L'interview d'actualité - Tony Renucci

  • il y a 2 mois
Tony Renucci, directeur général de l'association respire est l'invité de Télématin. Si faire du sport est bon pour la santé, il rappelle l'importance de consulter les prévisions de qualité de l'air avant de faire du sport en extérieur. En effet, faire du sport en plein pic de pollution peut avoir des conséquences nocives sur notre santé. Il faut avoir ce réflexe santé et différer sa séance de sport. 

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Transcript
00:00Huit heures et douze minutes, l'heure d'accueillir déjà Margot Barallon, bonjour.
00:03Bonjour.
00:04Et puis notre invité, Tony Renucci, directeur général de l'association Respire.
00:09Bonjour.
00:10Bonjour.
00:11On vient de voir la météo là, il fait hyper beau.
00:13Ça donne envie de faire du sport en plein air.
00:16Mais vous, entre, je ne sais pas, plonger dans la Seine ou faire du sport en plein air aujourd'hui, vous choisissez quoi ?
00:22Déjà, je recommande de faire du sport, parce que c'est bon pour la santé.
00:25Ah, docteur Kersak est d'accord avec vous.
00:27J'approuve.
00:29Mais par contre, ce que je recommande, c'est maintenant, de la même façon qu'on présente la météo, c'est de consulter les prévisions de qualité de l'air.
00:35Et d'ailleurs, qui dit pic de chaleur, dit potentiellement qu'il y aura aussi des pics d'ozone.
00:39Et là, ça peut être très irritant pour les voies respiratoires.
00:42Et si on fait du sport dans des moments de pollution intense, ça peut être mauvais pour la santé.
00:46Et on en parle évidemment avec vous ce matin, car nous sommes à neuf jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.
00:51Est-ce que, clairement, avec les températures qu'on annonce, qui ne sont pas encore caniculaires sur la région parisienne, loin de là,
00:56faire du sport avec un air pas forcément parfait, c'est dangereux ?
01:00Ou ça peut avoir des complications pour la santé ?
01:02Oui, totalement. Alors, moi, je ne suis pas prévisionniste. Je ne sais pas s'il y aura de pics de pollution.
01:06C'est une possibilité. Par contre, ce que je sais, et c'est ce que montre d'ailleurs notre étude et notre carte,
01:09c'est qu'aujourd'hui, on a la très grande majorité des sites sportifs parisiens et en proche banlieue
01:14qui dépassent largement les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé pour l'exposition à la pollution de l'air.
01:21Donc, ça veut dire qu'il faut avoir ce réflexe santé.
01:23Il faut consulter les prévisions, il faut consulter les niveaux de qualité de l'air
01:27et parfois différer sa séance de sport ou faire des séances de moindre intensité.
01:30On voit la carte de votre association. C'est effectivement assez hallucinant.
01:33Quand on regarde tous les sites olympiques sur les principaux terrains de sport, au-delà de ça, même du Grand Paris,
01:38c'est rouge quasiment partout.
01:40Oui, parce qu'en fait, nous, ce qu'on a fait avec notre étude, c'est qu'on a regardé toutes les données d'Air Paris de 2012 à 2023.
01:45Et donc là, ce qu'on voit notamment sur l'année 2023, c'est qu'on a encore des niveaux de pollution qui sont très importants.
01:50Parmi les 10 sites les plus pollués, on est souvent entre 3 et 4 fois au-dessus des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé
01:56sur un gaz très irritant qui s'appelle le dioxyde d'azote et qui est émis principalement par les voitures.
02:02Pour dire ça, vous avez testé quand même les terrains de sport en plein air de toute la métropole
02:08et quasiment tous sont concernés par cette pollution.
02:10Quasiment tous sont concernés et surtout, ce qu'on voit, c'est que parmi les plus polluants, la très grande majorité,
02:15ils sont aux abords du périphérique, ils sont aux abords des grands axes routiers.
02:19Un stade sur trois qui est situé aux abords du périphérique parisien.
