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Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes était l'invitée du Face-à-Face sur BFMTV et RMC.

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00:00Bonjour Marine Tendelier, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:03Vous êtes la secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts.
00:06Je vous confirme, les Français veulent savoir.
00:09Bah oui, puis moi j'aimerais bien savoir, est-ce que vous vous êtes mis d'accord sur un nom de Premier ministre ?
00:13On avance, je dois le dire. Je dois dire aussi qu'on avance dans une atmosphère très constructive.
00:18C'est sérieux, c'est concentré, tout le monde a envie d'aboutir.
00:22Mais je suis désolée de vous annoncer que c'est normal que ça prenne un peu de temps
00:25parce qu'on est dans une situation qui est très atypique.
00:28On est en train de construire une coalition dans une culture institutionnelle française
00:32qui n'a jamais fonctionné comme ça.
00:33Et donc c'est normal que les choses prennent du temps.
00:35Je vous donne des exemples pour qu'on se situe un peu dans un cadre européen.
00:38Au Danemark, ils ont mis un mois et demi à faire le gouvernement.
00:41Vous allez me parler de la Belgique ?
00:43En Allemagne, ils ont mis plus de deux mois.
00:44En Espagne, quatre mois.
00:46Et aux Pays-Bas, ils ont mis 222 jours.
00:48La Belgique, si je me rappelle bien, c'était 564 jours.
00:50Je pense qu'on peut ne pas battre le record.
00:52Mais nous, ça fait quatre jours.
00:55Donc ce n'est pas infamant.
00:57Ça ne veut pas dire que ça patine complètement.
00:58Aujourd'hui, c'est le cinquième.
00:59Comment ?
01:00Vous comptez un peu comme les enfants.
01:01Il est 8h30.
01:03On n'a pas encore commencé.
01:04On l'aura d'ici le soir ?
01:05Moi, je ne participe pas au défilé des gens qui viennent vous donner des pronostics sur la date.
01:09Je n'en ai pas donné.
01:10Ça m'évite d'avoir à me dédire.
01:12Et la vérité, c'est que les gens ne savent pas.
01:13Celles et ceux qui viennent sur vos plateaux dire
01:15« je sais exactement comment ça va se passer, je sais exactement comment on va aboutir »,
01:19c'est un peu du bluff.
01:20Vous vous en rendez bien compte.
01:21Vous participez-vous personnellement à ces réunions ?
01:24Il y en a une qui s'est terminée hier soir à 21h.
01:26Je ne crois pas qu'il y ait d'horaire prévu pour aujourd'hui.
01:29Si, si.
01:30Vous vous retrouvez à quelle heure ?
01:31Je ne vais pas vous donner.
01:32Je sais qu'on est quand même poursuivis par des motos qui veulent savoir où c'est
01:35pour nous attendre à la sortie.
01:36Donc on essaie de préserver un cadre de tranquillité pour pouvoir être concentré et travailler sérieusement.
01:42Mais la réalité, c'est qu'il y a le moment où on est dans la salle tous ensemble
01:46et ne pensez pas qu'au moment où on franchit la porte, ça arrête d'avancer.
01:50Dans une négociation, déjà une négociation c'est un rapport au temps, c'est des moments
01:54où on est tous dans la salle et où on met en commun nos avancées, nos réflexions,
01:59nos marges de manœuvre.
02:00Et puis il y a aussi des moments en dehors de la salle où on se voit en bilatéral,
02:03où on avance, où on consulte aussi.
02:06Par exemple, chacun retourne vers sa formation politique pour faire des retours en transparence.
02:10Et puis on consulte la société civile aussi.
02:12Moi, j'ai passé beaucoup de temps hier aussi au téléphone avec des personnes qui
02:16ne sont pas des politiciens, mais qui ont des avis hyper intéressants à nous donner
02:20de là où ils sont, des syndicalistes, des responsables d'associations.
02:23Donc tout ça prend du temps et ce n'est pas parce qu'on n'y arrive pas, c'est parce
02:27qu'on veut faire les choses bien.
02:28Vous avez entendu peut-être Sandrine Aousso, elle était à mon micro hier matin sur RMC.
02:32Elle, elle estime qu'en prenant trop de temps, vous êtes même en train de perdre ceux qui
02:37ont voté pour vous.
