• il y a 4 mois
Et à la fin, il n’en resta qu’un. Toutes les conjectures, les hypothèses, les projections, les prévisions et autres présages étaient derrière nous. Le réel était passé comme une meule de pierre, ce qui avait eu lieu avait eu lieu, et c’est lui, l’immortel, qui restait debout, dressé comme un phare guadeloupéen, c’est-à-dire lumineux et souriant, Teddy "Winner", comme on aimait titrer il y a dix-sept ans de cela pour son premier titre mondial, en 2007. Le récit de la fabuleuse journée de Teddy Riner sur la route du Panthéon est à revivre dans ce septième épisode d'Au coeur de Paris 2024, la dernière série du podcast Hajime de L'Esprit du Judo , qui revient par ailleurs sur le parcours bronze d'une Romane Dicko qui ne rêvait que d'or.

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Transcription
00:00Musique de la Marseillaise
00:20Et à la fin, il n'en reste à qu'un.
00:39Toutes les conjectures, les hypothèses, les projections, les prévisions et autres présages étaient derrière nous.
00:45Le réel était passé comme une meule de pierre.
00:48Mais ce qui avait eu lieu, avait eu lieu.
00:50Et c'est lui, l'immortel, qui restait debout, dressé comme un phare guadeloupéen, c'est-à-dire lumineux et souriant.
00:56Teddy Winner, comme on aimait titrer il y a 17 ans de cela pour son premier titre mondial en 2007.
01:02On attendait des merveilles de cette équipe de France à Paris.
01:04On rêvait de trois titres féminins peut-être, comme au championnat du monde de Paris en 1997 et 2011.
01:10Et surtout comme à Tokyo en 2019 avec les mêmes combattantes ou presque.
01:14Ce vendredi après-midi encore, au moment des demi-finales, on pouvait croire fermement que les deux favoris du jour allaient offrir le doublé.
01:20Comme à Rio en 2016, où Emilian Deol et Teddy Riner, déjà en dernier relayeur, avaient fait le finish parfait.
01:26Beaucoup d'espérance, finalement déçu.
01:28On y croyait fort pourtant à Romane Dicot comme sauveuse, invaincu qu'elle était depuis plus d'un an.
01:33Plus qu'en Teddy Riner lui-même peut-être, lequel était confronté à une concurrence remontée et performante.
01:38Mais à la fin, c'est lui qui assure, lui qui fait ce qu'il a annoncé, lui qui gagne.
01:42Au matin de ce septième jour de compétition, tout le public attendait de voir Romane Dicot disperser toute opposition,
01:48passer sur ce championnat comme un rhino à travers des cloisons de papier.
01:51L'impression qu'elle avait laissée lors de ses dernières prestations au Master de Boudapest,
01:55au Championnat d'Europe de Montpellier, au Grand Schlemme de Paris-Bacou ou Astana.
02:00Mais son premier combat contre la modeste géorgienne Sofio Sommetijvili faisait un peu monter le malaise.
02:05Pendant deux minutes, la géorgienne tenait bien le coup contre la montée de bras de notre colosse féminine,
02:10les deux minutes qu'elle avait dans le moteur.
02:12Elle s'arrêtait là, à la troisième pénalité, mais le doute concernant l'état de forme ou l'état d'esprit de notre ultime combattante féminine,
02:18en charge de dorer le blason de la Maison France, continuait son travail de sape.
02:22Le combat suivant contre la bosniaque Céric était rassurant.
02:26Plus impérieuse à la garde, la française profitait bien de la posture exagérément défensive de la médaille mondiale 2018
02:32pour inverser la rotation et la pousser sur le dos.
02:34C'était parti pour une demi-finale en terrain connu, à Paris, devant la famille,
02:38avec le cœur sans doute libéré et gonflé d'espoir par la défaite inattendue,
02:42en quart de la japonaise Soné blessée,
02:44et contre une fille toujours battue lors de leurs quatre rencontres importantes,
02:48la brésilienne Béatrice Souza.
02:50Avec elle, c'est à chaque fois une partie de slap-fighting,
02:52chacune cherchant à imposer son bras droit,
02:55la brésilienne étant surtout dangereuse quand elle parvient à monter en croisée sur l'épaule.
02:59Mais à la fin, c'est toujours normalement Romane Dico,
03:02la plus vive, la plus agressive et la plus forte physiquement,
03:05qui met le dernier coup, en contrant ou en enroulant pour finir au sol.
