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Court métrageTranscription
00:00Un huis clos dans un appartement ou dans une amie cis, et le dernier rôle de Michel Blanc,
00:04c'est le programme de La Cache de Lionel Bayer à découvrir en salle cette semaine.
00:30À Télérama, on avait beaucoup aimé La Cache, le premier roman de Christophe Boltanski,
00:43un roman très autobiographique, voire limite documentaire, dans lequel le journaliste racontait
00:49la vie de sa drôle de famille et surtout la vie dans un drôle d'appartement de Paris,
00:53de rue de Grenelle, dans lequel vivaient plusieurs générations.
00:57Ça racontait vraiment l'histoire de cette famille hantée par la Seconde Guerre mondiale
01:01et les risques de déportation.
01:03On s'était dit que ça allait être très difficile à adapter, Lionel Bayer a tenté
01:07de l'adapter et voyant bien que c'était pratiquement mission impossible, il a pris
01:11une option vraiment radicale, c'est plutôt que de raconter toute la vie de cette famille
01:16sur un siècle, ce qui était au cœur du roman, il s'est focalisé sur une période
01:19très très brève, c'est mai 68.
01:20Moi ce que je préfère dans le film, c'est quand on ne quitte pas cet appartement et
01:24qu'on les voit se resserrer les uns les autres, se tenir chaud, discuter.
01:31Pour moi le film perd un peu dès qu'on en sort, c'est-à-dire la rupture du huis
01:35clos dans le dernier temps du film, on va dire, qui est un peu plus lourdement émouvant,
01:42symbolique.
01:43Il faut savoir qu'ils dorment tous dans la même chambre par exemple, qu'ils prennent
01:47leur repas au lit, à même la boîte de sardines, et qu'emboîter le pas aux gamins,
01:53au petit Christophe qui a 9 ans dans le film, ça revient à lui tenir la main pour faire
01:59cette visite et se faire adopter par ces gens qui sont tous joués par des comédiens absolument
02:04merveilleux.
02:05Alors évidemment, Père Grand c'est Michel Blanc, c'était son dernier tournage, et
02:10il apporte quelque chose de très grave dans toutes les scènes où on comprend sa peur,
02:16et vraiment une peur qui est gravée en lui, il y a quelque chose de très fort dans le
02:22film.
02:23Mais Mère Grand c'est Dominique Raymond, qui est quand même une actrice extraordinaire.
02:26Et puis il y a l'Arrière-Pays, alors ça c'est quand même un nom vraiment génial.
02:30L'Arrière-Pays, c'est l'arrière-grand-mère qui vient d'Ukraine, et c'est Liliane
02:34Revert qui la joue merveilleusement avec son accent qui roule.
02:38Alors Liliane Revert, vous la connaissez tous, elle a une longue et belle carrière, mais
02:42je vous donne un exemple vraiment tout frais dans les mémoires, elle jouait dans la série
02:4610%.
02:47Ce qui moi m'a beaucoup séduit dans le film, c'est qu'ils ne vivent vraiment pas
02:50comme les autres.
02:51La mise en scène est à la hauteur de cet anticonformisme, il va utiliser des trucages
02:54un petit peu désuet par exemple, il y a des couleurs un peu étranges aussi, il y a une
02:59atmosphère un petit peu bande dessinée, et toute cette mise en scène très particulière
03:03va vraiment faire beaucoup pour le charme du film.
03:05Dans un monde propre, il faut être sale, ça protège des bactéries.
03:09Tiens fais ça, ça fortifie les cheveux.
03:13Voilà.
03:14Bravo.
03:15Il y a une fantaisie chez ce cinéaste, chez Ilonel Bayer, il y a toujours comme ça une
03:21façon de raconter la grande histoire par la petite et surtout de styliser, d'en choper
03:27des images.
03:28Donc là ça va être des images de la télévision tout à coup qui nous parviennent de ce mai
03:3368, le son de la radio, et puis les affiches, les slogans évidemment.
03:38Et quand on est cette famille qui a vécu la deuxième guerre mondiale, tout à coup
03:43voir une affiche qui dit CRSSS, ça provoque quelque chose.
03:47Et le réalisateur joue avec ça, sa mise en scène est très fûtée et assez ludique
03:53avec des zooms, il attire l'attention sur des détails, avec tous ces comédiens merveilleux,
04:00on passe un joli moment.
04:01Et la dernière partie, c'est vrai que là on sort pour de bon de l'appartement dans
04:04les dernières minutes sans trop en dévoiler.
04:07Moi j'avoue que l'émotion m'a un peu cueilli, et c'est aussi parce qu'on peut
04:10imaginer que c'est peut-être aussi la dernière scène qu'a tourné Michel Blanc,
04:14et comme dernière scène, comme fin de carrière, franchement, on ne peut avoir que la larme
04:20à l'œil.
04:21C'est vraiment très très touchant de voir ce grand acteur qui en plus donne une leçon
04:25de vie au personnage de son petit-fils, c'est une belle leçon de vie, c'est une morale
04:29de l'échec que je trouve assez séduisante.
04:32Il y a vraiment une scène dans laquelle la peur de la police se manifeste, et la terreur
04:37qu'arrive à exprimer Michel Blanc avec juste un regard, franchement, elle glace le
04:42sang.
04:43À quel point, on rappelle, Michel Blanc était un grand acteur comique, c'était un grand
04:46acteur tout court.
04:47Vraiment, la cache, c'est bien.
04:49La cache, c'est très bien.
04:50C'est très bien d'avoir de l'imagination, ça permet d'en donner un peu à la vie qui
04:57parfois en manque un peu.