02:22Exactement et avec des niveaux de pollution qui sont très élevés.
02:25D'ailleurs, on donne l'exemple, je ne sais pas si c'est celui-là qu'on voit, mais au niveau du stade de la Porte d'Anières,
02:30au niveau notamment des terrains de tennis qui sont juste au-dessus du périphérique,
02:33on a des niveaux de pollution qui sont 4 fois au-dessus des recommandations de l'OMS sur le dioxyde d'azote
02:37et 3 fois au-dessus sur les particules chines.
02:39Donc quand on fait du sport là dans ces stades parisiens, qu'est-ce qu'on encourt comme risque ?
02:44Alors ce qu'il faut comprendre, c'est que déjà la pollution de l'air, il y a des risques au niveau de la santé respiratoire,
02:50au niveau cardiovasculaire, au niveau neurologique.
02:54Mais en plus, quand on le fait pendant un pic de pollution, on amplifie ces risques
02:57et ça peut même diminuer la performance sportive.
02:59Mais la qualité de l'air, elle s'est améliorée.
03:01Pourtant ces dix dernières années, d'ailleurs, on la surveille beaucoup plus qu'avant.
03:05Alors je confirme, la qualité de l'air, elle s'est améliorée.
03:07C'est ce qu'on voit aussi sur les données de notre carte.
03:09On avait des niveaux de dépassement beaucoup plus importants en 2012 qui ont réduit en 2023.
03:14Mais elle reste mauvaise.
03:17Elle reste mauvaise parce qu'on est encore très au-dessus des recommandations de l'Organisation mondiale pour la santé
03:22qui, elles, sont vraiment liées à l'urgence sanitaire.
03:24Au-delà des sportifs, effectivement, qui vont avoir des horaires de compétition strictes
03:28et imposées forcément par le calendrier du CIO,
03:30pour le sportif amateur qui voudra aller courir ou préparer son marathon dans les rues de Paris,
03:35vous conseillez quoi ?
03:36Il parle de lui, là.
03:38Ce que je vous conseille, c'est de consulter les prévisions.
03:41Si jamais il y a un pic de pollution ou des niveaux de pollution élevés...
03:44On s'abstient.
03:45Il vaut mieux s'abstenir, notamment si vous êtes asthmatique,
03:48ou alors de faire une séance de moindre intensité,
03:50ou alors d'aller à des horaires où la pollution sera moins élevée.
03:53On sait que les pics, c'est quand même souvent entre 7h et 10h et 16h30 et 19h30.
03:57C'est quand même pas anodin, cette alerte que vous lancez là, ce communiqué que vous publiez,
04:01cette carte, à 9 jours des Jeux olympiques.
04:05Et quand on voit notamment les installations pour ces Jeux olympiques,
04:08pratiquement toutes les épreuves vont se faire en plein air avec ce public-là.
04:12Les athlètes doivent s'inquiéter, là ?
04:15Tout dépendra des prévisions qu'on aura.
04:17Mais je pense que c'est important qu'on attire l'attention.
04:19On a eu un peu le sens du timing, je ne vais pas mentir.
04:21Mais il faudra quand même aussi attirer l'attention,
04:23et notamment pour qu'on ait des recommandations sanitaires.
04:25Je pense que là, si on a un pic de pollution pendant les JO,
04:28il faudra se poser la question parfois de reporter certaines disciplines
04:31à d'autres horaires, voire parfois à d'autres jours.
04:34Et vous appelez les élus à l'action pour répondre à cette urgence sanitaire.
04:38Mais qu'est-ce qu'ils peuvent faire, les élus ?
04:40Eh bien, aujourd'hui, les installations existent,
04:44on ne va pas les déplacer ou les détruire.
04:46Donc là, c'est un réflexe aussi citoyen,
04:48un réflexe même, je dirais, de santé, météo,
04:50pour chacun de consulter les prévisions.
04:52Mais sur la suite, il faut vraiment cesser de construire
04:54des établissements sportifs à proximité des axes routiers.
04:58Je me tourne deux secondes vers notre médecin Gérald Carziak.