03:08Alors pourquoi cette fois-ci a-t-elle paru empruntée,
03:11inquiète des tentatives de son adversaire, comme si elle ne la connaissait pas,
03:15souvent sur les talons et le reculoir ?
03:17Pourquoi cette fois-ci, c'est Souza qui lance son makikomi sur une montée de bras croisée,
03:22et Dico qui se laisse enrouler jusqu'à la pointe de l'épaule,
03:25échappant de peu au waza-hari,
03:27mais se laissant piquer au sol en ongei zagatame,
03:29la première technique du gokyo section ne waza,
03:32affichant au passage des capacités de défense au sol,
03:35en se laissant contrôler le bras et en se trompant dans la direction de l'échappe,
03:39dont on dira seulement qu'elles ne sont pas à prendre en exemple.
03:42Romane Dico aura beau aller heureusement prendre une médaille de bronze offerte
03:45par le forfait de la japonaise,
03:47et la présence peu intimidante de la trentenaire Milika Savic,
03:50bien frêle face à la puissance de la jeune française,
03:53est fixée au sol au bout de quelques secondes.
03:55Voir ses larmes essuyées par le président Macron himself,
03:58le mal était fait, le réel était passé,
04:01Romane Dico n'allait pas prendre l'or olympique à Paris,
04:04qui choisissait Souza, victorieuse en finale de l'israélienne Hershko,
04:07d'un petit haut chigari.
04:09Et pour nos questions sur le combat décisif,
04:11il fallait demander à l'entraîneur Séverine Gondelend.
04:13J'allais dire que l'entame sur la brésilienne est très bien,
04:17et qu'à un moment j'ai l'impression,
04:19après il faudra voir avec un peu plus de recul et d'échange avec elle,
04:23qu'elle est plus préoccupée de savoir comment l'autre va poser ses mains,
04:30plutôt que de savoir comment elle doit poser les siennes.
04:34J'ai le sentiment que c'était pas la Romane,
04:38je réfléchis avant, je monte, je sais ce que je fais,
04:41mais plus je monte et à un moment ça fonctionne,
04:44même si la brésilienne aussi change un peu sa façon de procéder,
04:49mais à cogiter pendant le match.
04:51Le schéma est clair,
04:53elle le fait très bien sur la première séquence,
04:55et d'un seul coup, les mains changent.
04:59Elle se retrouve avec la main droite au revers,
05:02à attendre, à aller dans le mauvais sens,
05:04et à essayer de bloquer sauf que l'autre l'envahit.
05:08J'ai eu ce sentiment qu'elle réfléchissait pendant le match,
05:13et que du coup elle se fait bouffer sur plusieurs secteurs.
05:17Forcément je partage la déception,
05:20parce qu'elle est favorite,
05:23elle a montré qu'elle était capable de battre tout le monde,
05:27elle a une saison qui est depuis l'échec au championnat du monde,
05:31elle n'a pas perdu un seul match,
05:34donc forcément on va au jeu pour le titre.
05:39Elle et moi c'est l'équipe,
05:41il y a beaucoup d'attente,
05:43elle a aussi beaucoup d'attente,
05:46et elle s'est entraînée pour le titre.
05:48Donc forcément perdre en demi,
05:52c'est un petit peu le sentiment que tout s'effondre.
05:57Mon boulot et le boulot des collègues,
06:02c'est de faire en sorte qu'elle puisse rebondir,
06:05ce qu'elle a été capable de faire,
06:07et ça c'est super parce qu'elle aurait pu laisser filer le bronze,
06:12et là à la fin ce n'est pas pareil.
06:15Donc il y a de la déception,
06:17mais je pense que même si ça va être dur à encaisser le fait d'avoir échoué,
06:23elle repart avec une belle médaille,
06:26et ça prendra du temps,
06:28mais elle va la savourer avec le temps.
06:30Quant à la médaillée de bronze de Paris,
06:32et déjà tout de même double médaille olympique à 24 ans,
06:34il faut le signaler car ce n'est pas rien,
06:36elle ne pouvait que constater tout de même que le métal obtenu ne la satisfaisait pas.
06:40Ce n'était tellement pas pour ça que j'étais venue aujourd'hui,
06:43Il me semble que ces trois ans qui sont partis un peu à l'eau,
06:46c'est très compliqué, c'est dur,
06:49après j'ai envie de dire que c'est la dureté du sport,
06:51du sport de haut niveau,
06:53mais très très dur.