02:38Écoutez, je trouve que nous mettons beaucoup trop de temps.
02:41Je trouve que là, maintenant, il nous faut sortir les noms, que là, en fait, on perd
02:45du terrain en faisant ça, qu'on inquiète aussi d'une certaine manière en n'étant
02:48pas capable de sortir une équipe et un gouvernement.
02:50Donc oui, nous avons notre part de responsabilité et vraiment, je ne suis pas en train de nier
02:56ma part, notre part de responsabilité dans cette affaire.
02:58Mais là, maintenant, j'ai l'impression que tout le monde souffre sur les braises et je
03:02voudrais qu'on arrive à un pays apaisé parce que là, nous sommes dans une situation qui
03:06me semble quand même extrêmement instable.
03:08Elle prend aussi ses responsabilités en disant on prend trop de temps, il faut y aller là.
03:11Ça fait quatre jours.
03:12C'est ce que vous lui dites, vous lui dites c'est bon, attendez.
03:14Je lui ai dit, on s'est appelé hier soir, il n'y a pas de problème.
03:17C'est normal qu'il y ait une forme d'impatience.
03:18Est-ce que moi aussi, j'aimerais bien que ce soit déjà fini ? La réponse est oui.
03:22Mais moi, ce n'est pas parce que je serais impatiente et que j'ai envie d'en finir
03:25et que je suis fatiguée.
03:26C'est parce que j'ai envie qu'on puisse agir pour les Français.
03:28Je vous donne un exemple.
03:29Les mamans célibataires de ce pays, il y en a un million six qui pour beaucoup sont
03:34en situation de précarité.
03:35Il y a aussi des papas solos et puis il y a des familles, voilà, des familles modestes.
03:39Il y en a beaucoup.
03:40On leur avait promis le chariot de course gratuit pour la rentrée.
03:43On sait à quel point quand on est dans la période estivale, les gens savent déjà
03:46les courses de rentrée et je sais à quel point c'est un déchirement pour des parents
03:49de dire à leurs enfants, tel cartable, on ne peut pas, tel trousse, on ne peut pas.
03:53Il faut prendre la moins chère.
03:54On va prendre la promo.
03:55Je sais à quel point ça, c'est une angoisse pour plein de Français.
03:57Il y a des gens qui attendent de savoir si ce sera gratuit ou pas parce que l'argent
04:00qu'ils ont budgété pour ces courses-là, s'ils peuvent en faire autre chose, peut-être
04:04qu'ils emmèneront leurs enfants à la mer et peut-être même que ce sera les seules
04:06vacances de leurs enfants.
04:07Donc moi, vous voyez, c'est pour ça que j'aborde toutes ces discussions avec toujours
04:12ce que je pense, en pensant toujours aux Français.
04:13Précisément, vous pensez aux Français, mais vous y pensez maintenant.
04:16Moi, je me souviens et je vous ai interviewé, vous, mais de nombreux responsables du Nouveau
04:20Front Populaire pendant ces trois semaines de campagne et systématiquement, je vous
04:24disais, est-ce que vous vous êtes mis d'accord sur les règles pour le Premier ministre ? Et
04:27les uns après les autres, vous me répondiez comme si cette question était saugrenue,
04:32comme était la charrue avant les bœufs, sauf que moi, je disais, mais vous n'avez
04:34pas même arrêté de méthode.
04:36Certains disaient on va voter, d'autres disaient ce sera un consensus.
04:39Et à chaque fois, on me disait mais non, il n'y a pas de problème, si on va gagner,
04:41ça va marcher.
04:42Ça ne peut pas marcher si vous n'avez pas mis d'accord sur la méthode.
04:44En fait, vous me posez des questions normales qui attendent des réponses normales, comme
04:48si on était dans une situation normale.
04:50Mais moi, ce que je n'arrêtais pas de répondre, c'était on verra après 8 juillet.
04:53Pourquoi ? Parce que maintenant, vous dites qu'on doit ça, mais vous auriez pu le faire
04:57avant.
04:58Qui aurait pu prédire que nous allions gagner ? Moi, je le savais, je n'arrêtais pas de
05:00le dire.
05:01On me disait oui, d'accord, merci, nous avons gagné.
