Arthur Teboul : "Je ne voulais pas d'un album de reprises qui fasse karaoké"

  • il y a 3 mois

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Musique
Transcription
00:00Est-ce que je suis un interprète capable de ça ?
00:01C'était la question que je me posais.
00:03Ça peut faire karaoké.
00:04Les chansons sont super.
00:05Les gens qui les ont interprétées sont incroyables.
00:09Qu'est-ce que je vais faire, moi ?
00:10Je vais apporter quoi ?
00:31Il est né un peu par hasard.
00:32Il faut être à l'écoute des choses qui nous font envie.
00:35Parfois, ce n'est pas du tout ce qu'on attend, ce qu'on voulait.
00:38Pianovoi, avec les chansons de mes idoles,
00:41de ceux qui m'ont donné envie de faire de la musique.
00:43Donc, ça a été tout un travail très studieux, très méticuleux
00:48pour vivre ces chansons et simplement être dans chaque mot de chaque chanson
00:55pour qu'elles soient personnelles, originales.
01:01On regrettait le manager Jean-Philippe Allard,
01:03qui nous a quittés il y a quelques semaines maintenant,
01:05qui avait provoqué la rencontre avec Baptiste.
01:09Au départ, c'était juste pour un concert.
01:11Le Piano Day, en 2022, c'est un événement international autour du piano.
01:14On s'est rencontrés avec Baptiste, on ne se connaissait pas du tout.
01:17Notre langue n'est pas la même.
01:19On a eu du temps, en plus, pour se trouver un espace commun.
01:22Baptiste est un virtuose du piano.
01:26Son école, c'est le jazz.
01:27Il compose pour la musique classique aussi, mais il adore la chanson.
01:30On a commencé à partager des chansons pour voir si on pouvait
01:33faire un petit répertoire de reprises.
01:35D'un concert, on a fait deux autres plus tard à la scène musicale.
01:39On a dû étoffer le répertoire.
01:53Il y a des chansons, par exemple, de Barbara ou Brel,
01:56qui sont des auteurs, compositeurs, interprètes,
01:59qu'on a du mal à reprendre.
02:01C'est tellement, comment dire, absolu, qu'ils ont réussi un truc.
02:05Au niveau de l'écriture, au niveau de la musique,
02:09au niveau de l'interprétation, c'est des sommets.
02:11C'est un sommet, c'est un sommet, c'est un sommet.
02:14C'est un sommet, c'est un sommet.
02:16C'est un sommet, c'est un sommet.
02:18C'est un sommet, c'est un sommet.
02:20C'est des sommets.
02:22Donc, quand on y va, on pourrait être écrasé par le poids de la comparaison.
02:27Et en fait, non, ce n'est pas ces chansons qui me posent des problèmes,
02:29parce que je vis avec, depuis tellement d'années.
02:32C'est des chansons qui m'ont touché depuis l'enfance.
02:35Et aussi, si on se les autorisait maintenant,
02:37c'est que je pense qu'il y a cinq ou six ans,
02:39j'avais l'impression que ces artistes-là
02:42étaient encore très partagés par la génération.
02:45Tout le monde connaissait Brel, Brassens, Sphère et tout ça.
02:48Je me dis que maintenant, il y a peut-être la génération en dessous,
02:51dont certains nous écoutent et viennent nous voir en concert,
02:54qui vont découvrir des artistes qu'ils ne connaissent pas tant que ça.
02:57Ça, ça me plaît, ce truc de passeur.
02:59C'est aussi un moyen de se décontracter vis-à-vis de ce qu'on fait aussi.
03:03On passe des super chansons.
03:05Donc, si ça peut les ramener vivants,
03:09parce que c'est intemporel en fait.
03:11Vous vous étiez servi
03:15Simplement de vos armes
03:20La mort n'éblouit pas les yeux
03:24Des partisans
03:31Vous aviez vos portraits
03:34Sur les murs de nos villes
03:37Noirs de barbe et de nuit
03:41Hirsutes menaçants
03:46Le fait de pouvoir être le porteur de ce message,
03:49à ce moment si précis,
03:5380 ans de la mort des 23 de l'affiche rouge,
03:58c'était un grand honneur,
04:01qui nécessitait de disparaître
04:04Derrière les mots et la musique.
04:07Et je pense que c'est pour ça que c'était un moment si intense.
04:11C'était plus rien que le message.
04:13Avec le recul, je sais que dans une vie d'artiste,
