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Mercredi 17 juillet 2024, SMART IMPACT reçoit Olivier Evanno (fondateur, Edeli) , Sylvie Perrin (avocate associée, De Gaulle Fleurance Avocats Notaires) , Alexandra North (directrice accompagnement et filières, Les Canaux) et Eugénie de Larivière (cheffe de projet Les Résilientes, Emmaüs Alternatives)

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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13Et voici notre sommaire. Mon invité aujourd'hui, c'est Sylvie Perrin, avocate associée au cabinet de Gaulle-Florence,
00:19qui publie la 5e édition de son observatoire international des transitions énergétiques. Elle va nous le présenter dans une minute.
00:26Le débat de ce Smart Impact portera sur l'économie circulaire dans le secteur du textile. On va découvrir l'accélérateur textile circulaire
00:36de l'association Les Canots. Et puis, dans notre rubrique consacrée aux start-up, on va faire un footing avec les vêtements de la marque
00:44Eco-Responsable et Daily. Voilà pour les titres. C'est parti, c'est Smart Impact.
00:50Générique
00:56L'invité de Smart Impact, c'est Sylvie Perrin. Bonjour. – Bonjour, Thomas.
01:00– Bienvenue. Vous êtes avocate associée au cabinet de Gaulle-Florence, qui publie la 5e édition de son observatoire international
01:07des transitions énergétiques. On a une dizaine de minutes. On va pouvoir entrer un peu dans le détail, peut-être une idée générale.
01:13Qu'est-ce que vous retenez de cette étude ? – Alors, ce qui est très intéressant, c'est toujours de pouvoir comparer le modèle français
01:20et international, européen et international, parce qu'on a des objectifs en termes de climat qui sont mondiaux.
01:26Et c'est important d'avoir une mesure pour comparer et également une mesure de diversité.
01:33Finalement, on va voir que, selon les pays, il y aura des aides qui vont être différentes.
01:39Certains vont aider les constructeurs, d'autres vont aider l'achat de panneaux, d'autres vont aider, finalement, ou détaxer.
01:45Donc, cette comparaison est intéressante parce qu'elle donne aussi des idées sur ce qu'on peut faire, éventuellement, en France.
01:50– Avec une idée générale autour de l'autoconsommation, de l'autoconsommation collective, ça, ça ressort quand même en croissance, en fort développement ?
01:59– Alors, cette année, oui, en effet, on a décidé d'axer notre étude sur l'autoconsommation collective. Pourquoi celle-ci ?
02:06Parce que ce sont des projets qui se sont fortement développés depuis 2 ans, du fait notamment de la crise énergétique,
02:14qui a fait que les Français et les entreprises, en général, ont souhaité pouvoir se couvrir et se protéger par rapport au prix de l'électricité.
02:24Et puis aussi parce que l'EPV est, finalement, une technologie qui est la moins chère.
02:29On attend, en 2060, qu'il y ait environ 60% de projets solaires.
02:34Alors, peut-être un petit mot de définition, parce que, pour expliquer ce que veut dire l'autoconsommation,
02:38d'autant plus que, dans notre cadre, c'est toujours compliqué, au lieu de simplifier,
02:42on a l'autoconsommation individuelle et collective.
02:45Alors, individuelle, c'est l'autoconsommation par laquelle une personne ou une entreprise va faire installer sur sa toiture ou chez lui
02:53un système généralement PV, mais pas nécessairement que PV, photovoltaïque, pour pouvoir autoconsommer l'électricité.
03:01Le collectif, c'est quand vous avez plusieurs autoconsommateurs.
03:05Et là, c'est un autre sujet, c'est plus complexe à mettre en place.
03:08– Ça veut dire, ça peut être tout un quartier qui va être connecté avec une sorte de ferme solaire, par exemple.
03:14– Tout à fait.
03:15– Ou des panneaux disséminés dans le dit quartier.
03:19– Oui, un des grands projets connus de Sérénisson, dans le Sud, va être, par exemple, la toiture d'une mairie,
03:25des toitures d'individuels, une cour d'école.
03:28Certains autoconsomment, certains sont producteurs, producteurs autoconsommateurs, d'autres seulement consommateurs.
03:33Donc, c'est une petite communauté locale qui se met en place avec des clés de répartition
03:38de l'énergie.
03:39– Vous parliez de la complexité administrative qui peut peut-être être…
03:42– Toujours, on est en France.
03:43– Voilà, c'est ce que je voulais vous demander.
03:45Si on se compare, je vous dis que l'objet de cette étude, c'est de comparer la France,
03:49peut-être d'autres pays d'Europe, et pourquoi pas, tiens, les États-Unis, on est fidèles à notre légende ?
