"Tenez vos gosses" : voici l'appel du Garde des sceaux Éric Dupond-Moretti lors des émeutes l'été dernier. Responsabiliser davantage les parents d'enfants délinquants, c'est au tour de Aurore Bergé ce week-end de faire une annonce en ce sens. La ministre des Solidarités et des familles souhaite des travaux d'intérêt général pour les "parents défaillants". Pour en parler, Mohamed Mechmache, ancien éducateur de rue, président de la Coordination Pas sans nous et porte-parole de ACLEFEU.
Regardez L'invité de RTL Midi du 11 décembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Regardez L'invité de RTL Midi du 11 décembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:07 13, 14, 15, 16 ans, 17 ans, vous restez chez vous.
00:12 On a absolument besoin de recouvrer le calme
00:16 et redire aux parents qu'ils tiennent leurs gosses
00:18 parce que ça n'est pas à l'état d'élever les enfants.
00:21 L'appel du garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti,
00:24 lors des émeutes l'été dernier,
00:26 responsabiliser davantage les parents d'enfants délinquants.
00:29 C'est au tour d'Aurore Berger ce week-end
00:31 de faire une annonce en ce sens, plusieurs même.
00:34 La ministre des Solidarités et des Familles
00:36 souhaite des travaux d'intérêt général
00:39 pour les parents défaillants.
00:41 Pour en parler avec nous ce midi,
00:42 Mohamed Meshmash. Bonjour monsieur.
00:45 Bonjour.
00:46 Vous êtes ancien éducateur de rue,
00:47 président de la coordination Passons-nous
00:49 et porte-parole d'Assez le Feu.
00:52 La ministre a annoncé aussi une réflexion
00:55 afin de permettre d'épauler les parents dépassés,
00:57 de dénouer les conflits familiaux.
00:59 Mais sur le principe responsabiliser les parents d'enfants
01:02 coupables de dégradations, est-ce que vous comprenez ?
01:06 Écoutez, ça dépend dans quel sens on doit le comprendre.
01:10 Moi tout ce que je sais, c'est qu'en gros,
01:13 je ne pense pas qu'il y a des parents qui sont irresponsables,
01:16 ou qui ne sont pas responsables.
01:18 Je pense qu'il y a des parents effectivement pour certains
01:19 qui ont peut-être un peu dépassé.
01:21 Il y en a qui sont aujourd'hui plutôt
01:27 contraints malheureusement parce qu'on a beaucoup de parents,
01:31 des femmes monoparentales seules.
01:33 Et puis il faut arriver tout simplement à comprendre
01:37 un peu le quotidien de ces personnes.
01:39 Moi qui travaille avec ces familles autour de la parentalité,
01:42 croyez-moi que je ne vois pas des gens,
01:43 des parents qui ne sont pas du tout responsables,
01:45 mais au contraire des parents qui clairement
01:47 nous mettent sur la table le fait que
01:50 ils ne sont pas constamment présents
01:52 parce qu'encore une fois, il faut boucler les fins de mois,
01:55 il faut pouvoir nourrir sa famille.
01:58 Et généralement, elles sont très peu présentes à la maison
02:02 parce que soit elles ont des métiers un peu compliqués,
02:05 à aller faire les ménages,
02:06 pendant que ceux qui ont la chance d'être à leurs enfants,
02:09 les mamans sont dans ses bureaux à faire le ménage,
02:11 à des heures décalées.
02:13 Quand je dis tout ça, c'est que je ne cherche pas d'excuses.
02:15 - Un peu quand même, parce que Mohamed Mechmach,
02:18 c'est là que quand même vous dites,
02:21 je ne crois pas qu'il y ait de parents irresponsables en France.
02:25 Franchement, la France est un grand pays,
02:28 il y a forcément des parents irresponsables.
02:30 30% des émeutiers lors des dernières émeutes
02:33 étaient des mineurs, alors,
02:35 responsables, dépassés, certes,
02:38 mais est-ce que justement, en remettant un peu de sanctions,
02:41 attention, la République est bonne fille,
02:43 il ne s'agit pas de mettre les parents en prison,
02:45 c'est des toutes petites sanctions,
02:48 en remettant un tout petit peu de sanctions,
02:50 vous ne croyez pas que vous pouvez motiver
02:53 certains parents qui ont lâché l'affaire
02:56 un peu trop facilement ?