06:55Je n'ai pas revu le match forcément encore,
06:57mais c'est rien qui m'a dit que je n'étais pas comme d'hab.
06:59Je n'ai pas le sur-recul encore assez,
07:01mais en vrai pourquoi j'ai perdu,
07:03ce n'est même pas la raison que j'ai perdu,
07:05c'est tout,
07:07et oui j'échoue en demi-finale,
07:09je me remobilise,
07:11c'est très compliqué encore.
07:13Mentalement pour moi j'étais prête,
07:15j'ai fait tout le taf,
07:17j'étais bien ce matin, j'étais bien cet après-midi,
07:19je n'ai pas senti une pression,
07:21pour moi j'allais en grand slam,
07:23je ne m'étais pas mise de pression par rapport à ça,
07:25je voulais juste faire ma compétition,
07:27comme les compétitions que je fais à chaque fois,
07:29j'ai envie de gagner,
07:31sauf que là c'était les Jeux et j'ai échoué.
07:33Pour moi je devais gagner aujourd'hui,
07:35parce que j'avais toutes les armes,
07:37je n'ai pas réussi à le faire,
07:39je suis dégoûtée,
07:41je suis deg.
07:43En perdant cette grande occasion de marquer d'or sa belle carrière olympique,
07:45Romane Nico nous oblige à faire le constat
07:47que la jeune génération n'est pas parvenue non plus
07:49à effacer par sa réussite
07:51l'essoufflement des héroïnes des championnats du monde 2019.
07:535 médailles,
07:55c'est un record olympique sur le nombre,
07:57comme à Londres 2012 et Tokyo 2021,
07:59mais pas d'or, c'est le plus mauvais résultat sur la qualité,
08:01avec Athènes 2004 et Pékin 2008,
08:03où Frédéric Jossinet pour le premier
08:05et Lucie Descosse pour le second
08:07sont tout de même en finale.
08:09Amandine Bouchard, Clarissac Beignenou, Romane Nico
08:11avaient le niveau pour nous offrir le triomphe espéré,
08:13la compétition ce n'est pas un problème de niveau,
08:15mais de présence.
08:17Première prise de parole, sans faux semblants,
08:19ce n'est pas le genre de la maison du président de la fédération
08:21Stéphane Nomis.
08:23Je ne vais pas vous dire que je suis content de l'équipe féminine,
08:25oui on fait des médailles dans l'équipe féminine,
08:27mais on n'a pas d'or,
08:29et il nous manque des finales,
08:31donc forcément je suis très déçu.
08:33Forcément on va avoir des explications
08:35avec les entraîneurs,
08:37parce que je ne suis vraiment pas content.
08:39Ce n'est pas satisfaisant.
08:41Ce qui s'est passé ce soir,
08:43ce n'est pas satisfaisant.
08:45Romane, sa place,
08:47ce n'est pas de faire troisième.
08:49Romane est née pour être championne olympique,
08:51on aurait dû l'amener,
08:53certainement on a fait une petite erreur.
08:55On a notre part de responsabilité,
08:57le staff,
08:59il y a un truc qu'on a raté,
09:01on ne peut pas rater autant.
09:03Chez les féminines,
09:05j'ai raté 5 finales.
09:07Ce n'est pas possible,
09:09c'est qu'on a fait des erreurs,
09:11il faut le reconnaître.
09:13On va en discuter,
09:15on va voir ce qu'on a mal fait,
09:17et on va repartir
09:19pour la prochaine olympiade.
09:21Le premier combat de Teddy Riner
09:23n'avait pas donné non plus les meilleurs signes,
09:25empêtrés qu'il était dans les mains
09:27qu'on devinait caleuses et fortes,
09:29comme celle d'un monumental bûcheron
09:31de l'Emirat d'Araf,
09:33portant les couleurs des émirats,
09:35mais respirant encore son air natal du Dagestan.
09:37Le roi de la catégorie était prudent,
09:39et il avait raison sur ce premier tour,
09:41car son rude adversaire ne visait que le contre,
09:43cherchant la gloire éternelle sur un seul coup de dé.
09:45Teddy Riner ne lui offrit pas cette chance,
09:47patientant jusqu'à 2 minutes 30 au golden score,
09:49pour l'attendrir,
09:51et finalement le secouer en sassaillé,
09:53et obtenir la dernière pénalité.