03:54– Oui, je dirais qu'on est assez fidèles à notre légende.
03:57La façon de mettre en place une réglementation en France, c'est d'abord d'anticiper
04:02que tout le monde va être des voyous dans le domaine pour profiter d'un marché.
04:05Donc, on commence par mettre des blocages et des freins pour contrôler, au lieu de laisser faire
04:11et de contrôler à posteriori, ça c'est systématique dans la culture du pays.
04:16Après, c'est pour ça aussi qu'on n'est pas des précurseurs, l'Espagne est précurseur,
04:20l'Allemagne est précurseur, voilà, donc on a des pays qui ont été bien plus en avant,
04:26non seulement pour démarrer l'autoconsommation et même en anticipation des textes européens de 2018,
04:32mais ensuite pour les implémenter.
04:34– Alors justement, on peut voir un chiffre qui concerne nos voisins allemands
04:38sur la croissance du solaire en Allemagne l'an dernier, en 2023,
04:41plus 85% de croissance du solaire en Allemagne l'an dernier.
04:47Je ne vais pas vous abréver de chiffres, mais c'est vraiment un pays,
04:51c'est le pays qui est le plus en croissance en Europe, la France est très très loin.
04:55On se situe comment ? Parce qu'on partait peut-être d'un peu loin, donc la croissance peut être forte.
04:59– On partait de plus loin, donc 83% pour l'Allemagne qui était déjà bien développée, c'est beaucoup.
05:03Nous, on partait de plus bas et on a fait plus 72%, ce qui est pas mal.
05:07L'Italie a été un peu plus avancée aussi, plus 83% ou quelques pourcents.
05:12La Grèce, plus 100%, mais la Grèce part de plus bas,
05:15mais par contre l'accélération est vraiment là, donc chaque pays a sa dynamique.
05:19– Oui, alors ce qui est intéressant, c'est de dire, l'Allemagne qui fait partie des pionniers,
05:22déjà on chasse une idée reçue, on n'est pas obligé qu'ils fassent grand beau toute l'année
05:27pour installer des panneaux photovoltaïques.
05:31Est-ce qu'il y a des, par exemple, si on rentre un peu dans le détail, des avantages fiscaux,
05:36qu'est-ce qui existe en France, qu'est-ce qu'on pourrait améliorer ou qu'est-ce qu'on pourrait copier ?
05:40– Alors, ce qui est très bien en France et qui existe depuis qu'il y a eu l'ouverture du marché à la concurrence,
05:46c'est ce qu'a mis en place le ministère de l'Écologie à l'époque, c'était des appels d'offres.
05:52Et des appels d'offres pour essayer de gérer les flux entrant du solaire.
05:57Il y a eu quelques ratés, mais en général, ce sont des systèmes qui, aujourd'hui,
06:02sont quand même bien construits en termes de la garantie apportée par l'État
06:06et puis du retour sur investissement, parce que l'État a quand même de ces dernières années
06:09beaucoup gagné d'argent grâce aux photovoltaïques, donc ça a été très important.
06:13Donc ça, ce sont des méthodes, ces tarifs un peu réglementés qui sont intéressants
06:19et ça permet la transition de se faire et d'aller vers le marché petit à petit
06:23quand on arrive finalement à ce qu'on appelle la pari-terrezo,
06:25c'est-à-dire que le solaire devient vraiment une ressource qui peut marcher toute seule sans être soutenue.
06:32Est-ce qu'il y a toujours des difficultés de financement pour des projets ?
06:37Alors on ne parle pas de projets d'autoconsommation personnelle,
06:40mais de projets d'autoconsommation collective un peu ambitieux.
06:42Il y en a, et peut-être pour rebondir sur votre précédente question, parce qu'il y a un lien.
06:46Dans l'autoconsommation collective, pour respecter la directive,
06:49on a des dérogations fiscales, c'est-à-dire qu'on ne va pas payer la même turpe.
06:54La turpe c'est une taxe pour payer le transport de l'énergie,
06:57parce qu'évidemment on est sur le même site, donc on n'a pas besoin de payer la même chose.
07:01Et également ce qu'on appelle le droit d'accès, ce qui était l'ancienne CSPE,
07:04dont on est exonéré en autoconsommation individuelle,
07:07ce qui n'est pas le cas dans l'autoconsommation collective.
07:09Alors que c'est la même chose, l'électricité on la produit, on la consomme localement.
07:13Et même si des projets sont des projets petits, de moins de 3 mégawatts, c'est le cas.
07:16Donc évidemment ça pose des questions en termes de financement.