05:04Mais qui aurait pu prédire la composition de cette Assemblée nationale ? Qui aurait
05:07pu prédire que le Rassemblement national serait troisième ? Qui aurait pu prédire
05:11que le Front républicain marcherait aussi bien ?
05:13Quand j'étais venue sur ce plateau, je ne sais pas c'était quoi, il y a dix jours,
05:16j'étais venue pour vous dire j'ai une grosse inquiétude sur le Front républicain.
05:19Et c'est parce que je l'ai fait, parce que j'ai écrit au chef de parti du centre
05:22et de droite, parce que j'ai dû hausser le ton parfois, m'agacer, me mettre en colère,
05:26qu'il a tenu beaucoup mieux que prévu et que nous avons gagné chaque étape, chaque
05:31chose après l'autre.
05:32Mais on se dit, Marine Tendelier, que vous avez réussi à faire une alliance pour en
05:35effet faire campagne ensemble, mais que cette alliance n'était pas prévue pour gouverner
05:39ensemble.
05:40Si, mais dans un format inédit en France, celui d'une coalition.
05:44Et il y a eu des fois des alliances en France.
05:46En 2012, les écologistes gouvernaient avec les socialistes, mais à l'époque, les socialistes
05:50écrasaient tout.
05:51Nous allions négocier avec le futur président de la République, ce n'était pas la même
05:57chose.
05:58Et donc il y avait un truc très pyramidal, très descendant.
06:00Alors ça allait plus vite.
06:01Est-ce que c'était mieux ? Je ne suis pas sûre, vu les résultats de ce gouvernement.
06:04Je pense que c'est très important, avant de foncer tête baissée dans la mise en œuvre
06:08des politiques, de se mettre bien d'accord sur le fond, la forme, la méthode.
06:11Et sur certaines choses, c'était fait depuis longtemps, sur d'autres, on doit s'adapter
06:15aux paramètres actuels, à ce qui se passe à l'Assemblée, à ce qui se passe entre
06:19le nombre de députés des uns et des autres.
06:21Tout ça, c'est important.
06:22Il faut le faire bien.
06:23Précisément, on va revenir aussi sur le fond et sur l'application possible ou non
06:24du programme.
06:25Mais quand vous dites, ça dépend aussi du nombre des uns et des autres, on sent bien
06:29que ce qui se joue aussi, c'est qui aura le groupe avec le plus de députés.
06:33LFI a immédiatement dit…
06:34Si on décide que c'est ça le critère.
06:36En tout cas, LFI en a fait le critère principal depuis le début, là, pour le coup, eux avaient
06:40une méthode.
06:41C'est vous d'autres, vous autres qui n'en aviez pas, mais quand je posais des
06:44questions à LFI, ils répondaient immédiatement, nous avons une méthode, nous nous sommes
06:47mis d'accord.
06:48Il est logique que le premier groupe soit celui dont soit le premier ministre.
06:54Voilà, vous mettez chacun sur la table, vous le dites vous-même, le critère qui
06:57vous arrange.
06:58C'est normal, c'est une négociation.
06:59Et c'est plus facile.
07:00Si ça tenait qu'aux écologistes, on aurait déjà un gouvernement, c'est plus facile
07:03pour nous.
07:04Puisqu'on ne dit pas, si ce n'est pas nous, le premier ministre, on s'en va.
07:06On ne peut pas faire ça, il n'y a pas de raison qu'on le fasse.
07:09Après, on a mis aussi des noms sur la table, parce qu'à un moment, on se dit, si les
07:12socialistes ne veulent pas que ce soit un insoumis, si les insoumis ne veulent pas que
07:14ce soit un socialiste…
07:15Vous, par exemple ?
07:16Ce n'est pas du tout le sujet, mais on a mis plusieurs noms sur la table, comme vous
07:19le dites.
07:20Mais on ne prétend pas dire, si ce n'est pas un écologiste, on arrête tout, c'est
07:23impossible.
07:24Mais est-ce que vous faites partie des noms qui ont été mis sur la table ?
07:25Je vois des sondages passer, etc., mais ce n'est pas vraiment ça le sujet.
07:28Dans les réunions, quand vous mettez chacun des noms sur la table, est-ce que vous pouvez
07:31nous dire en toute transparence si votre nom fait partie des noms sur la table ?
07:33Je ne vous donnerai pas la liste des noms, parce que ce n'est pas comme ça qu'on
07:35fonctionne.