02:57 Je ne dis pas que tous lâchent l'affaire,
02:58 j'ai dit qu'il y en a certains qui ne font peut-être pas
03:00 tout à fait leur boulot,
03:01 et à qui il faudrait rappeler quelques vérités, non ?
03:05 - Les vérités, il faudrait peut-être les rappeler
03:07 aussi à ceux qui ont pris la responsabilité
03:09 à un moment de tirer de l'autorité parentale.
03:11 Encore une fois, je pense que
03:13 c'est trop facile d'aller chercher les réservoirs de coupables
03:16 et en tout cas on s'adresse au communiqué.
03:18 - Non, ce n'est pas trop facile,
03:19 c'est le principe de la République.
03:21 - Le principe de la République ?
03:22 - Quand il y a un enfant, moi un jour,
03:24 j'ai cassé un truc quand j'avais 14 ans à l'école,
03:27 mes parents étaient responsables,
03:29 je me suis fait gronder et j'ai cessé de...
03:31 Voilà, ça arrive à tout le monde,
03:33 ce n'est pas la fin du monde, c'est juste la norme.
03:35 - Ah non, mais vous posez la bonne question,
03:37 c'est ce que je vous dis.
03:38 Contest, on a essayé, il fut un temps
03:40 où il y avait une autorité parentale.
03:42 L'autorité parentale a été retirée,
03:44 nous avons sorti effectivement quelques lois
03:46 à dire qu'il faut bien sûr,
03:48 il faut comprenner ceux qui maltraitent leurs enfants,
03:50 mais à un moment ou à un autre,
03:51 quand on fait une bêtise
03:52 et que les parents ont capacité
03:54 de réprimander leurs enfants,
03:56 il faut quand même à un moment out
03:57 qu'on ait cette souplesse.
03:58 Vous vous souvenez du soir où il y a eu les révoltes,
04:00 dans la nuit, où le père est parti récupérer son fils ?
04:03 - Oui, il y en a eu, bien sûr.
04:05 - Voilà, à partir de là,
04:07 c'est le père qui a été sanctionné
04:08 parce qu'on lui a dit qu'il n'a pas maltraité son gamin.
04:11 Donc à un moment ou à un autre,
04:12 il faudrait quand même qu'on arrive
04:13 à marcher sur nos deux jambes.
04:15 Je ne suis, encore une fois,
04:17 je ne dis pas qu'il n'y a pas de faille,
04:19 je dis qu'il faudrait plutôt qu'on aide ses parents
04:21 à travailler autour du stock familial
04:23 et de la parentalité.
04:25 Que la place des pères,
04:26 il va falloir qu'à un moment ou à un autre,
04:27 on en parle aussi,
04:28 parce que pour l'instant,
04:29 je sens que les pères sont pratiquement disqualifiés,
04:32 ne sont pratiquement même plus présentes
04:34 sur le rôle qu'ils ont au niveau de la famille.
04:39 - Non mais ça, vous voulez dire,
04:40 vous parlez des familles monoparentales
04:42 où les pères sont partis ?
04:44 - Oui, mais tu vois,
04:45 il y a un père et puis là où il y a un papa
04:48 et que la famille est complètement composée,
04:50 croyez-moi que dans ce qu'on peut voir,
04:53 en attendant,
04:55 on ne voit pas les papas beaucoup assez actifs
04:57 sur ces sujets-là.
04:58 - Mais on peut les contraindre ?
05:00 Comment contraindre un papa qui s'est tiré
05:02 pour parler trivialement ?
05:03 - Il faut absolument, encore une fois,
05:06 que ce n'est pas en sanctionnant les parents
05:09 qu'on va régler les problèmes de fond.
05:11 Il faut qu'on arrive à continuer
05:13 à accompagner ses parents.
05:15 Et des propositions, il y en a, on en a faites,
05:18 de travailler sur le choc familial,
05:20 sur la parentalité.
05:22 - Oui, mais vous savez ce que c'est en France ?
05:23 On fait toujours "mettez de l'argent de la prévention,
05:25 mettez de l'argent de la prévention,
05:27 mettez de l'argent de la prévention".
05:28 - Non, mais je ne dis pas d'argent.
05:29 Excusez-moi, il n'y a pas besoin que d'argent.
05:31 Il faut arrêter, encore une fois.
05:32 Là, c'est tout de suite,
05:33 dès qu'on parle d'accompagner,
05:35 c'est tout de suite une question d'argent.