07:19Aujourd'hui, on finance assez bien les projets d'autoconsommation individuelle,
07:24alors ils sont petits, les banques ne vont pas les financer un par un,
07:27mais les producteurs qui les constituent vont créer des portefeuilles.
07:30Et quand ils ont un portefeuille suffisant, ils vont les financer avec une dette sans recours.
07:36La dette sans recours, c'est-à-dire qu'on met ça dans un véhicule,
07:40on le finance et on regarde quelle va être la trésorerie de ce projet pour rembourser la banque,
07:45pour ne pas avoir un accès au capital des développeurs
07:48qui n'ont pas généralement les moyens pour payer des projets assez lourds.
07:53Ça, ça se fait assez bien dans des portefeuilles.
07:56L'autoconsommation collective, ça c'est un autre sujet.
07:58Parce qu'on a eu un texte qui est paru récemment et qui va mettre quand même un frein à ce type de projet,
08:04ou en tout cas les empêcher, c'est de considérer finalement quand vous êtes producteur
08:09et que vous allez vendre dans le cadre d'une petite collectivité d'autoconsommation collective,
08:13comme si vous étiez des fournisseurs d'énergie, vous êtes un EDF, un ENGIE.
08:17Donc vous devez aller chercher une licence, et pas une licence simplifiée, une licence complète.
08:21Donc là, on trouve dans la profession, on marche sur la tête,
08:25parce que si on veut favoriser finalement ces communautés d'énergie,
08:28il faut quand même permettre que les échanges et les flux d'électricité se simplifient pour les financer.
08:34On a beaucoup parlé ici, depuis qu'il a été voté aux Etats-Unis, de l'Inflation Reduction Act,
08:40qui fonctionne quand même comme un...
08:42Alors d'abord c'est une bonne nouvelle, parce que ça veut dire que
08:44l'administration Biden et les Etats-Unis prennent un virage environnemental,
08:48mais après, c'est aussi un aspirateur à projets, un aimant à projets, notamment des grands projets européens.
08:53Est-ce que ça a eu un impact aussi sur le marché du photovoltaïque, ou pas du tout ?
08:59Est-ce qu'on est dans deux secteurs de logique un peu différents ?
09:02En France, en effet, le ministère a travaillé sur une facilitation pour revoir
09:09et prendre en compte, dans les tarifs de soutien au projet,
09:12un coût d'inflation et un coût des matériaux après la Covid et puis la crise en Ukraine.
09:19Donc il y a eu des mesures pour faciliter et compenser,
09:21mais seulement partiellement, rien à voir avec le projet aux Etats-Unis.
09:26Et là, quand même, on est un petit peu humilié par les Américains,
09:28qui pourtant ne sont pas des grands écologistes, mais ils ont frappé beaucoup plus fort.
09:31Oui, ils ont frappé plus fort, et l'Europe, qui évidemment fonctionne à 27,
09:35a mis du temps ou met du temps à trouver une réponse.
09:38La démocratie est difficile, comme on le sait, à 27 ou à 570 également.
09:43Évidemment.
09:44Un mot de la réforme de l'ANREL, l'accès régulier à l'électricité nucléaire historique.
09:50Cette réforme, est-ce que ça va booster les projets d'autoconsommation, d'après vous ?
09:54Alors, question difficile, parce que dans la profession,
09:59personne n'a de boule de cristal sur comment l'AREN va être mise en place.
10:03L'AREN, c'est un sujet aussi fortement d'EDF, du nucléaire, du prix de l'électricité,
10:09des nouvelles réglementations.
10:11Aujourd'hui, c'est compliqué, parce qu'on ne sait pas quel sera le montant,
10:15et s'il y aura un remplacement de l'AREN, et comment.
10:17Mais malgré tout, et malgré cela, je pense que l'autoconsommation,
10:21c'est une révolution qui est en cours.
10:22Notamment dans les entreprises ?
10:24On ne pourra pas faire marche arrière dans les entreprises également,
10:26parce qu'on a eu aussi, en plus des mesures favorables,
10:29dont on a parlé tout à l'heure, il y a des mesures également obligatoires.
10:32C'est-à-dire qu'il y a eu des textes qui sont parus pour imposer aux entreprises
10:37qui ont des bâtiments ou des parkings de plus de 500 mètres carrés,
10:40pour imposer la solarisation d'une partie, en tout cas des bâtiments.
10:44Et donc, ça, c'est un vrai travail, parce que les entreprises ne sont pas des énergéticiens,
10:49et elles ont des impacts avec des mesures contraignantes dans le temps,
10:53des pénalités potentielles.