07:36Non, je vous le mentionne, vous êtes dedans.
07:37Et qu'on ne fait pas de la télé-réalité, et qu'une négociation ne se passe pas sur
07:38les plateaux de télé.
07:39Et qu'encore une fois, ce que je vous ai dit et qu'il faut retenir, c'est que les
07:41écologistes ne sont pas bloquants dans cette discussion.
07:43Vous ne dites pas que votre nom n'est pas dans la liste ?
07:45Je ne vous dis pas que notre nom n'est pas dans la liste, il y en a même plein d'autres,
07:48et ça va bien se passer.
07:49Mais voilà, il y a un truc comme ça, normal, et surtout, les écologistes, ce qu'on met
07:53sur la table, c'est de ne pas être focalisé sur qui, mais sur pourquoi faire, et surtout,
07:58ce n'est pas une question de l'étiquette de la personne qui va être première ministre.
08:01C'est pour ça que moi, le vote, ça me dérange.
08:03Ce n'est pas qu'un rapport de force, parce que si on ne se pose la question qu'entre
08:07partis politiques, sur qui pèse un peu plus que l'autre et donc a le droit à, on oublie
08:10les Français.
08:11Et moi, ce qui compte pour moi, c'est la question que vous vouliez poser ensuite,
08:14c'est comment on va faire ? Et dans le comment on va faire, ça ne va pas être que du droit
08:18parlementaire, ça ne va pas être que du droit constitutionnel, ça va être de la
08:22politique, ça va être de la bataille culturelle, de la bataille de l'opinion permanente.
08:25Et donc, qui sont les personnes qui, pas juste le premier ministre, mais à la tête de ce
08:30gouvernement et puis dans le dispositif global, vont aider notre programme à gagner cette
08:35bataille culturelle ?
08:36Qu'est-ce qu'il puisse y avoir autour, une sorte d'acceptation ?
08:37Quand on va annoncer le gouvernement, est-ce qu'il y aura un effet waouh où les gens
08:40vont dire « Ok, il se passe un truc, c'est nouveau, on a envie, on pense qu'ils vont
08:43y arriver ? »
08:44Il y a un mélange de réassurance, mais de surprise, un mélange d'ancien et de nouveau,
08:50un truc surtout d'envie.
08:51Il faut que les Français aient envie et qu'ils se disent, parce qu'il y a quand même une
08:54grande passion politique qui s'est créée dans ce moment.
08:55Les gens en avaient marre, ils se disaient « ça ne change rien, c'est tous les mêmes
08:58».
08:59Là, ils ont vu que ce n'était pas tous les mêmes.
09:00Ils ont vu qu'il allait se passer des choses.
09:01Ils attendent même l'épisode suivant.
09:02Il y a un moment où, moi je me rappelle, j'adorais la série Baron Noir qui ressemble
09:06un peu trop à ma vie politique locale, et quand cette série est sortie, j'avais invité
09:11Éric Bensécry, le réalisateur, à venir au Journalité des Verts et on avait fait
09:14un atelier qui s'appelle « Série télé quand la réalité dépasse la fiction ».
09:17Parce qu'il y a un moment où la réalité politique française est devenue parfois plus
09:21intrigante, plus interpellante même, que les meilleures séries télé politiques.
09:24Et donc, il se passe un truc complètement fou dans ce pays et tout le monde est en
09:27train de suivre en disant « qu'est-ce qui va se passer ? »
09:29« Ok, ça, ça aura un impact sur ma vie, ça non.
09:31Est-ce qu'on a envie qu'ils arrivent à faire telle mesure ? »
09:32C'est un moment de tombe politique hyper intéressant et on ne doit pas décevoir.
09:37Et donc, moi, c'est vraiment comme ça que je me pose la question.
09:40Je vous écoute dire tout ça, mais j'ai l'impression qu'il y a quand même un décalage
09:44entre ce que vous dites et ce que fait LFI.
09:46Par exemple, LFI, eux, ils ont mis des noms sur la table, c'est clair et net.
09:49Ils l'ont dit hier soir, d'ailleurs à une poignée de journalistes.
09:52Ils ont mis quatre noms sur la table.
09:55Jean-Luc Mélenchon, Clémence Guété, Mathilde Panot et Manuel Bompard.