04:16il n'y a pas beaucoup de moments comme ça.
04:19Je sais que c'est un moment
04:22gravé à jamais.
04:24Et finalement,
04:26c'est pas si facile à faire.
04:28Parce que quand on est sur scène ou quand on est devant des gens,
04:30on peut avoir peur de mal faire.
04:33On veut exister parfois, c'est une manière de se protéger.
04:36Cette chanson est un refuge pour nous.
04:38On la chante depuis des années avec Feuchterton.
04:40C'est pour ça qu'on a été invité à la jouer au Panthéon.
04:42C'est alors que l'un de vous
04:45Dit calmement
04:50Bonheur à tous
04:53Bonheur à ceux qui vont survivre
04:57Elle est une leçon, elle est un message
04:59porté à nos générations.
05:01Encore plus aujourd'hui.
05:03Encore plus maintenant.
05:05Dans notre époque.
05:08Se souvenir que
05:11des FTP, MOI, des étrangers
05:14nous ont sauvés.
05:16On a sauvé la France.
05:18Au nom d'un idéal républicain.
05:21Au nom d'un idéal de fraternité.
05:24Au nom de la liberté.
05:27C'est pas anodin.
05:29Je pense qu'il y a quelques années
05:31chanter cette chanson
05:33ça n'aurait pas résonné en chacun de cette façon.
05:36C'est pas pour rien que les gens l'ont reçu de cette manière.
05:39On sent avec le temps qu'il y a des choses
05:41qu'on ne peut pas forcément exprimer au sein du groupe.
05:43Et plutôt qu'il y ait des frustrations
05:45quand on n'a qu'un canal d'expression, on veut tout mettre dedans.
05:47Ça permet à chacun d'explorer
05:50de se libérer de certaines frustrations
05:53et aussi de revenir, nourri d'inspiration
05:55et de nouveautés.
05:57Pour que ça marche bien
05:59au bout de 15 ans
06:01il faut continuer à prendre des risques
06:03à inventer
06:05à se nourrir.
06:07Et dans les projets de chacun
06:09c'est ce que ça permet.
06:23J'ai l'impression que c'est un hasard
06:26et j'aime bien me fier au hasard
06:28souvent le hasard est proche de la nécessité
06:30mais j'écris depuis toujours
06:32je viens de là
06:34j'ai commencé à faire de la musique
06:36parce qu'au lycée
06:38je disais des textes, des poèmes
06:40que j'écrivais
06:42à Sébastien et Clément
06:44qui sont les compositeurs du groupe
06:46donc il y a plus de 15 ans maintenant
06:48et c'est eux qui m'ont dit un jour
06:50faisons un groupe pour que tu mettes tes textes en musique
06:52donc je viens du texte, j'ai toujours écrit
06:54j'ai commencé à écrire rapidement
06:56avec les poèmes automatiques
06:58l'écriture automatique
07:00je me suis dit que c'était l'occasion
07:02d'écrire des poèmes pour les gens
07:04parce qu'au bout du compte ça prend
07:0610 minutes
07:08peut-être que les gens à la pause déjeuner peuvent trouver 10 minutes
07:10pour venir me voir dans mon cabinet
07:12et donc j'ai eu cette idée du cabinet de poèmes minutes
07:14comme cordonnier minute
07:16coiffeur
07:18manucure, micro sieste
07:20j'ai rencontré les gens
07:22et c'est vrai que c'était un truc assez dingue
07:24parce que
07:26il y a une intimité
07:28qui était très rare
07:30même dans la vie en général
07:32on a rarement l'occasion
07:34d'être en présence de l'inconnu
07:36quelques minutes dans le silence
07:38mais aussi un truc très simple de face à face
07:40qu'on n'a pas sur scène
07:42parce que la scène
07:44crée
07:46une inégalité quelque part
07:48on est dans la lumière
07:50on cherche un partage
07:52ce qu'on est en train de raconter
07:54mais de fait les gens viennent voir un spectacle
07:56on cherche un éblouissement
07:58là dans ce tête à tête
08:00c'est une nudité qui est partagée
08:02les gens sont dans un silence
08:04inhabituel, qui est désarmant
08:06et à partir du moment où je mets à écrire
08:08moi aussi je suis dans
08:10cette fragilité, cette vulnérabilité
08:12où je ne sais pas
08:14où je vais et j'écris ce qui me vient
08:16ça peut être maladroit
08:18en tout cas c'est une nudité
08:20et là il y a
08:22une connexion
08:24très simple
08:26du semblable
08:28à semblable

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