10:54Donc, il faut solariser, ou végétaliser, mais surtout solariser.
10:58Merci beaucoup Sylvie Perrin, et à bientôt sur Bismarck.
11:01On passe à notre débat, on parle d'économie circulaire dans le secteur du textile.
11:08Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
11:19Le débat de Smart Impact, je vous présente tout de suite mes invités.
11:21Alexandra North, bonjour.
11:23Bonjour.
11:23Bienvenue, vous êtes la directrice d'accompagnement et filière dans l'association Les Canots.
11:27Et Eugénie de La Rivière, bonjour et bienvenue.
11:29Bonjour.
11:30Vous êtes chef de projet Les Résilientes chez Emmaüs Alternatives.
11:34On va présenter ce que vous faites l'une et l'autre,
11:37et ce que font notamment, ce que fait votre association Les Canots.
11:40C'est quoi ?
11:41Alors, Les Canots, on a deux grands piliers chez Les Canots.
11:45On est à la fois un lieu emblématique de l'économie solidaire et circulaire,
11:49et aussi une association avec ses activités pour promouvoir une économie plus durable.
11:55Si je viens sur le lieu emblématique, vous pouvez tous venir visiter la maison des Canots.
11:59On est sur le canal de l'Ourcq dans le 19e,
12:02et ça a été un chantier qui a été exemplaire,
12:06parce que la maison des Canots a été entièrement réhabilitée en économie circulaire et solidaire.
12:11Et à l'intérieur de ça, nous avons des actions en tant qu'association
12:14pour promouvoir une économie plus durable, c'est-à-dire plus circulaire, plus solidaire et plus locale.
12:19Avec notamment un accélérateur textile circulaire dont on va parler,
12:23et dont vous avez bénéficié Eugénie de La Rivière.
12:25Les Résilientes, de quoi s'agit-il ?
12:28Les Résilientes, c'est un studio de design en milieu d'insertion professionnelle.
12:31On travaille au sein d'Emmaüs Alternatives,
12:33et on travaille à la réutilisation des matériaux pour faire des accessoires pour la mode et pour la maison,
12:38avec des personnes en parcours d'insertion.
12:40Et donc vous avez été sélectionnée pour rejoindre cet accélérateur.
12:43Deuxième édition, je crois, de cet accélérateur des Canots.
12:48C'était pas sur le textile la première édition, c'est ça ?
12:51Tout à fait, vous êtes bien renseignée.
12:52Oui, c'était en Ile-de-France.
12:54On accompagnait une quinzaine de structures à changer d'échelle,
12:57mais c'était sur l'économie circulaire, mais pas forcément sur la filière du textile.
13:02Ça pouvait être des structures du bâtiment circulaire, du mobilier circulaire.
13:07Il y avait des acteurs comme Gobi qui font des gourdes éco-conçues,
13:12La Sauge qui fait de l'agriculture urbaine.
13:14Et là, sur cette deuxième édition, on a décidé de vraiment se concentrer sur la filière textile,
13:19parce que c'est l'une des plus polluantes du monde,
13:22et puis ça fait sens aussi d'avoir une quinzaine de structures qui sont vraiment sur la même filière.
13:26Comment ça marche ? C'est un accélérateur, donc vous choisissez des projets et vous les aidez quoi ?
13:32Financièrement, ça fonctionne comment ?
13:35C'est du mécénat de compétences ? On peut tout imaginer ?
13:37On adorerait les aider financièrement et avoir plein de sous à leur donner,
13:42mais on les accompagne surtout sur le fait de structurer, de consolider leur modèle d'affaires
13:47grâce à un accompagnement individuel, à du mentorat.
13:50On a aussi des formations collectives pour les accompagner sur tout ce qui est entrepreneuriat.
13:54Par exemple, quand on fait du textile circulaire, on peut avoir des enjeux comme tarifier au bon prix ses prestations,
14:00travailler sa posture d'entrepreneur.
14:02On les accompagne aussi sur les cadres réglementaires, à chercher des subventions.
14:06C'est un accompagnement très complet sur 18 mois.
14:09Pourquoi vous avez candidaté aux Génies de la rivière ?
14:11Aujourd'hui, ça fait 7 ans qu'on a une activité d'upcycling,
14:15et aujourd'hui, on avait envie de se professionnaliser, se structurer,
14:19et de défricher un nouveau métier qu'on appelle le tapissier circulaire pour le bâtiment.
14:23Le tapissier circulaire pour le bâtiment ?
14:25Vous allez m'expliquer ce que c'est, ça m'intrigue.
14:27C'est-à-dire qu'on a envie d'intervenir sur tout ce qui est textile à l'échelle du bâtiment.