10:00Je ne vous confirmerai pas cette information.
10:02Mais ils nous l'ont confirmé, donc vous n'avez pas besoin de me le confirmer.
10:05Donc, ça veut dire que pour eux, en tout cas, le Premier ministre doit être issu de
10:08ces quatre noms.
10:09C'est pas parce que vous donnez des noms que vous dites que c'est ça ou rien.
10:11Tout le monde doit donner des noms et même tout le monde doit donner plusieurs noms.
10:14Ça fait partie de la discussion.
10:15On est à un moment, quand ça a un peu bloqué, on a un moment où on doit ouvrir, on doit
10:19proposer d'autres solutions.
10:21Et donc, il faut plusieurs noms insoumis, plusieurs noms socialistes, des noms communistes
10:25et écologistes, peut-être.
10:26Et puis, il peut aussi y avoir des noms de gens qui ne sont pas dans des partis.
10:28Je ne vous dis pas que ce sera une meilleure solution, je n'en sais rien.
10:30Mais à un moment, il faut ouvrir les portes et choisir la meilleure solution.
10:33Je voudrais quand même essayer de comprendre de manière assez précise, vous l'avez dit,
10:37pour vous, ce n'est pas forcément le premier groupe qui doit avoir le premier ministre.
10:43Tout de même, on le sait, vous allez tous vous regarder en fonction du nombre de personnes
10:47qu'il y a dedans.
10:48D'ailleurs, François Ruffin et Clémentine Autain ont appelé les écologistes à former
10:53avec eux, c'est-à-dire avec les dissidents de la France insoumise, un groupe ensemble.
10:58Est-ce que vous allez donner suite à cette proposition de François Ruffin, notamment ?
11:03Il y a des échanges qui sont en cours avec François Ruffin, je vais vous dire, depuis
11:06plusieurs années.
11:07Ils ont travaillé ensemble, toujours très bien entendu avec lui.
11:09D'ailleurs, son élection avait été soutenue par les écologistes, la toute première en
11:132017.
11:14Pareil avec Clémentine Autain, pareil avec d'autres.
11:16Et donc oui, ça fait partie des solutions logiques, mais ça se passe à l'Assemblée
11:20nationale.
11:21Moi, je suis très respectueuse des rôles de chacun.
11:22Donc c'est Cyrielle Chatelain, notre présidente de groupe à l'Assemblée nationale qui produit
11:24cette proposition.
11:25Mais ce groupe pourrait voir le jour.
11:26Évidemment.
11:27Ensuite, le Parti socialiste et la France insoumise revendiquent tous les deux de pouvoir
11:32avoir le premier groupe.
11:34Le Parti socialiste dit « attendez voir la semaine prochaine, nous aurons potentiellement
11:37plus de députés dans notre groupe que LFI ».
11:39Est-ce qu'en effet, c'est un scénario possible ?
11:41Vous voyez bien que c'est un critère que je peux entendre.
11:44Moi, j'avais mis d'autres critères sur la table, d'ailleurs, dans votre émission
11:47il y a quelques jours.
11:48Ils mettent ce critère-là, j'entends, c'est un critère légitime.
11:50Sauf que si depuis quatre jours, on met ce critère sur la table et qu'il ne discrimine
11:54rien parce que tout le monde se revendique d'être le plus gros groupe, on voit bien
11:57qu'il va peut-être falloir passer à d'autres critères.
11:58À un moment, on saura précisément.
11:59C'est-à-dire qu'en effet, au moment où on se parle, c'est encore flou, mais
12:02mardi prochain à l'Assemblée nationale, il y aura une liste précise et on pourra
12:05compter.
12:06Mais s'il y a un groupe qui pèse deux fois plus que tous les autres réunis ?
12:07Alors, c'est un critère évident, il n'y a pas d'autre solution, on ne se pose
12:10même pas la question.
12:11Ce que je veux dire, c'est que s'il y a deux ou trois de plus à LFI ou deux ou trois
12:14de plus au Parti socialiste…
12:15Le fait qu'il y ait arbitrage vidéo, qu'on se repasse le film, qu'on essaye
12:19de compter, de recompter, ça montre que ce n'est pas un critère évident.
12:22Et d'ailleurs, s'il était si évident que ça, il aurait déjà tranché la situation
12:25depuis longtemps.
