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Aujourd'hui dans "Punchline", Yoann Usaï et ses invités débattent de l'état des finances publiques françaises suite à la parution du rapport de la Cour des comptes.
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00:00Et après la situation politique, la situation financière de notre pays puisque la Cour des comptes vient de publier son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques.
00:10Et sans surprise, l'année 2023 est une très mauvaise année pour les comptes de l'État.
00:15La France doit réduire sa dette qui s'est creusée à presque 3 160 milliards d'euros. Les explications de Naomi Hardy.
00:24La dette française est passée à 111% du PIB. A titre indicatif, les limites européennes se placent à 60%.
00:31Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, tire la sonnette d'alarme.
00:36Le prochain gouvernement devra s'emparer de cette situation de finances publiques. Il devra réduire notre endettement.
00:42Nous avons une dette publique de 3 100 milliards d'euros. Elle sera probablement de 3 600 milliards d'euros en 2027.
00:49Réduire la dette publique, ce n'est pas une politique de droite, ce n'est pas une politique de gauche. C'est un impératif pour tous.
00:54Nos voisins ont eux aussi connu une période compliquée due au Covid et à l'inflation. Pour Pierre Moscovici, la dette française est exceptionnelle en Europe.
01:03Tous les États européens ont protégé leurs citoyens exactement de la même manière.
01:07Simplement, nous avons 15 points de dette publique de plus qu'avant la crise Covid alors que les autres ont 4,7, 3,2.
01:16Bref, les autres se sont désendettés. Nous, nous n'avons jamais depuis entrepris d'efforts de désendettement.
01:21Donc, je ne suis pas totalement persuadé ou convaincu, si vous le comprenez, par cet argument.
01:25Le 11 juillet, le ministre de l'économie, Bruno Le Maire, expliquait devoir dégager 25 milliards d'euros d'économie pour tenir les objectifs de finances publiques.
01:34C'est-à-dire un déficit public de 3% en 2027 alors qu'il était à 5,5 l'an dernier.
01:42Nathan Devers, nous avons une situation financière et budgétaire qui est explosive en France.
01:47Nous avons une situation politique qui l'est également. Nous aurons à partir de demain un gouvernement qui sera un gouvernement démissionnaire pour au moins tout l'été, si ce n'est plus.
01:55Pendant ce temps-là, qui prépare le budget ?
01:57Oui, vous avez raison. On est dans une situation, il faut mettre le mot, d'irresponsabilité.
02:01Ça me fait un peu rire. Enfin, ce n'est pas drôle.
02:03Le budget qui doit être voté, en tout cas à partir du mois d'octobre, à l'Assemblée nationale.
02:07Avec des enjeux qui sont vraiment vitaux. J'emploie le mot d'irresponsabilité à dessein parce qu'une des raisons de cette dette, ça a été très bien expliqué dans le sujet,
02:16pas seulement en France, chez nos voisins, mais particulièrement en France, ça a été la politique économique adoptée pendant l'épidémie.
02:25Le quoi qu'il en coûte.
02:26Le quoi qu'il en coûte. Je donnerai juste un micro-exemple.
02:28Il faut rappeler les choses. En septembre 2020, les restaurateurs avaient proposé un protocole très précis permettant de rouvrir avec moins de clients,
02:41avec des vitres en plexiglas entre chaque client, et que le gouvernement avait dit non, avait fait un veto clair.
02:47Ça, c'est par exemple...
02:48Ça a coûté très cher, c'est ce que vous voulez dire.
02:50Ça a coûté extrêmement cher, et ceux qui critiquaient à l'époque cette politique-là, on les traitait d'irresponsables.
02:56Or, c'est à mon avis d'ailleurs le problème de la dette, c'est qu'en soi, être endetté, que ce soit à l'échelle d'un foyer, d'un ménage, que ce soit à l'échelle d'une nation,
03:03le problème n'est pas, si vous voulez, la quantité d'endettement, mais c'est dans quelle méthode, dans quelle stratégie, dans quelle vision d'avenir, cette dette vient s'investir.
03:12Et là, si la dette, elle est générée par de l'argent qui a en grande partie été jeté par les fenêtres, c'est là qu'il y a un problème.
03:18Ça veut dire un argent qui ne crée pas de la richesse, qui est juste lié à des dépenses qui étaient vraiment contestables,
03:23et qui n'ont pas été contestées, avec une sorte à l'époque de camp de la raison,
03:27qui adoptait le monopole de la rationalité économique, de la rationalité politique,
03:32qui taxait d'irresponsables quiconque avait un regard un tout petit peu critique de ce qui était fait,
03:37et qui aujourd'hui se retrouve en situation, excusez-moi, mais d'irresponsabilité, c'est le mot.
