus là se rajoute la menace
53:46 de trouble à l'ordre public.
53:48 Lallement disait qu'il faut que ça se tienne,
53:50 comme dans tous les pays,
53:52 au stade de France,
53:54 dans un stade fermé, etc.
53:56 Mais la mairie de Paris a voulu
53:58 sa grande parade fluviale pour des raisons de prestige, etc.
54:00 Et moi, j'ai tendance à penser,
54:02 même si je suis à Libération,
54:04 j'ai tendance à prendre le parti de Didier Lallement
54:06 en disant "Bon, OK, Paris est une fête,
54:08 et Mingouet, etc.,
54:10 les JO c'est une fête,
54:12 mais l'angoisse qu'il se passe quelque chose,
54:14 ne risque-t-elle pas de tout gâcher ?"
54:16 - Catherine Vautrin, vous êtes inquiète ?
54:18 - C'est très inquiétant,
54:20 parce que quand on fait la série,
54:22 "Gilets jaunes",
54:24 les manifestations au moment des retraites,
54:26 les quartiers aujourd'hui,
54:28 on sait que la ville haute
54:30 est bien sûr Paris, mais qu'il y a également
54:32 d'autres territoires en France qui sont concernés.
54:34 - Et notamment à Saint-Denis.
54:36 - Et très concrètement, ce qui nous interpelle
54:38 à très court terme, et vous l'avez fort bien rappelé,
54:40 c'est que le tourisme reprenait
54:42 de façon absolument remarquable,
54:44 après on vient quand même de s'offrir la parenthèse
54:46 Covid qui avait été très compliquée pour les professionnels,
54:48 il redémarrait, une saison tout à fait intéressante s'annonçait,
54:52 et là effectivement les chiffres d'annulation que vous me donnez
54:54 sont particulièrement préoccupants.
54:56 - Allez, on termine, au pas de charge,
54:58 pardonnez-moi, Thomas Lestavelle,
55:00 vous vouliez nous parler du télétravail,
55:02 c'est vrai que pendant les vacances scolaires,
55:04 on est bien content de pouvoir rester à la maison
55:06 et garder un oeil sur les enfants,
55:08 mais vous n'êtes pas dithyrambique, vous, sur le télétravail.
55:10 - Alors effectivement, Myriam, si on rembobine un peu,
55:12 quand la pandémie s'était déclenchée,
55:14 les gens ont dû se confiner, on a d'abord cru à la catastrophe,
55:16 les entreprises n'arriveront pas à fonctionner
55:18 avec des effectifs éclatés un peu partout,
55:20 et puis là, bonne surprise, dans la plupart des cas,
55:22 ça a marché, et puis on a commencé à lire un peu partout
55:24 que les travailleurs étaient plus productifs
55:26 quand ils bossaient chez eux, pourquoi ?
55:28 On se concentre mieux, on économise du temps de transport,
55:30 on est moins fatigué, on est plus heureux,
55:32 et donc on est plus productif,
55:34 visio, boulot, dodo.
55:36 Mais en fait, même après le pic de la pandémie,
55:38 des boîtes comme Meta, ou même en France,
55:40 Stellantis, donc PSA,
55:42 ont encouragé leurs salariés à déserter les bureaux,
55:44 et en fait, ce mythe du télétravail,
55:46 il est en train de tomber, et d'ailleurs,
55:48 les géants du web, Apple, Google et Meta,
55:50 viennent d'imposer trois jours de présence au bureau,
55:52 donc c'est un... - Un volte-face,
55:54 une volte-face. Pourquoi précisément ?
55:56 - Alors, il y a des nouveaux papiers de recherche qui sont venus
55:58 casser cette idée qu'on serait plus productif chez soi
56:00 qu'au bureau, et le magazine britannique
56:02 "The Economist" a compilé ces travaux, et c'est assez éclairant.
56:04 Alors, un exemple, on a une étude de deux
56:06 chercheurs du MIT sur des employés de bureaux basés en Inde,
56:08 ceux qui travaillent à distance sont
56:10 18% moins productifs à l'heure
56:12 que ceux qui bossent au bureau, ou autre étude
56:14 de trois universitaires qui ont observé un écart du même ordre
56:16 de 19% au sein d'un groupe
56:18 informatique en Asie, et même, Myriam,
56:20 les joueurs d'échecs seraient apparemment
56:22 meilleurs en présentiel qu'en ligne. - Ah oui ? Alors, ça,
56:24 c'est pour le constat, on l'observe, et comment on l'explique ?
56:26 - Alors, au bureau, en fait,
56:28 c'est simple, c'est que quand on en télétravaille,
56:30 la collaboration est moins fluide, malgré tout.
56:32 Si je suis à distance et que j'ai une remarque ou une question un peu bête
56:34 qui vient à l'esprit, je me tombe vers ma voisine,
56:36 je lui pose, on appelle ça le "small talk",
56:38 c'est des discussions un peu futiles parfois,
56:40 mais qui créent du lien. A la maison,
56:42 je peux utiliser le chat ou des outils comme ça, mais
56:44 c'est moins spontané, j'ai peut-être parfois me censurer,
56:46 et puis, ou tout simplement avoir la flemme d'écrire.
56:48 Les interactions sont pas exactement
56:50 de même nature. Des chercheurs d'Harvard ont
56:52 révélé que les "feedback" entre collègues,
56:54 donc les retours entre collègues sur leur performance,
56:56 diminuent quand chacun travaille
56:58 chez soi, or le "feedback", c'est quand même un outil
57:00 de performance ou d'amélioration. L'essence de
57:02 "brainstorming", pareil, ça marche moins bien, on perd en
57:04 créativité quand chacun est derrière son ordi.
57:06 Et enfin, il faut pas négliger un aspect, et ici,
57:08 on est chez LCP, c'est la politique.
57:10 Si vous voulez monter dans la hiérarchie d'une boîte,
57:12 il faut vous mettre en avant, il faut vous
57:14 créer des alliés, tout simplement, et pour ça,
57:16 rester derrière son écran, ça va pas suffire,
57:18 il va falloir continuer à aller au bureau, le bon
57:20 vieux métro-boulot de dos. - Merci,
57:22 rien ne vaut le contact physique, n'est-ce pas ?
57:24 - Mais bien sûr, on parlait de cohésion,
57:26 c'est un exemple de cohésion que de se retrouver
57:28 et d'échanger avant et après. - Merci beaucoup,
57:30 Catherine Doutre, d'être venue sur le plateau d'LCP.
57:32 On vous les a franchies à demain, Stéphanie, très belle soirée
57:34 sur LCP, bien évidemment.
57:36 (Générique)
57:38 ---

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