12:26Ce n'est pas gagné votre histoire.
12:27Mais c'est normal.
12:28Et par ailleurs, je le dis à vos téléspectateurs, pour les rassurer un petit peu, ce n'est
12:32pas parce que la question du Premier ministre n'est pas encore tranchée ou de la Première
12:35ministre que rien n'avance.
12:37Nous avançons sur tout le reste, en responsabilité, avec de la hauteur, et je le dis, dans une
12:42ambiance non seulement studieuse, mais conviviale.
12:45On n'est pas en train de se fâcher, on ne part pas en claquant les portes, on avance.
12:48Alors maintenant, imaginons que vous vous mettiez d'accord, une fois que vous aurez
12:53ce non, il se passe quoi ? Comment vous faites pour gouverner sans majorité ?
12:57Eh bien, on va faire des choses qu'on n'a jamais faites.
13:01Et je pense que ce climat, cette géopolitique de l'Assemblée nationale, va mettre chacun
13:06face à ses responsabilités.
13:07Parce qu'en fait, on peut nous dire, moi je pense qu'il faut que le Nouveau Front
13:11populaire fasse preuve de beaucoup de modestie.
13:12C'est ce que je dis depuis dimanche soir, passerait les cinq minutes d'émotion de
13:15la victoire.
13:17On avait droit quand même à ces cinq minutes, vu que tous les bookmakers nous donnaient
13:19perdants et qu'on avait quand même beaucoup cravaché dans la dernière ligne droite.
13:22Donc voilà, on est face à cette situation-là, de grande modestie.
13:27Mais le président de la République ne peut pas être dans le déni.
13:29Il est dans le déni aujourd'hui.
13:30On est là aujourd'hui au paroxysme du « en même temps », c'est-à-dire qu'il
13:33nous sert le « en même temps » à toutes les sauces depuis sept ans, mais là on a
13:35quand même un truc inédit, c'est qu'il dit « tout le monde voit bien qu'on a
13:37gagné dimanche ».
13:38Lui il dit « oui, mais nous on n'a pas tout à fait perdu ».
13:40Pour reprendre les termes d'Emmanuel Macron lui-même, il est en train de faire ce que
13:43j'appellerais son « gaulois réfractaire ».
13:45Vraiment.
13:46Et donc ça, en fait, ce n'est pas possible.
13:48Il est prévu dans la République, il a décidé une dissolution tout seul, et maintenant
13:52il doit s'en assumer les conséquences.
13:54Raphaël Luxman lui-même a déclaré il y a quelques jours « la gauche est dans le
13:57déni de réalité ».
13:58C'est son avis, ce n'est pas le mien.
14:00Qui est dans le déni ?
14:01Écoutez, Emmanuel Macron décide tout seul une dissolution, sans le concerter personne.
14:06C'est d'ailleurs comme ça qu'il a toujours gouverné depuis sept ans.
14:09Personne ne lui a demandé, on s'exécute.
14:12Ça prend quand même quatre semaines à tout le monde, ça prend du temps à tout le monde
14:15cette affaire.
14:16Ce n'est pas juste aller, dissolution, voilà.
14:17Ça a des conséquences, c'est lourd, lourd.
14:20Il y a des résultats, il ne les accepte pas.
14:23Même Dominique de Villepin, qui n'est pas un gauchiste, qui a été Premier ministre,
14:27qui est un républicain, va à la télé en disant « écoutez, maintenant ça suffit,
14:30il y a une force politique qui est arrivée en tête, c'est vers eux qu'on doit se tourner
14:33pour le nom du Premier ministre ».
14:35Encore une fois, si vous allez effectivement à Matignon, je veux dire vous, au sens quelqu'un
14:41issu du Nouveau Front Populaire, mais que vous vous retrouvez trois jours après avec
14:46une motion de censure, vous ferez quoi ? Est-ce que vous vous engagez par exemple à ne pas
14:49utiliser le 49.3 ?
14:50Moi, je pense qu'il ne faut pas l'utiliser.
14:52C'est mon avis personnel, on a tellement dit qu'il ne fallait pas le faire que nous
14:55ne devons pas le faire.
