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Court métrageTranscription
00:00Je n'avais pas imaginé sa très grande pudeur.
00:02C'était très compliqué pour lui de dire directement
00:06quels étaient ses sentiments.
00:08Non, non, non.
00:27Alors ?
00:29C'est dans la poche.
00:30On rentre ?
00:32Michel Blanc appartient, pour plein de gens de ma génération,
00:36au lot premier, au premier film qu'on vous montre en enfant.
00:39C'est toujours des comédies aux enfants, tout au début.
00:43Pendant longtemps, il y avait De Funès, Pierre Richard.
00:45Ma génération, la première, a dû rencontrer Les Bronzés.
00:49J'avais ce souvenir de lui, d'avoir entendu mes parents rire
00:52en le voyant à la télévision.
00:54Après, il a accompagné toute ma vie de cinéphile,
00:57puisque j'ai continué de le voir dans des comédies,
00:59puis dans des drames, puis de nouveau dans des comédies.
01:02Je connaissais de lui ce qu'il avait donné à l'écran.
01:04Ce qui est souvent suffisant pour travailler avec un comédien ou une comédienne.
01:07On n'a pas besoin d'avoir une connaissance intime de qui ils sont.
01:10J'imaginais beaucoup de choses sur Michel Blanc.
01:11Des choses se sont révélées juste,
01:13d'autres, complètement à côté de ce que j'avais imaginé.
01:15Je l'imaginais très anxieux.
01:17Ça, on me l'avait raconté.
01:19Je le voyais dans les rôles qu'il avait fait.
01:21Vous voyez, par exemple, son personnage de Joclone Duss dans Les Bronzés.
01:24C'est quelqu'un qui, aujourd'hui, pourrait nous paraître extrêmement gênant,
01:27voire ça peut être quelqu'un qui est vu comme un harceleur de femmes
01:31et qui n'arrête pas d'essayer de targuer lourdement les gens,
01:34qui est très peu délicat, mais ça passe très bien encore aujourd'hui.
01:38On peut le voir sans en être gêné
01:39parce qu'il joue à la fois une sorte d'angoisse sourde.
01:41Ça, je le savais, je l'imaginais.
01:43Je n'avais pas imaginé sa très grande pudeur.
01:46C'était très compliqué pour lui de dire directement quels étaient ses sentiments.
01:51Il fallait que ça passe par une périphrase,
01:55raconter quelque chose sur quelque chose sur quelque chose sur quelque chose.
01:58Il prenait souvent beaucoup de temps, il parlait beaucoup,
02:00pour finalement dire, dans cet amalga de choses,
02:03quelque chose de très personnel,
02:05comme s'il fallait beaucoup parler pour cacher quelque chose.
02:07Mais Dominique fait ça aussi.
02:09Dominique est capable de beaucoup parler
02:11parce qu'il serait trop impudique de dire quelque chose comme ça.
02:16Je suis peut-être la seule personne en France qui n'ait pas vu ses films.
02:19C'est absolument scandaleux, inexplicable.
02:22Et en fait, parfois, le hasard fait bien les choses
02:25parce que, heureusement que je ne les ai pas vus,
02:27parce que je pense que c'est vraiment un grand acteur
02:30et que j'aurais été intimidée si j'avais vu ses films.
02:32Comme nous sommes pudiques tous les deux,
02:34Lionel avait écrit une scène où il pouvait éventuellement y avoir
02:37une petite tension, disons sensuelle, pour ne pas dire sexuelle.
02:42Cette scène-là était un peu la scène pour montrer
02:45que ce n'est pas parce que ça fait 45 ans qu'ils vivent ensemble
02:48qu'il n'y a pas d'intimité.
02:51Et en fait, Michel Blanc, de son côté, et moi, de mon côté,
02:54on a tout de suite appelé Lionel, ça je peux le raconter,
02:57pour dire, alors non, non, rien, on ne se touche pas.
03:00Enfin, quelque chose de très tendre éventuellement,
03:02mais rien, aucune allusion plus précise.
03:06Et en fait, sans se connaître, sans se connaître du tout,
03:08tous les deux, on avait appelé Lionel
03:10pour parler de cette scène dans la salle de bain.
03:13Donc ça, c'est assez touchant.
03:14Une population chaleureuse et enthousiaste.
03:19Dans un monde propre, il faut être sale.
03:21Ça protège des bactéries.
03:24Tiens, fais ça.
03:26Ça fortifie les cheveux.
03:28Voilà. Bravo.
03:31J'ai commencé par Le Père Noël est une ordure,
03:34que j'aime beaucoup.
03:37Surtout la représentation théâtrale, encore plus que le film.
03:41Et puis les bronzés, et puis tenue de soirée,
03:44et puis beaucoup de choses.
03:46Un bon acteur peut tout jouer.
03:50Il y a quelque chose que certains acteurs ne peuvent pas jouer,
03:52même s'ils sont excellents,
03:54c'est s'ils n'ont pas le sens comique.
03:57S'ils n'ont pas la vis comicale, ça ne s'invente pas.
04:01On peut être un acteur merveilleux sur d'autres plans
04:04et ne pas avoir le sens, la verve, l'invention comique.
04:11Michel Blanc, il a beaucoup de pudeur dans son jeu.
04:16Il n'en rajoute pas.
04:19Honnêtement, pour moi, c'était clairement un génie,
04:23de l'écriture, des dialogues, de la mise en scène et du jeu.
04:29Vraiment, c'est...
04:31Donc, oui, du plaisir.
04:33Et puis c'est un très bon vivant,
04:34quelqu'un qui aimait manger, cuisiner, comme moi.