14:30Ça va du store à la paroi acoustique, au tapis, tout ce qui va être matériau souple dans une habitation.
14:38Et pour structurer cette activité et professionnaliser cette activité,
14:42on avait envie d'être accompagnés sur toutes les parties dont Alexandre a parlé.
14:47Qu'est-ce que vous en attendez ? Ça dure combien de temps ?
14:49Ça dure une année ?
14:5018 mois.
14:5118 mois, c'est quasiment deux ans.
14:53C'est bien, c'est un accompagnement de longue durée.
14:55Le fait d'être, si j'ai bien compris, dans une sorte d'écosystème,
14:59dans un groupe où vous travaillez tous sur des problématiques un peu similaires,
15:03ça vous semble important, ça ?
15:04C'est toujours important.
15:06L'échange fait avancer beaucoup plus vite, donc c'est toujours hyper important.
15:09On est sur des métiers qui sont nouveaux.
15:11Souvent, quand on parle de réemploi, de réutilisation de matière,
15:15d'être plusieurs à défricher un même terrain,
15:19ça permet quand même d'aller beaucoup plus vite dans ce qu'on fait.
15:22Si on jette un petit coup d'œil dans le rétroviseur,
15:24pour les entreprises ou les associations que vous avez accompagnées
15:29sur la première année de cet accélérateur, qu'est-ce que ça donne ?
15:33Quel premier bilan vous pouvez faire, même si, si j'ai bien compris,
15:36on n'est pas encore au bout de l'accompagnement ?
15:39Alors pour cette première édition, on a bouclé l'accompagnement.
15:42Ça y est, d'accord.
15:43La deuxième vient d'être lancée et on est très contents des résultats.
15:47Ils ont collectivement, donc ils étaient 15 structures,
15:50augmenté de plus de 50% leur chiffre d'affaires.
15:52C'est un indicateur qu'on suit.
15:54Ils ont créé collectivement toujours 200 emplois.
15:57Et on regarde aussi l'indicateur du tonnage de matières recyclées, réemployées,
16:03qui a augmenté aussi de 70% sur la promo.
16:05Donc plutôt des, et j'oublie les 700 millions d'euros de levées, de fonds,
16:12qui pareil ont été réalisés collectivement.
16:14Parce que le fait d'intégrer un accélérateur comme le vôtre,
16:18ça donne à ces entreprises une crédibilité supplémentaire ?
16:22Je dis ça à la question des levées de fonds.
16:24Est-ce que vous le ressentez, ça ?
16:25Ou est-ce que ces entrepreneurs ou entrepreneuses vous le disent ?
16:28Là, on les accompagne sur des aspects comme le pitch.
16:33Enfin, on les accompagne à bien pitcher effectivement leur activité auprès d'éventuels financeurs.
16:38Et aussi, on organise des forums du financement
16:41pour qu'ils puissent aussi faire un matching avec différents financeurs.
16:45Donc en fait, on les aide, on les outille.
16:47Et après, ce sont eux qui font le travail en vrai.
16:49Il y a un accéléré qui a quand même trouvé son premier financeur dans le mentorat qu'on lui a proposé.
16:55On détaille un peu ce que vous faites avec les résilientes.
16:59Vous alliez textile, circularité, insertion professionnelle, insertion sociale.
17:05Comment tout ça, ça se bouffit ?
17:08C'est un peu un grand écart, un exercice d'équilibriste.
17:12Mais en gros, nous, on est un studio de design et d'insertion professionnelle.
17:17Donc l'enjeu, c'est de réutiliser des matériaux qui ne sont pas valorisables
17:20par l'association pour laquelle on travaille, donc Emmaüs Alternatives.
17:23Donc tout ce qui est destiné à la baine et au recyclage.
17:25On a démarré comme ça, on a développé des collections
17:28qui étaient destinées à être distribuées dans les boutiques Emmaüs Alternatives.
17:32Aujourd'hui, on a différentes activités.
17:33On va accompagner les marques sur la revalorisation de leurs invendus, invendables.
17:38À l'époque, on avait accompagné made.com, Madura sur la conception de produits upcyclés.
17:45On a aussi travaillé avec l'entreprise Bonpar.
17:47Et de plus en plus, on fait une activité de décoration d'intérieur.
17:51On va accompagner les entreprises pour décorer leurs bureaux
17:53et à manéger leurs bureaux à partir de réemploi et de réutilisation.
17:57Et donc l'enjeu de faire ça dans l'insertion professionnelle,
18:01c'est parce que les métiers créatifs permettent un vrai développement de compétences
18:06qui sont transférables dans d'autres métiers.