14:56Et je vais vous dire, notre programme a une forte légitimité populaire, parce que je
15:01vous disais qu'il fallait faire preuve de modestie, mais tout de même, tout de même,
15:0573% des Français ne veulent plus de la politique d'Emmanuel Macron, veulent une rupture politique
15:10avec le macronisme.
15:11C'est-à-dire qu'il y a nos électeurs, mais il y a aussi beaucoup d'électeurs qui n'ont
15:13pas voté pour nous, et certains qui n'ont pas voté du tout, qui veulent qu'on mette
15:17en place notre programme de justice sociale et de justice environnementale, qu'on améliore
15:20leur quotidien et qu'on permette leur lendemain, parce qu'on sera aussi occupé du travail
15:24de la biodiversité.
15:25Pas de 49.3, potentiellement une motion de censure.
15:29Je voudrais que vous écoutiez Gérard Larcher, le président du Sénat, qui était à ce
15:33micro.
15:34Bah écoutez, vous allez voir si c'est un plaisir.
15:35Si le président de la République fait ce choix, je suis clair, je combattrai ce choix
15:41et je demanderai à ce que le gouvernement soit censuré.
15:44Donc ça, c'est clair.
15:45Si, alors attendez, je vais répréciser ce qu'on dit, si le président de la République
15:50appelait un premier ministre issu du Nouveau Front Populaire.
15:54Oui, je m'opposerai et j'appellerai mes amis à censurer ce gouvernement, car ça ne correspond
16:00pas à la volonté profonde des Français.
16:02Marine Le Pen elle-même hier a dit que tout gouvernement dans lequel il y aurait des membres
16:07de LFI ou des écologistes seraient censurés.
16:10Je le dis comme un honneur.
16:11Si vous mettez les uns et les autres additionnés, vous tombez.
16:14Écoutez, ils peuvent s'accrocher, en plus j'ai vu qu'il allait appeler ses amis, donc
16:18j'ai très peur.
16:19Ils peuvent s'accrocher comme une moule à son rocher au pouvoir, faire comme s'ils avaient
16:23gagné.
16:24Ce n'est pas la réalité.
16:25Moi, je n'arrête pas de vous dire, nous n'avons pas la majorité absolue.
16:26Je sais dire, je sais compter, il n'y a pas de problème, mais ils l'ont encore moins.
16:30Et donc, on ne va pas inventer des trucs, ou alors on n'a pas eu le même prof de maths.
16:33Et donc, ce que je vais vous dire, c'est qu'on va les mettre face à leur responsabilité.
16:36Je vous parlais du chariot de course gratuit pour les enfants de ce pays.
16:40Bon, on va aller à l'Assemblée nationale, je caricature un peu, mais on va dire, alors
16:44on met cette mesure sur la table.
16:45Qui vote pour ? Qui vote contre ? Oui, Jean-Pierre, tu as le droit de voter contre si tu ne veux
16:48pas que les gens aient le chariot de course gratuit.
16:50On va aller devant l'Assemblée nationale en disant qui veut taxer les super profits ? 80%
16:53des Français sont pour.
16:54Celles et ceux qui veulent dire non, on ne les taxe pas parce que c'est profit qui ne
16:58découle ni d'un mérite, ni de travail supplémentaire, ni d'un talent exceptionnel, mais juste qui
17:03tombe du ciel parce qu'il y a une crise en Ukraine ou une crise énergétique.
17:06Qui veut les taxer ? Vous ne voulez pas les taxer.
17:08D'accord, assumez-le.
17:09Vous voulez nous renverser parce qu'on a voulu faire de la justice sociale ? Assumez-le.
17:12Mais il y a aussi une question pratique.
17:15Vous avez, par exemple, dans votre programme, le SMIC à 1 600 euros.
17:18Vous-même, vous avez reconnu que ce SMIC à 1 600 euros, il faudrait compenser par
17:23des aides pour les TPE et les PME qui pourraient avoir beaucoup de mal à devoir passer d'un
17:27coup d'un seul à l'autre.
17:28Sauf que le SMIC à 1 600 euros, vous ne pouvez le faire pas à décret, donc sans majorité.
17:34En revanche, les aides aux TPE et PME, vous ne pouvez le faire que par la loi.
17:38Est-ce que ça veut dire que vous nous dites ce matin, si on arrive au pouvoir, on ne fera
17:40pas le SMIC à 1 600 euros tout de suite, on ne le fera que si on est assuré d'avoir
17:45en même temps une majorité pour pouvoir l'accompagner d'aides pour les TPE et PME ?