09:55Cette entrée sans éclat excitait déjà les réseaux,
09:57mais le quart de finale se profilait,
09:59et l'un d'entre eux, un ami,
10:01mettait les guillemets de l'ironie,
10:03de l'antiphrase de l'alitote,
10:05trois figures de style mêlées,
10:07pour dire, comme le faisait le regretté Thierry Rolland,
10:09que ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble.
10:11Tushishvili a le sang chaud des clans de Tbilisi,
10:13et la supériorité affichée de Teddy Riner
10:15depuis le début de sa propre carrière
10:17a le don de l'énerver
10:19comme un chiffon rouge agité constamment sous son nez.
10:21Il faisait une grosse première partie de combat,
10:23tout en fougue,
10:25et en parvenant à casser à coups d'épaule
10:27la garde haute du français pour lancer
10:29le vigoureux Osotogari parti de loin
10:31qui faisait frissonner les tribunes.
10:33Mais le champion finissait par résoudre le problème
10:35en resserrant sa saisie en pliant le coude,
10:37la main juste en haut du revers.
10:39Guaram lançait tout de même son Osotogari,
10:41et Teddy pouvait le bloquer,
10:43sentait le coup et lançait un puissant contre
10:45en didankosotogake qui effondrait
10:47le muscle géorgien sur le dos.
10:49S'en suivait une courte échauffourée,
10:51le géorgien, vexé de sa chute et du contrôle
10:53trop longtemps maintenu à son goût par le français
10:55à l'air et sur sa gorge, le faisait tomber
10:57en le prenant au cheville, tandis que Teddy
10:59s'en amusait en le narguant d'une grimace de victoire.
11:01Menaçant comme un voyou, Tushishvili
11:03allait lui parler brutalement et même le toucher
11:05au front, tandis que le vainqueur du combat
11:07se tenait intelligemment et prudemment sur le dos
11:09sans offrir de résistance aux poussées
11:11insultantes du géorgien. Encore une fois,
11:13les réseaux allaient bruisser des avis sur les responsabilités
11:15de l'un ou de l'autre, s'appuyant
11:17sur telle image fixe toujours menteuse,
11:19telle ralentie toujours parcellaire.
11:21Le bilan est assez simple à tirer,
11:23c'est perdu sur le tapis, on ne la ramène pas
11:25ensuite, c'est l'éthique de base du combattant.
11:27Et la Fédération Internationale était
11:29claire dans sa perception de l'épisode,
11:31c'était une sanction immédiate pour Tushishvili,
11:33le dégoupilleur, et pour
11:35toute la compétition, incluant les équipes.
11:37L'entraîneur, gouéjoigni,
11:39ne lui dit pas merci.
11:41Teddy Riner était en demi-finale et son adversaire
11:43affiché, le japonais Saito,
11:45subissait un long calvaire, malgré une première
11:47victoire sur le double champion olympique
11:49tchèque, Kierpalek, mais
11:51changé pendant près de dix minutes par le cubain Granda
11:53et finalement battu facilement et
11:55proprement par le champion du monde coréen
11:57Kim Min-jung sur un Seoi-nage suave
11:59qui le déposait sur le dos.
12:01Les 170 kg de Saito n'allaient plus peser sur cette journée
12:03et il se faisait même ouvrir
12:05en place de trois par l'Ousbek Yusupov
12:07qui lui plaçait Juji Gatame.
12:09Il était temps que ça se termine pour un Japon
12:11dominant une nouvelle fois les statistiques,
12:13grâce à Tsunoda, Abe et Nagase,
12:15mais bien pâle en termes d'aura à Paris.
12:17La suite, on la connaît,
12:19c'était la même demi-finale qu'au
12:21championnat du monde, la même finale qu'au
12:23Grand Chelem de Paris. Teddy Riner, plus fort
12:25que jamais, plaçait son petit galop de cheval
12:27comme dans sa jeunesse pour aller
12:29attraper dans le bon rythme la première jambe
12:31du monumental tadjik Hakimov
12:33pour un Osoto-gari enchaîné sur la deuxième
12:35jambe en Osoto-guruma.