18:08C'est pour ça qu'on a démarré cet atelier-là aussi.
18:10Et ils permettent vraiment un retour à l'estime de soi.
18:13Alors j'allais vous poser la question, le lien entre créativité et confiance en soi.
18:17Vous voyez ça, parce que ça doit être assez génial de voir ça naître.
18:21Est-ce que vous avez déjà fait une tarte et amené chez des amis votre tarte ?
18:24Écoutez, je ne suis pas un grand cuistot, mais je peux comprendre le plaisir de faire soi-même.
18:29C'est moi qui l'ai fait.
18:30Et donc ça, ça a un véritable impact quand on a fait quelque chose.
18:33Et quand il s'agit de réaliser un objet, que ce soit un tabouret, une lampe, un coussin,
18:37ça a un impact énorme.
18:39Et en fait, aujourd'hui, la confiance en soi,
18:41c'est le premier frein à l'accès à l'emploi.
18:44Et donc pour les personnes qu'on accompagne,
18:46c'est extrêmement important de commencer par ça, par reprendre confiance en soi.
18:50Quelques chiffres, on va prendre un peu plus de recul sur le secteur du textile.
18:57C'est l'ADEME qui nous dit que sur les achats de vêtements en Europe,
19:02une personne achète 40% de vêtements en plus par rapport à il y a 15 ans,
19:06et elle les conserve surtout moitié moins longtemps.
19:09Ça, c'est le constat de ce qu'on appelle le fast fashion ou l'ultra fast fashion.
19:14Alexandra North, est-ce que nos comportements sont un peu en train de changer quand même ?
19:20Je vous vois dubitative.
19:23On l'espère, on l'espère.
19:24Il y a quand même quelques signaux qui nous indiquent que c'est en train de changer,
19:27notamment chez les jeunes, effectivement, de la seconde main, par exemple.
19:32La seconde main est beaucoup plus valorisée maintenant dans les achats des jeunes,
19:37même si on observe également l'effet rebond de la seconde main sur des sites
19:41qui revendent des vêtements pas chers.
19:44Du coup, on en achète beaucoup plus et on remplit encore plus nos armoires.
19:47Il y a aussi des sites qui ne vendent pas de seconde main et qui ne vendent pas cher du tout,
19:51qui viennent de Chine ou d'ailleurs.
19:53C'est l'ultra fast fashion.
19:55Le comportement de la génération des 15-25, il est assez paradoxal sur le textile.
20:02C'est intéressant, ça.
20:03Oui, tout à fait.
20:04Après, c'est vrai que nous, nos clients, en tout cas les structures qu'on accompagne,
20:08c'est beaucoup des structures qui sont en B2B.
20:11Donc B2B, c'est ce que tout le monde, voilà.
20:14Tout le monde ici sait ce que ça veut dire.
20:15C'est ce que c'est, voilà, exactement.
20:16Et du coup, on a plus des indicateurs sur les entreprises.
20:19Est-ce que les entreprises s'y mettent ?
20:20Est-ce que les services publics s'y mettent à faire des commandes et des marchés publics pour…
20:25Et ça, ça bouge.
20:26Et ça, ça bouge, en fait.
20:27Ça, ça bouge et un des grands leviers, c'est la loi.
20:30La loi AJEC qui oblige aussi à faire des heures d'insertion, qui oblige à commander 20% de mobiliers upcyclés.
20:39On peut y introduire du tissu aussi en reemploi.
20:41Donc en fait, tout ça fait bouger les choses.
20:43Et nous, on a de l'espoir.
20:47Mais il faut.
20:48Il faut avoir de l'espoir.
20:49Nous, ici, de notre petite Vigie qui est Smart Impact, on a ce sentiment quand même que les lignes sont en train de bouger,
20:55mais avec effectivement des effets parfois qui sont des effets pervers.
20:58On parle des grandes plateformes de revente de vêtements.
21:02C'est aussi un appauvrissement pour des associations comme Emmaüs, par exemple,
21:06qui voient arriver peut-être des vêtements de moins bonne qualité ou en moindre quantité.
21:13Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
21:14C'est toujours un peu difficile.
21:15En effet, aujourd'hui, les personnes vont avoir plus de facilité à revendre en ligne un article de bonne qualité
21:21et à donner les choses qui sont de moins bonne qualité.
21:23On perd aussi la notion du don, je pense.
21:26C'est vrai qu'au sein des structures Emmaüs, mais autres structures de collecte aussi,
21:31il y a une baisse de qualité des dons.