03:41François Dupony, est-ce que d'abord vous pensez que les Français ont bien conscience de la situation ?
03:46Et ce que dit aussi le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici,
03:50c'est que le programme du nouveau Front populaire, il est inapplicable parce qu'il coûterait une fortune.
03:55Oui.
03:56Il vient entre les lignes.
03:57Les Français, à la fois, ils le comprennent, mais quand on leur a dit, quoi qu'il en coûte, on peut y aller,
04:03ils disent, mais on veut en profiter aussi.
04:05Quand ils ont vu qu'on avait déversé des milliards gratuitement, parce qu'en fin de compte, on avait de la...
04:10Le quoi qu'il en coûte, c'est à peu près 400 milliards.
04:13Oui, mais à un moment, c'était open bar.
04:15Les Français, ils disent, il faut être raisonnable, mais pas pour nous.
04:18Moi, je veux bénéficier d'avantages.
04:20Les autres, il faut qu'ils fassent des économies.
04:22Moi, je veux bénéficier d'avantages.
04:23Et puis, Pierre Moscovici a raison de dire.
04:26Un, pourquoi voulez-vous...
04:28On comprend un peu mieux maintenant, pourquoi ni le nouveau Front populaire,
04:32ni le Rassemblement national ne voulaient en fait du pouvoir ?
04:35Parce que celui qui va présenter le budget dans deux mois,
04:38il va être obligé de faire une saignée sociale pour équilibrer les comptes.
04:42Une saignée sociale, carrément ?
04:44Parce que le budget, c'est pas les petites économies, un peu moins de fonctionnaires.
04:48Les grands comptes, c'est les comptes sociaux.
04:50500 milliards, il faut...
04:52Vous essayez de diviser de 10 % les comptes sociaux,
04:55vous trouvez 50 milliards tout de suite.
04:57L'argent des collectivités locales, 80 milliards,
04:59c'est relativement, entre guillemets, facile de taper dedans.
05:03Ça fera d'la casse, mais on peut dire, voilà, les grandes masses.
05:05Et c'est là-dessus qu'il faut aller chercher les économies.
05:07C'est pas sur les petits bouts de chandelles.
05:10Ça, ça n'a jamais marché.
05:12Celui qui va faire le budget, il va être obligé de faire des coupes sombres.
05:16Ça s'appelle la rigueur, ce que vous nous décrivez.
05:18Oui, mais quand on en a une situation comme celle-là,
05:20110 % du déficit...
05:23L'entraînement à 110 % du PIB
05:25et un déficit presque à 4,5-5 %.
05:28Vous dites que la France va être obligée de mener une politique de rigueur.
05:31Obligatoirement.
05:32Après, c'est le choix des secteurs de rigueur.
05:35Je crois que beaucoup de Français nous disent
05:37que l'immigration coûte très cher,
05:39peut-être que c'est ça, sur la politique sociale.
05:41Est-ce qu'on peut se poser la question...
05:43Bien sûr.
05:44Est-ce que quelqu'un qui arrive aujourd'hui sur le territoire national
05:47peut avoir les mêmes droits sociaux que quelqu'un
05:49qui y est depuis dix ans, qui y travaille, etc.
05:52C'est une vraie question.
05:53Après, il y a le problème de la vérité.
05:55Par exemple, sur les retraites.
05:57Les retraites, on nous a cachées, on continue à nous cacher
06:00que les chiffres que nous donnent ne sont absolument pas exacts.
06:03Pour le secteur public,
06:04il y a une masse d'endettement considérable qui est cachée.
06:08Exemple à SNCF.
06:09Vous regardez les comptes de SNCF,
06:11vous allez voir retraite et vous voyez que c'est équilibré.
06:13Si vous touchez encore à ça à la SNCF,
06:15on n'aura plus de train pendant six mois.
06:17Vous vous dites que c'est très bien, c'est équilibré.
06:19En fait, il va falloir passer...
06:21C'est le prix à payer.
06:23Maintenant, il faut passer par un moment de vérité.
06:26Ça peut demander un vrai rapport de force.
06:28Pourquoi je prends l'exemple de SNCF ?
06:30Parce que les comptes sont structurellement déficitaires
06:33sur les retraites, ça peut s'expliquer.
06:35Mais dans les comptes officiels, c'est équilibré.
06:37Pourquoi ? Parce que c'est les dotations de l'État.
06:39Mais c'est de l'argent.
06:40Et la SNCF, rappelez-vous ce qui s'est passé il n'y a pas si longtemps.
06:43Ça fait un mois et demi de mémoire
06:45où il y a eu un accord, entre guillemets,
06:47qui a déshabillé entièrement les textes sur la retraite.