12:37Et il mettait ensuite le point sur le i de Paris
12:39en explosant en finale le coréen Kim Min-jung,
12:41petit gaucher champion du monde
12:43qui fait peur à tout le monde mais qui le gère bien
12:45et toute l'arène à Champs-de-Mars par la même
12:47occasion, tremblement de terre à 10
12:49sur l'échelle de Riner avec un
12:51régauchis des grandes heures.
12:53Depuis le temps que j'aurais voulu avoir
12:55une belle finale olympique comme ça, je suis content.
12:57Et aujourd'hui, je l'ai eue.
12:59Le sentiment, c'est esquipon, comme ça
13:01c'est fini. Comme ça, je sais
13:03que j'ai gagné et c'est de la fierté.
13:05C'est de la joie, c'est une explosion
13:07de pas mal de sentiments
13:09en fait. Quand il y a 8 points en finale,
13:11tu te dis, ça y est. Là, tu réalises
13:13tout doucement et là, quand je vous vois, je réalise
13:15encore. C'est des choses qui
13:17arrivent par vague
13:19mais en tout cas, oui.
13:21Très très content. Forcément, ça fait du bien.
13:23Ça fait du bien quand ça se passe comme ça parce que
13:25malheureusement, pour
13:27certains athlètes, ça ne se passe pas aussi bien
13:29et aujourd'hui, c'est de mon côté donc je suis content.
13:31Mais voilà, je pense que j'ai eu la bonne stratégie,
13:33j'ai fait ce qu'il fallait, j'ai mérité.
13:35C'est une journée olympique donc forcément
13:37on trouve des adversaires qui n'ont pas forcément envie
13:39d'ouvrir leur judo,
13:41pas envie de se livrer donc c'est compliqué
13:43mais il faut trouver la bonne opportunité,
13:45il faut rester concentré, ne pas se précipiter
13:47et c'est ce que j'ai fait tout au long de la journée.
13:49Tout au long de l'Olympiade, on m'en a parlé,
13:51on m'en parle depuis après Rio
13:53donc oui, je suis content.
13:55Chaque médaille que j'ai remportée
13:57entre temps a son poids dans la balance
13:59et fait de moi le plus
14:01très bon sport donc je suis
14:03content, fier
14:05et j'espère qu'il va rester très longtemps.
14:07J'en ai rêvé, j'en ai cauchemardé.
14:09C'est beaucoup, beaucoup
14:11d'heures de remise en question,
14:13beaucoup de
14:15prises de tête,
14:17beaucoup d'heures d'entraînement
14:19difficiles
14:21et je comprends pourquoi.
14:23Les premiers combats difficiles au grand élan final,
14:25le nouveau venu sur la chaise, Christian Chaumont,
14:27nous explique la maturation
14:29de cet incroyable accomplissement du jour.
14:31Ce matin il était tendu,
14:33évidemment,
14:35la France entière l'attend, les médias l'attendent,
14:37tout le monde,
14:39le public,
14:41donc c'est dur de rentrer dans un chaudron comme celui-là,
14:43c'est une arène,
14:45les gens ont tellement envie qu'il réussisse.
14:47Depuis presque
14:494 ans on attend ce moment-là,
14:51il arrive et il est tendu ce matin,
14:53il sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur,
14:55la petite erreur, la petite faille,
14:57en judo ça va très vite, le moindre petit écart
14:59et puis on se retrouve sur le dos, on se fait contrer, on repart,
15:01on l'a vu avec Clarisse ou avec Romain Le Dico
15:03et encore d'autres, pas grand chose des fois que ça se joue.
15:05Donc bien sûr qu'il était un petit peu
15:07pas sur la défensive
15:09mais sur la réserve,
15:11donc il fallait que ça rentre
15:13et puis derrière je pense qu'avec le Jurgien
15:15ça lui a mis un déclic,
15:17il s'est dit ça y est, il faut que je fasse du judo,
15:19ce matin c'était dur
15:21de lui parler de judo,
15:23cet après-midi c'était beaucoup plus simple.
15:25Je l'ai senti tout de suite puisque je lui ai dit tout de suite
15:27ce matin je te parlais
15:29tu me répondais oui, oui, oui
15:31et là tu me reparles
15:33de judo. Alors il a souri, il a rigolé,
15:35je sais que t'es relâché là maintenant
15:37donc c'était le combat avant là, après c'était le combat
15:39pour la demi-finale, donc là j'ai senti oui.