21:33Et nous, au sein du mouvement Emmaüs, on a envie de rappeler à quoi nous servent ces dons,
21:40à faire de l'insertion par l'activité économique,
21:42et qu'il est important de continuer à donner aux associations,
21:45justement pour nous permettre de continuer d'accompagner des personnes.
21:49Mais alors, si je comprends bien, ce n'est pas une bonne nouvelle
21:52que la qualité des vêtements qui sont donnés à Emmaüs baisse,
21:57sauf que pour l'upcycling, c'est presque une matière de créativité, de réinventer.
22:04Si vous voulez quelques chiffres, il faut voir, si vous voulez connaître un peu le mouvement Emmaüs.
22:11En France, Emmaüs, c'est un mouvement, c'est une fédération d'associations
22:14avec plus de 300 groupes, tous indépendants les uns des autres.
22:17Moi, je fais partie d'un seul groupe, Emmaüs Alternatives.
22:19Par an, on collecte quasiment 1000 tonnes de textiles, donc c'est énorme.
22:24Ce n'est pas seulement des vêtements d'ailleurs.
22:25C'est des textiles, linges de maison, chaussures.
22:28On va parler de TLC, c'est vraiment une grande famille d'objets, de matériaux textiles.
22:34Et dans ces 1000 tonnes, au sein des résilientes, on va valoriser une tonne.
22:38Parce qu'on fait un artisanat du réemploi, un artisanat de la réutilisation,
22:42donc ça demande du temps, ça demande de l'investissement dans le design, dans la production.
22:46Donc en fait, notre impact, il est amené à grandir, on l'espère avec l'accélérateur.
22:52Mais c'est vrai qu'on ne manque pas de matière.
22:55Donc c'est vrai que la baisse de qualité, c'est aussi pour ça que les structures Emmaüs
23:03sont intéressées par des projets d'upcycling.
23:05C'est pour contrer à cette baisse de qualité et se dire comment est-ce qu'on peut avoir
23:08un nouveau modèle économique pour nos structures d'insertion.
23:13Merci beaucoup, merci à toutes les deux et à bientôt sur Bismarck.
23:17On passe à notre rubrique Start-up.
23:19On va continuer de parler du secteur textile, un jockeying en vêtements éco-responsables,
23:25dans un mois samedi.
23:33Smart Ideas avec Olivier Vanneau, bonjour.
23:35Bonjour.
23:36Bienvenue, vous êtes le fondateur d'Edelis, c'est une marque de vêtements de running,
23:41de course à pied que vous avez lancée en février de cette année.
23:44Pourquoi vous l'avez créée ?
23:45L'idée c'était vraiment pour moi d'abord de se lancer dans un domaine passion.
23:50Je suis quelqu'un qui a fait beaucoup de marathons, triathlons, running, trail running,
23:54natation, cyclisme depuis très longtemps, qui adore le sport dans la nature.
23:59Et puis c'était aussi de lancer un projet porteur de sens.
24:02C'est une industrie qui n'a pas encore pour moi fait sa mue éco-responsable.
24:06Donc l'idée c'était de lancer une marque qui amenait une alliance nouvelle,
24:11et qui je pense est le futur, entre la technicité pour le confort du coureur
24:16et l'éco-responsabilité.
24:17Et aujourd'hui c'est une alliance qui n'est pas suffisamment mise en œuvre.
24:20Alors ça passe par quoi ? Par le choix des matériaux j'imagine ?
24:22Ça passe effectivement par le choix des matériaux.
24:25Les enjeux éco-responsables c'est quoi ?
24:26C'est limiter l'empreinte carbone, c'est augmenter la circularité, on en a parlé juste avant.
24:32C'est aussi par exemple bannir les sacs plastiques d'emballage de protection,
24:37des choses que plein de marques pourraient faire.
24:39C'est aussi reverser une partie de nos ventes pour des projets qui protègent la nature.
24:44Donc c'est des choses assez finalement simples.
24:47Par contre il faut faire les choix de les faire, il faut s'engager pour les faire.
24:51Et en même temps choisir des tissus qui correspondent à ces critères
24:55et qui soient suffisamment techniques pour amener le confort, la performance que le coureur recherche.
25:00Parce que les coureurs, les sportifs, ils sont assez exigeants
25:03et évidemment il faut que cette promesse soit tenue.
25:06Est-ce qu'il y a beaucoup de fibres recyclées dans les vêtements que vous créez ?
25:12Alors nous c'est un des engagements.
25:14Donc on est par exemple sur notre t-shirt, le premier t-shirt de running.
25:17Il est 100% à partir de fibres recyclées.
25:19Le short à partir de 88% de fibres recyclées.