05:00Franchement, il faut prendre ces alertes sérieux ?
05:04On sait que la pollution, ça tue.
05:06On n'y pense pas, mais ça tue des milliers,
05:08voire des millions de personnes sur la planète.
05:10Alors, il y a le problème des JO olympiques,
05:12mais il y a le problème du quotidien,
05:14parce que finalement, ce n'est pas nouveau.
05:15Les athlètes, ça va être très encadré.
05:17Il y a quand même les axes routiers qui vont être un peu désengorgés aussi.
05:20On l'a vu avec ces boîtes qu'au voiturerage, etc.
05:22Mais le problème, c'est au quotidien, qu'est-ce que ça devient ?
05:24Vous dites que la pollution, ça tue.
05:25Et la pollution, ça tue.
05:26Et vous l'avez très bien dit, parce qu'on pense aux asthmatiques
05:28ou on pense aux insuffisants respiratoires,
05:30mais on s'aperçoit que les particules fines, notamment,
05:32elles pénètrent dans les voies respiratoires,
05:34elles passent dans le sang, elles montent dans le cerveau,
05:37et il y a des liens entre des maladies neurologiques et la pollution.
05:41Et donc, ce n'est pas uniquement les plus fragiles sur le plan respiratoire.
05:44Il y a probablement des effets qu'on méconnaît.
05:47Oui, parce qu'il y a la pollution qu'on respire,
05:48mais quand on fait du sport, l'effet de cette pollution s'amplifie.
05:51Ça s'amplifie, mais encore une fois, indépendamment du sport.
05:54Il y a le problème du sportif, et quand il y a des pics de pollution,
05:56on ne va pas faire son jogging, etc.
05:58Ça, ça paraît une évidence, mais il y a le problème des maladies chroniques,
06:01et en particulier neurologiques ou cardiovasculaires,
06:04qui seraient liées à la pollution chronique aussi.
06:06Ce n'est pas uniquement les pics de pollution,
06:08et ça, on le sous-estime largement.
06:09Denis Raducci, vous avez l'impression qu'on a, ça y est,
06:11du côté des pouvoirs publics,
06:12pris conscience qu'il fallait vraiment agir sur la pollution,
06:14que c'était un danger pour les habitants au quotidien,
06:16pour les sportifs en particulier ?
06:18Alors, de manière générale, je pense que oui,
06:20parce qu'on en parle beaucoup.
06:21Il y a quand même aussi beaucoup de mesures qui se mettent en place,
06:23notamment à Paris.
06:24C'est quand même aussi un élément du débat public
06:26concernant la pratique sportive.
06:28Je pense que c'est insuffisant au niveau des décideurs publics.
06:31Quand il y a un pic de pollution,
06:32moi, je n'ai jamais vu une recommandation du préfet
06:34disant éviter de faire du sport en plein air,
06:36ou alors même fermer peut-être certains établissements,
06:39parce qu'il y a un risque pour la pratique sportive.
06:41Vous qui avez étudié la question,
06:42vous n'avez pas répondu à la mienne, celle du début.
06:44Plonger dans la Seine ou faire du sport aux abords du périph ?
06:47Je ne sais pas si j'ai envie de me prononcer sur la Seine.
06:50Et vous, Gérald ?
06:52Non, mais sérieusement.
06:53Après, la question, c'était,
06:54est-ce qu'Anne Hidalgo doit se faire vacciner
06:55contre la leptospirose ?
06:56C'est cette maladie qui est transmise par les rats
06:58et qui est présente potentiellement
07:00dans les égouts dans la Seine, etc.
07:02Et la réponse, elle est non,
07:03parce qu'il faudrait qu'il y ait une exposition régulière
07:05et durable, ce qui n'est pas le cas.
07:06Ce n'est pas parce qu'elle va plonger une fois
07:08avec toutes les précautions.
07:10Il faut prendre une douche, par contre, après.
07:12Merci beaucoup, en tout cas, Tony Renucci, d'avoir été notre invité.

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