15:41On a fait trois Jeux Olympiques ensemble,
15:43on a fait Londres,
15:45Rio,
15:47et puis aujourd'hui, donc 3 sur 3
15:49contre Valédor,
15:51donc on peut être que satisfait,
15:53si j'étais un coach pas satisfait aujourd'hui,
15:55c'est que j'ai un problème,
15:57non bien sûr je suis heureux, je suis heureux pour lui,
15:59je suis heureux de lui,
16:01il vient d'écrire l'histoire du sport, l'histoire du judo,
16:03c'est devenu une légende,
16:05donc c'est fabuleux,
16:07c'est extraordinaire.
16:09Il y en avait un sur la chaise, un autre était dans la salle
16:11d'échauffement, l'entraîneur fidèle des dernières
16:13années, Franck Chambilly.
16:15C'est
16:17la plus belle des médailles,
16:19qui vient concrétiser
16:21trois ans de travail avec une médaille d'or
16:23au bout et une satisfaction
16:25du travail bien fait,
16:27bien fait, réussi
16:29et soldé par une belle médaille d'or à la maison.
16:31Il y a un travail d'équipe aussi.
16:33Le haraigoshi est magnifique,
16:35il est signé Teddy Riner
16:37parce que ce n'est pas un haraigoshi classique.
16:39Teddy comme il est grand,
16:41il est très grand
16:43quand il envoie sa jambe et sa hanche,
16:45en fin de compte la jambe elle part du bas
16:47et elle remonte ici, et Teddy le fait
16:49de manière latérale,
16:51ce qui n'est pas du tout
16:53conventionnel, mais il a une telle amplitude
16:55de hanche avec un tel tirage
16:57et des tels rotateurs, que même s'il est
16:59un peu des fois mal placé,
17:01il récupère en l'air et l'autre il fait
17:03non voler, d'ailleurs quand il le fait tomber
17:05il s'efface un peu pour ne pas qu'il le tombe dessus.
17:07C'est l'aboutissement
17:09des trois ans après Tokyo,
17:11surtout avec tout le travail qu'on a mis en place,
17:13la planification,
17:15la programmation,
17:17les changements au dernier moment,
17:19vous avez vécu un petit peu
17:21le périple de ces trois années,
17:23et donc voilà, c'est une fierté,
17:25une grande fierté.
17:27Pourtant c'est la médaille d'or de Teddy,
17:29pour quoi qu'il arrive, moi je lui prends un petit peu plus de hauteur,
17:31je me suis mis plus en retrait
17:33pour pouvoir apporter d'autres choses à Teddy,
17:35ça fait 20 ans que je le coache,
17:37donc on voulait changer un petit truc pour qu'il n'y en ait plus au choc,
17:39et on a réussi notre pari.
17:41Christian je l'ai un peu accompagné,
17:43c'est un peu sur les partenaires, parce qu'il avait un peu décroché,
17:45mais il s'est mis de vie à la page, parce qu'aujourd'hui on a les vidéos et tout ça,
17:47moi je lui ai apporté mon truc,
17:49et puis
17:51ce que j'avais dit à Christian, c'est qu'aujourd'hui
17:53le panel des poids lourds,
17:55c'est considérablement évolué,
17:57et c'est que dégauché,
17:59les 80% des judokas
18:01qui sont sur le podium d'ailleurs,
18:03c'est quasiment que dégauché.
18:05Donc Christian avait pour habitude de travailler un peu sur le dégauché,
18:07moi aussi j'avais commencé
18:09un travail, donc on a accordé un peu nos violons,
18:11et puis on a trouvé
18:13une belle entente pour avoir une complémentarité
18:15dans le travail technico-tactique.
18:17Avec cette victoire historique, la longue histoire
18:19commencée en 2007 est enfin parachevée.
18:21Le triplé olympique de la légende Nomura
18:23était enfin égalé par un autre
18:25qui pouvait revendiquer aussi
18:27une médaille olympique par équipe en plus,
18:29et deux autres médailles de bronze olympiques
18:31sans compter 11 titres mondiaux.
18:33A Paris, mais pas sur le tapis,
18:35le rival le plus fort empêché de combattre,
18:37le russe Tasoyev, observait cela de loin.
18:39On imagine le plan final
18:41comme le teaser d'une nouvelle saison,
18:43d'un second tome, que Riner lui-même a évoqué
18:45en assumant l'idée d'être à Los Angeles
18:47dans 4 ans.