05:37 La preuve, c'est qu'on peut aussi sanctionner les parents
05:39 en mettant des amendes.
05:40 Donc là aussi, on parle d'argent.
05:41 Moi, ce que je veux vous dire, c'est que...
05:43 - Dans ce sens-là, c'est plutôt rare.
05:44 Dans ce sens-là, ce serait une première, quand même.
05:46 - On va écouter, c'est pour ça qu'on commence à dire
05:47 il va falloir retirer la CAF à ceux qui ne sont pas responsables,
05:49 ou ainsi de suite.
05:50 Donc, ne venez pas me dire qu'on n'est pas en train de parler d'argent.
05:52 - Oui, mais on n'est jamais passé aux actes.
05:54 On n'est jamais passé à l'acte.
05:55 - Non, mais, excusez-moi,
05:56 on commence quand même à...
05:58 - Vous savez, c'est comme l'uniforme à l'école.
06:01 On en parle tous les jours depuis 30 ans,
06:02 puis on n'est jamais passé à l'acte.
06:03 Alors là, il semblerait quand même que Cabriel Attal ait envie d'y aller.
06:06 Mais là, ça fait 30 ans qu'on dit qu'il faut sanctionner les parents,
06:09 et la République ne l'a jamais fait.
06:10 - Excusez-moi, là, je vais faire la...
06:11 - On ne l'a jamais fait.
06:12 - Pensez à sanctionner les parents qui sont aujourd'hui
06:15 des responsables politiques,
06:16 qui, dans leurs enfants, ont fait des refus d'entomper,
06:19 et dans des enfants, se sont retrouvés avec de la drogue.
06:21 Ceux-là, vous allez aussi leur demander...
06:22 - Et pourquoi pas ?
06:23 - ... d'aller leur faire des intérêts généraux.
06:24 Eh bien, écoutez, commencez par ceux-là,
06:25 parce qu'ils sont censés nous montrer l'exemple aussi.
06:27 - Moi-même, Meshmash, vous nous disiez,
06:29 est-ce qu'il n'y a pas finalement la possibilité aussi
06:31 de voir des enfants dire
06:32 "Ok, je vois ma mère ou mon père qui travaillent déjà beaucoup,
06:35 je vais essayer de ne pas sortir des clous
06:36 pour éviter de les pénaliser davantage."
06:39 Est-ce que ça n'aurait pas non plus cet effet-là,
06:41 ce que propose Aurore Berger ?
06:42 - C'est pour ça que...
06:43 Non, mais qu'on puisse travailler sur l'accompagnement des enfants
06:46 et d'accompagner les parents,
06:48 je ne dis pas qu'ils ne le font pas.
06:49 Je dis juste que du moment où on commence à mettre des parents,
06:53 on leur a un piquant,
06:55 alors qu'on ne connaît pas la situation de la famille.
06:57 On ne sait pas si la maman,
06:59 elle est, comme je vous le disais tout à l'heure,
07:01 elle est censée travailler avec des horaires décalés,
07:04 où des fois elle n'est pas présente,
07:06 parce qu'elle fait du ménage,
07:07 et les ménages se font généralement tard le soir rendez-vous.
07:10 - D'horaires décalés.
07:11 - D'horaires décalés.
07:12 Donc moi, ce que je veux,
07:13 c'est qu'on mette tout ça sur la table.
07:15 Et c'est trop facile de prendre des raccourcis,
07:17 comme si aujourd'hui,
07:18 on ne prenait pas en considération la famille dans sa globalité
07:22 et les contextes qu'elle a aujourd'hui,
07:25 en vivant peut-être seul.
07:27 - Merci beaucoup en tout cas, M. Meshmash, d'avoir été avec nous.
07:30 Je rappelle que vous êtes ancien éducateur de rue,
07:32 président de la coordination "Passe en nous"
07:34 et porte-parole d'Assez le Feu.
07:36 Merci d'avoir été avec nous.
07:37 - Merci à vous.
07:38 - Dans un instant, RTL midi.
07:41 Votre vie, quand l'écriture fait du bien,
07:43 quand les mots se transforment en thérapie.
07:46 On estime qu'un Français sur cinq
07:48 prend du plaisir à l'écriture.
07:50 A tout de suite.
07:51 - Jusqu'à 13h.
07:52 - RTL midi.
07:53 - Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
07:55 Éric Brunet.
07:57 [SILENCE]