17:49C'est ma position et c'est celle que j'ai défendue dans la réunion parce que, d'ailleurs,
17:53personne n'a dit le contraire, c'est-à-dire qu'on est des gens responsables.
17:56Je ne sais pas pour qui certains nous prennent, mais on arrive avec la ferme intention de
18:00gouverner et moi, la ligne écolo que je défends beaucoup et qui est partagée, c'est réparer,
18:05apaiser, protéger.
18:06Notre but n'est pas de mettre les gens en difficulté.
18:09Et donc, oui, on veut le SMIC à 1 600 euros, mais on veut le faire bien.
18:12Vos camarades d'accord avec vous, c'est-à-dire que, est-ce que ça veut dire, parce que si
18:16on tire le fil, ça veut dire qu'il n'y aura pas de SMIC à 1 600 euros avant un bon bout
18:19de temps, avant que vous n'arriviez à avoir une majorité.
18:23Donc quand Jean-Luc Mélenchon, dimanche dernier, disait on peut le faire par décret, vous dites
18:26Non, on ne le fera pas par décret parce qu'on ne le fera pas sans un accompagnement par
18:30l'argent.
18:31Mais on va les battre amendement par amendement.
18:32Et ça ne va pas juste être de la bagarre, ça va être une entreprise pour convaincre
18:37les gens.
18:38Et peut-être que la vie politique française manquait de ça, parce que quand on ne repose
18:41que sur des 49.3 et tout ça, en fait, on n'essaye plus de convaincre.
18:44Et je pense que c'est ça qu'il faut faire.
18:46Et je vous dis aussi, il y a des choses qui sont prévues par la Constitution dans les
18:49cas où on n'arrive pas à trancher.
18:50Le référendum, par exemple, peut-être que certains sujets devront passer par un référendum
18:55et que les Français choisiront.
18:56Finalement, enjambé l'été, ça peut vous arranger ?
19:00Je ne suis pas sûre parce que moi, je pense qu'on peut prendre quelques jours.
19:03C'est normal de le faire.
19:04Il faut le faire bien.
19:05Le président de la République était là à Washington, il va rentrer.
19:08Il a fixé lui-même des deadlines, il a parlé de mardi, il a parlé du 18.
19:12Bon, moi, je pense qu'on ne peut pas passer tout l'été comme ça à attendre.
19:15Le gouvernement de Gabriel Attal qui expédie les affaires courantes n'a plus de légitimité.
19:19Donc, c'est bien et je leur remercie qu'ils restent à leur poste, qu'ils ne désertent
19:23pas et que les affaires courantes continuent à être expédiées.
19:26Mais à un moment, il va falloir se mettre au travail parce que le nouveau front populaire,
19:30si nous avons gagné, la surprise générale, c'est que nous avons suscité un espoir immense.
19:33Et donc, moi, par exemple, sur les sujets qui sont les miens, l'écologie, il y a 60%
19:36des oiseaux des champs qui ont disparu en 40 ans.
19:38Les enfants qui naissent en 2024, on ne sait pas si la planète sera encore habitable pendant
19:4230 ans.
19:43Vous pensez que j'ai envie d'attendre tout l'été pour mettre en place les bonnes
19:45politiques publiques sur le sujet, pour aider le pouvoir d'achat ? Les Français, ils sont
19:49déplacés comme jamais aux urnes et on va leur dire maintenant, il faut attendre.
19:52Ce n'est pas possible.
19:53Prendre le temps nécessaire, oui.
19:54De toute façon, on n'a pas le choix, je vais vous dire, que ça nous fasse plaisir ou pas.
19:57Mais après, il va falloir se mettre au travail.
19:58Que ça plaise au président ou pas, qu'il arrête de faire son gaulois réfractaire,
20:02c'est ce qu'il nous avait demandé.
20:03On lui demande aussi.
20:04Et vous vous réunirez à nouveau aujourd'hui, comme vous venez de nous le dire.
20:07On se réunit tout le temps, c'est une réunion permanente.
20:09Marine Tendelier, merci d'avoir répondu à mes questions ce matin.
20:11Merci à vous.
20:12Secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts.

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