25:22Il y a 12% d'élastane qui pour l'instant n'est pas recyclé.
25:25Mais c'est des taux qui sont bien au-delà de l'industrie.
25:27Dans l'industrie du textile en général c'est moins de 10%.
25:30Les fibres recyclées en synthétique.
25:33Alors que c'est faisable.
25:34C'est tout à fait faisable.
25:35Si à nouveau c'est des choix.
25:36Mais est-ce qu'il y a un défi technique ou technologique ?
25:38C'est-à-dire pour que ces fibres gardent finalement leur efficacité
25:44et ce qui font que ça donne des vêtements techniques que les coureurs veulent utiliser.
25:50Vous avez raison.
25:51Il faut choisir des fabricants qui ont fait ce pari.
25:55C'est ce qu'on a fait.
25:56On a beaucoup recherché.
25:57Il y a des salons spécialisés sur des fabricants en amont de la chaîne de valeur
26:02dans l'industrie du textile sportif.
26:04Par exemple on fait ce pari.
26:07On travaille avec des Italiens, aussi des Portugais.
26:10On est en train de travailler avec un Français aussi.
26:12Et c'est des gens qui ont fait ce pari de l'écoresponsabilité et la technicité
26:16il y a déjà une dizaine d'années.
26:18Donc c'est des gens qui ont beaucoup travaillé pour amener justement
26:20des fibres qui soient à la fois recyclées.
26:23Ce n'est pas que les fibres.
26:24C'est aussi la maire dont c'est tissé.
26:26Et qui ont beaucoup travaillé sur ce sujet.
26:28Donc maintenant l'idée c'est de se retrouver entre ces différents acteurs
26:34de la chaîne de valeur et d'amener justement ce renouveau
26:36qui à nouveau pour moi est une nécessité dans le monde actuel.
26:39Est-ce que vous avez travaillé aussi sur l'impact de ces vêtements
26:47par exemple lors des lavages, la question de la quantité d'eau,
26:51de ce que ça rejette dans l'eau, des perturbateurs endocriniens, etc.
26:55Il y a de plus en plus de runners qui sont justement passionnés de nature
26:59qui ont cette idée-là en tête aussi quand ils achètent un vêtement.
27:02Oui bien sûr.
27:03Alors forcément ça va dépasser le textile lui-même
27:08parce que certaines des solutions pour le lavage
27:10elles ne dépendent pas que du textile.
27:11Elles dépendent aussi de la manière de ce qu'on utilise dans la machine.
27:16Il est évident que déjà les produits sèchent tellement vite
27:19qu'on ne va jamais les mettre dans le sèche-linge
27:24parce que là en ce moment en été mais même en hiver
27:29ça sèche très vite donc il n'y a pas de problème.
27:31Après sur la problématique de lavage,
27:36on a mis par exemple un traitement aux ions d'argent qui est antibactérien.
27:41Alors chacun fait comme il veut mais si on court par exemple 30 ou 45 minutes
27:47on peut tout à fait une deuxième fois le remettre
27:49sans le laver tout de suite, sans avoir aucune gêne.
27:52Ce n'est pas quelque chose qu'on recommande
27:53dans le sens où on laisse le choix à chacun de faire le choix
27:56mais il y a des opportunités aussi ici de réduire un petit peu son impact.
27:59Est-ce que c'est forcément plus cher quand on fait des choix écoresponsables ?
28:02Alors pour réduire l'empreinte carbone, il y a des choix clairs à faire.
28:05C'est-à-dire qu'il faut produire proche de là où on vend
28:08et donc ça veut dire produire en Europe.
28:10Produire en Europe c'est plus cher que produire en Asie
28:12donc effectivement il y a un écart.
28:15Produire avec des fibres cyclées aujourd'hui
28:17c'est encore plus cher que produire avec des fibres synthétiques vierges.
28:19J'espère que demain ça changera.
28:21Donc oui, il y a quand même des choix qui nous engagent
28:24mais je pense qu'il faut être clair quand on a une stratégie, il faut la mettre en œuvre.
28:29Et aussi quand on est sur des produits de ce type, on peut aussi se dire
28:33qu'on en achète peut-être moins souvent, qui durent plus longtemps
28:36au lieu d'en acheter beaucoup à un faible prix.
28:38Un très bon conseil.
28:39Merci Olivier Vanot et bon vent à Edelie.
28:42Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:44Je voudrais remercier toutes les équipes de Bismarck,
28:46technique, rédactionnelle, qui m'accompagnent depuis trois saisons
28:50puisque c'est la dernière de cette saison.
28:53A bientôt pour de nouvelles aventures.

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