06:49C'est-à-dire que la caissière de mon supermarché
06:51lui demande de faire un effort sur la retraite
06:54et le cheminot...
06:55Pour éviter les blocages pendant les Jeux olympiques.
06:57Eh bien, ça, c'est de l'acheter et ça se paye.
07:00Est-ce que votre groupe a une capacité de finance
07:02qui est inférieure à celle du cheminot ?
07:05Et c'est ça qui est scandaleux.
07:06C'est que, selon votre capacité de nuisance,
07:08vous pouvez obtenir ce que vous voulez.
07:10Et je trouve que ce n'est pas ça,
07:11des relations syndicales honnêtes et respectueuses.
07:13A chaque fois, tout est fait sous la contrainte et sous la menace.
07:16Simplement, je pense que le sujet,
07:18effectivement, il est philosophique
07:20et il est d'abord et avant tout moral.
07:22Il faut assumer de faire de la morale,
07:23même avec les questions de finances publiques.
07:25Aujourd'hui, ce qui est très gênant,
07:27c'est qu'à chaque fois que vous posez la question
07:29à l'Elysée, à Matignon ou même à Bercy,
07:31on vous explique d'où il faut taper.
07:33Effectivement, c'est la stratégie
07:35que vient de dénoncer François Puponi
07:37très brièvement.
07:39Vous disiez, c'est la technique du saupoudrage
07:42où on prélève un tout petit peu un peu partout,
07:44on essaie de faire pas trop mal
07:46à une catégorie de population en particulier
07:48et on essaie de faire des petits efforts,
07:50mais globalement, il n'y a rien de significatif.
07:52Et je pense qu'effectivement,
07:54on est à un moment, une forme d'heure de vérité
07:56parce qu'on ne peut pas continuer comme ça
07:58encore des années et des années
08:00parce qu'on ne nous prêtera plus,
08:02parce que...
08:04La charge de la dette devient insupportable
08:06pour le budget de l'État.
08:08Et on ne peut pas se dire
08:10qu'à chaque fois, ce qu'on entend, c'est
08:12de toute façon, on va faire un budget
08:14où on tape sur une croissance de X%.
08:16Et à chaque fois, on a l'impression que
08:18dès qu'on pose un problème, on dit
08:20vous inquiétez pas, la croissance sera forte.
08:22Mais mettons de côté peut-être même
08:24la croissance.
08:26Le sujet fondamental et moral, c'est
08:28est-ce qu'on peut continuer de dépenser
08:30de l'argent, peu importe le niveau de croissance ?
08:32Est-ce qu'on peut continuer
08:34de gaspiller de l'argent, parce qu'il y a énormément de gaspillage ?
08:36Et l'honnêteté,
08:38quand on est politique aussi, c'est de prendre
08:40parfois un peu le taureau par les cornes et de se dire
08:42peut-être que pendant 20 ans, on a fait comme ça.
08:44Peut-être que ça va désavantager
08:46certaines personnes, mais
08:48si vous êtes un bon gestionnaire,
08:50si vous oeuvrez pour le bien commun,
08:52parfois, il faut régler des situations
08:54qui sont soit complètement périmées,
08:56soit désuètes, soit même
08:58totalement inéquitables.
09:00N'oublions pas que nous avons un déficit
09:02dû à la balance commerciale de 100 milliards
09:04par an.
09:06Ce que vous nous décrivez là,
09:08tous les quatre, est extrêmement inquiétant,
09:10parce que ça veut dire qu'on se prépare à un budget
09:12de rigueur, c'est le terme que vous avez
09:14employé, donc avec probablement des
09:16manifestations qui seraient importantes,
09:18à un moment où nous vivons une très grande instabilité politique.
09:20Tout cela est quand même un contexte
09:22très explosif.
09:24On est politiquement dans une crise majeure,
09:26et on a une incapacité politique
09:28à régler cette crise.
09:30Donc l'inquiétude, elle est totale.
09:32Je répète, le budget, il se prépare
09:34normalement à partir du mois de mai.
09:36Les ministres sont dans les arbitrages,
09:38et au septembre, lorsque la loi de finances
09:40est présentée à l'Assemblée nationale,
09:42c'est le fruit de 5-6 mois
09:44de négociations.
09:46Là, aujourd'hui, c'est les services
09:48qui préparent un peu le budget,
09:50et on ne sait pas qui va venir défendre ce budget,
09:52sur quelle ligne politique,
09:54et on ne sait pas avec quelle majorité.
09:56Donc on est effectivement dans une crise
09:58qui est majeure.
10:00Et tout cela à un moment où la France est placée par Bruxelles
10:02sous surveillance pour déficit excessif.
10:04Merci à tous les quatre d'être venus ce soir
10:06dans Punchline.

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