18:49Mais regardez, je viens de gagner ça là, vous mettez-moi la pression.
18:51Si j'ai le temps, je profite.
18:53Après, ça serait top d'aller à Los Angeles.
18:55Se rebalancer tout de suite dans les Jeux,
18:57bon, laissez-moi récupérer,
18:59me refaire une santé, prendre le temps
19:01et après on part sur 2028.
19:03Il est temps de refermer ce livre en se délectant
19:05déjà de nouveaux rebondissements.
19:07Teddy Riner 2, le grand retour,
19:09pour bientôt sur vos écrans.
19:11En incrustant le coréen Kim Min-jung dans le tapis
19:13de Paris, le patron a aussi offert
19:15la victoire essentielle qui manquait
19:17à l'équipe de France pour se réjouir définitivement
19:19de son excellent résultat final.
19:21Magnifique pour le Global
19:23avec déjà 9 médailles, c'est le record
19:25absolu à deux longueurs des 7 médailles
19:27de Barcelone 1992, Londres
19:292012 et Tokyo 2021.
19:31Incroyable du côté des garçons,
19:33peu attendus avant ce championnat et qui signent
19:35pourtant le meilleur parcours d'ensemble
19:37de leur histoire derrière les deux
19:39titres de Moscou 1980,
19:41sans les japonais, et d'Atlanta 1996.
19:43Un triomphe qui fait du bien à tout
19:45le monde et qui réjouissait
19:47le volontariste président Nomis,
19:49qui avait rêvé de tout ça, aussi heureux
19:51au bout du compte que sa voix est fatiguée.
19:53Laissons lui donc le mot de la fin.
19:55Ce que le judo français vient de réaliser, c'est une très grande
19:57performance, on avait
19:59fait déjà un record à Tokyo
20:01avec 8 médailles,
20:03là on est déjà à 9 médailles,
20:05on a remonté complètement l'équipe
20:07masculine, on ramène 4
20:09médailles dans l'équipe masculine, c'est-à-dire qu'on a
20:11fait des changements il y a deux ans, on a été beaucoup
20:13critiqués, et ça a été
20:15très compliqué, mais c'est des changements
20:17qui ont changé la dynamique du judo français,
20:19et aujourd'hui on se retrouve
20:21avec 9 médailles et un
20:23titre exceptionnel avec Teddy.
20:25C'est pas toujours facile pour tout le monde
20:27de supporter la pression, mais quand même,
20:29les très grands champions du judo français,
20:31ils supportent la pression, ils sont là présents,
20:33et la différence entre
20:35Teddy de Tokyo et
20:37Teddy de là, c'est que Teddy est venu
20:39pour marquer des hippos et marquer les esprits.
20:41Il avait dit, je viens marquer les esprits,
20:43je viens marquer l'histoire de mon sport,
20:45et il a choqué,
20:47j'ai vu des adversaires,
20:49d'autres présidents, ils m'ont dit
20:51qu'ils ont été choqués par Teddy,
20:53par son judo, par son envie de marquer
20:55des hippos, c'était juste incroyable.
20:57Il nous a fait plaisir,
20:59il s'est entraîné différemment,
21:01il est ultra professionnel, on vit des jeux
21:03extraordinaires, on a une équipe
21:05avec une solidarité folle, vous nous avez
21:07déjà suivi sur beaucoup
21:09de championnats
21:11cette année,
21:13on avait annoncé
21:15haut les médailles françaises,
21:17pour l'instant,
21:19on est le premier sport français,
21:21comme on avait dit, on est très fiers
21:23de la réussite,
21:25c'est une réussite globale,
21:27c'est une réussite des athlètes, des entraîneurs,
21:29des professeurs de club,
21:31c'est une réussite de la fédération,
21:33et ça c'est important de le dire,
21:35parce que c'est tous ensemble,
21:37on a fait une communion depuis trois ans,
21:39et tous ensemble,
21:41on est plus fort que quand il y a
21:43l'équipe de France d'un côté et les clubs de l'autre côté.
21:45Comme le souligne Stéphane Lomis,
21:47l'aventure achevée des parcours individuels
21:49ne demande qu'à être transcendée par un
21:51résultat collectif à la hauteur de la réussite
21:53de Tokyo, il y a trois ans.
21:55Ce serait la dixième médaille annoncée
21:57au départ, mais seul l'or peut nous
21:59satisfaire. C'est la bataille décisive.

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